Ernest Émile Masson naît le 31 mai 1874 à Dampierre-sur-Salon. Il est le fils de Berthe Jeanne Eugénie Maillot et de son mari, Célestin Adrien Masson, gendarme.
Travaillant comme journalier, il s’engage en 1892, âgé de 18 ans, dans l’armée pour quatre ans à Besançon (Doubs). Il sert dans le 9e bataillon d’artillerie de forteresse. À la fin de son service militaire, en novembre 1896, il s’installe d’abord à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il épouse en janvier 1899 dans cette commune Berthe Jeanne Eugénie Maillot, originaire de Seine-et-Oise et fille de cheminots. Ils vivent dans plusieurs quartiers de Paris avant de revenir à Champigny en 1900, de nouveau dans la Grande-Rue puis en 1912 rue du Clos-Bellot et en 1914 rue de Joinville.
Au cours de la première guerre mondiale, rappelé à l’armée, Ernest Masson est classé pour un service auxiliaire du fait de son obésité (115 kilos), liée à un emphysème des boulangers, ainsi que du fait d’une arthrite sèche au genou gauche. Il est renvoyé dans ses foyers en juin 1915.
Après le conflit, Ernest Masson prend la gestion de l’hôtel, café, restaurant, tabac Au Rocher Fleuri, situé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue Pauline.
La salle Masson est un des principaux lieux de réunion d’organisations de gauche dans la commune.
En 1919-1920, le parti socialiste SFIO et sa jeunesse s’y réunissent trois fois. À partir de 1921, transformé en parti communiste, ce sont les structures culturelles et de jeunesse qui y tiennent leurs assemblées. La Jeunesse communiste y a installé son siège et y donne des cours d’algèbre, de géométrie et de dessin industriel en 1921. Elle organise en janvier 1922 un meeting dédié aux communistes allemands Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht. Les Fêtes populaires, groupe interne à la section communiste s’y réunissent aussi à partir de février 1921 puis le groupe artistique en 1923. À partir de janvier 1923, la section communiste locale y tient également des réunions.
Composé d’anciens communiste ayant quitté le parti communiste lorsque l’interdiction d’appartenir à la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et à la franc-maçonnerie a été édictée, l’Union fédérative socialiste (UFS) utilise aussi la salle Masson comme site de réunion à compter de mars 1923. C’est également le cas de la LDH. En mars 1923, l’Association républicaine des anciens combattants organise chez Masson un « Grand meeting contre la guerre et l’occupation de la Ruhr », avec le soutien de la LDH et de l’UFS.
Le Rocher fleuri accueille également d’autres manifestations, comme l’annuel banquet des sapeurs-pompiers de la commune, en décembre 192 ou l’assemblée générale de la société mutualiste Assurance fraternelle en janvier 1924.
En avril 1924, l’établissement de l’avenue Pauline est vendu à Raymond Vialatelle (1912-1992). Il sera également dans le même lieu hébergeur de manifestations sociales et politiques entre 1935 et 1938.
La famille quitte Joinville. Ernest Émile Masson meurt le 26 mars 1926 à Malakoff (Seine, act. Hauts-de-Seine), où il résidait route de Montrouge. Il était âgé de 51 ans.
Déplacé sur l’avenue Galliéni, le Rocher fleuri était toujours exploité à Joinville en 2020.
Le restaurant Denis, voisin du restaurant Masson à Joinville-le-Pont
André Firmin Élisée Lemaire naît le 16 octobre 1896 à Saint-Rémy-en-l’Eau (Oise). Il est le fils de Marie Eveline Poiret, giletière couturière, et de son époux Ernest Léon Eugène Lemaire, garde particulier du château.
Du fait de la première guerre mondiale, André Lemaire, alors marchand beurre et œufs à Saint-Rémy, est mobilisé pour ses obligations militaires de façon anticipée. Il est incorporé en avril 1915 au 2e bataillon de canonniers, où il est nommé brigadier en novembre 1916. Malade en septembre 1918, il est évacué pour un mois et demi, passe au 5e régiment de génie en décembre et est alors nommé maréchal des logis. À la fin de son service militaire en mai 1919, il est affecté aux chemins de fer du Nord, compagnie dans laquelle il travaille désormais.
Son comportement pendant le conflit lui vaut une citation à l’ordre du régiment en juin 1918 : « très bon brigadier, très brave, assure d’une façon parfaite les fonctions de brigadier de tir et fait preuve à maintes reprises durant les combats d’intelligence, de calme et de volonté. »
En octobre 1921 à Saint-Rémy, André Lemaire épouse Madeleine Lucie Dégroux, couturière giletière, originaire de Saint-Quentin (Aisne) et veuve d’un soldat mort à la guerre. Ils s’installent en 1924 à Joinville-le-Pont, dans le quartier de Palissy, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri). Ils reprennent une activité de crémier. Ce commerce lui vaudra des soucis avec la justice, puisqu’il est condamné, en février 1926 par la 10e chambre du tribunal civil de la Seine, à 500 francs d’amende pour tentative de tromperie sur la qualité de la marchandise. André Lemaire sera, en outre, condamné en janvier 1934 par la 10e chambre du tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne) pour blessure involontaire le mois précédent.
Après la deuxième guerre mondiale, André Lemaire est nommé le 26 septembre 1944 membre de la délégation spéciale qui administre la commune de Joinville sur proposition du Comité local de Libération. Il fait ainsi fonction de conseiller municipal. Le conseil municipal en place pendant la période d’occupation a été chassé le 25 août 1944, quand le Comité de Libération a occupé la mairie, sous la direction de Robert Deloche (communiste).
Au cours des élections municipales d’avril 1945, André Lemaire figure sur la liste d’Union républicaine et résistante, conduite par Deloche, avec l’étiquette du Front National (FN, mouvement de résistance). Il est élu en tant qu’apparenté (indépendants de gauche).
