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24 juin 2025 2 24 /06 /juin /2025 00:01

Alexandre Louis Ernest Trépreau naît le 9 décembre 1890 à Paris (20e arr.). Il est le fils de Marie Louise Courtois et de son époux Ernest Charles Trépreau. Ses parents sont fabricants de chaussures et vivent boulevard de Charonne. Ils s’installent ensuite rue Dorian (12e arr.) puis, en 1898, à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne). En 1910, la famille vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue de l’Île (act. avenue Jean-d’Estienne-d’Orves) ; le père est alors employé de la firme cinématographique Pathé, implantée dans le même quartier ; il sera ultérieurement représentant de commerce.

Devenu électricien, Alexandre Trépreau dépose plusieurs brevets, pour un radiateur électrique en novembre 1909, puis pour des perfectionnements aux disjoncteurs en janvier 1910. Il complète son travail d’innovation avec trois brevets en 1911 pour un chauffe-eau électrique instantané, qu’il commercialise sous la marque Hydra-Lux ; il le présente au concours Lépine de Paris en septembre 1910. La revue Science progrès découverte commente en novembre 1910 : « L’appareil n’est pas destiné à chauffer de très grandes quantités d’eau comme pour un bain par exemple, mais il trouvera sa place dans les cabinets des médecins et des dentistes, chez les coiffeurs et dans les cabinets de toilette des appartements modernes. »

Pour protéger ses inventions, Trépreau dépose ses marques en 1909 auprès du Bureau international de l'Union pour la protection de la propriété́ industrielle et fait publier cette inscription dans de nombreux pays, notamment l’Allemagne, Cuba, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse…

Appelé en décembre 1911 à faire son service militaire, Alexandre Trépreau intègre le 46e régiment d’artillerie de campagne, dans lequel il est maître pointeur en septembre 1912. Il est victime d’une chute, en mai 1913, qui le blesse au genou droit puis démobilisé en novembre 1913.

De nouveau appelé en août 1914 au déclenchement de la première guerre mondiale, toujours dans l’artillerie, son activité militaire lui vaut une citation en février 1916 à l’ordre de la division. Il est évacué en mars 1916 pour une « angine aigüe ». Après avoir repris son poste en mai, il souffre de problèmes rénaux, qui lui valent une réforme temporaire en juillet 1916 pour « albuminerie persistante ». Son état est confirmé en octobre la même année, puis en juin 1917 et en mai 1918. Le conflit étant terminé, il se voit attribuer en octobre 1919 une pension de 20% pour asthénie générale avec trace d’albumine. En septembre 1920, il est affecté à des services auxiliaires, du fait d’une néphrite chronique, d’albumine, de céphalées, d’essoufflement, et d’amaigrissement, sa pension étant alors fixée à 10%. En novembre 1929, il est définitivement réformé de ses obligations militaires, avec une pension de 35% pour des reliquats de néphrite et de l’hypertension.

Pendant son second congé-maladie lors de la guerre, Alexandre Trépreau épouse en décembre 1916 à Paris (11e arr.) Ernestine Claire Werren, cartonnière. Toujours domicilié avenue de l’Île à Joinville, avec ses parents, Trépreau abandonne son activité commerciale pour un temps et est contremaître ; en avril 1925, il recherche une « place stable. »

Abonné au journal royaliste Action française, Alexandre Trépreau, dont le père partage les opinions, participe à de nombreux appels à souscription du quotidien d’extrême-droite. Ainsi, en janvier 1918, les deux envoient 5 francs chacun avec la mention suivante : « En attendant les 12 balles pour les traîtres, 10 balles pour l'Action française ».

Répondant à un appel intitulé « Le million de la défense sociale contre l’or bolchévik », en juillet 1919, Alexandre Trépreau s’inscrit « Pour la paix qui passe, par la Monarchie » puis en septembre la même année en écrivant « Vive Daudet, le sauveur de la France ». Il participe à de nouveaux appels en avril 1921 « Pour la reconstitution nationale », en décembre de ladite année « Pour conserver la victoire » et en mai 1924 « Pour l’action nationale. »

Une fois de plus en compagnie de son père, ils font partie des 22 joinvillais qui contribuent en juin 1925 « Pour la veuve et les enfants d'Ernest Berger », né en 1889, trésorier de l'Action française. Il est assassiné, dans la station de métro Saint-Lazare à Paris, d'une balle dans la nuque par Maria Bonnefoy, prétendument à cause de sa ressemblance avec Charles Maurras. En décembre 1927 puis en mars 1929, Alexandre Trépreau est de nouveau mentionné comme contributeur à l’Action française.

En matière professionnelle, Alexandre Trépreau reprend une activité commerciale indépendante, avec une boutique d’appareils de TSF (téléphonie sans fil, radio), implantée rue de Paris à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), qu’il exploite en 1931.

Après la mort de son père en février 1932 et de son épouse en août de cette année-là, il quitte Joinville et vit rue de Charonne à Paris (11e arr.). Son entreprise de Charenton fait faillite en mars 1935. Travaillant toujours comme électricien et demeurant rue Marqfoy (act. rue Robert-Blache, Paris 10e arr.), Alexandre Trépreau se remarie avec Marie Émilia Jeanne Gondouin, sténodactylo,

Au début de la deuxième guerre mondiale, il est hospitalisé à La Salpêtrière puis travaille comme magasinier électricien en 1940.

Alexandre Trépreau meurt le 28 mars 1959 à Argentan (Orne). Il était âgé de 68 ans et n’avait pas eu d’enfant vivant. En février 1916, il a été décoré de la Croix de guerre.

