Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 mai 2020 6 23 /05 /mai /2020 00:01

Suite de la biographie de Jean-Marie Gille

 

Après 1860, l’activité de production de porcelaines de Gille continue de prospérer. Il est à l‘exposition de Besançon en 1860, à celle des arts industriels à Paris en 1861, où il est gratifié d’une médaille de 1e classe. Il est également médaillé à Londres lors de l’exposition universelle de 1862 avec notamment une Rêverie et une Tempérance. La presse relève que Gille fait 65% de son chiffre d’affaire à l’exportation. Enfin, il est à la nouvelle exposition universelle de Paris en 1867 avec entre autres sa statue de Bernard Palissy ou une grande autruche en porcelaine.

La popularité des œuvres de Gille fait qu’il est fréquemment copié. En voulant défendre ses droits, il va provoquer un débat juridique. En France, une loi de juillet 1793 protège la propriété des œuvres de l’esprit, donc des sculptures. Par contre, une loi de 1806, sur la propriété des dessins de fabrique, exige leur dépôt. Se pose donc la question de savoir si une statuette artistique, reproduite par des moyens mécaniques dans l’industrie, est une œuvre d’art (garantie par la loi de 1793) ou un dessin de fabrique qui aurait dû être déposé (loi 1806). Gille attaque un marchand allemand, Kossmann-Huber, fabricant de jouets, qui vend dans les deux pays des copies de statuettes de Gille, Prière du matin et Prière du soir. Il est débouté en première instance, mais en 1861 la cour impériale, saisie de l'appel, décide que les deux statuettes sont des objets d’art et non des produits purement industriels et mercantiles et donne satisfaction à Gille.

Tout en conservant ses ateliers à Paris, Gille fait construire un pavillon à Joinville-le-Pont, vers 1851. Sa villa, située rue de Paris, a une façade incrustée de porcelaine peinte, qui attire l’attention de la presse.

Lors des élections municipales de 1852, Gille devient membre du conseil municipal de Joinville dont le grammairien Charles Pierre Chapsal est le maire. Il offre en novembre de la même année, pour décorer la mairie inaugurée l’année précédente, le premier exemplaire du buste du prince-président, Louis Napoléon Bonaparte, qui deviendra l’empereur Napoléon III le mois suivant. La cérémonie se conclut au cri de « Vive l'empereur ! »

Gille achète également un vaste terrain sur la rive gauche de la Marne, alors très peu peuplée, puisqu’elle ne compte qu’un hameau près du pont ainsi que la ferme et le château de Polangis. Gille prend possession de la partie sud de cet espace, bordé par la Marne et la commune de Champigny et terminé, au Nord, par la route de la Brie, un des principaux axes entre Paris et l’Est de la France via le pont de Joinville.

Ayant décidé d’aménager son terrain afin d’y installer chalets et villas, Gille le nomme « villas Palissy », en hommage au maître de la porcelaine, Bernard Palissy. Il installe une maison-modèle, largement décorée de porcelaine. Pour lancer le lotissement, Gille aménage un square, dans lequel il installe une statue en porcelaine de Bernard Palissy de 2 mètres de hauteur.

Une vaste fête est organisée en septembre 1860 pour son dévoilement avec environ 500 invités, dont les ouvriers de Gille. Des textes de Palissy sont lus, dont celui-ci : « J'étois méprisé et moqué de tous. L'espérance que j'avois me faisoit procéder en mon affaire si virilement, que plusieurs fois pour entretenir les personnes qui venoyent me voir, je faisois mes efforts de rire, combien que intérieurement je fusse bien triste. J'ai été plusieurs années que, n'ayant rien de quoy faire couvrir mes fourneaux, j'étois toutes les nuits à la mercy des pluyes et vents sans avoir aucun secours, aide, ny consolation, sinon des chats-huants qui chantoyent d'un costé et des chiens qui hurloyent de l'autre... »

Statue de Bernard Palissy par Gille dans le square Palissy-Bir Hakeim à Joinville-le-Pont

 

La manufacture de Gille produit également le chemin de croix de l’église paroissiale Saint-Charles-Borromée, inaugurée en 1860, dont le dessin est dû à deux collaborateurs de Gille, Dajard et Grehant.

Jean Marie Gille meurt le juin décembre 1868 à Joinville. Il était âgé de 70 ans. Il est enterré dans le cimetière de Joinville qu’il avait contribué à créer. Il y repose dans une chapelle ornée de son buste en marbre. Il a donné son nom à une rue du quartier qu’il édifia, l’avenue Gille.

L’entreprise de porcelaine fut reprise par deux de ses anciens employés, Désiré Vion et Charles Baury, le principal modeleur, élève du sculpteur François Rude. Elle déménage en 1878 pour s’installer à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne). Un neveu de Gille, Jules Émile, comptable, y collabore.

Fin

L'inauguration de la statue de Palissy, au coeur du quartier du même nom à Joinville-le-Pont (1860)

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens