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27 février 2025 4 27 /02 /février /2025 00:01

Colette Morel naît le 13 mars 1928 à Fougères (Ille-et-Vilaine). Elle est la fille d’Adèle Marie Bonnier et de son mari, Ange Morel, issu d’ouvriers ardoisiers de Bretagne.

Ses parents vivaient à Segré (Maine-et-Loire) mais voulaient échapper à leur destin de d’ouvrière en chaussure et de perreyeux (ardoisier) et s’étaient rendus à Paris en 1926, vivant de petits boulots. Ils revinrent à Fougères, où la mère travailla en usine et le père comme maçon.

Son grand-père paternel, nommé également Ange Morel, avait été le meneur de la grève de décembre 1905 aux ardoisières La Forêt à Bel-Air-de-Combrée. La vie des ouvriers de l’Anjou, où elle passe sa jeunesse, marqua Colette Morel et détermina son engagement ultérieur, selon son témoignage.

Reparti en région parisienne, ses parents s’installent à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), où son père s’engage dans le parti communiste vers 1937. Ils disposent d’un peu plus de confort, mais son père quitte alors le domicile familial à l’été 1939 pour rejoindre une infirmière suédoise engagée auprès des réfugiés républicains espagnols.

Pendant la guerre, Colette et sa mère sont réfugiées dans le Maine-et-Loire. Son père est d’abord soldat en Syrie, où il est chauffeur d’un colonel. Il reviendra comme résistant, interné pour son engagement communiste puis évadé et rallié aux Forces françaises de l’intérieur.

En 1943, la famille retourne en banlieue parisienne, à Joinville-le-Pont, commune riveraine de Saint-Maur. Colette et sa mère s’installent rue du Canal. Peut-être fait-elle, cette année-là, une première figuration dans un film, L'escalier sans fin de Georges Lacombe avec Pierre Fresnay et Madeleine Renaud. Elle est également figurante dans un film de Henri Decoin, sorti en 1947, Le Café du cadran.

Ange Morel participe militairement à la libération de Joinville au cours de la bataille du pont de Joinville, le 25 août 1944. Il est proposé par le comité local de Libération et nommé, en septembre 1944, membre de la délégation spéciale qui gère la ville, et fait donc fonction de conseiller municipal. Il sera élu à ce même poste lors du premier scrutin local en avril 1945.

Malgré des relations difficiles avec son père, selon son témoignage, Colette Morel adhère aux Jeunesses communistes en 1944. Sa mère travaille à l'ambassade de l'Union soviétique à Paris.

Colette Morel, le 14 juillet 1945 à Joinville-le-Pont (in Ma vie en rouge, Cheminements, 2004)

 

En juillet 1946 à Joinville, Colette Morel se marie avec Robert Henri Jacquemin ; dans son autobiographie, elle témoigne : « Mon mariage avec Robert n’a pas duré. »

Colette mène une carrière dans la presse du Parti communiste puis dans l’organe du Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix (MRAP), Droit et Liberté. Elle y publie plusieurs séries d'articles comme Juifs de toutes races, où elle conteste la notion de « race juive. »

Elle rejoint en décembre 1954 le service de presse de l’ambassade d’Union soviétique (URSS) en France puis des revues économiques nationales qui, selon l’éditeur de son autobiographie (Ma vie en rouge, Cheminements, 2004) « lui a permis de vivre les grands bouleversements du 20e siècle aux premières loges. »

Dans ce texte, elle évoque fréquemment un mal-être, qui la conduit à changer de lieu d’habitation et de travail après de nombreux conflits avec ses collègues ou familiers. Elle quitte le parti communiste en ne reprenant pas sa carte d’adhérente en 1963 ; selon l’historien Guillaume Bourgeois, le motif serait l'affaire Servin-Casanova, qui avait vu l'exclusion en février 1961 par la direction du Parti communiste français deux responsables, Marcel Servin et Laurent Casanova, accusés de « révisionnisme ». Elle reste par contre militante au MRAP et assure, toujours selon G. Bourgeois, qu’elle « considère son engagement comme une lutte pour les plus démunis. »

Remariée en en février 1955 à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) avec David Grunblatt Colette Morel divorcera une seconde fois en février 1963. Elle donne naissance, en mars 1958, à une fille, Catherine, dont le calvaire moral conduira à sa mort de faim en janvier 1997, ce qui marquera profondément Colette.

Colette Morel meurt le 14 novembre 2021 à Saint-Barthélemy-d'Anjou (Maine-et-Loire). Elle était âgée de 93 ans.

Voir aussi 

Colette Morel en 1991 (in Ma vie en rouge, Cheminements, 2004)

 

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13 février 2025 4 13 /02 /février /2025 00:01

Reprise d’un article publié le 13/01/2022 en fonction d’arches nouvelles, suite

La famille Marescaux s’installe ensuite à Joinville, où vit également Delort. Elle réside en 1911 quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy.

Outre son magasin de la rue de la Roquette, l’entreprise ouvre une usine quai de la Marne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle compte plusieurs dizaines d’ouvriers, et dix-neuf d’entre eux trouveront la mort au cours de la première guerre mondiale. Pendant la durée du conflit, Marescaux produit pour les besoins de l’armée et des soldats mobilisés lui sont affectés, dont Delort, Marius Alphonse Levaltier ou Antoine Duranthon. Elle embauche aussi des femmes.