Schéma du chauffe-eau Hydra-Lux

 

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22 juin 2025 7 22 /06 /juin /2025 00:01

Ernest Charles Trépreau naît le 21 décembre 1852 à Paris (5e arr.). Il est le fils de Louise Danneel et de Pierre Trépreau ; ils vivent rue Marie-Stuart (2e arr.). Pendant le siège de Paris, lors de la guerre franco-allemande, il envoie un message à sa famille par pigeon-voyageur, daté du 16 décembre 1870 à Château-Gontier (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique) : « familles Trépreau, Guillier bien portantes ». C’est le seul moyen de communication avec la capitale à ce moment.

En juin 1877, fabricant de chaussures et vivant toujours rue Marie-Stuart, il épouse à Paris (6e arr.) la fille d’un autre chausseur, Marie Louise Courtois. En septembre 1885, la manufacture de chaussures Trépreau et Courtois est dissoute, et Trépreau continue seul l’activité encore au même endroit.

En 1898, la famille vit à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne) puis en 1910, s’installe à Joinville-le-Pont (également Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue de l’Île (act. avenue Jean-d’Estienne-d’Orves). Il est à ce moment employé de la firme cinématographique Pathé, implantée dans le même quartier puis devient ultérieurement représentant de commerce.

Pendant la première guerre mondiale, les époux Trépreau participent à une souscription pour les invalides de la guerre, diffusée dans le quotidien L’Écho de Paris en Aisne 1915.

Après-guerre, en compagnie de son fils Alexandre, qui vit avec lui, Ernest Trépreau contribue financièrement au quotidien royaliste Action française en transmettant le message suivant en janvier 1918 : « En attendant les 12 balles pour les traîtres, 10 balles pour l'Action française ». Toujours avec le même fils, il participe à un appel en juin 1925 « Pour la veuve et les enfants d'Ernest Berger », né en 1889, trésorier de l'Action française. Il est assassiné, dans la station de métro Saint-Lazare à Paris, d'une balle dans la nuque par Maria Bonnefoy, prétendument à cause de sa ressemblance avec Charles Maurras, le dirigeant du mouvement. Vingt-deux joinvillais y contribuent

Son frère, Auguste Trépreau (1855-1928), libraire et papetier, dirigeant d’organisations professionnelles, s’était exprimé au moment de l’affaire Dreyfus dans le quotidien antisémite La Libre Parole en 1898 et 1900. Il avait ensuite fondé une formation de défense des entrepreneurs et était devenu conseiller municipal de Saint-Cloud (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Auguste Trépreau meurt le 8 février 1932 à Joinville et est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise. Il était âgé de 79 ans et père de trois enfants.

Usine Pathé à Joinville-le-Pont

 

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16 juin 2025 1 16 /06 /juin /2025 00:01

Jean Charles Blanchet naît le 12 septembre 1759 et est baptisé le 13 en l’église Saint-Nicolas de Saint-Maur (act. Saint-Maur-des-Fossés, Val-de-Marne). Il est le fils de Geneviève Deschamps et de Jacques Blanchet. Comme son grand-père maternel, son père est charron. Il est originaire de Bourgogne, de la vicomté d’Auxonne, maintenant partagée entre les départements de la Côte-d'Or et du Jura.

La famille compte treize enfants, dont Charles est le sixième. Elle vit dans le village de Pont-de-Saint-Maur (act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne), à la porte d’entrée dans le parc de Vincennes (act. Bois de Vincennes). La bourgade comprend un port, recevant du bois flotté et un pont sur la Marne qui voit passer de nombreux véhicules.

À l’instar de son père, Charles Blanchet est lui aussi charron, ce qui en fait un spécialiste des engins roulant en bois comme les charrettes. Il est qualifié de « maitre charron » en l’an 6 (1798) et poursuit l’administration de l’atelier familial.

En janvier 1793 à Conflans-Charenton (act. Charenton-le-Pont, Val-de-Marne), Charles Blanchet épouse Louise Françoise Pierret, fille d’un charpentier de la commune. Ils vivent à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur dans la maison des Blanchet.

Charles Blanchet est un intermédiaire pour la location d’une maison de maître située en face de son atelier en l’an 12 (1804), la même que celle que son père proposa à des locataires en 1781 et 1793.

Le père de Charles, Jacques Blanchet a été membre en tant que notable, de l’assemblée municipale mise en place en novembre 1790, quand le village de Pont-de-Saint-Maur s’est séparé de la commune de Saint-Maur-des-Fossés, nouvellement créée. Les institutions municipales sont suspendues à partir de 1793. Quand elles sont reconstituées, en floréal an 8 (mai 1800), c’est Charles Blanchet qui siège à son tour dans le conseil général administrant la commune. Le maire est Laurent Pinson, marchand de bois scié.

Charles Blanchet meurt le 3 mars 1821 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Le registre d’état-civil mentionne qu’il est décédé « hors de son domicile sur le bord de la Marne ». Il était âgé de 61 ans et père de sept enfants.

Un charron et son apprenti à la fin du 18e siècle

 

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14 juin 2025 6 14 /06 /juin /2025 00:01

Jacques Blanchet naît à une date inconnue, antérieure à 1731, probablement à Foucherans, paroisse de la vicomté d’Auxonne (act. Jura) où réside la famille lors de son mariage en 1752. Ses parents sont Charlotte Gouerne et Guillaume Blanchet.

