Antoine Joseph Kropper naît le 9 février 1735 à Paris. Il est le fils de Dorothée Colson (1700-1779) et de son époux Joseph Kropper (1683-1751). Sa mère est la fille d'un maître serrurier parisien. Son père est originaire d’Alsace et était à Strasbourg, le premier commis de Jean Adam Acker, plus célèbre poêlier strasbourgeois. Il s’installe à Versailles en 1715 puis constitue, en octobre la même année, une société avec Gabriel Hamon, faïencier au faubourg Saint-Antoine à Paris, pour faire le commerce de « poêles d'Allemagne, soit de terre ou faïence ». Ils installent leur manufacture rue de Charonne. L’introduction d’appareils de chauffage en faïence, moins coûteux, moins dangereux et beaucoup plus esthétiques, va avoir un grand succès. Son mariage lui apporta aussi des avantages, car les poêles nécessitaient des pèces relevant de la serrurerie. Il se voit décerner le titre de marchand poêlier ordinaire du roi.
À la mort de son père, en avril 1751, sa veuve poursuit la direction de l’entreprise, alors installée rue de la Roquette, comme marchande poêlière du roi. Elle transmet la fonction à son fils dans son contrat de mariage en février 1754. Antoine Joseph Kropper, reconnu lui aussi comme marchand poêlier ordinaire du roi, épouse Suzanne Lebrun, fille d’un marchand de laine. Elle meurt en février 1761, après avoir mis au monde deux enfants, dont un mort en bas âge. Antoine Joseph Kropper se remarie en novembre 1763 à Paris avec Marguerite Françoise Villaume, native de Raon-l’Étape (act. Vosges).
C’est la manufacture Kropper qui installe, en 1758, des poêles dans le château ce Versailles. Selon Régine de Plinval de Guillebon, historienne spécialiste de la céramique, la maison équipa également les hôtels de la Guerre et de la Marine ainsi que les châteaux royaux de Marly, Vincennes et Paris. II avait également dans sa clientèle des grands de la Cour, tels le duc de Chevreuse, le marquis de Polignac, le marquis de Villeroy ou le duc de Bouillon.
Dans le contexte très cloisonné des corporations de métier au 18e siècle, la maison Kropper dut faire face à de nombreuses contestations judiciaires. En 1762, des poêles d'Antoine Joseph Kropper sont saisis à la demande des maîtres peintres et sculpteurs, parce qu'ils étaient ornés de sculptures. Parmi eux, il y avait notamment trois poêles destinés au Roi et un à Madame de Pompadour. Antoine Joseph cède en 1775 à Jean Charles Kropper, son frère, la tête des affaires familiales. Il est aussi maître poêlier, puis entre à l'Académie Saint-Luc en 1778, émanation de la corporation des peintres et sculpteurs, ce qui lui permet d’orner les poêles de sculptures en toute impunité.
Parmi les innovations des Kropper, outre les décors, figure la possibilité de faire cuire des aliments directement dans les poêles grâce à de petits fours aménagés.
Ayant manifestement acquis une belle fortune, Antoine Joseph Kropper abandonne aussi à son frère le domicile de la rue de la Roquette à Paris, et s’installe en famille dans le château de Polangis. Situé sur la rive gauche de la Marne, relevant de la paroisse Saint-Nicolas et de la baronnie de Saint-Maur-des-Fossés, le domaine avait été aménagé et agrandi au milieu du 18e siècle par les Le Foullon, une famille de maîtres maçons et architectes. Il a été intégré, en 1790, dans la commune de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (renommée en 1831 Joinville-le-Pont) ; une partie des terres relèvent aujourd’hui aussi de la commune voisine de Champigny-sur-Marne (act. Val-de-Marne).
Agrandi dans le style Louis XV, le manoir de Polangis dispose de 32 fenêtres en façade et est agrémenté d’un fronton triangulaire. Le domaine inclut plusieurs bâtiments annexe dont une chapelle et une ferme. Les terres ont une superficie d’environ 78 hectares.
Vendu vers 1761 à Jacques François Pascal Allain de la Bertinière, ancien capitaine et alors avocat, le domaine de Polangis est en location. Cependant, en 1791, si la famille Allain conserve la nue-propriété, l’usufruit est vendu à Kropper et à son épouse Marguerite Françoise. Il avait auparavant, en 1787, sous-loué la ferme à Joseph Brucelle, qui y installe une auberge. C’est dans cette auberge que séjourne discrètement, du 21 au 28 février 1789, Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791), qui vient de Provence et y retourne aussitôt.
Si Antoine Joseph Kropper ne s’occupe plus d’industrie, il garde une activité économique, par exemple en vendant en août 1775, une maison avec jardin qu’il possédait dans la village de Charonne, à François Gabriel Perrier, géographe du roi.
Pendant la révolution française, Antoine Joseph Kropper ne semble pas avoir de problème particulier. Il dispose d’une Carte de sureté, délivrée en avril 1793, qui indique qu’il a quitté Polangis et est revenu dans son ancienne demeure de la rue de la Roquette.
Cependant, son épouse Marguerite-Françoise Kropper est entendue comme témoin dans le cadre de l’instruction du procès des hébertistes, ou « exagérés », au début de l’année 1794, par le juge Charles Harny. Il en est de même de sa sœur, Marie Anne Dorothée Kropper, mariée à Nicolas Héricourt, autre poêlier renommé. Toutes deux assurent ne pas avoir d’informations au sujet du complot allégué.
Antoine Joseph Kropper retourne à Polangis, où il meurt le 8 messidor an 2 (26 juin 1794). L’état-civil de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, commune dont dépendait le château, signale qu’il était domicilié rue du Faubourg-Saint-Antoine. Il était âgé de 59 ans et père de trois enfants, dont deux filles vivantes. Son frère et un neveu poursuivent l’activité de poêlerie.
Projet Kropper pour l’intendance de Besançon, Poêle Kropper de l’hôtel de La Lande, musée Adrien Dubouché, Limoges
/image%2F1166198%2F20250918%2Fob_3415eb_poele-korpper-intendance-besancon-17.png)
/image%2F1166198%2F20250918%2Fob_52de77_poele-korpper-musee-limoges.png)
commenter cet article …

/image%2F1166198%2F20250306%2Fob_b23099_salomon-hisrch-1938-10-paris-soir-jean.png)
/image%2F1166198%2F20250306%2Fob_74ecef_salomon-hisrch-1935-10-la-depeche.png)
/image%2F1166198%2F20250304%2Fob_99d7d3_salomon-hisrch-1932-11-la-france.png)
/image%2F1166198%2F20250304%2Fob_13bbfa_salomon-hisrch-1928-10-le-radical.png)
/image%2F1166198%2F20250304%2Fob_d017f0_salomon-hisrch-1898-paris-hachette.png)
/image%2F1166198%2F20240624%2Fob_7331f1_tambour-de-la-garde-nationale-bou.jpeg)
/image%2F1166198%2F20220918%2Fob_aff1db_burgard-edouard.jpg)
/image%2F1166198%2F20220911%2Fob_9de20d_burgard-marc-edouard-1961.png)
/image%2F1166198%2F20220228%2Fob_77394b_marne-1919-inondation-2.jpg)