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20 juillet 2025 7 20 /07 /juillet /2025 00:01

Marie Thérèse Martin naît le 3 mars 1895 à Bordeaux (Gironde). Elle est la fille de Marie Louise Puisay et de Jean Martin, employé de commerce. Sa naissance sera légitimée par le mariage de ses parents en février 1896 à Bordeaux. Ils vivent rue d’Aviau.

Sa mère (1866-1945), couturière et domestique est native de la Vienne. Son père (1870-1910), employé de commerce, est originaire de Bordeaux. Marie Thérèse est l’aînée des trois enfants.

Ils vont vivre en région parisienne, d’abord à Gentilly (Seine, act. Val-de-Marne) en 1897 puis à Châtillon (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1900. En 1901, Marie Thérèse séjourne dans le village maternel de sa mère à Gençay (Vienne), chez ses grands-parents avec ses deux frères. Puis la famille Martin s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident en 1910 dans le quartier de Palissy, rue du 42e de Ligne. Jean Martin y meurt en juin 1910, quand Marie Thérèse a 15 ans.

En 1911, la famille a déménagé dans le quartier voisin de Polangis, toujours à Joinville, avenue de l’Île (act. avenue d’Estienne-d’Orves) ; Marie Thérèse est ouvrière dans l’usine cinématographique Pathé, construite à proximité.

Le mariage de Marie Thérèse Martin avec Adrien Charles Boscheron (1883-1971) se fait en février 1920 à Joinville. Son mari, parisien de naissance, est ajusteur mécanicien ; ils vivent au domicile des Martin, désormais avenue Jamin, encore dans le quartier de Polangis à Joinville. Sept mois après la naissance du fils qu’il a avec Marie Thérèse, en février 1921, Adrien Boscheron indique en septembre 1921 résider à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne) et déclare la naissance d’une fille ; la mère est sa première compagne, qui avait déjà accouché d’un garçon de lui en mars 1919. Marie Thérèse Martin obtient le divorce en mars 1922.

Continuant à vivre avec son fils chez sa mère, Marie Thérèse Martin se remarie en septembre 1925 à Joinville avec Édouard René Jean Baptiste Lizot (1899-1965). Son mari a été condamné à plusieurs reprises pour divers délits, notamment en avril 1918 par la cour d’assises de Riom (Puy-de-Dôme) à cinq ans de prison pour vol. Ils vont travailler tous deux comme miroitiers à Paris.

Édouard Lizot quitte son épouse peu après leur mariage, s’installant à Montreuil-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Marie Thérèse accouche d’une fille à Joinville en février 1926, et Édouard Lizot lui verse alors un secours de 50 francs par semaine. En juin 1926, il refuse de payer sa contribution ; Marie Thérèse se rend alors dans l’atelier de miroiterie où il travaille, rue de Montreuil à Paris, et tire à trois reprises sur lui avec un revolver. Il est légèrement blessé à l'avant-bras gauche et été admis à l'hôpital Saint-Antoine. Marie Thérèse est arrêtée et conduite devant le commissaire de police du quartier Sainte-Marguerite. Elle est cependant laissée en liberté provisoire, du fait de ses deux enfants en bas-âge et n’est pas poursuivie, Lizot ayant refusé de porter plainte.

Les deux époux vivent ensuite de nouveau ensemble chez la mère de Marie Thérèse à Joinville et ayant un nouvel enfant en mai 1929. Ils divorcent en décembre 1934. Ils participent en octobre 1928, en compagnie des frères de Marie Thérèse, à une souscription lancée par le syndicat CGTU, proche du parti communiste, « À l’aide des combattants du textile ».

Selon la généalogie familiale, Marie Thérèse aurait travaillé comme pianiste de cinéma muet et été employée dans les studios Pathé de Joinville et l'usine de fabrication de films Kodak de Vincennes. Cependant, entre 1921 et 1931, elle est notée comme sans profession dans les recensements. En 1936, toujours chez sa mère avec ses trois enfants, elle se déclare couturière.

S’appuyant sur des sources de presse qui n’ont pas pu encore être consultées, l’arrière-petit-fils de Marie Thérèse, Quentin Rodriguez, mentionne qu’elle a été arrêtée, sans doute en octobre 1942. Elle fait parmi d’un groupe de 227 « internées communistes » en provenance du dépôt (Paris) et de la caserne des Tourelles qui sont conduites au camp de La Lande à Monts (Indre-et-Loire). Après avoir reçu des Juifs en 1940 et 1942, le camp de La Lande devient la destination des femmes communistes poursuivies par les autorités du régime de Vichy et les Allemands. On retient aussi au camp des femmes poursuivies pour des délits de droit commun et des prostituées. Les dernières incarcérées à La Lande sont transférées en janvier 1944 au camp de Poitiers (Vienne).

Le frère de Marie Thérèse, André Martin, tourneur-outilleur, militant communiste et engagé dans la Résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, est tué le 21 août 1944, premier jour de l’insurrection parisienne dans le quartier des Halles.

D’après la généalogie de la famille Martin-Rodriguez, Marie Thérèse vit de nouveau à Joinville-le-Pont, avenue Jamin, après le conflit et est comptable à l'usine des Tréfileries et laminoirs du Havre, située à Saint-Maurice, en bordure de Joinville, jusqu’en 1960.

Elle prend alors sa retraite et va vivre à Quiers-sur-Bézonde (Loiret) jusqu’en décembre 1978. À cette date, elle est hébergée à quelques kilomètres de là, dans la maison de retraite L'Heure mauve, qui dépend du centre hospitalier Paul-Cabanis à Beaune-la-Rolande. Elle y fête son centenaire en mars 1995.

Marie Thérèse Martin meurt le 22 août 1997 à Beaune-la-Rolande (Loiret). Elle était âgée de 102 ans. Mère de trois enfants, l’aîné était né de son premier mariage, les deux autres du second.

