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30 avril 2025 3 30 /04 /avril /2025 00:01

Auguste Louis Casiez naît le 12 octobre 1846 à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Valentine Marie Constance Montraisin et de son époux Louis Eugène Casiez. Son père, originaire de Saint-Omer (Pas-de-Calais) est perruquier ; il sera ultérieurement facteur des Postes. La famille, dont il est le dernier des six enfants, vit route de Saint-Mandé.

Devenu bijoutier, Auguste Casiez épouse, en décembre 1869 à Charenton, Augustine Victorine Coudret, blanchisseuse. Ils restent vivre à Charenton, rue de Paris.

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, son père Louis Eugène Casiez (1803-1880), bien qu’ayant déjà 66 ans, est engagé dans la Garde nationale, en tant que tambour-maître au 51e bataillon ; son frère aîné, Alexandre Casiez (1841-1906), combat également dans le 55e bataillon de la Garde, en tant que sergent-fourrier. Il poursuit son activité sous la Commune de Paris, la Garde ayant refusé de rendre les canons stationnés dans Paris comme le réclamait les forces d’occupation allemandes après la capitulation. Il sera arrêté puis condamné par le conseil de guerre à 13 mois d’emprisonnement. Auguste prend sa défense dans la presse après le procès en août 1872.

Ayant développé son activité dans le 1er arrondissement de Paris, la famille s’installe en 1875 d’abord rue Saint-Honoré puis rue Sainte-Anne, où il forme en mai 1876 une société de joaillerie avec M. Coulbeaux. Il met fin à cette collaboration en janvier 1877, s’installe rue Baillif et constitue une entreprise nouvelle avec Levasseur, toujours en tant que joailler. Il s’installe ensuite rue de Passy, dans le 16e arrondissement, en 1883.

En 1886, la famille rejoint sa mère à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), rue de La Varenne. Son frère Alexandre viendra vivre dans la même commune cinq ans plus tard. Ils seront très liés par l’activité qu’ils vont mener localement.

Dans le domaine culturel, Auguste Casiez est trésorier de la Société chorale de Saint-Maur en 1893. Il joue le même rôle dans une structure sociale, à la même date, le Comité de secours aux malheureux. Il est le président fondateur de la société des pupilles de Saint-Maur et administrateur de la caisse des écoles

En février, toujours la même année 1893, il est, en compagnie du conseiller général radical-socialiste, le docteur Georges Laffont, témoin du mariage du secrétaire du Théâtre Lyrique de Paris, M Lamouroux, avec une saint-maurienne, Mlle G. Prin.

Toujours en 1893, Auguste Casiez est l’un des quatre fondateurs de L'Épargne populaire, société d’assurances qui a pour but de développer l'épargne et la prévoyance par la capitalisation. Elle est présidée par une autre personnalité de Saint-Maur, Henry Pouvereau.

Sur le plan politique, Auguste Casiez est membre du comité républicain-radical-socialiste du canton de Saint-Maur, comme son frère Alexandre, qui siège depuis 1890 au conseil municipal. Il soutient en mai 1893 la candidature du Dr Laffont au conseil général et est assesseur d’une de ses réunions publiques en décembre. Il fait partie, en mars 1896 des délégués sénatoriaux désignés par le conseil municipal.

Membre du bureau du Comité républicain radical-socialiste de Saint-Maur, Auguste Casiez est mis en minorité et démissionne avec ses collègues en janvier 1898, à l’occasion d’un conflit au sein des radicaux de la commune. Il sera cependant de nouveau désigné comme délégué sénatorial par les radicaux en décembre 1908.

Il poursuit une activité mutualiste au début du 20e siècle, en tant qu’administrateur de la société de secours mutuels Saint-Louis, dont le siège est à Charenton. Il cède sa bijouterie de la rue Baillif en octobre 1904.

L’appartenance d’Auguste Casiez à la franc-maçonnerie est relevée par les organismes et journaux antimaçonniques à partir de 1908. Il participe aux travaux de la loge La Réforme, basée à Saint-Maur et rattachée au Grand Orient, dont le vénérable est l’ingénieur et industriel Salomon Hirsch, futur dirigeant du parti radical-socialiste. En 1914, sa démission est mentionnée.

Auguste Casiez meurt le 28 février 1917 dans son domicile de la rue de La Varenne à Saint-Maur. Il était âgé de 70 ans et père de six enfants. Il avait été décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie en janvier 1908 puis comme officier de l’instruction publique en janvier 1913. Son activité mutualiste avait été récompensée par une mention honorable en janvier 1909 et une médaille de bronze en mars 1912.

Saint-Maur, rue de La Varenne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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28 avril 2025 1 28 /04 /avril /2025 00:01

Suite de la biographie d’Alexandre Casiez

Le scrutin municipal de mai 1900 voit la réunification du territoire saint-maurien. La liste du maire sortant Maxant, républicain-progressiste (droite) arrive en tête, suivie de près par les radicaux-socialistes. Cette dernière fait alliance pour le deuxième tour avec le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire et ils récoltent les 27 sièges à pourvoir. Casiez est réélu, le Dr Sallefranque, radical-socialiste, devient maire.

Renouvelé dans son rôle de trésorier de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, Alexandre Casiez est également le directeur d’un journal local, L’Union socialiste. Il avait été fondé en 1893 par le Dr Laffont, défendant principalement des positions radicales-socialistes mais ouvert, au moins aux début, à d’autres courants de gauche. Consacré très largement à Saint-Maur, publié chaque semaine sur deux pages, il a cependant quelques rubriques pour les communes voisines, Champigny, Joinville ou Créteil en particulier. Casiez collabore à L’Union socialiste peut-être dès le début, en tout cas il représente la publication en 1895. Un autre organe radical, Voix des communes, couvre plus largement l’ensemble de la circonscription. De plus, le Dr Sallefranque dispose de son propre journal, La Démocratie.

