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Gabriel Jacques Lucien Sarreste naît le 5 août 1867 à Sèvres (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de fils Gabrielle Prugnarde et de son époux Eugène Jacques Martin Sarreste.
Sa mère est une auvergnate, native du Puy-de-Dôme, domestique à Paris avant son mariage l’année précédente.
Son père est alors charretier brasseur. Eugène Sarreste (1829-1901), bourguignon, originaire de l’Yonne, vient d’une famille de cultivateurs et est laboureur en 1851. Il vient à Paris et fait partie des républicains qui résistent, en décembre 1851, au coup d’État du président de la République, Louis Napoléon Bonaparte, lequel a dissout l’Assemblée Nationale le 2 décembre et sera proclamé empereur sous le nom de Napoléon III. Comme 26 000 autres, il est arrêté et traduit devant un tribunal ad-hoc, une commission mixte départementale. Le motif retenu contre lui est qu’il aurait été « Affiliateur aux sociétés secrètes. Il convient d’avoir recruté de nombreux affiliés » ; en conséquence, l’accusation soutient qu’il « ne mérite aucune indulgence ». Cependant, la commission militaire estime qu’il est coupable. Condamné à la déportation en pour cinq ans dans un pénitencier en Algérie. Il ne rejoint pas la colonie française, les commissaires extraordinaires du gouvernement le jugeant « non dangereux pour la sécurité publique », il est remis en liberté le 5 avril 1852. Après sa sortie de prison, Eugène Sarreste épouse Gabrielle Prugnard, puis, après la naissance de Lucien, achète en novembre 1868 un terrain sur l’île Seguin à Boulogne (Seine, act. Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine). Il a une superficie de 3 000 m² environ et, comme le reste de l’île, n’est accessible qu’en bateau. Il y installe un restaurant.
Lucien travaille comme marinier charpentier sur l’île, assurant également le passage des clients du restaurant. Il est plusieurs fois amené à secourir des personnes menacées de noyade, notamment en août 1886, après le chavirage d’un canot ayant neuf occupants, heurté par un bateau-hirondelle de la compagnie des bateaux-omnibus. Sept des passagers sont sauvés.
Appelé au service militaire, il sert dans l’infanterie de marine, mobilisé en janvier 1889 au sein du 1er RIMA. Les troupes françaises combattent en Indochine, pour établir des protectorats sur les royaumes locaux. Il est marin sur le Vinh-Long de novembre 1889 à janvier 1890, puis rejoint le 1er régiment de marche en Annam et de là va au Tonkin jusqu’en août 1891. Il rentre en France où il est démobilisé en novembre 1891. C’est peut-être au cours de son séjour indochinois qu’il contracte une tuberculose, qui fait qu’il sera dispensé de tout service armé à partir de septembre 1904.
Revenu à la vie civile, Lucien Sarreste épouse en mars 1897 à Meudon (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine) Blanche Alphonsine Erhard, blanchisseuse, d’une famille d’Argenteuil (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Il opère un nouveau sauvetage spectaculaire en juillet 1899, à Paris cette fois, celui de deux fils d’un clown célèbre, mal en point après avoir réussis à sauver leur petit frère. Il achète en décembre 1900 un bateau-lavoir, accosté dans le Bas-Meudon et déclare sur les listes électorales alors la profession de maître de lavoir, jusqu’en 1914 même s’il ne l’exerce plus après 1908.
Après les décès de son père, en février 1901, puis de son frère Adrien en mars 1904 et de sa sœur Marie Louise Alexandrine en septembre 1907, Lucien quitte son établissement du Bas-Meudon pour rejoindre sa mère sur l’île Seguin. À la mort de cette dernière en avril 1909, il devient le propriétaire unique du restaurant.
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Le restaurant Sarreste sur l’île Seguin à Boulogne (arch. Village de Billancourt)
Au cours de la première guerre mondiale, Lucien Sarreste, après le réexamen de sa situation par le conseil de révision, est mobilisé en 1915, au titre des services auxiliaires (non-combattants), au 3e régiment du génie, chargé des voies navigables.
Après la fin du conflit, l’industriel Louis Renault, propriétaire des usines d’automobiles et d’aviation de Billancourt, souhaite étendre ses installations et acquiert, en juin 1919, les trois principales propriétés de l’île Seguin, dont celle de Lucien Sarreste.
La famille s’installe ensuite auprès d’une autre rivière, la Marne, où elle ouvre un nouvel établissement de commerce de vin, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), quai de la Marne. Escroqué en juin 1921 par un ancien greffier qu’il avait chargé de le représenter pour l’achat d’un terrain, Lucien Sarreste le retrouve par hasard dans une rue de Paris huit jours plus tard, et permet son arrestation par la police.
Lucien Sarreste meurt le 22 janvier 1932 dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, où il est domicilié rue Dupertuis et est mentionné en tant que forain. Il était âgé de 64 ans et avait reçu une mention honorable en novembre 1886 puis avait été décoré d’une médaille d’argent en 1889 pour ses actes de courage, à l’occasion de sauvetages de personnes sur le point de se noyer dans la Seine.
La famille reste à Joinville-le-Pont, où son fils, Aimable Sarreste (1898-1970), constructeur de bateaux, va jouer un rôle politique en 1953 : il refuse de délivrer un certificat d’hébergement à un candidat communiste à la marie de Joinville-le-Pont, ce qui l’empêche de se présenter.
L’épouse d’Aimable, Yvonne Sarreste née Haas (1902-1992) siège au conseil municipal de Joinville, élue sur la liste du maire (divers-droite) Georges Defert de 1965 à 1977 – elle est la seule femme à siéger dans cette instance pendant ces deux mandats.
Elle avait succédé à André Sarreste (1924-1988), leur fils, qui avait aussi été élu comme colistier de Georges Defert entre 1959 et 1965.
La fille d’André et donc petite fille d’Yvonne Sarreste, Sylvie Mercier (née Sarreste en 1961), enseignante spécialiste des nouvelles technologies, siège elle aussi dans le conseil municipal de Joinville : élue sur la liste de Pierre Aubry (droite) de 1989 à 2001, puis, toujours avec Pierre Aubry, comme adjointe au maire de 2001 à 2008. Elle présente sa propre liste en 2008 avec le soutien du MODEM (centre-droit) puis rejoint au second tour celle d’Olivier Aubry (UMP, droite), fils du précédent, et devient conseillère municipale d’opposition au nouveau maire, Olivier Dosne (2008-2014). Candidate sur la liste de Tony Renucci (divers-gauche) en 2020, elle revient en cours de mandat en 2021 et siège jusque 2023, de nouveau en tant qu’opposante à Olivier Dosne (UMP).
Voir aussi « Comme je suis heureux de vous rencontrer »
Photo présumée de la famille Sarreste sur l’île Seguin à Boulogne (arch. Village de Billancourt)
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