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25 mars 2025 2 25 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

départementales au sein du parti radical. Il est proche d’Édouard Herriot, président de la Chambre, ancien président du conseil et président du comité exécutif du parti. Il est très lié à un jeune militant, Pierre Mendès-France, ainsi qu’au dirigeant du Parti socialiste SFIO, Léon Blum, tous deux futurs chefs du gouvernement. Il est, en 1926, président des fédérations de banlieue et vice-président de la fédération de la Seine. Il soutient en mars le désistement dans des élections législatives partielles à Paris en faveur des candidats communistes, contre une partie de autres responsables radicaux.

Fin 1927, Salomon Hirsch devient président de la commission nationale Commerce et Industrie du parti radical. Il l’animera ensuite en défendant avec force les intérêts des classes moyennes. Il présentera des rapports chaque année lors des congrès radicaux, avec une compétence technique évidente, mais n’entraînant pas souvent l’enthousiasme militant. Cependant, arborant des favoris gigantesques, Hirsch est un personnage pittoresque, attirant l’attention de la presse et de congressistes.

Tout en continuant à présider la commission du commerce et de l’industrie, il entre en décembre 1930 à la commission de discipline et en 1932 à celle de politique générale.

Le quotidien royaliste Action française voient dans la présence de Salomon Hirsch à la gauche d’Édouard Herriot en juin 1932 lors d’un déjeuner au Grand-Orient de France la preuve que « Radicalisme = judéo-maçonnerie ». Un autre organe d’extrême-droite, Gringoire, remarque que, dans les congrès radicaux, « le nombre des congressistes qu'on n'écoute pas est considérable » ; il range parmi eux « Salomon Hirsch, gros homme à favoris blancs, dont un monocle allume le regard, et qui, sur un gilet crème, étale une imposante chaîne d'or. Il parle au nom des commerçants. On le surnomme tantôt le Veau d'Or, tantôt le Vieux Marcheur. »

Toujours dans la presse extrêmise, Je suis partout commente en novembre 1934 la présence de Hirsch au congrès radical de Nantes : « Salomon Hirsch est le personnage d’opérette que nous avons déjà décrit. Petit. Veston noir brodé. Une barbe taillée à la François-Joseph. Plus exactement, il a deux houppettes poudrées de blanc collées de chaque côté des joues. Il ne peut pas rire à cause de son monocle. Mais tous ceux qui aperçoivent le monocle avec le ruban noir, l’émulsion parallèle de poils neigeux de chaque côté du menton ne peuvent que difficilement réprimer l'envie de se tordre. »

La presse plus modérée, comme Paris-soir, commente en octobre 1935 une de ses interventions dans le congrès radical-socialiste : Les congressistes « eurent l'avantage d'entendre M. Salomon Hirsch, à qui revenait le soin d'ouvrir le débat sur les questions commerciales et industrielles. Spécialiste sévère de ces problèmes et rapporteur immuable de la Commission du Commerce du parti, M. Salomon Hirsch, tout en reconnaissant que les décrets-lois avaient permis au gouvernement d'équilibrer le budget, fit connaître qu'il estimait que ceux-ci n'avaient pas aidé à la reprise des affaires et réclama une plus juste répartition des impôts. Il fut bref et applaudi. »

L'Ère nouvelle, en juillet 1936, voit dans ses idées « la défense radicale des classes moyennes » au moment où la gauche est arrivée au pouvoir. Selon Salomon « c'est pure démagogie que d'affirmer aux masses, ainsi que certains osent le faire, que ces charges nouvelles ne viendront pas s’incorporer dans les prix de revient et qu'elles ne s'ajouteront pas aux prix de vente. Voici plusieurs années déjà que les industries françaises travaillent sans bénéfices et même souvent à perte : leurs bilans ne comportent donc plus aucune place permettant d'y inclure de nouvelles charges sans que les consommateurs aient à en éprouver aucun désagrément, il faut avoir le courage de le dire clairement ». Il défend ensuite le point de vue de sa commission « c’est le rôle du parti radical, parti de défense des classes moyennes, d'exiger que des mesures soient prises en faveur du moyen commerce et de la moyenne industrie. Il faut les mettre l'un et l’autre à même de ne pas disparaître et de passer de ta forme économique d’hier à celle de demain ».

On retrouve dans un organe radical, La Démocratie, en octobre 1937, un commentaire sur son attitude « Salomon Hirsch a été des premiers à mettre en garde les républicains contre les dangers de la politique sociale suivie par le cabinet Blum pour le seul profit des « masses ouvrières » à l’exclusion des autres catégories, non moins intéressantes, des travailleurs de l’artisanat, du petit commerce, de la petite industrie et de l’agriculture. »

Le mois suivant, le quotidien économique La Journée industrielle lui consacrait un article intitulé « Les jugements de Salomon » : « Depuis les temps les plus reculés, l’honorable M. Salomon Hirsch présente dans les congrès radicaux un rapport sur les questions commerciales. Il n’a point manqué à Lille à cette tradition. (…) Car si personnellement M. Hirsch ne semble pas personnellement « broyé » entre les « magnats » et le prolétariat, il a le légitime souci que les classes moyennes ne le soient pas plus que lui. C'est dans cet esprit que M. Salomon Hirsch a vivement dénoncé à Lille les conséquences déplorables pour les classes moyennes des accords Matignon. On ne saurait qu’applaudir celte observation. »

En avril 1938, Hirsch est attaqué par le député Darquier de Pellepoix, qui prononce à la Chambre un long discours antisémite. Il cède la présidence de la commission du commerce et de l’industrie en août 1938, mais en novembre, il préside toujours une séance du congrès radical. Et il intervient en février 1939 en tant que président d’honneur de la commission du commerce auprès du ministre Gentin.

Hospitalisé à la clinique de la Fondation Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, Salomon Hirsch meurt le 4 février 1940 à Paris (7e arr.). Il était âgé de 74 ans et père de cinq enfants et résidait toujours à son domicile de Saint-Maur-des-Fossés. Il est enterré dans le caveau de sa belle-famille, au cimetière Montparnasse de Paris. Son fils aîné Pascal, qui se fera appeler Guy Montmartin, connaîtra une vie d’entrepreneur aux débuts difficiles en France, sera consul général d’Autriche à Paris avant de faire de nouveau des affaires entre les États-Unis, le Canada, la Suisse et la France.

