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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 00:01

Suite de la biographie de Jean-Marie Gille

Bien qu’il n’ait pas, à notre connaissance, de formation particulière en matière scientifique ou technique, Jean Marie Gille, qui est toujours marchand de porcelaines et s’est installé rue du Temple à Paris (3e arr.), va déposer un grand nombre de brevets d’invention. L’Institut national de la propriété industrielle (INPI) en comptabilise huit, plus deux améliorations de brevets déjà déposés. Le premier brevet, en août 1832, concerne un système de chauffage par la vapeur pour des fauteuils creux et des chauffe-pieds.

En septembre 1840, Gille fait breveter un réflecteur transparent destiné à éclairer les numéros des maisons (au moyen de lampes à huile), et un siphon ventilateur pour allumer le feu dans les cheminées. En 1850, il invente une application au feu de l'argenture sur la porcelaine dite biscuit.

C’est la décoration des pièces qu’il produit, puisqu’il est désormais fabricant depuis 1839, que Gille fait protéger en 1854 : « obtention, à l'aide du laminoir, de la presse emporte-pièce ou rouleau à main, de la broderie et de la gravure en porcelaine et autres ornements, tels que feuilles, fleurs, figures, etc. »

Il est à l’origine en 1856 d’une nouveauté qui connaîtra un certain succès, même si les supports métalliques émaillés ont une diffusion beaucoup plus grande : celle des plaques en porcelaine contenant l'indication du nom des rues et autres renseignements utiles.

La vie à l’intérieur des maisons l’intéresse également, avec le brevet déposé en août 1857 pour « application de la porcelaine blanche et décorée aux patères, servant à accrocher toute espèce de choses ». En juin 1862, c’est un curieux encrier-calendrier qui est le fruit de son imagination.

Enfin, il revient en novembre 1863 au décor sur porcelaine avec l’application de de diamants, perles et pierreries montés dans des chatons métalliques.

C’est en 1837 que Gille crée sa fabrique, qu’il installe rue Paradis-Poissonnière à Paris (10e arr., act. rue de Paradis) tout en conservant sa boutique de la rue du Temple. En 1844, elle emploie 160 ouvriers et est réputée pour la qualité du travail, qui concerne surtout des figures en biscuit et des pièces décoratives recouvertes d’une application d’argent. Cette même année 1844, il expose une cheminée en porcelaine « charmante pour les boudoirs ». Les marques utilisées sont « Gille Jeune Fabricant à Paris » en creux, ou bien un cachet en creux ou en pâte bleue au monogramme GJ. S’installant comme un producteur d’objets de luxe, Gille se fournit en matière première à Limoges et vend également du cristal de Sèvres. Ses productions acquièrent une réputation artistique, confortée par sa participation très fréquente à des salons. .

Gille participe, au moins à partir de 1843, aux expositions nationales organisées à Paris au palais des Champs-Élysées. Il y présente une Sainte-Famille d'après Murillo et un Paysage. En 1844, il revient avec une Tête de Christ, un tableau de fruits et un autre de fleurs. Toujours en 1844, il réalise pour un bateau à vapeur plusieurs tableaux représentant l’histoire de Gil-Blas, inspirée du roman picaresque du siècle précédent.

L’aspect technique du travail de l’atelier de Gille est souligné dans la presse, notamment professionnelle. Sa maîtrise de la cuisson fait qu’il produit des statuettes de grandes dimensions.

Pendant la période révolutionnaire de 1848, en attente d’une reprise du commerce, Gille réalise selon le quotidien Le Constitutionnel (1849/07/31) « des essais coûteux » afin d’incruster de porcelaine dans les meubles en bois ou à des objets en marbre et bronze ainsi que sur des lampes. Le 28 février, il avait été signataire d’une lettre de 17 négociants en porcelaine parisiens qui annonçaient qu’ils avaient « repris leurs travaux habituels », « afin de conserver ce travail aux ouvriers » et « pour raffermir l'ordre et la » confiance que tout bon citoyen doit appeler de tous ses vœux ». Puis, avec l’installation du régime napoléonien et le fort accroissement de la bourgeoisie, l’activité de Gille va connaître son apogée.

La première Exposition universelle à laquelle participe Gille est celle de Londres en 851. Il y obtient une médaille de seconde classe pour un chambranle en porcelaine. En août 1853, un incendie considérable détruit la fabrique Gille à Paris.