Un bâtiment du camp de La Lande à Monts (Indre-et-Loire)

 

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16 juillet 2025 3 16 /07 /juillet /2025 00:01

Marie Louise Puisay naît le 23 juillet 1866 à Gençay (Vienne). Elle est la fille de Rose Diot et de son époux Célestin Puisay, maçon. Le couple a huit enfants et elle est la plus jeune. Ils vivent rue de l’Échelle.

Lors du recensement de 1881, elle a alors 14 ans, Marie Louise est notée comme exerçant la profession de couturière. En 1891, elle est à Bordeaux (Gironde) en tant que domestique. Elle donne naissance en avril à une fille d’un père non dénommé, qui, lors de son décès, en janvier 1892, est indiquée comme venant des Enfants assistés et est inhumée au cimetière de la Chartreuse de Bordeaux.

Après avoir donné naissance à une nouvelle fille en mars 1895, encore à Bordeaux, elle épouse en février 1896 à Bordeaux, le père qui a reconnu l’enfant, Jean Martin, employé de commerce bordelais.

Ils vont vivre en région parisienne, d’abord à Gentilly (Seine, act. Val-de-Marne) en 1897 puis à Châtillon (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1900. En 1901, elle séjourne de nouveau dans son village maternel chez ses parents avec ses trois enfants. Puis les époux Martin s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident en 1910 dans le quartier de Palissy, rue du 42e de Ligne. Jean Martin y meurt en juin 1910.

En compagnie de ses trois enfants, Marie Louise Martin déménage dans le quartier proche de Polangis, avenue de l’Île (act. avenue Jean-d’Estienne-d’Orves). Elle indique en 1911 exercer de nouveau le métier de couturière, tandis que sa fille aînée, Thérèse, est employée à l’usine cinématographique Pathé, implantée également à Polangis.

Pendant la première guerre mondiale, l’aîné de ses fils, René (1897-1938) s’engage dans la marine en juillet 1916, devançant son service militaire obligatoire. Il sert dans la marine, sur le croiseur-cuirassé Ernest Renan qui, après la fin du conflit, navigue en mer Noire.

Après-guerre, les trois enfants de Marie Louise Martin, qui vivent toujours avec elle ou à proximité, vont avoir un engagement militant à gauche, au parti communiste. Lors des élections municipales générales de mai 1929, les deux frères René et André figurent sur la liste communiste qui se présente à Joinville-le-Pont, tandis que son gendre et sa fille participent à des appels relayés dans le quotidien L’Humanité.

Le contexte rend probable qu’on puisse assimiler Marie Louise Martin à la « camarade Martin », désignée sans plus de précision dans la presse communiste, qui est candidate lors des élections municipales complémentaires de septembre et octobre 1928 à Joinville, rendues sont nécessaires pour remplacer le maire, Henri Vel-Durand, décédé, et deux autres sièges vacants.

Les femmes n’ont alors pas le droit de vote, bien qu’un mouvement en faveur de leur droits de citoyennes ait existé avec, par exemple, Astié de Valsayre, résidente à Joinville-le-Pont. Mais, faute de pouvoir siéger, avaient-elles le droit d’être candidates à une élection ? Le débat juridique a lieu et plusieurs formations présentent des femmes lors de scrutins locaux, certaines étant même déclarées élues, comme Joséphine Pencalet à Douarnenez en 1925.

Le parti communiste (Pcf) présente donc à l’automne 1928 une liste de Bloc ouvrier-paysan dirigée par Roger Benenson (1900-1945), mécanicien, futur député de Seine-et-Marne (1937-1940), comprenant Jules Guervin (1889-1956) ébéniste et donc la « camarade Martin ». Elle s’oppose à une liste de la gauche républicaine, associant des radicaux et des socialistes SFIO et à une autre de l’Union républicaine, qui a le soutien de la majorité municipale.

Pour le Pcf, il s’agit d’affirmer « l’opposition de classe » à « toutes les ligues féministes de pacotille. »

Aucune loi n’interdit de présenter une candidate, mais la préfecture envoie à la municipalité de Joinville une note pour que soient annulées toutes les voix qui se portent sur le nom de Mme Martin. La municipalité de droite obéit à la demande des autorités. Le nombre de suffrages qui se sont prononcés en faveur de la candidate communiste n’est donc connu que de manière approximative et L’Humanité l’estime à 286, soit 16% des votants.

Les communistes protesteront. Ils qualifient le refus de compter les votes « d’acte arbitraire » et « d’abus de pouvoir » et titrent que « Préfecture et municipalité truquent le scrutin de Joinville ». Pour eux, il n’appartient pas à un maire de se substituer aux tribunaux administratifs pour apprécier la validité des suffrages émis. Au second tour, les communistes présentent les mêmes candidats, tandis que la liste de centre-gauche emporte les trois sièges.

Après la mort de son fils aîné, René, en 1938, Marie Louise reste à Joinville avec sa fille Marie Thérèse et son fils cadet André. Les deux sont résistants à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. André est tué en août 1944 lors des combats pour la Libération de Paris, boulevard de Sébastopol.

Marie Louise Martin meurt le 4 mars 1945 à Joinville. Elle était âgée de 78 ans.

L’Humanité (1er et 8 octobre 1928) relate la candidature de « la camarade Martin » à Joinville-le-Pont

 

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26 juin 2025 4 26 /06 /juin /2025 00:01

Élie Camille Pierre Nivelle naît le 4 mars 1853 à Montignac-Charente (act. Montignac-Charente, Charente). Il est le fils de Marie Peyraud et de son époux Camille Nivelle. Son père est poëlier et originaire du département voisin de la Vienne.

Devenu chemisier, il vit à Paris ou, pendant le siège de la capitale par les forces prussiennes lors de la guerre franco-allemande de 1870, il s’engage dans la compagnie de marche du 38e bataillon de la Garde nationale.