Salomon Hirsch était décoré du Mérite agricole, en tant que chevalier en octobre 1892 puis officier en juin 1908. Il avait reçu les Palmes académiques comme officier d'académie en janvier 1892 et officier de l’instruction publique en juin 1904. Il portait plusieurs médailles coloniales dont l’Ordre du Sultan du Maroc, dont il était commandeur, Nichan Iftikhar (Tunisie) également en tant que commandeur et l’Ordre royal du Cambodge, au titre d’officier. Il portait des médailles de la Mutualité, de bronze en 1912, d’argent en 1920 puis d’or en 1924 ainsi que la médaille d’or d’encouragement au bien, obtenue en 1910. Il était enfin chevalier de la Légion d’honneur depuis mars 1933.

Fin

Caricature de Salomon Hirsch par Jean Eiffel, 1938

 

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23 février 2025 7 23 /02 /février /2025 00:01

Étienne Antoine Lhuillier naît le 26 juin 1793 à Guerchy (Yonne, act. commue déléguée de Valravillon). Il est le fils de Marguerite Vincent et de son époux, Étienne Lhuillier, laboureur, illettré.

En novembre 1813, Étienne Antoine Lhuillier est engagé volontaire au sein du 1er régiment de flanqueurs grenadiers de la Garde impériale. Il participe à la campagne de France des armées Napoléon 1er, il est blessé le 9 février 1814, lors de la bataille de Champaubert, près de Sézanne (Marne), une des victoires française au cours des opérations dans la vallée de la Marne. Il est hospitalisé à Paris en mai. Il quitte probablement ensuite l’armée.

Après le retour d’exil de Napoléon 1er en mars 1815, Étienne Lhuillier signe un nouvel engagement volontaire à la mairie de Joigny (Yonne) et rejoint le 6e régiment de lanciers. Il y reste après la Restauration et entre, en décembre 1815, aux hussards de la Garde royale.

Quittant l’armée pour les forces de sécurité intérieures, il est en mai 1822 gendarme à cheval dans la compagnie de Seine-et-Oise, probablement dans le territoire actuel du département des Yvelines. Il est nommé brigadier en janvier 1830. Étienne Lhuillier épouse Marie Judith Delacour, originaire de la région de Mantes.

Transféré à la compagnie de la Seine, Étienne Lhuillier est, à partir d’avril 1835, le chef de la brigade de gendarmerie de Créteil (act. Val-de-Marne).

Devenu garde canal à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune proche de Créteil, où a été aménagé un passage, partiellement en tunnel, coupant la boucle de la Marne, rejoint la Garde nationale.

Il est nommé capitaine au sein du 3e bataillon de la Garde en août 1848, placé sous les ordres de François Léon de Bray de Valfresne (1798-1876), avocat et conseiller municipal de Joinville-le-Pont. Basé à Joinville, le bataillon comprend également des unités à Saint-Maur, Nogent, Champigny. Il a pris la succession de Jean Louis Nicolas Lucot (1795-1870), entrepreneur de maçonnerie, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, qui a commandé la garde nationale de Joinville depuis le début des années 1830.

La légion de la banlieue de la Garde nationale comprend, en avril 1852, le 28e bataillon, placé sous les ordres d’Hector Bisson (1811-1858), notaire, conseiller municipal de Nogent-sur-Marne. Il comporte cinq compagnies, à Joinville, Nogent, Saint-Maur, Bry, Champigny, plus une compagnie de sapeurs-pompiers.

Responsable de la 1ère compagnie, celle de Joinville, avec le grade de capitaine, Lhuillier a comme officiers dans son groupement d’abord Auguste Courtin (1825-1908), châtelain et futur maire de Joinville, fils adoptif du maire, le grammairien Charles Chapsal, qui a le grade de lieutenant ; ensuite, Pierre Moreton (1814-1856), secrétaire de Chapsal et qui fait office de secrétaire général de la mairie de Joinville, sous-lieutenant.

Étienne Lhuillier meurt le 4 janvier 1867 à Joinville. Il était âgé de 73 ans et père d’un fils décédé à 18 ans en 1854. En avril 1844, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur.

Ancienne gendarmerie de Créteil

 

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18 janvier 2025 6 18 /01 /janvier /2025 00:01

Henri Jean Baptiste Davenne naît le 12 janvier 1789 à Paris ; il est baptisé le lendemain en l’église Saint-Eustache. Il est le fils d’Anne Cécile Milet et de son époux Jean Baptiste Davenne. Sa mère est fille d’un entrepreneur du bâtiment. Son père est greffier en chef du baillage du Palais de justice de Paris en 1785, puis avocat et ensuite surveillant en chef de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne).

Ayant certainement fait lui aussi des études juridiques, Henri Davenne est embauché en 1812 au ministère de l'intérieur. Le ministres est alors Jean-Pierre Bachasson, comte de Montalivet. En mars 1813, il épouse à Paris (2e arr.) Antoinette Eléonore Fleuret ; ils vont vivre rue de Condé.

En charge du suivi des collectivités locales, Henri Davenne publie, en 1824, un Traité pratique de voirie urbaine, qui connaîtra plusieurs éditions jusqu’en 1858. Il participe à plusieurs recueils encyclopédiques et fait paraître en 1840 le « Régime administratif et financier des communes ». Répondant à une souscription lancée par la préfecture de police de Paris, Davenne s’engage en février à verser six francs par an « pour l'extinction de la mendicité. »

Dans le cadre de ses fonctions, Henri Davenne siège dans la commission sur la révision des règlements en vigueur sur la voirie urbaine et les constructions (1842), contre le déboisement des montagnes (1845), sur les assurances contre l’incendie (1846).