Probablement pour assurer sa publicité et conforter sa position, Gille réalise un buste de Louis Napoléon Bonaparte, d’après un modèle du sculpteur Jean-Auguste Barre, dont le premier exemplaire est installé, en novembre 1852, dans la mairie - achevée l’année précédente - de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est ensuite envoyé à celui devenu peu après l’empereur Napoléon III, puis exposé à l’Hôtel-de-ville de Paris lors d’un bal en février 1854.

Lors de l'Exposition universelle de Paris en 1855, Gille recueille une médaille de 1e classe, en particulier pour une Immaculée Conception grandeur nature et une Fontaine à tritons. Il est également fait chevalier de la Légion d’honneur, par l’empereur lui-même, selon le journal La Lumière. Sa nomination porte le motif suivant : « Ancien ouvrier – Progrès et développement dans l’industrie de la porcelaine, et services rendus à la classe ouvrière ». Elle correspond à l’idéologie de la monarchie, le prince Napoléon, président de la commission impériale, ayant déclaré : « chez nous, le soldat peut devenir général, grand industriel le simple ouvrier ! »

Membre du Conseil des Prud'hommes pour les produits chimiques déjà en 1855, et réélu encore en 1865 à cette fonction, Gille défend une conception sociale du monde ouvrier, en particulier pour la promotion de caisses de retraite pour la vieillesse avec certains autres employeurs, comme les sociétés de chemins de fer, la compagnie des Omnibus ou la manufacture de glaces de Saint-Gobain. Gille retient 5% des salaires de ses employés et double leurs cotisations de sa propre caisse.

En couronnement de son ascension sociale, Gille est nommé, en juillet 1858 fournisseur officiel de l’impératrice Eugénie

À suivre

Figurines de l'atelier Gilles Jeune

 

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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 00:01

Début de la biographie de Jean-Marie Gille

Jean Marie Gille naît le 16 fructidor an 6 (2 septembre 1798) à Paris (8e arr.). Il est le fils de Marie Catherine Nel (ou Vel) et de son époux Louis Gille.

La jeunesse de Gille a fait l’objet de plusieurs récits, au caractère peut-être partiellement légendaire. Charles Robin, dans son Histoire illustrée de l'exposition universelle de Paris en 1855 décrit son point de départ : « M. Gille fut un pauvre apprenti. Jusqu’à vingt-cinq ans, simple ouvrier bijoutier, qu’épouvantait surtout la peur de l’avenir. Un jour, sentant que ce n’était point sa vocation, il résolut de changer d’état. Pour toute fortune, il avait cinq francs. Acheter avec ses cinq francs des porcelaines fêlées, les revendre, tel fut son début. Un peu plus tard, il parvint à conquérir une échoppe. Avec le temps, la patience et le travail, l’échoppe devint une boutique, puis un magasin, puis une fabrique qui sera bientôt l’une des gloires du pays. »

Le journaliste du quotidien de Bordeaux La Gironde, P. Barrué, raconte en juillet 1867 : « Enfant, il a enduré toutes les souffrances qu’on put imaginer : la faim, le froid, la maladie. Le récit de ses années d’apprentissage arracherait des larmes aux moins compatissants. Faible, chétif, malingre, abandonné de tous, il eut un moment l’envie folle d’aller chercher le calme et le repos sous les flots verdâtres que la Seine roule au milieu de la grande cité. Par bonheur il était de la race des gens fortement trempés que l’adversité fait plier sans les abattre ; il détourna la tête, et revint dans sa mansarde, après s’être juré de lutter jusqu’au bout. »

L’état-civil de Paris, reconstitué après sa destruction en 1871, livre deux dates pour le mariage de Jean Marie Gille avec Didière Julie Anne Mercier à Paris, octobre 1825 ou janvier 1827. Ils vivent à ce moment rue du Temple à Paris (3e arr.), endroit où est situé le commerce de son frère aîné, Armand Gille. C’est probablement pour se différencier de lui que Jean Marie Gille se fit appeler « Gille jeune » dans sa carrière professionnelle.