Il continue son service militaire après le 18 mars, jour du début de l’insurrection de la Commune de Paris, quand la Garde nationale refuse de rendre les canons en sa possession aux forces ennemies. Il fait partie de l'artillerie fédérée, la troupe des communards, et se rend à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) en tant que canonnier. Il y est blessé le 23 avril, rentre chez ses parents à Paris puis rejoint un oncle à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il reste jusqu’à la fin de la Commune le 25 mai. Il est arrêté le 17 juin à Paris. Le 4e conseil de guerre considère qu’il a « de bons antécédents » et le condamne le 23 novembre 1871 à un an de prison.

En janvier 1878, Élie Nivelle est encore employé d’un commerce de chemiserie à Paris et épouse à Dijon (Côte-d'Or) Anne Émilie Martin, demoiselle de magasin. Ils vivent d’abord dans le 16e arrondissement de Paris (rue Mesnil, rue Copernic, avenue Victor-Hugo et rue de la Pompe), puis, dans les années 1890, dans le 18e (rue des Abbesses).

À partir de 1903, la famille vit alternativement à Saint-Nazaire-sur-Charente et Soubise, deux communes voisines de Charente-Inférieure (act. Charente-Maritime) où ils sont propriétaires.

Élie Nivelle meurt le 6 novembre 1920 à Soubise. Il était âgé de 67 ans et père de trois enfants.

Un panneau déposé sur le pont d’Asnières rend hommage à la « Sortie des fédérés. »

 

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14 avril 2025 1 14 /04 /avril /2025 00:01

Suite de la biographie de Gustave Teissonnière

Gustave Teissonnière, qui travaille dans l’entreprise de porcelaine familiale à Limoges, fait enregistrer un brevet, publié en juin 1908 sur une « Machine à calibrer la cazetterie pour la cuisson de la porcelaine et de la faïence », la cazetterie représentant le matériel d'enfournement de la céramique. Il diversifie la production en s’intéressant à l’imprimerie. Avec des briquettes lithographiques.

Il est mobilisé pendant la première guerre mondiale mais les archives militaires le concernant n’ont pas encore pu être consultées. Il entreprend en 1918 un voyage aux États-Unis, en compagnie de son deuxième frère, Auguste et d’une troisième personne, à bord du navire La Lorraine, au départ Bordeaux. Ils débarquent à New-York en juin.

Après le conflit, son épouse Valérie et lui vivent, en 1927, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident dans le centre-ville, avenue Jean-Jaurès. À cette date, il se présente comme céramiste. En 1931, il se déclare directeur d’une entreprise de Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

En soutenant plusieurs causes, Gustave Teissonnière montre, avec sa femme, sa proximité avec le parti communiste. Ainsi, il participe en janvier 1933 à une souscription de la Ligue contre l’impérialisme en faveur de Madagascar, relayée par le Secours rouge. Il soutient également les efforts humanitaires pour l’Espagne républicain en janvier 1939, avec le programme « Pain, lait, santé » puis en février la même année, en faveur du financement d’un dispensaire mobile.

Pendant la deuxième guerre mondiale, son activité n’est pas connue. Sur le plan professionnel, il fait de nouveau breveter, en octobre 1943, un « Procédé de fabrication d'articles en caoutchouc ».

Après la deuxième guerre mondiale, Gustave Teissonnière s’inscrit pour une souscription lancée par le parti communiste en septembre 1945 « pour l’écrasement de la réaction ». C’est à la fin de ce même mois que décède son épouse, hospitalisée.

Gustave Teissonnière meurt le 6 janvier 1949 à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 72 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Sa succession mentionne la vente de parts sociales d’entreprise.

Fin

Gustave Teissonnière (arch. fam.)

 

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12 avril 2025 6 12 /04 /avril /2025 00:01

Début de la biographie de Gustave Teissonnière

Gustave Émile Teissonnière naît le 7 septembre 1876 à Limoges (Haute-Vienne). Il est le fils de Valérie Fraisse et de son époux Pierre Teissonnière. Ses parents habitent ancienne route d’Aixe, et travaillent dans l’industrie de la porcelaine, elle comme mouleuse et lui en tant que couleur de moules. La famille comprenait quatre garçons, dont Gustave était le dernier, et une fille plus jeune.

Le père, Pierre Teissonnière (1850-1931), a été conseiller municipal de tendance socialiste (1885-1892 puis 1896-1904), dans les municipalités d’Adrien Tarrade et d’Émile Labussière.

Frère aîné de Gustave, Émile Teissonnière (1870-1929), mouleur en porcelaine puis employé de commerce, fut un militant du Cercle républicain socialiste de Limoges, membre du Parti ouvrier français, un des ancêtre du Parti socialiste SFIO. Il fut également élu municipal, en même temps que son père, de 1900 à 1904. En décembre 1903, au nom de son groupe socialiste révolutionnaire, il invita l'abbé Desgranges, membre de la section de Limoges du Sillon (mouvement chrétien de gauche) à tenir une conférence « sur le sujet qu’il lui plairait » ; il choisit de traiter de l’existence de Dieu. Le quotidien La Gazette du Centre s’étonna de voir les « tigres révolutionnaires » devenus de « gracieux moutons », écoutant calmement le prêtre.

En juillet 1900, Gustave Teissonnière est mouleur en plâtre et vit rue du Clos Augier. Il emprunte une bicyclette pour se rendre dans une fête dans le voisinage, la range chez une aubergiste mais constate, quand il veut rentrer, qu’elle a été dérobée. Sur sa plainte, la gendarmerie mène aussitôt des recherches, restées alors infructueuses.

