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8 mai 2025 4 08 /05 /mai /2025 00:01

Suite de la biographie de Napoléon Casalini

L’ancien officier de cavalerie italien puis agent secret de la reine d’Espagne Isabelle II, Napoléon Casalini a établi définitivement sa résidence en France. Vers 1874, il rejoint comme professeur de musique l’institution Rousseau-Quirot, établie dans un vaste parc, rue de Paris à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et qui prendra ensuite le nom d’école du Parangon, selon le nom de l’ancienne demeure du 17ème siècle, qui fut la propriété de Mme de Lafayette.

L’école privée laïque est dirigée par Ferdinand Rousseau, maire de Joinville et par Nicolas- Quirot. Elle comprend un pensionnat de garçons et prépare au baccalauréat des élèves français et étrangers, avec 130 élèves en 1896 (dont 15 étrangers). De même que les dirigeants, la plupart des enseignants, dont Casalini, résident sur place. Il enseigne la musique. En 1889, Jules Rousseau prend la succession de son père et de Nicolas Quirot, tous deux décédés. À sa mort en 1897, c’est son frère, le Dr Henri Rousseau, qui devient directeur. C’est probablement à ce moment-là que Napoléon Casalini est nommé sous-directeur le l’établissement.

Répertorié en 1891 comme « étranger », il est inscrit, en 1892, au fichier central de la Sûreté nationale. Il est enregistré comme « français » au recensement de l’année 1896. Sa fonction à la direction de l’école du Parangon est décrite par un ancien élève, Charles Pâquet, petit-fils du maire de Joinville-le-Pont à cette époque, le radical-socialiste Eugène Voisin : « L'autorité était concentrée dans les mains du sous-directeur, Napoléon Casalini. « Casa » était la figure légendaire du Parangon. Il criait, il sifflait beaucoup, et il faisait très peur quand on le voyait descendre de sa chambre, qui était au-dessus du vestiaire, vêtu d'un grand capuchon dans lequel il se drapait jusqu'aux chevilles. Les élèves punis au piquet étaient assurés, à chacune de ses allées et venues, lorsqu'il passait près d'eux, de recevoir une gifle, car il avait la main leste ». Mais il en garde aussi un souvenir plus positif : « Cet Italien était aussi un maestro, un musicien de grand talent, que les élèves aimaient entendre chanter ou jouer du piano ou encore raconter ses exploits guerriers car, ce n'était pas le moindre élément de son pittoresque. »

À la fin du 19e siècle, le Dr Henri Rousseau et son épouse, l’écrivaine Louis Rousseau, transforment le pensionnat du Parangon en « école coloniale ». Elle vise à fournir un enseignement pratique, pour former des colons et assurer la mise en valeur des colonies et protectorats français. Elle obtient un soutien significatif des autorités politiques et des milieux coloniaux, notamment de l’Alliance française. L’école accueille aussi des élèves assez nombreux, venant notamment d’Indochine, d’Afrique occidentale et de Madagascar. 

Continuant d’exercer ses fonctions de sous-direction, Napoléon Casalini prend également en charge d’autres activités. Il est ainsi un des animateurs de la Société de gymnastique du Parangon, créée en janvier 1910, qui, outre le développement du sport, contribue à la préparation militaire. La même année, il prend part à la fondation de la Société de tir de Joinville-le-Pont, dont le docteur Rousseau est le président et qui a pour directeur Antoine Poulitou (1878-1911), instructeur à l’école de gymnastique de Joinville et franc-maçon.

N'abandonnant pas la musique, Casalini exécute un solo de mandoline en février 1907 lors d’une réunion à Paris organisée par L'Yonne radicale et radicale-socialiste, organisation dont s’occupe un instituteur joinvillais, Basile Nivelet.

Intéressé aussi à l’image imprimée, Casalini devient en 1892 membre de la Société d'excursions des amateurs de photographie. Il l’est toujours en 1899.

Au début de la première guerre mondiale, l’école du Parangon tente, sans grand succès, de continuer son activité. Elle accueille également, à l’initiative des époux Rousseau, une association philanthropique, l'Œuvre de patronage et d'hospitalisation des Enfants pendant la guerre, dont le statuaire et graveur en médailles Jules Édouard Roiné (1857-1916), médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1900, est le vice-président.

Après la fin du conflit, Napoléon Casalini est installé en dehors de l’école du Parangon, qui a cessé de fonctionner, mais toujours rue de Paris à Joinville. Il est encore professeur de musique en 1921, à l’âge de 78 ans.

Napoléon Casalini meurt le 19 septembre 1927 à Joinville, dans son domicile de la rue de Paris, à l’âge de 83 ans. Il est présenté comme rentier et célibataire dans l’état-civil. Il laisse un testament olographe.

Décoré de l'ordre italien de Saint-Maurice et de Saint-Lazare pour son action militaire, il avait également reçu des récompenses françaises. Au titre des Palmes académiques, il avait été fait officier d'académie en février 1898 puis officier de l’instruction publique en janvier 1913 pour ses fonctions de sous-directeur de l'institution du Parangon et de professeur de musique. Il avait également été récipiendaire en août 1912 d’une lettre de félicitations du ministre de la guerre, Alexandre Millerand, pour son action au sein de la société de gymnastique du Parangon.

Fin 

Portrait de Napoléon Casalini, La Dépêche coloniale illustrée 1913/01

 

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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 00:01

Début de la biographie de Napoléon Casalini

Gaspard Napoléon Hercule Casalini naît probablement en 1843 à Rome (États pontificaux, act. Italie). Son prénom de naissance est Napoleone, mais il utilisera ensuite une forme francisée pour son état-civil/ Selon le témoignage d’un de ses anciens élèves (l’architecte Charles Pâquet), rédigé en 1951 et se référant à la fin des années 1890, il aurait été « un ancien officier de cavalerie, un des seuls survivants alors, disait-on, de la guerre d'Italie, et décoré de l'ordre de Saint-Maurice et de Saint-Lazare ». Si son statut militaire et sa décoration sont possibles, sa participation à la guerre d’Italie en 1859 ou aux opérations ultérieures jusqu’à la proclamation du royaume d’Italie en mars 1861, paraît difficile, vu son jeune âge. Mais les élèves de l’institution du Parangon, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il enseignait, aimaient, d’après Ch. Pâquet, l’entendre « raconter ses exploits guerriers. »

Marié avec Adèle Sforza Cesarini, également native de Rome et qui porte le nom d’une famille aristocratique, Napoléon Casalini, vit à Paris en 1869.