Lors des élections municipales de novembre 1947, André Lemaire est de nouveau candidat aux côtés de Deloche. La liste de ce dernier obtient une moyenne de 3 017 voix pour 6 974 suffrages exprimés (43,3%) sur 7 073 votants et 8 376 inscrits et a 11 sièges, dont celui de Lemaire. Elle est légèrement devancée, en suffrages, par la liste du mouvement gaulliste RPF (44%) qui bénéficie d’autant d’élus cependant. C’est le seul socialiste SFIO, qui a recueilli 6,5% des votes, qui permet à Deloche de conserver son poste de maire.
En août 1950, Lemaire, en tant qu’ancien conseiller à la Libération, fait partie des organisateurs de l’anniversaire de celle-ci.
Après la démission de Deloche, mis en cause par le parti communiste pour son comportement personnel, le conseil municipal élit Amélie Trayaud comme maire en février 1953. Elle cesse son mandat en avril. Lors des élections municipales, la coalition des listes de droite et du centre permet à Georges Defert (RGR, droite) de devenir maire. Lemaire n’est pas réélu.
André Lemaire meurt le 22 mai 1964 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne). Il était âgé de 67 ans, résidait probablement toujours à Joinville et était père de deux enfants. Il avait été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze pour son comportement pendant la première guerre mondiale.
Victor Hippolyte Robert-Peillard naît le 1er août 1899 à Grasse (Alpes-Maritimes). Il est le fils d’Élise Émilie Eyguesier et de son mari Jules Jean Louis Robert-Peillard, directeur du casino.
La liquidation judiciaire du café-restaurant juste avant sa naissance amène la famille à déménager à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), le père devenant voyageur de commerce. Ils vivent en 1900 rue des Sapins puis déménagent quelques années plus tard pour la commune voisine de Joinville-le-Pont, où ils s’installent dans le quartier de Palissy, avenue des Platanes.
Pendant la première guerre mondiale, Victor Robert-Peillard, qui est alors employé de commerce, s’engage en janvier 1918 pour la durée de la guerre. Il rejoint le 21e régiment de génie puis les 1er, 2e, 3e, 6e et 7e régiments de la même arme. Poursuivant son service militaire après le conflit, il est nommé caporal en août 1919 puis sergent fourrier le mois suivant. Il est détaché en Alpes-de-Haute-Provence 1920 pour assurer, dans la Somme, l’encadrement des travailleurs coloniaux puis assure cette même fonction à Marseille. Il est démobilisé en juin 1921.
En août 1924, Victor Robert-Peillard épouse à Saint-Maurice Marguerite Adrienne Mégret. Ils s’installent dans cette commune, adjacente à Joinville, dans la Grande-Rue. Il devient également voyageur de commerce.
Cependant, Victor Robert-Peillard reste manifestement lié à Joinville, où résident toujours sa mère, un frère et une sœur. C’est dans la section joinvillaise du parti socialiste SFIO qu’il s’engage dans l’activité politique. Il en est membre en 1930 et en 1935. Il fait alors partie du comité de presse, qui assure la promotion du quotidien Le Populaire, avec Robert Derivière et Victor Hochet.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, un Robert-Peillard est signalé comme membre de l’organisation humanitaire officielle, le Secours national d’entraide du maréchal. Il s’agit soit de Victor, soit de son frère Jean Paul, qui avait été fait prisonnier par l’armée allemande en 1940 et était peut-être alors libéré. Cette association organise, en décembre 1941, le Noël du maréchal ; au cours de la manifestation, le maire, Léon Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal [Pétain], sauveur de notre France ». En décembre 1943, Robert-Peillard participe au Déjeuner des vieux, au titre du Parrainage des vieux.
Victor Robert-Peillard meurt le 13 janvier 1961 à Joinville. Il était âgé de 61 ans.
Louis Jean Baptiste Marie Filleul naît le 26 juin 1871 à Bellegarde, Creuse (act. Bellegarde-en-Marche). Il est le fils d’Amélie Sémentery, institutrice communale et de son mari Étienne Filleul, plâtrier.
Il est sabotier en 1892 lorsqu’il est incorporé en novembre au 1er régiment de zouaves, dans le cadre de son service militaire. Il est envoyé immédiatement en Algérie où il est affecté, en octobre 1893, à la 19e section de commis et ouvriers de l’armée (COA). Devenu caporal en octobre 1894, puis sergent en mai 1895, il rentre d’Algérie pour être démobilisé en octobre la même année.
Exerçant désormais le métier de peintre en bâtiment et établi à son compte en 1901 à Bellegarde, Louis Filleul vit à Paris à partir de 1902, d’abord dans le 15e arrondissement, rue Vaugirard puis dans le 14e, rue de l’Ouest.
Sans être marié, il cohabite en 1907 dans le 17e arrondissement, rue Lévis, avec une blanchisseuse divorcée, Hermance Joséphine Seynnaëve. Il en a un fils, en janvier 1908, Jean, qu’il élève ensuite à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne) où il est installé en 1910 avec sa sœur Louise. Louis Filleul déménage en 1914 dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, où est installé son frère Henry, également peintre. Il vit rue des Marronniers (act. rue Eugène-Voisin, centre-ville).
Rappelé au cours de la première guerre mondiale en août 1914, il est affecté en mars 1915 à la 12e section de COA. Du fait de raideurs aux articulations, il est préposé à des services auxiliaires non armés par la commission de réforme de Limoges en décembre 1916 puis complètement réformé en mars 1917, dans la même ville, du fait de la présence d’un corps étranger au genou droit.
Poursuivant son métier de peintre et toujours à Joinville avec son fils, Louis Filleul fait partie du bureau de la section de Joinville du mouvement royaliste Action française lorsqu’elle est officiellement constituée en mai 1926. Il en est le trésorier, au côté de Charles Pernot, président et d’André Biscaldi et Alfred Masse, vice-présidents. Louis Filleul participe à de nombreuses souscriptions mentionnées par le quotidien Action française à partir de 1927. En 1927, son fils, alors âgé de 19 ans, souscrit lui aussi pour l’Action française.