La vie familiale est marquée, en décembre 1908, par une très vive querelle. Elle est racontée notamment par le quotidien La Charente : « Les quatre frères Teissonnière, Pierre, Gustave, Jules, Émile et leur père, ancien conseiller municipal, qui exploitent, chemin des Trois-Châtains, à Limoges, une petite industrie de porcelaine, ont eu avant-hier soir une discussion violente qui a dégénéré en pugilat. Après une mêlée terrible, tous les combattants constatèrent qu'ils étaient plus ou moins grièvement blessés. L'un d'eux, Émile, âgé de trente-huit ans, avait une côte fracturée et un œil perdu. À cette scène malheureuse devait succéder un duel féroce. Gustave et Pierre, qui avaient gardé des ressentiments des regrettables violences de la veille, se rencontrèrent samedi, soir sur la vieille route d'Aixe. S'étant mesurés du regard et défiés, ils sortirent leurs revolvers et le duel commença. Les deux frères ennemis tirèrent cinq cartouches, mais les balles, par un hasard extraordinaire, n'atteignirent personne. On a retrouvé trace des projectiles sur les murs des voisins. Le parquet instruit l'affaire. »

Le journal de Limoges, La Gazette du Centre, relativise les blessures reçues par Émile. Il titre « Frères ennemis » et attribue le début des incidents à Gustave, qui aurait cherché dispute à sa mère et à sa sœur, braqué sur elles un revolver, puis aurait tiré sans les atteindre trois coups de feu sur son père et son plus jeune frère, Jules. Celui-ci, armé également, aurait aussi tiré, sans non plus toucher personne, trois projectiles. Émile Teissonnière déposa une plainte et refusa de la retirer, se plaignant des manœuvres des « jésuites rouges ». Il fut condamné en juin 1909 par la cour d’appel de Limoges à 50 francs d’amende pour « coups et blessures, violences et voies de fait volontaires. »

C’est en janvier 1910 à Limoges que Gustave Teissonnière se marie avec Rosalie Joséphine Querroy. Il était de nouveau domicilié chez ses parents, mais aucun de ses frères ne comptait parmi les témoins.

À suivre

La famille Teissonnière (1879). Gustave est assis devant à droite (arch. fam.)

 

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8 août 2024 4 08 /08 /août /2024 01:01

Début de la biographie de Harry Kaganoff

Harry Hirsch Kaganoff-Kagan naît le 2 juin 1893 à Mstislawe, ville alors en Russie (act. Biélorussie). Il est d’origine juive, fils de Rebecca Ratner et de son époux Joseph Kaganoff-Kagan. Selon le recensement de l'Empire russe de 1897, la ville comptait 49% de Juifs ; il y en avait toujours 20% lors du recensement soviétique de 1939. Tous ceux qui résidaient encore dans la ville, soit entre 850 à 1 300, sont assassinés le 15 octobre 1941 par les forces allemandes dans le cadre de la « Shoah par balles. »

La famille Kaganoff quitte Mstislawe, deux sœurs de Harry voyant le jour en 1907 et 1910 à Zaporijia (Russie, act. Ukraine).

La situation sociale de la famille n’est pas connue. Elle est cependant probablement confortable. En 1916, Harry Kaganoff fait des études de médecine à Bordeaux (Gironde). Il s’engage volontairement, en juillet, dans la légion étrangère pour la durée de la première guerre mondiale et sert donc avec les troupes françaises. Il est nommé en novembre 1917 médecin sous-aide-major (sous-officier, grade équivalent à celui d’adjudant-chef). Promu officier en septembre 1918, comme médecin aide-major de deuxième classe (sous-lieutenant), il est affecté au 172 régiment d'infanterie. Au cours des combats, qui lui valent deux citations, il est blessé au front par un « petit projectile ». Il obtiendra en février 1920 une première pension chiffrée à 20%, doublée en janvier 1922, sa brèche osseuse entraînant une « baisse de l’aptitude au travail et à la mémoire. »

Après la fin du conflit, Harry Kaganoff reprend ses études médicales à Bordeaux. Il présente en novembre 1919, avec deux collègues, MM. Rocher et Lescalle, le cas de cinq blessés guéris de pseudarthrose par la méthode de Delagénière, c’est-à-dire par greffons ostéopériostiques tibiaux. Adhérent à la Société anatomoclinique de Bordeaux en décembre 1919, il exerce à Orléans (Loiret) en janvier 1922, date à laquelle il est naturalisé français par décret.

Il soutient sa thèse à la faculté de médecine bordelaise en avril 1924. Devenu docteur, Harry Kaganoff exerce comme médecin dans l’Orne, installé en août la même année dans la commune de Le Sap, où il signale à la justice le meurtre d’une cultivatrice du village voisin d’Orville.

Rejoignant la région parisienne, Harry Kaganoff ouvre un cabinet à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est installé rue Mignon avec sa mère, un frère et deux sœurs. En plus de son activité médicale, Kaganoff prend des responsabilités civiques. Depuis 1919, il est vice-président de l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs. Il assure, à titre honorifique, le même rôle dans le Vélo-club de Champigny en décembre 1927.

En novembre 1926, des juifs ayant quitté l’empire russe suite à la révolution bolchévique, constituent une association cultuelle, considérant que leurs besoins ne sont pas couverts par les institutions dépendant du Consistoire israélite de Paris, pour des raisons de langue et d’usages. Baptisée Ohel Jacob, elle finance notamment la création d’écoles à Paris et dans quelques villes de banlieue. Les israélites de Joinville et de Champigny se regroupent pour former une école (Talmud Tora), située à Champigny, route de Villiers, mais fréquentée par une majorité de joinvillais. Elle est financée par l’association Ohel Jacob et le docteur Kaganoff en est le président en 1928.

En 1929, on compte 9 écoles du réseau Ohel Jacob ; 3 sont situées à Paris et comptent 250 élèves. Les 9 de banlieue totalisent et celle de Joinville Champigny est la plus importante, avec 45 élèves.