En octobre 1902, c’est L’Union socialiste qui organise le banquet pour « fêter l'inauguration de la première maison ouvrière construite par la Famille, société coopérative de constructions d'habitations ouvrières à bon marché ». Mais, le mois suivant, Voix des communes relève que « ‘La guerre est déclarée entre la Démocratie et l’Union socialiste » et s’en émeut : « il est parfaitement absurde de se quereller entre soi quand l’ennemi vous guette ». Considérant que « les torts sont réciproques », le correspondant qui signe du pseudonyme de Jean Le Bagaude conclut : « Il y a d’excellents républicains à Saint-Maur, mais on aurait besoin de semer dans les immenses et beaux jardins de cette ville quelques sous de patience et de sens commun. »

Union socialiste, 18 septembre 1904 (Gallica)

Le comité radical, contrôlé par le maire, expulse Alexandre Casiez en novembre 1902. L’affrontement se poursuit en public en mars 1903. Lors d’une réunion publique de compte-rendu de mandat, Casiez interroge la municipalité sur un paiement pour travaux qui aurait été fait deux fois. Le maire Sallefranque et deux adjoints, Dufaur d'Alaric, radical, et René Bounet, socialiste, considèrent que c’est de la diffamation et portent plainte. Le procès a lieu en juillet 1903 devant la cour d’assises de la Seine. Lors de l’audience, Casiez explique qu’il avait été provoqué à parler au cours de cette réunion, indiquant que « la municipalité n’avait plus notre confiance » et qu’il souhaitait des explications sur une situation qui lui avait été rapportée. Vingt-quatre témoins sont entendus. Le jury ne retient aucune infraction, et la cour d’assises acquitte Casiez. Une trentaine de journaux parisiens au moins rendent compte du jugement.

La rupture politique au sein des radicaux se traduit, en mai 1904, par la présence de deux listes lors des élections municipales de mai 1904, celle officielle du maire, le Dr Sallefranque et celle de Casiez, baptisée Union républicaine. La gauche est également divisée, entre le Parti socialiste français et le Parti socialiste de France (le regroupement aura lieu l’année suivante en 1905), tandis que la droite aligne une liste dirigée par l’ancien maire, Maxant, avec l’appui du Parti républicain libéral.

Les radicaux arrivent en tête, devant les libéraux et les colistiers de Casiez, qui a emmené à sa suite quatre autres conseillers municipaux ainsi que le docteur Henri Chassaing (1855-1908), qui a été conseiller de Paris (1889-1902) et député de la Seine (1884-1890). La liste de Sallefranque décide de s’unir au Parti socialiste français (PSF) et entame des négociations avec l’Union républicaine. Celles-ci achoppent sur l’exclusive concernant René Bounet, adjoint au maire sortant et tête de liste du PSF, « qui a été néfaste aux intérêts communaux », selon Casiez. Les radicaux refusent de faire alliance avec eux. Au second tour, en l’absence de candidats de l’Union républicaine, radicaux et socialistes l’emportent face aux libéraux et Sallefranque est réélu.

Absent de l’assemblée locale, Alexandre Casiez continue cependant de peser sur la vie locale du fait de son titre de directeur de L’Union socialiste, dont l’éditorialiste est le poète lyrique Léon Stensmaght, également orfèvre. Il montre l’étendue de son influence en juillet 1905, lorsque le ministre des colonies Étienne Clémentel le distingue au cours du banquet du Syndicat de la presse républicaine périodique. Le dirigeant dudit syndicat, Monvoisin, témoigne : c’est un « militant républicain sincère et convaincu qui tout en défendant de son mieux, dans le modeste organe qu’il dirige, la République et ceux qui la servent ; qui tout en bataillant avec passion pour ses idées, donna ce bel exemple de ne jamais se souvenir du nom de ses adversaires. »

Décidément habitué des tribunaux, Alexandre Casiez aura comparu devant le conseil de guerre à Versailles en 1872 pour son rôle militaire pendant la Commune de Paris, le tribunal civil de la Seine en 1881 et 1884 pour la séparation de son couple, le conseil d’État au sujet de son élection municipale en juillet 1890 puis la cour d’assises de la Seine en juillet 1903 pour des accusations de diffamation. Il aura aussi fait appel aux juridictions pour se défendre, comme le tribunal correctionnel de la Seine en janvier 1876 à propos de la protection de ses modèles de bijoux (sans succès), et une nouvelle fois, pour injures publiées dans un journal de Saint-Maur en 1904 (avec réussite cette fois). Les deux décisions de 1876 et 1884 auront un effet jurisprudentiel significatif.

Alexandre Casiez meurt le 14 juillet 1906 à Saint-Maur-des-Fossés, dans son domicile de la rue Caffin. Il était toujours agent d’assurances et âgé de 70 ans. Son décès est déclaré par deux de ses neveux. Il était père de neuf enfants, huit de son mariage avec Louise Vernet et un de son compagnonnage avec Eugénie Clairiot. Cette dernière adoptera le nom d’usage de Casiez, bien qu’ils n’aient pas été mariés.

En 1896, Alexandre Casiez avait reçu la médaille de bronze de la mutualité pour son rôle en tant que vice-président de la société de secours mutuels Saint-Louis. Il a été décoré des Palmes académiques, comme officier d'académie en juin 1902, en lien avec ses fonctions de conseiller municipal. L’attribution de la distinction de chevalier du Mérite agricole, fait mention de ses activités de publiciste, membre du syndicat de la presse républicaine de Paris et de la banlieue et pour de « nombreux articles sur les questions agricoles et horticoles. »

Fin 

Saint-Maur, avenue du Bac à La Varenne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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26 avril 2025 6 26 /04 /avril /2025 00:01

Suite de la biographie d’Alexandre Casiez

Après avoir retrouvé ses droits civiques, Alexandre Casiez va entreprendre une activité publique assez intense, souvent en compagnie d’Auguste. Tous les deux sont membre du Comité républicain radical-socialiste de la commune. En 1890, le Dr Georges Laffont, radical, élu conseiller général du département de la Seine, respectant ses engagements de non-cumul de mandats, démissionne de son poste de maire de Saint-Maur. Des élections municipales complémentaires sont organisée en juin pour pourvoir à cinq postes vacants avant l’élection du nouveau maire. La liste radicale emporte quatre sièges et Casiez devient conseiller municipal, les socialistes révolutionnaires ayant un élu. Son élection est contestée, car il n’était pas inscrit sur les listes électorales, mais le Conseil d'État statue, en août 1890, sur le rejet de la requête, estimait qu’il aurait bien dû être inscrit au rôle des contributions foncières, puisqu’il possède un immeuble depuis 1874, et qu’il était donc éligible. Le premier adjoint sortant, Aureau, radical, est élu maire.

Lors des élections municipales générales de mai 1892, Casiez est de nouveau candidat dans la quatrième section de Saint-Maur, qui couvre le quartier de La Varenne, Il est élu dès le premier tour, Aureau est confirmé au poste de maire. Les listes radicales ont été ouvertes à des socialistes révolutionnaires.

Le comité républicain radical-socialiste du canton de Saint-Maur, dont Casiez est le trésorier et dont son frère Auguste est également membre, soutient en mai 1893 la candidature du Dr Laffont à sa réélection comme conseiller général.