Toujours au ministère de l’intérieur, il est devenu en 1844 chef de la division de l’administration communale et hospitalière. Le ministre est alors Tanneguy Duchâtel. À ce titre, il est intégré dans la commission que le préfet de la Seine nomme en septembre 1848 « dans le but d'étudier et de préparer un projet de réorganisation de l'administration des hôpitaux, hospices civils et secours à domicile de la ville de Paris. »

Le résultat de leurs réflexions sert de base à la loi du 10 janvier 1849, qui organise l'administration générale de l'Assistance publique à Paris, confiant à un seul fonctionnaire le service hospitalier et les secours à domicile. Contrairement aux structures antérieurs, c’est le directeur général, placé sous la double autorité du ministre et du préfet, qui détient le pouvoir, le rôle du conseil de surveillance étant consultatif. Par un arrêté ministériel du 2 février 1849, Henri Davenne devient, à soixante ans, le premier à occuper cette fonction. Au cours de cette même année, il doit faire face à une épidémie de choléra, qui coûte la vie à 155 employés de l'Assistance publique, dont trois directeurs d'hôpitaux, six internes, dix sœurs hospitalières et un aumônier. Une seconde phase, également meurtrière, éclatera en 1853-1854.

Sous la houlette de Davenne, l'hôpital général Sainte-Marguerite devient un établissement pour enfants (act. hôpital Trousseau). Gérant un leg, le directeur général fait construire l'hôpital Lariboisière. Pour soigner les enfants scrofuleux (ou tuberculeux), l’Assistance publique ouvre des hôpitaux à Forges-les-Bais (Seine-et-Oise, act. Essonne) et Berck (Pas-de-Calais).

En mars 1853, Davenne intègre la commission qui tente de trouver des substituts au plomb utilisé dans les peintures, pour réduire le risque de saturnisme. Il rejoint en avril 1855 une autre commission, pour l'établissement des asiles destinés aux ouvriers convalescents ou mutilés. Dans ce cadre, des établissements sont ouverts à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) et au Vésinet (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

En juin 1859, Davenne est inclus dans le comité chargé qui gère les sommes récoltées auprès du public pour venir en aide aux familles des militaires et marins de l’armée d’Italie blessés ou tués. À la fin de la même année, le 22 décembre 1859, à l’âge de 70 ans, Henri Davenne prend sa retraite avec le titre de directeur honoraire. Il est remplacé par Armand Husson.

Les époux Davenne s’installent alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Henri Davenne poursuit une activité publique, notamment au sein de l'Académie nationale de médecine où il a été élu associé libre de le 10 janvier 1854. Il est également président honoraire de la Société des médecins des bureaux de bienfaisance de Paris. À partir de 1862, il siège à la Société du Prince-Impérial pour l’enfance au travail. Il était aussi membre du comité consultatif d'hygiène et du conseil de l'association générale des médecins de France. Il rédige en 1865 un livre, De l'organisation et du régime des secours publics en France.

Henri Davenne meurt le 2 juillet 1869 à Joinville-le-Pont où il est inhumé. Il était âgé de 80 ans et père d’une fille, Pauline, mariée à un capitaine de gendarmerie qui avait échappé de justesse à la mort lors de l’insurrection parisienne de février 1848.

Nommé chevalier de la Légion d’honneur en mai 1833, il était devenu officier en novembre 1848 puis avait été élevé à la dignité de commandeur en août 1858. Il portait également plusieurs médailles étrangères, étant commandeur de l’Ordre du Christ (Portugal), décoré de la croix de Sainte-Anne (Russie) et chevalier de l’Étoile Polaire (Suède).

La comédienne et poète Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) lui a rendu hommage dans une lettre de septembre 1856, se félicitant de ce qu’il avait fait entrer son beau-frère dans un asile à Paris : « le meilleur des hommes vivants vient de m’accorder un si grand bienfait. »

Henri Davenne

 

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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Pendant la première guerre mondiale, André Courtin s’efforce à contribuer au ravitaillement, ce qui lui vaudra des félicitations. Son épouse Eugénie est infirmière bénévole, dans les hôpitaux de Romorantin et de Salbris d'août 1914 à fin janvier 1916, et sera décorée de ce fait de la médaille de bronze de la reconnaissance française.

Après le conflit, les Courtin reviennent à Salbris, au château de L’Isle. André Courtin participe, en septembre 1922 à la fête de l’agriculture organisée à Salbris. Il fait partie des invités d’honneur à côté de son ancien adversaire, Pichery, devenu sénateur, du maire, du préfet et du curé.

Retiré du domaine politique, André Courtin va accroître son implication dans les organisations professionnelles. Il troque son mandat de secrétaire général contre celui de vice-président de la Société des agriculteurs de France. Avec le même président, il est aussi vice-président de la Chambre syndicale de l’Union centrale des syndicats des agriculteurs de France. On trouve de fréquentes contributions de sa part à la Revue des agriculteurs de France depuis 1928, par exemple sur la décalcification, ou le monopole des engrais.

Un ouvrage de Courtin, paru en 1920, Les congrès nationaux des syndicats agricoles, est salué dans la presse professionnelle.

En mai 1928, il prend position sur la question de La main-d’œuvre agricole et l’immigration. Pour Courtin, il faut créer « Des comités franco-étrangers, sous la haute surveillance des gouvernements intéressés, grâce au concours de l’organisme professionnel français, pourraient avantageusement maintenir le contact entre les émigrants, leur conserver certaines habitudes morales et religieuses du pays d’origine. Une telle organisation est pour les émigrants eux-mêmes un bienfait, en leur apportant un peu de l’air de leur pays natal ; ils seraient moins désorientés, et leur équilibre moral se maintenant plus facilement, nous éviterons, en partie tout au moins, les dangers que fait courir à notre Nation l’introduction de certains ferments aisément nocifs, par cette immigration qui est indispensable cependant, durant les longues années nécessaires à la natalité française pour reconstituer le nombre d’hommes que réclame l'exploitation intensive de notre terre de France. »

En 1932, à 72 ans, André Courtin quitte ses fonctions à la chambre syndicale. Il fait de même en 1934 à la Société des agriculteurs de France, qui l’élit alors vice-président honoraire. Il porte toujours ce titre en 1939.

