Georges Armand Garreau nait le 1er janvier 1845 à Milly (Seine-et-Oise, act. Milly-la-Forêt, Essonne) chez sa grand-mère Gabrielle Céline Mathieu de Dombasle née Bertier, alors veuve et directrice de la poste aux lettres de cette localité. Il est le fils de Gabrielle Adélaïde Mathieu de Dombasle et de son mari, Adrien Garreau. Il fera ensuite usage du nom Garreau-Dombasle. Sa mère est issue de familles de propriétaires terriens et aristocrates de Lorraine.
Il est probablement élevée par sa grand-mère maternelle, au moins pendant le voyage de sa mère au Chili et en Océanie (1847-1849) après qu’elle se soit séparée d’Adrien Garreau. Gabrielle Céline Mathieu de Dombasle avait alors quitté Milly pour devenir directrice de la poste de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Devenu journaliste en 1867, Georges de Dombasle (son nom de plume) collabore au journal Le Soir (1880-1892) puis au quotidien LeSiècle (à partir de 1890). Il est aussi rédacteur de L’Informateur parlementaire. Se présentant comme homme de lettres, il est le secrétaire général du Dictionnaire du commerce, de l’industrie et de la banque, paru chez Guillaumin à partir de 1898.
Le mariage de Garreau-Dombasle avec Louise Rosine Duchon est célébré en septembre 1874 à Dammarie (Eure-et-Loir). Vers 1880, ils quittent Paris pour Puteaux puis Levallois-Perret et Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine), enfin Taverny (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise).
Pour l’exposition universelle de 1900 à Paris, il est membre d’un comité d’admission des exposants. Il est secrétaire de l’Union des industries nationales en 1908 et adhère à la Société de géographie commerciale de Paris en 1905.
Georges Garreau-Dombasle meurt le 26 octobre 1912 à Taverny. Il est inhumé à Joinville-le-Pont. Âgé de 67 ans, il était chevalier de la Légion d’honneur depuis novembre 1900 et père de deux enfants.
Il est l’oncle du diplomate et résistant Maurice Garreau-Dombasle (époux de la poète et résistante Man’ha Garreau-Dombasle), et l’arrière-grand-oncle de l’actrice Arielle Dombasle.
Gabrielle Adélaïde dite Adèle Mathieu de Dombasle naît le 17 septembre 1819 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Elle est la fille de Céline Gabrielle Bertier et de son mari Joseph Antoine Mathieu de Dombasle.
Sa mère est l’héritière, du côté paternel, de la famille, riches négociants en denrées coloniales, ayant développé leur activité à Saint-Marc (Saint-Domingue, act. Haïti), avant de créer – après s’être rallié à la Révolution en 1789, le vaste domaine agronomique de Roville, dans la banlieue de Nancy. Du côté maternel, elle descend des comtes de Rennel et notamment de Marguerite Gabrielle, chanoinesse-comtesse de l’abbaye de Neuville-les-Dames (act. Ain).
Le père d’Adèle, Joseph Antoine Mathieu de Dombasle, officier d’état-major, était le frère de Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle (1777-1843), agronome, gestionnaire de Roville dont il fit le précurseur des écoles supérieures d’agriculture en France. La famille fit d’abord faubourg Saint-Pierre puis dans le domaine de Brabois, principalement installé sur la commune de Villers-lès-Nancy.
En février 1842, Adèle de Dombasle épouse à Paris Adrien Garreau, violoncelliste et compositeur, plus tard professeur au conservatoire de musique de Toulouse. Ils avaient déjà eu une fille en novembre 1841 à Paris, Gabrielle Thelcide Berthe Garreau. Leur deuxième enfant, Ferdinand, naît en juillet 1843 à Paris (2e arr.) où ils résident, Neuve-Saint-Georges. Le troisième, Georges, naît à Milly-la-Forêt (Seine-et-Oise, act. Essonne) en janvier 1845. Gabrielle de Dombasle y est directrice de la poste aux lettres, ayant dû prendre une activité après le décès de son mari en janvier 1834. À ce moment, Adèle de Dombasle est peut-être déjà séparée d’Adrien Garreau.