La reine d’Espagne, Isabelle II, avait fait face à un coup d’État du général Juan Prim et contrainte à un exil en France le 30 septembre 1868. Désireuse d’obtenir des renseignements sur la situation dans son pays, elle confie une mission secrète en Espagne au comte de Labruyère. Avec l’accord de la souveraine déchue, ce dernier s’adjoint un secrétaire, Napoléon Casalini, chargé de transmettre une correspondance chiffrée dont son épouse, Adèle Casalini, est seule à posséder la clé de déchiffrement.

Dans le cadre de cette mission, Napoléon Casalini se rend en Espagne, pendant six semaines, du 1er janvier au 15 février 1869, après avoir perçu une avance pour ses frais de 10 000 francs. À son retour, il fait état de dépenses supplémentaires et réclame une somme supplémentaire de 15 000 francs. Plusieurs démarches amiables son faites auprès de l’ancienne souveraine, y compris de sa belle-mère, qui souligne que sa fille a dû engager ses bijoux pour couvrir les traites faites par son époux espion. Après l’échec de ces tentatives, Casalini s’adresse au tribunal civil de Paris par une assignation adressée à l’ancienne reine et à son mari, don François d’Assises, le 20 juillet 1869.

Il recrute l'avocat Denis-Charles Duverdy, maire de Maisons-Laffitte, et un procès se tient le 9 février 1870 au palais de justice. Napoléon Casalini a engagé l’action en son nom propre et en celui de son épouse, mais cette dernière est décédée à Paris le 12 janvier. L’avocat des défenseurs soulève l’argument de l’incompétence du tribunal, arguant qu’il s’agit d’un conflit entre étrangers et qu’il ne relève donc pas de la justice française. Me Duverdy considère qu’une exception à cette règle est prévue, quand les parties sont domiciliées en France. Le juge se range à son argument et se déclare compétent, condamnant le couple royal aux dépens, et renvoyant débat sur le fond à une audience ultérieure. Elle n’aura pas lieu, la défense ayant fait appel.

Le jugement en appel se tient le 8 juillet 1870 devant la première chambre de la Cour impériale de Paris. Il commence par un « fait sans précédent » selon le quotidien La Liberté, l’avocat de la reine d'Espagne s’étant fait voler toutes les pièces d'un procès après les avoir déposées chez l'habilleur. Il aboutit à un renversement de la décision de première instance, soulignant que les anciens souverains espagnols avaient reçu un asile en France, mais n’y avaient pas établis leur domicile. De ce fait, il déclare l’incompétence de la justice française, renvoie les parties à se pourvoir devant la justice espagnole et condamne les époux Casalini aux dépens de première instance et d’appel.

À suivre

La reine Isabelle II d’Espagne et son mari, don François d’Assises (Wikipédia)

 

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4 mai 2025 7 04 /05 /mai /2025 00:01

Mise à jour de l’article paru le 12 novembre 2014.

Suite de la biographie de Joseph Fournier

Joseph Michel Fournier, qui vit rue de la Pissotte à Vincennes, retrouvera un poste d’administrateur du département le 18 messidor an 7 (6 juillet 1798) mais est destitué par le Directoire exécutif dès le 28 fructidor (14 septembre) la même année. Il conteste sa révocation dans le journal L'Ennemi des oppresseurs, publié par Charles Duval en signant « Fournier, républicain pour la vie ». Il s’adresse à Pierre-François Réal qu’il qualifie de « encore commissaire du directoire exécutif près l’administration centrale du département de la Seine » auquel il reproche « sa négligence ordinaire. »

Une lettre ouverte, qu’il paraphe avec deux autres administrateurs révoqués, Raisson et Lefebvre est incluse dans un article du Journal des hommes, sur la « Propension du pouvoir à tout envahir » et la « Nécessité de résister à ses entreprises » insiste de nouveau sur « un événement aussi récent qu’inouï » qui a provoqué leur départ, la liste des jurés que Réal a voulu changer, contre les règles du tribunal criminel.

Toujours désireux de servir l’administration républicaine, Fournier demande à devenir sous-préfet. Il n’obtient pas satisfaction mais devient, en l’an 9 (1801) la direction de la filature de lin et de chanvre, maison de Mesme, installée à Paris, rue Saint-Avoye (act. rue du Temple, 3e arr.). Le 2 prairial an 10 (22 mai 1802), il accueille le ministre de l’intérieur, Jean-Antoine Chaptal, chimiste et médecin, qui visite sa filature. Il lui présente les machines qu’il a mises au point pour traiter le lin et le chanvre. Ses produits et machines sont montrés au public, lors des sept jours de la troisième Exposition des produits de l'industrie française dans la cour carrée du Louvre à Paris de l’an 10 (1802). Dans un roman historique, Messidor An II - Dans les mirages de la foi (Mémogrames, 2025), l’écrivain Charikov met en scène un dialogue houleux entre un jeune homme et Fournier. Séverin disait « La mécanique est ingénieuse, mais le résultat est fort imparfait. Trop de déchet, des fils trop courts, trop épais et cassants… ». Il reprochait à Fournier d’appliquer au lin les mêmes procédés que ceux que l’on applique au coton, malgré la différence des matières. Cependant, le jury de l’exposition accorda à Fournier une mention honorable.