Au sein du conseil municipal, les tensions entre les radicaux et les socialistes se manifestent, par exemple sur le choix de l’emplacement du cimetière, défendu par le socialiste Bocquet et que combat Casiez. Pour résoudre la situation, 13 conseillers municipaux radicaux réclament la dissolution du conseil municipal au préfet, qui la décide en avril 1894. Les candidats radicaux font face à une union des progressistes (droite) avec les socialistes révolutionnaires ; les quatre sortants de cette tendance, qui ont soutenu ladite alliance, sont exclu du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Au premier tour, les radicaux remportent 12 des 17 sièges pourvus, dont celui de Casiez. Mais au second tour, ils n’obtiennent qu’un seul des 10 sièges restants et se retrouvent donc minoritaires, avec 13 élus contre 14. L’horloger républicain-progressiste Louis Charles Maxant (droite) est élu maire avec l’appui des 4 conseillers socialistes dissidents. Ces derniers essaient, en avril 1895, de faire du 1er Mai un jour chômé pour les employés municipaux ; les radicaux s’y opposent, tandis que les élus de droite s’abstiennent, et la mesure ne passe pas.

Peu après l’installation du nouveau conseil municipal, en août 1894, les tensions sont fortes dans le milieu politique local. Un des journaux locaux, L’Écho de Saint-Maur, publie des articles que l’un des fils d’Alexandre Casiez considère comme « injurieux ». il se rend au domicile du conseiller municipal supposé avoir écrit lesdits papiers, Jacques Stiéber, un élu républicain-progressiste, lui déclare être le fils de Casiez puis se précipite sur lui, le frappant à la poitrine avec un poinçon. Il n’occasionne cependant qu’une légère blessure. Arrêté et conduit au commissariat de police de Joinville-le-Pont, il déclare avoir agi « pour venger son père ». Plus d’une quarantaine d’articles sont publiés dans des quotidiens français, aucun ne mentionnant le prénom du coupable ; il peut s’agir d’Eugène, 31 ans ou Paul, 25 ans, tous deux bijoutiers, le troisième, Maurice, n’ayant que 9 ans. S’il y a eu de suites judiciaires, elles d’ont pas été retrouvées.

Pour l’élection municipale générale de mai 1896, le sectionnement de Saint-Maur est modifié, avec seulement trois sections au lieu de quatre. Les radicaux remportent la circonscription La Varenne avec 8 sièges, où Casiez est réélu. La liste républicaine progressiste gagne les 19 autres sièges, tandis que la liste socialiste-révolutionnaire, qui s’en est séparée, n’a pas de conseiller municipal.

Une polémique éclate dans le comité radical-socialiste lorsque, en janvier 1898, la majorité des radicaux acceptent l’adhésion Léon-Marie Piettre, ancien maire de Saint-Maur (1876-1888), qui avait été élu conseiller général en 1893 contre le Dr Laffont, soutenu par les radicaux. Casiez fait partie des protestataires, qui lui reprochent d’avoir été « élu sous le patronage de nos adversaires politiques. »

La même année, en mars, Casiez est désigné trésorier de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine, qui couvre une grande partie de l’actuel Val-de-Marne).

En matière sociale, Alexandre Casiez est en 1896 vice-président de la Société de secours mutuels Saint-Louis, basée à Charenton-le-Pont.

À suivre

Saint-Maur, marché de La Varenne en 1901 (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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24 avril 2025 4 24 /04 /avril /2025 00:01

Début de la biographie d’Alexandre Casiez

Alexandre Eugène Caziez naît le 2 février 1841 Charenton-Saint-Maurice (Seine, act. Saint-Maurice, Val-de-Marne). Il est le fils de Valentine Marie Constance Montraisin et de son époux Louis Eugène Caziez. Son nom sera ensuite orthographié « Casiez ». Son père est perruquier à la maison Royale ; il sera ultérieurement facteur des Postes. En 1844, la famille vit dans la commune voisine de Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Devenu graveur en bijouterie et vivant rue des Gravillliers à Paris (10e arr.), Alexandre Casiez épouse en août 1862 dans cet arrondissement Louise Euphrasie Rosalie Vernet, lingère. Ils s’installent rue du Temple (3e arr.), où il ouvre un atelier de fabrication de bijoux plaqués or. Ses produits sont qualifiés ainsi par le Moniteur de la bijouterie en septembre 1869 « Cette maison fait le genre tout à fait ordinaire et à des prix très-avantageux. »

Bijoux de la maison Casier

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, Alexandre Casiez s’engage dans le 55e bataillon de la Garde nationale où il sert pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Il a le grade de caporal puis de sergent-fourrier. Bien qu’alors âgé de 66 ans, facteur retraité des Postes, son père Louis Eugène Casiez (1803-1880) est également engagé dans la Garde nationale, en tant que tambour-maître au 51e bataillon ; à son décès, il aura des obsèques civiles.

Alexandre Casiez continue son activité lors de l’insurrection populaire de la Commune de Paris (18 mars – 28 mai 1871), qui fait suite au refus des membres de la Garde nationale de rendre leurs canons aux troupes allemandes après l’armistice. Le 30 mars 1871, il est élu sergent-major.

Arrêté sur dénonciation le 9 juin, il est jugé par le 19e conseil de guerre, qui siège à Versailles et condamné le 10 juin 1872, à treize mois de prison et dix ans de privation de ses droits civiques. L’accusation lui reprochait d’avoir « été aux forts d’Issy, de Vanves, à Asnières, aux barricades dans Paris ». Cependant, la décision ne retient pas ces motifs, l’envoyant en maison d’arrêt pour port illégal d’uniforme. Le 13 septembre 1872, le reste de sa peine est remis. La dégradation civique est maintenue.

Après sa libération, Alexandre Casiez reprend son activité de bijoutier, toujours avec son atelier rue du Temple. En janvier 1876, il attaque de ses anciens ouvriers, alors établi à son compte, qui a copié certains de ses modèles. Le tribunal correctionnel de la Seine juge que « quelque répréhensibles que soient les faits reprochés », ils ne sauraient tomber sous l'application du Code pénal. La maison Casiez est présente lors de l’exposition universelle de 1878 à Paris, où elle obtient une médaille de bronze.

En février 1881, Alexandre Casiez est de retour devant la justice, cette fois pour des affaires familiales. Son épouse a demandé au tribunal civil de la Seine de prononcer la séparation de corps, faisant état d'injures, de menaces et de violences ainsi que les relations de son mari avec Marie Eugénie Clairiot, une ancienne employée de la bijouterie, alors âgée de 22 ans. En septembre 1884, Alexandre Casiez demande la transformation de la séparation en divorce, ce que son épouse refuse. Le tribunal remarque que le coupe « a eu quatre enfants encore vivants » (quatre autres sont morts) et que « l'union paraît avoir été heureuse jusqu'au jour où [Alexandre Casiez] a rencontré la fille [Clairiot] ». Il considère « que la femme Casiez, qui, pendant de longues années, notamment en 1871, dans des circonstances graves pour son mari, lui a donné des preuves d'un dévouement et d'une affection qu'il n'aurait pas dû oublier ». Pour étayer sa décision, le juge estime le demandeur « ne produit aucun motif avouable à l'appui de sa demande » et prend acte que l’épouse redoute qu’un divorce lui permette « de régulariser, à son détriment et à celui de ses enfants, la position dans laquelle il n'a cessé de vivre, depuis sa séparation ». Le divorce est ainsi rejeté. La décision est publiée dans plusieurs journaux juridiques mais également dans la revue Le Droit des femmes et dans plusieurs quotidiens parisiens ou de province. Casiez vit cependant avec sa nouvelle compagne, qui donne naissance en janvier 1885 à un fils, qu’il reconnaîtra.

