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26 mai 2025 1 26 /05 /mai /2025 22:39

Louise Éléonore Delalonde naît le 7 novembre 1854 à Cherbourg (act. Cherbourg-Octeville, Manche). Elle est la fille de fille Sophie Louise Le Mignon et de son époux Napoléon Delalonde. Son père est vérificateur des douanes mais également poète. Il a été membre de la société académique des sciences, belles-lettres et arts de Cherbourg.

Ses deux parents sont décédés dans sa jeunesse : lorsqu’elle a 9 ans pour sa mère en 1863 et 14 ans pour son père. Louise Delalonde est alors confiée au docteur Frédéric Auguste Guiffart, médecin de la marine et directeur du service de santé de l’hôpital civil de Cherbourg, chevalier de la Légion d’honneur. Il l’envoie en région parisienne. En 1871, elle reçoit en tant qu’orpheline et fille d’un fonctionnaire, une pension civile de 1 140 francs.

Devenue professeure de lettres, elle épouse en octobre 1875 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où elle réside, le docteur Henri Jean Ferdinand Rousseau, professeur de sciences dans l’institution du Parangon. C’est un établissement laïque privé d’enseignement réputé de Joinville qu’exploite son père, Ferdinand Rousseau, à l’époque maire adjoint et l’année suivante maire de la commune.

À côté de son activité médicale et scientifique, Henri Rousseau s’implique dans la gestion du Parangon, derrière son demi-frère Théodore Quirot et son frère aîné Jules Rousseau. Il en prend seul la direction en 1897, après la mort de son père et de ses deux frères. Avec le concours actif de son épouse, il transforme le Parangon en une « école coloniale », destinée à former de manière pratique les jeunes Français ou originaires d’Indochine, d’Afrique, de Madagascar comme des Antilles à l’exploitation agricole de ces territoires.

Charles Pâquet, petit-fils du maire de Joinville, Eugène Voisin, qui sera président de la Société nationale des architectes de France, résistant et maire-adjoint de Vincennes, est élève au Parangon. Il témoigne en 1969 sur la vie dans l’établissement Rousseau : En 1897, « Le docteur Henri Rousseau en fut le directeur et vint également y habiter avec sa femme née Louise Delalonde, dont les cheveux étaient d'un beau blond vénitien et cela surprenait d'autant plus qu'elle était très brune de naissance et qu'alors les femmes n'avaient pas l'habitude comme à l'heure actuelle de changer, pour certaines, la couleur de leurs cheveux presque chaque semaine. (…) Certains élèves, les pensionnaires seulement, pris parmi les plus méritants, étaient une fois par semaine conviés à ce que l'on appelait « le salon », où toute la famille Rousseau était réunie, ainsi que certains professeurs dont M. Ferroni qui enseignait le violon et qui en charmait l'assistance ; des vers y étaient également récités, souvent par Mme Henri Rousseau qui s'intéressait aussi au théâtre. Il était alors servi ce qu'on appelait des rafraîchissements consistant en sirops de grenadine, citron, etc. »

Louise Rousseau s’intéresse à la botanique et notamment à la sériciculture (culture de la soie). Elle installe une magnanerie (élevage de ver à soie) dans le parc.

Elle promeut ses conceptions pédagogiques et intervient lors du Congrès colonial de Marseille, en 1904, pour défendre « l’importance du rôle colonial de la femme ». Elle regrette que « l’enseignement que l’éducation féminine en France a été jusqu’ici franchement hostile à la colonisation. »

Louise Rousseau fut un auteur prolifique. Elle était une des initiatrices de ce qu’on appelait, au tournant du vingtième siècle, le « roman pour jeunes filles », qui connaît encore quelques succès sous d’autres noms (roman de gare).

Parmi ses œuvres, on citera Amoureuses et jalouses (1894), Le Chagrin de Clélia (1894) ou Le Sacrifice de l’amour (1901). Louise Rousseau publie aussi des textes édifiants, des poèmes et du théâtre. Elle connaît un certain succès avec Histoire de chevalerie (années 1890). Elle utilise parfois le pseudonyme de Ludovic Delys.

Avec la Première guerre mondiale, l’école coloniale cesse de fonctionner. Un hôpital américain s’y installera en fin de conflit. Mais, dès 1914, Louise Rousseau anime une œuvre de patronage et d'hospitalisation des enfants dont le but est « de recueillir et de soigner les pauvres petits dont le père, veuf ou divorcé, est appelé sous les drapeaux » comme le rapporte le quotidien socialiste L'Humanité.

Louise Rousseau est morte le 16 novembre 1924 à Joinville-le-Pont. Elle était âgée de 70 ans et mère de deux enfants. Décorée des Palmes académiques comme femme de lettres, en tant qu’officier d'académie en février 1899 puis comme officier de l’instruction publique en janvier 1907, elle est faite chevalière du mérite agricole en février 1914 « pour ses travaux très importants et publications nombreuses sur la sériciculture en France et aux colonies ». Une voie de la commune s’appelle « villa Rousseau », mais il n’est pas clair qu’elle ait été dénommée du fait de sa famille ; par contre, une autre voie porte le nom d’impasse Jules-Rousseau, d’après son beau-frère.

Louise Rousseau

 

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31 mars 2025 1 31 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Guy Pascal Hirsch Montmartin

Parallèlement à la fonction de consul général honoraire d'Autriche à Paris qu’il exerce depuis octobre 1934, qui n’est pas rémunérée, Guy Pascal Hirsch Montmartin reprend une activité industrielle en France. Il crée en juin 1936 la société Amplilux, qui adopte comme slogan « plus de lumière pour moins d’argent ». Il dépose des brevets en France et aux États-Unis, notamment pour des ampoules à réflecteur annulaire mais aussi pour de la peinture, des instrument d’optique ou des dispositifs et d'ornementation. Il devient également administrateur de la Compagnie des Lampes.