En 1931, Louis Filleul a quitté son domicile de la rue Eugène-Voisin à Joinville. Une souscription pour l’Action française est mentionnée, en octobre 1931, comme étant versée par Louis Filleul à la section de la Creuse. Une autre est signalée, en janvier 1935, comme étant recueille par la section d’Alger de la formation royaliste de la part également de Louis Filleul. On retrouve également un donateur éponyme pour le même parti en mai 1936. C’est encore Louis Filleul qui, en compagnie d’André Morel, répond à un appel Pour l’organisation de la propagande lancé par le quotidien conservateur L’Écho de Paris en mai 1936, afin de faire barrage aux formations de gauche qui ont constitué le Front populaire.
Louis Filleul meurt le 17 septembre 1950 à Ajain (Creuse), où il était hébergé dans un hospice. Il était domicilié à Bellegarde. Âgé de 79 ans, il était père d’un fils, Jean Louis Étienne Filleul (1908-1995), peintre décorateur, également sympathisant de l’Action française à Joinville en 1927.
Louis Gaston Marie Léon Richard naît le 15 janvier 1896 à Paris (20e arr.) Il est le fils de Léontine Geneviève Philomène Letertre et de son époux, Louis Marie Richard, employé de chemin de fer. Ils résident rue de Pixérécourt.
Devenu comme son père cheminot, Louis Richard s’engage dans l’armée pour quatre ans au cours de la première guerre mondiale. Il est affecté au 135e régiment d’infanterie. En juillet 1917, il est intoxiqué par les gaz dans le bois d’Avocourt (Meuse), au cours de la bataille de Verdun. À partir de mai 1919, il est affecté spécial à la quatrième section de chemin de fer. Il est démobilisé en septembre 1919. Pour son comportement, il a été cité à l’ordre du régiment en novembre 1918.
Alors domicilié avec ses parents rue Compans à Paris (19e arr.), Louis Richard épouse quelques jours après la fin de sa période militaire, en octobre 1919 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Germaine Louise Letertre, fille d’un maréchal-ferrant et d’une restauratrice de la commune. Ils s’installent dans le quartier de Polangis à Joinville, avenue Oudinot. Louis Richard est employé par les chemins de fer de la Ceinture de Paris puis par la compagnie Paris-Orléans. Après la fusion des réseaux, il sera salarié de la SNCF, Société nationale des chemins de fer français.
Il est adhérent du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie, organisation fondatrice de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). En mars 1926, il publie une annonce dans le mensuel syndical L'Employé, indiquant : « Famille catholique prendrait enfant deux ou trois ans en garde. »
Au cours des années 1920, c’est probablement Louis Richard qui, désigné sous son seul nom, est impliqué dans la vie politique de Joinville. Richard est désigné, en janvier 1927 comme électeur sénatorial sur la liste du maire, Henri Vel-Durand (radical dissident, divers droite). Lors des élections municipales partielles qui suivent le décès de ce dernier, en septembre et octobre 1928, Richard est candidat, avec Émile Lecuirot et Thévenin, sur la liste étiquetée Union nationale (droite), qui s’oppose à l’Union de gauche (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant), dirigée par Georges Briolay et à un liste communiste, sous la houlette de Roger Bénenson, qui comprend une candidate (Mme Martin), laquelle sera déclarée inéligible. La liste des gauches emporte les trois sièges au second tour. Richard recueille 581 voix pour 1 667 suffrages exprimés (34,9%) sur 1 677 votants et 2 995 inscrits ; il n’est pas élu.
Lors des élections municipales générales de mai 1929, s’il n’est pas candidat, un bulletin est cependant exprimé sur le nom de « Louis Richard ». Richard est membre, en novembre 1932, du Comité d’union républicaine et d’action sociale, structure fondée en 1912 à Joinville et qui rassemble la plupart des membres des formations de droite républicaines dans la commune. Il participe à la transformation de cette organisation en Union des républicains en mars 1935 et siège toujours dans son bureau. À cette occasion, la droite rompt son alliance électorale avec les radicaux-socialistes qui contrôlent la mairie depuis 1929, sous l’argument « des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons ». Elle décide de présenter aux élections municipales de mai 1935 une liste « composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». L’Union des républicains fait « appel à la séparation de l’administration municipale et de la politique ». Son programme comprend la « diminution des charges écrasantes, l’atténuation des dépenses publiques, la simplification des rouages administratifs, l’application des lois sociales ». Richard fait partie des signataires.
Après la victoire de l’Union des républicains aux élections municipales de Joinville, où elle remporte 25 des 27 sièges à pourvoir, contre deux aux communistes, Léon Lesestre est élu maire. L. Richard publie un communiqué, dans l’hebdomadaire Union régionale, au nom du comité des Jeunesses patriotes : « C’est avec satisfaction que les Jeunesses patriotes et les membres du Front national de Joinville enregistrent la victoire de la liste nationale sur celle du maire sortant. À cet effet, les JP se félicitent de l’active campagne de propagande qu’ils menèrent et qui réussit à faire élire la grande majorité des nationaux et en même temps de nombreux membres de la ligue. Plus que jamais, nous encourageons nos nombreux camarades et amis à poursuivre une incessante propagande et à faire triompher le programme de Révolution nationale. »
Active depuis 1933 à Joinville la Ligue des Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite présidé par Pierre Taittinger, considère Lesestre comme « un ami ». Le dirigeant local est Jean Tallet qui, avant le scrutin, avait publié une prise de position dans le même journal : « Le devoir des JP, des membres du Front national et des nationaux est de barrer la route au Front commun et faire bloc sur la liste d’Union républicaine. »
Au cours de la deuxième guerre mondiale, selon sa fiche signalétique militaire transmise à la SNCF en mai 1966, Louis Richard est un « agent occasionnel des Forces françaises combattantes du premier octobre 1943 au 30 septembre 1944 ». Il est précisé qu’il s’agit de « services non validés comme service militaire actif. »
Louis Richard meurt le 10 juillet 1971 à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), commune voisine de Joinville où il était toujours domicilié. Il était âgé de 75 ans et père de deux enfants. En mai 1952, il avait été décoré de la Médaille militaire.