L’épouse d’André Courtin, Eugénie née Roger-Marvaise, meurt en novembre 1933 à Salbris. Son époux continue à se partager entre la Sologne et la région parisienne.

La date de décès d’André Joseph Courtin n’est pas connue. Pendant la deuxième guerre mondiale, il réside à Clamart (Seine, act. Hauts-de-Seine), où une carte d’alimentation lui a été délivrée ; il avait 83 ans en 1942. Il était veuf et n’a pas eu d’enfant.

Récompensé d’une médaille d’or lors de l’exposition universelle de Paris, en 1900, André Courtin, fait peut-être partie des personnes décorées du Mérite agricole par Noulens, sous-secrétaire d’État à la guerre en novembre 1910. Il a reçu en septembre 1917 une lettre d’éloges du ministre du ravitaillement, Maurice Viollette pour son action pendant la première guerre mondiale. Fait chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1923, Courtin voyait son parcours de syndicaliste récompensé : « Après s'être consacré pendant près de trente ans à l'exploitation d'un grand domaine en Sologne, apporte à la défense des intérêts agricoles comme secrétaire général adjoint d'une puissante union des syndicats agricoles, le concours le plus actif et le plus apprécié. »

Fin

La propriété Le Péage à Pierrefitte-sur-Sauldre

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Comme son père, son grand-père paternel ou son beau-père, André Courtin va avoir un engagement civique. Il est en 1893 secrétaire de la Société des agriculteurs de France. Et il prend part, en juillet cette année-là, aux élections législatives dans la circonscription de Romorantin. Il s’affiche comme candidat républicain libéral et progressiste. Son positionnement amène son père, alors maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher à publier une lettre dans laquelle il explique que son fils « grâce aux trésors d'illusion que possède la jeunesse, s'est avisé de croire subitement à l'avenir d'une République honnête et libérale » mais il ajoute que cet optimisme conviendrait mal à mon âge ». Le quotidien La Lanterne, écrit que pour Courtin père, « monarchiste impénitent », voir « son fils passer tout d'un coup à l'ennemi et se déclarer républicain » ce doit être cruel, « après une vie tout entière consacrée à combattre la République ». Mais le journal, qui se situe à gauche, considère que « M. Courtin fils est resté assez réactionnaire pour ne pas mentir à ses origines » et appelle les électeurs à lui donner « en guise de bienvenue dans la République, une veste des mieux conditionnées ».

De fait, c’est le député sortant, Philippe Émile Jullien, radical-socialiste, qui est largement réélu. Courtin obtient 4 893 voix sur 13 508 votants (36%) pour 17 034 électeurs inscrits.

Membre de la Société d'économie sociale depuis 1891, André Courtin adhère aussi en 1896 à la Société internationale des études pratiques d'économie sociale. Il préside en 1903 la société Saint-Georges, structure de secours mutuels de Salbris, constituée en 1868 et qui compte alors 188 membres. Continuant son activité agricole, il participe à l’exposition universelle de 1900 dans la capitale. En 1904, André Courtin prend la présidence de la Société coopérative de l’union centrale des syndicats des agriculteurs de France.

Malgré leur antagonisme politique antérieur, c’est à son fils qu’Auguste Courtin transmet, en mai 1900, le poste de maire de Salbris.

En juin la même année, il est également élu, sans concurrent, conseiller d’arrondissement pour le canton de Salbris. Puis, en juillet 1901, il devient conseiller général du Loir-et-Cher dans le même ressort, poste qu’avait occupé Courtin père jusqu’en 1895.

En vue des élections législatives de 1902, « Un groupe d’électeurs » sollicite André Courtin dans l’hebdomadaire conservateur L'Écho de la Sologne pour représenter les républicains modérés, assurant qu’il est « d’un républicanisme sage et modéré » et doté de « connaissances très étendues en agriculture ». Mais il n’est finalement pas candidat.

Au sein du conseil général, Courtin proteste en avril 1904 contre l’appui qu’apportent les élus au président de la République, Émile Loubet et au ministre de l’intérieur Émile Combes pour « l’œuvre d’action laïque et de progrès social qu’ils poursuivent avec une grande fermeté ». Pour sa part, il fustige « une œuvre de désorganisation sociale » avec la séparation proposée entre l’église et l’État.

Réélu, dès le premier tour, conseiller municipal puis maire de Salbris en mai 1904, André Courtin revient à la politique nationale avec les élections législatives de mai 1906, toujours dans la circonscription de Romorantin. Il conserve son étiquette de républicain libéral et affronte le député sortant radical, Pierre Pichery. Le quotidien l'Union libérale, conteste son positionnement, assurant que Courtin est un « conservateur, affublé pour la circonstance d’un faux nez républicain auquel personne ne s’était laissé prendre ». Le programme qu’il présente est fort à droite : « l’ordre, la paix sociale, la liberté religieuse, le rétablissement des finances par la réduction du trop grand nombre de fonctionnaires, le respect du drapeau et de l’armée » ; il repousse l’impôt sur le revenu mais admet la création de retraites ouvrières par la mutualité. Courtin rappelle qu’il a « combattu l’œuvre du Bloc sur la Séparation de l’Église et de l’État. Cette loi est à ses yeux (…) exigée par les Francs-Maçons, et les Juifs, qui veulent détruire la religion catholique, comme ils veulent désorganiser l’armée et les finances pour pousser la France à la ruine et la réduire à leur merci ». Il obtient un résultat en net retrait sur son score de 1893, avec 2 761 voix pour environ 16 200 suffrages exprimés, soit 17% ; Pichery est réélu.

Lors du scrutin de juillet 1907 pour le poste de conseiller général, face à deux candidats présentés comme favoris par la presse locale, Courtin ne se représente pas. Il est par contre de nouveau réélu, dès le premier tour, maire en mai 1908.

Après la mort de son père, en avril 1908, sa succession fait l’objet d’une mise au enchères, qui comprend notamment le château du Chesne et sa propriété de 1 380 hectares. André Courtin et son épouse emménagent dans une autre demeure, plus modeste, le château de La Moussaye.