Après avoir appris à piloter à Orly (Seine, act. Val-de-Marne) en juin 1936, Hirsch-Montmartin achète un avion Potez 585 qu’il utilise notamment pour se rendre dans sa résidence secondaire de La Baule (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il connaît deux problèmes de navigation en moins d’une semaine. Le 5 janvier 1937, alors qu’il se rendait à Vienne (Autriche), son pilote a dû atterrir dans un champ à Juan-les-Pins (Antibes, Alpes-Maritimes). Le consul général n’a pas été blessé et a pris le train pour Marseille, pour prendre la ligne régulière Air-France. Autre incident le 11 janvier. Parti de Cannes, ayant fait escale à Lyon, piloté cette fois par Hirsch Montmartin, l’avion – à cause du brouillard – s’est posé dans un champ près de Villepinte (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis).

Comme l’avait fait son père, Guy Pascal Hirsch Montmartin s’intéresse à la presse. Il appuie le projet du journaliste Robert Pecquery dit Jacques La Brède de transformer son hebdomadaire, Demain, qu’il avait lancé pour promouvoir l’association qu’il avait constituée, Confédération générale des classes moyennes. Ils le transforment en juin 1937 en quotidien du soir à Paris. Une enquête sur des trafics d’armes figure dans les premiers numéros. Mais le journal arrête sa publication journalière dès le mois de juillet et son édition de semaine peu de mois après.

Au début de la deuxième guerre mondiale, Hirsch Montmartin signale aux autorités militaires qu’il a évacué avec sa famille dans la villa Kirye, à Peuchateau, commune de Le Pouliguen (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il dirige un garage situé à la Baule, avenue de Chambord. Il embauche des réfugiés juifs, notamment Hélène Komorner.

L’entreprise d’Hirsch Montmartin à La Baule lui est retirée en juin 1943, au nom de la loi du 22 juillet 1941 relative aux entreprises, biens et valeurs appartenant aux Juifs. La famille est, à ce moment, déjà réfugiée en Amérique, sans doute à New-York (États-Unis).

Après la fin de la guerre, toujours résident à New-York, Hirsch Montmartin se rend régulièrement à Montréal (Québec, Canada). Il quitte la métropole étatsunienne en septembre 1946 en compagnie de Pierre Mendès-France et du cinéaste Julien Duvivier sur un vol de la compagnie TWA. Il fait de fréquents séjours à Paris mais revient à New-York où il a le statut de résident permanent et, en 1948, de citoyen des États-Unis.

Allié à une société canadienne, il achète en 1947 la mine d’amiante de Château-Ville-Vieille (Queyras, Hautes-Alpes) et constitue la société Les Amiantes de France. Bénéficiant d’un financement a titre des dommages de guerre, il investit dans la construction d’un téléphérique de 5,4 km et dans une station de traitement du minerai au Clôt du Riou. [Difficultés techniques] La société est mise en liquidation en 1953.

Toujours dans l’exploitation de ce minerai, conjointement avec son gendre canadien Léon Hoffman, Hirsch Montmartin crée à Genève la société Absestospray en août 1958.

Pascal René Guy Laurent Salomon meurt le 29 décembre 1972 à Nice (Alpes-Maritimes). Il était âgé de 78 ans et père de deux filles. Sa nécrologie est publiée, sous la signature de sa veuve et de sa fille cadette Vivianne par La Presse, quotidien de Montréal (Québec, Canada), ville où il résidait probablement. Il est désigné sous le nom de Guy Pascal Hirsch Montmartin et les deux fonctions mentionnées sont « ancien consul général d'Autriche et président des commissaires généraux de l'Exposition de 1937. »

Selon le journaliste Henry Coston, Hirsch Montmartin appartenait, comme son père, à la franc-maçonnerie.

Fin

Guy Pascal Hirsch Montmartin en 1938

 

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29 mars 2025 6 29 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Guy Pascal Hirsch Montmartin

Après ses ennuis judiciaires du début des années 1920, Pascal Hirsch Salomon ne semble avoir qu’une activité en France ; peut-être voyage-t-il à l’étranger. Il s’inscrit en 1927 sur la liste électorale de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), se déclarant comme représentant, et réside avec sa famille avenue des Ailantes.

En 1931, il est domicilié à La Celle-Saint-Cloud (Seine-et-Oise, act. Yvelines), rue de L’Étang-Sec, avec son épouse et des deux filles ; il se déclare administrateur de sociétés et deux domestiques résident chez eux. Il se fait appeler Guy Pascal Hirsch Montmartin, préférant généralement raccourcir en Guy Pascal Montmartin, adoptant le nom de sa belle-famille.

Ayant un temps abandonné les affaires, Guy Pascal Montmartin commence en octobre 1934 une carrière diplomatique. Il est nommé consul général honoraire d'Autriche à Paris. S’il exerce bien la fonction consulaire, la titulature honoraire signifie qu’il n’est pas rémunéré. Il adhère en décembre 1934 au comité du Développement des Relations artistiques entre l'Autriche et la France et assure à partir de 1935 de nombreuses représentations protocolaires et mondaines. Il organise, dans les salons du consulat, une exposition commerciale et artisanale d'Autriche en mai 1935.

La résidence familiale est, en 1936, l’avenue Victor-Hugo à Paris (16e arr.), dans le quartier de la Porte Dauphine. Trois domestiques résident chez eux.

