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31 mars 2025 1 31 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Guy Pascal Hirsch Montmartin

Parallèlement à la fonction de consul général honoraire d'Autriche à Paris qu’il exerce depuis octobre 1934, qui n’est pas rémunérée, Guy Pascal Hirsch Montmartin reprend une activité industrielle en France. Il crée en juin 1936 la société Amplilux, qui adopte comme slogan « plus de lumière pour moins d’argent ». Il dépose des brevets en France et aux États-Unis, notamment pour des ampoules à réflecteur annulaire mais aussi pour de la peinture, des instrument d’optique ou des dispositifs et d'ornementation. Il devient également administrateur de la Compagnie des Lampes.

Après avoir appris à piloter à Orly (Seine, act. Val-de-Marne) en juin 1936, Hirsch-Montmartin achète un avion Potez 585 qu’il utilise notamment pour se rendre dans sa résidence secondaire de La Baule (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il connaît deux problèmes de navigation en moins d’une semaine. Le 5 janvier 1937, alors qu’il se rendait à Vienne (Autriche), son pilote a dû atterrir dans un champ à Juan-les-Pins (Antibes, Alpes-Maritimes). Le consul général n’a pas été blessé et a pris le train pour Marseille, pour prendre la ligne régulière Air-France. Autre incident le 11 janvier. Parti de Cannes, ayant fait escale à Lyon, piloté cette fois par Hirsch Montmartin, l’avion – à cause du brouillard – s’est posé dans un champ près de Villepinte (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis).

Comme l’avait fait son père, Guy Pascal Hirsch Montmartin s’intéresse à la presse. Il appuie le projet du journaliste Robert Pecquery dit Jacques La Brède de transformer son hebdomadaire, Demain, qu’il avait lancé pour promouvoir l’association qu’il avait constituée, Confédération générale des classes moyennes. Ils le transforment en juin 1937 en quotidien du soir à Paris. Une enquête sur des trafics d’armes figure dans les premiers numéros. Mais le journal arrête sa publication journalière dès le mois de juillet et son édition de semaine peu de mois après.

Au début de la deuxième guerre mondiale, Hirsch Montmartin signale aux autorités militaires qu’il a évacué avec sa famille dans la villa Kirye, à Peuchateau, commune de Le Pouliguen (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il dirige un garage situé à la Baule, avenue de Chambord. Il embauche des réfugiés juifs, notamment Hélène Komorner.

L’entreprise d’Hirsch Montmartin à La Baule lui est retirée en juin 1943, au nom de la loi du 22 juillet 1941 relative aux entreprises, biens et valeurs appartenant aux Juifs. La famille est, à ce moment, déjà réfugiée en Amérique, sans doute à New-York (États-Unis).

Après la fin de la guerre, toujours résident à New-York, Hirsch Montmartin se rend régulièrement à Montréal (Québec, Canada). Il quitte la métropole étatsunienne en septembre 1946 en compagnie de Pierre Mendès-France et du cinéaste Julien Duvivier sur un vol de la compagnie TWA. Il fait de fréquents séjours à Paris mais revient à New-York où il a le statut de résident permanent et, en 1948, de citoyen des États-Unis.

Allié à une société canadienne, il achète en 1947 la mine d’amiante de Château-Ville-Vieille (Queyras, Hautes-Alpes) et constitue la société Les Amiantes de France. Bénéficiant d’un financement a titre des dommages de guerre, il investit dans la construction d’un téléphérique de 5,4 km et dans une station de traitement du minerai au Clôt du Riou. [Difficultés techniques] La société est mise en liquidation en 1953.

Toujours dans l’exploitation de ce minerai, conjointement avec son gendre canadien Léon Hoffman, Hirsch Montmartin crée à Genève la société Absestospray en août 1958.

Pascal René Guy Laurent Salomon meurt le 29 décembre 1972 à Nice (Alpes-Maritimes). Il était âgé de 78 ans et père de deux filles. Sa nécrologie est publiée, sous la signature de sa veuve et de sa fille cadette Vivianne par La Presse, quotidien de Montréal (Québec, Canada), ville où il résidait probablement. Il est désigné sous le nom de Guy Pascal Hirsch Montmartin et les deux fonctions mentionnées sont « ancien consul général d'Autriche et président des commissaires généraux de l'Exposition de 1937. »

Selon le journaliste Henry Coston, Hirsch Montmartin appartenait, comme son père, à la franc-maçonnerie.

Fin

Guy Pascal Hirsch Montmartin en 1938

 

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29 mars 2025 6 29 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Guy Pascal Hirsch Montmartin

Après ses ennuis judiciaires du début des années 1920, Pascal Hirsch Salomon ne semble avoir qu’une activité en France ; peut-être voyage-t-il à l’étranger. Il s’inscrit en 1927 sur la liste électorale de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), se déclarant comme représentant, et réside avec sa famille avenue des Ailantes.

En 1931, il est domicilié à La Celle-Saint-Cloud (Seine-et-Oise, act. Yvelines), rue de L’Étang-Sec, avec son épouse et des deux filles ; il se déclare administrateur de sociétés et deux domestiques résident chez eux. Il se fait appeler Guy Pascal Hirsch Montmartin, préférant généralement raccourcir en Guy Pascal Montmartin, adoptant le nom de sa belle-famille.

Ayant un temps abandonné les affaires, Guy Pascal Montmartin commence en octobre 1934 une carrière diplomatique. Il est nommé consul général honoraire d'Autriche à Paris. S’il exerce bien la fonction consulaire, la titulature honoraire signifie qu’il n’est pas rémunéré. Il adhère en décembre 1934 au comité du Développement des Relations artistiques entre l'Autriche et la France et assure à partir de 1935 de nombreuses représentations protocolaires et mondaines. Il organise, dans les salons du consulat, une exposition commerciale et artisanale d'Autriche en mai 1935.

La résidence familiale est, en 1936, l’avenue Victor-Hugo à Paris (16e arr.), dans le quartier de la Porte Dauphine. Trois domestiques résident chez eux.