André Courtin ne se représente pas aux élections municipales de 1912. Le couple est installé dans le village voisin de Pierrefitte-sur-Sauldre, au lieu-dit Le Péage.

À suivre

Le château du Chesne à Salbris

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 08:00

Début de la biographie d’André Courtin

André Joseph Courtin naît le 10 août 1859 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au château de Polangis. Il est le fils d’Anna Caroline Spooner, fille d’un industriel des États-Unis, fabricant de produits chimiques. Son père est Auguste Courtin (1825-1908), alors rentier et maire de Joinville. Ce dernier est le fils naturel de Charles Pierre Chapsal (1787-1858), Charles-Pierre Chapsal, (1787-1858), professeur au lycée Louis-le-Grand (Paris), grammairien, professeur de grammaire générale au lycée Louis-Le-Grand à Paris, maire de Joinville-le-Pont (1843-1848 et 1852-1858), qui avait fait l’acquisition du château de Polangis ; il est également le fils adoptif de son épouse Adélaïde Favray (1783-1880) et hérite, à sa disparition, du domaine de Polangis.

Pendant le siège de Paris au cours de la guerre de 1870, la population de Joinville est déplacée dans la capitale, y compris la municipalité. Les très violents combats de la bataille de Champigny en novembre et décembre 1870 entraînent la mort de plusieurs milliers de soldats, notamment dans le quartier de Polangis. Le pont de Joinville est détruit. Le retour des Joinvillais se fait en janvier 1871. La commune est ensuite occupée par les troupes bavaroises et wurtembergeoises jusqu’au 24 septembre 1871.

Après avoir mis fin, avant terme, à ses fonctions municipales en 1876, pour des raisons inconnues, Auguste Courtin quitte Joinville en 1877. Il vend le domaine de Polangis en février 1881 à la Société immobilière de Polangis qui lotit le terrain et démolit le château.

La famille s’installe en Sologne, à Salbris (Loir-et-Cher), où elle achète en 1880 le château du Chesne et un très vaste terrain. Devenu un agriculteur, réputé pour son activité modernisatrice, Auguste Courtin reprend des fonctions électives, comme maire de Salbris (1884-1900) et conseiller général du Loir-et-Cher (1889-1895), de tendance très nettement conservatrice.

Pour sa part, André Courtin intègre en juillet 1878 l'Institut national agronomique de Paris, reconstitué en 1876 à Paris, hébergé dans les locaux du Conservatoire national des arts et métiers, rue Réaumur, et disposant de champ d'expériences dans le Bois de Vincennes. Il obtient en juillet 1880 le diplôme d’ingénieur agronome. Il a eu notamment comme professeur Édouard Lecouteux (1819-1893), agronome réputé, qui a mis en place en Sologne, à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher) une ferme modèle dans son château de Cerçay. Il a été conseiller général du département (1871-1874) puis maire de Lamotte-Beuvron (1886-1893).

Probablement après son service militaire, André Courtin devient un « châtelain-agriculteur » selon l’expression de son ancien maître, Lecouteux, qui lui rend visite en janvier 1883, se félicitant que « son excellent ami » fait partie de ceux qui « savent faire aimer la vie rurale ». Il assurera en juillet 1892 qu’il fait « le plus grand honneur à son école ». Ce dernier avait été le fondateur, en mai 1868, de la Société des agriculteurs de France, dont Courtin deviendra un des piliers.

Au cours des années 1880 et 1890, il participe très activement aux comices agricoles, et publie des rapports ou ouvrages sur la culture du blé, l’élevage bovin, les plantations d’arbres ou l'irrigation des prairies.

En avril 1887 à Paris (9e arr.), André Courtin, qui réside à Salbris et dispose d’un pied-à-terre rue de Penthièvre (8e arr.), épouse Eugénie Thérèse Roger-Marvaise. Elle est la fille de Théophile Roger-Marvaise, avocat à la Cour de cassation, chevalier de la Légion d’honneur, alors sénateur d’Ille-et-Vilaine. Leur domicile, rue de la Victoire, deviendra entre les deux guerres l’adresse parisienne du couple Courtin.

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

À suivre

Portrait d’André Courtin (arch. fam.)

 

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8 septembre 2024 7 08 /09 /septembre /2024 22:27

Antoine Baron naît le 6 octobre 1776 et est baptisé le 9 du même mois à la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur (act. Saint-Maur-des-Fossés), à laquelle est rattachée le village de Pont-de-Saint-Maur où vit sa famille. Il est le fils de Marie Anne Ambelouis et de Jean Philippe Baron, son époux.

Le père Jean Philippe Baron, natif du même village en septembre 1724, sert dans les armées révolutionnaires et meurt en prairial an 6 (juin 1798). Trois mois plus tard, c’est Antoine Baron qui rejoint en vendémiaire an 7 (septembre 1798) le 4e régiment de ligne.

La mère vient d’une famille de notables locaux, comprenant des gardes forestiers dans le Bois de Vincennes, des artisans et des artistes.

Antoine Baron est membre de la municipalité élue en fructidor an 9 à La Branche du Pont de Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne) en tant que notable. Le maire est Laurent Pinson (1755–1814). Baron est mentionné comme « absent pour le service public », car il sert toujours dans l’armée, en Allemagne puis à Boulogne (Pas-de-Calais). Son beau-frère, Félix Ambelouis, est également élu dans l’assemblée communale, mais lui aussi absent.

Toujours au sein du 4e régiment de ligne, Antoine Baron devient caporal en brumaire an 14 (octobre 1805), il est promu sergent en novembre 1807 puis sergent-major. Il combat d’abord en Autriche puis en Prusse et en Pologne. Il stationne en 1808 à Cherbourg (Manche) avant de retourner en Autriche, où il est blessé d’un coup de feu à la tête en juillet 1809.

Il quitte en février 1812 l’infanterie de ligne pour rejoindre une unité d’élite de la Garde impériale, le 1er régiment de grenadiers à pied. Il doit pour cela abandonner son grade, mais retrouve ses galons après la campagne de Russie et de Saxe, comme caporal en avril 1814. Quittant alors l’habit militaire dans le Jura, Antoine Baron rentre en région parisienne et devient homme de peine.