Léon Georges Belhomme naît le 14 janvier 1890 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Berthe Emma Flobert et de son mari Louis Alexandre Belhomme, négociants, qui vivent cité Guénot. Ils sont installés à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Palissy, en 1909, au moment de la mort du père. La famille y vit pendant la grande inondation de la Marne au premier trimestre 1910.
Devenu employé de commerce et disposant du permis de conduire, Léon Belhomme est appelé au service militaire en octobre 1911 où il intègre le 46e régiment d’infanterie. Il est nommé caporal en septembre 1912 et démobilisé en novembre 1913.
Il épouse en avril 1914 à Paris (12e arr.), Suzanne Marie Agnès Gervaise, fille d’un négociant en vins espagnols. Ils s’installent rue de Montreuil dans l’arrondissement.
Mobilisé dès le début de la première guerre mondiale, Léon Belhomme rejoint les 156e puis 79e puis 160e régiments d’infanterie. Début octobre 1915, quelques jours après la naissance de leur fils, Suzanne Belhomme meurt à Paris. Devenu caporal-fourrier en avril 1916 puis sergent-fourrier en juillet la même année, Belhomme est nommé adjudant en janvier 1918. Il devient officier, en tant que sous-lieutenant, en juillet 1918 et est démobilisé un an plus tard.
Son comportement lui a valu deux citations à l’ordre du régiment. En mai 1917, il est qualifié de « bon sous-officier, très énergique et très courageux ; a assuré la liaison d’une façon parfaite pendant l’attaque malgré un feu violent de mitrailleuse ennemie ». En novembre 1918, il avait été « chargé d’assurer avec sa section une liaison rendue difficile par le bombardement et des tirs de mitrailleuses très violents, a rempli sa mission avec un sang-froid et un courage remarquables. »
Dans la réserve, Léon Belhomme verra son grade confirmé en août 1922 puis il sera promu lieutenant en septembre 1924.
En août 1918, il épouse à Paris (11e arr.) Germaine Amélie Ferrette, employée de bureau. Après le conflit, ils viennent résider dans la maison familiale de Joinville.
Membre de l’Association générale des officiers de complément (AGOC), Léon Belhomme fait partie, en janvier 1920 des actionnaires fondateurs de la coopérative La vie moins chère fondée à Paris par le professeur de philosophie Joseph Bouteyre.
En matière professionnelle, il est devenu courtier en produits chimiques puis directeur commercial.
L’entrée dans la vie politique publique de Léon Belhomme a lieu en décembre 1934 quand l’assemblée générale du Comité d’union républicaine et d’action sociale de Joinville, qui regroupe les différentes formations de droite de la commune, l’élit membre du bureau présidé par le futur maire, Léon Lesestre. En mars 1935, le comité, qui avait été fondé en 1912, se transforme en Union des républicains. René Kirbuhler devient président, Belhomme restant dans le bureau. En avril, l’Union des républicains décide de rompre l’accord électoral qu’elle avait conclu avec les radicaux-socialistes, qui sont majoritaires dans la municipalité, prenant prétexte « des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons ». Elle décide de présenter aux élections municipales de mai 1935 une liste « composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». Elle lance un « appel à la séparation de l’administration municipale et de la politique ». Le programme du groupement de droite se résume ainsi : « diminution des charges écrasantes, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales ». Belhomme en est un des signataires.
Au 1er tour des élections municipales de 1935, l’Union des républicains devance avec 32,6% des suffrages exprimés le Groupement des gauches républicaines du maire sortant, Georges Briolay (26,8%), la liste communiste de Robert Deloche (23,5%) et les socialistes SFIO de Robert Derivière (12,3%). Au second tour, une liste d’union communiste et socialiste est dirigée par André Blocher, président de l’ARAC (anciens combattants), qui n’est membre d’aucun des deux partis. Elle comprend 16 communistes et 10 socialistes. Les radicaux-socialistes se représentent également.
Avec 1 159 voix pour 2 899 suffrages exprimés (40%) sur 2 924 votants et 3 433 inscrits, Belhomme est élu. L’Union des républicains, qui avait appelé à « barrer la route aux communistes », remporte 25 des 27 sièges à pourvoir, deux communistes complétant l’assemblée locale. Léon Lesestre est élu maire.
Au sein du conseil, Belhomme fait partie, avec Hainsselin, Beylot et Faivre, d’une commission d’enquête municipale constituée suite à la défaillance de la Société HBM et loyers moyens de Paris et du département de la Seine, qui avait construit des logements à bon-marché à Joinville (la cité Égalité, dans le quartier de Palissy). La ville avait apporté sa garantie, et le prêteur, la Caisse des dépôts et consignations, se retourne vers elle pour obtenir le remboursement. La droite dénonce un « scandale des HBM ». Les enquêteurs concluent que l’ancien maire, Briolay, avait signé sans y avoir été autorisé par le conseil municipal et s’étonnent qu’il n’y ait pas eu de contrôle de la gestion par les ministères. En conséquence, ils engagent le conseil municipal à refuser de payer ; le préfet les y contraindra cependant.
Lors du vote du budget en mars 1937, c’est Belhomme qui présente devant le conseil le rapport au nom de la commission des finances. Il est désigné comme électeur sénatorial en avril 1938. Il en est de même en décembre 1938.
Robert Charles Albert Derivière naît le 25 février 1896 à Bruxelles (Belgique). Il est le fils d’Élisabeth Elvira Céline Fould et de son mari Aimé Charles François Derivière. Son père, originaire d’Amiens (Somme), est lapidaire. Sa mère est native de Saint-Hélier, à Jersey.
