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25 mars 2025 2 25 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

départementales au sein du parti radical. Il est proche d’Édouard Herriot, président de la Chambre, ancien président du conseil et président du comité exécutif du parti. Il est très lié à un jeune militant, Pierre Mendès-France, ainsi qu’au dirigeant du Parti socialiste SFIO, Léon Blum, tous deux futurs chefs du gouvernement. Il est, en 1926, président des fédérations de banlieue et vice-président de la fédération de la Seine. Il soutient en mars le désistement dans des élections législatives partielles à Paris en faveur des candidats communistes, contre une partie de autres responsables radicaux.

Fin 1927, Salomon Hirsch devient président de la commission nationale Commerce et Industrie du parti radical. Il l’animera ensuite en défendant avec force les intérêts des classes moyennes. Il présentera des rapports chaque année lors des congrès radicaux, avec une compétence technique évidente, mais n’entraînant pas souvent l’enthousiasme militant. Cependant, arborant des favoris gigantesques, Hirsch est un personnage pittoresque, attirant l’attention de la presse et de congressistes.

Tout en continuant à présider la commission du commerce et de l’industrie, il entre en décembre 1930 à la commission de discipline et en 1932 à celle de politique générale.

Le quotidien royaliste Action française voient dans la présence de Salomon Hirsch à la gauche d’Édouard Herriot en juin 1932 lors d’un déjeuner au Grand-Orient de France la preuve que « Radicalisme = judéo-maçonnerie ». Un autre organe d’extrême-droite, Gringoire, remarque que, dans les congrès radicaux, « le nombre des congressistes qu'on n'écoute pas est considérable » ; il range parmi eux « Salomon Hirsch, gros homme à favoris blancs, dont un monocle allume le regard, et qui, sur un gilet crème, étale une imposante chaîne d'or. Il parle au nom des commerçants. On le surnomme tantôt le Veau d'Or, tantôt le Vieux Marcheur. »

Toujours dans la presse extrêmise, Je suis partout commente en novembre 1934 la présence de Hirsch au congrès radical de Nantes : « Salomon Hirsch est le personnage d’opérette que nous avons déjà décrit. Petit. Veston noir brodé. Une barbe taillée à la François-Joseph. Plus exactement, il a deux houppettes poudrées de blanc collées de chaque côté des joues. Il ne peut pas rire à cause de son monocle. Mais tous ceux qui aperçoivent le monocle avec le ruban noir, l’émulsion parallèle de poils neigeux de chaque côté du menton ne peuvent que difficilement réprimer l'envie de se tordre. »

La presse plus modérée, comme Paris-soir, commente en octobre 1935 une de ses interventions dans le congrès radical-socialiste : Les congressistes « eurent l'avantage d'entendre M. Salomon Hirsch, à qui revenait le soin d'ouvrir le débat sur les questions commerciales et industrielles. Spécialiste sévère de ces problèmes et rapporteur immuable de la Commission du Commerce du parti, M. Salomon Hirsch, tout en reconnaissant que les décrets-lois avaient permis au gouvernement d'équilibrer le budget, fit connaître qu'il estimait que ceux-ci n'avaient pas aidé à la reprise des affaires et réclama une plus juste répartition des impôts. Il fut bref et applaudi. »

L'Ère nouvelle, en juillet 1936, voit dans ses idées « la défense radicale des classes moyennes » au moment où la gauche est arrivée au pouvoir. Selon Salomon « c'est pure démagogie que d'affirmer aux masses, ainsi que certains osent le faire, que ces charges nouvelles ne viendront pas s’incorporer dans les prix de revient et qu'elles ne s'ajouteront pas aux prix de vente. Voici plusieurs années déjà que les industries françaises travaillent sans bénéfices et même souvent à perte : leurs bilans ne comportent donc plus aucune place permettant d'y inclure de nouvelles charges sans que les consommateurs aient à en éprouver aucun désagrément, il faut avoir le courage de le dire clairement ». Il défend ensuite le point de vue de sa commission « c’est le rôle du parti radical, parti de défense des classes moyennes, d'exiger que des mesures soient prises en faveur du moyen commerce et de la moyenne industrie. Il faut les mettre l'un et l’autre à même de ne pas disparaître et de passer de ta forme économique d’hier à celle de demain ».

On retrouve dans un organe radical, La Démocratie, en octobre 1937, un commentaire sur son attitude « Salomon Hirsch a été des premiers à mettre en garde les républicains contre les dangers de la politique sociale suivie par le cabinet Blum pour le seul profit des « masses ouvrières » à l’exclusion des autres catégories, non moins intéressantes, des travailleurs de l’artisanat, du petit commerce, de la petite industrie et de l’agriculture. »

Le mois suivant, le quotidien économique La Journée industrielle lui consacrait un article intitulé « Les jugements de Salomon » : « Depuis les temps les plus reculés, l’honorable M. Salomon Hirsch présente dans les congrès radicaux un rapport sur les questions commerciales. Il n’a point manqué à Lille à cette tradition. (…) Car si personnellement M. Hirsch ne semble pas personnellement « broyé » entre les « magnats » et le prolétariat, il a le légitime souci que les classes moyennes ne le soient pas plus que lui. C'est dans cet esprit que M. Salomon Hirsch a vivement dénoncé à Lille les conséquences déplorables pour les classes moyennes des accords Matignon. On ne saurait qu’applaudir celte observation. »

En avril 1938, Hirsch est attaqué par le député Darquier de Pellepoix, qui prononce à la Chambre un long discours antisémite. Il cède la présidence de la commission du commerce et de l’industrie en août 1938, mais en novembre, il préside toujours une séance du congrès radical. Et il intervient en février 1939 en tant que président d’honneur de la commission du commerce auprès du ministre Gentin.