Alors majeur, donc âgé de plus de 21 ans, Jacques Blanchet épouse en novembre 1752, en l’église Saint-Nicolas de Saint-Maur (act. Val-de-Marne) Geneviève Deschamps, fille d’un charron.

Jacques Blanchet est lui aussi charron, ce qui en fait un spécialiste des charrettes autres engins roulant en bois. La famille vit dans le village de Pont-de-Saint-Maur (act. Joinville-le-Pont), à la porte d’entrée dans le parc de Vincennes (act. Bois de Vincennes). Le village dispose d’un port, recevant du bois flotté venant de Haute-Marne. Le pont voit passer de nombreux véhicules.

Entre 1781 et 1793, Jacques Blanchet sert à deux reprises d’intermédiaire pour la location d’une maison de maître située en face de son atelier.

Rattaché à la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur, le village de Pont-de-Saint-Maur décide en novembre 1790 de constituer une municipalité autonome de celle de la commune de Saint-Maur-des-Fossés, au grand déplaisir des édiles de cette dernière. La nouvelle commune prend le nom de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (elle sera rebaptisée Joinville-le-Pont en 1831).

Jacques Blanchet, en tant que notable, est membre du conseil général (équivalent d’un conseil municipal) de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, élu pour deux ans fin 1790 ; le maire est Edme Lheureux (1733-1798).

La dernière mention connue de Jacques Blanchet dans les registres de la commune est le 28 ventôse an 4 (18 mars 1796), où il signe comme témoin d’un acte d’état-civil.

Il était alors âgé d’environ 65 ans et était père de 13 enfants. Un de ses fils, Jean Charles Blanchet (1759-1821), lui aussi charron, sera également notable de la même commune en floréal de l’an 8 (mai 1800).

Le métier de charron, extrait de l'Encyclopédie de Diderot & d'Alembert

 

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30 avril 2025 3 30 /04 /avril /2025 00:01

Auguste Louis Casiez naît le 12 octobre 1846 à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Valentine Marie Constance Montraisin et de son époux Louis Eugène Casiez. Son père, originaire de Saint-Omer (Pas-de-Calais) est perruquier ; il sera ultérieurement facteur des Postes. La famille, dont il est le dernier des six enfants, vit route de Saint-Mandé.

Devenu bijoutier, Auguste Casiez épouse, en décembre 1869 à Charenton, Augustine Victorine Coudret, blanchisseuse. Ils restent vivre à Charenton, rue de Paris.

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, son père Louis Eugène Casiez (1803-1880), bien qu’ayant déjà 66 ans, est engagé dans la Garde nationale, en tant que tambour-maître au 51e bataillon ; son frère aîné, Alexandre Casiez (1841-1906), combat également dans le 55e bataillon de la Garde, en tant que sergent-fourrier. Il poursuit son activité sous la Commune de Paris, la Garde ayant refusé de rendre les canons stationnés dans Paris comme le réclamait les forces d’occupation allemandes après la capitulation. Il sera arrêté puis condamné par le conseil de guerre à 13 mois d’emprisonnement. Auguste prend sa défense dans la presse après le procès en août 1872.

Ayant développé son activité dans le 1er arrondissement de Paris, la famille s’installe en 1875 d’abord rue Saint-Honoré puis rue Sainte-Anne, où il forme en mai 1876 une société de joaillerie avec M. Coulbeaux. Il met fin à cette collaboration en janvier 1877, s’installe rue Baillif et constitue une entreprise nouvelle avec Levasseur, toujours en tant que joailler. Il s’installe ensuite rue de Passy, dans le 16e arrondissement, en 1883.

En 1886, la famille rejoint sa mère à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), rue de La Varenne. Son frère Alexandre viendra vivre dans la même commune cinq ans plus tard. Ils seront très liés par l’activité qu’ils vont mener localement.

Dans le domaine culturel, Auguste Casiez est trésorier de la Société chorale de Saint-Maur en 1893. Il joue le même rôle dans une structure sociale, à la même date, le Comité de secours aux malheureux. Il est le président fondateur de la société des pupilles de Saint-Maur et administrateur de la caisse des écoles

En février, toujours la même année 1893, il est, en compagnie du conseiller général radical-socialiste, le docteur Georges Laffont, témoin du mariage du secrétaire du Théâtre Lyrique de Paris, M Lamouroux, avec une saint-maurienne, Mlle G. Prin.

Toujours en 1893, Auguste Casiez est l’un des quatre fondateurs de L'Épargne populaire, société d’assurances qui a pour but de développer l'épargne et la prévoyance par la capitalisation. Elle est présidée par une autre personnalité de Saint-Maur, Henry Pouvereau.

Sur le plan politique, Auguste Casiez est membre du comité républicain-radical-socialiste du canton de Saint-Maur, comme son frère Alexandre, qui siège depuis 1890 au conseil municipal. Il soutient en mai 1893 la candidature du Dr Laffont au conseil général et est assesseur d’une de ses réunions publiques en décembre. Il fait partie, en mars 1896 des délégués sénatoriaux désignés par le conseil municipal.

Membre du bureau du Comité républicain radical-socialiste de Saint-Maur, Auguste Casiez est mis en minorité et démissionne avec ses collègues en janvier 1898, à l’occasion d’un conflit au sein des radicaux de la commune. Il sera cependant de nouveau désigné comme délégué sénatorial par les radicaux en décembre 1908.

Il poursuit une activité mutualiste au début du 20e siècle, en tant qu’administrateur de la société de secours mutuels Saint-Louis, dont le siège est à Charenton. Il cède sa bijouterie de la rue Baillif en octobre 1904.