La partie la plus marquante du mandat de Hirsch Montmartin va être liée à l'Exposition universelle de 1937 à Paris. Officiellement dénommée Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne, elle se tient à Paris du juin à novembre 1937. Il est nommé en janvier 1936 commissaire général du gouvernement autrichien pour cette manifestation. En septembre la même année, il est désigné président par l’assemblée générale des commissaires généraux des nations ayant accordé leur participation à l'Exposition, devenant ainsi leur interlocuteur pour les discussions avec le gouvernement français. Le pavillon autrichien est, le 11 juin 1937, l’un des premiers (avec celui du Portugal) à ouvrir.

Après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, le 13 mars 1938, toutes les représentations diplomatiques de la République autrichiennes sont sommées de se soumettre aux autorités allemandes. À Paris, Hirsch Montmartin répond à la chancellerie fédérale à Vienne : « Je reçois votre télégramme me donnant ordre arborer le drapeau allemand à croix gammée sur le consulat général d'Autriche. Je vous informe que je refuse d'arborer un autre drapeau que le drapeau autrichien constitutionnel et vous confirme ma démission ». Plusieurs autres diplomates prennent la même attitude, comme le baron Pflugl, délégué permanent de l'Autriche auprès de la Société des nations à Genève ou le consul d'Autriche à Sao-Paulo (Brésil). Le quotidien Paris-soir estime que « Le Consul général à Paris reste fidèle à ses convictions républicaines. »

Le 17 mars, après que l’ambassade d’Allemagne à Paris lui eut donné l’ordre d’amener le pavillon fédéral autrichien qui flottait sur ses bureaux, Hirsch Montmartin publie une note : « j’ai remis les documents consulaires entre les mains de l’envoyé de l’ambassade d’Allemagne. Je crois que c’est un évènement historique sans précédent que de voir disparaître la représentation totale d’un pays dont l’existence constitutionnelle et légale était reconnue par le monde entier. (…) J’ai déclaré que l’on se battait encore en Autriche il y a quelques jours et je crois savoir que les combats continuent. Le régime de terreur institué implique que ces informations sont exactes. Les arrestations en masse dans tous les milieux prouvent bien que l’enthousiasme et l’unanimité ne sont pas tels qu’on les déclare sans quoi les arrestations seraient des persécutions trop tragiques. Bruno Walter, qui n’a fait d’autre politique que celle de l’Art, a été impitoyablement emprisonné ; la princesse Starhemberg, mère du prince, octogénaire, est en prison ; le baron Louis de Rothschild y est aussi et tant d’autres dont on ignore le sort ; en effet, les nouvelles de Vienne ne parviennent plus, les journalistes ne pouvant tout voir, mais seulement dire ce qu’ils apprennent. Un grand nombre d’Autrichiens ne reconnaîtront pas la mainmise sur leur patrie et tant parmi ceux qui sont en Autriche que ceux qui sont à l’étranger, un mouvement national est en formation. Des comités se forment dans les grandes capitales, à Londres notamment sous la présidence du baron Frankenstein, dernier ambassadeur d’Autriche dans la capitale britannique. À New-York et à Paris, d’autres comités se créent. Je me suis personnellement chargé de coordonner tous ces efforts. Aujourd’hui même, je reçois une délégation d’Autrichiens d’Amérique. Il est à souhaiter que tous ces efforts trouvent un appui auprès des gouvernements et qu’on finisse par apprendre la vérité sur les sentiments réels de l’Autriche afin que les gouvernements étrangers du monde entier viennent au secours du droit et de la liberté des peuples et assurent le respect des traités sur lesquels figure leur signature. La paix si menacée du monde en dépend plus que jamais. L’Autriche redeviendra autrichienne. »

Dans la presse, il déclare encore : « Si je n’ai pas arboré le drapeau à croix gammée c’est que la plus grande partie de l’Autriche n’est pas nazie, contrairement à toutes les informations parues dans la presse. Je n’en veux pour preuve que cette information que je reçois de source très sûre : de la frontière suisse on entend nettement la mitraillade dans le Tyrol. En effet, des combats ont lieu sur certaines parties du territoire autrichien. Quant à l’entrée des troupes allemandes en Autriche, elle ne s'est pas effectuée comme on l’a dit au milieu de l’enthousiasme mais à grand renfort de formations nazies, on est parvenu à créer une fausse allégresse. Comme consul général d’Autriche à Paris, je ne connais que l’Autriche qui a été définie par les traités et par la Société des Nations. L’annexion de l’Autriche n’a pas été officiellement reconnue. Telle est la cause de mon refus d'arborer l’emblème du Reich. Au surplus, la logique m’interdisait de faire une telle chose. S'il y a encore une Autriche il n’y a qu'un seul drapeau, s’il n’y a plus d’Autriche, je ne suis plus consul. »

Dans Le Petit Provençal, Camille Ferdy apprécie sous le titre « Un geste » : « Le consul d'Autriche à Paris, M. G.-P. Hirsch Montmartin a refusé de remplacer par le drapeau allemand à croix gammée le drapeau national autrichien flottant sur la façade du consulat et naturellement il a ensuite démissionné. (…) Nous savons bien qu’en réalité, si nobles soient-ils, de tels gestes ne changent rien à la marche des événements. Un ambassadeur et un consul qui ne consentent point à se courber sors le joug et qui sacrifient les avantages de leur situation au sentiment de leur dignité ont immédiatement des successeurs à l'échine plus souple. Les dictateurs n'ont pas de peine à trouver de dociles serviteurs. Mais, pour l'honneur de l'humanité, il n'est pas mauvais que les attentats contre le droit provoquent parfois ces gestes d’indépendance attestant qu'il y a encore quelques esprits fiers et quelques consciences libres en notre époque ou tant de gens et tant de nations semblent se ruer avec un allègre enthousiasme à la plus lourde et la plus dégradante des servitudes. »

Lorsqu’une Entraide autrichienne est fondée à Paris, Hirsch Montmartin la domicilie chez lui, boulevard Malesherbes, et fait partie de son bureau.