Joseph Michel Fournier quitte semble-t-il sa fonction d’entrepreneur textile en nivôse an 11 (janvier 1803). Il a, en 1807, un poste de receveur du droit de navigation à Sierck-les-Bains, Moselle. Sa femme donne naissance en 1809 à un de leurs enfants en Allemagne, à Prüm (duché du Bas-Rhin, act. Rhénanie-Palatinat).

Peut-être est-ce Joseph Michel le « Fournier, propriétaire à Pantin », qui fait partie du collège électoral d'arrondissement de Saint-Denis en novembre 1807 chargé de choisir les candidats pour le Conseil d'arrondissement. Il est membre de ce conseil de 1812 à 1821.

Ayant repris sa carrière dans l’enseignement, Joseph Michel Fournier est principal du collège à Pontoise (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Il devient en mars 1818 associé correspondant de la Société pour l'instruction élémentaire. Quittant la région parisienne, Fournier est nommé en octobre 1820, principal de collège à Gannat (Allier). C’est une institution communale et il exerce toujours la fonction en 1836, à 72 ans. Son fils aîné, Joseph Aimé, est professeur dans le même établissement.

Joseph Michel Fournier meurt le 11 avril 1843 à Paris (2e arr.). Il était domicilié rue de la Tour d'Auvergne. Âgé de 80 ans, il était père de six enfants. Il est inhumé le 17 au cimetière de Montmartre (act. Paris).

Fin 

Ancienne école de Gannat, peut-être à rapprocher du collège dirigé par Fournier

 

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2 mai 2025 5 02 /05 /mai /2025 00:01

Mise à jour de l’article paru le 12 novembre 2014.

Début de la biographie de Joseph Fournier

Joseph Michel Fournier, naît à Chartres (Eure-et-Loir) le 6 avril 1763 selon les documents d’état-civil ultérieurs ; son baptême, le 10 avril, est enregistré dans l’église Saint-Hilaire de Mainvilliers, qui est devenu plus tard une commune limitrophe de Chartres. Il est le fils de Jeanne Brissot et de son mari, Joseph Fournier. Ce dernier, issu d’un maître charpentier éponyme, est alors compagnon menuisier ; à partir de 1766, il se présente comme apprêteur de bas (modiste fabricant) et sera ensuite sacristain.

Devenu instituteur, Joseph Michel Fournier épouse à Paris en mai 1789 Madeleine Grillon. Maître de pension à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en 1791, il est également le secrétaire greffier de la mairie. En 1792, il est désigné comme représentant du canton de Pantin au département de la Seine ; il figure sur la liste des candidats pour les fonctions d’administrateur du département en décembre 1792 et janvier l’année suivante, mais n’est pas élu par l’Assemblée électorale. Sans doute faut-il l’assimiler à Joseph Michel Fourmis, nom par ailleurs inconnu, mais qui figure sur la liste des huit électeurs du canton de Pantin en 1792, seul représentant de sa commune. L’Assemblée électorale de Paris, dans sa séance du 19 janvier 1793 examine une lettre dudit Fourmis, qui demande à se disculper, « ayant ouï dire qu’il avait été inculpé » ; l’instance départementale passe à l’ordre du jour, relevant que « le citoyen Fourmis n’a point été inculpé. »

C’est l’administration municipale de Pantin, dont il est le secrétaire, qui décide de son divorce, à sa demande, en floréal an 2 (mai 1794). Le maire de Pantin, François Roullier, son frère, le cultivateur Jacques Roullier, le greffier du juge de paix cantonal Jean Baptiste Lacombe ainsi qu’un membre du comité de surveillance révolutionnaire du canton, Jean Kauffmann, témoignent de l’absence de Madeleine Grillon de la maison maritale depuis plus de six mois ; elle ne répond pas à la convocation et réside chez Ganzer, cultivateur à Pantin.

En l’an 4 (1796) Joseph Michel Fournier est nommé commissaire du Directoire exécutif du département dans le canton de Colombes (Seine, act. Hauts-de-Seine) ; il exerce la même fonction à partir de vendémiaire an 5 (septembre / octobre 1796) pour le canton de Vincennes (act. Val-de-Marne).

Nommé membre de l’Administration centrale du département de la Seine par le Directoire exécutif, sans doute en fructidor an 4, il est le seul représentant de la banlieue parmi les cinq administrateurs, et est en charge des biens nationaux et du contentieux des émigrés. Le collège est présidé par Joubert. Il appelle, avec ses collègues, à l’inscription sur les registres civiques en insistant : « Ne vous privez par, par votre négligence, du titre glorieux de citoyen français ».

De nouveau désigné le 28 fructidor an 5 (14/09/1797), il sera remplacé au renouvellement semestriel de germinal an 6 (mars / avril 1798), toujours avec Joubert comme président. Incitant à la participation aux administrations municipales, il assure, en compagnie des autres administrateurs, que voter est faire « exercice du premier des droits d’un peuple libre. »

Remarié en messidor an 5 (juin 1797) à Vincennes avec Marie Catherine Geneviève Bourdon, Joseph Michel Fournier est domicilié dans cette commune rue du Midi. Il a pour témoins des fonctionnaires de l’administration municipale du canton, du corps législatif du Conseil des Cinq-cents et du ministère de l’intérieur. Il préside l'administration cantonale de Vincennes en l’an 6 (1798), signant par exemple le registre d’état-civil de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (act. Joinville-le-Pont) comme agent municipal le 30 brumaire. C’est peut-être lui qui est inscrit sur la liste des notables communaux du département de la Seine de l’arrondissement de Sceaux en fructidor an 9 (1801), sous la désignation de « Fournier, limonadier à Vincennes. »

À suivre

Vue de Pantin en 1814 (Wikipédia)

 

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30 avril 2025 3 30 /04 /avril /2025 00:01

Auguste Louis Casiez naît le 12 octobre 1846 à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Valentine Marie Constance Montraisin et de son époux Louis Eugène Casiez. Son père, originaire de Saint-Omer (Pas-de-Calais) est perruquier ; il sera ultérieurement facteur des Postes. La famille, dont il est le dernier des six enfants, vit route de Saint-Mandé.