Pendant la première guerre mondiale (1914-1918), les usines Marescaux se voient octroyer plusieurs marchés militaires, notamment pour la fabrication de bombes. Il sera imposé après la fin du conflit pour les bénéfices qu’il a faits à la faveur desdits marchés. Marescaux fait partie des souscripteurs de la collecte humanitaire organisée en décembre 1917 à Joinville. Une « Plaque commémorative 1914-1918 des Établissements Marescaux » est apposée sur l’usine ; après la fermeture de l’établissement, elle a été déplacée et se trouve aujourd’hui dans le cimetière communal, près du Monument aux Morts. Elle porte la mention « « A la mémoire du personnel de la Maison mort pour la France » et comporte 19 noms.

Après-guerre, la société Marescaux publie de nombreuses annonces pour participer à la reconstruction du Nord, zone largement détruite pendant les combats et l’occupation allemande. Il met en avant son statut de fournisseur des ministères de la guerre et de la marine, du génie, de l'artillerie, de la ville de Paris et d’autres grandes administrations.

Cependant, l’activité se réduit dès décembre 1918 et l’usine de Joinville se sépare d’une partie de son personnel, en particulier des femmes, ce qui provoque la colère des sections locales du Parti socialiste SFIO. Pour relancer sa production, Marescaux investit en 1924 dans de nouvelles machines de découpage, matriçage, forgeage, laminage et emboutissage de métaux à froid et à chaud.

Le fils de son associé, Abel Delort, a été condamné en septembre 1923 à cinq ans de prison pour avoir tenté de tuer son père. Jean Delort, qui en avait réchappé, meurt en juillet 1924 à Joinville.

C’est probablement la disparition de son partenaire au capital social, lequel était veuf et dont l’héritier était alors incarcéré, qui provoque la mise en liquidation judiciaire en avril 1925 de l’entreprise Émile Marescaux, basée rue de la Roquette. Cependant, l’usine de Joinville poursuit son activité. Elle est touchée par les inondations de la Marne en janvier 1926. En octobre 1923, Émile Marescaux avait créé une deuxième société, la Société anonyme des métaux bruts et ouvrés (SAMBO), au capital de 500 000 francs. Elle proposait des produits en zinc, plomb et étain et était basée rue Saint-Sabin ; les deux entreprises disposaient du même téléphone. La SAMBO est dissoute en avril 1926.

Cette année-là, Marescaux paraît avoir quitté Joinville.

Émile Marescaux meurt le 22 janvier 1941 aux Loges-en-Josas (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Il est signalé dans l’état-civil comme exerçant la profession de garde-champêtre. Il était âgé de 72 ans et père d’une fille.

Selon l’annuaire Didot-Bottin de 1911, il a été décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie.

Fin 

Voir aussi :

Plaque commémorative des morts pendant la première guerre mondiale, anciens établissements Marescaux, act. cimetière de Joinville

 

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11 février 2025 2 11 /02 /février /2025 00:01

Reprise d’un article publié le 13/01/2022 en fonction d’arches nouvelles, début

Émile Louis Marescaux naît le 18 février 1869 à Marquette-lez-Lille (Nord). Il est le fils aîné des huit enfants – tous des garçons – de Louise Victorine Flament et de Charles Louis Marescaux, ferblantier puis voyageur de commerce. Ses parents sont installés à Lille en 1873. Ils divorcent en mai 1886 ; le septième des enfants du couple meurt en juillet cette même année (il était né en septembre 1885) tandis que le huitième enfant naît en octobre, cinq mois après la séparation légale que le registre d’état-civil ne mentionne pas.

La majorité des enfants, dont Émile, restent vivre avec le père. Celui-ci, devenu voyageur de commerce, s’installe à Amiens (Somme), rue d’Alsace-Lorraine, dans le centre-ville. Il emménage avec une couturière originaire du Nord également, Célinie Tilmont, qui donne naissance à une fille en avril 1888.

Employé de commerce et domicilié chez son père à Amiens (Somme), Émile Marescaux devance en novembre 1888 le service militaire en s’engageant pour trois ans dans l’armée. Il rejoint le 40e régiment d’infanterie où il devient caporal en octobre 1889.

Pendant qu’il effectue son service militaire, en janvier 1890, Charles Marescaux, son père, se suicide par asphyxie au gaz de carbone dans une chambre calfeutrée, en entraînant dans son décès les trois garçons qui vivaient avec lui, âgés de 13, 10, et 7 ans. Au moins 45 journaux rendent compte de ce qu’ils qualifient de « drame épouvantable », qu’ils associent parfois à la misère, indiquant que le père était à ce moment sans emploi. Sa maîtresse était absente depuis trois semaines et avait découvert la situation avec la police à son retour.

Continuant son contrat à l’armée, Émile Louis Marescaux est promu au grade de sergent en décembre 1890. Il est affecté, en juillet 1891, à la 15e section de secrétaires d’état-major et de recrutement.

Il réside à Marseille en 1892 puis revient à Lille l’année suivante. Il épouse en décembre 1893 à Mende (Lozère) Augustine Marie Dupeyron, giletière. Ils s’installent à Paris, d’abord rue Lappe puis dans une voie adjacente, rue de la Roquette (11e arr.).

En août 1901 est formée la société en nom collectif Delort et Marescaux, installée rue de la Roquette. Elle a une durée de neuf ans et un capital de huit mille francs. Elle est spécialisée dans la ferronnerie d’art et produit également des pièces pour les couvreurs, notamment des châssis pour toiture. Son associé est Jean Delort, comptable. Ultérieurement l’entreprise prendra exclusivement le nom de Marescaux, même si le fils, Abel Delort, forgeron et ajusteur, continuera d’y travailler.