La partie la plus marquante du mandat de Hirsch Montmartin va être liée à l'Exposition universelle de 1937 à Paris. Officiellement dénommée Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne, elle se tient à Paris du juin à novembre 1937. Il est nommé en janvier 1936 commissaire général du gouvernement autrichien pour cette manifestation. En septembre la même année, il est désigné président par l’assemblée générale des commissaires généraux des nations ayant accordé leur participation à l'Exposition, devenant ainsi leur interlocuteur pour les discussions avec le gouvernement français. Le pavillon autrichien est, le 11 juin 1937, l’un des premiers (avec celui du Portugal) à ouvrir.

Après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, le 13 mars 1938, toutes les représentations diplomatiques de la République autrichiennes sont sommées de se soumettre aux autorités allemandes. À Paris, Hirsch Montmartin répond à la chancellerie fédérale à Vienne : « Je reçois votre télégramme me donnant ordre arborer le drapeau allemand à croix gammée sur le consulat général d'Autriche. Je vous informe que je refuse d'arborer un autre drapeau que le drapeau autrichien constitutionnel et vous confirme ma démission ». Plusieurs autres diplomates prennent la même attitude, comme le baron Pflugl, délégué permanent de l'Autriche auprès de la Société des nations à Genève ou le consul d'Autriche à Sao-Paulo (Brésil). Le quotidien Paris-soir estime que « Le Consul général à Paris reste fidèle à ses convictions républicaines. »

Le 17 mars, après que l’ambassade d’Allemagne à Paris lui eut donné l’ordre d’amener le pavillon fédéral autrichien qui flottait sur ses bureaux, Hirsch Montmartin publie une note : « j’ai remis les documents consulaires entre les mains de l’envoyé de l’ambassade d’Allemagne. Je crois que c’est un évènement historique sans précédent que de voir disparaître la représentation totale d’un pays dont l’existence constitutionnelle et légale était reconnue par le monde entier. (…) J’ai déclaré que l’on se battait encore en Autriche il y a quelques jours et je crois savoir que les combats continuent. Le régime de terreur institué implique que ces informations sont exactes. Les arrestations en masse dans tous les milieux prouvent bien que l’enthousiasme et l’unanimité ne sont pas tels qu’on les déclare sans quoi les arrestations seraient des persécutions trop tragiques. Bruno Walter, qui n’a fait d’autre politique que celle de l’Art, a été impitoyablement emprisonné ; la princesse Starhemberg, mère du prince, octogénaire, est en prison ; le baron Louis de Rothschild y est aussi et tant d’autres dont on ignore le sort ; en effet, les nouvelles de Vienne ne parviennent plus, les journalistes ne pouvant tout voir, mais seulement dire ce qu’ils apprennent. Un grand nombre d’Autrichiens ne reconnaîtront pas la mainmise sur leur patrie et tant parmi ceux qui sont en Autriche que ceux qui sont à l’étranger, un mouvement national est en formation. Des comités se forment dans les grandes capitales, à Londres notamment sous la présidence du baron Frankenstein, dernier ambassadeur d’Autriche dans la capitale britannique. À New-York et à Paris, d’autres comités se créent. Je me suis personnellement chargé de coordonner tous ces efforts. Aujourd’hui même, je reçois une délégation d’Autrichiens d’Amérique. Il est à souhaiter que tous ces efforts trouvent un appui auprès des gouvernements et qu’on finisse par apprendre la vérité sur les sentiments réels de l’Autriche afin que les gouvernements étrangers du monde entier viennent au secours du droit et de la liberté des peuples et assurent le respect des traités sur lesquels figure leur signature. La paix si menacée du monde en dépend plus que jamais. L’Autriche redeviendra autrichienne. »

Dans la presse, il déclare encore : « Si je n’ai pas arboré le drapeau à croix gammée c’est que la plus grande partie de l’Autriche n’est pas nazie, contrairement à toutes les informations parues dans la presse. Je n’en veux pour preuve que cette information que je reçois de source très sûre : de la frontière suisse on entend nettement la mitraillade dans le Tyrol. En effet, des combats ont lieu sur certaines parties du territoire autrichien. Quant à l’entrée des troupes allemandes en Autriche, elle ne s'est pas effectuée comme on l’a dit au milieu de l’enthousiasme mais à grand renfort de formations nazies, on est parvenu à créer une fausse allégresse. Comme consul général d’Autriche à Paris, je ne connais que l’Autriche qui a été définie par les traités et par la Société des Nations. L’annexion de l’Autriche n’a pas été officiellement reconnue. Telle est la cause de mon refus d'arborer l’emblème du Reich. Au surplus, la logique m’interdisait de faire une telle chose. S'il y a encore une Autriche il n’y a qu'un seul drapeau, s’il n’y a plus d’Autriche, je ne suis plus consul. »

Dans Le Petit Provençal, Camille Ferdy apprécie sous le titre « Un geste » : « Le consul d'Autriche à Paris, M. G.-P. Hirsch Montmartin a refusé de remplacer par le drapeau allemand à croix gammée le drapeau national autrichien flottant sur la façade du consulat et naturellement il a ensuite démissionné. (…) Nous savons bien qu’en réalité, si nobles soient-ils, de tels gestes ne changent rien à la marche des événements. Un ambassadeur et un consul qui ne consentent point à se courber sors le joug et qui sacrifient les avantages de leur situation au sentiment de leur dignité ont immédiatement des successeurs à l'échine plus souple. Les dictateurs n'ont pas de peine à trouver de dociles serviteurs. Mais, pour l'honneur de l'humanité, il n'est pas mauvais que les attentats contre le droit provoquent parfois ces gestes d’indépendance attestant qu'il y a encore quelques esprits fiers et quelques consciences libres en notre époque ou tant de gens et tant de nations semblent se ruer avec un allègre enthousiasme à la plus lourde et la plus dégradante des servitudes. »

Lorsqu’une Entraide autrichienne est fondée à Paris, Hirsch Montmartin la domicilie chez lui, boulevard Malesherbes, et fait partie de son bureau.

À suivre

Le drapeau autrichien maintenu sur le consulat d’Autriche après l’Anschluss en mars 1938

 

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27 mars 2025 4 27 /03 /mars /2025 00:01

Début de la biographie de Guy Montmartin

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Pascal René Guy Laurent Salomon naît le 21 avril 1894 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Léa Strauss et de son mari Hirsch Salomon, qui résident avenue de Friedland. Le père, négociant et industriel, est également un homme de presse et une personnalité politique influente du parti radical-socialiste. Vers 1891, il a adopté le nom d’usage « Hirsch », faisant de Salomon un prénom d’usage. Pascal utilisera également la même désignation, qui n’aura toutefois pas un caractère officiel, les actes d’état-civil continuant de mentionner le patronyme de Salomon.