Armand Gille (1794-1881) fait commerce d’articles de porcelaine et est également peintre. En février 1832, il s’adresse à la chambre des députés pour lui proposer de mettre en place une caisse de chômage, gérée et surveillée par la Banque de France, en utilisant le fait que les ouvriers doivent, en France, avoir un livret pour être employé. Chaque ouvrier toucherait un franc par jour sans emploi, sous forme d’avance sur son travail à venir. Lorsqu’il reprendrait une activité, une retenue serait faite sur ses journées. Gille suggère que le capital de départ de la caisse soit souscrit par des individus. Si l’assemblée qu’applaudir les vues philanthropiques d’Armand Gille, elle écarte le projet, dont le coût lui paraît élevé et par ce qu’elle craint que ce système aurait « pour résultat de détourner, au moins quelquefois, les ouvriers d’un travail fructueux ». Elle s’inquiète aussi du rôle de collecteur que l’on ferait jouer aux chefs d’ateliers.

Pour sa part, Jean Marie Gille, qui assiste son frère dans la boutique familiale, ouvre en 1829 un second point de vente, rue Meslay à Paris (3e arr.) où il fait du louage de porcelaines à domicile pour les noces, repas ou soirées, s’engeant à faire les livraisons deux heures après la demande.

À suivre

Buste de Jean-Marie Gille

 

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16 janvier 2020 4 16 /01 /janvier /2020 00:01

Suite de la biographie de Félix Soulié

En tant que négociant, Soulié prend part à la reconstitution de l’Union des commerçants et industriels de Joinville en juillet 1923.

Son principal engagement est cependant dans la SN Marne. Elle est présidée, depuis 20 ans, par Émile Lecuirot. Soulié en est le directeur en 1923. Il est trésorier-adjoint et président de la commission sportive après l’assemblée générale de janvier 1924. Il exerce la fonction de capitaine d'entraînement. Le quotidien Paris-soir mentionne, en octobre 1924 que « pour différents motifs, dont le louable souci de prendre un repos bien gagné, Félix Soulié résilie ses fonctions ». Le journal lui rend hommage, le qualifiant de « fondateur de nombreuses sociétés, créateur de diverses fédérations » et « animateur de premier ordre, joignant à ses belles qualités de rameur un talent d'organisateur hors pair. Sa disparition de la vie active du rowing sera unanimement regrettée ». Il a été entraîneur de l’équipe olympique française d’aviron.

Malgré son retrait, Soulié poursuit une activité au sein de la SN Marne comme responsable du cercle, directeur du garage, et membre de la commission sportive. Il est membre d’honneur du conseil d’administration.

Depuis 1890, il collabore au Journal de l’aviron. Il est membre du comité central de la Fédération française d’aviron. En outre, il est l’auteur d’une notice sur l’art de ramer.

La famille a quitté l’île Fanac et est installée sur la rive gauche de la Marne, d’abord avenue Galliéni en 1923 Joinville puis avenue du Château en 1926, qui devient avenue Foch.

Félix Soulié meurt le 24 octobre 1934 à Joinville et est inhumé au cimetière communal. Il était âgé de 76 ans et avait eu une fille. La presse quotidienne et locale rend hommage à son parcours. Il était titulaire des Palmes académiques comme officier d’académie, chevalier de la Légion d’honneur depuis octobre 1928 et avait été en février 1934 récipiendaire de la médaille d'or de l'Union des Fédérations des sociétés françaises d'aviron.

En mai 1935, la nouvelle municipalité de droite, conduite par Léon Lesestre, lui rend hommage en déposant une gerbe sur sa tombe.

Fin

 

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14 janvier 2020 2 14 /01 /janvier /2020 00:01

Suite de la biographie de Félix Soulié

À partir de fin 1919, Félix Soulié prend une place significative dans la vie politique communale à Joinville-le-Pont. Il est désigné électeur sénatorial en janvier 1920.

En 1923, il est, au côté du maire, Henri Vel-Durand, un des maître d’œuvre de la constitution du Comité d’union et d’action républicaine, principale organisation de la droite locale, qui rassemble des républicains de gauche (c’est-à-dire des conservateurs), des radicaux et des socialistes indépendants. Il copréside la réunion de lancement tenue le mars au café Landier. Il fait partie de la commission de préparation du programme avec Vel-Durand, Liou, Piot et Decrombecque.