Devenu bijoutier, Auguste Casiez épouse, en décembre 1869 à Charenton, Augustine Victorine Coudret, blanchisseuse. Ils restent vivre à Charenton, rue de Paris.

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, son père Louis Eugène Casiez (1803-1880), bien qu’ayant déjà 66 ans, est engagé dans la Garde nationale, en tant que tambour-maître au 51e bataillon ; son frère aîné, Alexandre Casiez (1841-1906), combat également dans le 55e bataillon de la Garde, en tant que sergent-fourrier. Il poursuit son activité sous la Commune de Paris, la Garde ayant refusé de rendre les canons stationnés dans Paris comme le réclamait les forces d’occupation allemandes après la capitulation. Il sera arrêté puis condamné par le conseil de guerre à 13 mois d’emprisonnement. Auguste prend sa défense dans la presse après le procès en août 1872.

Ayant développé son activité dans le 1er arrondissement de Paris, la famille s’installe en 1875 d’abord rue Saint-Honoré puis rue Sainte-Anne, où il forme en mai 1876 une société de joaillerie avec M. Coulbeaux. Il met fin à cette collaboration en janvier 1877, s’installe rue Baillif et constitue une entreprise nouvelle avec Levasseur, toujours en tant que joailler. Il s’installe ensuite rue de Passy, dans le 16e arrondissement, en 1883.

En 1886, la famille rejoint sa mère à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), rue de La Varenne. Son frère Alexandre viendra vivre dans la même commune cinq ans plus tard. Ils seront très liés par l’activité qu’ils vont mener localement.

Dans le domaine culturel, Auguste Casiez est trésorier de la Société chorale de Saint-Maur en 1893. Il joue le même rôle dans une structure sociale, à la même date, le Comité de secours aux malheureux. Il est le président fondateur de la société des pupilles de Saint-Maur et administrateur de la caisse des écoles

En février, toujours la même année 1893, il est, en compagnie du conseiller général radical-socialiste, le docteur Georges Laffont, témoin du mariage du secrétaire du Théâtre Lyrique de Paris, M Lamouroux, avec une saint-maurienne, Mlle G. Prin.

Toujours en 1893, Auguste Casiez est l’un des quatre fondateurs de L'Épargne populaire, société d’assurances qui a pour but de développer l'épargne et la prévoyance par la capitalisation. Elle est présidée par une autre personnalité de Saint-Maur, Henry Pouvereau.

Sur le plan politique, Auguste Casiez est membre du comité républicain-radical-socialiste du canton de Saint-Maur, comme son frère Alexandre, qui siège depuis 1890 au conseil municipal. Il soutient en mai 1893 la candidature du Dr Laffont au conseil général et est assesseur d’une de ses réunions publiques en décembre. Il fait partie, en mars 1896 des délégués sénatoriaux désignés par le conseil municipal.

Membre du bureau du Comité républicain radical-socialiste de Saint-Maur, Auguste Casiez est mis en minorité et démissionne avec ses collègues en janvier 1898, à l’occasion d’un conflit au sein des radicaux de la commune. Il sera cependant de nouveau désigné comme délégué sénatorial par les radicaux en décembre 1908.

Il poursuit une activité mutualiste au début du 20e siècle, en tant qu’administrateur de la société de secours mutuels Saint-Louis, dont le siège est à Charenton. Il cède sa bijouterie de la rue Baillif en octobre 1904.

L’appartenance d’Auguste Casiez à la franc-maçonnerie est relevée par les organismes et journaux antimaçonniques à partir de 1908. Il participe aux travaux de la loge La Réforme, basée à Saint-Maur et rattachée au Grand Orient, dont le vénérable est l’ingénieur et industriel Salomon Hirsch, futur dirigeant du parti radical-socialiste. En 1914, sa démission est mentionnée.

Auguste Casiez meurt le 28 février 1917 dans son domicile de la rue de La Varenne à Saint-Maur. Il était âgé de 70 ans et père de six enfants. Il avait été décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie en janvier 1908 puis comme officier de l’instruction publique en janvier 1913. Son activité mutualiste avait été récompensée par une mention honorable en janvier 1909 et une médaille de bronze en mars 1912.

Saint-Maur, rue de La Varenne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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28 avril 2025 1 28 /04 /avril /2025 00:01

Suite de la biographie d’Alexandre Casiez

Le scrutin municipal de mai 1900 voit la réunification du territoire saint-maurien. La liste du maire sortant Maxant, républicain-progressiste (droite) arrive en tête, suivie de près par les radicaux-socialistes. Cette dernière fait alliance pour le deuxième tour avec le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire et ils récoltent les 27 sièges à pourvoir. Casiez est réélu, le Dr Sallefranque, radical-socialiste, devient maire.

Renouvelé dans son rôle de trésorier de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, Alexandre Casiez est également le directeur d’un journal local, L’Union socialiste. Il avait été fondé en 1893 par le Dr Laffont, défendant principalement des positions radicales-socialistes mais ouvert, au moins aux début, à d’autres courants de gauche. Consacré très largement à Saint-Maur, publié chaque semaine sur deux pages, il a cependant quelques rubriques pour les communes voisines, Champigny, Joinville ou Créteil en particulier. Casiez collabore à L’Union socialiste peut-être dès le début, en tout cas il représente la publication en 1895. Un autre organe radical, Voix des communes, couvre plus largement l’ensemble de la circonscription. De plus, le Dr Sallefranque dispose de son propre journal, La Démocratie.