Hospitalisé à la clinique de la Fondation Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, Salomon Hirsch meurt le 4 février 1940 à Paris (7e arr.). Il était âgé de 74 ans et père de cinq enfants et résidait toujours à son domicile de Saint-Maur-des-Fossés. Il est enterré dans le caveau de sa belle-famille, au cimetière Montparnasse de Paris. Son fils aîné Pascal, qui se fera appeler Guy Montmartin, connaîtra une vie d’entrepreneur aux débuts difficiles en France, sera consul général d’Autriche à Paris avant de faire de nouveau des affaires entre les États-Unis, le Canada, la Suisse et la France.

Salomon Hirsch était décoré du Mérite agricole, en tant que chevalier en octobre 1892 puis officier en juin 1908. Il avait reçu les Palmes académiques comme officier d'académie en janvier 1892 et officier de l’instruction publique en juin 1904. Il portait plusieurs médailles coloniales dont l’Ordre du Sultan du Maroc, dont il était commandeur, Nichan Iftikhar (Tunisie) également en tant que commandeur et l’Ordre royal du Cambodge, au titre d’officier. Il portait des médailles de la Mutualité, de bronze en 1912, d’argent en 1920 puis d’or en 1924 ainsi que la médaille d’or d’encouragement au bien, obtenue en 1910. Il était enfin chevalier de la Légion d’honneur depuis mars 1933.

Fin

Caricature de Salomon Hirsch par Jean Eiffel, 1938

 

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23 mars 2025 7 23 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

L’industriel Salomon Hirsch est candidat à la candidature pour l’élection au conseil général dans le canton de Saint-Maur en mai 1909 au sein du parti radical-socialiste. Il est soutenu par la fédération radicale-socialiste de Saint-Maur, mais il est devancé de huit voix par Henri Vel-Durand (conseiller municipal et futur maire de Joinville-le-Pont) lors du congrès qui réunit les militants radicaux de toute la circonscription, et se retire « en soldat discipliné du parti républicain. »

Pendant la première guerre mondiale, Salomon Hirsch, trop âgé, ne peut pas être mobilisé. Il participe à des appels en faveur des soldats démunis en février 1915 ou pour les combattants sans famille en mars 1916.

Après-guerre, tout en continuant son mandat de conseiller du commerce extérieur et son œuvre de propagande en faveur de l’Empire français, en particulier au sein de la Ligue coloniale française, Salomon Hirsch va renforcer son implication dans la vie politique, locale et nationale. Il est élu, en novembre 1919, au premier tour conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés, sur la liste du maire Auguste Marin. Ce sera d’ailleurs le seul mandat électif qu’il gagnera.

Si l’élection de 1919 se tenait dans un contexte ou l’union sacrée de la période de conflit était encore vivace, Salomon Hirsch va rapidement prendre ses distances avec le maire ainsi qu’avec un autre élu de la même liste, Émile Galtier. Ce dernier détient un hebdomadaire local, l’Union régionale et, pour disposer de sa propre tribune, Hirsch fonde en novembre 1922 la Dépêche de Saint-Maur, également hebdomadaire. Les deux hommes entrent dans une violente polémique en janvier 1923. Hirsch s’insurge : « N’ai-je pas le droit, Galtier d’être franc-maçon libre-penseur tout comme vous avez le droit— que je ne vous conteste ni ne vous envie — d'être un clérical ? Je suis franc-maçon et je m’en honore, mais je ne suis ni sectaire rouge, ni sectaire noir. Je suis respectueux des croyances de chacun, même dans ma famille. »

Plusieurs journaux locaux et nationaux font état de la campagne que la Dépêche lance sur le « scandale du gaz », dénonçant les prix fixés par le Syndicat du Gaz, ce qui lui vaut notamment la sympathie de la confédération syndicale CGT. Galtier, qui fut un ardent défenseur des abonnés du gaz, s’est rendu aux explications des compagnies qui souhaitaient le relèvement des tarifs, bloqués pendant la guerre, ce que Hirsch lui reproche. Galtier en vient aux mains avec un ami de Hirsch.

En mars 1924, Hirsch est proposé par le parti radical-socialiste pour figurer, au titre de son contingent, sur la liste de cartel des gauches dans le 4e secteur du département de la Seine, conduite par le socialiste indépendant Pierre Laval. Cependant, deux formations membres du cartel, le Parti socialiste SFIO et l'Union socialiste-communiste annoncent, dans un communiqué en avril, qu’ils « rompraient le cartel des gauches (…) si la candidature du citoyen Salomon Hirsch, conseiller municipal de Saint-Maur, investi par la Fédération radicale de l'arrondissement de Sceaux, était maintenue », lui reprochant de s’être, en 1919, allié à la droite lors des élections municipales de Saint-Maur. Le parti radical proteste, mais Hirsch se retire.

