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24 mai 2023 3 24 /05 /mai /2023 01:01

Suite de la biographie de Joseph Routier

Joseph Timoléon Routier de Bullemont ayant choisi de s’appeler dorénavant Joseph Routier, un choix qu’il justifiera ensuite par son engagement républicain s’installe avec son épouse (selon le droit américain), Léonide, à proximité de Sacramento, capitale de la Californie.

Il doit devenir l’intendant du vaste domaine appartenant au capitaine Joseph Folsom, appelé Paterson, d’environ 6 lieues carrées, soit près de 140 km². Ce dernier fit partie des premiers militaires états-uniens venus s’installer dans le nouveau territoire des États-Unis, en 1846. La Californie a été annexée suite après la guerre américano-mexicaine de 1845. Elle devient, en 1850, le 31e État de l’Union. Le nom de Folsom a été donné à la ville qu’il avait fondée sous le nom de Granite, à proximité de son exploitation.

Joseph Routier doit planter et entretenir une vigne et un verger. Cependant, les premières plantations ne peuvent être faites, les semences transportées par bateau ayant pourri. Folsom meurt en juillet 1856. Il reste cependant sur place, reprenant la gestion et, en 1863, la propriété d’une partie du domaine.

Il exploite une ferme, baptisée Rancho Rio de los Americanos, située sur la rive sud de l’American river, de près de 90 hectares, dont une quarantaine en vigne et autant en verger, une vingtaine d’hectares étant consacrés à l’élevage. Il cultive notamment des prunes, amandes, pêches, abricots et oranges. Ses vignes sont constituées à partir d’un cépage de Tokay. Son vin acquiert une grande réputation.

En 1858, Joseph Routier est inscrit sur les listes d’immigration du comté de Sacramento. En juillet 1859, il est inscrit sur les listes électorales. Une cérémonie religieuse de mariage de Charles Marie Joseph Timoléon Routier de Bullemont avec Léonide Jadin est célébrée dans l’église catholique de Sacramento en novembre 1863. Cette dernière est toujours légalement mariée en France.

En 1871, la ligne de chemin de fer Sacramento Valley Railroad ouvre une gare à proximité du domaine des Routier sur la ligne secondaire reliant Sacramento à Folsom. Elle prend le nom de Routier station ; un bureau de poste attenant, installé en 1887, se nomme également Routier postoffice, et le village qui se développe prend lui aussi la dénomination de Routier, comptant environ 75 familles installées dans les années 1890.

La desserte ferroviaire, après la fin de la guerre de Sécession, va favoriser le développement de la ferme. Une conserverie de fruits est installée en 1876. Les améliorations apportées aux fruits, notamment les prunes et les pêches, sont remarquées dans les journaux professionnels. Il obtient une médaille d’or en 1886 lors de l’exposition de la Citrus Fair Association de Sacramento.

Sa prospérité étant établie, Joseph Routier prend part aux affaires publiques. Il est une des personnalités de la communauté française de Californie. Il est ainsi, en 1870, président du comité constitué à Sacramento pour soutenir l’effort de guerre français. Après la défaite devant l’armée allemande, il reste vice-président du comité qui tient une réunion, en août 1871 dans la capitale californienne. La presse parisienne publie une de ses résolutions : « Nous, citoyens Français-Américains de Californie, félicitons cordialement la France du choix qu'elle a fait pour Président de la République française de M: A. Thiers, qui s'est montré son ami vrai en adoptant une ligne de politique ferme et droite, et qui ne froisse ni les susceptibilités des partis politiques ni les grands intérêts des puissances européennes; Nous félicitons le peuple français des sages réformes de l'instruction publique et de la nouvelle loi militaire, .qui sont les seules; et les plus solides bases de la régénération de la France et du respect dû à sa forme républicaine de gouvernement ». En 1872, le même comité lance une autre souscription pour la « libération du territoire », à savoir l’Alsace-Lorraine, incluse dans l’empire allemand.

Selon le témoignage de sa femme, Joseph Routier, après avoir appris la fin du régime de Napoléon III, aurait envisagé de se rendre en France. Une dépêche télégraphique envoyée début 1871 par pigeon voyageur à Paris (alors assiégée par les forces coalisées autour de la Prusse) depuis Saint-Bonnet (probablement Saint-Bonnet-de-Joux, Saône-et-Loire) à son frère Lucien, secrétaire général de la préfecture de police, mentionne « oncle inquiet sur Timoléon ». Il est peut-être fait référence à un projet de retour. Il ne serait cependant jamais revenu d’après son épouse.

L’instauration de la troisième République va permettre la restauration du droit de divorce, aboli en France le 8 mai 1816, puis rétabli par une loi du 27 juillet 1884. Léonide Jadin obtient un jugement du tribunal civil de la Seine rompant son union d’avec qu’André Borel d’Hauterive en juillet 1888 ; elle avait vécu, pendant 35 ans, dans une situation de polyandrie.

Au cours des années 1870, Joseph Routier s’engage dans la vie politique californienne. Il est d’abord juge de paix du Township de Brighton, où se situe sa résidence. En 1877, il est élu membre de l’assemblée législative de l’État qui tient sa 22e session ordinaire. Il figurait sur la liste du parti républicain. C’est avec la même étiquette qu’il est élu en 1882 membre du Sénat de Californie, où il siège jusqu’en 1886. Lorsqu’il finit son mandat, il devient président de la commission de la pêche et de la chasse, mise en place par le gouverneur. Il a à ce moment quitté la formation conservatrice pour rejoindre le parti démocrate.