En octobre 1902, c’est L’Union socialiste qui organise le banquet pour « fêter l'inauguration de la première maison ouvrière construite par la Famille, société coopérative de constructions d'habitations ouvrières à bon marché ». Mais, le mois suivant, Voix des communes relève que « ‘La guerre est déclarée entre la Démocratie et l’Union socialiste » et s’en émeut : « il est parfaitement absurde de se quereller entre soi quand l’ennemi vous guette ». Considérant que « les torts sont réciproques », le correspondant qui signe du pseudonyme de Jean Le Bagaude conclut : « Il y a d’excellents républicains à Saint-Maur, mais on aurait besoin de semer dans les immenses et beaux jardins de cette ville quelques sous de patience et de sens commun. »

Union socialiste, 18 septembre 1904 (Gallica)

Le comité radical, contrôlé par le maire, expulse Alexandre Casiez en novembre 1902. L’affrontement se poursuit en public en mars 1903. Lors d’une réunion publique de compte-rendu de mandat, Casiez interroge la municipalité sur un paiement pour travaux qui aurait été fait deux fois. Le maire Sallefranque et deux adjoints, Dufaur d'Alaric, radical, et René Bounet, socialiste, considèrent que c’est de la diffamation et portent plainte. Le procès a lieu en juillet 1903 devant la cour d’assises de la Seine. Lors de l’audience, Casiez explique qu’il avait été provoqué à parler au cours de cette réunion, indiquant que « la municipalité n’avait plus notre confiance » et qu’il souhaitait des explications sur une situation qui lui avait été rapportée. Vingt-quatre témoins sont entendus. Le jury ne retient aucune infraction, et la cour d’assises acquitte Casiez. Une trentaine de journaux parisiens au moins rendent compte du jugement.

La rupture politique au sein des radicaux se traduit, en mai 1904, par la présence de deux listes lors des élections municipales de mai 1904, celle officielle du maire, le Dr Sallefranque et celle de Casiez, baptisée Union républicaine. La gauche est également divisée, entre le Parti socialiste français et le Parti socialiste de France (le regroupement aura lieu l’année suivante en 1905), tandis que la droite aligne une liste dirigée par l’ancien maire, Maxant, avec l’appui du Parti républicain libéral.

Les radicaux arrivent en tête, devant les libéraux et les colistiers de Casiez, qui a emmené à sa suite quatre autres conseillers municipaux ainsi que le docteur Henri Chassaing (1855-1908), qui a été conseiller de Paris (1889-1902) et député de la Seine (1884-1890). La liste de Sallefranque décide de s’unir au Parti socialiste français (PSF) et entame des négociations avec l’Union républicaine. Celles-ci achoppent sur l’exclusive concernant René Bounet, adjoint au maire sortant et tête de liste du PSF, « qui a été néfaste aux intérêts communaux », selon Casiez. Les radicaux refusent de faire alliance avec eux. Au second tour, en l’absence de candidats de l’Union républicaine, radicaux et socialistes l’emportent face aux libéraux et Sallefranque est réélu.

Absent de l’assemblée locale, Alexandre Casiez continue cependant de peser sur la vie locale du fait de son titre de directeur de L’Union socialiste, dont l’éditorialiste est le poète lyrique Léon Stensmaght, également orfèvre. Il montre l’étendue de son influence en juillet 1905, lorsque le ministre des colonies Étienne Clémentel le distingue au cours du banquet du Syndicat de la presse républicaine périodique. Le dirigeant dudit syndicat, Monvoisin, témoigne : c’est un « militant républicain sincère et convaincu qui tout en défendant de son mieux, dans le modeste organe qu’il dirige, la République et ceux qui la servent ; qui tout en bataillant avec passion pour ses idées, donna ce bel exemple de ne jamais se souvenir du nom de ses adversaires. »

Décidément habitué des tribunaux, Alexandre Casiez aura comparu devant le conseil de guerre à Versailles en 1872 pour son rôle militaire pendant la Commune de Paris, le tribunal civil de la Seine en 1881 et 1884 pour la séparation de son couple, le conseil d’État au sujet de son élection municipale en juillet 1890 puis la cour d’assises de la Seine en juillet 1903 pour des accusations de diffamation. Il aura aussi fait appel aux juridictions pour se défendre, comme le tribunal correctionnel de la Seine en janvier 1876 à propos de la protection de ses modèles de bijoux (sans succès), et une nouvelle fois, pour injures publiées dans un journal de Saint-Maur en 1904 (avec réussite cette fois). Les deux décisions de 1876 et 1884 auront un effet jurisprudentiel significatif.

Alexandre Casiez meurt le 14 juillet 1906 à Saint-Maur-des-Fossés, dans son domicile de la rue Caffin. Il était toujours agent d’assurances et âgé de 70 ans. Son décès est déclaré par deux de ses neveux. Il était père de neuf enfants, huit de son mariage avec Louise Vernet et un de son compagnonnage avec Eugénie Clairiot. Cette dernière adoptera le nom d’usage de Casiez, bien qu’ils n’aient pas été mariés.

En 1896, Alexandre Casiez avait reçu la médaille de bronze de la mutualité pour son rôle en tant que vice-président de la société de secours mutuels Saint-Louis. Il a été décoré des Palmes académiques, comme officier d'académie en juin 1902, en lien avec ses fonctions de conseiller municipal. L’attribution de la distinction de chevalier du Mérite agricole, fait mention de ses activités de publiciste, membre du syndicat de la presse républicaine de Paris et de la banlieue et pour de « nombreux articles sur les questions agricoles et horticoles. »

Fin 

Saint-Maur, avenue du Bac à La Varenne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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26 avril 2025 6 26 /04 /avril /2025 00:01

Suite de la biographie d’Alexandre Casiez

Après avoir retrouvé ses droits civiques, Alexandre Casiez va entreprendre une activité publique assez intense, souvent en compagnie d’Auguste. Tous les deux sont membre du Comité républicain radical-socialiste de la commune. En 1890, le Dr Georges Laffont, radical, élu conseiller général du département de la Seine, respectant ses engagements de non-cumul de mandats, démissionne de son poste de maire de Saint-Maur. Des élections municipales complémentaires sont organisée en juin pour pourvoir à cinq postes vacants avant l’élection du nouveau maire. La liste radicale emporte quatre sièges et Casiez devient conseiller municipal, les socialistes révolutionnaires ayant un élu. Son élection est contestée, car il n’était pas inscrit sur les listes électorales, mais le Conseil d'État statue, en août 1890, sur le rejet de la requête, estimait qu’il aurait bien dû être inscrit au rôle des contributions foncières, puisqu’il possède un immeuble depuis 1874, et qu’il était donc éligible. Le premier adjoint sortant, Aureau, radical, est élu maire.