Tout en maintenant ses cours, l’union israélite locale change de dénomination et de caractère en 1930. Elle devient l’association Ohavé Shalom (Les Amis de la Paix), abandonnant son identité d’origine russe. L’hebdomadaire Tribune juive considère que « ce groupement a ceci de remarquable qu’il se compose d’israélites originaires les uns de Pologne et les autres de Turquie. »

Personnalité identifiée, Harry Kaganoff donne des conférences qui sont mentionnées dans la presse. En avril 1928, Les Cahiers des droits de l'homme (LDH), signalent son intervention à Champigny. La même année, en novembre, L’Univers israélite évoque sa causerie au Cercle Salonicien, à Paris, devant l’Union des femmes juives françaises pour la Palestine. Il participe aussi à des réunions de nature politique. Il est ainsi, en juin 1929, un des orateurs du meeting de protestation organisé « Contre les pogromes de Lemberg » (Pologne, act. Lviv, Ukraine) par la Ligue internationale contre l’antisémitisme. De nombreux intellectuels et personnalité sont présents.

Le docteur Kaganoff inaugure, en tant que président de l’association Ohavé Shalom, en mai 1930 un oratoire implanté dans leur local campinois. Il s’exprime, dans la ville proche d’Alfortville, en octobre 1930, toujours au titre de cette fonction. Il cesse cependant probablement de l’exercer l’année suivante, lorsqu’il déménage pour installer son cabinet à Paris. C’est sans doute dans la première moitié des années 1930 que se produit le mariage d’Harry Kaganoff avec Rebecca Wygodzka, native de Vilnius (Pologne, act. Lituanie).

À suivre

Rue de Villiers à Champigny-sur-Marne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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23 juin 2024 7 23 /06 /juin /2024 01:01

Pierre Hélias naît le 17 mai 1860 Vayres, Haute-Vienne fils Jean Hélias & Jeanne Devoyon, lieu-dit de la Grange. Son père, qui porte un nom breton mais est bien originaire du Limousin, est alors coquetier (il fait le commerce d’œufs) puis sera marchand de chevaux.

Lorsqu’il fait son service militaire, en novembre 1881, Pierre Hélias exerce le même métier. Il intègre le 23e régiment de dragons à Limoges. En octobre 1882, il devient trompette dans son unité. Toujours sous les drapeaux, il est condamné en justice civile par le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne) en août 1884 à six jours de prison pour « outrage public à la pudeur ». Il est démobilisé en septembre 1885.

Il quitte la Haute-Vienne pour s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en tant que jardinier cultivateur dans le quartier de Palissy. Il épouse en novembre 1885 à Joinville Marie Guillion, également jardinière et originaire de Meaux.

Son père vend en septembre 1886 à Pierre Hélias le terrain qu’il exploite rue de Brétigny à Joinville.

Au cours des années 1890, les luttes ouvrières dans le midi suscitent un grand mouvement d’opinion, soutenant les grévistes des mines de charbon puis ceux des verreries. À Joinville, une souscription est lancée en septembre 1895 « Pour les affamés de Carmaux », relayée par un organe de presse radical-socialiste local, Voix des communes. À l’instigation de Victoria et Henry Vaudémont, touts deux coopérateurs, plus de 260 souscripteurs participent à la collecte de fonds, dont environ 180 dans les quartiers de Polangis et Palissy, encore en construction. Hélias fait partie des donateurs dont les noms sont aussi publiés par un quotidien national, La Petite République.

Sa première épouse, Marie Guillion, aura eu quatre enfants pendant leur mariage, et il reconnaîtra la première-née, qui n’était probablement pas de lui. Après son décès en janvier 1891 à 32 ans, Pierre Hélias se retrouve avec cinq enfants de moins de cinq ans.

Il se remarie en mars 1893 à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis) avec Louise Joguin-Rouxelle, elle aussi jardinière. Sa seconde femme accouchera à neuf reprises, donnant naissance à sept enfants vivants ; elle meurt en octobre 1904, alors qu’elle est hospitalisée et que son dernier enfant est sans-vie. Elle n’a alors que 30 ans. L’aînée des douze fils et filles survivantes, Léonie, a 19 ans.

Une nouvelle fois, Pierre Hélias reprend une compagne légale, Claudine Martin, veuve de Charles Frachot, tous les deux originaires du Nivernais. Les noces sont célébrées en avril 1906 à Joinville. Ayant déjà 52 ans, elle ne lui donne pas de descendance, mais les nouveaux époux élèvent une fille qu’elle a eu de son premier mariage.

À partir de 1908, le quartier de Palissy est secoué par une polémique qui touche ensuite toute la commune. Un entrepreneur fait remonter depuis le port sur la Marne les boues issues du dragage de la rivière dans des charrois. Des riverains se plaignent des dégradations de la voirie et des odeurs. D’autres soutiennent l’utilité de cette activité, qui crée de l’emploi. La polémique prend une tournure politique en 1910. Le maire, Eugène Voisin, en poste depuis 1888, est en mauvaise santé, ne veut pas se représenter lors des élections municipales de 1912 et délègue à ses adjoints la situation. L’opposition de droite y voit une opportunité pour dénoncer l’incurie d’une municipalité radicale-socialiste ; elle est rejointe par la gauche, qui vient de fonder le Parti socialiste SFIO. Et aussi par plusieurs figures radicales qui ne voient pas d’un bon œil la succession leur échapper au profit de l’adjoint, Georges Briolay.

Le point d’orgue de cette crise se situe en juillet 1910 : tous les opposants et mécontents appellent à une réunion publique sur le sujet. Hélias fait partie des 19 personnes qui appellent à la tenue de la rencontre, que la municipalité refuse. On trouve aussi les Lebègue, secrétaire de la section socialiste, Leteuil, opposant en pointe, Dalbavie, qui est à la tête des libéraux, le futur maire Stephen Durande… La réunion sera très agitée. Elle provoque une division au sein des radicaux, qui conduira à leur défaite en 1912.

Trop âgé pour être mobilisé pendant la première guerre mondiale, Pierre Hélias perd son fils aîné, Prosper, qui est tué en novembre 1916 dans la bataille de la Somme.