À suivre

Le drapeau autrichien maintenu sur le consulat d’Autriche après l’Anschluss en mars 1938

 

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27 mars 2025 4 27 /03 /mars /2025 00:01

Début de la biographie de Guy Montmartin

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Pascal René Guy Laurent Salomon naît le 21 avril 1894 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Léa Strauss et de son mari Hirsch Salomon, qui résident avenue de Friedland. Le père, négociant et industriel, est également un homme de presse et une personnalité politique influente du parti radical-socialiste. Vers 1891, il a adopté le nom d’usage « Hirsch », faisant de Salomon un prénom d’usage. Pascal utilisera également la même désignation, qui n’aura toutefois pas un caractère officiel, les actes d’état-civil continuant de mentionner le patronyme de Salomon.

Sa mère est la fille d’un homme d’affaires Juif américain natif de Granville (New-York, États-Unis).

La famille s’installe ensuite boulevard Pereire puis, toujours dans le 8e arrondissement, avenue de Wagram. Elle va ensuite résider à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, actuellement Val-de-Marne), dans le quartier du Parc Saint-Maur, avenue des Ailantes, où le père installe son usine de production de papier. En 1914, le quotidien La Dépêche coloniale décrira l’environnement familial « où se retrouve quelque chose des mœurs patriarcales d’autrefois, sous la douce autorité de la vénérable mère [Clara Strauss, mère de Salomon Hirsch]. »

La famille est de religion israélite et Pascal Salomon fait sa Bar Mitzwa à la grande synagogue de Paris, rue de la Victoire (9e arr.) en avril 1907. En 1914, il se présente comme représentant de fabriques, ayant donc une activité commerciale sans doute dans les entreprises de son père.

Alors âgé de 20 ans, âge normal de la convocation pour le service militaire, Pascal Hirsch (puisqu’il utilise désormais cette dénomination) intègre l’armée dès septembre 1914, du fait du déclenchement de la première guerre mondiale. Il est affecté au 13e régiment de dragons, où il est nommé en novembre brigadier. Il devient sous-officier en tant que maréchal des logis en février 1915. La même année en juillet, il est promu, à titre temporaire, sous-lieutenant, et rejoint le 158e régiment d’infanterie. Transféré au 9e régiment de hussards en avril 1916, son grade d’officier n’est pas confirmé et il redevient maréchal des logis. En août, il passe 146e régiment d’infanterie. Il participe avec son unité à la bataille de la Somme, d’où il est évacué de Sailly-Saillisel (Somme) en novembre 1916 avec les pieds gelés. Du fait de l’état de ses poumons, il est réformé définitivement en février 1919.

Il se lance dans les affaires, avec une maison de commission-exportation, Établissements PSH (Pascal Salomon Hirsch), qui fait faillite en janvier 1921. La procédure se conclut par un remboursement des créanciers en février 1925.

En novembre 1921 à Paris (16e arr.), Pascal Hirsch Salomon épouse Yvonne Henriette Montmartin, originaire de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique).

Il fait face, en décembre 1923, une deuxième fois à la justice, devant la douzième chambre du tribunal correctionnel de la Seine sous des accusations d’abus de confiance. Il lui est reproché un emprunt obtenu pour un prétendu projet et non remboursé, pour lequel il se présentait comme le « baron Hirsch ». Il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, à 30 000 fr. d’amende et à 200 000 fr. de dommages-intérêts envers la partie civile.

À suivre

Guy Pascal Hirsch Montmartin 1935 (à droite)

 

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21 mars 2025 5 21 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

Ayant avoir cédé ses affaires dans le nickel en 1900, l’industriel Salomon Hirsch continue à s’intéresser à l’industrie. Il reprend en 1902 les établissements Émile Houpied, rue Royer-Collard à Paris (5e arr.), qui produisent des machines pour l’industrie du papier et les caractères d’imprimerie, reprenant la dénomination de Comptoir des Fonderies Nouvelles. En 1903, il transfère l’usine avenue Bellevue, dans le quartier du Parc à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). L’entreprise deviendra la Compagnie de fabrication française de papier manufacturé, transformant et imprimant papier et carton.

Depuis 1898, la famille de Salomon Hirsch s’est installée à proximité, avenue des Ailantes. En 1907, il rachète la Manufacture d’étiquettes et de sacs à G. Martin, qui fonctionnait rue de l’Aqueduc à Paris (10e arr.). Il déménage son activité dans l’usine de Saint-Maur. Il développe en particulier les cartonnages publicitaires.

Membre de la Chambre syndicale du papier, Salomon Hirsch en deviendra le président. Il présidera aussi, à partir de 1905, la Chambre syndicale des fabricants d’étiquettes américaines. Depuis 1904, il se qualifie d’ingénieur, une désignation qui ne nécessitait pas un titre particulier à cette époque. Il continuera à le faire jusqu’au début des années 1920, reprenant ensuite le terme d’industriel.