Les élections municipales de Saint-Maur, en 1925, voient Hirsch constituer à Saint-Maur une liste de cartel des gauches. Au premier tour, elle arrive en seconde position avec 24,5% derrière la liste de Marin, le maire sortant, qui a 44,7%. Les communistes suivent avec 20,9%, ainsi qu’une candidature divers-droite (7,4%). Au second tour, l'Union républicaine d’Auguste Marin remporte tous les sièges avec 53,8% des suffrages, tandis que Hirsch et ses colistiers se situent à 46,2%. Lors des élections départementales qui suivent, dans le 1er canton de Saint-Maur, Hirsch est de nouveau battu nettement par Marin, ne recueillant que 14,8% alors qu’une autre candidature radical-socialiste s’opposait aussi à lui.

À suivre

Portrait Salomon Hirsch 193

 

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21 mars 2025 5 21 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

Ayant avoir cédé ses affaires dans le nickel en 1900, l’industriel Salomon Hirsch continue à s’intéresser à l’industrie. Il reprend en 1902 les établissements Émile Houpied, rue Royer-Collard à Paris (5e arr.), qui produisent des machines pour l’industrie du papier et les caractères d’imprimerie, reprenant la dénomination de Comptoir des Fonderies Nouvelles. En 1903, il transfère l’usine avenue Bellevue, dans le quartier du Parc à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). L’entreprise deviendra la Compagnie de fabrication française de papier manufacturé, transformant et imprimant papier et carton.

Depuis 1898, la famille de Salomon Hirsch s’est installée à proximité, avenue des Ailantes. En 1907, il rachète la Manufacture d’étiquettes et de sacs à G. Martin, qui fonctionnait rue de l’Aqueduc à Paris (10e arr.). Il déménage son activité dans l’usine de Saint-Maur. Il développe en particulier les cartonnages publicitaires.

Membre de la Chambre syndicale du papier, Salomon Hirsch en deviendra le président. Il présidera aussi, à partir de 1905, la Chambre syndicale des fabricants d’étiquettes américaines. Depuis 1904, il se qualifie d’ingénieur, une désignation qui ne nécessitait pas un titre particulier à cette époque. Il continuera à le faire jusqu’au début des années 1920, reprenant ensuite le terme d’industriel.

Après son installation définitive à Saint-Maur, Salomon Hirsch va avoir une intense activité sociale et politique. Franc-maçon, il participe à la loge La Réforme, qui a son temple rue Révol à Saint-Maur (act. rue Édouard-Valleran). Le quotidien La Libre Parole, qui se spécialise dans la dénonciation des francs-maçons, compte en 1912 trente membres de ladite loge résidant à Saint-Maur, et un total de 68 francs-maçons dans cette ville. En 1910, Salomon Hirsch est orateur de La Réforme. Il prend, en 1912, la succession du pharmacien Armand Guimond en tant que vénérable et l’est toujours en 1914.

Membre fondateur de la caisse des écoles Saint-Maur en 1902, Salomon Hirsch participe à la constitution en 1905 de la Mutualité scolaire de Saint-Maur et en est le président en février 1909. Elle compte 1 500 membres en 1911 et comprend une section de pupilles (13 à 16 ans), mais aussi une section d’adultes (16 à 55 ans). Hirsch défend le rôle des mutualistes, notamment en matière de retraites. Il réfute les arguments de ceux pour qui « assurer la vieillesse c’est duper l’ouvrier » et défend le point de vue que « c’est la vieillesse et non la jeunesse et l’âge mûr que nous voulons assurer contre la misère ». Pour lui, « l’État doit forcer tous les travailleurs à penser à l’avenir et à se préparer quand ils ont vingt ans et narguent la vieillesse. »

En 1912, Hirsch revient sur la difficile acceptation des cotisations découlant de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes, votée en mars 1910 et assure que « le boycottage, qui est allé chez certains jusqu'à la révolte, a apporté quelques troubles dans les esprits et a nui à l'application de cette grande réforme sociale ». Il voit dans la mutualité « une pépinière de propagandistes », assurant que c’est elle qui « a précédé le législateur en réalisant l’assurance-maladie, l’assurance-chômage, l’assurance-invalidité et l'assurance-vieillesse. »

Outre les organisations auxquelles il adhère, Salomon Hirsch manifeste également ses sentiments en participant à des souscriptions. En janvier 1902, il approuve la Ligue pour la défense de la vie humaine, qui promeut la distribution de lait : « J'adhère des deux mains à votre Ligue. Inscrivez-moi pour cinq cotisations, j’ai quatre enfants grands buveurs de lait, ils ne paieront pas trop cher leur cotisation préventive de deux francs ». Le signataire suivant est Blum, peut-être Léon Blum, dont Hirsch sera proche et qui lèguera cette idée après la deuxième guerre mondiale à un autre de leurs amis, Pierre Mendès-France. Il verse son obole, en mai 1904, pour les victimes d’un cyclone sur l’île de La Réunion. Toujours sensible à la situation outre-mer, il envoie de l’argent pour la Société de patronage des orphelins colonisateurs en janvier 1909. Il appuie en mars 1912 la création d’une « cinquième arme » dans le domaine militaire français, à savoir une aviation militaire.

Sur le plan professionnel, l’usine de fabrication du papier de Saint-Maur continue son exploitation. Salomon Hirsch est nommé conseiller du commerce extérieur pour cinq ans en mars 1906 ; il restera dans cette fonction pendant 30 ans.

En politique, Salomon Hirsch reprend une activité publique, qu’il avait délaissée depuis son échec aux législatives de Clichy-Levallois en août 1893. La Sûreté nationale constitue un dossier à son nom début 1908 et continuera à la maintenir jusqu’en 1929.