L’appartenance d’Auguste Casiez à la franc-maçonnerie est relevée par les organismes et journaux antimaçonniques à partir de 1908. Il participe aux travaux de la loge La Réforme, basée à Saint-Maur et rattachée au Grand Orient, dont le vénérable est l’ingénieur et industriel Salomon Hirsch, futur dirigeant du parti radical-socialiste. En 1914, sa démission est mentionnée.

Auguste Casiez meurt le 28 février 1917 dans son domicile de la rue de La Varenne à Saint-Maur. Il était âgé de 70 ans et père de six enfants. Il avait été décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie en janvier 1908 puis comme officier de l’instruction publique en janvier 1913. Son activité mutualiste avait été récompensée par une mention honorable en janvier 1909 et une médaille de bronze en mars 1912.

Saint-Maur, rue de La Varenne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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28 avril 2025 1 28 /04 /avril /2025 00:01

Suite de la biographie d’Alexandre Casiez

Le scrutin municipal de mai 1900 voit la réunification du territoire saint-maurien. La liste du maire sortant Maxant, républicain-progressiste (droite) arrive en tête, suivie de près par les radicaux-socialistes. Cette dernière fait alliance pour le deuxième tour avec le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire et ils récoltent les 27 sièges à pourvoir. Casiez est réélu, le Dr Sallefranque, radical-socialiste, devient maire.

Renouvelé dans son rôle de trésorier de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, Alexandre Casiez est également le directeur d’un journal local, L’Union socialiste. Il avait été fondé en 1893 par le Dr Laffont, défendant principalement des positions radicales-socialistes mais ouvert, au moins aux début, à d’autres courants de gauche. Consacré très largement à Saint-Maur, publié chaque semaine sur deux pages, il a cependant quelques rubriques pour les communes voisines, Champigny, Joinville ou Créteil en particulier. Casiez collabore à L’Union socialiste peut-être dès le début, en tout cas il représente la publication en 1895. Un autre organe radical, Voix des communes, couvre plus largement l’ensemble de la circonscription. De plus, le Dr Sallefranque dispose de son propre journal, La Démocratie.

En octobre 1902, c’est L’Union socialiste qui organise le banquet pour « fêter l'inauguration de la première maison ouvrière construite par la Famille, société coopérative de constructions d'habitations ouvrières à bon marché ». Mais, le mois suivant, Voix des communes relève que « ‘La guerre est déclarée entre la Démocratie et l’Union socialiste » et s’en émeut : « il est parfaitement absurde de se quereller entre soi quand l’ennemi vous guette ». Considérant que « les torts sont réciproques », le correspondant qui signe du pseudonyme de Jean Le Bagaude conclut : « Il y a d’excellents républicains à Saint-Maur, mais on aurait besoin de semer dans les immenses et beaux jardins de cette ville quelques sous de patience et de sens commun. »

Union socialiste, 18 septembre 1904 (Gallica)

Le comité radical, contrôlé par le maire, expulse Alexandre Casiez en novembre 1902. L’affrontement se poursuit en public en mars 1903. Lors d’une réunion publique de compte-rendu de mandat, Casiez interroge la municipalité sur un paiement pour travaux qui aurait été fait deux fois. Le maire Sallefranque et deux adjoints, Dufaur d'Alaric, radical, et René Bounet, socialiste, considèrent que c’est de la diffamation et portent plainte. Le procès a lieu en juillet 1903 devant la cour d’assises de la Seine. Lors de l’audience, Casiez explique qu’il avait été provoqué à parler au cours de cette réunion, indiquant que « la municipalité n’avait plus notre confiance » et qu’il souhaitait des explications sur une situation qui lui avait été rapportée. Vingt-quatre témoins sont entendus. Le jury ne retient aucune infraction, et la cour d’assises acquitte Casiez. Une trentaine de journaux parisiens au moins rendent compte du jugement.

La rupture politique au sein des radicaux se traduit, en mai 1904, par la présence de deux listes lors des élections municipales de mai 1904, celle officielle du maire, le Dr Sallefranque et celle de Casiez, baptisée Union républicaine. La gauche est également divisée, entre le Parti socialiste français et le Parti socialiste de France (le regroupement aura lieu l’année suivante en 1905), tandis que la droite aligne une liste dirigée par l’ancien maire, Maxant, avec l’appui du Parti républicain libéral.

Les radicaux arrivent en tête, devant les libéraux et les colistiers de Casiez, qui a emmené à sa suite quatre autres conseillers municipaux ainsi que le docteur Henri Chassaing (1855-1908), qui a été conseiller de Paris (1889-1902) et député de la Seine (1884-1890). La liste de Sallefranque décide de s’unir au Parti socialiste français (PSF) et entame des négociations avec l’Union républicaine. Celles-ci achoppent sur l’exclusive concernant René Bounet, adjoint au maire sortant et tête de liste du PSF, « qui a été néfaste aux intérêts communaux », selon Casiez. Les radicaux refusent de faire alliance avec eux. Au second tour, en l’absence de candidats de l’Union républicaine, radicaux et socialistes l’emportent face aux libéraux et Sallefranque est réélu.