En mai, Soulié est désigné comme président et présente le programme du comité, basé sur l’union de tous les républicains de gauche. À l’intérieur, maintien et développement méthodique des lois démocratiques et sociales actuelles : lois scolaires, défense des lois laïques ; loi de séparation à maintenir dans son intégralité ; lois d’assistance et de retraites, mise au point de la loi des retraites ouvrières par cotisations de l’État et des patrons seuls ; lois protectrices de l’enfance ; enseignement gratuit à tous les degrés par l’augmentation du nombre de bourses accordées seulement au concours, la bourse devant comprendre l’entretien complet de l’élève ; assainissement de la situation financière en diminuant l’inflation et en établissant des impôts mieux assis et surtout mieux perçus, maintien de l’impôt global et progressif sur les revenus, suppression de la taxe sur le chiffre d’affaires (…), compression des dépenses publiques surtout militaires (…) ; interdiction d’importation pour tous les produits de 1ère nécessité (céréales, bestiaux, légumes, sucres) ; le comité est l’adversaire du communisme ; favorable au syndicalisme, s’il abandonne ses idées révolutionnaires ; opposé à la réaction royaliste. À l’extérieur, soutien au gouvernement.

Le quotidien socialiste L'Ère nouvelle critique en mai 1924 « L'exquise délicatesse des édiles réactionnaires ». Sous la signature d’un Banlieusard, il met en cause le président du comité de la droite locale, propriétaire du terrain sur lequel est édifié le bureau de poste des quartiers de Polangis et Palissy : « comment le sieur Soulié n’a-t-il pas compris que lorsqu’on est de près ou de loin mêlé a l'administration d’une commune on ne doit pas s’en faire une cliente ni attitrée ni occasionnelle. Aux périodes révolutionnaires cela était puni de mort. Ne sentez-vous pas que cela choque vos concitoyens ? »

La préparation des élections municipales de mai 1925 se fait sous la houlette de Soulié qui préside la réunion de présentation de la liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux qui se tient, avec 230 participants, au restaurant la Tête noire. Son programme prévoit que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », ainsi que le maintien de l’octroi et des économies dans les dépenses budgétaires communales. La liste est intégralement réélue, face à une candidature du groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes SFIO) et une autre du parti communiste. Soulié est réélu président du comité, renommé comité d’union républicaine. En janvier 1927, il est de nouveau électeur sénatorial.

Soulié est toujours président du comité d’union républicaine en septembre 1928, au moment des obsèques du maire Henri Vel-Durand. Par contre, il n’exerce plus cette fonction en 1932,

À suivre

L'île Fanac

 

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 00:01

Début de la biographie de Félix Soulié

Félix Pierre Célestin Soulié naît le 17 octobre 1858 à Saint-Antonin (act. Saint-Antonin-Noble-Val, Tarn-et-Garonne). Il est le fils de Célestine Albouy et de son mari Pierre Soulié, entrepreneur d’omnibus. Comme ses témoins, serrurier et cultivateur, le père ne sait pas signer.

Débutant l'aviron en 1878, Félix Soulié s’inscrit en 1879 à un des clubs les plus prestigieux, la société nautique de la Marne (dont l’Aviron Marne et Joinville est le successeur). Il dispute la course la plus prisée à ce moment de l’aviron français, le match annuel entre le Rowing club de Paris et la SN Marne. Il le perd en 1880, mais remporta par la suite, en quatre et en huit, de nombreux succès dans les compétitions nationales et internationales.

Sur le plan professionnel, Félix Soulié est représentant de commerce. Il va d’abord résider à Toulouse (Haute-Garonne) entre 1884 et 1896, puis dans le Nord en 1900. Dans ces deux régions, il poursuit son activité sportive et contribue au développement de l'aviron. Il est membre du Cercle nautique de l’aviron de Roubaix.

Félix Soulié épouse, en juin 1888 à Paris (10e arr.), où résident ses parents, devenus marchands de quatre saisons, Louise Joséphine Pinon, fille d’une marchande de vins  de Clamecy (Nièvre). Parmi les témoins, on note la présence d’Ernest Barberolle, champion d’aviron, licencié à la SN Marne, qui sera médaillé olympique en 1920.

Au début du 20e siècle, la famille Soulié s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), sur l’île Fanac tout à côté du siège de la SN Marne. Soulié est barreur d’une yole à 8 du club. Il développe son activité de négoce de tissus, implantée rue du Sentier à Paris. En 1925, il prend part à la constitution des établissements Lefebvre et Soulié, qui proposent des tissus de haute nouveauté. La société a un capital de deux millions de francs. Elle a son siège à Nogent-sur-Marne en 1928.