Sa mère est la fille d’un homme d’affaires Juif américain natif de Granville (New-York, États-Unis).

La famille s’installe ensuite boulevard Pereire puis, toujours dans le 8e arrondissement, avenue de Wagram. Elle va ensuite résider à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, actuellement Val-de-Marne), dans le quartier du Parc Saint-Maur, avenue des Ailantes, où le père installe son usine de production de papier. En 1914, le quotidien La Dépêche coloniale décrira l’environnement familial « où se retrouve quelque chose des mœurs patriarcales d’autrefois, sous la douce autorité de la vénérable mère [Clara Strauss, mère de Salomon Hirsch]. »

La famille est de religion israélite et Pascal Salomon fait sa Bar Mitzwa à la grande synagogue de Paris, rue de la Victoire (9e arr.) en avril 1907. En 1914, il se présente comme représentant de fabriques, ayant donc une activité commerciale sans doute dans les entreprises de son père.

Alors âgé de 20 ans, âge normal de la convocation pour le service militaire, Pascal Hirsch (puisqu’il utilise désormais cette dénomination) intègre l’armée dès septembre 1914, du fait du déclenchement de la première guerre mondiale. Il est affecté au 13e régiment de dragons, où il est nommé en novembre brigadier. Il devient sous-officier en tant que maréchal des logis en février 1915. La même année en juillet, il est promu, à titre temporaire, sous-lieutenant, et rejoint le 158e régiment d’infanterie. Transféré au 9e régiment de hussards en avril 1916, son grade d’officier n’est pas confirmé et il redevient maréchal des logis. En août, il passe 146e régiment d’infanterie. Il participe avec son unité à la bataille de la Somme, d’où il est évacué de Sailly-Saillisel (Somme) en novembre 1916 avec les pieds gelés. Du fait de l’état de ses poumons, il est réformé définitivement en février 1919.

Il se lance dans les affaires, avec une maison de commission-exportation, Établissements PSH (Pascal Salomon Hirsch), qui fait faillite en janvier 1921. La procédure se conclut par un remboursement des créanciers en février 1925.

En novembre 1921 à Paris (16e arr.), Pascal Hirsch Salomon épouse Yvonne Henriette Montmartin, originaire de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique).

Il fait face, en décembre 1923, une deuxième fois à la justice, devant la douzième chambre du tribunal correctionnel de la Seine sous des accusations d’abus de confiance. Il lui est reproché un emprunt obtenu pour un prétendu projet et non remboursé, pour lequel il se présentait comme le « baron Hirsch ». Il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, à 30 000 fr. d’amende et à 200 000 fr. de dommages-intérêts envers la partie civile.

À suivre

Guy Pascal Hirsch Montmartin 1935 (à droite)

 

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21 mars 2025 5 21 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

Ayant avoir cédé ses affaires dans le nickel en 1900, l’industriel Salomon Hirsch continue à s’intéresser à l’industrie. Il reprend en 1902 les établissements Émile Houpied, rue Royer-Collard à Paris (5e arr.), qui produisent des machines pour l’industrie du papier et les caractères d’imprimerie, reprenant la dénomination de Comptoir des Fonderies Nouvelles. En 1903, il transfère l’usine avenue Bellevue, dans le quartier du Parc à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). L’entreprise deviendra la Compagnie de fabrication française de papier manufacturé, transformant et imprimant papier et carton.

Depuis 1898, la famille de Salomon Hirsch s’est installée à proximité, avenue des Ailantes. En 1907, il rachète la Manufacture d’étiquettes et de sacs à G. Martin, qui fonctionnait rue de l’Aqueduc à Paris (10e arr.). Il déménage son activité dans l’usine de Saint-Maur. Il développe en particulier les cartonnages publicitaires.

Membre de la Chambre syndicale du papier, Salomon Hirsch en deviendra le président. Il présidera aussi, à partir de 1905, la Chambre syndicale des fabricants d’étiquettes américaines. Depuis 1904, il se qualifie d’ingénieur, une désignation qui ne nécessitait pas un titre particulier à cette époque. Il continuera à le faire jusqu’au début des années 1920, reprenant ensuite le terme d’industriel.

Après son installation définitive à Saint-Maur, Salomon Hirsch va avoir une intense activité sociale et politique. Franc-maçon, il participe à la loge La Réforme, qui a son temple rue Révol à Saint-Maur (act. rue Édouard-Valleran). Le quotidien La Libre Parole, qui se spécialise dans la dénonciation des francs-maçons, compte en 1912 trente membres de ladite loge résidant à Saint-Maur, et un total de 68 francs-maçons dans cette ville. En 1910, Salomon Hirsch est orateur de La Réforme. Il prend, en 1912, la succession du pharmacien Armand Guimond en tant que vénérable et l’est toujours en 1914.

Membre fondateur de la caisse des écoles Saint-Maur en 1902, Salomon Hirsch participe à la constitution en 1905 de la Mutualité scolaire de Saint-Maur et en est le président en février 1909. Elle compte 1 500 membres en 1911 et comprend une section de pupilles (13 à 16 ans), mais aussi une section d’adultes (16 à 55 ans). Hirsch défend le rôle des mutualistes, notamment en matière de retraites. Il réfute les arguments de ceux pour qui « assurer la vieillesse c’est duper l’ouvrier » et défend le point de vue que « c’est la vieillesse et non la jeunesse et l’âge mûr que nous voulons assurer contre la misère ». Pour lui, « l’État doit forcer tous les travailleurs à penser à l’avenir et à se préparer quand ils ont vingt ans et narguent la vieillesse. »

En 1912, Hirsch revient sur la difficile acceptation des cotisations découlant de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes, votée en mars 1910 et assure que « le boycottage, qui est allé chez certains jusqu'à la révolte, a apporté quelques troubles dans les esprits et a nui à l'application de cette grande réforme sociale ». Il voit dans la mutualité « une pépinière de propagandistes », assurant que c’est elle qui « a précédé le législateur en réalisant l’assurance-maladie, l’assurance-chômage, l’assurance-invalidité et l'assurance-vieillesse. »

Outre les organisations auxquelles il adhère, Salomon Hirsch manifeste également ses sentiments en participant à des souscriptions. En janvier 1902, il approuve la Ligue pour la défense de la vie humaine, qui promeut la distribution de lait : « J'adhère des deux mains à votre Ligue. Inscrivez-moi pour cinq cotisations, j’ai quatre enfants grands buveurs de lait, ils ne paieront pas trop cher leur cotisation préventive de deux francs ». Le signataire suivant est Blum, peut-être Léon Blum, dont Hirsch sera proche et qui lèguera cette idée après la deuxième guerre mondiale à un autre de leurs amis, Pierre Mendès-France. Il verse son obole, en mai 1904, pour les victimes d’un cyclone sur l’île de La Réunion. Toujours sensible à la situation outre-mer, il envoie de l’argent pour la Société de patronage des orphelins colonisateurs en janvier 1909. Il appuie en mars 1912 la création d’une « cinquième arme » dans le domaine militaire français, à savoir une aviation militaire.