Absent de l’assemblée locale, Alexandre Casiez continue cependant de peser sur la vie locale du fait de son titre de directeur de L’Union socialiste, dont l’éditorialiste est le poète lyrique Léon Stensmaght, également orfèvre. Il montre l’étendue de son influence en juillet 1905, lorsque le ministre des colonies Étienne Clémentel le distingue au cours du banquet du Syndicat de la presse républicaine périodique. Le dirigeant dudit syndicat, Monvoisin, témoigne : c’est un « militant républicain sincère et convaincu qui tout en défendant de son mieux, dans le modeste organe qu’il dirige, la République et ceux qui la servent ; qui tout en bataillant avec passion pour ses idées, donna ce bel exemple de ne jamais se souvenir du nom de ses adversaires. »

Décidément habitué des tribunaux, Alexandre Casiez aura comparu devant le conseil de guerre à Versailles en 1872 pour son rôle militaire pendant la Commune de Paris, le tribunal civil de la Seine en 1881 et 1884 pour la séparation de son couple, le conseil d’État au sujet de son élection municipale en juillet 1890 puis la cour d’assises de la Seine en juillet 1903 pour des accusations de diffamation. Il aura aussi fait appel aux juridictions pour se défendre, comme le tribunal correctionnel de la Seine en janvier 1876 à propos de la protection de ses modèles de bijoux (sans succès), et une nouvelle fois, pour injures publiées dans un journal de Saint-Maur en 1904 (avec réussite cette fois). Les deux décisions de 1876 et 1884 auront un effet jurisprudentiel significatif.

Alexandre Casiez meurt le 14 juillet 1906 à Saint-Maur-des-Fossés, dans son domicile de la rue Caffin. Il était toujours agent d’assurances et âgé de 70 ans. Son décès est déclaré par deux de ses neveux. Il était père de neuf enfants, huit de son mariage avec Louise Vernet et un de son compagnonnage avec Eugénie Clairiot. Cette dernière adoptera le nom d’usage de Casiez, bien qu’ils n’aient pas été mariés.

En 1896, Alexandre Casiez avait reçu la médaille de bronze de la mutualité pour son rôle en tant que vice-président de la société de secours mutuels Saint-Louis. Il a été décoré des Palmes académiques, comme officier d'académie en juin 1902, en lien avec ses fonctions de conseiller municipal. L’attribution de la distinction de chevalier du Mérite agricole, fait mention de ses activités de publiciste, membre du syndicat de la presse républicaine de Paris et de la banlieue et pour de « nombreux articles sur les questions agricoles et horticoles. »

Fin 

Saint-Maur, avenue du Bac à La Varenne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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26 avril 2025 6 26 /04 /avril /2025 00:01

Suite de la biographie d’Alexandre Casiez

Après avoir retrouvé ses droits civiques, Alexandre Casiez va entreprendre une activité publique assez intense, souvent en compagnie d’Auguste. Tous les deux sont membre du Comité républicain radical-socialiste de la commune. En 1890, le Dr Georges Laffont, radical, élu conseiller général du département de la Seine, respectant ses engagements de non-cumul de mandats, démissionne de son poste de maire de Saint-Maur. Des élections municipales complémentaires sont organisée en juin pour pourvoir à cinq postes vacants avant l’élection du nouveau maire. La liste radicale emporte quatre sièges et Casiez devient conseiller municipal, les socialistes révolutionnaires ayant un élu. Son élection est contestée, car il n’était pas inscrit sur les listes électorales, mais le Conseil d'État statue, en août 1890, sur le rejet de la requête, estimait qu’il aurait bien dû être inscrit au rôle des contributions foncières, puisqu’il possède un immeuble depuis 1874, et qu’il était donc éligible. Le premier adjoint sortant, Aureau, radical, est élu maire.

Lors des élections municipales générales de mai 1892, Casiez est de nouveau candidat dans la quatrième section de Saint-Maur, qui couvre le quartier de La Varenne, Il est élu dès le premier tour, Aureau est confirmé au poste de maire. Les listes radicales ont été ouvertes à des socialistes révolutionnaires.

Le comité républicain radical-socialiste du canton de Saint-Maur, dont Casiez est le trésorier et dont son frère Auguste est également membre, soutient en mai 1893 la candidature du Dr Laffont à sa réélection comme conseiller général.

Au sein du conseil municipal, les tensions entre les radicaux et les socialistes se manifestent, par exemple sur le choix de l’emplacement du cimetière, défendu par le socialiste Bocquet et que combat Casiez. Pour résoudre la situation, 13 conseillers municipaux radicaux réclament la dissolution du conseil municipal au préfet, qui la décide en avril 1894. Les candidats radicaux font face à une union des progressistes (droite) avec les socialistes révolutionnaires ; les quatre sortants de cette tendance, qui ont soutenu ladite alliance, sont exclu du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Au premier tour, les radicaux remportent 12 des 17 sièges pourvus, dont celui de Casiez. Mais au second tour, ils n’obtiennent qu’un seul des 10 sièges restants et se retrouvent donc minoritaires, avec 13 élus contre 14. L’horloger républicain-progressiste Louis Charles Maxant (droite) est élu maire avec l’appui des 4 conseillers socialistes dissidents. Ces derniers essaient, en avril 1895, de faire du 1er Mai un jour chômé pour les employés municipaux ; les radicaux s’y opposent, tandis que les élus de droite s’abstiennent, et la mesure ne passe pas.

Peu après l’installation du nouveau conseil municipal, en août 1894, les tensions sont fortes dans le milieu politique local. Un des journaux locaux, L’Écho de Saint-Maur, publie des articles que l’un des fils d’Alexandre Casiez considère comme « injurieux ». il se rend au domicile du conseiller municipal supposé avoir écrit lesdits papiers, Jacques Stiéber, un élu républicain-progressiste, lui déclare être le fils de Casiez puis se précipite sur lui, le frappant à la poitrine avec un poinçon. Il n’occasionne cependant qu’une légère blessure. Arrêté et conduit au commissariat de police de Joinville-le-Pont, il déclare avoir agi « pour venger son père ». Plus d’une quarantaine d’articles sont publiés dans des quotidiens français, aucun ne mentionnant le prénom du coupable ; il peut s’agir d’Eugène, 31 ans ou Paul, 25 ans, tous deux bijoutiers, le troisième, Maurice, n’ayant que 9 ans. S’il y a eu de suites judiciaires, elles d’ont pas été retrouvées.