À suivre

 

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20 décembre 2019 5 20 /12 /décembre /2019 00:01

Émile Léopold Greninger naît le 4 décembre 1856 à Doulaincourt-Saucourt (Haute-Marne). Il est le fils de Marie Leboucher, lingère, et de son mari Samuel Greninger, domestique.

Il achète à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en juillet 1885, un fonds de commerce de vins, d’épicerie, et de tabac, rue du Canal (act. rue Henri-Barbusse) qu’il exploite avec ses parents. Il épouse, en septembre 1887 à Migé (Yonne) Marie Valentine Vérain, couturière et fille de vignerons.

Comme 260 souscripteurs à Joinville, Greninger participe à l’appel lancé par le quotidien la Petite République et relayé par l’hebdomadaire radical local Voix des communes en faveur des « affamés de Carmaux », les ouvriers grévistes des verreries.

Candidat lors des élections municipales de Joinville en mai 1900, Greninger figure sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, soutenu par les radicaux-socialistes, mais qui comprend également des personnalités conservatrices. Elle emporte dès le premier tour les 23 sièges à pourvoir, face à une liste socialiste-révolutionnaire. Greninger obtient 514 voix pour 1 096 inscrits, en 21e position.

Comme la majorité du conseil, et notamment les radicaux-socialistes, Greninger se prononce contre l’autorisation des Sœurs enseignantes de la Providence lorsque le conseil municipal est consulté à ce sujet en juin 1902 ; l’installation est refusée par 13 votes, contre 5 et une abstention.

De nouveau candidat lors du scrutin de mai 1904, Greninger, membre du comité radical-socialiste local, accompagne de nouveau Eugène Voisin qui, soutenu par le parti radical, s’est par contre séparé des sortants les plus conservateurs. Les soutiens de la municipalité sortante s’affichent contre « le nationalisme, le cléricalisme et la réaction ». Il est réélu dès le premier tour avec 561 pour 1119 votants (soit juste une voix de plus que la majorité absolue, 50,1%) pour 1363 inscrits. La liste des radicaux emporte 22 des 23 sièges, face à des concurrents conservateurs (un siège) et socialistes-révolutionnaires.

Vendeur de son commerce de Joinville en juin 1904, Greninger acquiert en mars 1905 un restaurant à Saint-Mandé  rue de la République. Il quitte le métier plus tard et est installé, en 1911, à Champigny-sur-Marne où il travaille comme journalier. Il ne s’est pas représenté en 1908 aux élections municipales de Joinville.

Émile Léopold Greninger meurt le 6 mars 1917 à Champigny, dans son domicile de la route de Joinville. il était âgé de 50 ans et avait eu un fils.

C’est probablement ce dernier, Gabriel Eugène Greninger, qui sera trésorier puis vice-président en 1923-1925 du club cycliste Joinville Sportif.

La rue du Canal

 

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2 décembre 2019 1 02 /12 /décembre /2019 00:01

Suite de la biographie de René Martin

Sur le plan politique, René Martin se présente, mai 1908 aux élections municipales de Joinville sur la liste du comité socialiste indépendant, conduite par Théophile Leteuil. Il obtient 485 voix pour 1189 suffrages exprimés (40,7%) au second tour pour 1319 inscrits et n’est pas élu, sa liste emportant un seul des 23 sièges à pourvoir.

De nouveau candidat en juin 1908, René Martin adopte l’étiquette de socialiste indépendant et a le soutien du comité joinvillais au scrutin pour le conseil d’arrondissement dans le canton de Saint-Maur-des-Fossés. Il arrive en deuxième position derrière le radical-socialiste sortant Henri Vel-Durand et devant le socialiste SFIO Tranchant. Martin obtient 918 sur 3 933 suffrages exprimés (23,3%) pour 10 310 inscrits. Il se retire avant le second tour, qui voit la victoire du futur maire de Joinville avec plus de 91%.

L’affiche que Martin avait faite apposer pour soutenir sa candidature est moquée par ses concurrents radicaux, la reproduisent dans Voix des communes : « Si la lutte que nous venons de mener aux élections municipales n’a pas couronné nos efforts, elle a donné un résultat très appréciable, celui de permettre à certains d’entre nous de se connaître de sorte que, presqu’étrangers hier, nous sommes devenus aujourd’hui des amis (…) Par leur évolution, ils vont assurer le succès d’une transformation par les voies naturelles ». Polémique, le correspondant de Voix des communes, Albert Daguet, reproche à Martin sa « fuite à Londres » avant le scrutin, où il était appelé pour raisons professionnelles.