Le Comité républicain radical et radical-socialiste du quartier de la Roquette élit, en juin 1909, Marescaux en tant que vice-président de sa commission exécutive. Clémencet est président.

À suivre

 

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9 février 2025 7 09 /02 /février /2025 00:01

Charles Louis Marescaux naît le 21 juin 1843 à Marquette-lez-Lille, Nord. Il est le fils de Marie Florentine Augustine Wilbaut et de son mari, Louis François Marescaux, cordonnier.

En avril 1868, Charles Marescaux est ferblantier et épouse à Lille Louise Victorine Flament, fille d’un lampiste et cousine d’un ferblantier, Henri Flament. C’est sans doute avec lui que Marescaux crée une fabrique de ferblanterie, installée rue des Tanneurs. Il s’associe aussi à son beau-frère, Gustave Languebien, quincailler, pour créer un établissement situé rue des Suaires toujours à Lille.

Le 15 février 1872, pour répondre à l’annexion d’une partie du territoire français par l’Empire allemand, l’Alsace-Lorraine, en 1871, « Les ouvriers de la maison Languebien et Marescaux, fabricants de ferblanterie et poêlerie, s’engagent à travailler une par jour, après la journée achevée et pendant un mois à dater d'aujourd'hui, au profit de l’œuvre de la délivrance du territoire ». Selon l’article publié dans le quotidien Le Progrès du Nord, « les patrons s’engagent chacun à consacrer par jour la valeur de deux heures de travail d’ouvrier. »

En juin 1874 à Lille, la presse mentionne que Marescaux-Flament fait faillite et son matériel de ferblanterie comme ses matières premières sont vendus. Cependant, Charles Marescaux se présente toujours comme ferblantier en juillet 1876 et l’activité de l’entreprise Languebien et Marescaux, se poursuit avec notamment la diffusion d’un allumoir électrique en 1880.

Début 1879, Charles Marescaux est devenu voyageur de commerce pour des sociétés lilloises.

Sa vie privée est particulièrement compliquée. Vivant à Marquette-lez-Lille Nord, hameau de l’Abbaye depuis 1868 jusqu’en 1873, la famille déménage à Lille, rue des Suaires puis rue Notre-Dame et rue des Urbanistes, avant de rejoindre la commune voisine de La Madeleine, rue de Marquette en 1882. Pendant cette période, son épouse donne naissance à ses six premiers enfants.

Revenu à Lille, rue Solférino, Charles Marescaux fait paraître le 8 mai 1883 un avis dans le quotidien régional Le Progrès du Nord. Il « informe le public qu’à partir de ce jour, il ne reconnaîtra plus les dettes que pourrait contracter sa femme Louise Victorine Flament ». Le message est reproduit le jour suivant.

Cependant, le couple ne se sépare pas, puisqu’il donne naissance, en septembre 1885 à un septième enfant, mais c’est le docteur accoucheur qui en fait la déclaration à l’état-civil, le père étant dit empêché ; la mère est domiciliée Cour Wagram, dans la rue des Sarrazins. Une procédure de divorce a été engagée, qui aboutit par un jugement du tribunal civil de Lille le 13 mai 1886. Cependant, un huitième enfant naît le 10 mai, cinq mois après la déclaration juridique mais l’état-civil de Lille ne fait pas mention de cette séparation lors de l’enregistrement de la naissance, déclarée par la sage-femme qui a procédé à l’accouchement ; le père est une nouvelle fois mentionné comme absent.

Louise Victorine Flament se remarie en septembre 1887 à Lille avec un veuf, fileur de coton, Julien Victor Cnudde.

Pour sa part, Charles Marescaux s’installe à Amiens (Somme) avec la plupart de ses enfants, sauf le dernier bébé. Il a une nouvelle compagne, Célinie Tilmont, également originaire du Nord et de 25 ans sa cadette ; elle donne naissance à son neuvième enfant (et première fille) en avril 1888.

En janvier 1890, Charles Marescaux se suicide par asphyxie au gaz de carbone dans une chambre calfeutrée, en entraînant dans son décès les trois garçons qui vivaient avec lui, âgés de 13, 10, et 7 ans.

Les comptes-rendus de presse mentionnent « une maison d’assez belle apparence, composée de deux étages », dans un quartier central de la ville-préfecture de la Somme. Ils signalent que Marescaux était sans emploi depuis août 1889, mais qu’il conservait des bons rapports avec des commerçants qui lui promettaient une nouvelle situation. Célinie Tilmont est présentée comme sa maîtresse, qu’il envisageait d’épouser ; elle s’occupait des trois enfants les plus jeunes (le dernier né étant resté avec sa mère) qui sont décrits comme « très intelligents ». Il n’est fait aucune mention des trois aînés, mais Émile, le plus âgé, mentionnait l’adresse de son père à Amiens lorsqu’il a souscrit, dans cette ville, en novembre 1888, un engagement dans l’armée où il servait en janvier 1890.