Il rejoint en avril 1815 les armées napoléoniennes pendant la période des Cent-jours, dans le 3e régiment de grenadiers. Il quitte l’armée avec le grade de sergent major après la défaite de Waterloo (Belgique) en juin 1815.

Fin 1815 ou début 1816, tandis que sa mère est toujours à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, Antoine Baron s’installe à Meaux (Seine-et-Marne) où il travaille comme orfèvre, place du Marché. Il est mentionné comme « compagnon orfèvre » en 1819, ce qui signifie qu’il a fini son apprentissage.

Ayant obtenu une pension pour ses 17 ans de service militaire, Antoine Baron épouse en juin 1818 à Meaux Sophie Virginie Plaisir, ouvrière en robes. Ils résident rue Sainte-Maure. Ils vivent toujours à Meaux à la naissance de leur deuxième enfant en octobre 1826, puis déménagent rue Transnonain à Paris (anc. 7e arr., act. rue Beaubourg 3e arr.).

Sophie, sa première épouse, meurt en janvier 1832. Antoine Baron se remarie en juillet 1834 Paris, dans l’église Saint-Merry, avec Aimée Louise Houdrichon. Ils rejoignent la rue de Sèvres (anc. 10e arr., act. 15e).

Antoine Baron meurt le 29 mars 1844 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 67 ans, père de deux enfants et est inhumé au cimetière Montparnasse.

Pour sa participation aux campagnes de l’armée impériale, Antoine Baron a été fait chevalier de la Légion d’honneur en février 1814. Il reçut la médaille du préfet du Jura en mai la même année mais n’eut son diplôme qu’en juin 1830.

Grenadier de la garde impériale, Wikipédia

 

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12 août 2024 1 12 /08 /août /2024 01:01

Suite de la biographie de Harry Kaganoff

Ayant fermé en 1931 son cabinet de Champigny-sur-Marne pour en ouvrir un à Paris (10e arr.), rue de la Grange-aux-Belles, le docteur Harry Kaganoff va se spécialiser en gynécologie, et notamment dans les accouchements. Il déplacera son activité dans le 17e arrondissement, boulevard Malesherbes en 1937 et s’associera à la création d’une clinique médicale, chirurgicale et obstétricale rue Geoffroy-Saint-Hilaire dont il est, à parité avec M. Alphonse Barroso-Rebello, le premier porteur de parts.

Parallèlement à son activité libérale, le docteur Kaganoff intervient dans des établissements visant en particulier la population juive pauvre, en particulier immigrée. C’est le cas, à partir de 1931 du dispensaire Linas-Hatzédek à Belleville et de la clinique W. Tiomkine rue du Buisson-Saint-Louis (11e arr.) en 1933. Le Dr Kaganoff précise que cette institution accueille plus de 50 malades par jour et que Juifs et non-Juifs du quartier en bénéficient. Dans sa spécialité, il participe également en 1937 au dispensaire La Mère et l’Enfant, situé rue Amelot (11e arr.). Le docteur poursuit également son activité de conférencier, avec en décembre 1931, une intervention à Pavillons-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour soutenir la vaccination antituberculeuse. Il contribue également régulièrement aux collectes effectuées par les instances communautaires juives.

L’activité publique de Kaganoff va prendre une dimension sioniste, en appui à l’installation des Juifs dans la Palestine mandataire et au lien de leur communauté avec les Juifs de France.

En 1929, le Dr Kaganoff devient un cadre du Sporting-Club Maccabi, établissement sportif international qui dispose d’une section française. Lors d’une manifestation du club en mars 1931, il explique : « Le peuple juif était devenu un peuple cérébral. Mais avec le cerveau on ne peut pas construire des routes, labourer la terre, il faut des muscles. Le Maccabi prépare ce type juif, sain de corps et d’esprit, qui s’est si bien développé en Palestine. »

Lors d’un autre évènement en mai 1933, à laquelle participait lord Melchett, président d’honneur de l’Union mondiale Maccabi, ainsi que l’ancien ministre Henry Paté, le Dr Kaganoff précisa ses conceptions. Pour lui, il y avait « nécessité, pour les nouvelles générations, de se développer physiquement, surtout dans les pays où les Juifs sont constamment menacés ». Parlant de de la France, il souligna son rôle dans la défense des juifs persécutés. Pour lui, se référant à son expérience personnelle, « Si la France, dit-il, était à nouveau menacée, la jeunesse juive immigrée n’hésiterait pas à imiter ceux qui, en 1914, sont allés aux Invalides s’engager dans l’armée française. »

C’est dans les locaux du Maccabi France que le Dr. Kaganoff, président, rend compte en juin 1934 de son voyage en « Eretz-Israël ». Il décrit Jaffa « ville essentiellement arabe », Sarona, « village allemand » (au sens de peuplé de Juifs allemands), et Tel-Aviv, dont « l’aspect général est celui d’une cité américaine », dont il regrette qu’elle soit construite en béton armé et estime qu’il « faudra un jour [la] balayer et reconstruire sans hâte ». Selon Harry Kaganoff, « Pour retrouver le style juif, il faut aller à Jérusalem, la ville conservatrice par excellence ». Commentant la situation générale, il estime, dans le compte-rendu qu’en fait L'Univers israélite, que « Le travail ! c’est la raison d’être des Juifs palestiniens. Et l’on travaille moins pour s’enrichir que pour servir le pays. Rendre la Palestine capable de recevoir des milliers de frères, c’est là leur rêve. »

Harry Kaganoff embarque une nouvelle fois en mars 1935 de Marseille pour la Palestine. Il assiste à la deuxième Maccabia, évènement sportif qu’il compare à des Jeux olympiques juifs. Il est réélu président du club français en novembre.