Lors des élections municipales générales de mai 1892, Casiez est de nouveau candidat dans la quatrième section de Saint-Maur, qui couvre le quartier de La Varenne, Il est élu dès le premier tour, Aureau est confirmé au poste de maire. Les listes radicales ont été ouvertes à des socialistes révolutionnaires.

Le comité républicain radical-socialiste du canton de Saint-Maur, dont Casiez est le trésorier et dont son frère Auguste est également membre, soutient en mai 1893 la candidature du Dr Laffont à sa réélection comme conseiller général.

Au sein du conseil municipal, les tensions entre les radicaux et les socialistes se manifestent, par exemple sur le choix de l’emplacement du cimetière, défendu par le socialiste Bocquet et que combat Casiez. Pour résoudre la situation, 13 conseillers municipaux radicaux réclament la dissolution du conseil municipal au préfet, qui la décide en avril 1894. Les candidats radicaux font face à une union des progressistes (droite) avec les socialistes révolutionnaires ; les quatre sortants de cette tendance, qui ont soutenu ladite alliance, sont exclu du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Au premier tour, les radicaux remportent 12 des 17 sièges pourvus, dont celui de Casiez. Mais au second tour, ils n’obtiennent qu’un seul des 10 sièges restants et se retrouvent donc minoritaires, avec 13 élus contre 14. L’horloger républicain-progressiste Louis Charles Maxant (droite) est élu maire avec l’appui des 4 conseillers socialistes dissidents. Ces derniers essaient, en avril 1895, de faire du 1er Mai un jour chômé pour les employés municipaux ; les radicaux s’y opposent, tandis que les élus de droite s’abstiennent, et la mesure ne passe pas.

Peu après l’installation du nouveau conseil municipal, en août 1894, les tensions sont fortes dans le milieu politique local. Un des journaux locaux, L’Écho de Saint-Maur, publie des articles que l’un des fils d’Alexandre Casiez considère comme « injurieux ». il se rend au domicile du conseiller municipal supposé avoir écrit lesdits papiers, Jacques Stiéber, un élu républicain-progressiste, lui déclare être le fils de Casiez puis se précipite sur lui, le frappant à la poitrine avec un poinçon. Il n’occasionne cependant qu’une légère blessure. Arrêté et conduit au commissariat de police de Joinville-le-Pont, il déclare avoir agi « pour venger son père ». Plus d’une quarantaine d’articles sont publiés dans des quotidiens français, aucun ne mentionnant le prénom du coupable ; il peut s’agir d’Eugène, 31 ans ou Paul, 25 ans, tous deux bijoutiers, le troisième, Maurice, n’ayant que 9 ans. S’il y a eu de suites judiciaires, elles d’ont pas été retrouvées.

Pour l’élection municipale générale de mai 1896, le sectionnement de Saint-Maur est modifié, avec seulement trois sections au lieu de quatre. Les radicaux remportent la circonscription La Varenne avec 8 sièges, où Casiez est réélu. La liste républicaine progressiste gagne les 19 autres sièges, tandis que la liste socialiste-révolutionnaire, qui s’en est séparée, n’a pas de conseiller municipal.

Une polémique éclate dans le comité radical-socialiste lorsque, en janvier 1898, la majorité des radicaux acceptent l’adhésion Léon-Marie Piettre, ancien maire de Saint-Maur (1876-1888), qui avait été élu conseiller général en 1893 contre le Dr Laffont, soutenu par les radicaux. Casiez fait partie des protestataires, qui lui reprochent d’avoir été « élu sous le patronage de nos adversaires politiques. »

La même année, en mars, Casiez est désigné trésorier de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine, qui couvre une grande partie de l’actuel Val-de-Marne).

En matière sociale, Alexandre Casiez est en 1896 vice-président de la Société de secours mutuels Saint-Louis, basée à Charenton-le-Pont.

À suivre

Saint-Maur, marché de La Varenne en 1901 (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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24 avril 2025 4 24 /04 /avril /2025 00:01

Début de la biographie d’Alexandre Casiez

Alexandre Eugène Caziez naît le 2 février 1841 Charenton-Saint-Maurice (Seine, act. Saint-Maurice, Val-de-Marne). Il est le fils de Valentine Marie Constance Montraisin et de son époux Louis Eugène Caziez. Son nom sera ensuite orthographié « Casiez ». Son père est perruquier à la maison Royale ; il sera ultérieurement facteur des Postes. En 1844, la famille vit dans la commune voisine de Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Devenu graveur en bijouterie et vivant rue des Gravillliers à Paris (10e arr.), Alexandre Casiez épouse en août 1862 dans cet arrondissement Louise Euphrasie Rosalie Vernet, lingère. Ils s’installent rue du Temple (3e arr.), où il ouvre un atelier de fabrication de bijoux plaqués or. Ses produits sont qualifiés ainsi par le Moniteur de la bijouterie en septembre 1869 « Cette maison fait le genre tout à fait ordinaire et à des prix très-avantageux. »

Bijoux de la maison Casier

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, Alexandre Casiez s’engage dans le 55e bataillon de la Garde nationale où il sert pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Il a le grade de caporal puis de sergent-fourrier. Bien qu’alors âgé de 66 ans, facteur retraité des Postes, son père Louis Eugène Casiez (1803-1880) est également engagé dans la Garde nationale, en tant que tambour-maître au 51e bataillon ; à son décès, il aura des obsèques civiles.

Alexandre Casiez continue son activité lors de l’insurrection populaire de la Commune de Paris (18 mars – 28 mai 1871), qui fait suite au refus des membres de la Garde nationale de rendre leurs canons aux troupes allemandes après l’armistice. Le 30 mars 1871, il est élu sergent-major.