Le sénateur de la Seine Alfred Mascuraud avait créé en 1899 un groupement politico-économique afin de servir de relais entre le patronat et les hommes politiques de centre-gauche, notamment les radicaux-socialistes, qui fonderont leur parti national peu après, en 1901. À Saint-Maur, en décembre 1907, Salomon Hirsch crée le Comité républicain du commerce et de l'industrie, une des 107 sections du comité Mascuraud, et en devient le président. Il organise notamment un banquet annuel, qui rassemble 150 personnes en juin 1909. Le banquet de l’année 1913 est organisé conjointement avec la section de Nogent-sur-Marne, au restaurant Jullien, sur l’Île Fanac, dans la commune de Joinville-le-Pont, située entre Saint-Maur et Nogent. Honoré Jullien est une influente personnalité radicale-socialiste dans la circonscription. Accueillant, comme chaque année, des parlementaires et représentants du centre-gauche au gouvernement, le banquet de 1913 est dressé pour 300 personnes. La section saint-maurienne annonce avoir près de quatre cents membres en juin 1911.

À suivre

Caricature de Salomon Hirsch 1932

 

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19 mars 2025 3 19 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

S’intéressant à son environnement social, l’industriel Salomon Hirsch est un membre fondateur de la caisse des écoles 8e arrondissement de Paris en 1890. Il s’engage en politique de manière publique en 1893. En juillet, selon le quotidien Le Temps, « un groupe important de républicains radicaux socialistes a offert à M. Salomon Hirsch, industriel à Clichy, la candidature dans la 3e circonscription de Saint-Denis », un arrondissement du département de la Seine. Il s’agit d’une nouvelle circonscription, créée par dédoublement de celle de Neuilly. Elle comprend les communes de Clichy et Levallois. Dans ce scrutin, il fait face à François Xavier Trébois, maire de Levallois, ancien séminariste puis diacre catholique, devenu créateur d’un groupe de libre-pensée et se revendiquent, lui aussi du radical-socialisme. C’est alors une tendance importante, mais il n’existe pas de parti national et l’unité des candidatures locales n’est pas une règle absolue.

La presse antisémite, qui est légale, attaque vivement les ambitions de M. Hirsch. Ainsi, le quotidien La Libre Parole, du polémiste d’extrême-droite Édouard Drumont, écrit-elle « On nous signale le Juif Salomon Hirsch qui pose sa candidature dans cette circonscription. La population ouvrière de Levallois-Clichy douchera comme il convient ce youpin capitaliste ». Le journal va mener une propagande active, mettant en cause par exemple son rôle d’employeur le 7 août : « On lui a également demandé combien il payait ses ouvriers. — Cinq francs par jour ! a-t-il répondu. — Trois francs avant la période électorale, a riposté un électeur. »

De tendance radicale, L’Événement lui offre une tribune, considérant sous la plume de Jean de Solanges qu’il « semble tenir la corde ». Pour lui, l’industriel de Clichy « est jeune, a trente ans à peine ; mais c’est un travailleur infatigable ; c’est à son intelligence qu’il doit la position qu’il occupe ». Il voit l’opportunité que siège « un esprit dégagé de toutes les préoccupations personnelles, de toutes les haines, de toutes les intrigues qui ont tant fait de tort à l’ancienne Chambre. »

Présentant son programme, Hirsch demande la séparation de l’église et de l’État, soutient l’introduction d’un impôt progressif sur le revenu et la suppression des droits d’octroi. Il préconise « le droit à une pension de retraite pour les ouvriers comme pour les fonctionnaires, des lois de protection en faveur de l’enfant et de la femme dans les usines. »

La candidature de Hirsch est un échec ; il se contente de 590 voix, soit 5,6% des 10 989 suffrages exprimés pour 10 591 votants sur 15 024 inscrits. Arrivé en sixième position des sept candidats, il se désiste en faveur du candidat socialiste, Alexandre Avez, employé, membre du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, qui l’emporte au second tour face à Trébois.

Après le vote, La Libre Parole poursuit en septembre 1893 ses attaques antisémites, prétendant que Salomon Hirsch n’aurait pas payé ses afficheurs, concluant : « Comme on le voit (…) il est bien juif ». Le journal devra cependant quelques jours plus tard lui donner acte de ce qu’il avait bien réglé ses factures.

Lorsque L’Aurore lance, en décembre 1898 une pétition « contre les poursuites et les persécutions qui frappent le colonel Picquart, l’héroïque artisan de la révision » du procès du capitaine Alfred Dreyfus, 25 membres et alliés de la famille de Salomon Hirsch la signent, dont lui-même, sa mère, ses deux fils et au moins une de ses filles. On retrouve Salomon Hirsch et ses fils avec ses beau-père et beau-frère souscrivant, en octobre 1902, toujours dans à un appel de la Ligue des droits de l'Homme et du citoyen pour édifier un monument à Émile Zola, lancer du J’accuse qui permit de faire éclater l’affaire Dreyfus.

À suivre

Portrait Salomon Hirsch 1928

 

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17 mars 2025 1 17 /03 /mars /2025 00:01

Début de la biographie de Salomon Hirsch

Hirsch Salomon naît le 7 décembre 1865 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il est le fils de Rousse Clara Strauss et de son mari, Samuel Salomon, négociant. Bien que sa mère soit native de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et son père de Nîmes (Gard), leurs deux familles sont originaires d’Alsace. Après Marseille, la famille vit à Orange (Vaucluse) en 0867 puis à Limoges (Haute-Vienne) en 1869.