Malgré sa victoire, mais du fait que le maire Eugène Voisin, en place depuis 1888 est malade et n’entend pas se représenter en 1912, la majorité se déchire et éclate. Plusieurs démissions et quelques décès font que des élections municipales partielles sont organisées en mai 1911 pour pourvoir à sept postes. Les radicaux dissidents, emmenés par Ernest Mermet et Henri Vel-Durand, se retrouvent sur une liste reposant essentiellement sur les démissionnaires.

Les radicaux-socialistes ne constituent pas de liste en propre, mais décident de soutenir celle conduite par René Martin, sur laquelle figure trois membres de leur comité. Se présentant comme président de l’Union des commerçants de Joinville et ancien juge au tribunal de commerce, Martin a comme second Paul Purrey, vice-président de l’Union des commerçants, ancien membre de la commission de répartition des secours aux inondés. Ce dernier, franc-maçon notoire, sera maire de Wissous (Seine-et-Oise, act. Essonne) après la deuxième guerre mondiale.

La liste Martin est battue, les opposants emportant, grâce au soutien des socialistes SFIO ainsi que des libéraux et conservateurs, les sept sièges. Au cours de la campagne, un mannequin couvert d’emblèmes maçonniques est exposé sur le marché ; il devait être brûlé, mais ne l’a pas été par « peur du commissaire » selon Voix des communes.

René Martin rejoint l’armée et est mobilisé, de décembre 1912 à janvier 1914 en Algérie où il participe, en avril 1913, aux combats de Mékila, Zag et Sanghal. Au cours de la première guerre mondiale, il est officier d’administration en charge des vivres et de l’intendance, dans les forts de Joux et Larmont (Doubs), puis en mai 1915 il est expédié en Orient. De retour, en décembre de la même année, il gère une section de commis et ouvriers d'administration à Marseille, puis le centre de fabrication des Aygalades, ensuite le service des vivres, enfin le centre de fabrication d’huiles de Joncquières (Vaucluse). Il poursuit le conflit en tant que responsable du centre de transit maritime de Tarente, dans les Pouilles, en Italie où il est en poste de juillet 1918 à avril 1919. Il fait enfin un très bref passage à l’intendance de Constantine, en Algérie, où il est démobilisé.

Ne reprenant aucune des activités qu’il avait exercé à Joinville, René Martin s’installe avec sa famille en Afrique du Nord, d’abord à Constantine puis au Maroc, à Rabat en 1920. Il poursuit son commerce de vin et est également décorateur.

Une des particularités de la vie de René Charles Martin est le nombre d’unions et de divorces. Il s’est marié une première fois en juin 1899 à Paris (17e arr.) avec Jeanne Marguerite Françoise Guy, avec laquelle il aura deux enfants. Divorcé en avril 1917, il se remarie en décembre 1917 à Marseille avec Marthe Guilbert, mère de son troisième et dernier enfant ; en novembre 1932 à Rabat, il convole avec Christina Franco de Castro dont il se sépare en juillet 1939 pour épouser Odette Paule Alexandrine Cassaing en février 1940, de nouveau à Rabat. Il rompt une quatrième fois son union en avril 1954, pour célébrer ses cinquièmes noces en octobre de la même année avec Linda Esterelle Riston, sept semaines avant son décès.

René Charles Martin est mort le 23 novembre 1954 à Rabat. Il était âgé de 77 ans. Il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie, était officier du mérite agricole (octobre 1909), titulaire de la médaille coloniale (Maroc), chevalier de la Légion d’honneur (juin 1920), récipiendaire de l’insigne de la campagne italo-autrichienne et chevalier de l’ordre royal du Sauveur de Grèce.

Le fort de Joux, La Cluse-et-Mijoux (Doubs)

 

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 00:01

Début de la biographie de René Martin

René Charles Martin naît le 27 janvier 1877 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Maxence Berthe Martin et d’Eugène Martin, négociant en vins, qui est en même temps son oncle et son époux. Entre 1870 et 1900, Eugène Martin sera conseiller municipal de Joinville pendant 23 ans, se positionnant au centre-droit.