Sur le plan professionnel, l’usine de fabrication du papier de Saint-Maur continue son exploitation. Salomon Hirsch est nommé conseiller du commerce extérieur pour cinq ans en mars 1906 ; il restera dans cette fonction pendant 30 ans.

En politique, Salomon Hirsch reprend une activité publique, qu’il avait délaissée depuis son échec aux législatives de Clichy-Levallois en août 1893. La Sûreté nationale constitue un dossier à son nom début 1908 et continuera à la maintenir jusqu’en 1929.

Le sénateur de la Seine Alfred Mascuraud avait créé en 1899 un groupement politico-économique afin de servir de relais entre le patronat et les hommes politiques de centre-gauche, notamment les radicaux-socialistes, qui fonderont leur parti national peu après, en 1901. À Saint-Maur, en décembre 1907, Salomon Hirsch crée le Comité républicain du commerce et de l'industrie, une des 107 sections du comité Mascuraud, et en devient le président. Il organise notamment un banquet annuel, qui rassemble 150 personnes en juin 1909. Le banquet de l’année 1913 est organisé conjointement avec la section de Nogent-sur-Marne, au restaurant Jullien, sur l’Île Fanac, dans la commune de Joinville-le-Pont, située entre Saint-Maur et Nogent. Honoré Jullien est une influente personnalité radicale-socialiste dans la circonscription. Accueillant, comme chaque année, des parlementaires et représentants du centre-gauche au gouvernement, le banquet de 1913 est dressé pour 300 personnes. La section saint-maurienne annonce avoir près de quatre cents membres en juin 1911.

À suivre

Caricature de Salomon Hirsch 1932

 

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30 novembre 2024 6 30 /11 /novembre /2024 00:01

Désiré Guille naît le 25 mai 1895 à Paris (14e arr.). Il est le fils d’Adèle-Hermantine Guille, journalière, qui réside 13, rue Brézin. Son père, qui n’est pas nommé alors, le reconnaît lors de son mariage, en août 1896, en même temps que son frère aîné Eugène ; il s’appelle également Désiré Peteau et est cocher. Il disparaît cependant en 1900, année où naît sa sœur Maryse.

Devenu plombier couvreur, Désiré Peteau est mobilisé au cours de la première guerre mondiale. Il rejoint le 39e régiment d'infanterie en décembre 1914, passe au 176e en mai 1915, au 148e en janvier 1916 puis au 70e en décembre 1917. Malade, il est évacué le 3 janvier 1918 et ne sort de l’hôpital qu’un an plus tard. Démobilisé en septembre 1919, il se voit refuser la délivrance d’un certificat de bonne conduite. Après-guerre, il se verra reconnaître que le paludisme dont il souffre est imputable à son service militaire, et il se verra accorder, en juin 1931, une pension d’invalidité de 10%.

Avant de quitter l’armée, Désiré Peteau épouse en avril 1919 à Paris (11e arr.) Isabelle Alexandrine Colas, couturière. Ils vivent d’abord rue Keller puis, dans la seconde moitié des années 1920, rejoignent Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, quai d’Anjou. Il connaissait sans doute déjà l’endroit, car il avait participé en juin 1913 à un grand-prix des débutants organisé couru entre la commune voisine de Champigny-sur-Marne et Soignolles-en-Brie (Seine-et-Marne).

Travaillant comme artisan indépendant, Désiré Peteau milite au sein de la section locale du Parti socialiste SFIO. Il est candidat, au nom de sa formation, pour les élections municipales de mai 1929 sur la liste du Groupement des gauches républicain, conduite par le tapissier Georges Briolay, radical-socialiste. La liste comprend 11 radicaux, 10 socialistes indépendants et 6 socialistes SFIO. Au premier tour, elle affronte les sortants de la Liste de concentration républicaine, conduite par le maire Stephen Durande et soutenue par les formations de droite, ainsi qu’une liste dite du Bloc ouvrier et paysan, soutenue par le parti communiste.

Les candidats de la municipalité sortante sont en tête au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant la liste de Briolay (35,9%) et les communistes (16%). Peteau obtient 713 voix pour 2 126 exprimés (33,5%) sur 2 969 inscrits. Bien qu’il n’y ait pas d’accord véritable, le PCF retire sa liste pour le second tour. Les candidats de centre-gauche remportent 22 des sièges à pourvoir, la droite empochant les 5 derniers, le maire Durande étant battu. Sur leurs six candidats, les socialistes SFIO en envoient quatre dans l’assemblée municipale, dont Georges Roger, employé au Gaz de Paris, qui devient adjoint au maire. Peteau, pour sa part, n'est pas élu.

En mai 1930, il fait partie des 14 membres de la section SFIO de Joinville qui souscrivent pour soutenir le quotidien du parti, Le Populaire.

En juin la même année, il recueille la contribution des ouvriers communaux pour l’apporter au Comité de Joinville-le-Pont pour les victimes des inondations du Midi.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Désiré Peteau est rappelé le 13 septembre 1939. Il est renvoyé dans ses foyers dès le 4 octobre de cette année-là. Il meurt le 21 novembre 1941 à Courbevoie, où il est hospitalisé, résidant toujours à Joinville. Selon la généalogie qui lui est consacrée par Jean Jacques Guille, la cause de son décès est « très probablement un accident du travail vers Courbevoie ». Il est père de trois enfants, dont l’aîné porte également le nom de Désiré Peteau.