La Conférence palestinienne de France se tient en octobre 1936, dans les Salons de l'Hôtel Lutétia à Paris. Elle rassemble 150 délégués des associations juives de Paris et de province. Elle donne naissance à un comité dénommé Vaad Bitzaron Oubitahon, pour faire campagne pour la sécurité du peuple juif après les attentats dans le territoire sous contrôle britannique. Le Dr Kaganoff en est membre. Il est l’un des fondateurs, en mai 1937, encore à Paris, de l’Association des sionistes traditionalistes Mizrahi et l’un des membres de son comité ; le mouvement assure qu’il continue « la tradition française de libéralisme et de foi. »

En janvier 1939 fait l’historique du travail de reconstruction en Palestine devant le Cercle amical féminin propalestinien, rendant hommage notamment aux premiers colons, des intellectuels ayant fui les pogromes russes.

Sur le plan professionnel, le docteur Harry Kaganoff fait face, en mars 1939 à une mise en cause qui lui vaut d’être arrêté pour « manœuvres criminelles abortives » en compagnie d’une sage-femme, propriétaire d'une clinique d'accouchement rue de Chabrol à Paris (10e arr.). ayant choisi Me Etienne Nouveau comme défenseur, il « proteste de sa parfaite correction » et indique que ses interventions ont toujours été faites sur des femmes qui présentaient un commencement de fausse-couche et qu’elles étaient motivées dans l'intérêt de la santé des patientes pour éviter un accident.

L’hebdomadaire d’extrême-droite Le Défi, dirigé par l’avocat antisémite Jean Charles Legrand, créateur du Front de la jeunesse, même campagne contre « la vaste entreprise des médecins étrangers, Juifs et Allemands, montée pour estropier et mutiler les femmes françaises ». Il se réjouit de l’incarcération, commentant l'enquête qui aurait établi « les crimes commis par ce Kaganoff contre notre race. »

L’affaire ne semble pas avoir de suites, et, en 1955, le casier judiciaire de Kaganoff est vierge de toute condamnation. C’est cependant cette même année que Harry Kaganoff est inscrit au Fichier central de la Sûreté nationale, qui recense des personnes dont l’activité publique, notamment politique, est sous surveillance.

La situation de Harry Kaganoff pendant la deuxième guerre mondiale et l’occupation allemande n’est pas connue. Ni lui ni sa famille directe ne sont victimes du conflit et sa mère, comme ses sœurs et son frère ou sont épouse survivent aux persécutions antisémites. Par contre, plusieurs membres de la famille de sa femme meurent en déportation.

Après le conflit, le docteur Kaganoff poursuit son activité, d’abord à Paris (7e arr.), avenue Duquesne, puis dans le 17e arrondissement, avenue du Colonel-Moll.

Son engagement public se concentre désormais sur la vie de deux organisations de soldats : l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs dont il a été un des fondateur et vice-président depuis 1919 puis président en 1947. Et l’association des anciens combattants volontaires juifs, à la vice-présidence de laquelle il accède en 1946. Il ouvre le sociétariat de ces mouvements aux combattants du deuxième conflit mondial.

En juin 1935, Kaganoff était déjà intervenu, au nom des combattants Juifs palestiniens, lors de la Conférence mondiale des anciens combattants Juifs, qui avait réuni à Paris, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne les représentants de quinze nations.

Il préside, en juin 1964, la manifestation du souvenir organisée au cimetière de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine) rendant hommage aux « martyrs morts pour la France, pour la liberté » et souhaitant « Shalom » à tous les pays, ajoutant « et surtout à Israël qui en a tant besoin. »

Une de ses dernières interventions publiques est l’inauguration, en janvier 1965, à Levens (Alpes-de-Haute-Provence) de la Maison de repos et de convalescence des anciens combattants.

Harry Kaganoff meurt le 9 septembre 1967 à Paris (17e arr.), dans son domicile de la rue du Colonel-Moll. Il était âgé de 74 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Fin

Portrait de Harry Kaganoff (Notre volonté, 06/1964)

 

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17 juillet 2024 3 17 /07 /juillet /2024 01:01

Marcel Édouard Chauveau naît le 11 janvier 1893 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Augustine Louise Joséphine Lemoine et de son époux Édouard Fortuné Chauveau. Sa mère est couturière, tandis que son père est sous-officier à l'École normale de gymnastique. Ils résident dans la Ferme de la Faisanderie, à Joinville, située dans le Bois de Vincennes, à proximité de l'École. Ils s’installeront ensuite dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson), à proximité des grands-parents maternels. Son grand-père, Auguste Lemoine, est menuisier et membre du comité radical-socialiste de la ville.

En 1902, Édouard Chauveau père quitte la carrière militaire. Il devient professeur de gymnastique au collège et aux écoles communales de la ville de Pontoise (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) et donne également des leçons particulières de gymnastique, de boxe, de canne, de bâton d’escrime, de gymnastique médicale et de natation. La famille s’installe dans cette ville, d’abord rue Victor-Hugo puis rue d’Ennery et enfin rue Gambetta.

Fréquentant le collège de Pontoise, Marcel Chauveau est fréquemment mentionné de 1902 à 1904 comme figurant au tableau honneur de sa classe et recevant des félicitations pour ses résultats trimestriels. Fréquentant la Société de Gymnastique pontoisienne, dont son père est un des moniteurs, Marcel reçoit plusieurs récompenses, dont un premier prix en novembre 1906.

En 1911, ayant alors 18 ans, il est employé de bureau à la Compagnie des chemins de fer du Nord.

Il débute son service militaire en mars 1913, au sein du 51e régiment d'infanterie. Il devient caporal en avril 1914. Il est affecté comme moniteur à l’école de gymnastique de Joinville, où avait servi son père. Toujours sous les drapeaux au début de la deuxième guerre mondiale, il est promu sergent fin août 1914.

Blessé en février 1915, il va en traitement à l’hôpital de Privas (Ardèche) ; il aura quatre blessures de guerre. En mars 1915, il est promu officier en tant que sous-lieutenant et passe au 1er puis au 412e régiment d'infanterie. En juillet 1916, il rejoint le 65e bataillon de chasseurs à pied.