Si les opinions de Martin semblent résolument conservatrices, sa première intervention publique connue se fait dans un hebdomadaire radical-socialiste, Voix des communes, qui critiqua parfois vertement son père. Le 26 juin 1897, il fait publier un article sur « Le privilège de la Banque de France », qu’il critique. Son argumentation tortueuse laisse entendre que les élus de l’extrême-gauche parlementaire (socialistes et la tendance progressiste des radicaux-socialistes), en s’opposant à l’élection de banquiers à la chambre des députés, favoriseraient les actionnaires privés de la Banque de France, dont ils conforteraient ainsi le privilège : « Le voilà bien le mouvement social, le voilà bien. Il marche à pas de géant, d’un géant, hélas !... qui serait écrevisse. »

Dans le numéro suivant, le directeur du journal, Gaston Meynet, ancien maire d’Alfortville, réagit après avoir compris que la personne visée était en fait Jules Ferdinand Baulard, député radical-socialiste de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux, qui couvre Alfortville et Joinville notamment. Meynet assure que, trompé par la critique de la Banque de France, le texte avait « échappé à [son] contrôle habituel ». Il rectifie les propos de Baulard, qui voulait « que la Chambre fût uniquement composée de gens honnêtes et fermement attachés aux principes de la démocratie ».

Le 10 juillet, René Martin réplique que « Le peuple, plus éclairé, ne se laissera plus prendre au piège de vos pompeuses banalités ». Meynet conclut : « on ne saurait (…) avouer plus clairement que ne l’a fait M. René Martin ses tendances réactionnaires et l’intention bien arrêtée de placer, au mépris de la vérité et des plus simples convenances, une plaisanterie de fort mauvais goût contre un homme digne de respect. »

Engagé volontaire pour trois ans dans l’armée, servant au 82e régiment d’infanterie à partir de novembre 1897, il quitte cependant le service dès septembre 1898, en tant qu’élève diplômé des Hautes études commerciales (HEC), où il avait été admis en 1894. Il a le grade de caporal. Dans la réserve, il devient sergent en avril 1899, sous-lieutenant en juillet 1901 puis officier d'administration de 3e classe dans l’intendance en février 1906 et officier d'administration de 2e classe dans les subsistances en avril 1908.

Martin, qui a repris l’activité de distillateur de son père et dispose d’une évidente aisance, acquiert en juin 1900 le célèbre restaurant d’Honoré Jullien sur l’île Fanac, à Joinville, ainsi qu’un hôtel rue des Corbeaux (act. av. des Canadiens), en bordure du Bois de Vincennes.

Il investit, avec un autre distillateur joinvillais et conseiller municipal radical-socialiste, Henri Diot, dans la sucrerie de Baron, dans l’Oise. Avec Schérer, il fait partie en 1911-1913 des trois associés de cette raffinerie.

A suivre

La sucrerie de Baron, Oise

 

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 00:01

Eugène Martin naît le 17 juin 1830 à Saint-Sulpice-les-Champs (Creuse). Il est le fils de Françoise Batherosse et de son mari Joseph Martin, qui résident dans le village de Chansard.

Résidant à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Eugène Martin participe en février 1862, parmi 28 habitués du café Émile Gosset à Joinville, à une souscription pour les ouvriers de Lyon et de Saint-Étienne. Plusieurs personnalités locales y contribuent, comme Gosset, alors conseiller municipal, son frère Prince Amédée, conseiller municipal de la commune voisine de Saint-Maurice, Pierre Arnoult, marchand de nouveautés et Firmin Victor Cadot, eux aussi élus de Joinville, un célèbre tapissier-décorateur, Jean Marie Belloir, l’architecte Camus, le restaurateur Eugène Napoléon Rozier, etc.

Devenu négociant en vins, Eugène Martin obtient par décret impérial en janvier 1868 le droit d’épouser sa nièce et il se maire à Joinville en juin 1868 avec Maxence Berthe Martin, fille de son frère Jean Baptiste.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, alors que la République vient d’être proclamée le 4 septembre, des élections municipales sont organisées. Le conseil municipal de Joinville comprend 16 membres ; Eugène Martin est élu, le maire, reconduit étant le conservateur Auguste Courtin et son adjoint étant Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste.

Pendant le siège de Paris, en décembre 1870, les habitants de la commune de Joinville sont évacués, le conseil municipal siégeant à Paris, d’abord rue du Bac puis boulevard Voltaire, tandis que le pont reliant les deux rives de la Marne est détruit et que les combats font près de 2000 morts, essentiellement militaires.