C’est avec son fil aîné, Eugène, qu’est constituée, en janvier 1889, la société Alexandre Casiez et fils. Deux ans plus tard, elle est dissoute et le père cède le fonds de commerce à son fils. Ce dernier placera son activité en liquidation judiciaire en novembre la même année.

Ayant quitté Paris pour s’installer à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de La Varenne, rue Caffin, Alexandre Casiez y vit avec sa compagne et le fils de cette dernière. Sa mère et son frère Auguste, également bijoutier, vivent aussi à Saint-Maur. Alexandre devient agent général de la Compagnie générale d’assurances contre les accidents.

À suivre

Paris, la rue du Temple (Parissima)

 

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22 avril 2025 2 22 /04 /avril /2025 00:01

Nicolas Louis Dossunet naît le 20 janvier 1840 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Denise Étiennette Baillard et de son époux Louis Gabriel Alphonse Dossunet, alors adjoint puis éclusier au canal de Saint-Maur.

Louis Dossunet ouvre, probablement en 1858, un chantier de construction de bateaux de course et de promenade, à la voile et à l’aviron, situé dans la commune voisine de Joinville-le-Pont. En juillet 1861, il est nommé garde de navigation sur la Marne.

Le 3 novembre 1876, Louis Dossunet est, avec son frère Charles, un des fondateurs de la Société nautique de la Marne, un des plus grands clubs d’aviron de France, basée à Joinville, Il est nommé conservateur de son matériel, et est un des financeurs de son boat-house sur l’Île Fanac, avec un prêt accordé « à condition qu'aucun constructeur ne s'y installe ». En 1883, il est mentionné comme juge arbitre en compétition.

Lors de l’exposition universelle de 1878 à Paris, un des membres de la Commission belge de l'Exposition, Joseph Vanhove, également constructeur d'embarcations venant de Laeken (Belgique, act. région de Bruxelles-Capitale), décrit les œuvres du constructeur des bords de Marne : « J'ai particulièrement admiré les embarcations de M. Dossunet, qui se distinguent par leur élégance et leur jolie coupe. Ses gigs de courses, tous à bancs mobiles, sont entièrement perfectionnés, tant sous le rapport de la structure que de la vitesse. En les construisant longues et effilées offrant peu de résistance à l'air, M. Dossunet doit, me semble-t-il, avoir atteint le but de donner aux embarcations le plus de lancée possible. Ses gigs sont également bien achevés, le bois est du cèdre bien travaillé, bien uni, poncé et verni. Le constructeur a mis les taquets en dehors du bateau ; de cette façon l'aviron du rameur ayant plus de levier, celui-ci peut appliquer une force beaucoup plus grande, qu'il combine en même temps avec celle obtenue par le banc à coulisse. Ces gigs sont à la fois confortables et facilement maniables ; ils se démontent en trois pièces, qui peuvent se placer dans une caisse. L'assemblage se fait aisément au moyen de boulons ; un joint en caoutchouc empêche l'infiltration de l'eau. Par cette réduction de longueur, le transport par chemin de fer est plus commode, ne demande qu'un wagon, au lieu de trois, et coûte beaucoup moins cher. Les embarcations peuvent faire de longs voyages et ne souffrent pas du cahotement inhérent au transport ». Dossunet obtient une médaille d’or que le jury explique ainsi : « à cause de l'exécution véritablement supérieure de ses constructions. Les trois embarcations qu'il a exposées sont une œuvre artistique, pouvant rivaliser avantageusement avec ce que l'Angleterre fait de mieux en ce genre. »

De nouveau récepteur d’une médaille d’or à l’Exposition Internationale de Paris en 1879, L. Dossunet fait face à une grande demande, notamment des principales sociétés d'aviron. Il fait appel à l’architecte Léon Quatesous pour doubler la surface de ses ateliers, qui se remarquent notamment par leurs toits rouges. Il dépose des brevets pour protéger ses modèles, notamment en 1881 pour un « système de porte-rames, dit dames tournantes, devant s'appliquer à des bateaux à l'aviron ». Lors de l’exposition universelle de 1889 à Paris, il expose hors-catégorie. Le catalogue mentionne qu’il est « fournisseur des principaux cercles et sociétés nautiques en France et à l'étranger, des ministères des Travaux publics et des Beaux-arts, de la Ville de Paris et des Palais de Fontainebleau. »

Louis Dossunet loue, depuis les années 1880, une propriété qui lui appartient à Joinville-le-Pont, quai de la Marne, à Marie Henri Brégeot qui, sous les pseudonymes d’Henry Vaudémont, Gringoire ou Boule de Siam (notamment), collabore à une douzaine d’hebdomadaires, dans lesquels il évoque assez souvent le constructeur. Henry Vaudémont est un des responsables du groupe radical-socialiste de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux, un dirigeant de la fédération de la libre-pensée et un militant actif du mouvement coopératif. Il est également conseiller municipal de Joinville-le-Pont.

Le frère de Louis, Émile Dossunet, est associé au chantier, au moins depuis 1891. Louis Dossunet prend sa retraite de garde de navigation en février 1900. Le chantier produit, au début du 20e siècle, outre les traditionnels bateaux à rames et à voile, des embarcations motorisées qui sont alignées dans des courses, comme en 1904 à Monaco.

En avril 1902, Louis Dossunet, alors âgé de 62 ans, épouse à Joinville-le-Pont, Rose Jannot, fille d’une couturière de cette commune, qui a pour sa part 27 ans. Il meurt le 13 novembre 1905 à Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne) ; son décès est déclaré par son frère Émile qui mentionne comme domicile l’écluse de Saint-Maur-des-Fossés. Il avait 65 ans et n’a pas eu d’enfant.

Décoré d’une médaille d’argent pour avoir « sauvé deux femmes qui se noyaient dans la Marne » en janvier 1872, il est attributaire d’une médaille d’honneur du service de la Marne pour ses 35 ans de service en octobre 1897.