L’environnement économique de l’activité viticole se dégrada dans les années 1890, du fait de la montée des ligues antialcooliques et de sécheresses. Joseph Timoléon Routier poursuivit cependant son train de vie assez dispendieux, du fait notamment de l’accueil de visiteurs fréquents, en s’endettant. Il dut céder une partie de son domaine à ses créanciers en 1894, puis le reste en 1897. Il ne conserva alors qu’une maison plus modeste.

Joseph Timoléon Routier de Bullemont fut tué le 5 février 1898 dans un accident, sa calèche ayant été renversées par un écart du cheval au moment où il rentrait dans son domaine le 6 février 1898 à Sacramento. Il était âgé de 72 ans. De nombreux journaux américains, de Boston à la Californie, publièrent des informations nécrologiques. Il en fut de même pour l’hebdomadaire de la communauté américaine à Paris. Il était père de trois enfants, issus de son deuxième mariage, dont deux moururent jeune ; son fils George était décédé en 1888 sur le domaine à 29 ans, après avoir eu deux descendants, fille et garçon.

Les lieux environnants le domaine continuèrent à porter le nom de Routier : le village, la poste, la gare. Au 21e siècle, l’ensemble est inclus dans l’agglomération de Sacramento ; une voie, Routier road, longue de 2 300 mètres, parcourt la ville à proximité de l’ancienne résidence.

Plusieurs des frères de Bullemont ont joué un rôle significatif en France ou en Belgique. L’aîné, Lucien (1822-1904) fut secrétaire général de la préfecture de police de Paris ; il épousa Louise Charlotte Jadin, sœur de la seconde épouse de Joseph. Emmanuel (1836-1913) devint membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), natif de Belgique, a été critique d’art à Paris. Son neveu, Armand, fut commissaire de Paris à Joinville-le-Pont et Paris.

Fin

La propriété Routier et le chemin de fer

 

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22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 01:01

Début de la biographie de Joseph Routier

Charles Marie Joseph Timoléon Routier de Bullemont naît le 4 mars 1825 à Tailly (Somme). Il est le fils de Lucie Jenny Joseph Vassel et de son époux Alexandre Annibal Routier de Bullemont. La famille de son père est d’une petite noblesse de Picardie, lui-même étant propriétaire terrien.

La famille sera fort nombreuse, puisqu’elle a compté au moins 15 enfants nés vivants. Ils déménagent fréquemment, d’abord dans la Somme, puis à Paris en 1830 et en Belgique à partir de 1834, dans différentes provinces : d’abord celle de Liège, à Fallais, dans la commune de Braives puis en Flandre, à Anvers en 1840. Les parents s’installeront ensuite dans le Luxembourg belge, où ils procèderont à différents essais agricoles, avant de revenir s’installer en France, dans la Meuse, après la fin de la guerre franco-prussienne.

Pour sa part, Joseph Routier de Bullemont est employé, en 1846, au sein des cristalleries du Val-Saint-Lambert, installées près de Liège, sur le site de l’ancienne abbaye de Seraing.

Il quitte la Belgique pour s’installer, début 1848, à Paris. Il s’inscrit probablement à l’université et prend part à la révolution de 1848, qui renverse, en février, le régime du roi Louis-Philippe.

Son frère aîné, Lucien Routier de Bullemont (1822-1904), employé à la préfecture de police de Paris, est adhérent depuis février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Il en devient un des orateurs. Cependant, en février 1850, il collabore avec le nouveau préfet de police, Auguste Carlier, pour lequel il rédige une circulaire aux commissaires de police titrée « Le socialisme, c'est la barbarie ».

Pour sa part, Joseph Timoléon Routier de Bullemont assurera être resté fidèle à ses convictions républicaines. Lors de la deuxième phase de la révolution, en juin 1848, il est membre de la Garde mobile, et domicilié dans la caserne de la Grande-Rue-Verte (Paris 8, act. rue de Penthièvre). La classe ouvrière parisienne s’est soulevée contre la suppression des mesures sociales prises par le gouvernement provisoire, et une partie des gardes territoriaux s’est solidarisée avec les insurgés. Il est inculpé pour sa participation à l’insurrection de Juin 1848. Le 30 juillet, la 3e Commission, qui siège en tant que conseil de guerre, décide de le remettre en liberté.

Selon les archives militaires françaises, il est recensé en 1849 pour le service militaire, ayant été omis sur le tableau de recensement de sa classe, en 1845.

Il s’oppose au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, pour se maintenir au pouvoir. Après avoir participé à une assemblée républicaine, rue d’Assas, il est incarcéré à la prison de Mazas, dans la capitale. La résistance, menée par les républicains et soutenue notamment par Victor Schœlcher et Victor Hugo, est un échec. Son frère Lucien lui rend visite dans sa cellule ; il lui conseille de choisir de s’exiler en Amérique pour sortir de prison. Libéré en janvier 1852 sur cette promesse, il obtient du futur empereur Napoléon III l’autorisation de passer neuf mois en Belgique auprès de sa famille avant de traverser l’Atlantique, suite à l’intercession en sa faveur de Léonide Borel d’Hauterive auprès du président de la République, le prince Napoléon. Celle-ci, née Jadin, musicienne, est issue d’une famille d’artistes proches des familles royales depuis plus d’un siècle. Elle est la sœur de Charlotte Louise Jadin, mariée depuis août 1848 à Lucien Routier de Bullemont, frère de Joseph Timoléon. Son mari est un avocat, également historien et éditeur de l’Annuaire de la noblesse.