Après son installation définitive à Saint-Maur, Salomon Hirsch va avoir une intense activité sociale et politique. Franc-maçon, il participe à la loge La Réforme, qui a son temple rue Révol à Saint-Maur (act. rue Édouard-Valleran). Le quotidien La Libre Parole, qui se spécialise dans la dénonciation des francs-maçons, compte en 1912 trente membres de ladite loge résidant à Saint-Maur, et un total de 68 francs-maçons dans cette ville. En 1910, Salomon Hirsch est orateur de La Réforme. Il prend, en 1912, la succession du pharmacien Armand Guimond en tant que vénérable et l’est toujours en 1914.

Membre fondateur de la caisse des écoles Saint-Maur en 1902, Salomon Hirsch participe à la constitution en 1905 de la Mutualité scolaire de Saint-Maur et en est le président en février 1909. Elle compte 1 500 membres en 1911 et comprend une section de pupilles (13 à 16 ans), mais aussi une section d’adultes (16 à 55 ans). Hirsch défend le rôle des mutualistes, notamment en matière de retraites. Il réfute les arguments de ceux pour qui « assurer la vieillesse c’est duper l’ouvrier » et défend le point de vue que « c’est la vieillesse et non la jeunesse et l’âge mûr que nous voulons assurer contre la misère ». Pour lui, « l’État doit forcer tous les travailleurs à penser à l’avenir et à se préparer quand ils ont vingt ans et narguent la vieillesse. »

En 1912, Hirsch revient sur la difficile acceptation des cotisations découlant de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes, votée en mars 1910 et assure que « le boycottage, qui est allé chez certains jusqu'à la révolte, a apporté quelques troubles dans les esprits et a nui à l'application de cette grande réforme sociale ». Il voit dans la mutualité « une pépinière de propagandistes », assurant que c’est elle qui « a précédé le législateur en réalisant l’assurance-maladie, l’assurance-chômage, l’assurance-invalidité et l'assurance-vieillesse. »

Outre les organisations auxquelles il adhère, Salomon Hirsch manifeste également ses sentiments en participant à des souscriptions. En janvier 1902, il approuve la Ligue pour la défense de la vie humaine, qui promeut la distribution de lait : « J'adhère des deux mains à votre Ligue. Inscrivez-moi pour cinq cotisations, j’ai quatre enfants grands buveurs de lait, ils ne paieront pas trop cher leur cotisation préventive de deux francs ». Le signataire suivant est Blum, peut-être Léon Blum, dont Hirsch sera proche et qui lèguera cette idée après la deuxième guerre mondiale à un autre de leurs amis, Pierre Mendès-France. Il verse son obole, en mai 1904, pour les victimes d’un cyclone sur l’île de La Réunion. Toujours sensible à la situation outre-mer, il envoie de l’argent pour la Société de patronage des orphelins colonisateurs en janvier 1909. Il appuie en mars 1912 la création d’une « cinquième arme » dans le domaine militaire français, à savoir une aviation militaire.

Sur le plan professionnel, l’usine de fabrication du papier de Saint-Maur continue son exploitation. Salomon Hirsch est nommé conseiller du commerce extérieur pour cinq ans en mars 1906 ; il restera dans cette fonction pendant 30 ans.

En politique, Salomon Hirsch reprend une activité publique, qu’il avait délaissée depuis son échec aux législatives de Clichy-Levallois en août 1893. La Sûreté nationale constitue un dossier à son nom début 1908 et continuera à la maintenir jusqu’en 1929.

Le sénateur de la Seine Alfred Mascuraud avait créé en 1899 un groupement politico-économique afin de servir de relais entre le patronat et les hommes politiques de centre-gauche, notamment les radicaux-socialistes, qui fonderont leur parti national peu après, en 1901. À Saint-Maur, en décembre 1907, Salomon Hirsch crée le Comité républicain du commerce et de l'industrie, une des 107 sections du comité Mascuraud, et en devient le président. Il organise notamment un banquet annuel, qui rassemble 150 personnes en juin 1909. Le banquet de l’année 1913 est organisé conjointement avec la section de Nogent-sur-Marne, au restaurant Jullien, sur l’Île Fanac, dans la commune de Joinville-le-Pont, située entre Saint-Maur et Nogent. Honoré Jullien est une influente personnalité radicale-socialiste dans la circonscription. Accueillant, comme chaque année, des parlementaires et représentants du centre-gauche au gouvernement, le banquet de 1913 est dressé pour 300 personnes. La section saint-maurienne annonce avoir près de quatre cents membres en juin 1911.

À suivre

Caricature de Salomon Hirsch 1932

 

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9 mars 2025 7 09 /03 /mars /2025 00:01

Marcel Émile Pallet naît le 9 septembre 1897 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Catherine Julie Stan et de son époux Charles Victor Pallet. Ses parents sont journaliers et vivent rue des Cliquettes (act. rue Émile-Moutier) puis rue du Canal (act. rue Henri Barbusse).

En 1911, à 14 ans, Marcel Pallet est employé comme aide-ouvrier dans une usine.

Pendant la première guerre mondiale, il est mobilisé de manière anticipée par rapport à l’âge normal du service militaire et rejoint, en janvier 1916, le 11e régiment du génie (RG) ; il est affecté au 9e RG en juin 1917. Sa façon de servir lui vaut une citation à l’ordre du régiment en août 1918 : « sapeur dévoué et courageux, s’est toujours dévoué dans son devoir avec un grand esprit d’abnégation, modèle de travailleur sérieux et brave. »

Après le conflit, Marcel Pallet est dispensé des obligations militaires en octobre 1938, réformé n° 2 pour tuberculose pulmonaire. Il travaille à la marie de Joinville en tant que cantonnier.