Pour l’élection municipale générale de mai 1896, le sectionnement de Saint-Maur est modifié, avec seulement trois sections au lieu de quatre. Les radicaux remportent la circonscription La Varenne avec 8 sièges, où Casiez est réélu. La liste républicaine progressiste gagne les 19 autres sièges, tandis que la liste socialiste-révolutionnaire, qui s’en est séparée, n’a pas de conseiller municipal.

Une polémique éclate dans le comité radical-socialiste lorsque, en janvier 1898, la majorité des radicaux acceptent l’adhésion Léon-Marie Piettre, ancien maire de Saint-Maur (1876-1888), qui avait été élu conseiller général en 1893 contre le Dr Laffont, soutenu par les radicaux. Casiez fait partie des protestataires, qui lui reprochent d’avoir été « élu sous le patronage de nos adversaires politiques. »

La même année, en mars, Casiez est désigné trésorier de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine, qui couvre une grande partie de l’actuel Val-de-Marne).

En matière sociale, Alexandre Casiez est en 1896 vice-président de la Société de secours mutuels Saint-Louis, basée à Charenton-le-Pont.

À suivre

Saint-Maur, marché de La Varenne en 1901 (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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24 avril 2025 4 24 /04 /avril /2025 00:01

Début de la biographie d’Alexandre Casiez

Alexandre Eugène Caziez naît le 2 février 1841 Charenton-Saint-Maurice (Seine, act. Saint-Maurice, Val-de-Marne). Il est le fils de Valentine Marie Constance Montraisin et de son époux Louis Eugène Caziez. Son nom sera ensuite orthographié « Casiez ». Son père est perruquier à la maison Royale ; il sera ultérieurement facteur des Postes. En 1844, la famille vit dans la commune voisine de Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Devenu graveur en bijouterie et vivant rue des Gravillliers à Paris (10e arr.), Alexandre Casiez épouse en août 1862 dans cet arrondissement Louise Euphrasie Rosalie Vernet, lingère. Ils s’installent rue du Temple (3e arr.), où il ouvre un atelier de fabrication de bijoux plaqués or. Ses produits sont qualifiés ainsi par le Moniteur de la bijouterie en septembre 1869 « Cette maison fait le genre tout à fait ordinaire et à des prix très-avantageux. »

Bijoux de la maison Casier

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, Alexandre Casiez s’engage dans le 55e bataillon de la Garde nationale où il sert pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Il a le grade de caporal puis de sergent-fourrier. Bien qu’alors âgé de 66 ans, facteur retraité des Postes, son père Louis Eugène Casiez (1803-1880) est également engagé dans la Garde nationale, en tant que tambour-maître au 51e bataillon ; à son décès, il aura des obsèques civiles.

Alexandre Casiez continue son activité lors de l’insurrection populaire de la Commune de Paris (18 mars – 28 mai 1871), qui fait suite au refus des membres de la Garde nationale de rendre leurs canons aux troupes allemandes après l’armistice. Le 30 mars 1871, il est élu sergent-major.

Arrêté sur dénonciation le 9 juin, il est jugé par le 19e conseil de guerre, qui siège à Versailles et condamné le 10 juin 1872, à treize mois de prison et dix ans de privation de ses droits civiques. L’accusation lui reprochait d’avoir « été aux forts d’Issy, de Vanves, à Asnières, aux barricades dans Paris ». Cependant, la décision ne retient pas ces motifs, l’envoyant en maison d’arrêt pour port illégal d’uniforme. Le 13 septembre 1872, le reste de sa peine est remis. La dégradation civique est maintenue.

Après sa libération, Alexandre Casiez reprend son activité de bijoutier, toujours avec son atelier rue du Temple. En janvier 1876, il attaque de ses anciens ouvriers, alors établi à son compte, qui a copié certains de ses modèles. Le tribunal correctionnel de la Seine juge que « quelque répréhensibles que soient les faits reprochés », ils ne sauraient tomber sous l'application du Code pénal. La maison Casiez est présente lors de l’exposition universelle de 1878 à Paris, où elle obtient une médaille de bronze.

En février 1881, Alexandre Casiez est de retour devant la justice, cette fois pour des affaires familiales. Son épouse a demandé au tribunal civil de la Seine de prononcer la séparation de corps, faisant état d'injures, de menaces et de violences ainsi que les relations de son mari avec Marie Eugénie Clairiot, une ancienne employée de la bijouterie, alors âgée de 22 ans. En septembre 1884, Alexandre Casiez demande la transformation de la séparation en divorce, ce que son épouse refuse. Le tribunal remarque que le coupe « a eu quatre enfants encore vivants » (quatre autres sont morts) et que « l'union paraît avoir été heureuse jusqu'au jour où [Alexandre Casiez] a rencontré la fille [Clairiot] ». Il considère « que la femme Casiez, qui, pendant de longues années, notamment en 1871, dans des circonstances graves pour son mari, lui a donné des preuves d'un dévouement et d'une affection qu'il n'aurait pas dû oublier ». Pour étayer sa décision, le juge estime le demandeur « ne produit aucun motif avouable à l'appui de sa demande » et prend acte que l’épouse redoute qu’un divorce lui permette « de régulariser, à son détriment et à celui de ses enfants, la position dans laquelle il n'a cessé de vivre, depuis sa séparation ». Le divorce est ainsi rejeté. La décision est publiée dans plusieurs journaux juridiques mais également dans la revue Le Droit des femmes et dans plusieurs quotidiens parisiens ou de province. Casiez vit cependant avec sa nouvelle compagne, qui donne naissance en janvier 1885 à un fils, qu’il reconnaîtra.