En attendant son départ pour l’Amérique, Joseph Timoléon Routier de Bullemont épouse Claire Augustine Suleau en août 1852, à Paris (9e arr.). Peut-être est-elle liée à Élysée, vicomte de Suleau (1793-1871), conseiller d’État, préfet, directeur de l’administration des domaines et administrateur de sociétés, sénateur sous le second empire. Cependant, c’est avec Léonide que Joseph Timoléon embarque au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) le 8 novembre 1852. Ils voyagent jusqu’à San Francisco, via le Cap Horn, un itinéraire de plus de six mois.

Selon le témoignage de Léonide en 1898, un juge ou un officiel, dont elle ne se rappelle plus la fonction exacte, les aurait mariés juste après leur arrivée le 31 mai 1853. À ce moment-là, ils ont tous les deux des époux en France. La femme légitime de Joseph Timoléon, Claire Augustine, meurt à Paris moins d’un mois plus tard, le 22 juin.

À suivre

Joseph Routier

 

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20 mai 2023 6 20 /05 /mai /2023 01:01

Adrienne Louise Léonide Jadin naît le 27 janvier 1816 à Paris (10e arr.). Elle est la fille d’Annette de Molière et de son mari, Adolphe Jadin.

Fils du professeur de chant Georges Jadin, son père est né à Paris en 1794. Il fait une carrière militaire, en tant que capitaine dans l’infanterie, mais mène également, comme bon nombre de membres de sa famille, une activité artistique. Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre et de livrets pour des opéras-comiques mis en musique par son père. Il compose également de la musique et publie des articles et poèmes, notamment dans la presse pour enfants ou pour femmes.

En 1830, Adolphe Jadin est membre du conservatoire royal et publie, dans un recueil de Charles Lafillé, Le souvenir des ménestrels, une romance dédiée à Léonide intitulée Plus de bonheur. Au sein du même ouvrage, on trouve une chanson de cette dernière, Le souvenir suppliant, adressée à sa sœur Césarine, avec des paroles de son père. Plusieurs autres œuvres sont attribuées à Léonide, comme La Jouvencelle, ou le Chant chevaleresque. Elle épouse en juillet 1835 à Paris (9e arr.) un avocat, André François Borel d’Hauterive, historien et fondateur de la Revue historique de la noblesse de France.

Léonide Jadin avait été élevée au couvent royal de Versailles. Après des études à Paris, elle enseigna la musique.

Sa sœur cadette, Charlotte Louise, a épousé en août 1848 un employé de la préfecture de police de Paris et orateur régulier de la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui, appelé Marie Alexandre Lucien Routier de Bullemont. C’est sans doute par l’intermédiaire de ce dernier qu’elle rencontre Joseph Timoléon Routier de Bullemont, lui aussi républicain engagé, arrêté après l’insurrection de juin 1848.

Il s’oppose au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, pour se maintenir au pouvoir. Après avoir participé à une assemblée républicaine, rue d’Assas, il est incarcéré à la prison de Mazas, dans la capitale. La résistance, menée par les républicains et soutenue notamment par Victor Schœlcher et Victor Hugo, est un échec. Son frère Lucien lui rend visite dans sa cellule ; il lui conseille de choisir de s’exiler en Amérique pour sortir de prison. Libéré en janvier 1852 sur cette promesse, il obtient du futur empereur Napoléon III l’autorisation de passer neuf mois en Belgique auprès de sa famille avant de traverser l’Atlantique, suite à l’intercession en sa faveur de Léonide Jadin, à deux reprises, auprès du président de la République. Elle semble en effet bien introduite à l’Élysée.

Joseph Timoléon Routier de Bullemont épouse Claire Augustine Suleau en août 1852, à Paris (9e arr.). Mais c’était avec Léonide qu’il quitte la France le 8 novembre. Les deux exilés arrivent à San Francisco, le 31 mai 1853, en provenance du Havre et après avoir contourné le Cap Horn. Selon son témoignage, un juge ou un officiel, dont elle ne se rappelle plus la fonction exacte en 1898, les aurait alors mariés juste après leur arrivée. À ce moment-là, ils ont tous les deux des époux en France. La femme légitime de Joseph Timoléon meurt à Paris moins d’un mois plus tard, le 22 juin.

Par républicanisme, assurera-t-il, le fils d’aristocrate adoptera le nom de Joseph Routier pendant tout son séjour en Amérique. Au contraire de son nouveau compagnon, Léonide assure avoir conservé les sentiments royalistes et légitimistes de sa famille.

Immédiatement après leur débarquement, ils s’installent près de Sacramento, capitale de l’État de Californie, où Joseph Routier doit devenir intendant d’une vaste propriété appartenant au capitaine Joseph Folsom, pour y planter et entretenir une vigne et un verger. Les premières plantations ne peuvent être faites, les semences transportées par bateau ayant pourri. Folsom meurt quelques mois plus tard. Joseph Routier reste cependant sur place, reprenant la gestion et, plus tard la propriété du domaine.

Une cérémonie religieuse à Sacramento, en novembre 1863, officialise l’union de Joseph, devenu veuf, avec Léonide, bien qu’elle soit toujours légalement mariée en France. C’est en juillet 1876 qu’André Borel d’Hauterive fait constater, à Paris, la séparation de corps d’avec son épouse. Le divorce, aboli en France par la loi du 8 mai 1816, puis rétabli par une loi du 27 juillet 1884, fait l’objet d’un jugement par le tribunal civil de la Seine en juillet 1888 ; Léonide avait donc vécu, pendant 35 ans, dans une situation de polyandrie.