Résidant à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), Robert Derivière est sténodactylographe en 1915.
Convoqué pour son service militaire de manière anticipée, du fait de la première guerre mondiale, Robert Derivière est mobilisé en avril 1915 au sein du 76e régiment d’infanterie. Il passe au 404e régiment d’infanterie en août 1916 et devient caporal en février 1918 puis caporal-fourrier en juillet la même année. Il est démobilisé en septembre 1919 et deviendra, dans la réserve caporal-chef en septembre 1930.
Son comportement pendant la guerre lui vaut quatre citations, deux à l’ordre du régiment, une à l’ordre de la brigade et la dernière à l’ordre de la division. En décembre 1917, Derivière est considéré comme un « très bon soldat, énergique et très brave. A réussi au cours d’une patrouille difficile à capturer un ennemi, permettant ainsi d’obtenir de précieux renseignements ». Il est qualifié ainsi en juillet 1918 : « excellent gradé, brave et dévoué. Au cours d’un coup de main a, sous un feu violent de mitrailleuses, avec le plus grand mépris du danger, assuré la liaison entre les différents groupes du régiment ». De nouveau en août 1918, on voit en lui un « excellent caporal. Lors de l’attaque du 9 juillet 1918, a assuré constamment la liaison entre les éléments des premières lignes et son commandant de compagnie, pour lequel il a été un auxiliaire précieux ». Enfin, le même mois, on le remarque comme « jeune fourrier qui s’est distingué dans maintes circonstances. Lors des attaques 20 et 21 août 1918 a assuré de façon parfaite la transmission des ordres, malgré un bombardement continu et un feu violent de mitrailleuses. »
Quelques jours après la fin de sa période militaire, Robert Derivière épouse en octobre 1919 Madeleine Lucie Petibon à Morlhon-le-Haut (Aveyron). Elle est la fille de l’instituteur du village de Marmont. Ils s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue de Paris.
Continuant de travailler comme secrétaire sténodactylo, Robert Derivière est membre, en 1919, du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie, qui est le principal fondateur de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) en novembre 1919.
En janvier 1924, Derivière devient secrétaire de la section de Joinville de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), dont le professeur d’allemand Jules Edmond Neumann est le président. Active, comptant 56 adhérents en 1924, la section a pour responsables principalement des personnalités membres du parti socialiste SFIO et des socialistes indépendants, notamment d’anciens communistes. En février la même année, la section demande qu’une enquête soit lancée sur les socialistes-révolutionnaires russes, victimes d’une répression de la part du gouvernement soviétique et réclame la libération de trois prisonnières.
La section participe à une collecte pour les affamés d'Allemagne en février 1924 et s’oppose aux sanctions décidées par la France et ses alliés contre les populations civiles. Avec les partis socialiste, communiste et d’autres formations, la section de la LDH même campagne contre la guerre du Rif (Maroc) en 1925. Elle proteste contre la dislocation du Cartel des gauches en août la même année. Elle intervient en 1926 contre la suppression des libertés en Afrique du Nord.
La section joinvillaise remet en question le comportement de la LDH au début de la première guerre mondiale, demandant en mai 1927 « à la Ligue d’avouer qu’elle a contribué à tromper le monde en cautionnant tous les mensonges de 1914. »
Comptant un maximum de 75 adhérents en 1927, la section va ensuite voir décliner son nombre de militants. Robert Derivière préside la section en avril 1930 et exerce toujours cette fonction en septembre 1934. À cette date, il y a 45 membres.
À titre personnel, Robert Derivière signe une pétition, destinée en août 1927 au gouverneur du Massachusetts (États-Unis) pour lui demander la grâce des anarchistes d'origine italienne Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti,
À partir de mai 1930, apparaît comme un des principaux animateurs de la section de Joinville du parti socialiste SFIO. Il en est le secrétaire en décembre et s’occupe notamment de la diffusion du quotidien Le Populaire.
Des élections municipales partielles sont organisées à Joinville en octobre 1934, dans un contexte de tensions au sein de la majorité municipale, élue en 1929 dans le cadre du groupement des gauches (radicaux-socialistes, socialistes SFIO et socialistes indépendants). La liste que Derivière conduit obtient une moyenne de 403 voix soit 17,5% des 2 297 suffrages exprimés pour 2 360 votants sur 3 225 inscrits. Elle arrive légèrement derrière la liste communiste (17,8%), pour laquelle elle se désiste au second tour. La liste comprenant des candidats radicaux favorables au maire reçoit 25,4% et est devancée par une liste de concentration républicaine, plus à droite, qui a 36,9%. Elle emporte les dix sièges au second tour.
En février 1935, un groupe de socialistes se rend au poste de police de Joinville pour réclamer la libération d’un vendeur de journaux qui avait été arrêté. Roger Jamet, le secrétaire du groupe des Jeunesses socialistes de Joinville, mutilé d'une jambe, est bousculé, tombe, et traite les policiers de « saligauds ! » Ce qui lui vaut d’être poursuivi pour outrages à agents. À l’audience, en mars 1935, Derivière témoigne en faveur de Jamet. Défendu par Me Betty Brunschvicg, Jamet est condamné à 50 francs d'amende avec sursis ce qui équivaut selon Le Populaire « fort équitablement, à une absolution. »
Pour les élections municipales générales de mai 1935, Robert Derivière conduit de nouveau une liste socialiste SFIO. Elle obtient une moyenne de 12,3% des voix, nettement distancée par la liste communiste de Deloche (23,5%), celle des sortants de Georges Briolay, radical-socialiste (26,7%) et l’Union des républicains (droite, 32,6%).