Les parents vivront séparés à partir des années 1870. En 1879, Hirsch Salomon vit avec sa mère à Paris (11e arr.), boulevard Voltaire. En novembre 1881, âgé de 16 ans, il est condamné par la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris à 25 francs d’amende pour « outrages et violence aux agents » ; il sera réhabilité par la cour d’appel de Paris en juillet 1894.

Titulaire d’un brevet simple de l’enseignement primaire, Hirsch Salomon devient instituteur en 1882 et le reste deux ans. La réforme engagée par Jules Ferry, rendant l’enseignement public, laïque et obligatoire, avait nécessité le recrutement rapide d’enseignants. En 1885, il s’engage dans l’armée. Il sera réformé à cause d’une affection organique du cœur.

Il devient membre de la Société des agriculteurs de France en février 1891, et est concessionnaire de la provende Garreaud, rue du faubourg Saint-Honoré à Paris, vendant des produits d’hygiène, de santé et de nourrissage pour animaux. Il ouvre ensuite un commerce dans le même domaine à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine) rue Honnet en 1894, puis le déplace dans la commune voisine de Clichy en 1896, rue de l’Assomption. Il l’exploite jusqu’en 1905. Il obtient des médailles d’or lors de foires-expositions en France à Paris (1890), Orléans (1891) ou un grand-prix à Poitiers (1899).

En décembre 1891, Hirsch Salomon épouse à Paris (8e arr.) Léa Strauss, fille d’un industriel, né aux États-Unis. C’est vers cette date qu’il décide de changer son appellation : il se présente désormais comme « Salomon Hirsch », faisant de son prénom un patronyme et de son nom un prénom d’usage.

Parfois en association avec son beau-père, Granville Strauss dit Smith, Salomon Hirsch va investir aussi dans l’industrie. Il préside ainsi en juillet 1896 la Société nationale des inventions nouvelles, dont Strauss est administrateur. Il acquiert aussi en 1896, à Clichy, une entreprise de tentures artistiques.

Il achète, en mai 1894 la société L’Épine & Cie qu’il transforme en Compagnie française des fonderies nouvelles, consacrée à la fabrication du nickel, à partir de minerai provenant de Nouvelle-Calédonie. Il obtient deux médailles d’or aux expositions universelles de Paris en 1889 et 1900. L’usine, installée rue Rennequin à Paris (17e arr.) emploie une cinquantaine d’ouvriers.

Pour défendre les intérêts professionnels du secteur, Salomon Hirsch prend l’initiative de constituer, en novembre 1896, la Chambre syndicale du nickel et de ses alliages. Il en est élu président. Invoquant des raisons de santé, il vend en 1901 son usine et cesse provisoirement ses fonctions à la Chambre syndicale du nickel.

La question coloniale intéresse beaucoup Salomon Hirsch, aussi bien à propos de l’agriculture que de l’industrie. Il fonde un Syndicat colonial en 1898, qu’il préside et adhère à la Ligue coloniale française, siégeant à son comité directeur.

Pour soutenir la connaissance de ces questions, Salomon Hirsch devient un éditeur de presse. Il est directeur du quotidien La Politique coloniale entre 1890 et 1892 et un des fondateurs d’un autre journal, La Dépêche coloniale. Il dirige également une publication agricole, L’Avenir des campagnes.

À suivre

Portrait Salomon Hirsch, 1898

 

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15 mars 2025 6 15 /03 /mars /2025 00:01

Nicolas Lheureux est né le 30 mai 1730 à Fère-Champenoise (Marne). Il est le fils d’Edme Lheureux et de Jeanne Garnesson. Il exerce la profession de blanchisseur puis de marchand de vin au Pont-de-Saint-Maur, localité du département de Paris. Il est marié à Geneviève Grinot.

Le village compte 409 habitants au recensement de 1793. Il s’est séparé de la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur en février 1790, une situation confirmée par le département de Paris en novembre la même année.

En 1791, Nicolas Lheureux est prudhomme assesseur du juge de paix à la résidence de La Branche du Pont de Saint Maur. Il est membre du conseil général de la commune et y exerce la fonction de trésorier. Edme Lheureux, son frère cadet, est maire depuis la création de la nouvelle entité administrative.

Nicolas Lheureux est mentionné en tant que maire sur les registres d’état-civil de Joinville-le-Pont le 8 mai 1793. Il a sans doute été désigné après le renouvellement du conseil général de la commune en novembre 1792. Dans les mois suivants, il est remplacé par Charles-Laurent Parvy (1762-après 1827) qui est maire au moins depuis le 22 pluviôse an II (10/02/1794).

Le maire, les deux officiers municipaux et le procureur sont élus pour deux ans par les citoyens actifs (payant des impôts) au scrutin individuel ; six notables sont élus au scrutin de liste et à la « simple pluralité relative des suffrages ». Les notables et le corps municipal forment le conseil général de la commune. Un secrétaire greffier est choisi à la pluralité des voix par le conseil général, qui peut désigner dans les mêmes conditions un trésorier si le conseil général le trouve nécessaire, ce qui fut le cas à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Le maire est rééligible une fois (loi du 14 décembre 1789). Les notables et officiers municipaux sont réélus par moitié tous les ans le premier dimanche après la Saint-Martin (11 novembre).

Nicolas Lheureux meurt le 11 septembre 1806 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Il était âgé de 76 ans et père de sept enfants.

Il ne figure pas sur la liste des maires affichée en mairie de Joinville-le-Pont, ni sur celle publiée dans l’ouvrage commémoratif de la commune en 1981, non plus que dans les ouvrages historiques comportant des listes de maires.