Après le conflit, Hélias continue son activité de maraîchage mais l’exploitation familiale a considérablement diminué. Il cesse vers le milieu des année 1920.

Plusieurs de ses enfants ont des ennuis avec la justice. René, le cinquième du premier lit, est arrêté à Saint-Ouen (Seine, act. Hauts-de-Seine) pour escroquerie en mai 1921. L’avant-dernière, Élise est consignée en avril 1924 après ce qui est qualifié par la presse de « rixe entre femmes ». Elle porte plusieurs coups de couteau à son adversaire, en pleine nuit, rue des Vertus (Paris, 3e arr.), la blessant sans gravité.

À Joinville, Hélias était membre de la section locale de la Société nationale des vétérans des armées de terre et de mer, fondée pour assurer une retraite à ceux qui avaient participé à la guerre de 1870-1871, première association d’anciens combattantes.

Pierre Hélias meut le 3 juin 1937 à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne), où il était à l’hospice des incurables. Âgé de 77 ans, il avait conçu ou élevé 15 enfants.

Henri Hélias, petit-fils de Pierre Hélias (arch. fam.)

 

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19 juin 2024 3 19 /06 /juin /2024 01:01

Jules Méresse naît le 21 septembre 1870 à Sens (Yonne). Il est le fils de Victoire Guigné et de son époux Victor Méresse, mécanicien. Ils vivent rue de la Grosse-Tour.

Devenu bijoutier, il s’installe, à l’instar de ses parents, à Paris. Il vit rue Sibuet (12e arr.). Il a pour compagne Blanche Antoinette Joséphine Félicité Coste, fille de tailleurs résidant dans la même rue. Ils emménagent ensuite impasse Poule (20e arr.).

Convoqué au service militaire en novembre 1891, il sert au sein du 17e Bataillon de chasseurs à pied. Sa compagne donne naissance à leur première fille en janvier 1892, en son absence. Peu après sa démobilisation en septembre 1894, leur deuxième enfant naît en décembre de la même année, et il le reconnaît. Blanche Coste et Jules Méresse se marient en mai 1896 à Paris (20e arr.), légitimant les deux premiers-nés. Ils rejoignent alors la rue de la Prévoyance à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne). Leur troisième bébé vient au monde peu après. L’année suivante, ils vivent à Essonnes (Seine-et-Oise, act. Essonne) puis reviennent en 1898 dans le 20e arrondissement, d’abord rue des Vignoles puis impasse Rolleboise.

Retraversant le Bois de Vincennes, la famille Méresse va s’installer dans le quartier de Palissy à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gille. Il ouvre un atelier boutique rue Joyeuse où il fabrique ses bijoux comme chainiste. Leur fille aînée, Juliette, épouse, en juin 1911 à Joinville, un industriel également originaire de Sens, René Lucien Thomas.

Au cours de la première guerre mondiale, est de nouveau mobilisé en août 1914 dans le bataillon de chasseurs à pied de Troyes-Rambervillers. En août 1915, il est affecté aux Chantiers de Provence puis, en février 1917 à la Maison Godchaux, qui gère un garage automobile avenue Parmentier à Paris (11e arr.). Jules Méresse est libéré des obligations militaires en août 1917.

Le conflit a été fatal au fils René, qui secondait son père à la bijouterie familiale. Âgé de tout juste 20 ans, il est tué lors de combats dans les environs d’Ypres, en Belgique fin décembre 1914. Il est décoré à titre posthume de la Croix de guerre.

Le mariage, en mars 1918 de Jeanne, la plus jeune fille Méresse, est un évènement à Joinville, malgré le contexte guerrier. Elle épouse Pierre Allaire, instituteur dans l’école du quartier de Polangis, alors sous-lieutenant. L’hebdomadaire Gazette de l’Est remarque qu’il s’agit de « deux familles très connues à Joinville » ce qui explique la « très nombreuse affluence d’habitants ». Le père du marié, Gabriel Allaire, agent d’affaires, est aussi responsable d’une association d’éducation populaire et militant radical-socialiste. Sa mère, Louise Allaire, professeure de piano et de chant est aussi enseignante dans une association et organisatrice d’activités humanitaires. Quant au marié, Pierre Allaire, il jouera un rôle éminent comme responsable d’association d’anciens combattants, résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, militant socialiste SFIO puis conseiller municipal de Joinville.

Cependant, le mariage des nouveaux époux ne durera pas : Jeanne meurt huit mois plus tard, vraisemblablement emportée en octobre 1918 par la grippe espagnole, dont l’épidémie fait alors des ravages dans des populations affaiblies par les privations et la désorganisation du système de santé.

Moins de trois ans après avoir perdus leurs deux enfants, leur gendre, René Thomas, meurt en tant que victime civile à Azrou, au Maroc, en juillet 1921. Cette disposition va conduire sa veuve, Juliette, à épouser l’ancien mari de sa sœur Jeanne, Pierre Allaire, scellant un peu plus l’alliance des deux familles. Les épousailles on lieu à Joinville en octobre 1922.

En 1926, Jules Méresse a cédé sa bijouterie de l’avenue Joyeuse, mais poursuit sa production de chaînes pour bijoux dans la maison de la famille Allaire, avenue des Lilas (act. avenue Pierre-Allaire).

Les époux Méresse suivent en 1931 leur fille et leur gendre, qui enseigne désormais à Bergerac (Dordogne). Ils logent dans la commune voisine de Prigonrieux et n’ont plus d’activité professionnelle.  

Jules Méresse, qui est toujours domicilié à Prigonrieux, meurt le 24 juillet 1959 à Joinville-le-Pont, où Pierre et Jeanne Allaire s’étaient réinstallés. Il était âgé de 88 ans et père de trois enfants. Il est inhumé à Joinville dans le caveau familial.