En décembre 1926 Joinville, Marcel Pallet épouse Marthe Gabrielle Laillet. Elle était mère d’un enfant, issu d’une première union, qu’il élèvera.

Comme son père et son frère aîné, Léon, Marcel Pallet rejoint compagnie de sapeurs-pompiers de Joinville. Il sert en 1924 en tant que sergent et y est toujours en 1932.

Marcel Pallet meurt le 11 janvier 1940 à Joinville. Il était âgé de 42 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Décoré de la Croix de guerre, avec étoile de bronze, il avait également reçu trois récompenses au titre du courage et du dévouement dont il a fait peur en tant que pompier. En juillet 1924, il reçoit une médaille de bronze ; en novembre 1925, une mention honorable ; et en avril 1932, une Lettre de félicitations.

Caserne des sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont

 

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7 mars 2025 5 07 /03 /mars /2025 00:01

Charles Léon Pallet naît le 29 août 1886 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Catherine Julie Stan et de son époux, Charles Victor Pallet. Sa mère est journalière et son père est forgeron dans une serrurerie. Il est également engagé dans la compagnie de sapeurs-pompiers de Joinville, où il aura le grade de sergent. La famille réside rue du Canal (act. rue Henri Barbusse).

Âgé de 15 ans, Léon Pallet est manœuvre au sein de l’usine de tréfilerie du Bi-Métal, proche de leur domicile. Cinq ans plus tard, il est chauffeur dans la même entreprise, où il aura ultérieurement la fonction de conducteur d’appareils à vapeur.

Créée en 1892, la Compagnie française du Bi-Métal a compté plus de deux cents ouvriers dans son usine principale de Joinville. Cette dernière a été le théâtre de plusieurs évènements : une grève de deux mois entre octobre et décembre 1894 des ouvriers tréfileurs, qui protestaient contre une baisse de leur salaire ; une explosion de chaudière, en février 1895, qui fait quatre morts ; un incendie en octobre 1899 ; des pillages en janvier 1905. Puis au premier trimestre 1910, l’usine combinera à la fois une submersion (les graves inondations de la Marne) et une grève insurrectionnelle. Elle se reconvertira pendant la première guerre mondiale dans les fournitures pour les industries d’armement.

En octobre 1907, Léon Pallet fait son service militaire au sein du 15e régiment d’artillerie puis retrouve la vie civile en septembre 1909. Il épouse en septembre 1910 à Joinville, Laurence Henriette Roger, couturière, qui vit dans le même immeuble, fille d’un tréfileur à l’usine du Bi-Métal.

Appelé à faire une période de réserve en juillet 1914, Léon Pallet se retrouve maintenu dans l’armée lors de la mobilisation générale en août 1914, au moment du déclenchement de la première guerre mondiale. Il est détaché en août 1915 pour retrouver l’usine du Bi-Métal et y reste jusque février 1918. Il rejoint alors le 26e régiment d’artillerie et est démobilisé en août 1919.

Après-guerre, Léon Pallet quitte la métallurgie pour travailler au sein de l’usine des eaux de la Ville de Paris, installée aussi à Joinville, dans le même quartier du Canal. Il déménage pour vivre de l’autre côté de la Marne, dans le quartier de Polangis, avenue de l’Île (act. avenue Jean-d’Estienne-d’Orves.

Comme son père, et comme son frère cadet, Léon Pallet est engagé au sein de la compagnie de sapeurs-pompiers de Joinville. Il y est sous-officier, comme sergent-fourrier en 1924 et adjudant en 1938.

Charles Léon Pallet meurt le 30 décembre 1964 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne), où il était hospitalisé. Il était retraité et résidait toujours à Joinville, dans son domicile de Polangis. Âgé de 78 ans, il avait eu un fils.

Il était titulaire de plusieurs décorations, dont une médaille d’honneur communale reçue en août 1936 de la Ville de Paris. Au titre de ses fonctions comme sapeur-pompier, il avait reçu une médaille de bronze en juillet 1924 et une mention honorable en novembre 1925 au titre du courage et du dévouement dont il avait fait preuve. Il avait obtenu une médaille d’honneur en novembre 1936.

Pyramide des sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont, 1913

 

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1 mars 2025 6 01 /03 /mars /2025 00:01

Jacques Kléber Martin nait le 5 avril 1914 à La Fère (Aisne). Il est le fils de Suzanne Clotilde Gabrielle Berton et de son époux, Arthur Julien Kléber Martin. Son père, originaire du village voisin de Bichancourt, est alors militaire de carrière depuis 1904, avec le grade de maréchal-des-logis au sein du 42e régiment d’artillerie et devient maréchal des logis chef deux mois après sa naissance. Pendant la première guerre mondiale, il est nommé adjudant en avril 1915. Il meurt au combat en août 1916, sa conduite ayant fait l’objet de deux citations ; à titre posthume, il est décoré en septembre 1920 de la Médaille militaire.

Sa mère l’élève dans un autre village proche, Viry-Noureuil, dont elle est originaire. Après-guerre, elle est employée au ministère des régions libérées. Elle meurt à Paris en février 1929, Jacques ayant alors 14 ans. Il avait été déclaré « adopté par la Nation » par le tribunal civil de Paris en mai 1919.

En 1937, Jacques Martin est étudiant au séminaire du diocèse catholique de Paris à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il obtient une des bourses d’enseignement supérieur accordées pour faits de guerre accordées par l’Académie de Paris. Il est ordonné prêtre le 20 avril 1946 et célèbre ensuite sa première messe dans le village de Bichancourt où était né son père.