Voir aussi 

Signature de Nicolas Lheureux (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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13 mars 2025 4 13 /03 /mars /2025 00:01

 

Edme Lheureux (dont le prénom est parfois orthographié par erreur Edmée ou Edmé) est né le 14 octobre 1733 à Fère-Champenoise (Marne). Il est le fils d’Edme Lheureux et de Jeanne Garnesson. Il exerce la profession de cultivateur puis de marchand de bois. Il épouse Marie Jeanne Engrave (morte le 9 mai 1806), dont il aura onze enfants. Il s’installe au village du Pont de Saint-Maur avant 1758.

En février 1790, les habitants du hameau du Pont-de-Saint-Maur, rattaché jusqu’ici à la paroisse de Saint-Nicolas de Saint-Maur-des-Fossés, constituent une commune indépendante, dénommée La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur.

Les 409 habitants du hameau (au recensement de 1793) arguent de l'existence d'un lieu de culte, la chapelle Saint-Léonard, d’un registre fiscal séparé et d’un bataillon de la Garde nationale pour justifier leur sécession. Ils mettent en avant la nécessité de protéger le pont. Le maire de Saint-Maur proteste et adresse une plainte à la municipalité de Paris le 5 mai 1791. Des démarches identiques seront renouvelées jusqu'en 1830.

Edme Lheureux est élu maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur en février 1790. Jean Lejeune (ou Le Jeune) et Jacques Roch Vingdlet sont ses adjoints, en tant qu’officiers municipaux. La composition de la municipalité, avec trois membres, est conforme aux règles pour les communes de moins de 500 habitants. Il est réélu lors de la scission officielle en novembre, Laurent Pinson et Jean Lejeune étant officiers municipaux.

Son frère aîné, Nicolas Lheureux, est en 1791 trésorier de la commune et prudhomme assesseur du juge de paix. Il devient maire en 1792.

Le nom d’Edme Lheureux est cité parmi les quatre personnes domiciliées à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur qui achètent des biens nationaux pendant la Révolution française. Il s’agit très probablement de son fils, Edme François, né en 1771 à Fère-Champenoise (Marne). Une surface totale de 12 arpents et 50 perches est mise en vente proposée, soit environ 7 ha. Edme Lheureux, voiturier, acquiert 1 arpent et 75 perches pour 27 livres (1 ha) ; Jean Acher achète 4 arpents pour un montant inconnu ; Jacques Roch Vingdlet, carrier 3 arpents et 75 perches (7 livres) et Louis Huardeau, voiturier, 3 arpents (4 livres).

Après des incidents survenus alors que Jean-Charles Contour a été élu maire fin 1792, Edme Lheureux semble regretter la séparation intervenue un an et demi plus tôt entre Saint-Maur et La Branche du Pont de Saint-Maur. Dans une lettre de la municipalité de Saint Maur au conseil de Paris, datée du 25 août 1792, le maire de Saint-Maur, Gauthier, déplore que « deux municipalités ont été tolérées » (celle de Saint-Maur et celle La Branche du Pont) et demande si cette dernière doit subsister. Son courrier fait mention d’une « liste des citoyens de La Branche qui étaient partisans de l’union », dans laquelle il figure probablement sous la désignation « E. Lheureux » avec Vingdlet, et les trois frères Cornu : Antoine, Jean et Louis.

 

Edme Lheureux meurt le 12 brumaire an 7 (2 novembre 1798) à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Il était âgé de 65 ans et avait eu 11 enfants.

Une voie de Joinville-le-Pont porte a été baptisée « allée Edmée Lheureux » et une des plaques est également orthographiée « allée Edmé Lheureux ». Elle est située dans le quartier des Canadiens, en bordure du Bois de Vincennes.

Voir aussi

Plaque « allée Edmé Lheureux » (Wikipédia)

 

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25 février 2025 2 25 /02 /février /2025 00:01

Jean François Henry Honfroy naît le 24 juin 1814 à Ivry (Seine, act. Ivry-sur-Seine, Val-de-Marne). Il est le fils de Catherine Joseph Leroux et de Pierre Georges Honfroy. Son grand-père paternel, Pierre Jacques Honfroy (1752-1814), menuisier et fils de menuisier, fut un des douze signataires, en avril 1789, du Cahier de doléances d’Ivry et l’un des deux délégués chargé de le porter à l’assemblée tenue, le même mois, par les délégués de la banlieue de Paris. Il aurait été adjoint au maire d’Ivry.

Pierre Georges Honfroy (1785-1836), également menuisier, fut également adjoint au maire d’Ivry (1826) puis maire de la commune d’abord élu en septembre 1830 et resté en poste quatre mois, de nouveau élu en février 1832 et mort en fonction en mai 1836. Il a donné son nom à une rue d’Ivry.

Le frère aîné, Pierre Théodore Honfroy (1812-1892) reprend l’entreprise de menuiserie familiale et sert comme officier dans la Garde nationale à Ivry.

Jean François Honfroy est d’abord commis dans le négoce de bois, puis, en décembre 1837, il s’associe avec un marchand de bois parisien, Louis Philippe Poreaux, et ils créent la société en nom collectif Poreaux et Honfroy. Poreaux est propriétaire de tous les bois de sciage des chantiers de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). L’entreprise, qui portera ultérieurement le seul nom de Honfroy, est installée à Joinville, dans le quartier encore très peu peuplé de Polangis, route de la Brie.