La famille Routier devient riche, avec la production de vin et de fruits, notamment des prunes et des abricots. Le domaine est souvent cité en exemple dans les publications agricoles. La construction d’une ligne ferroviaire amène une desserte par train, et la gare prend le nom de station Routier, tout comme la poste qui lui est attenante puis le petit village qui se forme. Joseph Routier figure parmi les personnalités éminentes de la communauté française, et Léonide ; elle-même recueille en septembre 1884, notamment parmi les émigrés, une souscription pour les victimes du choléra en France, dont le premier donateur est le gouverneur G. Stoleman.

Joseph Routier s’engage aussi dans la vie politique locale, devenant sénateur de l’État californien au cours des années 1880 avec l’étiquette de Républicain ; après la fin de son mandat, il rejoindra le parti Démocrate.

Au milieu des années 1890, les affaires des Routier périclitent : des sécheresse, et la montée de mouvements antialcooliques les obligent à mettre en vente une partie de leur propriété. À la mort de son mari, survenue en février 1898 à Sacramento après un accident, Léonide, qui ne parle pas l’anglais, assure être sans ressources. Avec l’aide d’amis de son époux, elle peut cependant s’installer dans une demeure plus petite, où elle décède quatre mois plus tard, le 25 juin 1898 à Sacramento.

Elle avait donné naissance à deux enfants pendant son union avec André Borel d’Hauterive : Charles Édouard Edmond (1838-1840) et Jeanne (décédée en 1870). Elle eut ensuite trois enfants de son mariage avec Joseph Routier de Bullemont, dont un seul survécut jusqu’à l’âge adulte, George Louis (1859-1888).

Léonide Routier de Bullemont (coll. Lucie Catlin)

 

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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 01:01

Marie Armand Lucien Routier de Bullemont naît le 7 mai 1862 à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils d’Élisabeth Alexandrine Rocmont et de Marie Arthur Édouard Routier de Bullemont, alors commis principal à la préfecture de police de Paris. Ses parents se marieront en juillet 1865, toujours à Montrouge.

Un oncle paternel travaille également dans les forces de sécurité parisiennes : Alexandre Routier de Bullemont (1822-1904) sera secrétaire général de la préfecture de police de Paris.

Pour sa part, Armand Routier de Bullemont fait partie des quinze candidats admissibles après les examens pour devenir commissaire de police organisés à Paris en juillet 1885. Il est nommé secrétaire au quartier Saint-Lambert ; il passe dans la même fonction au commissariat du quartier Vivienne en octobre 1887.

C’est en juin 1888 qu’il devient officiellement commissaire de police dans la banlieue. Il rejoint en juillet son poste à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il remplace Charles Wilfrid Carpin. Sa circonscription comprend les communes de Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne et Saint Maur.

En juillet 1891, Routier de Bullemont, est promu en tant que commissaire de police à Paris. Il est remplacé à Joinville par M. Soulliére. Il est affecté au quartier des Ternes (17e arr.). Dans cette fonction, il doit gérer en septembre cette année-là une affaire d'avortement d’une jeune femme, interprète dans un grand magasin de confections du quartier de l'Opéra, droguée puis violée « par une bande de jeunes viveurs » et qui avait, seule, mis fin à sa grossesse dans le lit qu’elle partageait avec sa jeune sœur, âgée de 14 ans. Elle s’était débarrassée du fœtus et avait été dénoncée par une lettre anonyme.

Armand Routier de Bullemont meurt le 15 janvier 1894 à Paris (17e arr.), en fonction de commissaire. Il était âgé de 31 ans et n’était pas marié.

Son père mourut en février 1909 à Bois-Colombes, à 79 ans, après avoir constaté la disparition d’une grosse somme d’argent (9 500 francs). En janvier 1910, sa domestique fut jugée, en compagnie de sa sœur, aux assises de la Seine. Elle fut cependant acquittée, après avoir assuré que la somme était un don du vieillard.

Plusieurs de ses autres oncles paternels ont joué un rôle significatif aux États-Unis, en Belgique et en France. Joseph (1825-1898), d’abord militant républicain en France, deviendra agriculteur en Californie et membre du Sénat de cet État. Emmanuel (1836-1913) fut membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), originaire de Belgique, a été critique d’art à Paris.

Le château de Warlus (Somme), demeure de la famille Routier de Bullemont, devenu une maison de la préfecture de police de Paris

 

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16 mai 2023 2 16 /05 /mai /2023 01:01

Marie Joseph Alfred Routier de Bullemont naît le 15 juillet 1840 à Louvain, Brabant (Belgique). Il est le fils de Lucie Jenny Joseph Vassel et de son mari, Alexandre Annibal Routier de Bullemont, propriétaire. Ils sont originaires de la Somme, en France, où son père est agriculteur. Alfred est le onzième des douze enfants nés vivants du couple.

La famille s’installe en Belgique vers 1836, résidant dans la province de Liège, le Brabant puis le Luxembourg belge où Annibal Routier de Bullemont a une exploitation dans laquelle il procède a des essais de cultures nouvelles, notamment la spergule pour laquelle il est récompensé à l’exposition de Bruxelles en décembre 1848.