Arrêté sur dénonciation le 9 juin, il est jugé par le 19e conseil de guerre, qui siège à Versailles et condamné le 10 juin 1872, à treize mois de prison et dix ans de privation de ses droits civiques. L’accusation lui reprochait d’avoir « été aux forts d’Issy, de Vanves, à Asnières, aux barricades dans Paris ». Cependant, la décision ne retient pas ces motifs, l’envoyant en maison d’arrêt pour port illégal d’uniforme. Le 13 septembre 1872, le reste de sa peine est remis. La dégradation civique est maintenue.

Après sa libération, Alexandre Casiez reprend son activité de bijoutier, toujours avec son atelier rue du Temple. En janvier 1876, il attaque de ses anciens ouvriers, alors établi à son compte, qui a copié certains de ses modèles. Le tribunal correctionnel de la Seine juge que « quelque répréhensibles que soient les faits reprochés », ils ne sauraient tomber sous l'application du Code pénal. La maison Casiez est présente lors de l’exposition universelle de 1878 à Paris, où elle obtient une médaille de bronze.

En février 1881, Alexandre Casiez est de retour devant la justice, cette fois pour des affaires familiales. Son épouse a demandé au tribunal civil de la Seine de prononcer la séparation de corps, faisant état d'injures, de menaces et de violences ainsi que les relations de son mari avec Marie Eugénie Clairiot, une ancienne employée de la bijouterie, alors âgée de 22 ans. En septembre 1884, Alexandre Casiez demande la transformation de la séparation en divorce, ce que son épouse refuse. Le tribunal remarque que le coupe « a eu quatre enfants encore vivants » (quatre autres sont morts) et que « l'union paraît avoir été heureuse jusqu'au jour où [Alexandre Casiez] a rencontré la fille [Clairiot] ». Il considère « que la femme Casiez, qui, pendant de longues années, notamment en 1871, dans des circonstances graves pour son mari, lui a donné des preuves d'un dévouement et d'une affection qu'il n'aurait pas dû oublier ». Pour étayer sa décision, le juge estime le demandeur « ne produit aucun motif avouable à l'appui de sa demande » et prend acte que l’épouse redoute qu’un divorce lui permette « de régulariser, à son détriment et à celui de ses enfants, la position dans laquelle il n'a cessé de vivre, depuis sa séparation ». Le divorce est ainsi rejeté. La décision est publiée dans plusieurs journaux juridiques mais également dans la revue Le Droit des femmes et dans plusieurs quotidiens parisiens ou de province. Casiez vit cependant avec sa nouvelle compagne, qui donne naissance en janvier 1885 à un fils, qu’il reconnaîtra.

C’est avec son fil aîné, Eugène, qu’est constituée, en janvier 1889, la société Alexandre Casiez et fils. Deux ans plus tard, elle est dissoute et le père cède le fonds de commerce à son fils. Ce dernier placera son activité en liquidation judiciaire en novembre la même année.

Ayant quitté Paris pour s’installer à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de La Varenne, rue Caffin, Alexandre Casiez y vit avec sa compagne et le fils de cette dernière. Sa mère et son frère Auguste, également bijoutier, vivent aussi à Saint-Maur. Alexandre devient agent général de la Compagnie générale d’assurances contre les accidents.

À suivre

Paris, la rue du Temple (Parissima)

 

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20 avril 2025 7 20 /04 /avril /2025 00:01

Pierre Lafont naît le 2 décembre 1844 à Vichel (Puy-de-Dôme). Il est le fils de Marie André (ou Andrieux) et de son époux Georges Lafont, cultivateurs ; ce dernier ne sait pas signer, comme les autres cultivateurs témoins de sa naissance. Leur patronyme est fréquemment orthographié Lafond et il est parfois désigné sous le prénom de Charles, qui ne figure pas à son état-civil.

En mai 1860, à quinze ans, après avoir été convaincu d’avoir commis un vol, il est enfermé deux ans en maison de correction. Il restera dans le viseur de la justice ensuite, condamné en décembre 1864 à deux mois de prison pour avoir donné des coups puis à 15 jours en janvier 1870 pour outrages. Il est possible qu’il ait fait un service militaire dans un régiment de zouaves.

En 1870, il vit avec sa famille à Paris (18e arr.), rue des Abbesses, où son père et lui sont brocanteurs. Il épouse en juillet, dans ce même arrondissement, Élisabeth (dite Élise) Rongier. Son épouse, âgée de seize ans, est également auvergnate, native de Haute-Loire, et est comme ses parents marchande de vin dans le même quartier de Montmartre.

Deux semaines après leurs noces, la guerre franco-allemande éclate. Elle conduira à la chute du second Empire le 2 septembre 1870 puis, à partir du 17 le même mois, au siège de Paris par les troupes germaniques jusqu’à l’armistice du 28 janvier 1871. Pierre Lafont s’engage dans la Garde nationale et sert, en tant que sergent, dans le 61e bataillon.

Il continua son activité pendant la Commune de Paris, mouvement insurrectionnel lancé en mars 1871 à l’initiative d’unités de la Garde qui refusaient la reddition aux armées allemandes des armes conservées à Paris et qui conduit à la mise en place d’un gouvernement révolutionnaire. Il est devenu capitaine et siège à la commission militaire du 18e arrondissement selon sa notice dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron.

Après la fin des combats le 28 mai 1871, Pierre Lafont quitte la capitale et rejoint la commune de banlieue Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) d’où il passe à Genève (Suisse). Il fréquente d’autres réfugiés, notamment au restaurant La Marmite sociale, dont Jacques Agier, menuisier et franc-maçon, qui fut un des meneurs de l’éphémère Commune de Saint-Étienne (Loire).

Ensemble, Jacques Agier et Pierre Lafont reviennent à Paris en janvier 1874 et vivent au domicile de Lafont, hébergés avec sa femme. Il reprend son activité de brocanteur, mais est arrêté le 26 mars suites aux informations transmises par les agents français présents à Genève. Il avait été condamné, par contumace, le 20 décembre 1873 à la déportation dans une enceinte fortifiée ; sa peine est modifiée le 9 mai 1874 et ramenée à un mois de prison. Agier avait été arrêté chez lui le 30 mars ; il sera jugé en mai par la cour d’assises du Puy-de-Dôme pour sa participation supposée à l’assassinat du préfet de la Loire, Henri de L'Espée, en mars 1871.