Au second tour, la SFIO et le PCF décident de fusionner leurs listes et font appel au responsable de l’association des anciens combattants ARAC, André Blocher, pour conduire la liste unifiée. Cette dernière, avec une moyenne de 36,6% des voix devance la liste radicale (19,5%) et talonne la droite (39,8%). La gauche gagne deux sièges, contre 25 à la droite. Les élu sont deux communistes, les candidats socialistes faisant des scores bien inférieurs à ceux issus du PCF. Derivière lui-même est crédité de 999 voix, soit 34,4% des 2 899 suffrages exprimés pour 2 924 votants sur 3 433 inscrits.
En tant que secrétaire de la section de Joinville, Derivière signe, en septembre 1935 l'Appel pour la création de la Gauche révolutionnaire du Parti socialiste SFIO, tendance conduite par Marceau Pivert qui quittera cette formation en 1938 pour créer le Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP).
Comme à la LDH, Robert Derivière prend la succession de Jules Edmond Neumann dans le groupe local de la Fédération ouvrière et paysanne des anciens combattants (FOP). Fondée en 1929, cette organisation est proche des milieux socialistes. Il siège en novembre 1933 à la commission de contrôle de la section de la région parisienne. Il signe, pour le 11 novembre 1936, l’appel des associations d’anciens combattants de Joinville avec la société des mutilés et anciens combattants et l’ARAC.
Robert Derivière meurt le 21 avril 1946 à Joinville. Il était âgé de 50 ans et père de deux enfants. Il avait été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et étoile d’argent ainsi que de la Médaille militaire en janvier 1921.
Au cours des élections municipales générales de mai 1912, le maire sortant, Eugène Voisin, âgé et malade, ne se représente pas. Le comité radical-socialiste accorde son soutien à son adjoint, Georges Briolay. Trois autres listes sont en course : les dissidents de 1911, conduits par Achille Mermet ; les libéraux, parmi lesquels Beauvais ; et les socialistes SFIO. Ces trois groupes ont conclu un pacte de fusion, sur la base des résultats proportionnels du premier tour. On retrouve donc au second tour une liste composée de dix radicaux dissidents, six libéraux et conservateurs et sept socialistes SFIO. Elle emporte la totalité des 23 sièges et Mermet est élu maire.
Au sein de l’assemblée, Beauvais, résident du quartier de Polangis, est souvent sollicité sur les problèmes que rencontre ce quartier. Dès le mois d’août, on lui rappelle sa promesse d’intégrer dans la voirie communale les rues du quartier de Polangis, alors classées encore comme des voies privées. Il s’oppose à la création d’une troisième classe à l’école maternelle de Polangis, dont il craint qu’elle attire trop d’élèves de la commune voisine de Champigny.
Auprès des commerçants, Beauvais sert d’intermédiaire quand un conflit éclate, encore en août 1912, au sujet d’une banderole annonçant le championnat du monde de natation, signée du journal l’Auto, que le bureau municipal avait fait décrocher et pour laquelle il avait émis une amende.
Désigné électeur sénatorial en février 1914, Beauvais qui, du fait de son âge, n’est pas mobilisé pendant la première guerre mondiale, fait partie de la dizaine de conseillers municipaux qui font tourner l’administration municipale. C’est lui qui, en l’absence du maire et des deux adjoints, est chargé de lire, le samedi 1er août 1914, le décret d’appel à la mobilisation générale dans les rues du Haut de Joinville, tandis qu’un autre conseiller municipal, Watrinet, le proclame en mairie.
En janvier 1915, l’hebdomadaire radical Voix des communes estime que « Beauvais s’emploie comme il peut, il assiste le maire dans son cabinet et dans ses visites aux marchés ». Mais le même journal sera plus critique en juin 1916, considérant alors que « Beauvais ne veut rien faire. »
Au sein de l’assemblée, il fait partie de ceux qui soutiennent, en février 1916, l’augmentation du prix du gaz, réclamée par la compagnie concessionnaire, contre l’avis de la minorité socialiste et des opposants radicaux.
Quand une polémique éclate, en février 1916, entre le maire Mermet et les radicaux-socialistes, qui l’accusent d’utiliser sans contrôle les fonds qui lui sont confiés par l’usine du Bi-Métal, Beauvais se solidarise avec lui en signant une lettre ouverte : « Nous sommes vos collaborateurs, vos complices ! Non seulement nous approuvons votre manière de faire, mais nous y applaudissons. »
La même année, en mai, Beauvais est le premier client de la boucherie municipale, créée pour vendre de la viande congelée, une nouveauté dans la commune.
Après le conflit mondial, Beauvais prend la tête de la liste dite du Bloc indépendant, qui regroupe les libéraux et conservateurs. Elle concurrence celle des sortants, conduits par Henri Vel-Durand, qui s’est rapproché des radicaux-socialistes tout en restant indépendant, et une liste socialiste SFIO. Il est également président d’un des deux bureaux de vote de la commune. La liste Beauvais obtient une moyenne de 26,2% des suffrages exprimés, contre 29,0% pour les socialistes et 44,8% pour la liste Vel-Durand. Beauvais lui-même est crédité de 457 voix pour 1 694 exprimées (27%) pour 1 715 votants sur 2 491 inscrits. Il retire sa liste, et le second tour voit la nette victoire de Vel-Durand, qui est élu maire.
Le contexte électoral change en 1925. Pour les élections municipales joinvillaises, le maire, Vel-Durand, se sépare des radicaux-socialistes, qui prennent la tête d’une liste de groupement des gauches, avec des socialistes SFIO et des indépendants, tandis que les communistes s’alignent eux-aussi. Plusieurs personnalités de droite rallient la majorité municipale, dont Jules Beauvais et celui qui l’accompagna lors de sa démission de 1911, Charles Provin.
L’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux arrive en tête au premier tour, avec 47,5% des votes, devant le cartel des gauches (28,4%) et les communistes (21,1%). Elle l’emporte au second tour et envoie ses 27 candidats dans l’assemblée locale. Vel-Durand est réélu maire et Stephen Durande premier adjoint. François Provin devient le deuxième adjoint tandis que Jules Beauvais est désigné au poste, nouvellement créé, de troisième adjoint.