Photo Jules Méresse (arch. fam.)

 

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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Léon Emmanuel Tallet naît le 12 septembre 1914 à Royan (Charente-Inférieure, act. Charente maritime). Il est le fils de Jeanne Louise Cadot et de son mari Emmanuel Jean Amédée Tallet, hôtelier et maître d’hôtel

Avec sa mère, Jean Tallet vit en 1926 chez sa grand-mère maternelle à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Champignol, avenue Parmentier. Ses deux parents sont devenus secrétaire dans la même entreprise, mais ils vivent séparément, son père résidant à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne). Il meurt en 1932 hospitalisé à Paris, en ayant repris le métier de cuisinier.

Pour sa part, Jean Tallet suit les cours au collège à Saint-Maur puis fait des études.

C’est probablement lui qui est présenté dans la presse locale comme membre de la Ligue des Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite présidé par Pierre Taittinger. Active notamment à Joinville-le-Pont depuis 1927, la ligue y fait campagne, en mai 1935, en faveur de Léon Lesestre, candidat de la droite contre le maire sortant radical-socialiste Georges Briolay et contre la coalition socialiste et communiste. Il publie un appel dans le journal libéral l‘Union régionale : « Le devoir des JP, des membres du Front national et des nationaux est de barrer la route au Front commun et faire bloc sur la liste d’Union républicaine. »

Après son élection au poste de maire, Jean Tallet s’exprime au nom du comité d’arrondissement des Jeunesses patriotes : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. Le National en vente le dimanche au marché et à l’église. »

C’est encore sans doute lui qui, sous la signature J. Tallet, adresse un message de soutien au dirigeant du mouvement royaliste Action française en novembre 1936.

Toujours domicilié à Saint-Maur avec sa mère, Jean Tallet fait son service militaire, probablement en 1936. Son comportement pendant la deuxième guerre mondiale n’est pas connu ; il existe cependant un Jean Tallet, qui n’est pas identifié plus explicitement, sur la liste des Dossiers administratifs de résistants éditée par le Service historique de la Défense. Contrairement à d’autres mouvement d’extrême-droite, les organisations liées à Pierre Taittinger ont fourni des résistants à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, comme lui-même.

Ce fut le cas de Louis Richard (1896-1971), employé de chemin de fer, candidat conservateur à Joinville-le-Pont (1929), syndicaliste CFTC, décoré de la Médaille militaire. En 1935, il militait avec Jean Tallet.

Jean Tallet s’engage dans l’armée active (peut-être dès son service militaire) et devient sous-officier. Il a le grade d’adjudant en 1946. Après le décès de sa mère en 1968, il réside dans la caserne de Reuilly à Paris (12e arr.). Il y est économe en 1970.

Revenu à Saint-Maur, il épouse dans cette ville en juin 1975, à 60 ans, une de ses anciennes voisines, Simonne Francine Paudrat, sa cadette de 17 ans, qui avait suivi des études de droit.

Jean Tallet meurt le 9 juin 1994 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 79 ans.

Léon Lesestre, sympathisant de l’extrême-droite et maire de Joinville-le-Pont

 

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12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 19:44

Auguste Jules Forgeot naît le 25 septembre 1874 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Lucien Étienne Forgeot et de son épouse Anna Caroline Courtin, qui sont domiciliés à Châtellerault où son père est en garnison.

Il voit le jour au château de Polangis dont son grand-père maternel, Auguste Courtin, est le propriétaire. Celui-ci est également alors le maire de cette commune. Il la quittera l’année suivante pour s’installer à Salbris (Loir-et-Cher), où il exploite un domaine agricole, devenant de nouveau maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher. Auguste Courtin était le fils adoptif, et probablement le fils naturel de Charles Chapsal, grammairien, qui fut son prédécesseur comme maire et Joinville et avait acheté le domaine de Polangis.

La famille paternelle d’Auguste Forgeot remonte à de riches marchands de grains, bourgeois de Paris au XVIIe siècle. Claude-Etienne Forgeot (1728-1788) fut Premier apothicaire du Roi de 1769 à 1779 tandis que son épouse, Louise Routier, était femme de chambre de la fille de Louis XV, Madame Sophie.

Leurs descendants firent carrière dans l’armée. Etienne-Henry Forgeot (1774-1853) a été commissaire des subsistances de la Marine et chevalier de la Légion d’honneur. Jules-Etienne Forgeot (1809-1877), officier d'artillerie, fut général de division et élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. Enfin, son père, Lucien Etienne Forgeot (1844-1910), colonel d'artillerie, était officier de la Légion d'honneur.

À l’instar de ses ascendants, Auguste Forgeot, qui est l’aîné de sa fratrie de trois garçons, s’inscrit à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et est admis à concourir aux épreuves orales en juin 1895. Il s’engage pour trois ans dans l'artillerie et est intégré en novembre 1895 comme canonnier au 32e régiment d'artillerie (RA). Il est promu brigadier en avril 1896 puis sous-officier, comme maréchal des logis en mai 1897. Il prolonge son contrat pour deux ans en 1898 puis est admis, en mars 1900, à suivre les cours de l'école militaire de l'artillerie et du génie, devenant officier en avril et renouvelant son contrat pour trois années de plus. Il sort diplômés en mars 1901 en tant que sous-lieutenant, affecté au 37e RA.

Le mariage de Joséphine Marie Madeleine Lasserre, fille d’un négociant, avec Auguste Forgeot est célébré à Bayonne (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques) en avril 1902. Le Pays basque deviendra désormais le lieu principal de vie de la nouvelle famille, en dehors des casernements militaires.

Devenu lieutenant en avril 1903, Auguste Forgeot est promu capitaine en septembre 1911, il est placé en congé spécial pour trois ans sans solde à compter de décembre la même année, semble-t-il pour raisons de santé. Il s’installe à Anglet (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques), dans la villa Mirambeau. Sa propriété est une exploitation agricole. Il obtient en 1912 un prix pour les taureaux qu’il élève.