En septembre 1843, Jean François Honfroy épouse à Joinville, où il réside, Elphide (ou Alfida) Sidonie Rouette, fille d’un conseiller municipal de Joinville, Louis Amédée Rouette (1785-1856), boulanger. Son frère Amédée Louis Rouette (1813-1891), est aussi boulanger puis meunier et menuisier, et siègera également au conseil municipal de Joinville.

De manière peu habituelle, Honfroy sera convoqué à trois reprises pour siéger comme juré à des sessions de la Cour d’assises de la Seine en mars 1852, avril 1860 et mai 1879.

Le 28e bataillon de la Garde nationale de Paris, dont Hector Bisson est chef de bataillon et qui couvre Joinville, Nogent, Saint-Maur, Bry et Champigny se dote, en avril 1852, outre les cinq compagnies territoriales, d’une compagnie de sapeurs-pompiers. Elle est placée sous la responsabilité de Honfroy, qui a le grade de capitaine ; il a pour adjoints Laloutre, lieutenant et François Julien Malice, sous-lieutenant. Depuis 1846, un sous-lieutenant de la Garde de Joinville état chargé des pompiers pour la commune seulement, Benoist. À la fin des années 1860, une compagnie de sapeurs-pompiers propre à Joinville sera constituée.

Avec une soixantaine d’habitants de Joinville, Honfroy contribue en 1856 à des dons offerts à l’armée d’Orient, qui combat alors en Crimée (Russie). Il participe aussi à une souscription en novembre en faveur de personnes inondées.

À partir de 1860 et jusqu’en 1880, Jean François Honfroy est répertorié comme participant à des concours de tir, notamment ceux organisés dans la salle du Tir national français à Vincennes. Il obtient fréquemment des places d’honneur. À partir de juin 1864, tout en continuant à tirer, il est régulièrement membre du comité d’organisation de ces concours.

Ayant cessé son activité professionnelle, Jean François Honfroy et sa famille quittent Joinville et sont installés en 1879 dans la commune voisine de Nogent-sur-Marne, Grande-Rue.

Jean François Honfroy meurt le 22 février 1897 à Nogent, dans son domicile. Âgé de 82 ans, il était veuf depuis un an et demi et ne semble pas avoir eu d’enfant.

La salle du Tir national à Vincennes

 

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21 février 2025 5 21 /02 /février /2025 00:01

Antoine Fréderic Eugène Latrémolière naît le 4 août 1869 à Bouillac (Aveyron). Il est le fils Marie Magnes et de son mari Antoine Auguste Latrémolière. Ses parents sont propriétaires cultivateurs et vivent au hameau de Saint-Martin de Bouillac situé sur la rive gauche du Lot, en face du chef-lieu communal.

Lors de son enregistrement pour le service militaire en 1889, Fréderic Latrémolière est batelier, très probablement sur la rivière Lot puisqu’il réside à Bouillac. Il intègre l’armée en novembre 1890 au sein du 1er régiment d’artillerie de pontonniers. Il devient brigadier en septembre 1891 puis sous-officier, avec le titre de maréchal des logis, en avril 1893. Il revient à la vie civile en septembre la même année.

Après un bref passage par Paris, Fréderic Latrémolière s’installe en 1894 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il est marchand de vin et restaurateur dans le centre-ville, rue de Paris. Il ajoutera ensuite la restauration à son commerce. Il épouse, en janvier 1896 à Vincennes, Louise Héraut, fille d’un entrepreneur de maçonnerie de Vincennes, et dont le beau-frère est viticulteur en Gironde.

Il est soumis en mars 1900, à une tentative d'escroquerie au trésor pratiquée par de prétendus détenus politiques espagnols : ils assurent qu’ils partageront un magot caché, mais demande d’abord « une avance » pour couvrir leurs frais. Contrairement à lui, plusieurs personnes du voisinage (Joinville, Champigny) répondront à cette demande.

Une cérémonie est organisée en août 1903 à l’occasion de la nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur du maire, Eugène-Voisin, élu municipal depuis plus de 40 ans et maire élu pour la première fois en 1888. Un banquet populaire est organisé à cette occasion. Au nom des habitants, Latrémolière et un autre commerçant de la commune Loiseau, offrent à l’édile un bronze de la maison Barbedienne La Vénus de Milo.

En 1905, Latrémolière participe à la fondation de la société amicale de La Fraternelle Auvergnate de la Boucle de la Marne, qui met son siège social dans son établissement. Elle rassemble des originaires du Massif Central, résidant dans les cantons de Nogent-sur-Marne et Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Le premier banquet se tient dans son établissement en décembre 1905. Il participe au bureau de l’association, constitué en novembre 1906 et présidé par M. Ravenet, de La Varenne-Saint-Hilaire (Saint-Maur).

À deux reprises, en avril 1904, puis le même mois de 1905, Latrémolière sauve des enfants de la noyade, les deux fois en sautant « tout habillé » dans la Marne. La première fois, c’est une jeune fille qu’il entend crier. L’année suivante, ce sont deux garçons qui se cachent dans un tonneau déposé devant sa porte et roulent avec lui dans la rivière. Les trois sont ramenés par lui sains et saufs.