En 1865, Alfred de Bullemont publie plusieurs articles, dans la revue Les Beaux-arts, sur La peinture d'histoire. S’il apprécie l’orientalisme de Guillaumet, qu’il présente comme « Africain, de beaucoup de talent », il est bien plus critique sur beaucoup d’autres artistes. S’agissant d’Henri Fantin-Latour, il écrit : « Ainsi M. Fantin voudrait nous persuader que la Vérité c'est cette grosse fille rousse aux chairs flasques, aux yeux gris, et que le vrai c'est le vin bleu qu'on boit aux barrières, dans des verres communs. Il nous accordera que ce n'est qu'une vérité relative, vraie seulement pour les matelots et les charretiers, les brutes et les ivrognes qui n'aiment que la fille qui jure et le vin qui gratte. »

Commentant l’œuvre d’Ernest Meissonier, il écrit « On n'en est plus aujourd'hui à nier le talent de M. Meissonier, mais ce talent nous semble si uniforme, si monotone, que nous ne pouvons comprendre l'engouement ridicule dont il est l'objet ». Il attaque aussi Victor Mottez : « M. Mottez, déjà assez coupable d'avoir abîmé l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, essaye de nous faire rire avec sa Médée. Si M. Mottez était jeune, nous ririons peut-être de sa caricature, mais M. Mottez a l'âge du repos. »

Alexandre Protais, proche de la famille impériale, n’est pas épargné par de Bullemont : « La mode a pris M. Protais sous sa protection : il est peintre de cour ; il fait de mauvaises choses, mais on le trouve toujours admirable ». C’est peut-être Eugène Courbet qui est le plus férocement attaqué : « Terminons ce premier article en parlant des erreurs d'un homme entêté, qui veut rompre en visière avec le genre humain et que ses amis, ses élèves et ses admirateurs sont obligés d'abandonner. Le portrait de la Famille de Proudhon est le dernier mot du mauvais. M. Courbet n'avait encore rien fait d'aussi peu raisonnable, et, comme le disait un de nos camarades, en présence de cette nullité : Il aimait trop Proudhon, c'est ce qui l'a tué ! »

En avril 1870, Alfred de Bullemont épouse Marie Dupuis à Paris (17e arr.).

Il fait paraître, en août 1871, peu après la fin de la Commune de Paris, un Catalogue raisonné des peintures, sculptures et objets d'art qui décoraient l'hôtel de ville de Paris avant sa destruction. Il en avait fait un relevé en 1869, et il estime nécessaire de publier ce témoignage alors que l’insurrection parisienne a détruit l’ancienne mairie et ses nombreuses œuvres d’art.

Il publie en 1872 deux tomes d’un Catalogue des peintures, sculptures et objets d'art des églises de Paris, concernant Saint-Étienne du Mont et Saint-Denis du Saint-Sacrement.

Alfred de Bullemont meurt le 5 octobre 1872. Il était âgé de 32 ans et résidait rue du Faubourg-Saint-Denis. L’écrivain Armand Renaud lui a dédié un des poèmes de son recueil Les nuits persanes (1870), intitulé Le supplice.

L'ancien Hôtel de Ville de Paris, avant sa destruction en 1871

 

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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 01:01

Marie Alexandre Lucien Routier de Bullemont naît le 28 janvier 1822 à Abbeville (Somme). Il est le fils de Josèphe Jeanny Lucie Vassel et de son mari, Alexandre Annibal Routier de Bullemont, propriétaire. Ils sont originaires du département, d’une famille de petite noblesse. Son père est agriculteur. Alexandre est le second des quinze enfants nés vivants du couple, dont quatorze, filles comme garçons, portent le prénom de Marie.

La famille s’installe en Belgique vers 1836, résidant dans la province de Liège, le Brabant puis le Luxembourg belge où Annibal Routier de Bullemont a une exploitation dans laquelle il procède à des essais de cultures nouvelles, notamment la spergule pour laquelle il est récompensé à l’exposition de Bruxelles en décembre 1848.

Installé à Paris, Lucien de Bullemont rentre comme employé à la préfecture de police de Paris en 1846, recruté par le préfet de police Alexandre-François Vivien. Il est chef de la comptabilité en 1848. En août 1848 à Paris (2e arr.), il épouse Charlotte Louise Jadin, fille d’un musicien et auteur dramatique, issue d’une famille comptant de très nombreux artistes.

Au surlendemain de l’abolition de la monarchie et de l’instauration de la deuxième République, il adhère le 27 février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Ses séances se tiennent dans la salle du Conservatoire, rue Bergère. Routier de Bullemont devient un « des orateurs ordinaires du club Blanqui » selon Alphonse Lucas, auteur d’une histoire des clubs politiques pendant la révolution de 1848. Il partageait ce rôle avec Hippolyte Bonnelier et Arnoult Frémy, hommes de lettres, Alphonse Esquiros, Malapert, avocat, et Savary, ouvrier cordonnier puis employé au gaz.

Selon La Voix de la vérité, qui cite la Chronique de Paris et lui consacre un article en septembre 1850, de Bullemont « se signala dans les bureaux de la préfecture par l’activité de sa propagande socialiste ». Mais le journal assure que son engagement ne dura pas longtemps : Auguste Carlier, nouveau préfet de police, fit appel à lui, en février 1850, pour rédiger une circulaire aux commissaires de police, diffusée le 12 de ce mois, sous le titre « Le socialisme, c'est la barbarie ». L’auteur de l’article remarque que Routier de Bullemont « avait donc commencé par être tout ce qu'il y a de plus barbare avant que M. Carlier eût pris la peine de le civiliser. »

En récompense de son style, il fut nommé chef de division. Il poursuivit cet emploi sous le second Empire. Il siège, en tant que responsable de la gestion des fonds parisiens, à la commission instituée en novembre 1865 pour répartir les secours aux familles nécessiteuses atteintes par l’épidémie de choléra. Les aides furent distribuées à 3 000 familles et concernèrent 1 700 orphelins, dont 428 sans famille d’accueil.

Considéré comme bonapartiste par le quotidien La République, Routier de Bullemont remplace en septembre 1872 au secrétariat général de la préfecture de police M. Fouquier, bonapartiste également, passé au secrétariat du conseil d'État.