Arch. Carré des Canotiers

 

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31 mars 2025 1 31 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Guy Pascal Hirsch Montmartin

Parallèlement à la fonction de consul général honoraire d'Autriche à Paris qu’il exerce depuis octobre 1934, qui n’est pas rémunérée, Guy Pascal Hirsch Montmartin reprend une activité industrielle en France. Il crée en juin 1936 la société Amplilux, qui adopte comme slogan « plus de lumière pour moins d’argent ». Il dépose des brevets en France et aux États-Unis, notamment pour des ampoules à réflecteur annulaire mais aussi pour de la peinture, des instrument d’optique ou des dispositifs et d'ornementation. Il devient également administrateur de la Compagnie des Lampes.

Après avoir appris à piloter à Orly (Seine, act. Val-de-Marne) en juin 1936, Hirsch-Montmartin achète un avion Potez 585 qu’il utilise notamment pour se rendre dans sa résidence secondaire de La Baule (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il connaît deux problèmes de navigation en moins d’une semaine. Le 5 janvier 1937, alors qu’il se rendait à Vienne (Autriche), son pilote a dû atterrir dans un champ à Juan-les-Pins (Antibes, Alpes-Maritimes). Le consul général n’a pas été blessé et a pris le train pour Marseille, pour prendre la ligne régulière Air-France. Autre incident le 11 janvier. Parti de Cannes, ayant fait escale à Lyon, piloté cette fois par Hirsch Montmartin, l’avion – à cause du brouillard – s’est posé dans un champ près de Villepinte (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis).

Comme l’avait fait son père, Guy Pascal Hirsch Montmartin s’intéresse à la presse. Il appuie le projet du journaliste Robert Pecquery dit Jacques La Brède de transformer son hebdomadaire, Demain, qu’il avait lancé pour promouvoir l’association qu’il avait constituée, Confédération générale des classes moyennes. Ils le transforment en juin 1937 en quotidien du soir à Paris. Une enquête sur des trafics d’armes figure dans les premiers numéros. Mais le journal arrête sa publication journalière dès le mois de juillet et son édition de semaine peu de mois après.

Au début de la deuxième guerre mondiale, Hirsch Montmartin signale aux autorités militaires qu’il a évacué avec sa famille dans la villa Kirye, à Peuchateau, commune de Le Pouliguen (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il dirige un garage situé à la Baule, avenue de Chambord. Il embauche des réfugiés juifs, notamment Hélène Komorner.

L’entreprise d’Hirsch Montmartin à La Baule lui est retirée en juin 1943, au nom de la loi du 22 juillet 1941 relative aux entreprises, biens et valeurs appartenant aux Juifs. La famille est, à ce moment, déjà réfugiée en Amérique, sans doute à New-York (États-Unis).

Après la fin de la guerre, toujours résident à New-York, Hirsch Montmartin se rend régulièrement à Montréal (Québec, Canada). Il quitte la métropole étatsunienne en septembre 1946 en compagnie de Pierre Mendès-France et du cinéaste Julien Duvivier sur un vol de la compagnie TWA. Il fait de fréquents séjours à Paris mais revient à New-York où il a le statut de résident permanent et, en 1948, de citoyen des États-Unis.

Allié à une société canadienne, il achète en 1947 la mine d’amiante de Château-Ville-Vieille (Queyras, Hautes-Alpes) et constitue la société Les Amiantes de France. Bénéficiant d’un financement a titre des dommages de guerre, il investit dans la construction d’un téléphérique de 5,4 km et dans une station de traitement du minerai au Clôt du Riou. [Difficultés techniques] La société est mise en liquidation en 1953.

Toujours dans l’exploitation de ce minerai, conjointement avec son gendre canadien Léon Hoffman, Hirsch Montmartin crée à Genève la société Absestospray en août 1958.

Pascal René Guy Laurent Salomon meurt le 29 décembre 1972 à Nice (Alpes-Maritimes). Il était âgé de 78 ans et père de deux filles. Sa nécrologie est publiée, sous la signature de sa veuve et de sa fille cadette Vivianne par La Presse, quotidien de Montréal (Québec, Canada), ville où il résidait probablement. Il est désigné sous le nom de Guy Pascal Hirsch Montmartin et les deux fonctions mentionnées sont « ancien consul général d'Autriche et président des commissaires généraux de l'Exposition de 1937. »

Selon le journaliste Henry Coston, Hirsch Montmartin appartenait, comme son père, à la franc-maçonnerie.

Fin

Guy Pascal Hirsch Montmartin en 1938

 

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29 mars 2025 6 29 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Guy Pascal Hirsch Montmartin

Après ses ennuis judiciaires du début des années 1920, Pascal Hirsch Salomon ne semble avoir qu’une activité en France ; peut-être voyage-t-il à l’étranger. Il s’inscrit en 1927 sur la liste électorale de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), se déclarant comme représentant, et réside avec sa famille avenue des Ailantes.

En 1931, il est domicilié à La Celle-Saint-Cloud (Seine-et-Oise, act. Yvelines), rue de L’Étang-Sec, avec son épouse et des deux filles ; il se déclare administrateur de sociétés et deux domestiques résident chez eux. Il se fait appeler Guy Pascal Hirsch Montmartin, préférant généralement raccourcir en Guy Pascal Montmartin, adoptant le nom de sa belle-famille.

Ayant un temps abandonné les affaires, Guy Pascal Montmartin commence en octobre 1934 une carrière diplomatique. Il est nommé consul général honoraire d'Autriche à Paris. S’il exerce bien la fonction consulaire, la titulature honoraire signifie qu’il n’est pas rémunéré. Il adhère en décembre 1934 au comité du Développement des Relations artistiques entre l'Autriche et la France et assure à partir de 1935 de nombreuses représentations protocolaires et mondaines. Il organise, dans les salons du consulat, une exposition commerciale et artisanale d'Autriche en mai 1935.

La résidence familiale est, en 1936, l’avenue Victor-Hugo à Paris (16e arr.), dans le quartier de la Porte Dauphine. Trois domestiques résident chez eux.

La partie la plus marquante du mandat de Hirsch Montmartin va être liée à l'Exposition universelle de 1937 à Paris. Officiellement dénommée Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne, elle se tient à Paris du juin à novembre 1937. Il est nommé en janvier 1936 commissaire général du gouvernement autrichien pour cette manifestation. En septembre la même année, il est désigné président par l’assemblée générale des commissaires généraux des nations ayant accordé leur participation à l'Exposition, devenant ainsi leur interlocuteur pour les discussions avec le gouvernement français. Le pavillon autrichien est, le 11 juin 1937, l’un des premiers (avec celui du Portugal) à ouvrir.