C’est avec son fil aîné, Eugène, qu’est constituée, en janvier 1889, la société Alexandre Casiez et fils. Deux ans plus tard, elle est dissoute et le père cède le fonds de commerce à son fils. Ce dernier placera son activité en liquidation judiciaire en novembre la même année.

Ayant quitté Paris pour s’installer à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de La Varenne, rue Caffin, Alexandre Casiez y vit avec sa compagne et le fils de cette dernière. Sa mère et son frère Auguste, également bijoutier, vivent aussi à Saint-Maur. Alexandre devient agent général de la Compagnie générale d’assurances contre les accidents.

À suivre

Paris, la rue du Temple (Parissima)

 

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18 avril 2025 5 18 /04 /avril /2025 00:01

Jacques André Antoine Vivier naît le 23 décembre 1841 à Pouillé (Vendée). Il est le fils de Jeanne Bodin et de son époux, Jacques Vivier. Ses parents sont tous deux vendéens, sont père étant d’abord tailleur d’habits puis journalier. Il meurt en août 1850, sept mois avant la naissance de son septième enfant, et alors que Jacques (qui est appelé Eugène dans la famille) est âgé de huit ans.

La mère de Jacques élève les enfants vivants en travaillant comme cordière. Elle meurt elle-même en juillet 1861.

Devenu charpentier, Jacques Vivier réside à Paris en 1870, quand les troupes allemandes font le siège de la capital. Il s’engage dans un bataillon du génie, où il est chef d'un chantier. Libéré de l’armée en février 1871, logeant rue de Flandre (act. avenue de Flandre, 19e arr.), il reprend du service sous la Commune de Paris en avril, avec le grade de lieutenant puis de capitaine. Il est arrêté à la fin des combats avec les troupes gouvernementales de Versailles, soit le 25 mai soit, à Joinville-le-Pont, le 4 juin 1871, selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron.

Le 10e conseil de guerre le condamne, le 28 décembre 1871 à cinq ans de détention et à la privation des droits civiques « pour participation à l’insurrection de Paris ». L’instruction avait estimé que « les renseignements recueillis sur lui étaient bons ; seule sa moralité n'était pas exempte de reproches ». Il est incarcéré à la citadelle de Port-Louis (Morbihan) puis transféré ensuite dans la prison de Thouars (Deux-Sèvres). Il obtient une remise de peine de six mois en novembre 1875 et est donc probablement libéré en juin 1876.

Retourné à la vie civile, Jacques Vivier reprend son métier de charpentier à Bonnard (Yonne). En avril 1877, dans le village voisin de Beaumont, il épouse Alphonsine Alexandrine Dubois, fille d’un charron. Comme témoin de ses noces, il a invité un homme de lettres et un docteur en médecine, ce qui montre qu’il a pu se faire assez rapidement des relations dans cette partie de la Bourgogne. Il s’installe dans à Beaumont et devient marchand de bois.

Pour des raisons fiscales, Jacques Vivier est en conflit avec sa commune de résidence. Il s’adresse au député de l'Yonne, Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, futur ministre, qui transmet en décembre 1904 sa pétition à la Chambre des députés. Il conteste ensuite l’imposition foncière du sa Beaumont à laquelle il est soumis pour l’année 1910. Le conseil de préfecture du département de l’Yonne (prédécesseur du tribunal administratif) lui accorde une réduction en octobre 1911, que la commune conteste devant le Conseil d’État ; ce dernier la déboute et maintien la décision en faveur de Vivier en mars 1914.

Jacques Vivier meurt le 7 février 1922 à Beaumont. Il était âgé de 81 ans, veuf et père d’un enfant.

La prison de Thouars (Gallica)

 

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 00:01
  • Gabriel Jacques Lucien Sarreste naît le 5 août 1867 à Sèvres (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de fils Gabrielle Prugnarde et de son époux Eugène Jacques Martin Sarreste.

    Sa mère est une auvergnate, native du Puy-de-Dôme, domestique à Paris avant son mariage l’année précédente.

    Son père est alors charretier brasseur. Eugène Sarreste (1829-1901), bourguignon, originaire de l’Yonne, vient d’une famille de cultivateurs et est laboureur en 1851. Il vient à Paris et fait partie des républicains qui résistent, en décembre 1851, au coup d’État du président de la République, Louis Napoléon Bonaparte, lequel a dissout l’Assemblée Nationale le 2 décembre et sera proclamé empereur sous le nom de Napoléon III. Comme 26 000 autres, il est arrêté et traduit devant un tribunal ad-hoc, une commission mixte départementale. Le motif retenu contre lui est qu’il aurait été « Affiliateur aux sociétés secrètes. Il convient d’avoir recruté de nombreux affiliés » ; en conséquence, l’accusation soutient qu’il « ne mérite aucune indulgence ». Cependant, la commission militaire estime qu’il est coupable. Condamné à la déportation en pour cinq ans dans un pénitencier en Algérie. Il ne rejoint pas la colonie française, les commissaires extraordinaires du gouvernement le jugeant « non dangereux pour la sécurité publique », il est remis en liberté le 5 avril 1852. Après sa sortie de prison, Eugène Sarreste épouse Gabrielle Prugnard, puis, après la naissance de Lucien, achète en novembre 1868 un terrain sur l’île Seguin à Boulogne (Seine, act. Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine). Il a une superficie de 3 000 m² environ et, comme le reste de l’île, n’est accessible qu’en bateau. Il y installe un restaurant.