En septembre 1879, après une campagne du quotidien La Lanterne, il est révoqué de ses fonctions dans ce qu’un autre journal, Le Français, appellera une épuration. Quand il prit sa retraite, en 1886, La Lanterne soutient que par ce départ, « le tribunal de la Seine admettait les concussions [de Routier de Bullemont] comme prouvées. »

Ayant quitté son poste de fonctionnaire, il devint en 1979 directeur de la Compagnie parisienne de vidanges et engrais, présidée par Frédéric Lévy, ancien maire du 11e arrondissement de la capitale.

En 1881, il est directeur de la Banque de prêts à l’industrie à Paris. Il en est toujours administrateur en 1884.

Résidant à Bruxelles en 1889, il héberge Jacques Meyer, un escroc recherché par la police française, arrêté chez lui en

Ayant pris sa retraite, Lucien de Bullemont est installé à Aincreville, dans la Meuse. Il rejoint la Société des Amateurs naturalistes en juin cette année-là, qui le qualifie de « botaniste émérite » et salue « sa science approfondie des végétaux » et apprécie qu’il dispose d’un herbier de quinze mille plantes. La Société compte 71 adhérents. Lors d’une excursion en mai 1890, il est accompagné par son frère, Emmanuel Routier de Bullemont, qui réside à Bruxelles et est membre de la Société linnéenne de la capitale belge. Lors de l’assemblée générale de 1891, Lucien de Bullemont, mentionné comme « botaniste des plus expérimentés » est élu président d'honneur ; il conservera cette fonction jusqu’en 1900.

Lucien Routier de Bullemont meurt le 12 octobre 1904 à Paris (16e arr.). Il est inhumé à Charny-sur-Meuse (Meuse), où avait déjà été enterrée son épouse deux ans plus tôt. Il était officier de la Légion d’honneur depuis février 1866 après avoir été fait chevalier en 1856.

Plusieurs de ses frères jouent un rôle significatif en France, aux États-Unis et en Belgique. Joseph (1825-1898), d’abord militant républicain en France en 1848, deviendra agriculteur en Californie et membre du Sénat de cet État ; il épousa Léonide Jadin, probablement apparentée à la femme d’Alexandre. Emmanuel (1836-1913) fut membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), natif de Belgique, a été critique d’art à Paris. Un autre de ses frères, Arthur (1830-1909) fut également responsable d’un service à la préfecture de police, tandis que le fils de ce dernier, Armand (1862-1894) a été commissaire de police.

Armoiries de la famille Routier de Bullemont

 

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 01:01

Anthelme Carpin naît le 15 juillet 1827 à Virignin (Ain). Il est le fils de Marie Moisset et de son époux Jean (dit Anthelme) Carpin, cultivateur. La famille exploite dans le village un domaine important, le mas du Cry, acquis en juin 1821 par Anthelme Carpin, père de Jean. Ils exploitent également des terres dans le village voisin de Lassignieux.

Lieutenant, probablement dans Légion étrangère, c’est peut-être lui qui, désigné dans la presse sous son seul patronyme en tant que cultivateur-légionnaire résidant à Virignin, fait partie des douze membres du conseil municipal de Belley, la ville voisine, qui n'ont pas voulu accepter la prorogation de leurs pouvoirs décidée par une loi. Ce texte se situe dans le contexte de la fin de la seconde République.

En janvier 1853, Anthelme Carpin est initié à Paris dans la franc-maçonnerie au sein de la loge l’Amitié, rattachée à l’Orient de Paris.

Devenu commissaire de police, il est nommé en janvier 1855 à Culoz (Ain), il épouse Julie Virginie Charlotte Boissenot à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en octobre la même année. L’année suivante, il officie à Oyonnax, dans le même département. Il le quitte pour un poste à Mamers (Sarthe) en 1857 avant d’être muté un an plus tard à Bellac (Haute-Vienne).

Démissionnaire en novembre 1858, Anthelme Carpin et sa famille s’installent à Charenton, d’abord avec les beaux-parents, rue des Bordeaux, puis rue de la Cité-de-Conflans, dans le quartier de Bercy qui sera partiellement rattaché à la ville de Paris en 1860. Il devient négociant en vins. Il s’implique probablement aussi dans l’exploitation familiale de Virignin.

Selon le témoignage d’un de ses fils, Louis, il émigre en 1876 aux États-Unis via la Floride, « pour essayer de reconquérir la fortune que lui avait fait perdre la guerre de 1870 », accompagné de son épouse et d’au moins un de ses fils. Après avoir étudié plusieurs terroirs, il s’installe à Greenville, en Caroline du Sud, dans la zone du Piedmont pour y développer une activité viticole. Décidé à créer une exploitation sur un mode français, il acquiert une quarantaine d’hectares dans une zone de collines boisées, à cinq kilomètres au nord-ouest de la ville, utilisant des cépages locaux. Sa propriété prend le nom de Mammoth ; c’est le domaine viticole le plus étendu de l’État. À la fin de la décennie, il produit environ 180hl d’un vin qu’il baptise Bordeaux. Il considère qu’il produit plus que dans les terres qu’il cultivait en France. Son épouse était retournée en France, soigner son fils Louis, malade de typhoïde.

À la fin des années 1880, une année très humide puis l’essor du mouvement préconisant la prohibition de l’alcool vont réduire la prospérité du vignoble de Greenville, jusque là florissant. En décembre 1886, une publication de Caroline du Sud, The Southern Cultivator and Industrial Journal, consacre un reportage à « l’immense vignoble » de Carpin. Début 1887, la Cour suprême de Caroline du Sud déboute M. Bouland, avec lequel il s’était associé en 1881, et qui réclamait une part plus importante des revenus de la terre.