Après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, le 13 mars 1938, toutes les représentations diplomatiques de la République autrichiennes sont sommées de se soumettre aux autorités allemandes. À Paris, Hirsch Montmartin répond à la chancellerie fédérale à Vienne : « Je reçois votre télégramme me donnant ordre arborer le drapeau allemand à croix gammée sur le consulat général d'Autriche. Je vous informe que je refuse d'arborer un autre drapeau que le drapeau autrichien constitutionnel et vous confirme ma démission ». Plusieurs autres diplomates prennent la même attitude, comme le baron Pflugl, délégué permanent de l'Autriche auprès de la Société des nations à Genève ou le consul d'Autriche à Sao-Paulo (Brésil). Le quotidien Paris-soir estime que « Le Consul général à Paris reste fidèle à ses convictions républicaines. »

Le 17 mars, après que l’ambassade d’Allemagne à Paris lui eut donné l’ordre d’amener le pavillon fédéral autrichien qui flottait sur ses bureaux, Hirsch Montmartin publie une note : « j’ai remis les documents consulaires entre les mains de l’envoyé de l’ambassade d’Allemagne. Je crois que c’est un évènement historique sans précédent que de voir disparaître la représentation totale d’un pays dont l’existence constitutionnelle et légale était reconnue par le monde entier. (…) J’ai déclaré que l’on se battait encore en Autriche il y a quelques jours et je crois savoir que les combats continuent. Le régime de terreur institué implique que ces informations sont exactes. Les arrestations en masse dans tous les milieux prouvent bien que l’enthousiasme et l’unanimité ne sont pas tels qu’on les déclare sans quoi les arrestations seraient des persécutions trop tragiques. Bruno Walter, qui n’a fait d’autre politique que celle de l’Art, a été impitoyablement emprisonné ; la princesse Starhemberg, mère du prince, octogénaire, est en prison ; le baron Louis de Rothschild y est aussi et tant d’autres dont on ignore le sort ; en effet, les nouvelles de Vienne ne parviennent plus, les journalistes ne pouvant tout voir, mais seulement dire ce qu’ils apprennent. Un grand nombre d’Autrichiens ne reconnaîtront pas la mainmise sur leur patrie et tant parmi ceux qui sont en Autriche que ceux qui sont à l’étranger, un mouvement national est en formation. Des comités se forment dans les grandes capitales, à Londres notamment sous la présidence du baron Frankenstein, dernier ambassadeur d’Autriche dans la capitale britannique. À New-York et à Paris, d’autres comités se créent. Je me suis personnellement chargé de coordonner tous ces efforts. Aujourd’hui même, je reçois une délégation d’Autrichiens d’Amérique. Il est à souhaiter que tous ces efforts trouvent un appui auprès des gouvernements et qu’on finisse par apprendre la vérité sur les sentiments réels de l’Autriche afin que les gouvernements étrangers du monde entier viennent au secours du droit et de la liberté des peuples et assurent le respect des traités sur lesquels figure leur signature. La paix si menacée du monde en dépend plus que jamais. L’Autriche redeviendra autrichienne. »

Dans la presse, il déclare encore : « Si je n’ai pas arboré le drapeau à croix gammée c’est que la plus grande partie de l’Autriche n’est pas nazie, contrairement à toutes les informations parues dans la presse. Je n’en veux pour preuve que cette information que je reçois de source très sûre : de la frontière suisse on entend nettement la mitraillade dans le Tyrol. En effet, des combats ont lieu sur certaines parties du territoire autrichien. Quant à l’entrée des troupes allemandes en Autriche, elle ne s'est pas effectuée comme on l’a dit au milieu de l’enthousiasme mais à grand renfort de formations nazies, on est parvenu à créer une fausse allégresse. Comme consul général d’Autriche à Paris, je ne connais que l’Autriche qui a été définie par les traités et par la Société des Nations. L’annexion de l’Autriche n’a pas été officiellement reconnue. Telle est la cause de mon refus d'arborer l’emblème du Reich. Au surplus, la logique m’interdisait de faire une telle chose. S'il y a encore une Autriche il n’y a qu'un seul drapeau, s’il n’y a plus d’Autriche, je ne suis plus consul. »

Dans Le Petit Provençal, Camille Ferdy apprécie sous le titre « Un geste » : « Le consul d'Autriche à Paris, M. G.-P. Hirsch Montmartin a refusé de remplacer par le drapeau allemand à croix gammée le drapeau national autrichien flottant sur la façade du consulat et naturellement il a ensuite démissionné. (…) Nous savons bien qu’en réalité, si nobles soient-ils, de tels gestes ne changent rien à la marche des événements. Un ambassadeur et un consul qui ne consentent point à se courber sors le joug et qui sacrifient les avantages de leur situation au sentiment de leur dignité ont immédiatement des successeurs à l'échine plus souple. Les dictateurs n'ont pas de peine à trouver de dociles serviteurs. Mais, pour l'honneur de l'humanité, il n'est pas mauvais que les attentats contre le droit provoquent parfois ces gestes d’indépendance attestant qu'il y a encore quelques esprits fiers et quelques consciences libres en notre époque ou tant de gens et tant de nations semblent se ruer avec un allègre enthousiasme à la plus lourde et la plus dégradante des servitudes. »

Lorsqu’une Entraide autrichienne est fondée à Paris, Hirsch Montmartin la domicilie chez lui, boulevard Malesherbes, et fait partie de son bureau.

À suivre

Le drapeau autrichien maintenu sur le consulat d’Autriche après l’Anschluss en mars 1938

 

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27 mars 2025 4 27 /03 /mars /2025 00:01

Début de la biographie de Guy Montmartin

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Pascal René Guy Laurent Salomon naît le 21 avril 1894 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Léa Strauss et de son mari Hirsch Salomon, qui résident avenue de Friedland. Le père, négociant et industriel, est également un homme de presse et une personnalité politique influente du parti radical-socialiste. Vers 1891, il a adopté le nom d’usage « Hirsch », faisant de Salomon un prénom d’usage. Pascal utilisera également la même désignation, qui n’aura toutefois pas un caractère officiel, les actes d’état-civil continuant de mentionner le patronyme de Salomon.

Sa mère est la fille d’un homme d’affaires Juif américain natif de Granville (New-York, États-Unis).

La famille s’installe ensuite boulevard Pereire puis, toujours dans le 8e arrondissement, avenue de Wagram. Elle va ensuite résider à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, actuellement Val-de-Marne), dans le quartier du Parc Saint-Maur, avenue des Ailantes, où le père installe son usine de production de papier. En 1914, le quotidien La Dépêche coloniale décrira l’environnement familial « où se retrouve quelque chose des mœurs patriarcales d’autrefois, sous la douce autorité de la vénérable mère [Clara Strauss, mère de Salomon Hirsch]. »

La famille est de religion israélite et Pascal Salomon fait sa Bar Mitzwa à la grande synagogue de Paris, rue de la Victoire (9e arr.) en avril 1907. En 1914, il se présente comme représentant de fabriques, ayant donc une activité commerciale sans doute dans les entreprises de son père.