Fin décembre 1889, Célinie Tilmont quitte Amiens, peut-être afin de rejoindre sa famille pour la fin d’année. Quand elle revient, le 14 janvier 1890, elle ne peut entrer dans la maison qui est close. Elle va voir une voisine, qui lui dit n’avoir pas vu M. Marescaux depuis une dizaine de jours. Elle se rend alors à la police et revient avec le commissaire et un agent, qui doivent forcer la porte. Une fois entrés, ils constatent que la chambre est hermétiquement fermée, porte et fenêtre obturées par du papier. Ils y découvrent quatre corps, celui du père tenant son aîné dans un lit, et les deux autres sur une autre couche. Sur le sol, des casseroles contenant des cendres de charbon de bois, qui ont produit le gaz mortel. Plusieurs lettres figuraient sur un meuble, dont le contenu n’a pas été publié ; l’une était destinée au procureur. Selon la police, la mort remonterait aux alentours du 4 janvier.

Le premier article est celui publié dans Le Progrès de la Somme, qui a été télégraphié le même jour à une demi-douzaine de quotidiens parisiens et est repris, généralement intégralement, par des journaux dans toute la France (les sites de la Bibliothèque nationale de France permettent d’en identifier 45). Ils rendent compte de ce qu’ils qualifient pratiquement tous de de « drame », ajoutant de nombreux adjectifs : émouvant, épouvantable, horrible, terrible, sombre, de famille. Deux titres se distinguent un peu : L'Observateur français associe le drame à « la misère » (ce qui ne ressort pourtant pas du contenu de l’article) tandis que La Nation titre sur un « émouvant suicide. »

Le Progrès de la Somme, dans son second papier le 16 janvier, évoque l’émotion publique, et les récriminations contre « la conduite de cet homme, père de trois enfants, gentils, intelligents, pleins d’espoir comme on l’est à leur âge, et qui, parce qu’il souffre ou se désespère, assassine — on peut dire le mot — ces chers petits êtres ». Le journal régional écarte l’hypothèse d’un suicide collectif, « Car enfin il n’est pas possible que des enfants de cet âge songent à mourir ! » Un fait trouble le rédacteur : « Marescaux avait un chien qu’il enferma dans sa cour après lui avoir donné à manger pour plusieurs jours ; il avait eu plus de pitié pour son chien que pour ses enfants. »

Le fils aîné, Émile Marescaux (1869-1941), devint un industriel dans la ferronnerie à Paris et Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Le boulevard d’Alsace-Lorraine à Amiens (Arch. dép. Somme)

 

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28 janvier 2025 2 28 /01 /janvier /2025 00:01

Jules Charles Guichard naît le 23 mars 1882 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Adèle Eugénie Cornu et de son marié Jean Charles Eugène Guichard. Sa mère est couturière ; son père, entrepreneur de menuiserie, est officier d’infanterie de réserve et commande la compagnie de sapeurs-pompiers de Joinville. Il meurt en août 1896, quand Jules Charles a quatorze ans.

Bien qu’il aurait pu avoir un service militaire réduit, en tant que fils aîné d’une veuve, Jules Charles Guichard, qui est alors métreur s’engage en avril 1902 et rejoint le régiment sapeurs-pompiers de Paris. Il est nommé caporal en décembre 1904 et retourné à la vie civile en avril 1905. Il épouse en juillet de la même année, à Paris (12e arr.) Florentine Blanche Guidez, couturière, dont il avait eu un enfant peu avant ; il réside alors, avec sa mère, à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et travaille comme chef de service d’expédition et de camionnage pour une compagnie de téléphone.

Le lieutenant Viala, qui avait pris la succession du père de Jules Charles Guichard comme commandant de la compagnie des sapeurs-pompiers de Joinville, démissionne de son poste en février 1906 ; il prend alors la suite et assure la fonction, avec le grade de sous-lieutenant, jusqu’en 1908 et vit dans le quartier de Polangis, avenue Pauline. Il est alors remplacé par Achille Coubleaux.

La famille va s’installer à Bezons (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise), d’abord rue de Pontoise puis rue des Mines-d’Or et enfin rue Blanche-Grisard.

Au cours de la première guerre mondiale, Jules Charles Guichard est d’abord mobilisé en août 1914 au sein du 46e régiment d'infanterie, basé à Fontainebleau. Il est promu sergent fourrier en octobre de cette année-là. Il est blessé début avril 1915 à son poste de combat, ce qui lui vaut une citation à l’ordre du régiment, au cours de la bataille de Vauquois (Meuse), puis à son retour à la fin du même mois, promu au grade de sergent-major. En septembre 1915, il retourne à Bezons où il est détaché au service des téléphones. Il est affecté au dépôt du 32e régiment de dragons en juillet 1917

Après le conflit, en octobre 1919, il lui est reconnu une infirmité évaluée à 10%, et obtient une pension. Il continue à vivre à Bezons et à travailler dans la téléphonie.

Jules Charles Guichard meurt le 13 février 1941 à Bezons. Il était âgé de 59 ans et père d’un fils.

Voir aussi Émile Guichard et les sapeurs-pompiers

Ancienne caserne des sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont

 

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24 janvier 2025 5 24 /01 /janvier /2025 00:01

Charles Laurent Huguenin naît le 25 octobre 1875 à Paris (11e arr.). Il est le fils d’Eugénie Barrot et de son mari Jean Baptiste César Louis Huguenin. Sa mère est couturière et son père employé des Postes ; il est décoré de la Médaille militaire en tant que caporal, du 2e régiment du génie en août 1866, probablement pour avoir participé à l’expédition au Mexique. Il meurt en mars 1886, quand Charles a dix ans. La famille vit rue du Faubourg-Saint-Antoine puis rue de Reuilly (12e arr.).