Jules Beauvais meurt le 15 janvier 1926 à Joinville. Il est inhumé à Paris, au cimetière du Père-Lachaise. Il était âgé de 65 ans et père de deux enfants.
L’éloge funèbre de Jules Beauvais, mort en fonction, est prononcé pendant la séance du 23 février du conseil municipal de Joinville.
Il avait reçu en 1910 et 1911 deux récompenses pour les actes de courage et de dévouement qu’il avait réalisés pendant les inondations du premier trimestre 1910. En août 1924, il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie pour son rôle d’administrateur de la caisse des écoles de Joinville.
Son fils aîné, Julien Beauvais (1895-1968), directeur de banque, fut blessé pendant la première guerre mondiale et prisonnier en Allemagne pendant deux ans et neuf mois. Il vivait à Joinville au moment de son décès.
Le cadet de ses enfants, Louis Beauvais (1896-1977), après avoir été employé de banque, dirigea un atelier de sellerie. Il fut blessé, malade des bronches et eut les pieds gelés pendant la première guerre mondiale. Prisonnier en Allemagne pendant sept mois, il fut cité à deux reprises, obtint la Croix de guerre, la Médaille militaire et fut fait chevalier de la Légion d’honneur.
Georges Victor Alexandre Barreau naît le 23 août 1854 à Paris (7e arr.). Il est le fils de Julienne Alexandrine Hartmann et d’Auguste Alexandre Barreau, clerc de notaire, qui vivent rue de la Monnaie.
Il effectue sans doute un service militaire à partir de 1875 et devient employé de commerce. En 1893, Georges Barreau épouse Catherine Kieffer, originaire de Moselle. Ils vivent à Paris (11e arr.), boulevard Beaumarchais. Cependant, sept ou huit ans plus tôt, il avait acquis une résidence secondaire à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le nouveau quartier de Palissy, avenue des Familles. Ils y résident à partir de 1900.
C’est à Joinville que Georges Barreau va s’engager dans la vie publique. Sans doute faut-il l’assimiler à Barreau, ami du journaliste Henry Vaudémont, radical-socialiste et conseiller municipal de Joinville, qui le choisit pour le seconder dans plusieurs querelles. En juillet 1888, Barreau convainc Vaudémont de ne pas accepter un duel avec Henry Buguet bookmaker, militant boulangiste et ancien conseiller municipal de Joinville. Avec le conseiller général et futur député Jules Ferdinand Baulard, radical-socialiste également, ils assurent Vaudémont que « le dit escogriffe ne cherche qu’à se créer la notoriété qui lui fait défaut, en engageant une polémique qu’il pousserait volontiers à l’extrême. »
Par contre, le même mois, Barreau est avec Colombet, témoin de Vaudémont dans le duel qui l’oppose à Maurice Delphin, également journaliste au quotidien La France, où Vaudémont est légèrement blessé.
Il faut aussi sans doute rapprocher Georges Barreau du Barreau, signataire avec une trentaine d’autres d’un Appel de l’Union des républicains du canton de Charenton à voter pour Jacques, président du conseil général de la Seine, qui tente de contrer la candidature du général Boulanger, lors d’une élection législative partielle en janvier 1889.
Enfin, on peut proposer aussi d’identifier Georges Barreau avec un des plus de 260 souscripteurs joinvillais Pour les affamés de Carmaux en septembre 1895. Il figure parmi les citoyens du quartier de La Fourchette, à la limite de Champigny.
En janvier 1899, on voit Georges Barreau participer, avec deux autres habitants de Joinville, à une « souscription patriotique » lancée par la quotidien Le Matin pour financer deux sous-marins militaires, Le Français et L'Algérien.
Après avoir été employé de banque, Georges Barreau occupait un poste de confiance en lien avec la bourse de Paris. Il est, en 1911, employé de la société cinématographique Pathé frères, implantée à Joinville.
Lors des élections municipales de mai 1912, Georges Barreau est candidat sur la liste qui unit les conservateurs et libéraux derrière le tailleur Pierre Dalbavie, le marchand d’équipements militaires Pierre Perchet et l’avocat Louis Gallas. Pour le second tour, la liste fusionne avec celle des radicaux dissidents d’Achille Mermet et celle des socialistes SFIO d’Émile Lebègue. Elle l’emporte ainsi face aux radicaux-socialistes de Georges Briolay, qui se voulait le successeur du maire sortant Eugène Voisin. Répartis proportionnellement au score du premier tour, les vingt-trois élus se répartissent entre dix radicaux dissidents, sept socialistes SFIO et six libéraux et conservateurs. Mermet est élu maire. Cependant, Barreau regrettera l’alliance avec les socialistes.
Au premier semestre 1914, Barreau est sélectionné à deux reprises comme électeur sénatorial.
Pendant la première guerre mondiale, n’étant pas mobilisé à cause de son âge, Barreau fait partie de la petite dizaine de conseillers municipaux qui peuvent continuer à faire fonctionner le conseil municipal. Il est mentionné comme correspondant occasionnel de l’hebdomadaire radical Voix des communes début 1916. Il s’oppose aux socialistes en février de cette année sur la question du prix du gaz. Le même mois, il se solidarise avec le maire, Mermet, mis en cause pour sa gestion de fonds remis par l’usine du Bi-Métal, quand il est mis en cause par les radicaux-socialistes. Il signe une lettre avec onze autres élus : « Nous sommes vos collaborateurs, vos complices ! Non seulement nous approuvons votre manière de faire, mais nous y applaudissons. »
Pour répondre aux inquiétudes de la population, et pour contrer également une initiative des radicaux-socialistes, Barreau, avec Penneret, fait une proposition qui est adoptée le 15 février 1916 par le conseil municipal, d’acheter un stock de 600 tonnes de charbon à vendre 75 fr. la tonne. Mais, selon la radicale, le conseil municipal est « une pétaudière » et pour Louis Rey, ancien élu lui-même, « Barreau perd son expérience des affaires en assistant aux discussions. »
Georges Victor Alexandre Barreau meurt le 16 juin 1916 à Joinville. Il était âgé de 61 ans et n’avait pas eu d’enfant. La cérémonie funéraire est célébrée dans l’église Sainte-Anne de Polangis par le curé Henri Seneuze, assisté par l’abbé Albert Téton.