Vue de Polangis à Joinville-le-Pont

 

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12 août 2024 1 12 /08 /août /2024 01:01

Suite de la biographie de Harry Kaganoff

Ayant fermé en 1931 son cabinet de Champigny-sur-Marne pour en ouvrir un à Paris (10e arr.), rue de la Grange-aux-Belles, le docteur Harry Kaganoff va se spécialiser en gynécologie, et notamment dans les accouchements. Il déplacera son activité dans le 17e arrondissement, boulevard Malesherbes en 1937 et s’associera à la création d’une clinique médicale, chirurgicale et obstétricale rue Geoffroy-Saint-Hilaire dont il est, à parité avec M. Alphonse Barroso-Rebello, le premier porteur de parts.

Parallèlement à son activité libérale, le docteur Kaganoff intervient dans des établissements visant en particulier la population juive pauvre, en particulier immigrée. C’est le cas, à partir de 1931 du dispensaire Linas-Hatzédek à Belleville et de la clinique W. Tiomkine rue du Buisson-Saint-Louis (11e arr.) en 1933. Le Dr Kaganoff précise que cette institution accueille plus de 50 malades par jour et que Juifs et non-Juifs du quartier en bénéficient. Dans sa spécialité, il participe également en 1937 au dispensaire La Mère et l’Enfant, situé rue Amelot (11e arr.). Le docteur poursuit également son activité de conférencier, avec en décembre 1931, une intervention à Pavillons-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour soutenir la vaccination antituberculeuse. Il contribue également régulièrement aux collectes effectuées par les instances communautaires juives.

L’activité publique de Kaganoff va prendre une dimension sioniste, en appui à l’installation des Juifs dans la Palestine mandataire et au lien de leur communauté avec les Juifs de France.

En 1929, le Dr Kaganoff devient un cadre du Sporting-Club Maccabi, établissement sportif international qui dispose d’une section française. Lors d’une manifestation du club en mars 1931, il explique : « Le peuple juif était devenu un peuple cérébral. Mais avec le cerveau on ne peut pas construire des routes, labourer la terre, il faut des muscles. Le Maccabi prépare ce type juif, sain de corps et d’esprit, qui s’est si bien développé en Palestine. »

Lors d’un autre évènement en mai 1933, à laquelle participait lord Melchett, président d’honneur de l’Union mondiale Maccabi, ainsi que l’ancien ministre Henry Paté, le Dr Kaganoff précisa ses conceptions. Pour lui, il y avait « nécessité, pour les nouvelles générations, de se développer physiquement, surtout dans les pays où les Juifs sont constamment menacés ». Parlant de de la France, il souligna son rôle dans la défense des juifs persécutés. Pour lui, se référant à son expérience personnelle, « Si la France, dit-il, était à nouveau menacée, la jeunesse juive immigrée n’hésiterait pas à imiter ceux qui, en 1914, sont allés aux Invalides s’engager dans l’armée française. »

C’est dans les locaux du Maccabi France que le Dr. Kaganoff, président, rend compte en juin 1934 de son voyage en « Eretz-Israël ». Il décrit Jaffa « ville essentiellement arabe », Sarona, « village allemand » (au sens de peuplé de Juifs allemands), et Tel-Aviv, dont « l’aspect général est celui d’une cité américaine », dont il regrette qu’elle soit construite en béton armé et estime qu’il « faudra un jour [la] balayer et reconstruire sans hâte ». Selon Harry Kaganoff, « Pour retrouver le style juif, il faut aller à Jérusalem, la ville conservatrice par excellence ». Commentant la situation générale, il estime, dans le compte-rendu qu’en fait L'Univers israélite, que « Le travail ! c’est la raison d’être des Juifs palestiniens. Et l’on travaille moins pour s’enrichir que pour servir le pays. Rendre la Palestine capable de recevoir des milliers de frères, c’est là leur rêve. »

Harry Kaganoff embarque une nouvelle fois en mars 1935 de Marseille pour la Palestine. Il assiste à la deuxième Maccabia, évènement sportif qu’il compare à des Jeux olympiques juifs. Il est réélu président du club français en novembre.

La Conférence palestinienne de France se tient en octobre 1936, dans les Salons de l'Hôtel Lutétia à Paris. Elle rassemble 150 délégués des associations juives de Paris et de province. Elle donne naissance à un comité dénommé Vaad Bitzaron Oubitahon, pour faire campagne pour la sécurité du peuple juif après les attentats dans le territoire sous contrôle britannique. Le Dr Kaganoff en est membre. Il est l’un des fondateurs, en mai 1937, encore à Paris, de l’Association des sionistes traditionalistes Mizrahi et l’un des membres de son comité ; le mouvement assure qu’il continue « la tradition française de libéralisme et de foi. »

En janvier 1939 fait l’historique du travail de reconstruction en Palestine devant le Cercle amical féminin propalestinien, rendant hommage notamment aux premiers colons, des intellectuels ayant fui les pogromes russes.

Sur le plan professionnel, le docteur Harry Kaganoff fait face, en mars 1939 à une mise en cause qui lui vaut d’être arrêté pour « manœuvres criminelles abortives » en compagnie d’une sage-femme, propriétaire d'une clinique d'accouchement rue de Chabrol à Paris (10e arr.). ayant choisi Me Etienne Nouveau comme défenseur, il « proteste de sa parfaite correction » et indique que ses interventions ont toujours été faites sur des femmes qui présentaient un commencement de fausse-couche et qu’elles étaient motivées dans l'intérêt de la santé des patientes pour éviter un accident.

L’hebdomadaire d’extrême-droite Le Défi, dirigé par l’avocat antisémite Jean Charles Legrand, créateur du Front de la jeunesse, même campagne contre « la vaste entreprise des médecins étrangers, Juifs et Allemands, montée pour estropier et mutiler les femmes françaises ». Il se réjouit de l’incarcération, commentant l'enquête qui aurait établi « les crimes commis par ce Kaganoff contre notre race. »

L’affaire ne semble pas avoir de suites, et, en 1955, le casier judiciaire de Kaganoff est vierge de toute condamnation. C’est cependant cette même année que Harry Kaganoff est inscrit au Fichier central de la Sûreté nationale, qui recense des personnes dont l’activité publique, notamment politique, est sous surveillance.