Il est en 1967 curé de la paroisse Sainte-Agnès d'Alfort, à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne), dont l’église, classée monument historique, est l’œuvre de l’architecte Marc Brillaud de Laujardière. De 1969 à 1976, il est en charge de Notre-Dame du Sacré-Cœur, toujours à Maisons-Alfort. Prenant alors la succession du père André Rideau, il rejoint alors la cure de Saint-Charles-Borromée, dans la commune limitrophe de Joinville-le-Pont et y reste jusqu’en 1989, cédant la place au père Dominique Vaillant.

Il vit dans une maison de retraite municipale de Joinville-le-Pont, rue Émile-Moutier, et s’intéresse à la généalogie de sa région d’origine, le Chaunois (de Chauny, Aisne). Il mène des études sur cent-vingt familles du secteur.

Jacques Martin meurt à l’âge de 89 ans, le 23 janvier 2004 à Créteil (Val-de-Marne), où il était soigné à l’hôpital intercommunal. Il est inhumé à Viry-Noureuil.

Il laisse un « testament spirituel », rédigé en septembre 1979 :

J'entrerai dans l'éternité

avec tout ce qui a fait mes raisons de vivre et d'agir dans mon existence,

(…) 

Le passage à cette nouvelle vie sera la découverte de la Lumière et de la Paix

annoncées par Jésus

En décembre 2005, le Cercle généalogique et historique des amis du Père Martin est fondé ; l’association a pour président Dominique Cagniart, résident de Joinville-le-Pont, où le siège est installé, qui est également originaire du Chaunois. Le but social est « la perpétuation du souvenir de l'abbé Jacques Martin, précurseur des recherches généalogiques en Pays Chaunois (Aisne) ». L’association met en place un site internet, Mémoires du Chaunois, actif jusqu’en 2013.

Vignette du site Mémoires du Chaunois

 

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21 février 2025 5 21 /02 /février /2025 00:01

Antoine Fréderic Eugène Latrémolière naît le 4 août 1869 à Bouillac (Aveyron). Il est le fils Marie Magnes et de son mari Antoine Auguste Latrémolière. Ses parents sont propriétaires cultivateurs et vivent au hameau de Saint-Martin de Bouillac situé sur la rive gauche du Lot, en face du chef-lieu communal.

Lors de son enregistrement pour le service militaire en 1889, Fréderic Latrémolière est batelier, très probablement sur la rivière Lot puisqu’il réside à Bouillac. Il intègre l’armée en novembre 1890 au sein du 1er régiment d’artillerie de pontonniers. Il devient brigadier en septembre 1891 puis sous-officier, avec le titre de maréchal des logis, en avril 1893. Il revient à la vie civile en septembre la même année.

Après un bref passage par Paris, Fréderic Latrémolière s’installe en 1894 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il est marchand de vin et restaurateur dans le centre-ville, rue de Paris. Il ajoutera ensuite la restauration à son commerce. Il épouse, en janvier 1896 à Vincennes, Louise Héraut, fille d’un entrepreneur de maçonnerie de Vincennes, et dont le beau-frère est viticulteur en Gironde.

Il est soumis en mars 1900, à une tentative d'escroquerie au trésor pratiquée par de prétendus détenus politiques espagnols : ils assurent qu’ils partageront un magot caché, mais demande d’abord « une avance » pour couvrir leurs frais. Contrairement à lui, plusieurs personnes du voisinage (Joinville, Champigny) répondront à cette demande.

Une cérémonie est organisée en août 1903 à l’occasion de la nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur du maire, Eugène-Voisin, élu municipal depuis plus de 40 ans et maire élu pour la première fois en 1888. Un banquet populaire est organisé à cette occasion. Au nom des habitants, Latrémolière et un autre commerçant de la commune Loiseau, offrent à l’édile un bronze de la maison Barbedienne La Vénus de Milo.

En 1905, Latrémolière participe à la fondation de la société amicale de La Fraternelle Auvergnate de la Boucle de la Marne, qui met son siège social dans son établissement. Elle rassemble des originaires du Massif Central, résidant dans les cantons de Nogent-sur-Marne et Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Le premier banquet se tient dans son établissement en décembre 1905. Il participe au bureau de l’association, constitué en novembre 1906 et présidé par M. Ravenet, de La Varenne-Saint-Hilaire (Saint-Maur).

À deux reprises, en avril 1904, puis le même mois de 1905, Latrémolière sauve des enfants de la noyade, les deux fois en sautant « tout habillé » dans la Marne. La première fois, c’est une jeune fille qu’il entend crier. L’année suivante, ce sont deux garçons qui se cachent dans un tonneau déposé devant sa porte et roulent avec lui dans la rivière. Les trois sont ramenés par lui sains et saufs.

Ayant vendu son commerce, qui restera le lieu de rencontre des auvergnats de la région, Fréderic Latrémolière déménage rue de Créteil, toujours à Joinville, et devient commissionnaire en bétail. Il se déclare comme berger lors du recensement de 1911. Propriétaire d’un vaste terrain situé à Charentonneau, dans la commune voisine de Maisons-Alfort, il a confié la surveillance de 350 moutons à un berger d’origine allemande, Fritz (dit Frédéric) Yung. Le 27 juin 1908, ledit berger est retrouvé mort et toutes les bêtes ont disparu. Une enquête de la police établit que le troupeau entier a été vendu au marché de la Villette (Paris). Le voleur, arrêté, est cependant mis hors de cause pour le décès, qui s’avère naturel, mais condamné à deux ans de prison pour le vol.