Après avoir probablement laissé la garde de sa fille à son mari Adrien Garreau, et sans doute ses deux garçons à sa mère, Adèle de Dombasle obtient du préfet de police un visa pour se rendre à Valparaiso (Chili) et, de là, en Océanie. Elle quitta Bordeaux en septembre 1847 à bord du navire de commerce Le Gange. Sur le même bateau, un autre voyageur est enregistré, Edmond Ginoux de La Coche. Ils se connaissaient vraisemblablement déjà, et vont faire le trajet ensemble jusqu’en Polynésie.
Ginoux de La Coche est né en novembre 1811 à Annecy (duché de Savoie, act. Haute-Savoie). Sa famille, noble, légitimiste et catholique, l'envoie faire des études chez les pères Jésuites à Forcalquier (Basses-Alpes, act. Alpes-de-Haute-Provence). Ils vivent ensuite à Toulon (Var) puis à Vesoul (Haute-Saône). Orienté vers l'armée, il échoue au concours d’entrée à l’école de la Marine de Brest (Finistère), poursuit des études à Grenoble puis s’engage en octobre 1830, âgé de 19 ans, dans le 54e régiment d’infanterie basé à Briançon (Hautes-Alpes).
Envoyé en Algérie en décembre 1833, il combat les rébellions arabes puis est renvoyé à Marseille en janvier 1835. Il se lance dans le journalisme, écrivant dans des organes républicains : la Sentinelle des Pyrénées à Bayonne (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques), le Progrès d’Arras (Pas-de-Calais) puis Le National à Paris. Fréquentant des cercles intellectuels et progressistes à Paris, franc-maçon, il s’affiche opposé à la politique coloniale du régime du roi Louis-Philippe. La France venant d’annexer les îles Marquises et d’installer un protectorat sur Tahiti, Ginoux de La Coche décide de partir en mai 1843 pour « vivre auprès des Sauvages pour mieux les étudier ». Il séjourne d’abord aux Marquises, puis à Tahiti, où il est nommé procureur du roi et apprend le tahitien. Il crée ensuite L’Océanie Française, hebdomadaire, première publication en français dans le Pacifique Sud. Mais le journal doit cesser sa parution en juin 1845, sur ordre du ministre de la marine et des colonies, le baron Ange René Armand de Mackau, qui se méfie de Ginoux de La Coche.
Il rentre alors en France, où il présente à Guizot, ministre des Affaires étrangères, un rapport sur la situation aux Marquises et à Tahiti. Ce dernier lui confie alors une nouvelle mission dans le Pacifique, où il part donc en compagnie d’Adèle de Dombasle en juin 1847. Arrivés à Valparaiso en mars 1848, ils décident de se rendre aux Marquises à bord d’un trois-mâts chilien, le Lenievez Martinez, où séjournent deux semaines en août et septembre 1848 puis se rend à Tahiti. Mais le nouveau gouverneur des Établissements français de l’Océanie, Charles-François Lavaud, connaissait et détestait de Ginoux, qui l’avait attaqué dans des articles du National. Il l’expulsa au bout de neuf jours de séjour. Après un long périple en Amérique du Sud, aux Antilles et aux États-Unis, il retourna en France en 1850.
Pendant les péripéties politiques auxquelles est confronté son ami, Adèle de Dombasle dessine la population autochtone et ses habitations. Elle se heurte aussi à la prévention du gouverneur, qui vient vérifier dans son hôtel que de Ginoux et elle ne partagent pas la même chambre. Il laisse à Adèle de Dombasle le choix entre rester seule ou accompagner de Ginoux sur son chemin de retour. Elle décide de rentrer, mais suit son propre chemin, via le Brésil. Elle est en France en 1851 et publie plusieurs témoignages de ses observations aux Marquises, par exemple, dans Politique nouvelle, « Visite à la grande prêtresse. »
Pour l’ethnologue Émilie Dotte-Sarout, les dessins d’Adèle de Dombasle ont un niveau de détail exceptionnel, ce qui permet d’identifier les plantes ou les tatouages sur les polynésiens, ce qui en fait une source d’information archéologique unique. L’enseignante remarque que de Dombasle documente de manière précise les observations qu’elle fait. Sur place, elle avait adopté le nom local d’Atéra.