De nouveaux ennuis avec la justice vont ponctuer l’activité de brocante que Lafont continue d’exercer. En août 1874, il écope de cent francs d’amende pour vente d’armes de guerre ; en novembre 1876, ce sont quatre cents francs qui lui sont réclamés pour contravention à la loi sur le brocantage. L’épilogue se situe devant la cour d’assises de Seine-et-Oise, qui siège à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines) le 31 juillet 1883.

Entre septembre 1882 et janvier 1883, une bande de huit personnes, dont le chef était Garnier, a pénétré de nuit dans trente-trois édifices religieux catholiques et un protestant, essentiellement en région parisienne, pour y voler des objets précieux. Deux brocanteurs, dont Lafont, sont suspectés d’être les acheteurs des matières dérobées. Lafont est mis en cause pour le recel des objets provenant de seize églises. Lors de l’audience, selon le compte-rendu de presse, « il reconnaît que plusieurs des malfaiteurs lui ont vendu des matières d’or et d’argent, mais il soutient ce c’étaient des débris informes, dont il ne pouvait soupçonner la provenance ». Un des témoins évoque un échange avec la femme de Lafont : « S’il n’y avait pas de voleurs, comment ferait-on pour vivre ? », ce qui provoque des rires dans l’auditoire. Lafont était défendu par Me Léopold Cohen, avocat du barreau de Paris. Il est condamné à six ans de travaux forcés sans surveillance.

N'ayant pas fait de pourvoi en cassation, Lafont est écroué le 11 août 1883 puis embarque le 9 janvier 1884 sur le vaisseau Le Fontenoy, probablement depuis Brest (Finistère). Navire de guerre lancé en 1858, il avait servi de ponton-caserne pour les insurgés de la Commune de 1871 à 1872 puis, après l'enlèvement de ses machines à vapeur en 1878, était devenu un navire de transport à voile à partir de 1881.

Navire Le Fontenoy (Wikipédia)

Arrivé en Nouvelle-Calédonie, Lafont est transféré au bagne d’Île-Nou (act. presqu’île de Nouville, intégrée à la commune de Nouméa). Il exerce le métier d’effilocheur, c’est-à-dire qu’il récupère des déchets de laine ou des chiffons pour permettre qu’on en fasse du papier. L’administration pénitentiaire signale que sa conduite est bonne.

Pierre Lafont meurt le 27 janvier 1887 à Île-Nou. Il était âgé de 42 ans, était toujours marié et n’avait pas d’enfant. Son décès est transcrit en août 1896 sur les registres d’état-civil du 18e arrondissement de Paris.

Nouvelle-Calédonie, pénitencier de l'Île Nou (Gallica-BNF)

 

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18 avril 2025 5 18 /04 /avril /2025 00:01

Jacques André Antoine Vivier naît le 23 décembre 1841 à Pouillé (Vendée). Il est le fils de Jeanne Bodin et de son époux, Jacques Vivier. Ses parents sont tous deux vendéens, sont père étant d’abord tailleur d’habits puis journalier. Il meurt en août 1850, sept mois avant la naissance de son septième enfant, et alors que Jacques (qui est appelé Eugène dans la famille) est âgé de huit ans.

La mère de Jacques élève les enfants vivants en travaillant comme cordière. Elle meurt elle-même en juillet 1861.

Devenu charpentier, Jacques Vivier réside à Paris en 1870, quand les troupes allemandes font le siège de la capital. Il s’engage dans un bataillon du génie, où il est chef d'un chantier. Libéré de l’armée en février 1871, logeant rue de Flandre (act. avenue de Flandre, 19e arr.), il reprend du service sous la Commune de Paris en avril, avec le grade de lieutenant puis de capitaine. Il est arrêté à la fin des combats avec les troupes gouvernementales de Versailles, soit le 25 mai soit, à Joinville-le-Pont, le 4 juin 1871, selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron.

Le 10e conseil de guerre le condamne, le 28 décembre 1871 à cinq ans de détention et à la privation des droits civiques « pour participation à l’insurrection de Paris ». L’instruction avait estimé que « les renseignements recueillis sur lui étaient bons ; seule sa moralité n'était pas exempte de reproches ». Il est incarcéré à la citadelle de Port-Louis (Morbihan) puis transféré ensuite dans la prison de Thouars (Deux-Sèvres). Il obtient une remise de peine de six mois en novembre 1875 et est donc probablement libéré en juin 1876.

Retourné à la vie civile, Jacques Vivier reprend son métier de charpentier à Bonnard (Yonne). En avril 1877, dans le village voisin de Beaumont, il épouse Alphonsine Alexandrine Dubois, fille d’un charron. Comme témoin de ses noces, il a invité un homme de lettres et un docteur en médecine, ce qui montre qu’il a pu se faire assez rapidement des relations dans cette partie de la Bourgogne. Il s’installe dans à Beaumont et devient marchand de bois.

Pour des raisons fiscales, Jacques Vivier est en conflit avec sa commune de résidence. Il s’adresse au député de l'Yonne, Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, futur ministre, qui transmet en décembre 1904 sa pétition à la Chambre des députés. Il conteste ensuite l’imposition foncière du sa Beaumont à laquelle il est soumis pour l’année 1910. Le conseil de préfecture du département de l’Yonne (prédécesseur du tribunal administratif) lui accorde une réduction en octobre 1911, que la commune conteste devant le Conseil d’État ; ce dernier la déboute et maintien la décision en faveur de Vivier en mars 1914.

Jacques Vivier meurt le 7 février 1922 à Beaumont. Il était âgé de 81 ans, veuf et père d’un enfant.

La prison de Thouars (Gallica)

 

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