Pendant la première guerre mondiale, Fréderic Latrémolière est d’abord mobilisé en août 1914 au sein du 1er régiment du génie. Il est détaché en mars 1917 en tant qu’agriculteur à Joinville. Pour faire face aux pénuries auxquelles fait face la population civile, et sur instruction du gouvernement, un Comité d’action agricole a été mis en place à Joinville, pour créer des jardins potagers, notamment dans le domaine de l’ancien château de Polangis. Réformé du service armé en septembre 1917 du fait de problèmes de vue, il est maintenu dans son poste. Il obtiendra en octobre 1920 une pension d’invalidité de 40%, du fait de son mauvais état général et d’un amaigrissement prononcé. Constatant une amélioration de sa santé, sa pension sera réduite à 20% en janvier 1922.

Dès 1920, la famille Latrémolière (comprenant son épouse, son fils et sa sœur) quitte la région parisienne pour rejoindre son village natal de Bouillac où ils sont cultivateurs.

Fréderic Latrémolière meurt le 22 juin 1943 à Bouillac. Il était âgé de 73 ans. Décoré d’une médaille de bronze pour son activité de sauvetage en 1906, il avait été fait chevalier du Mérite agricole en janvier 1905 pour avoir, en tant que viticulteur, contribué à la reconstitution de vignobles par les plants américains, après les vastes destructions dues à la crise du phylloxera depuis 1875.

Saint-Martin de Bouillac, la gare

 

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19 février 2025 3 19 /02 /février /2025 00:01

Léon Louis Gautran naît le 15 juin 1889 à Vierzon (Cher). Il est le fils de Victorine Nerrand, couturière et de son mari Adrien Gautran, peintre en bâtiment. Sa mère, ancienne bergère de chèvres est journalière puis marchande de quatre saisons. Léon est l’aîné des huit enfants du couple.

Peu après sa naissance, les parents quittent le département pour s’installer en région parisienne. Ils habitent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) début 1891 et y resteront ensuite, à part un bref passage dans la commune voisine de Saint-Maurice en 1898. Ils résident dans le centre-ville, rue de Paris, rue de Créteil et rue des Marronniers (act. rue Eugène-Voisin).

Lors des graves inondations de la Marne au premier trimestre 1910, Léon Gautran est très actif, probablement au sein de la compagnie de sapeurs-pompiers de Joinville. Il reçoit notamment une lettre de félicitations du ministre de l’intérieur pour son dévouement. Son père décède en avril la même année, et le relevé notarial des tables de succession mentionne qu’il est « indigent ». Sa mère se retrouve avec la charge des huit enfants, entre 7 et 18 ans.

C’est au sein du régiment des sapeurs-pompiers de Paris que Léon Gautran effectue son service militaire à partir d’octobre 1910. En tant que fils aîné d’une veuve, il est considéré comme soutien de famille et peut ainsi choisir son affectation. Il est démobilisé en septembre 1912.

Comme le faisait son père, Léon Gautran travaille comme peintre en bâtiment à Joinville, au sein de l’entreprise d’Émile Guichard, qui est également le lieutenant commandant la compagnie de sapeurs-pompiers de la ville et dont la femme est cousine de sa mère, toutes les deux originaires de Reuilly (Indre).

Résidant alors avec sa mère impasse du Viaduc, toujours à Joinville, Léon Gautran épouse Marie Lansiaux, blanchisseuse, dans la commune proche de Créteil en mai 1914. Ils prennent domicile rue de Paris.

Mobilisé dès le début de la première guerre mondiale, en août 1914, Léon Gautran est affecté au 76e régiment d'infanterie (RI) puis au 80e RI. Il est blessé au cours des derniers combats de la première bataille de Champagne, le mars 1915, au Mesnil (act. Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus, Marne), quelques jours après la blessure, au même endroit de Charles de Gaulle, nouvellement nommé capitaine au 51e RI. Léon Gautran est notamment atteint à la jambe gauche par un éclat d’obus et à la jambe droite par balle de mitrailleuse. Il est nommé caporal le 19 mars puis affecté, en août, régiment de sapeurs-pompiers et en septembre au 1er régiment de génie (RG).

En mai 1916, Léon Gautran est gazé. Il reprend cependant ses activités, avec le grade de sergent en juillet puis une citation à l’ordre de l’armée en octobre. Transféré au 21e RG en avril 1918, il finit le conflit en mars 1919 au 6e RG.

Après le décès, en octobre 1918, de sa première épouse, Léon Gautran reconnaît en mars 1919 un enfant, né en mai 1916 d’une veuve, originaire du Cantal, Sophie Chauvet. Ils se marient à Joinville en août 1919. Celle-ci meurt dix-huit mois plus tard, en avril 1921 à Joinville.

Le troisième mariage de Léon Gautran est prononcé en septembre 1921 à Paris (20e arr.) avec Mélanie Salgues, elle aussi native du Cantal. Ils vivent encore rue de Paris, à Joinville.

Toujours engagé parmi les sapeurs-pompiers de Joinville, Léon Gautran est en 1923-1924 sous-lieutenant de la subdivision, commandée par le lieutenant Achille Coubleaux.

Léon Louis Gautran meurt le 8 avril 1928 à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 38 ans et père de trois enfants, nés chacun d’une de ses trois épouses successives.

Il était titulaire de quatre récompenses pour courage et dévouement du fait de son activité de pompier. En juillet 1910 et janvier 1911, il avait obtenu une lettre de félicitations et une mention honorable pour son attitude au cours des inondations de la Marne en janvier 1910 ; en juillet 1923, il était attributaire d’une médaille de bronze puis, en juillet 1924, d’une médaille d’argent.

Caserne des pompiers de Joinville-le-Pont

 

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