Lors de son premier séjour, Edmond de Ginoux avait rapporté environ cinq cents objets polynésiens, ou originaires des Fidji, des Tonga, des Samoa, etc. après son retour, il s’installa à Nice où, en 1857, il acquit une villa dans laquelle il entreposa sa collection. Il rédigea un catalogue raisonné de 337 objets, terminé en 1866 et édité en 2012. Adèle de Dombasle vint également résider à Nice.
Après l’hospitalisation en 1867 d’Edmond de Ginoux à Marseille, Adèle de Dombasle prit soin de sa collection puis, suite à sa mort en juillet 1870, elle acheta la villa. Les objets de la collection de Ginoux furent vendus, en 1874, à un hollandais, le baron Lycklama A Nijeholt. Installé à Cannes, ce dernier fit don de l’ensemble en 1877 à sa ville. Elle l’installa dans le musée municipal, dénommé musée de la Castre (act. musée des explorations du monde). Les pièces exposées comprennent également des objets rapportés par Adèle de Dombasle, comme le collier de la grande-prêtresse Hina.
En août 1875, Adèle de Dombasle se marie avec Gustave Dardel à Nice. Ils s’installent dans l’ancienne propriété d’Edmond de Ginoux.
Gabrielle Adélaïde dite Adèle Mathieu de Dombasle meurt le 8 novembre 1901 à Monaco (principauté de Monaco). Elle était âgée de 82 ans.
Son fils aîné Ferdinand Garreau-Dombasle (1843-1896), est professeur à l’école des mines d’Alais (act. Alès, Gard) et décoré des Palmes académiques. Il est le père du diplomate et résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Maurice Garreau-Dombasle, époux de la résistante et poète Man’ha Garreau-Dombasle. Il est l’arrière-grand-père d’Arielle Sonnery de Fromental, épouse Bernard Henri-Lévy, dite Arielle Dombasle. Adèle Mathieu de Dombasle est donc la trisaïeule de l’actrice et chanteuse.
Le second fils, Georges Garreau-Dombasle (1845-1912), est un homme de lettres et journaliste réputé, chevalier de la Légion d’honneur. il est inhumé à Joinville-le-Pont.
Dix-sept œuvres d’Adèle de Dombasle sont conservées dans des collections publiques, au musée Jacques-Chirac du quai Branly, à Paris.
Eugène Louis Albert Brégeot naît le 12 février 1869 à Pompey (Meurthe-et-Moselle). Il est le fils de Marie Lucie Thomassin et de son mari, Charles Joseph Brégeot, employé de la compagnie des Chemins de fer de l'Est.
Après avoir suivi les cours de l’école normale d’instituteurs, Eugène Brégeot commence dans l’enseignement à Longwy, Pont-à-Mousson et Verdun entre 1889 et 1892. Du fait de son statut, il effectue un service militaire de moins d’un an, entre novembre 1890 et septembre 1891. Il avait été nommé caporal en mai et servait dans des régiments d’infanterie (69e puis 154e). Il sera ensuite nommé sergent dans la réserve en août 1896.