Rappelé dès le début de la première guerre mondiale, Auguste Forgeot dirige une batterie au sein du 14e RA. Il sera cinq fois cité, à l’ordre de la division, de l’armée et du corps d’armée. En juillet 1915, on vante sa « grande habileté technique ». En juillet 1916, c’est son « dévouement inlassable » joint à une bravoure et une conscience remarquable qui sont récompensés. Pour le 14 juillet 1917, il est signalé comme s’étant « particulièrement distingué devant Verdun », « avec autorité et compétence ». On loue en juin 1918 « son calme et son énergie ». Enfin, en octobre 1918, son « exemple extrême » est cité comme ayant « soutenu le moral de sa troupe exténuée de fatigue. »

Un fait original est remarqué des autorités militaires : alors que son activité ne l’y conduisait pas, Forgeot fait en juin 1916 un séjour dans des tranchées au milieu des soldats, faisant lui-même le coup de feu au cours d’une attaque ennemie. Cette démarche lui aurait permis de rapporter « des renseignements de première importance », dont la nature n’est cependant pas précisée.

Vers la fin de la guerre, Auguste Forgeot, qui avait rejoint le 202e RA l’année passée, est nommé chef d’escadron (commandant) en juillet 1918 d’abord à titre provisoire, puis confirmé à titre définitif en septembre. Il est démobilisé en décembre 1918. Il était alors au 258e RA.

Reprenant une activité civile à Anglet, Forgeot exerce au sein d’une société industrielle, la maison Léglise, implantée au Pays Basque et exploitant le bois des Landes pour réaliser notamment des traverses destinées aux chemins de fer. Elle est en particulier spécialiste du créosotage, l’imprégnation chimique du bois pour en assurer la conservation. Albert Lasserre, beau-père de Forgeot, est le Pdg de cette société.

Poursuivant en parallèle son exploitation agricole, il fait figure de pionnier dans la culture du lin en 1920.

Apparaissant comme une personnalité locale, Auguste Forgeot va assurer un nombre important de responsabilités associatives. Il adhère en 1917 à la Société des sciences, lettres, arts et d'études régionales de Bayonne et en fait toujours partie en 1926. Il est le président de la section locale de l’Union des combattants d'Anglet en 1923 et exerce encore ce mandat en 1927. Il est également à la tête du Syndicat agricole d’Anglet en 1925 et conserve la fonction en 1927 ; il finançait des prix pour l’élevage depuis 1923, une dotation qui continuera après sa disparition ; il adhère aussi à la Société des agriculteurs de France. Forgeot fait partie des fondateurs et administrateurs de la Caisse d’épargne et de prévoyance de la ville et de l’arrondissement de Bayonne en 1924.

Enfin, en mai 1924, il participe à la relance de la Société d'Encouragement de Bayonne-Biarritz pour l'amélioration de la race chevaline, qui se donne pour objectif « d’organiser chaque année un des plus beaux meetings de France » dans son hippodrome de la côte basque. Elle est présidée par Maurice Labrouche, ancien maire de Tamos (Landes) et Forgeot en est le secrétaire.

En tant que personnalité influente, Auguste Forgeot est sollicité par le sénateur-maire d'Anglet, également conseiller général des Basses-Pyrénées, Albert Le Bariller. Il figure en mai 1925 sur sa liste, qui est étiquetée Union Républicaine (centre-droite). Anglet, comme les autres communes de la côte basque, est dirigée par des élus de cette tendance, sauf Bayonne, plus à gauche. Forgeot arrive en 4e position des candidats élus dès le 1er tour, avec un score meilleur que celui de Le Bariller. Leur liste emporte tous les sièges. Si Forgeot ne fait pas partie des trois adjoints au maire élus en 1927, il sera présenté en 1927 comme ayant cette fonction par plusieurs personnes lui rendant hommage, mais pas par la presse.

Avant d’être définitivement relevé de ses obligations militaires, il est nommé, dans la réserve, au titre de lieutenant-colonel en décembre 1926.

Auguste Forgeot meurt le 14 septembre 1927 à Anglet, selon l’état-civil. Cependant, le quotidien Paris-soir précise que son décès est intervenu « au cours d'un voyage d'affaires à Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées) » ; pour L'Indépendant des Basses-Pyrénées c’est à Saint-Christau, village adjacent à Oloron et dépendant de la commune de Lurbe-Saint-Christau, qu’il est mort. Il était âgé de 72 ans et est inhumé dans le caveau familial du cimetière de Marracq à Bayonne.

Dans leurs nécrologies, L'Indépendant des Basses-Pyrénées le qualifie d’« Officier d’artillerie des plus distingués » ; La Gazette de Bayonne estime qu’il était « dévoué à foules les œuvres patriotes et de bienfaisance. »

Décoré de la Croix de guerre, Auguste Forgeot était chevalier de la Légion d’honneur depuis juillet 1917 et avait été élevé au grade d’officier en juillet 1926. Une rue d’Anglet porte le nom d’impasse Colonel-Forgeot.

Le couple Forgeot a donné naissance à six enfants. L’aîné, André (1904-1940), agent général d'assurances à Lille (Nord), était lieutenant de cavalerie pendant la deuxième guerre mondiale ; il fut tué à l'ennemi en juin 1940 lors de combats dans les Vosges et fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Un autre fils, Bertrand, se distingua lors de combats en juillet 1944, au cours de la campagne d'Italie et fut décoré de la Croix de guerre. Une de ses filles, Marie Thérèse, fut religieuse salésienne et missionnaire en Inde.

Parmi leurs petits-enfants, Dom Antoine Forgeot (1933-2020) est un moine et prêtre catholique. Il a été le troisième Père abbé de Notre-Dame de Fontgombault, dans l'Indre, abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes.

Auguste Forgeot, arch. fam.

 

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