Ayant vendu son commerce, qui restera le lieu de rencontre des auvergnats de la région, Fréderic Latrémolière déménage rue de Créteil, toujours à Joinville, et devient commissionnaire en bétail. Il se déclare comme berger lors du recensement de 1911. Propriétaire d’un vaste terrain situé à Charentonneau, dans la commune voisine de Maisons-Alfort, il a confié la surveillance de 350 moutons à un berger d’origine allemande, Fritz (dit Frédéric) Yung. Le 27 juin 1908, ledit berger est retrouvé mort et toutes les bêtes ont disparu. Une enquête de la police établit que le troupeau entier a été vendu au marché de la Villette (Paris). Le voleur, arrêté, est cependant mis hors de cause pour le décès, qui s’avère naturel, mais condamné à deux ans de prison pour le vol.

Pendant la première guerre mondiale, Fréderic Latrémolière est d’abord mobilisé en août 1914 au sein du 1er régiment du génie. Il est détaché en mars 1917 en tant qu’agriculteur à Joinville. Pour faire face aux pénuries auxquelles fait face la population civile, et sur instruction du gouvernement, un Comité d’action agricole a été mis en place à Joinville, pour créer des jardins potagers, notamment dans le domaine de l’ancien château de Polangis. Réformé du service armé en septembre 1917 du fait de problèmes de vue, il est maintenu dans son poste. Il obtiendra en octobre 1920 une pension d’invalidité de 40%, du fait de son mauvais état général et d’un amaigrissement prononcé. Constatant une amélioration de sa santé, sa pension sera réduite à 20% en janvier 1922.

Dès 1920, la famille Latrémolière (comprenant son épouse, son fils et sa sœur) quitte la région parisienne pour rejoindre son village natal de Bouillac où ils sont cultivateurs.

Fréderic Latrémolière meurt le 22 juin 1943 à Bouillac. Il était âgé de 73 ans. Décoré d’une médaille de bronze pour son activité de sauvetage en 1906, il avait été fait chevalier du Mérite agricole en janvier 1905 pour avoir, en tant que viticulteur, contribué à la reconstitution de vignobles par les plants américains, après les vastes destructions dues à la crise du phylloxera depuis 1875.

Saint-Martin de Bouillac, la gare

 

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20 décembre 2024 5 20 /12 /décembre /2024 00:01

Louis Victor Lorin naît le 6 juillet 1868 à Gentilly (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils Émile d’Emélie Marguerite Julienne Lambert et d’Antoine Lorin. Son père est maçon ; il meurt en février 1875, lorsque Louis a 6 ans. Sa mère est repasseuse puis blanchisseuse ; elle se remarie en janvier 1880 avec Stanislas Noël Moncouteau. Ils vivent à Gentilly, rue du Parroy.

Devenu employé de commerce, et malgré une myopie prononcée de l’œil droit, qui lui a valu d’être exempté du service militaire, Louis Lorin s’engage pour cinq ans à Villejuif en mars 1888. Il est affecté au 3e régiment de zouaves et sert en Algérie. Cependant, la cour de réforme de Constantine décide son retour dans ses foyers, ayant considéré qu’il était inapte pour amaurose du même œil.

Exerçant désormais comme marchand de vin, Louis Lorin épouse en novembre 1892 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Marie Emmeline Reinbold, fille de cultivateurs alsaciens, territoire alors sous occupation allemande. Ils s’installent dans la commune, avenue des Platanes, dans le quartier de Palissy, où Louis Lorin devient distillateur.

Lors des élections municipales organisées en novembre 1919, Louis Lorin est candidat sur la liste dite du Bloc indépendant, conduite par le bijoutier Jules Beauvais, libéral, conseiller municipal sortant avec un autre sortant, le docteur Georges Bitterlin, militant de l’Action française (royaliste). Leur liste arrive en troisième position, derrière l’Union républicaine et sociale du premier adjoint sortant, Henri Vel-Durand, radical dissident, et après la liste socialiste unifiée (SFIO) de Georges Laruelle.

Au premier tour de scrutin, Lorin obtient 385 voix soit 23% des 1694 suffrages exprimés pour 1715 votants sur 2491 inscrits. La liste se retire avant le second tour, Henri Vel-Durand devient maire, remplaçant Achille Mermet, qui meurt le jour du vote.

Louis Lorin meurt le 25 mai 1920 à Joinville, à l’âge de 51 ans, dans son domicile du quartier Palissy. Il était veuf et père de six enfants.

Sa fille Mélanie (1895-1972), épouse du fourreur Charles Loth, est elle-même la mère de Simone (1922-2013), directrice d’école et militante socialiste à Joinville, mariée avec Jean Louis Pariselle (1917-2008), sculpteur et maire adjoint socialiste de Joinville (1978-1983). Ils avaient conservé, lors de leur séjour dans la commune, la maison familiale des Lorin.

Le fils Émile Lorin (1897-1974), comptable, prisonnier des allemands lors de la première guerre mondiale, est candidat en mai 1929 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne) sur la liste de concentration socialiste montée par Edmond Neumann, qui regroupe des personnalités indépendantes du Parti communiste et du Parti socialiste SFIO. Il a lui-même un fils, résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Maurice Lorin (1924-1990), engagé dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Voir aussi :

Simone Pariselle et la transmission du savoir et des arts

Edmond Neumann (1) : Un anti-syndicaliste et patriote alsacien

Edmond Neumann (2) : Conversion au socialisme

Edmond Neumann (3) : communisme contre Ligue des droits de l’Homme

Jules Beauvais et les inondations à Joinville (1/2)

Jules Beauvais, radical opportuniste puis libéral (2/2)

Vue de Joinville-le-Pont

 

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