En 1895, Charles Huguenin a rejoint l’ancienne administration de son père, comme employé du télégraphe ; il vit avec sa mère rue des Batignolles (17e arr.). Il effectue, en novembre 1896, un service militaire plus court que la normale, en tant que fils aîné d’une veuve, au sein du 6e bataillon d’artillerie, basé à Toul, Meurthe-et-Moselle ; il est démobilisé en septembre 1897.

Des manifestations sont organisées en décembre 1899, boulevard et faubourg Montmartre, pour soutenir Paul Déroulède, qui doit être jugé pour avoir tenté de mener avec la Ligue des Patriotes en février un coup d’État, en profitant des obsèques du président de la République, Félix Faure, mais ne reçut pas l’appui de l’armée. Les protestataires d’extrême droite sont rapidement contrés par la police et 250 personnes environ sont arrêtées, dont 70 ont été maintenues en détention pour outrages, injures, rébellion ou voies de fait. Parmi elles, Charles Huguenin, télégraphiste.

Le premier mariage de Charles Huguenin est célébré en juillet 1899 avec Joséphine Marie Nugues à Paris (17e arr.). Ils divorcent en novembre 1918.

Devenu commis des Postes, télégraphes et téléphones (PTT), affecté à la ligne du Nord-Ouest, Charles Huguenin vit désormais à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il se remarie en septembre 1921 à Paris (5e arr.) avec Marcelline Prudhomme, employée des Postes. Qui vit aussi à Joinville. Ils s’installent dans le quartier de Palissy, avenue du Président-Wilson puis avenue des Familles.

Dans sa nouvelle commune, Charles Huguenin s’implique dans les activités associatives, d’abord en matière sportive. Il est un des créateurs en octobre 1919 de l’Union sportive de Joinville (USJ), présidée par Stephen Durande, futur maire de la commune. Il en devient vice-président en septembre 1920. En décembre 1937, il prend part également à la fondation de l’Amicale sportive de Palissy, basée dans son quartier.

Y apportant ses compétences techniques, il occupe également en février 1926 la fonction de secrétaire trésorier dans le Radio club de Joinville, présidé par un autre télégraphiste, René Girot. C’est en compagnie de ce même Girot, qui est d’ailleurs un de ses voisins, que Huguenin fait sur sa barque une visite par Girot de la Marne entre Neuilly-sur-Marne et Joinville en octobre 1926. Alors que la commune connaît des inondations de faible ampleur, ils constatent le peu de travaux de protection faits depuis les submersions spectaculaires de 1910. Ils préconisent la création d’une association de défense des riverains et réclament la démolition du barrage de Joinville, « maudit de tous les riverains » selon eux.

Sur le plan professionnel, Charles Huguenin est promu contrôleur en décembre 1923 et muté à la ligne PLM. Il est inscrit sur le tableau d’avancement au grade de chef de brigade pour les années 1926-1927.

Des élections municipales sont organisées en octobre 1934 à Joinville, pour pourvoir à dix sièges de conseillers municipaux devenus vacants suite à des décès et démissions depuis le scrutin de mai 1929. La vie politique locale est agitée entre la municipalité, dirigée par Georges Briolay, radical-socialiste, et qui avait été élue dans le cadre d’un groupement des gauches non communistes qui a depuis éclaté, et une droite qui s’est regroupée dans le Comité d’union républicaine et d’action sociale, présidé par Émile Lecuirot, banquier et président du club sportif local le plus prestigieux, la Société nautique de la Marne.

Sachant que le mandat des nouveaux élus sera court, puisque les élections municipales générales auront lieu en mai 1935, l’équipe municipale et la droit se mettent d’accord pour soutenir ensemble une liste dite Concentration républicaine. Elle a pour concurrents une liste du parti communiste, une autre du Parti socialiste SFIO et un Groupe indépendant, qui comprend des libéraux mais aussi des radicaux-socialistes, pas satisfaits de l’accord entre Briolay et Lecuirot. Le Groupe indépendant arrive en seconde position avec 26% des suffrages exprimés, derrière la Concentration républicaine (37%) tandis que PCF et SFIO obtiennent chacun 18%. Huguenin a recueilli 585 voix, soit 25,5% des 2 297 exprimés pour 2 360 votants sur 3 225 inscrits. Au deuxième tour, le Groupe indépendant et la SFIO retirent leurs candidatures, et la Concentration républicaine emporte les dix sièges, avec 60% des voix devant les communistes.

Le scrutin de mai 1935 se tient alors que l’alliance entre la droite et le centre gauche a éclaté. Le Groupement des gauches du maire sortant, Briolay, arrive à la deuxième place avec 27%, derrière la droite, à 33%, tandis que les communistes forts de 25% devancent les socialistes (12%). Ces deux dernières listes fusionnent, tandis que la droite et les radicaux maintiennent leurs candidatures. Cependant, trois des colistiers de Briolay, probablement inquiets de la possibilité d’une victoire de la gauche, se retirent. Huguenin, qui n’était pas présent au 1er tour, accepte de rejoindre la liste du Groupement des gauches. Elle est nettement battue, avec 20% des suffrages exprimés et aucun élu, tandis que la droite (41%) prend 25 sièges, en laissant deux à la gauche. Huguenin a obtenu 561 voix, soit 19,4% des 2 899 exprimés pour 2 924 votants sur 3 433 inscrits.