En avril 1887, Anthelme Carpin est présenté, lors du mariage d’un de ses enfants à Paris, comme propriétaire et viticulteur à Greenville. Mais il rentre en France quelques mois plus tard et meurt le 23 mars 1888 à Paris (10e arr.) où il était hospitalisé. Il était âgé de 60 ans, veuf depuis deux ans et résidait rue d’Enghien dans le même arrondissement ; il est désigné comme vigneron. Père de six enfants, il voit deux de ses garçons devenir eux aussi commissaires de police, l’un avant son décès, l’autre peu après.

À Greenville, une voie publique porte le nom de Carpin Drive.

Propriété Mammoth à Greenville, Caroline du Sud, États-Unis

 

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13 novembre 2022 7 13 /11 /novembre /2022 00:01

Théodore François Santerre (fils) naît le 8 février 1776 à Paris, paroisse Saint-Paul (act. Saint-Paul-Saint-Louis, 4e arr.). Il est le fils de Marie Marguerite Sallé et de son époux Théodore François Santerre (père), raffineur de sucre, domicilié à Bercy (Seine, act. Paris 12e arr.).

Pendant la Révolution française de 1789, son père et un de ses oncles, jouent des rôles politiques significatifs dans les instances républicaines. Son père est administrateur du département de Paris et officier municipal de la commune de Bercy (Seine, ac. Paris 12e arr.). Le général Antoine Joseph Santerre participe à la prise de la Bastille, commande une partie de la garde nationale à Paris et pendant la guerre de Vendée.

Comme son père, Théodore François Santerre (fils) est d’abord raffineur de sucre au Faubourg Saint-Marcel à Paris. Puis, en l’an 10 (1802), il est propriétaire de deux moulins sur le Pont-de-Saint-Maur, sur la Marne, dans le village qui porte le nom de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). Il exerce la profession de meunier, avec trois employés. À cette date, il a pour compagne une certaine Marie Claire selon les données du recensement.

Les moulins du Pont-de-Saint-Maur étaient construits sur deux étages et couverts de chaume. Ils reposaient sur les premières arches, rive droite. L’un d’eux, qui existait en 1553, était un moulin à blé, servant à moudre le grain. L'autre, daté de 1678, actionnait une machine hydraulique, dite pompe de Gourville ; elle avait notamment alimenté en eau, sous l’ancien régime, les jardins du prince de Condé, à Saint-Maur.

Dans le même village de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, Théodore François Santerre épouse en vendémiaire an 13 (octobre 1804) Marie Thérèse Opportune Dupuis, dont les parents marchand de bas. Parmi les témoins figure le général Santerre.

En septembre 1807, Théodore François Santerre vend les deux moulins du Pont-de-Saint-Maur à François Trotier, meunier. À partir de la même année, la famille vit à Paris puis, en 1814, à Bercy, lieu des activités de son père. En 1829 on le retrouve à Ivry (Seine, act. Ivry-sur-Seine, Val-de-Marne), de nouveau raffineur de sucre, résidant route de Choisy. Il est fabricant de gélatine en 1837.

Théodore François Santerre meurt le 24 avril 1843 à Vaugirard (Seine, act. Paris 15e arr.). Il était âgé de 67 ans et père de cinq enfants.

À gauche, les deux moulins du Pont-de-Saint-Maur sur la Marne (actuel pont de Joinville) ; gravure du 17e siècle ; à droite, l’actuelle île Fanac (repr. Pouvereau)

 

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11 novembre 2022 5 11 /11 /novembre /2022 00:01

Théodore François Santerre père naît en 1753 à Paris, dans la paroisse Notre-Dame de Lorette. Il est le fils de Marie Claire et Antoine Santerre. Ce dernier, brasseur à Cambrai (Nord) est venu s’établir à Paris en 1747 où il acquiert de l’aisance. Il meurt en 1770, son épouse également et c’est la fille aînée, Marguerite, âgée de 20 ans, qui élève les quatre plus jeunes enfants, âgés de 11 à 17 ans, tandis que l’aîné, Baptiste, 19 ans, prend la suite du père à la tête de la brasserie de la rue Censier.

Théodore François Santerre épouse Marguerite Sallé en mai 1777 à l’église Saint-Étienne-du-Mont de Paris (act. 5e arr.). Il fonde à Essonnes, près de Corbeil (act. Essonne), une usine pour polir les glaces. Ensuite, il constitue une raffinerie de sucre rue Grange-aux-Merciers à Bercy (act. rue Nicolaï, Paris 12e arr.). Il réside à la Grand'Pinte, quartier de Bercy.

Pendant la Révolution française, trois des quatre garçons Santerre joueront un rôle politique : le second Antoine Joseph, qui sera général de division, le cadet Jean François, qui prit part à la prise de la Bastille et devint commandant de la Garde nationale ainsi que Théodore François lui-même.

Le 4 septembre 1792, Théodore François Santerre est secrétaire de l’assemblée des électeurs du canton de Vincennes.