Après la défaite française, fin janvier 1871 et jusqu’en septembre, la commune est occupée par 3 000 soldats allemands (Wurtembourgeois et Bavarois) avec un état-major général de brigade et 250 chevaux.

C’est sous l’occupation qu’un nouveau scrutin est organisé, en juillet 1871. 13 des 16 sortants, dont Martin, le maire et son adjoint, sont réélus. Ils le sont de nouveau, en novembre 1874. La démission de Courtin en 1876 provoque son remplacement par Rousseau. Cependant, ce dernier est battu en janvier 1878 par une liste républicaine, conduite par Gabriel Pinson, descendant de trois anciens maires de la commune.

Martin ne siège pas dans le nouveau conseil. Il revient par contre dans l’assemblée locale en janvier 1881, lors d’un scrutin qui voit une large victoire de la liste républicaine de Pinson. Il est de nouveau réélu en mai 1884 puis, dès le premier tour, en mai 1888. Cette année-là, la liste Pinson est opposée à une liste radicale-socialiste, qui obtient trois sièges. Martin recueille 306 voix, soit environ 56% des suffrages.

L’activité de commerce de vins vaut à Martin quelques ennuis. En 1885, il est accusé d’avoir oublié de payer les droits d’octroi et doit payer une amende Le journaliste Henry Vaudémont. lui demande de démissionner dans l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes. En août 1891 est condamné à 50 francs d’amende pour « tromperie sur la marchandise ». Il avait vendu du vieux kirsch avec une mention « de fantaisie » peu lisible, mais le breuvage n’était ni vieux, ni du kirsch. Vaudémont toujours s’émeut de cette situation : « La faute de l’un (simple particulier) ne saurait excuser la faute de l’autre, conseiller municipal. (…) Qu’il démissionne, qu’il rentre sous sa tente… »

La tension entre les deux hommes monte. Vaudémont, qui est également conseiller municipal, déclare que « quoiqu’il arrive lors de prochaines élections, je ne saurai consentir à figurer sur une liste où sera porté M. Martin ». De fait, Eugène Voisin, l’ancien adjoint étant devenu maire en remplacement de Pinson, il se présente en mai 1892 avec le soutien du comité radical-socialiste. Sa liste remporte 22 sièges, avec 70% des 639 suffrages exprimés, une liste conservatrice, conduite par Bocquentin et Barborin, a un élu avec 27%. Martin se présente en candidat isolé et se voit crédité de 284 soit 44,4%.

Lors du scrutin de mai 1896, Vaudémont, très malade, ne se représentant pas, Martin rejoint la liste Voisin qui est élue avec une moyenne de 800 voix pour 918 inscrits, sans concurrents.

Eugène Martin avait investi dans une distillerie, sise rue de Paris, à Joinville. Il meurt en cours de mandat, après près de 23 ans passés au conseil municipal, le 11 février 1900 à Joinville. Il était âgé de 69 ans.

Son fils, René Charles Martin, reprendra l’activité de négociant en vins et distillateur, tentant aussi, sans succès, d’accéder à l’assemblée locale.

La rue de Paris à Joinville

 

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29 octobre 2019 2 29 /10 /octobre /2019 00:01

Israël Lewin est né le 1er octobre 1892 à Minsk (Russie, act. Biélorussie). Il épouse, probablement en Lituanie, Sarah (ou Sara) Gordon. Leur fils, Joseph, naît à Vilnius en août 1926.

Il émigre ensuite en France, où il est marchand forain. Il obtient la nationalité française par le décret 5279-39 du 17 avril 1939.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la famille Lewin vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le centre-ville, 8, rue de Paris.

Israël Lewin est arrêté vers le 20 août 1941 et interné au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il quitte Drancy pour le camp de concentration d'Auschwitz (Allemagne, act. Pologne) par le convoi n°3 du 22 juin 1942. Il arrive à destination le 24 juin 1942.

Le convoi comportait 1 000 déportés. Il y a 24 survivants en 1945. Israël Lewin est présumé disparu dans le camp d'Auschwitz. Sa femme et son fils ont été déportés par le convoi 35.

Le nom d’Israël Lewin figure sur le Mur des Noms élevé dans le Mémorial de la Shoah à Paris (dalle n° 66, colonne n° 22, rangée n° 3). Il est également inscrit sur une plaque apposée en mairie de Joinville-le-Pont en 2019.

La rue de Paris à Joinville

 

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