Colette Morel naît le 13 mars 1928 à Fougères (Ille-et-Vilaine). Elle est la fille d’Adèle Marie Bonnier et de son mari, Ange Morel, issu d’ouvriers ardoisiers de Bretagne.
Ses parents vivaient à Segré (Maine-et-Loire) mais voulaient échapper à leur destin de d’ouvrière en chaussure et de perreyeux (ardoisier) et s’étaient rendus à Paris en 1926, vivant de petits boulots. Ils revinrent à Fougères, où la mère travailla en usine et le père comme maçon.
Son grand-père paternel, nommé également Ange Morel, avait été le meneur de la grève de décembre 1905 aux ardoisières La Forêt à Bel-Air-de-Combrée. La vie des ouvriers de l’Anjou, où elle passe sa jeunesse, marqua Colette Morel et détermina son engagement ultérieur, selon son témoignage.
Reparti en région parisienne, ses parents s’installent à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), où son père s’engage dans le parti communiste vers 1937. Ils disposent d’un peu plus de confort, mais son père quitte alors le domicile familial à l’été 1939 pour rejoindre une infirmière suédoise engagée auprès des réfugiés républicains espagnols.
Pendant la guerre, Colette et sa mère sont réfugiées dans le Maine-et-Loire. Son père est d’abord soldat en Syrie, où il est chauffeur d’un colonel. Il reviendra comme résistant, interné pour son engagement communiste puis évadé et rallié aux Forces françaises de l’intérieur.
En 1943, la famille retourne en banlieue parisienne, à Joinville-le-Pont, commune riveraine de Saint-Maur. Colette et sa mère s’installent rue du Canal. Peut-être fait-elle, cette année-là, une première figuration dans un film, L'escalier sans fin de Georges Lacombe avec Pierre Fresnay et Madeleine Renaud. Elle est également figurante dans un film de Henri Decoin, sorti en 1947, Le Café du cadran.
Ange Morel participe militairement à la libération de Joinville au cours de la bataille du pont de Joinville, le 25 août 1944. Il est proposé par le comité local de Libération et nommé, en septembre 1944, membre de la délégation spéciale qui gère la ville, et fait donc fonction de conseiller municipal. Il sera élu à ce même poste lors du premier scrutin local en avril 1945.
Malgré des relations difficiles avec son père, selon son témoignage, Colette Morel adhère aux Jeunesses communistes en 1944. Sa mère travaille à l'ambassade de l'Union soviétique à Paris.
Colette Morel, le 14 juillet 1945 à Joinville-le-Pont (in Ma vie en rouge, Cheminements, 2004)
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En juillet 1946 à Joinville, Colette Morel se marie avec Robert Henri Jacquemin ; dans son autobiographie, elle témoigne : « Mon mariage avec Robert n’a pas duré. »
Colette mène une carrière dans la presse du Parti communiste puis dans l’organe du Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix (MRAP), Droit et Liberté. Elle y publie plusieurs séries d'articles comme Juifs de toutes races, où elle conteste la notion de « race juive. »
Elle rejoint en décembre 1954 le service de presse de l’ambassade d’Union soviétique (URSS) en France puis des revues économiques nationales qui, selon l’éditeur de son autobiographie (Ma vie en rouge, Cheminements, 2004) « lui a permis de vivre les grands bouleversements du 20e siècle aux premières loges. »
Dans ce texte, elle évoque fréquemment un mal-être, qui la conduit à changer de lieu d’habitation et de travail après de nombreux conflits avec ses collègues ou familiers. Elle quitte le parti communiste en ne reprenant pas sa carte d’adhérente en 1963 ; selon l’historien Guillaume Bourgeois, le motif serait l'affaire Servin-Casanova, qui avait vu l'exclusion en février 1961 par la direction du Parti communiste français deux responsables, Marcel Servin et Laurent Casanova, accusés de « révisionnisme ». Elle reste par contre militante au MRAP et assure, toujours selon G. Bourgeois, qu’elle « considère son engagement comme une lutte pour les plus démunis. »
Remariée en en février 1955 à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) avec David Grunblatt Colette Morel divorcera une seconde fois en février 1963. Elle donne naissance, en mars 1958, à une fille, Catherine, dont le calvaire moral conduira à sa mort de faim en janvier 1997, ce qui marquera profondément Colette.
Colette Morel meurt le 14 novembre 2021 à Saint-Barthélemy-d'Anjou (Maine-et-Loire). Elle était âgée de 93 ans.
Voir aussi
Colette Morel en 1991 (in Ma vie en rouge, Cheminements, 2004)
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