La situation de Harry Kaganoff pendant la deuxième guerre mondiale et l’occupation allemande n’est pas connue. Ni lui ni sa famille directe ne sont victimes du conflit et sa mère, comme ses sœurs et son frère ou sont épouse survivent aux persécutions antisémites. Par contre, plusieurs membres de la famille de sa femme meurent en déportation.

Après le conflit, le docteur Kaganoff poursuit son activité, d’abord à Paris (7e arr.), avenue Duquesne, puis dans le 17e arrondissement, avenue du Colonel-Moll.

Son engagement public se concentre désormais sur la vie de deux organisations de soldats : l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs dont il a été un des fondateur et vice-président depuis 1919 puis président en 1947. Et l’association des anciens combattants volontaires juifs, à la vice-présidence de laquelle il accède en 1946. Il ouvre le sociétariat de ces mouvements aux combattants du deuxième conflit mondial.

En juin 1935, Kaganoff était déjà intervenu, au nom des combattants Juifs palestiniens, lors de la Conférence mondiale des anciens combattants Juifs, qui avait réuni à Paris, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne les représentants de quinze nations.

Il préside, en juin 1964, la manifestation du souvenir organisée au cimetière de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine) rendant hommage aux « martyrs morts pour la France, pour la liberté » et souhaitant « Shalom » à tous les pays, ajoutant « et surtout à Israël qui en a tant besoin. »

Une de ses dernières interventions publiques est l’inauguration, en janvier 1965, à Levens (Alpes-de-Haute-Provence) de la Maison de repos et de convalescence des anciens combattants.

Harry Kaganoff meurt le 9 septembre 1967 à Paris (17e arr.), dans son domicile de la rue du Colonel-Moll. Il était âgé de 74 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Fin

Portrait de Harry Kaganoff (Notre volonté, 06/1964)

 

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8 août 2024 4 08 /08 /août /2024 01:01

Début de la biographie de Harry Kaganoff

Harry Hirsch Kaganoff-Kagan naît le 2 juin 1893 à Mstislawe, ville alors en Russie (act. Biélorussie). Il est d’origine juive, fils de Rebecca Ratner et de son époux Joseph Kaganoff-Kagan. Selon le recensement de l'Empire russe de 1897, la ville comptait 49% de Juifs ; il y en avait toujours 20% lors du recensement soviétique de 1939. Tous ceux qui résidaient encore dans la ville, soit entre 850 à 1 300, sont assassinés le 15 octobre 1941 par les forces allemandes dans le cadre de la « Shoah par balles. »

La famille Kaganoff quitte Mstislawe, deux sœurs de Harry voyant le jour en 1907 et 1910 à Zaporijia (Russie, act. Ukraine).

La situation sociale de la famille n’est pas connue. Elle est cependant probablement confortable. En 1916, Harry Kaganoff fait des études de médecine à Bordeaux (Gironde). Il s’engage volontairement, en juillet, dans la légion étrangère pour la durée de la première guerre mondiale et sert donc avec les troupes françaises. Il est nommé en novembre 1917 médecin sous-aide-major (sous-officier, grade équivalent à celui d’adjudant-chef). Promu officier en septembre 1918, comme médecin aide-major de deuxième classe (sous-lieutenant), il est affecté au 172 régiment d'infanterie. Au cours des combats, qui lui valent deux citations, il est blessé au front par un « petit projectile ». Il obtiendra en février 1920 une première pension chiffrée à 20%, doublée en janvier 1922, sa brèche osseuse entraînant une « baisse de l’aptitude au travail et à la mémoire. »

Après la fin du conflit, Harry Kaganoff reprend ses études médicales à Bordeaux. Il présente en novembre 1919, avec deux collègues, MM. Rocher et Lescalle, le cas de cinq blessés guéris de pseudarthrose par la méthode de Delagénière, c’est-à-dire par greffons ostéopériostiques tibiaux. Adhérent à la Société anatomoclinique de Bordeaux en décembre 1919, il exerce à Orléans (Loiret) en janvier 1922, date à laquelle il est naturalisé français par décret.

Il soutient sa thèse à la faculté de médecine bordelaise en avril 1924. Devenu docteur, Harry Kaganoff exerce comme médecin dans l’Orne, installé en août la même année dans la commune de Le Sap, où il signale à la justice le meurtre d’une cultivatrice du village voisin d’Orville.

Rejoignant la région parisienne, Harry Kaganoff ouvre un cabinet à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est installé rue Mignon avec sa mère, un frère et deux sœurs. En plus de son activité médicale, Kaganoff prend des responsabilités civiques. Depuis 1919, il est vice-président de l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs. Il assure, à titre honorifique, le même rôle dans le Vélo-club de Champigny en décembre 1927.

En novembre 1926, des juifs ayant quitté l’empire russe suite à la révolution bolchévique, constituent une association cultuelle, considérant que leurs besoins ne sont pas couverts par les institutions dépendant du Consistoire israélite de Paris, pour des raisons de langue et d’usages. Baptisée Ohel Jacob, elle finance notamment la création d’écoles à Paris et dans quelques villes de banlieue. Les israélites de Joinville et de Champigny se regroupent pour former une école (Talmud Tora), située à Champigny, route de Villiers, mais fréquentée par une majorité de joinvillais. Elle est financée par l’association Ohel Jacob et le docteur Kaganoff en est le président en 1928.

En 1929, on compte 9 écoles du réseau Ohel Jacob ; 3 sont situées à Paris et comptent 250 élèves. Les 9 de banlieue totalisent et celle de Joinville Champigny est la plus importante, avec 45 élèves.

Tout en maintenant ses cours, l’union israélite locale change de dénomination et de caractère en 1930. Elle devient l’association Ohavé Shalom (Les Amis de la Paix), abandonnant son identité d’origine russe. L’hebdomadaire Tribune juive considère que « ce groupement a ceci de remarquable qu’il se compose d’israélites originaires les uns de Pologne et les autres de Turquie. »

Personnalité identifiée, Harry Kaganoff donne des conférences qui sont mentionnées dans la presse. En avril 1928, Les Cahiers des droits de l'homme (LDH), signalent son intervention à Champigny. La même année, en novembre, L’Univers israélite évoque sa causerie au Cercle Salonicien, à Paris, devant l’Union des femmes juives françaises pour la Palestine. Il participe aussi à des réunions de nature politique. Il est ainsi, en juin 1929, un des orateurs du meeting de protestation organisé « Contre les pogromes de Lemberg » (Pologne, act. Lviv, Ukraine) par la Ligue internationale contre l’antisémitisme. De nombreux intellectuels et personnalité sont présents.

