Cécile Hélène Marc naît le 15 mars 1914 à Pau (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques). Elle est la fille de Louise Marie Schrader (1885-1980) et de son époux Lucien François Marc (1877-1914). Sa mère est médecin. Son père, natif de Rouen, docteur en géographie, s’engage dans l’armée, fait l’école spéciale de Saint-Cyr-Coëtquidan et sert dans les forces coloniales à Madagascar et en Afrique de l’Ouest. Affecté à l’état-major en 1911, avec le grade de capitaine, il est en 1913 stationné à Pau. Il est tué dans les premiers jours de la première guerre mondiale, le 15 septembre 1914, lors des combats du Chemin des Dames à La Ville-au-Bois. Il est titulaire de la médaille coloniale et chevalier de la Légion d’honneur.
Les trois filles de la famille, dont la dernière est née posthume, sont reconnues pupilles de la nation. Si leur mère est parisienne de naissance, elle est la fille d’une personnalité bordelaise, Franz Schrader (1844-1924), géographe, cartographe et peintre paysagiste français, qui fut aussi président Club alpin français et officier de la Légion d’honneur. En matière géographique, il est proche des idées d’Élisée Reclus, son beau-frère, et le père de Cécile, Lucien Marc sera son élève. Celui-ci prend le nom d’usage de « Marc-Schrader » après son mariage, par exemple pour signer en 1913 des articles dans la revue Le Tour du monde, décrivant son activité d’administrateur colonial, sous le titre Quand j'étais maire de Tombouctou. Comme ses deux sœurs, Cécile utilisera également le nom d’usage Marc-Schrader jusqu’à son mariage.
Faisant, dans la suite de sa mère, des études médicales à Paris, Cécile Marc-Schrader est externe des hôpitaux de Paris et obtient son diplôme de docteur en 1940. Elle s’est spécialisée dans la pédiatrie, la gynécologie, les accouchements et la gymnastique médicale. Elle ouvre un cabinet rue Denfert-Rochereau (5e arr.).
En 1941, Cécile Marc-Schrader entre à la Fondation française pour l'étude des problèmes humains, organisme soutenu par le gouvernement de Vichy qui a pour objet d’étudier « sous tous les aspects les mesures propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française » et de « synthétiser des efforts poursuivis en dehors d’elle ou dans son sein et développer la science de l’homme. ». Elle a été fondée par le chirurgien et biologiste Alexis Carrel (1873-1944), qui en est le régent. Défendant des thèses racistes et eugénistes, membre en 1937 du Parti populaire français (PPF, extrême-droite) de Jacques Doriot, Alexis Carrel est suspendu de ses fonctions en août 1944 par le gouvernement provisoire, se défend de toute collaboration avec l’Allemagne et il n’est pas jugé.
Selon l’historien Alain Drouard, « Rien ne serait plus erroné que de considérer tous les membres de la Fondation comme des collaborateurs ou des fascistes à la solde de l’occupant, même si tel a dû être le cas pour certains d’entre eux ». Il indique que « les docteurs Jean Sutter, Pierre Royer et Cécile Goldet, à l’époque Marc-Schrader, [étaient] engagés dans la résistance ». Dans son livre Une Inconnue des sciences sociales, La Fondation Alexis Carrel (MSH, Paris, 1992), il précise concernant la situation de la Fondation, après la suspension d’Alexis Carrel : « Tout aurait été réglé de manière informelle par le Dr Bernard Lafay, alors au cabinet de Pasteur Vallery-Radot, assisté à l’intérieur de la Fondation par Mme Cécile Goldet, née Marc Schrader, membre de la Fondation et résistante. »
En mai 1945 Cécile Marc-Schrader épouse Antoine Gustave Goldet, ingénieur à Paris (5e arr.) et prend alors le nom de Cécile Goldet.
L’activité de Cécile Marc-Schrader pendant la deuxième guerre mondiale a fait l’objet d’une confusion avec celle de sa belle-sœur (y compris dans la notice que lui a consacrée le Sénat). Cécile Goldet (1901-1987), sœur d’Antoine, s’est engagée en tant qu’infirmière dans la résistance, et servit au sein du maquis du Vercors. Elle fut l'une des sept infirmières soignant des combattants dans la grotte de la Luire à Saint-Agnan-en-Vercors (Drôme), faite prisonnière par les Allemands le 27 juillet 1944 et déportée à Ravensbrück avec ses collègues. Elle décorée de la médaille de l’Ordre de la Libération.
Après-guerre, tout en poursuivant son activité médicale, Cécile Goldet (née Marc-Schrader) participe en 1960 à la création du Mouvement français pour le planning familial.
Elle s’engage en politique et adhère en 1962 au Mouvement Démocratique Féminin, introduite par Marie-Thérèse Eyquem puis en 1964 à la Convention des institutions républicaines (CIR), formation fondée par François Mitterrand. Elle devient en 1965 conseillère municipale du village de Fleury-en-Bière (Seine-et-Marne).
Dans le cadre de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (dont la CIR est membre avec notamment le Parti socialiste SFIO), Cécile Goldet est candidate aux élections législatives dans la quatrième circonscription de Paris en mars 1967, où elle obtient 3 310 voix pour 34 210 suffrages exprimés (9,7%). En 1970, elle est trésorière de l'Association pour l'étude de l'avortement.
En juin 1971, le congrès d'unification des socialistes à Épinay-sur-Seine voit la constitution du Parti socialiste (PS), regroupant diverses formations dont la SFIO et la CIR. Cécile Goldet intègre le secrétariat de la Fédération socialiste de Paris au titre du CERES, mouvement de Jean-Pierre Chevènement. Elle siège au comité directeur du PS en 1975 et défend, au sein de ce mouvement, des positions féministes.
Elle représente les socialistes dans la même circonscription parisienne en mars 1973, recueillant 8 433 des 28 039 suffrages exprimés au second tour (30,1%) ; elle n’est pas élue. Lors de ce même scrutin, Hélène Goldet, fille de Cécile, est candidate, avec le soutien de la Ligue communiste révolution (LCR) dans une autre circonscription de la capitale.
Lors des élections sénatoriales du 25 septembre 1977 pour le département de Paris, Cécile Goldet figure en troisième position sur la liste du PS et du Mouvement des radicaux de gauche, qui obtient deux sièges. Elle n’est pas élue, mais entre au Sénat le 29 mai 1979, au lendemain du décès de Georges Dayan. Membre du groupe socialiste, elle en devient vice-présidente en 1980.
Au sein de la haute assemblée, Cécile Goldet, qui a pris sa retraite de gynécologue en 1982, s’investit dans la lutte contre les discriminations au travail et pour l'égalité professionnelle. Elle vote en 1981 la loi portant abolition de la peine de mort. Elle est présidente du groupe d'études sénatorial des problèmes des déshérités et du quart-monde (1980-1986).
Cécile Goldet meurt le 27 octobre 2019 à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne). Elle était âgée de 105 ans et mère de trois enfants. Elle est inhumée à Fleury-en-Bière.
Cécile Goldet (cl. Sénat)
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