    Lucien travaille comme marinier charpentier sur l’île, assurant également le passage des clients du restaurant. Il est plusieurs fois amené à secourir des personnes menacées de noyade, notamment en août 1886, après le chavirage d’un canot ayant neuf occupants, heurté par un bateau-hirondelle de la compagnie des bateaux-omnibus. Sept des passagers sont sauvés.

    Appelé au service militaire, il sert dans l’infanterie de marine, mobilisé en janvier 1889 au sein du 1er RIMA. Les troupes françaises combattent en Indochine, pour établir des protectorats sur les royaumes locaux. Il est marin sur le Vinh-Long de novembre 1889 à janvier 1890, puis rejoint le 1er régiment de marche en Annam et de là va au Tonkin jusqu’en août 1891. Il rentre en France où il est démobilisé en novembre 1891. C’est peut-être au cours de son séjour indochinois qu’il contracte une tuberculose, qui fait qu’il sera dispensé de tout service armé à partir de septembre 1904.

    Revenu à la vie civile, Lucien Sarreste épouse en mars 1897 à Meudon (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine) Blanche Alphonsine Erhard, blanchisseuse, d’une famille d’Argenteuil (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Il opère un nouveau sauvetage spectaculaire en juillet 1899, à Paris cette fois, celui de deux fils d’un clown célèbre, mal en point après avoir réussis à sauver leur petit frère. Il achète en décembre 1900 un bateau-lavoir, accosté dans le Bas-Meudon et déclare sur les listes électorales alors la profession de maître de lavoir, jusqu’en 1914 même s’il ne l’exerce plus après 1908.

    Après les décès de son père, en février 1901, puis de son frère Adrien en mars 1904 et de sa sœur Marie Louise Alexandrine en septembre 1907, Lucien quitte son établissement du Bas-Meudon pour rejoindre sa mère sur l’île Seguin. À la mort de cette dernière en avril 1909, il devient le propriétaire unique du restaurant.

  •  

     

    Le restaurant Sarreste sur l’île Seguin à Boulogne (arch. Village de Billancourt)

    Au cours de la première guerre mondiale, Lucien Sarreste, après le réexamen de sa situation par le conseil de révision, est mobilisé en 1915, au titre des services auxiliaires (non-combattants), au 3e régiment du génie, chargé des voies navigables.

    Après la fin du conflit, l’industriel Louis Renault, propriétaire des usines d’automobiles et d’aviation de Billancourt, souhaite étendre ses installations et acquiert, en juin 1919, les trois principales propriétés de l’île Seguin, dont celle de Lucien Sarreste.

    La famille s’installe ensuite auprès d’une autre rivière, la Marne, où elle ouvre un nouvel établissement de commerce de vin, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), quai de la Marne. Escroqué en juin 1921 par un ancien greffier qu’il avait chargé de le représenter pour l’achat d’un terrain, Lucien Sarreste le retrouve par hasard dans une rue de Paris huit jours plus tard, et permet son arrestation par la police.

    Lucien Sarreste meurt le 22 janvier 1932 dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, où il est domicilié rue Dupertuis et est mentionné en tant que forain. Il était âgé de 64 ans et avait reçu une mention honorable en novembre 1886 puis avait été décoré d’une médaille d’argent en 1889 pour ses actes de courage, à l’occasion de sauvetages de personnes sur le point de se noyer dans la Seine.

    La famille reste à Joinville-le-Pont, où son fils, Aimable Sarreste (1898-1970), constructeur de bateaux, va jouer un rôle politique en 1953 : il refuse de délivrer un certificat d’hébergement à un candidat communiste à la marie de Joinville-le-Pont, ce qui l’empêche de se présenter.

    L’épouse d’Aimable, Yvonne Sarreste née Haas (1902-1992) siège au conseil municipal de Joinville, élue sur la liste du maire (divers-droite) Georges Defert de 1965 à 1977 – elle est la seule femme à siéger dans cette instance pendant ces deux mandats.

    Elle avait succédé à André Sarreste (1924-1988), leur fils, qui avait aussi été élu comme colistier de Georges Defert entre 1959 et 1965.

    La fille d’André et donc petite fille d’Yvonne Sarreste, Sylvie Mercier (née Sarreste en 1961), enseignante spécialiste des nouvelles technologies, siège elle aussi dans le conseil municipal de Joinville : élue sur la liste de Pierre Aubry (droite) de 1989 à 2001, puis, toujours avec Pierre Aubry, comme adjointe au maire de 2001 à 2008. Elle présente sa propre liste en 2008 avec le soutien du MODEM (centre-droit) puis rejoint au second tour celle d’Olivier Aubry (UMP, droite), fils du précédent, et devient conseillère municipale d’opposition au nouveau maire, Olivier Dosne (2008-2014). Candidate sur la liste de Tony Renucci (divers-gauche) en 2020, elle revient en cours de mandat en 2021 et siège jusque 2023, de nouveau en tant qu’opposante à Olivier Dosne (UMP).

    Voir aussi « Comme je suis heureux de vous rencontrer »

Photo présumée de la famille Sarreste sur l’île Seguin à Boulogne (arch. Village de Billancourt)

 

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