Son comportement lui vaut plusieurs citations dont, à l’ordre de l’armée pour ses actions en janvier 1916, alors qu’il était sous-lieutenant au 412e régiment d'infanterie : « a pris le commandement de la compagnie, dont le capitaine et deux officiers avaient été tués ou blessés. L'a énergiquement maintenue dans la position conquise après un violent combat. Deux fois blessé au cours de la campagne. »

En août 1916, il est remarqué à l’ordre de la brigade : « au cours d’une opération de nuit, s’est élancé à la tête de la section et arrivé le 1er dans la tranchée allemande a abattu un allemand d’un coup de revolver. En a tué plusieurs à la grenade, donnant à tous le plus bel exemple de courage et de mépris du danger. »

De nouveau blessé le 6 octobre 1916, il quitte le poste d’infirmerie le lendemain, pour participer à une attaque. Il prend le commandement de la compagnie et l’a conduite à son objectif malgré trois blessures reçues en cours de route.

Après avoir été promu lieutenant en mars 1917, on le voit de nouveau félicité en avril : « Jeune et brillant officier d’un superbe courage et d’un dévouement à toute épreuve. S’est distingué sur la Somme, puis aux combats des 17 et 18 avril où il a entraîné magnifiquement sa section, contribuant dans une large mesure au succès de la journée. »

Marcel Chauveau meurt le 29 mars 1918 à Courtemanche (Somme), lors des combats de la bataille de Montdidier. Il était âgé de 25 ans et est déclaré mort pour la France. Son nom est gravé sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et de Pontoise.

Le lieutenant Chauveau a été décoré de la Croix de guerre, avec deux étoiles de bronze et de vermeil ainsi qu’une palme. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en mai 1917.

École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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17 juin 2024 1 17 /06 /juin /2024 01:01

Alfred Marie Noël Parthiot naît le 26 mai 1890 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils Marguerite Fusz et de son époux Gabriel Paul Parthiot, qui vivent rue de l’Alouette. Sa mère, originaire de Moselle, dans la Lorraine occupée par l’Allemagne depuis 1871, a opté en 1872 pour la nationalité française. Son père, natif de l’Aube, est comptable.

Alors employé de commerce, Alfred Parthiot est mobilisé au sein du 54e régiment d'infanterie pour son service militaire en octobre 1911. Il accède au grade de caporal en septembre 1912 puis à celui de sergent en octobre 1913. Rendu à la vie civile en novembre, il est rappelé neuf mois plus tard alors que débute la première guerre mondiale en août 1914.

Toujours au sein du 54e RI, Alfred Parthiot va connaître une rapide progression hiérarchique : il est adjudant en septembre 1914 et devient officier dès mars 1915 en tant que lieutenant. Il accède au grade de capitaine en avril 1916.

Ses nouvelles fonctions ne le mettent pas à l’abri des effets des combats. Il est cité à l’ordre de l’armée pour les « qualités de sang-froid, de courage et de commandement » dont il a fait preuve « particulièrement le 19 mai 1916, au cours d'une attaque par les gaz. »

Parthiot est blessé une première fois à Damloup (Meuse) en juin 1916 par des pierres projetées par des éclats d’obus. Ce sont de nouveau des éclats d’obus qui lui provoquent de multiples plaies à la face en septembre la même année à Bouchavesnes-Bergen (Somme).

L’attaque du 25 septembre est racontée par un de ses collègues officiers, le commandant Marcel Émile Weill. Trois bataillons sont prévus pour l’assaut dans la direction d'Allaines. Le 1er lance l’assaut, mais est vite arrêté par le feu de nombreuses mitrailleuses et se replie. Parthiot est à la tête du 2e bataillon qui atteint la première tranchée allemande sous un feu violent de mitrailleuses mais doit aussi stopper sans atteindre son objectif. Il doit également se replier, « ayant tous ses officiers hors de combat ». Le 3e bataillon, qui était en réserve, n'a pas quitté ses emplacements.

Obtenant une permission, Alfred Parthiot épouse en juin 1917 à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Louise Henriette Deherque, employée. Ses parents vivent dans la même ville.

En décembre 1917, Parthiot est soigné suite à une intoxication par gaz. Il est démobilisé en septembre 1919. Les grades d’officiers qu’il avait obtenu à titre temporaire sont confirmés après qu’il soit passé dans la réserve, et il est promu commandant, chef de bataillon, en décembre 1936. Au cours des années 1930, il est très actif au sein des écoles de perfectionnement des sous-officiers de la deuxième région militaire, qui couvre le Nord de la France, ce qui lui vaut plusieurs remerciements officiels.

Après avoir quitté l’armée, Alfred Parthiot et son épouse s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils acquièrent en novembre 1919 une droguerie située dans le centre-ville, rue de Paris. Il la revend deux ans plus tard, souhaitant s’installer en province pour développer des affaires, passant notamment des annonces dans des journaux bretons et lorrains.

En 1922, il s’associe à un agent immobilier d’Orsay (Seine-et-Oise, act. Essonne). Ils commercialisent notamment un lotissement en vallée de Chevreuse puis un autre à Trouville (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il reprend le cabinet à son nom, avec un nouvel associé en mars 1924.

En 1927, Alfred Parthiot transfère son activité à Villers-Cotterêts (Aisne), avec son épouse comme comptable et se présente comme industriel. Il est, en 1932, le secrétaire du Syndicat d’initiative de Villers-Cotterêts. Il réalise également des affaires dans d’autres villes de de province, comme Angoulême (Charente) en 1934 ou Arras (Pas-de-Calais) en 1935.

Mobilisé dans la réserve au cours de la deuxième guerre mondiale, Alfred Parthiot vit à Villers-Cotterêts durant l’occupation de la France par l’Allemagne.

Après le conflit, il exerce comme agent immobilier à La Rochelle (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime) et réside dans la ville proche de Rochefort.

Alfred Parthiot meurt le 26 février 1948 à Rochefort. Il était âgé de 57 ans et n’a pas eu d’enfant. Titulaire de la Croix de guerre pour son comportement en 1915-1916, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en mai 1921 puis officier en septembre 1940. Au moins six citations et témoignages de satisfaction de satisfaction lui avaient été adressés.

Annonce de vente de maison par le cabinet Parthiot

 

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