Alors âgé de 20 ans, âge normal de la convocation pour le service militaire, Pascal Hirsch (puisqu’il utilise désormais cette dénomination) intègre l’armée dès septembre 1914, du fait du déclenchement de la première guerre mondiale. Il est affecté au 13e régiment de dragons, où il est nommé en novembre brigadier. Il devient sous-officier en tant que maréchal des logis en février 1915. La même année en juillet, il est promu, à titre temporaire, sous-lieutenant, et rejoint le 158e régiment d’infanterie. Transféré au 9e régiment de hussards en avril 1916, son grade d’officier n’est pas confirmé et il redevient maréchal des logis. En août, il passe 146e régiment d’infanterie. Il participe avec son unité à la bataille de la Somme, d’où il est évacué de Sailly-Saillisel (Somme) en novembre 1916 avec les pieds gelés. Du fait de l’état de ses poumons, il est réformé définitivement en février 1919.

Il se lance dans les affaires, avec une maison de commission-exportation, Établissements PSH (Pascal Salomon Hirsch), qui fait faillite en janvier 1921. La procédure se conclut par un remboursement des créanciers en février 1925.

En novembre 1921 à Paris (16e arr.), Pascal Hirsch Salomon épouse Yvonne Henriette Montmartin, originaire de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique).

Il fait face, en décembre 1923, une deuxième fois à la justice, devant la douzième chambre du tribunal correctionnel de la Seine sous des accusations d’abus de confiance. Il lui est reproché un emprunt obtenu pour un prétendu projet et non remboursé, pour lequel il se présentait comme le « baron Hirsch ». Il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, à 30 000 fr. d’amende et à 200 000 fr. de dommages-intérêts envers la partie civile.

À suivre

Guy Pascal Hirsch Montmartin 1935 (à droite)

 

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25 mars 2025 2 25 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

départementales au sein du parti radical. Il est proche d’Édouard Herriot, président de la Chambre, ancien président du conseil et président du comité exécutif du parti. Il est très lié à un jeune militant, Pierre Mendès-France, ainsi qu’au dirigeant du Parti socialiste SFIO, Léon Blum, tous deux futurs chefs du gouvernement. Il est, en 1926, président des fédérations de banlieue et vice-président de la fédération de la Seine. Il soutient en mars le désistement dans des élections législatives partielles à Paris en faveur des candidats communistes, contre une partie de autres responsables radicaux.

Fin 1927, Salomon Hirsch devient président de la commission nationale Commerce et Industrie du parti radical. Il l’animera ensuite en défendant avec force les intérêts des classes moyennes. Il présentera des rapports chaque année lors des congrès radicaux, avec une compétence technique évidente, mais n’entraînant pas souvent l’enthousiasme militant. Cependant, arborant des favoris gigantesques, Hirsch est un personnage pittoresque, attirant l’attention de la presse et de congressistes.

Tout en continuant à présider la commission du commerce et de l’industrie, il entre en décembre 1930 à la commission de discipline et en 1932 à celle de politique générale.

Le quotidien royaliste Action française voient dans la présence de Salomon Hirsch à la gauche d’Édouard Herriot en juin 1932 lors d’un déjeuner au Grand-Orient de France la preuve que « Radicalisme = judéo-maçonnerie ». Un autre organe d’extrême-droite, Gringoire, remarque que, dans les congrès radicaux, « le nombre des congressistes qu'on n'écoute pas est considérable » ; il range parmi eux « Salomon Hirsch, gros homme à favoris blancs, dont un monocle allume le regard, et qui, sur un gilet crème, étale une imposante chaîne d'or. Il parle au nom des commerçants. On le surnomme tantôt le Veau d'Or, tantôt le Vieux Marcheur. »

Toujours dans la presse extrêmise, Je suis partout commente en novembre 1934 la présence de Hirsch au congrès radical de Nantes : « Salomon Hirsch est le personnage d’opérette que nous avons déjà décrit. Petit. Veston noir brodé. Une barbe taillée à la François-Joseph. Plus exactement, il a deux houppettes poudrées de blanc collées de chaque côté des joues. Il ne peut pas rire à cause de son monocle. Mais tous ceux qui aperçoivent le monocle avec le ruban noir, l’émulsion parallèle de poils neigeux de chaque côté du menton ne peuvent que difficilement réprimer l'envie de se tordre. »

La presse plus modérée, comme Paris-soir, commente en octobre 1935 une de ses interventions dans le congrès radical-socialiste : Les congressistes « eurent l'avantage d'entendre M. Salomon Hirsch, à qui revenait le soin d'ouvrir le débat sur les questions commerciales et industrielles. Spécialiste sévère de ces problèmes et rapporteur immuable de la Commission du Commerce du parti, M. Salomon Hirsch, tout en reconnaissant que les décrets-lois avaient permis au gouvernement d'équilibrer le budget, fit connaître qu'il estimait que ceux-ci n'avaient pas aidé à la reprise des affaires et réclama une plus juste répartition des impôts. Il fut bref et applaudi. »

L'Ère nouvelle, en juillet 1936, voit dans ses idées « la défense radicale des classes moyennes » au moment où la gauche est arrivée au pouvoir. Selon Salomon « c'est pure démagogie que d'affirmer aux masses, ainsi que certains osent le faire, que ces charges nouvelles ne viendront pas s’incorporer dans les prix de revient et qu'elles ne s'ajouteront pas aux prix de vente. Voici plusieurs années déjà que les industries françaises travaillent sans bénéfices et même souvent à perte : leurs bilans ne comportent donc plus aucune place permettant d'y inclure de nouvelles charges sans que les consommateurs aient à en éprouver aucun désagrément, il faut avoir le courage de le dire clairement ». Il défend ensuite le point de vue de sa commission « c’est le rôle du parti radical, parti de défense des classes moyennes, d'exiger que des mesures soient prises en faveur du moyen commerce et de la moyenne industrie. Il faut les mettre l'un et l’autre à même de ne pas disparaître et de passer de ta forme économique d’hier à celle de demain ».