Charles Huguenin meurt le 23 juin 1954 à Joinville. Il était âgé de 78 ans et n’a, semble-t-il, pas eu d’enfant.

Tentative de coup d’État du 23 février 1899 : Déroulède saisit la bride du cheval du général Roget. Paru dans L'Illustré national (Wikipédia)

 

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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 20:50

Jean Louis Le Pennec naît le 30 septembre 1924 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Angélique Le Cain et de Louis Le Pennec. Tous deux sont originaires des Côtes-du-Nord (act. Côtes-d'Armor). Louis travaille comme chauffeur à l’usine des eaux de la Ville de Paris, sise à Joinville. Ils vivent dans le centre-ville, rue de Paris.

Sa mère décède en juillet 1926, alors qu’il est âgé d’un an. Son père se remarie en décembre 1927 à Joinville avec Anne Marie Le Cain, elle-même veuve et sœur aînée de Marie Angélique. Louis Le Pennec meurt en février 1940, quand Jean a 15 ans.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Le Pennec devient opticien. Peut-être requis, en raison de son âge (19 ans), au Service du travail obligatoire, imposé par les autorités allemandes avec la coopération du régime de Vichy, Le Pennec est arrêté en Allemagne, à une date inconnue, et déporté à Darmstadt. La ville héberge une industrie de guerre, avec notamment la firme Hans Heymann qui produit des pièces pour les missiles V2, en cours de développement. Le kommando de Darmstadt est formé le 31 août 1944 avec des détenus du camp de concentration de Sachsenhausen. Il est cependant rapidement démantelé, avec le bombardement de Darmstadt dans la nuit du 11 au 12 septembre.

Préalablement, Jean Le Pennec avait envoyé au camp de concentration de Dachau (Bavière) où il est enregistré le 9 septembre 1944. De là, il est expédié au camp de Mauthausen (act. Autriche) une semaine plus tard, le 16 septembre. Il est affecté à un kommando satellite, celui d’Ebensee, où il arrive le 19 ou le 20 octobre.

Ebensee fut une annexe du camp de concentration de Mauthausen, ouverte en novembre 1943. Des milliers de déportés y ont travaillé à la construction de tunnels dans les montagnes, destinés à accueillir des usines d'armement. Selon les historiens du camp, les prisonniers travaillaient près de 14 heures par jour et se relayaient pour que l'activité des chantiers soit assurée 24 heures sur 24. La mortalité très importante est notamment due aux modalités d'hébergement totalement inadaptées aux conditions hivernales et aux rations de nourriture qui, au mieux, consistaient en un demi-litre d'un ersatz de café, de trois-quarts de litre d'une soupe de pelures de pommes de terre et de 150 grammes de pain. On estime à environ 20 000 le nombre de prisonniers qui y ont trouvé la mort. Aux derniers jours de la guerre, la mortalité atteignait 350 hommes par jour. Le camp est libéré le 6 mai 1945.

Jean Le Pennec y est mort trois semaines plus tôt, le 15 avril 1945. Son décès est transcrit sur les registre d’état-civil de Joinville-le-Pont et la mention « Mort en déportation » y est ajoutée, par suite d’un arrêté du 26 octobre 2016.

Son nom figure sur le monument aux morts de Joinville et dans le Mémorial des déportés du Val-de-Marne.

Le camp d’Ebensee en construction

 

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18 décembre 2024 3 18 /12 /décembre /2024 00:01

Lucie Glasener naît le 6 août 1891 à Bionville, Meurthe-et-Moselle. Elle est la fille de Marie Amélie Petit et de son époux Jean Nicolas Augustin Glasener. Son père, natif du village, est d’abord ouvrier agricole puis tisserand (comme une grande part de la famille) et aurait été ensuite voiturier. Sa mère est originaire du village voisin, Allarmont, situé dans le département des Vosges même s’il n’est séparé de Bionville que par une modeste rivière, La Plaine. Le couple a eu huit enfants, dont sept filles, Lucie étant l’avant-dernière.

La famille vit dans le hameau des Noires Colas, qui compte, en 1896, 140 habitants sur les 509 de la commune ; il n'en aura plus que 57 en 1921, Bionville ayant alors perdu plus de la moitié de sa population (227 h.). Après l’an 2000, on compte un peu plus de 100 personnes dans le territoire. Un oncle de Lucie, Jean Baptiste Glasener, fabricant de broderies, était adjoint au maire du village en 1876.

En 1911, Lucie Glasener est domestique, au service de Charles Lecuve, industriel du bois, qui vit à Allarmont, dont il est maire depuis 1904. Il a trois enfants.

Au début de la première guerre mondiale, les villages de Bionville et Allarmont sont envahis par l’armée allemande, comme toute la partie supérieure de la vallée de la Plaine. Comme d’autres otages pris dans les communes voisines, le maire Charles Lecuve et le curé d’Allarmont, l'abbé Alphonse Mathieu sont arrêtés le 24 août 1914, sans justification particulière. Ils sont fusillés à quelques centaines de mètres, sur le territoire de Celles au lieu-dit le carrefour de la Soye.

Lucie Glasener reste au service de Maria Julie née Mathieu, l’épouse de Charles Lecuve et s’occupe des trois enfants, Charlotte, Pierre et Marthe. Le village reste sous occupation allemande pendant toute la durée du conflit.