Le 25 septembre 1792, Servan de Gerbey, ministre de la guerre, écrit à Jérôme Pétion de Villeneuve, président de la convention nationale, pour lui faire part de la situation militaire dans l’Est de la France. La communication entre Châlons (act. Châlons-en-Champagne, Marne) et les armées étant alors interceptée par les alliés coalisés contre la France révolutionnaire, le ministre se réfère aux informations transmises par le général Antoine Joseph Santerre à l’un de ses frères, qu’il désigne sous le prénom de François (qui peut être Jean François ou Théodore François). Il indique que, malgré la proximité de l'ennemi, les nouvelles « sont très bonnes. »

Théodore François Santerre n’est pas élu député à la Convention nationale mais devient administrateur du département de Paris le 9 janvier 1793. Il siège dans cette instance aux côtés notamment de Collot d’Herbois, président, Robespierre, vice-président et Marat. Ces trois derniers quittent rapidement l’assemblée locale et Jean Rousseau est nommé président. Santerre est chargé de préparer une adresse à la Convention sur les indemnités dues aux électeurs.

Il doit déposer comme témoin, le 18 ventôse, lors de l'instruction du procès des Hébertistes. Devant la cour, il conteste qu’il y ait eu des entraves au ravitaillement de Paris et dit ne pas avoir connaissance de menées suspectes dans sa commune. Un mandat d'arrêt est lancé contre lui par le conseil général de Bercy (conseil municipal) ; il est annulé par décret de la Convention, le 19 thermidor an 2.

En l'an 2, il est membre du comité de surveillance de la commune de Bercy (ultérieurement rattachée à Paris et, pour partie, à Charenton-le-Pont) et devient officier municipal (adjoint au maire). Théodore Santerre est, avec le commandant de la garde nationale de Bercy, un des partisans de la déchristianisation en brumaire an 2. Mais son projet d'adresse à la Convention pour y porter l'argenterie de l'église, est repoussé par l'assemblée générale des électeurs de Bercy. Ses partisans ont affaire à des citoyennes qui les poursuivaient à coups de parapluie selon l’historienne Raymonde Monnier.

Pour ne pas pouvoir être accusé d’être un accapareur de sucre, Santerre cesse de raffiner cette denrée et devient fabricant de salpêtre en l’an 3. Il reviendra ensuite à sa production initiale.

Au printemps an 12 (1804), Théodore François Santerre rachète à sa famille le manoir de Beauchery (act. Beauchery-Saint-Martin, Seine-et-Marne). Il exploite le domaine en tant qu’agriculteur.

Théodore François Santerre père meurt le 2 mai 1835 à Beauchery, dans son château de La Tour. Il était âgé de 82 ans et père de cinq enfants. Son deuxième fils, qui se prénommait également Théodore François, fut meunier à Joinville-le-Pont.

Le général Antoine Joseph Santerre, frère de Théodore François Santerre (père).

 

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18 juillet 2022 1 18 /07 /juillet /2022 00:01

Jean Louis Ancelet naît le 27 floréal an 10 (soit le 16 mai 1802) à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Françoise Corbin et de Louis François Ancelet, voiturier. Ce dernier meurt en mars 1809, quand Jean Louis Ancelet n’a que six ans, et sa mère se remarie, en mai 1811, dans le même village, avec Pierre Bauche, marchand de vin.

Devenu marchand de vin comme son beau-père, Jean Louis Ancelet épouse en avril 1827 à Villiers-sur-Marne (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne) Geneviève Louise Angélique Petit, issue d’une famille de vignerons. Ils vivent à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, qui change de nom pour devenir Joinville-le-Pont en 1831.

Lors d’élections municipales complémentaire en mai 1837, qui se tiennent au suffrage censitaire, Ancelet obtient des voix, mais il n’est pas élu. Par contre, il l’est en juin 1840 lors du scrutin suivant, toujours avec le même mode de vote. Il obtient 25 voix pour 43 votants et 64 inscrits. Le nombre d’électeur est de 10% de la population totale.

Au début du mandat, le maire est Laurent Nicolas Pinson, en poste depuis 1830. Pinson n’ira pas tout-à-fait au bout de son mandat commencé en 1837. Il démissionne et s’en explique dans une lettre du 6 février 1843 : un « riche propriétaire, membre du conseil » est « venu jeter le trouble » dans la commune et le conseil municipal. Le grammairien Charles-Pierre Chapsal, propriétaire du château de Polangis, avait demandé sa radiation et celle de son adjoint, Pierre Bainville (également démissionnaire), devant le tribunal de la Seine le 8 janvier. Pinson estime ne pas avoir les moyens de mener la lutte sur le plan légal. Chapsal, élu conseiller municipal en 1840, considérait les deux édiles comme incapables.

À la fin de son mandat, en juin 1846, Jean-Louis Ancelet se représente et est réélu avec 38 voix pour 50 votants et 67 inscrits. Charles-Pierre Chapsal est de nouveau maire ; il quittera cependant sa fonction en 1848, après la révolution qui a renversé le roi Louis-Philippe, remplacé par Apollon Delaherche, qui était conseiller municipal. Chapsal redevient maire, après l’élection de Louis Napoléon Bonaparte, en 1852.

Sous le second Empire, Jean-Louis Ancelet est nommé conseiller municipal en août 1863. Il avait probablement continué de siéger depuis 1852.

Jean Louis Ancelet meurt le 1er mars 1867 à Joinville, âgé de 64 ans et père de trois enfants. Il siégeait toujours au conseil municipal, sans doute depuis 27 ans. Il est remplacé en janvier 1869 dans sa fonction par Pierre-Victor Reclus.

Pendant la durée de son mandat, Joinville s’est transformé, accueillant une ligne de chemin de fer et une gare, un bureau de poste, une église et se dotant d’une nouvelle mairie. Orientée vers le commerce du bois et l’agriculture, dans les années 1830, le village devient dans les années 1860 une destination touristique pour les parisiens qui fréquentent les bords de Marne le dimanche.

Le train à Jopinville-le-Pont en 1859

 

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