Le docteur Kaganoff inaugure, en tant que président de l’association Ohavé Shalom, en mai 1930 un oratoire implanté dans leur local campinois. Il s’exprime, dans la ville proche d’Alfortville, en octobre 1930, toujours au titre de cette fonction. Il cesse cependant probablement de l’exercer l’année suivante, lorsqu’il déménage pour installer son cabinet à Paris. C’est sans doute dans la première moitié des années 1930 que se produit le mariage d’Harry Kaganoff avec Rebecca Wygodzka, native de Vilnius (Pologne, act. Lituanie).

À suivre

Rue de Villiers à Champigny-sur-Marne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 01:01

Georges Guy Gérard Legras naît le 3 juin 1927 à Tours (Indre-et-Loire). Il est le fils d’Adrienne Élisabeth Lelong et de son mari Jacques Georges Ernest Legras, voyageur de commerce. Ils vivent, avec les grands-parents paternels, rue Avisseau, dans le quartier de la cathédrale.

En 1931, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au centre-ville, rue Émile-Moutier. Le père est devenu projectionniste ; il sera ensuite ingénieur du son. La ville de Joinville comporte plusieurs sites importants consacrés au cinéma (studios de production et entreprises de traitement des films notamment).

Pendant la deuxième guerre mondiale, on trouve un « Georges Legras » enregistré, sans autre précision, dans les Dossiers administratifs de résistants conservés par les archives du Service historique de la Défense.

Après le conflit, Georges Legras est assistant monteur en cinéma. Le 10 novembre 1949, il se trouve dans l’immeuble du 19, rue Saint-Georges à Paris (9e arr.). Anciennement utilisé par la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) pendant l'occupation allemande de Paris, il a été affecté après la Libération à plusieurs organisations liées au parti communiste, notamment le Front national, qui y a son siège, comme des mouvements d’anciens combattants.

Georges Legras et une de ses collègues, Ina Brocki, travaillaient au 4e étage. Ils sont retrouvés recroquevillés, complètement carbonisés, par les sauveteurs sur le palier du 3e étage. L’accident a fait une autre victime, Germaine Fromentin, et huit blessés.

Plusieurs sociétés d’exploitation de films avaient une activité dans l’immeuble : Armor, Miramar et le studio Saint-Georges. L’enquête a estimé que le feu aurait pris dans les sous-sols, suite à un court-circuit, et aurait embrasé des pellicules de film stockées dans les caves, dans des conditions non conformes à la règlementation. Il s’est ensuite propagé très rapidement dans les étages.

Georges Legras a été déclaré mort le 10 novembre 1949 à Paris (9e arr.). Il était célibataire, âgé de 22 ans et toujours domicilié chez ses parents à Joinville-le-Pont et son corps a été inhumé dans le cimetière communal de cette ville.

Des obsèques solennelles ont été organisées pour deux des trois victimes, Germaine Fromentin et Georges Legras. Elles se sont déroulées le 19 novembre à la Maison des Métallurgistes, rue Jean-Pierre-Timbaud à Paris (11e arr.). Tous les deux ont été salués comme des camarades de lutte et des militants par des dirigeants du Front National, tels Laurent Casanova, Pierre Villon. Plusieurs hauts responsables communistes étaient présents, comme Léon Mauvais et Charles Tillon.

Jacques, le père de Georges Legras, a été candidat communiste lors des élections municipales de Joinville-le-Pont en mars 1965.

Lutte contre l’incendie dans l’immeuble, L’Humanité, 11/11/1949

 

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25 juin 2024 2 25 /06 /juin /2024 01:01

Constantin Émile Delaby naît le 11 mars 1880 à Abscon, commune du bassin houiller du département du Nord. Il est le fils de Marie Joseph Héroguet et de son mari Henri Delaby. Son père est mineur et la famille vit au coron des Lillois. Illettré, le père ne sait pas signer à la naissance de Constantin ou de son frère aîné ; cependant, il est capable de le faire en août 1882 quand sa première sœur voit le jour. La famille a alors déménagé à Aniche, commune voisine d’origine de la mère. Henri Delaby meurt en janvier 1894, quand Constantin a 13 ans.

N'étant pas l’aîné, Constantin Delaby, qui est alors ajusteur mécanicien, est convoqué pour le service militaire. Il intègre le 8e régiment de hussards en novembre 1901 à Cambrai. Promu brigadier en septembre 1902, il devient sous-officier comme maréchal des logis en mai 1903. Il retourne à la vie civile en septembre 1904.

Après avoir quitté l’uniforme, Constantin Delaby travaille dans la Marne. Il est condamné, en décembre 1905 par le tribunal correctionnel de Reims à 25 francs d’amende pour « complicité d’adultère ». Il s’agit peut-être de ses relations avec Marie Hortense Lavigne, dont il a un fils, Henry Jules, né en mai 1907 à Loivre (Marne), lequel est déclaré comme étant de mère inconnue par Constantin Delaby, qui le reconnaît. Il est légitimé par leur mariage en décembre 1912 à Lille ; Marie Hortense avait divorcé de son premier mari en mai 1906.

En juillet 1910, l’entreprise de cycles qu’avait créée Constantin Delaby est mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Cambrai. Il s’installe début 1912 à Lille où il est contremaître.

Rappelé au début de la première guerre mondiale en août 1914, Constantin Delaby obtient le grade d’adjudant en avril 1915. Il est détaché, comme ajusteur, en juillet 1917 dans un service automobile à Villeneuve-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine). Puis, en octobre 1917, il est affecté à l’usine Delaby et Langlois, rue des Rondeaux à Paris (20e arr.) ; il s’agit peut-être d’un établissement qu’il aurait fondé. En janvier 1919, il est détaché dans une usine de Nîmes (Gard) puis démobilisé en février.

Après le conflit, Constantin et Marie Hortense Delaby sont séparés et divorcent. Lui s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), villa René-Robert (une voie disparue).

Il dispose d’un magasin à Joinville et d’un atelier dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, route de Villiers. Il crée en février 1920 une société avec plusieurs négociants, C. Delaby & Cie, puis la dissout en mai 1922. Il poursuit ensuite son activité à titre personnel. Il fabrique notamment des cadres de vélos.