En 1926, Lucie Glasener est toujours à Allarmont avec Maria Lecuve et ses deux cadets. Elle répond, en août 1931 à un appel de la sous-section de Bionville de l’association des anciens combattants pour financer le drapeau des anciens combattants de la commune. La plus jeune des filles Lecuve, Marthe, y participe aussi « en mémoire de son père fusillé par les Allemands ». Toutes les deux ont versé cinq francs, et la collecte totale est de 521 francs.

C’est le 6 septembre 1931, sous une pluie battante, que les dix-huit anciens poilus de Bionville reçoivent leur drapeau, en présence de camarades venus de Badonviller et d'Allarmont, avec une fanfare. C’est le colonel Chanal, commandant le 158e régiment d'infanterie, qui procède à la remise, auprès de Fortier, président de la sous-section locale.

En 1936, Lucie Glasener vit à Aubervilliers, rue des Cités, dans la maison de Paul Vatelot, industriel de la literie, et de son épouse Charlotte, la fille aînée de Maria Lecuve. Ils ont trois enfants, Bernard, Nicole et Françoise. Ils retournent tous les étés dans la maison d’Allarmont et s’y trouvent au moment de la nouvelle occupation allemande en 1940. Une grande partie de la maison Lecuve est réquisitionnée par l’armée allemande.

Ayant pris sa retraite, Lucie Glasener réside en 1966 dans une partie de sa maison natale, aux Noires Colas.

Lucie Glasener meurt le 30 mars 1980 à Raon-l’Étape (Vosges), où elle était hospitalisée. Elle était âgée de 89 ans.

Cérémonie patriotique à Allarmont, années 1920

 

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6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 00:01

Mise à jour de l’article « Vernière et le projet inabouti des logements sociaux de Polangis » du 04/11/2019 après accès à de nouvelles archives.

Albert Jean Baptiste Vernière naît le 9 février 1871 à Montilly (Allier). Il est le fils de Catherine Élisa Guillet et de Pierre Vernière ; ses deux parents sont instituteurs, comme le sera également sa sœur Marie Denise, épouse de Jean Forge (1869-1940).

Pour sa part, Albert Vernière fait des études scientifiques, d’abord à Paris. À 18 ans, il devance l’appel au service militaire et s’engage, pour trois ans, à Paris (3e arr.) en octobre 1889 et est affectée au 125e régiment d'infanterie. Il revient à la vie civile en septembre 1892 et effectue des périodes en tant que réserviste en octobre 1897 et mars 1902.

Il reprend des études en Languedoc, à l’université de Montpellier (Hérault). Albert Vernière enseigne à l’institution Saint-Louis-de-Gonzague, établissement catholique privé à Perpignan (Pyrénées-Orientales). C’est dans cette ville qu’il épouse, en février 1898, Adrienne Micheline Sarda, fille d’un important minotier établi dans le quartier du Haut-Vernet.

Pour l’activité professorale, le couple va s’installer en région parisienne, d’abord à Courbevoie en 1900. Mais il continue à avoir des relations fortes avec l’Occitanie ; c’est à Perpignan, dans la demeure des beaux-parents, que naissent en septembre 1900 et mars 1903 leurs deux premiers enfants. Vernière fait, en octobre 1902 une conférence sur « la liberté d'enseignement » à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales). Il obtient son certificat d'études, physiques, chimiques et naturelles de la Faculté des sciences de Montpellier en juin 1903.

Désormais installé durablement autour de la capitale, les Vernière vivent à Antony (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1904-1905. Puis après avoir cessé son métier de professeur, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident en 1907 quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette) puis en 1908 dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, avenue du Chalet (villa Schaken) et en 1909 de nouveau à Joinville, avenue des Platanes.

La Compagnie générale de phonographes, cinématographe et appareils de précision (société Pathé-frères), dirigée par Charles Pathé et implantée à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) se lança dans la fabrication industrielle de films vierges en 1906 et créa les laboratoires de Joinville, dans le quartier de Palissy.

Vernière est, sans doute à partir de 1906, employé de la société Pathé qui lui confie une fonction s’apparentant à celle d’un chargé des relations extérieures. Il dispose d’un statut confortable, puisqu’une voiture et un chauffeur sont mis à sa disposition. Il veut construire des habitations à bon marché sur un terrain dont elle est propriétaire, boulevard de Polangis. La coopérative à capital variable Union des Prévoyants de Polangis est mise en place en juin 1908. C’est, en France, une des premières institutions de ce type. Son siège est fixé chez Paul Alombert, commissaire vérificateur, rue Chapsal, à Joinville. Vernière publie des affiches, informant les joinvillais sur le projet coopératif et sa finalité.

Dotée d’un capital de départ de 30 000 francs, l’institution attire, selon la presse locale, de nombreux souscripteurs, et a placé, en octobre 1908, 3 800 billets pour 19 000 francs. En 1912, le bilan de l’Union des Prévoyants de Polangis mentionne des obligations remises à la caisse des dépôts pour un montant de 66 000 francs. Un rapport de 1922 évalue ses fonds à 200 000 francs. Cependant, il semble qu’aucune construction sociale n’ait été faite par la coopérative, qui n’existe plus au moment de la constitution du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville en avril 1931.

