Nguyên-văn-Dáng naît le 1er juillet 1894 à Nam-Dinh (Tonkin, act. Vietnam). La ville est une importante base de l’industrie textile au sein de l’Indochine française. Le nom complet de son père n’est pas précisé dans les archives françaises ; il meurt en 1908. Sa mère est Nguyên-Ahi-Haû ; elle est commerçante à Hanoï et a au moins deux filles, ainsi qu’un premier fils, qui est fonctionnaire à la résidence supérieure du Tonkin, représentant l’administration coloniale.
Fréquentant le collège du Protectorat à Hanoï, dont il est un des meilleurs élèves, Nguyên-văn-Dáng se classe premier au concours de la Société de l'Instruction occidentale en 1910 pour des bourses d’études en France. Avec trois autres boursiers (Lè, Dhu & Quynh), il intègre fin septembre 1910 l’école du Parangon à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), qui est devenue une école coloniale pratique sous la direction du docteur Henri Rousseau. Il est décrit comme frêle et de petite taille, mais suit une scolarité sans encombre et est apprécié des enseignants comme de la direction de l’établissement.
Accueillant environ 330 élèves, le Parangon est de statut privé laïque ; il a le soutien de plusieurs organismes promouvant la colonisation, et notamment l’Alliance française, qui prend en charge le séjour de Nguyên-văn-Dáng et de ses condisciples. Il est installé dans une vaste propriété, dans le centre de la commune, limitrophe de Saint-Maur-des-Fossés. Parmi les élèves originaires des territoires extérieurs à la France métropolitaine, les indochinois sont les plus nombreux ; il y en a une trentaine au moment de son séjour. Ils côtoient des Africains des l’ouest, des Malgaches et des Antillais, mais aussi des Espagnols, Brésiliens ou Thaïlandais. L’enseignement général est complété par des apprentissages pratiques, notamment en agriculture, ainsi qu’en mécanique ou dans le travail du fer et du bois. La préparation militaire et l’éducation sportive se font en collaboration avec l’École de gymnastique et d’escrime, installée dans la même commune, dans le Bois de Vincennes.
À l’été 1911, après avoir réussi l’examen du brevet élémentaire, Nguyên-văn-Dáng obtient le prix de l’Alliance française et décide de poursuivre sa formation au sein de l’Institut industriel du Nord (act. École centrale de Lille).
Portrait de Nguyên-văn-Dáng
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Grâce à la bourse de l’Alliance française, il quitte le pensionnat de Joinville fin juillet pour deux mois de vacances, accueilli par un instituteur, M. Virey, à Arcenant, village viticole de Côte-d'Or, proche de Nuits-Saint-Georges et de Beaune. D’autres pensionnaires du Parangon passent également des congés, comme son ami le plus proche, Lè, logé chez un autre enseignant à Gilly-lès-Vougeot, à une quinzaine de kilomètres.
M. Virey lui enseigne comment monter à vélo et lui prête une bicyclette. En compagnie des fils des deux instituteurs et de son ami Lè, il fait le 29 août le trajet entre Arcenant et Gilly. Il est grièvement blessé à la tête après un choc avec une automobile. Le docteur du village décide de le transférer à l’hôpital de Dijon. Malgré des rémissions passagères, son état se complique en octobre puis novembre, et de nouveau le 20 décembre 1911.
Nguyên-văn-Dáng meurt le 14 janvier 1912 à Dijon, la déclaration étant faite par deux employés de l’hôpital. Il était âgé de 17 ans et est présenté comme étudiant et domicilié à Arcenant. Le registre d’état-civil fait l’objet de plusieurs rectifications ultérieures, notamment l’ajout du nom incomplet de son père et de celui de sa mère.
Une cérémonie est organisée par le comité de l’Alliance française de Côte-d'Or, au sein de la chapelle Sainte-Croix de Jérusalem, dans l’hôpital de Dijon, le 17 janvier, en présence d’une vingtaine de personnes ; son ami Lè prononce une allocution.
La décision du Comité Paul-Bert l’Alliance française a été de l’inhumer à Joinville. La cérémonie se tient le 18 janvier, en présence des dirigeants et de nombreux élèves du Parangon et de presque tous les étudiants indochinois de Paris. Cinq discours sont prononcés, le premier par Jules Gautier, président du Comité. Un autre membre de la même institution, M. Lorin, s’exprime en annamite (vietnamien). Il est suivi du Dr Rousseau, directeur du Parangon, puis de deux anciens élèves, Nguyên-văn-Lè et Nguyên-ba-Luan.
En décembre 1912, Anatole Pujet, professeur de lettres de l’institution du Parangon, fait paraître un ouvrage, À la mémoire de Nguyên-văn-Dáng, brochure de 28 pages illustrée comprenant notamment un portrait et la photo de la tombe, ainsi que les discours des obsèques. Quelques passages sont en vietnamien.
Tombe de Nguyên-văn-Dáng à Joinville-le-Pont
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