Dans sa nécrologie, le journal Voix des communes, qui regrette son engagement sur une « liste réactionnaire » en 1912, considère cependant que « Barreau était l’un de ceux que l’on estime. »
L’hebdomadaire libéral Gazette de l’Est met en avant sa compétence financière, qui lui valait d’être membre de la commission des finances.
Julien Périn naît le 4 avril 1869 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Jeanne Marie Paissant et de son mari Auguste Périn mécanicien. Le nom de Périn est très fréquemment orthographié fautivement « Perrin ».
Il exercera lui-même le métier de mécanicien. En mars 1890, Julien Périn s’engage pour trois ans dans l’armée. Il est affecté à la première compagnie d’ouvriers d’artillerie. Cependant, il est libéré du service militaire dès décembre 1891, étant devenu soutien de famille. Il vit dans le 11e arrondissement de Paris, d’abord passage Piver puis rue Morand.
En avril 1895 à Paris (20e arr.), Julien Périn épouse Zoé Françoise Thomas, polisseuse. Ils s’installent rue Julien-Lacroix puis, en 1905, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Il s’installe où il rejoint le Parti socialiste unifié SFIO. En avril 1911, il est un des deux orateurs, avec le secrétaire de la section Émile Lebègue, qui développe le programme du parti à l’occasion d’élections municipales complémentaires. Il est nommé membre de la commission exécutive en novembre la même année.
En mars 1912, il figure sur la liste socialiste qui fusionne au second tour avec des radicaux dissidents et des libéraux et bat la municipalité radicale-socialiste sortante.
Les socialistes sont sept à entrer au conseil municipal, dont Périn aux côtés de Laruelle, Lebègue, Flambard, Lacroix, Petit et Scornet ; ce sera la plus forte présence socialiste dans l’assemblée locale jusqu’en 1977.
Pendant la première guerre mondiale, Périn est mobilisé dans un atelier à Champigny, puis chez lui, à Joinville où il travaille pour l’armement. Il peut de ce fait continuer à siéger au conseil municipal. La maladie du maire, Ernest Mermet, et celle d’un de ses adjoints ainsi que l’absence de nombreux élus enrôlés dans l’armée renforce son rôle.
Le conseiller municipal monte une boucherie communale, qui approvisionne la population en viande congelée. Il s’occupera également de l’acquisition, toujours pour les besoins de la population, d’un stock de charbon. Périn suit également la création de jardins partagés dans un grand domaine mis à disposition par le propriétaire du domaine de Polangis.
Périn s’exprime régulièrement dans les journaux locaux, Gazette de l’Est et Voix des communes. Il présente ainsi son rôle : « le charbon, Y’a bon, comme disent nos amis sénégalais ». Il s’éloigne des socialistes SFIO, dirigés à Joinville par Émile Lebègue, qui le considèrent comme « trop indépendant », selon l’hebdomadaire radical Voix des communes. Il prend publiquement la défense du maire quand il est attaqué par les radicaux-socialistes.
Après avoir travaillé comme contremaître, responsable de l’équipe de nuit, dans l’usine de munitions Royer à Champigny-sur-Marne, Périn monte un atelier chez lui à Joinville, où il réside dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson). Suite à une plainte de son ancien patron, Périn est condamné à 2 mois de prison et 200 fr. d’amende pour vol d’outils en première instance en octobre 1916. Il est acquitté en appel en juillet 1917.
Julien Périn est à nouveau élu en novembre 1919 sur une liste d’union républicaine et sociale conduite par l’ancien premier adjoint, Henri Vel-Durand, qui rassemble les radicaux dissidents, les radicaux-socialistes (Georges Briolay) et des socialistes indépendants (Scornet). Elle s’oppose aux socialistes SFIO, conduits par Laruelle, et aux libéraux. La liste remporte les 23 sièges et Périn devient premier adjoint.
Au début 1922, Périn entre en conflit avec le maire. Il est d’abord exclu de certains organismes municipaux, comme le syndicat d’initiative, puis, en juin 1923, il est radié du conseiller municipal et démis de sa fonction d’adjoint par le préfet, sous prétexte d’absentéisme aux séances officielles en application de l’article 60 de la loi du 5 avril 1884. Il proteste vivement et dénonce de « louches combinaisons » du second adjoint et futur maire Stephen Durande. Le socialiste indépendant Georges Scornet prend sa défense, au nom de « nombreux d’habitants », soulignant que Périn était « toujours là, prêt à rendre service » quand on le sollicitait.
Périn était membre du club cycliste Joinville sportif et vice-président de la Société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de la commune. Il est un des fondateurs du Club du chien de défense et de police de Saint-Maur-des-Fossés.
En juillet 1920, Julien Périn avait reçu une lettre de félicitations pour actes de courage et de dévouement. Il quitte Joinville vers 1924.
Installé en 1926 à Villecresnes (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne), dans le lotissement de la Gare (qui devient ensuite rue Guynemer), Périn est toujours mécanicien et gère, avec son épouse, une pension de famille. Il devient débitant de tabac et aménage un café dans les années 1930. Il accueille dans son établissement des réunions du Parti socialiste SFIO, de l’ARAC (anciens combattants) ou des permanences de syndicats. Julien Périn meurt à Villecresnes le 16 janvier 1936. Il était âgé de 66 ans et père d’une fille. Son épouse continue à exploiter le tabac.