Dans la société Pathé, Vernière s’occupe des rapports avec la municipalité. Les relations sont difficiles, plusieurs élus et d’autres personnalités locales critiquant par exemple la construction de la cheminée. Quand l’usine demande à augmenter son stock de celluloïd, l’assentiment du conseil municipal n’est donné que sous réserve de précautions. Pour faire pression sur les élus, Vernière fait circuler un mot d’ordre de vote contre Henri Vel-Durand, candidat radical-socialiste au conseil d’arrondissement en juin 1908. Il sera cependant réélu, contre un candidat socialiste indépendant, René Martin et un socialiste SFIO, Tranchant.

En avril 1908, Vernière est président d’un comité d’action sociale qui dialogue avec les socialistes SFIO de Joinville, notamment Henri Lacroix. Il aurait été constitué en 1906, alors que Vernière avait demandé à adhérer au comité radical-socialiste. En juillet 1908, Vernière suspend son comité d’action sociale et rejoint le comité républicain-socialiste indépendant, dit évolutionniste, ce qui provoque le départ d’un de ses fondateurs, Eugène Hainsselin.

Hainsselin et Vernière vont cependant se réconcilier rapidement, et ce dernier soutient la publication du journal L’Indépendant, publié par Hainsselin, syndicaliste et ancien socialiste-révolutionnaire puis socialiste SFIO, mais qui a aussi le soutien de Gaston Méry, conseiller municipal réactionnaire de Paris, rédacteur au journal d’extrême-droite La Libre Parole.

En octobre 1908, les évolutionnistes Hainsselin, Martin et Vernière font alliance avec Théophile Leteuil, ancien conseiller municipal radical-socialiste démissionnaire.

Vernière quitte la maison Pathé vers la fin de 1908.

Les années 1900 sont ceux de déboires avec l’armée. Peut-être du fait de ses déménagements qu’il n’aurait pas signifié, il ne répond pas à des appels pour effectuer des périodes de réserve. En novembre 1907, il est déclaré « insoumis », une mesure levée en novembre 1910 pour prescription ; mais il est de nouveau inscrit sur les registres de l’insoumission en mars 1911.

Au cours de la première guerre mondiale, résidant alors à Paris (20e arr.), rue Duris, Albert Vernière est arrêté par la police en septembre 1915. Une ordonnance rendue en octobre prononce un non-lieu à son égard, et il est affecté au 98e régiment territorial d'infanterie. Cependant, il ne rejoint pas son poste, du fait de son statut d’homme marié père de trois enfants vivants.

N'exerçant plus de profession, Albert Vernière vit à Ardillières (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime), sans doute auprès de son père. Il meurt dans ce village de l’Aunis le 25 avril 1918. Âgé de 47 ans, il était divorcé et avait eu quatre enfants, dont un mort en bas âge.

L’usine Pathé à Joinville-le-Pont ; les bâtiments et la cheminée sont toujours existants en 2024

 

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18 octobre 2024 5 18 /10 /octobre /2024 00:01

Louis Victor Gautherot naît le 12 février 1878 à Vieure, Allier. Il est le fils de Pauline Cornier et de son époux François Auguste Gautherot, jardinier, qui vivent au village de Lasalle.

La famille Gautherot s’installe à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où le père et les deux fils aînés travaillent comme jardiniers fleuristes.

Le service militaire de Louis Gautherot se déroule entre novembre 1899 et septembre 1900 au sein du 31e régiment d'infanterie, avec une dispense d’un an, son frère aîné étant déjà sous les drapeaux.

En mars 1901, Louis Gautherot épouse Rose Pannetier, également auvergnate, native de l’Allier et fille d’une épicière de Saint-Maurice. Ils vont s’installer à Boulogne (Seine, act. Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine) et Louis Gautherot va travailler pour la Ville de Paris, toujours comme jardinier.

Au cours de la première guerre mondiale, Louis Gautherot est mobilisé, d’abord en août 1914 au 39e régiment territorial d'infanterie, en décembre 1917 au 340e puis en novembre 1918 au 26e. Il est démobilisé en janvier 1919.

Prenant sa retraite vers 1928, Louis Gautherot s’installe avec son épouse et leur fille à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune limitrophe de Saint-Maurice, mais dans le quartier de Polangis, qui est partagé avec Champigny. À la faveur d’un déménagement dans la même rue, le boulevard de Polangis, ils vont d’ailleurs rejoindre cette nouvelle commune à la fin des années 1930.

Au cours des élections municipales de mai 1935, Louis Gautherot se présente, en 13e position, sur la liste des 14 candidats présentés par le Parti socialiste SFIO. Elle est conduite par Robert Derivière, employé et arrive, au premier tour, en quatrième position avec 12,3% des votes, derrière l’Union des républicains (droite, 32,6%), le Groupement des gauches de la municipalité sortante (radicaux-socialistes et socialistes indépendants, 26,8%), et les communistes (23,5%). Louis Gautherot obtient 346 voix pour 3 433 inscrits, 2 923 votants et 2 856 exprimés, soit 12,1%. Au second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent, et, eu égard à son rang, Gautherot ne figure pas sur la nouvelle candidature de Front populaire, qui obtient deux sièges, contre vingt-cinq à la droite et aucun aux sortants radicaux.

Louis Gautherot meurt le 30 août 1943 à Champigny-sur-Marne, toujours domicilié boulevard de Polangis. Il était âgé de 65 ans et père de deux enfants.

Il avait obtenu, en juillet 1924, la Médaille d’honneur agricole puis avait été fait, en février 1927, chevalier du Mérite agricole.

Vue de Polangis, s.d., Arch. dép. Val-de-Marne

 

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