Constantin Delaby se remarie en février 1921 à Joinville avec Marie Camille Lucie Luneau, originaire de La Chapelotte (Cher), fille d’un bourrelier. Ils ont leur domicile dans le quartier du Centre, puis rue du Pourtour-des-Écoles. Le fils de Constantin, Henri Delaby, les rejoint et vit avec eux en 1926.

Camille meurt en juillet 1926, en donnant naissance au deuxième enfant de Constantin Delaby, Edith Augustine. Elle est d’abord hébergée par sa grand-mère, dans le Cher, puis rejoint son père à l’été 1934. Il passe plusieurs annonces pour essayer de lui trouver une compagnie en 1934 et 1937, soulignant qu’il dispose d’un jardin anglais et d’un piano. Constantin Delaby se remarie en mai 1937 à Joinville avec Jadwiga Domanska, native de Pologne et veuve, qui a francisé son prénom en Edwige Sophie.

Conservant toujours son activité de mécanique générale à Champigny en 1931, Delaby semble cependant avoir réorienté ses sources de revenus. Dans le recensement de 1931, il se déclare comme représentant. Mais il semble bien qu’il se consacre également beaucoup aux courses de chevaux. L’hippodrome de Vincennes est proche de son domicile. En mars 1927, Constantin Delaby est condamné à 300 francs d’amende pour « délits de courses. »

Quelques années plus tard, il va de nouveau avoir maille à partir avec la justice. La presse relate « l’arrestation mouvementée d’un bookmarker ». Un inspecteur de la brigade des jeux le soupçonnait de prendre des paris clandestins quand il le croise dans rue de Paris, dans le centre-ville de Joinville. Delaby qui attendait dans son auto arrêtée et un cycliste s’arrêta près de lui pour et remettre une enveloppe, présumée contenir des listes de paris. L’inspecteur sauta sur le marchepied de la voiture, mais Delaby démarra aussitôt, renversant le cycliste, tandis que le policier se cramponnait au parebrise du véhicule. Il dut stopper peu après, à l’entrée du Bois de Vincennes et fut conduit au commissariat de police de Saint-Maur puis envoyé au Dépôt. L’inspecteur et le cycliste avaient été légèrement contusionnés. En janvier 1934, le tribunal correctionnel de la Seine l’a condamné à quatre mois de prison avec sursis et 500 francs d’amende pour « violence à agents » et « exploitation illicite de paris sur les courses de chevaux en novembre et décembre 1933. »

En 1936, Constantin Delaby déclare exercer l’activité de menuisier.

Il meurt au cours de la deuxième guerre mondiale le 24 mai 1941 à Toulouse (Haute-Garonne). Il était âgé de 61 ans et père de deux enfants. Le Service historique de la Défense le classe en tant que victime civile, reconnaissance accordée aux personnes qui ont subi des préjudices directs du fait des événements liés à la guerre en raison des actions de l'ennemi, des bombardements, des représailles, des actes de sabotage, ou pour les victimes de la répression et des persécutions raciales ou politiques.

Son fils Henry deviendra ingénieur et continuera à vivre à Joinville-le-Pont. Sa fille Edith survivra à un accident d’avion en décembre 1946 en Irlande, alors qu’elle émigrait avec son bébé vers les États-Unis.

Edwige Delaby, épouse de Constantin (arch. fam.)

 

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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 00:01

Isaac Lewinski naît le 30 octobre 1890 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils s’installeront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky. Isaac prendra « Henri » comme prénom d’usage.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Henri Lewinski est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en octobre 1911 au 3e régiment de zouaves. En octobre 1912 il devient soldat musicien. Il retourne à la vie civile en novembre 1913, mais pour peu de temps car il est rappelé en août 1914 au début de la première guerre mondiale.

Blessé à la tête par des éclats d’obus à Craonne, lors de la première bataille de l'Aisne en septembre 1914, Henri Lewinski est réformé en décembre 1915 pour « blessure de guerre, trépanation, confusion mentale, amnésie, céphalée occipitale, hallucinations ». Son statut de réformé est confirmé en mars 1916, et il obtient en mars 1917 une pension de 300 francs du fait de son état « incohérence mentale, légers tremblements ». En juin 1930, sa dispense de service sera confirmée, en lien avec ses troubles neuropathiques.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Henri est le principal collaborateur de son père. Il s’occupe notamment des installations électriques et de la gestion d’ensemble du studio. Lorsque, fin 1923, la famille comprend qu’elle n’a pas assez de moyens pour développer l’entreprise, même après avoir ouvert une antenne à Paris, c’est Henri qui va négocier la vente de l’activité à la société Pathé-Cinéma, qui en confie l’exploitation en avril 1924 à Cinéromans. Il signe le bail des studios, la famille restant propriétaire du terrain.

À la mort de leur père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Pendant la deuxième guerre mondiale, contrairement à ses frères, Henri Lewinski reste au moins un temps à Joinville, où une carte alimentaire à son nom lui est délivrée. Jules fuit d’abord à Montpellier puis à Aix-le-Bais, où il est arrêté en mai 1944, déporté et tué au camp de concentration d’Auschwitz. Léon qui l’avait accompagné en France meurt à Saint-Maur-des-Fossés en décembre 1944.

Après la deuxième guerre mondiale, Henri Lewinski vit toujours dans le pavillon familial, en compagnie de sa mère. Il prend part, en février 1947, à la constitution d’une société coopérative « ayant pour objet, par la coopération de techniciens et ouvriers, tous intéressés à la gestion et aux bénéfices de l’entreprise » dans la construction, l’aménagement, la transformation, la décoration de bâtiments, les ouvrages d’art. Elle a pour gérant l’architecte Yvon Boudet.

En juillet 1954, la commune de Joinville-le-Pont s’approprie une partie des terrains Lewinski, dont il est l’héritier, pour la construction, avenue Ratel, sur environ 3 000 m² de l’école maternelle du quartier de Polangis.

Le reste des terrains est cédé en juillet 1959 à la société Franstudio.

Henri Lewinski meurt le 13 août 1976 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Il était âgé de 85 ans et ne semble pas avoir été marié.

Atelier de mécanique des studios Pathé de Joinville (ex-Lewinski)

 

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