On retrouve dans un organe radical, La Démocratie, en octobre 1937, un commentaire sur son attitude « Salomon Hirsch a été des premiers à mettre en garde les républicains contre les dangers de la politique sociale suivie par le cabinet Blum pour le seul profit des « masses ouvrières » à l’exclusion des autres catégories, non moins intéressantes, des travailleurs de l’artisanat, du petit commerce, de la petite industrie et de l’agriculture. »

Le mois suivant, le quotidien économique La Journée industrielle lui consacrait un article intitulé « Les jugements de Salomon » : « Depuis les temps les plus reculés, l’honorable M. Salomon Hirsch présente dans les congrès radicaux un rapport sur les questions commerciales. Il n’a point manqué à Lille à cette tradition. (…) Car si personnellement M. Hirsch ne semble pas personnellement « broyé » entre les « magnats » et le prolétariat, il a le légitime souci que les classes moyennes ne le soient pas plus que lui. C'est dans cet esprit que M. Salomon Hirsch a vivement dénoncé à Lille les conséquences déplorables pour les classes moyennes des accords Matignon. On ne saurait qu’applaudir celte observation. »

En avril 1938, Hirsch est attaqué par le député Darquier de Pellepoix, qui prononce à la Chambre un long discours antisémite. Il cède la présidence de la commission du commerce et de l’industrie en août 1938, mais en novembre, il préside toujours une séance du congrès radical. Et il intervient en février 1939 en tant que président d’honneur de la commission du commerce auprès du ministre Gentin.

Hospitalisé à la clinique de la Fondation Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, Salomon Hirsch meurt le 4 février 1940 à Paris (7e arr.). Il était âgé de 74 ans et père de cinq enfants et résidait toujours à son domicile de Saint-Maur-des-Fossés. Il est enterré dans le caveau de sa belle-famille, au cimetière Montparnasse de Paris. Son fils aîné Pascal, qui se fera appeler Guy Montmartin, connaîtra une vie d’entrepreneur aux débuts difficiles en France, sera consul général d’Autriche à Paris avant de faire de nouveau des affaires entre les États-Unis, le Canada, la Suisse et la France.

Salomon Hirsch était décoré du Mérite agricole, en tant que chevalier en octobre 1892 puis officier en juin 1908. Il avait reçu les Palmes académiques comme officier d'académie en janvier 1892 et officier de l’instruction publique en juin 1904. Il portait plusieurs médailles coloniales dont l’Ordre du Sultan du Maroc, dont il était commandeur, Nichan Iftikhar (Tunisie) également en tant que commandeur et l’Ordre royal du Cambodge, au titre d’officier. Il portait des médailles de la Mutualité, de bronze en 1912, d’argent en 1920 puis d’or en 1924 ainsi que la médaille d’or d’encouragement au bien, obtenue en 1910. Il était enfin chevalier de la Légion d’honneur depuis mars 1933.

Fin

Caricature de Salomon Hirsch par Jean Eiffel, 1938

 

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23 mars 2025 7 23 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Salomon Hirsch

L’industriel Salomon Hirsch est candidat à la candidature pour l’élection au conseil général dans le canton de Saint-Maur en mai 1909 au sein du parti radical-socialiste. Il est soutenu par la fédération radicale-socialiste de Saint-Maur, mais il est devancé de huit voix par Henri Vel-Durand (conseiller municipal et futur maire de Joinville-le-Pont) lors du congrès qui réunit les militants radicaux de toute la circonscription, et se retire « en soldat discipliné du parti républicain. »

Pendant la première guerre mondiale, Salomon Hirsch, trop âgé, ne peut pas être mobilisé. Il participe à des appels en faveur des soldats démunis en février 1915 ou pour les combattants sans famille en mars 1916.

Après-guerre, tout en continuant son mandat de conseiller du commerce extérieur et son œuvre de propagande en faveur de l’Empire français, en particulier au sein de la Ligue coloniale française, Salomon Hirsch va renforcer son implication dans la vie politique, locale et nationale. Il est élu, en novembre 1919, au premier tour conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés, sur la liste du maire Auguste Marin. Ce sera d’ailleurs le seul mandat électif qu’il gagnera.

Si l’élection de 1919 se tenait dans un contexte ou l’union sacrée de la période de conflit était encore vivace, Salomon Hirsch va rapidement prendre ses distances avec le maire ainsi qu’avec un autre élu de la même liste, Émile Galtier. Ce dernier détient un hebdomadaire local, l’Union régionale et, pour disposer de sa propre tribune, Hirsch fonde en novembre 1922 la Dépêche de Saint-Maur, également hebdomadaire. Les deux hommes entrent dans une violente polémique en janvier 1923. Hirsch s’insurge : « N’ai-je pas le droit, Galtier d’être franc-maçon libre-penseur tout comme vous avez le droit— que je ne vous conteste ni ne vous envie — d'être un clérical ? Je suis franc-maçon et je m’en honore, mais je ne suis ni sectaire rouge, ni sectaire noir. Je suis respectueux des croyances de chacun, même dans ma famille. »

Plusieurs journaux locaux et nationaux font état de la campagne que la Dépêche lance sur le « scandale du gaz », dénonçant les prix fixés par le Syndicat du Gaz, ce qui lui vaut notamment la sympathie de la confédération syndicale CGT. Galtier, qui fut un ardent défenseur des abonnés du gaz, s’est rendu aux explications des compagnies qui souhaitaient le relèvement des tarifs, bloqués pendant la guerre, ce que Hirsch lui reproche. Galtier en vient aux mains avec un ami de Hirsch.

En mars 1924, Hirsch est proposé par le parti radical-socialiste pour figurer, au titre de son contingent, sur la liste de cartel des gauches dans le 4e secteur du département de la Seine, conduite par le socialiste indépendant Pierre Laval. Cependant, deux formations membres du cartel, le Parti socialiste SFIO et l'Union socialiste-communiste annoncent, dans un communiqué en avril, qu’ils « rompraient le cartel des gauches (…) si la candidature du citoyen Salomon Hirsch, conseiller municipal de Saint-Maur, investi par la Fédération radicale de l'arrondissement de Sceaux, était maintenue », lui reprochant de s’être, en 1919, allié à la droite lors des élections municipales de Saint-Maur. Le parti radical proteste, mais Hirsch se retire.

Les élections municipales de Saint-Maur, en 1925, voient Hirsch constituer à Saint-Maur une liste de cartel des gauches. Au premier tour, elle arrive en seconde position avec 24,5% derrière la liste de Marin, le maire sortant, qui a 44,7%. Les communistes suivent avec 20,9%, ainsi qu’une candidature divers-droite (7,4%). Au second tour, l'Union républicaine d’Auguste Marin remporte tous les sièges avec 53,8% des suffrages, tandis que Hirsch et ses colistiers se situent à 46,2%. Lors des élections départementales qui suivent, dans le 1er canton de Saint-Maur, Hirsch est de nouveau battu nettement par Marin, ne recueillant que 14,8% alors qu’une autre candidature radical-socialiste s’opposait aussi à lui.

À suivre

Portrait Salomon Hirsch 193

 

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