À partir de 1896, il est affecté en région parisienne, d’abord à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne), l’année suivante à Malakoff (Seine, act. Hauts-de-Seine) et celle d’après à l’école de la rue de Valmy à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
C’est dans la commune de Charenton qu’Eugène Brégeot va s’engager dans la vie publique. Il est, à partir de janvier 1900 au moins, collaborateur de l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes dans lequel il écrit toujours en 1906. En mai 1902, il est secrétaire de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, circonscription qui est celle de diffusion du journal. C’est lui qui signe, en mars 1903, une adresse de l’Union à Émile Combes, président du conseil radical-socialiste, où ils lui expriment « l'expression respectueuse de leur confiance et de leur dévouement » en lui demandant de « poursuivre énergiquement la suppression de toutes les congrégations autorisées ou non » car ils sont « convaincus de l'action néfaste et antirépublicaine de toutes les congrégations, attendu qu'il est constant que le cléricalisme est l’adversaire irréductible de tout progrès et que la congrégation est la forme la plus redoutable du cléricalisme. »
Il n’est pas établi qu’Eugène Brégeot ait rencontré Marie Henry Brégeot (1855-1896), alias Gringoire et Henry Vaudémont. Ils ont cependant de nombreux points communs et Eugène Brégeot le connaissait manifestement bien. Les deux ont une origine lorraine dans des familles d’instituteurs ; ils ne semblent cependant pas avoir de liens familiaux. Henry Vaudémont fut chroniqueur et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Voix des communes, et Eugène Brégeot utilisa dans ce journal le pseudonyme « Eugène Vaudémont ». Il était secrétaire de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, dont Henry Vaudémont fut aussi, dans les années 1890, un des responsables. Ils furent tous deux conseillers municipaux, élus avec l’étiquette radicale-socialiste. Enfin, ils étaient également franchement anticléricaux et francs-maçons, Eugène Brégeot faisant partie à l’origine de la loge Germinal de Joinville-le-Pont, commune où résidait Henry Vaudémont, lequel appartenait cependant à une loge parisienne (Jérusalem des Vallées égyptiennes).
Restant actif politiquement à Charenton, Eugène Brégeot est transféré à la rentrée de 1900, comme instituteur adjoint, à l’école de la rue Gobertà Clichy (act.rue Calmette à Clichy-la-Garenne). Il y restera jusqu’à l’été 1929. Il réside rue du Bois.
Le mariage d’Eugène Brégeot avec Marthe Marie Dubourgnoux, strictement civil, est célébré en mai 1904 à Paris (17e arr.).
Au cours de la première guerre mondiale, Eugène Brégeot est mobilisé, mais maintenu à son poste d’instituteur à Clichy. Après le conflit, il poursuit son engagement dans sa cité de résidence. Il rejoignit la loge maçonnique Les Précurseurs de Clichy.
En novembre 1919, Eugène Brégeot est candidat aux élections municipales sur la liste de Louis Gaudier, radical-socialiste. Il est élu et la liste remporte 31 des 32 sièges à pourvoir contre un à des socialistes indépendants.
Dans le cadre de son activité municipale, Brégeot est commissaire général du concours international de gymnastique organisé à Clichy en décembre 1922. Il est également secrétaire de l’association locale des anciens combattants à partir de novembre 1919.
Lors des élections municipales de mai 1925, le maire Louis Gaudier ne se représente pas. C’est son adjoint Desormeaux qui conduit la liste radicale. Au premier tour, ce sont les candidats communistes qui arrivent en tête (36,5%), devant les radicaux (34%), les socialistes (23,8%) et une liste indépendante (5,6%). Au second tour, les communistes emportent tous les sièges avec une moyenne de 46,7% des suffrages exprimés, les radicaux étant battus avec 43,4%, les socialistes reculant à 9%.
Ayant pris sa retraite de l’enseignement en octobre 1929, Eugène Brégeot, résidant toujours à Clichy, cesse un temps de travailler mais reprend une activité puisqu’en 1936, il est recensé comme employé, chez un notaire de Clichy. Il perd son épouse en octobre de cette année, puis son fils unique, âgé de 32 ans, en mars 1937.
Eugène Brégeot meurt le 30 janvier 1940 à Clichy. Il était âgé de 70 ans. En janvier 1904, il avait été décoré du Mérite agricole en tant que chevalier puis en février 1912 comme officier. C’est cependant son rôle de publiciste qui était récompensé, et non pas une activité en lien avec l’agriculture.
Tout, en continuant de travailler en imprimerie, et alors encore militant anarchiste, Adrien Moucheraud est professeur de la section Aviation de l'Ecole supérieure de navigation aérienne pour la session 1889-1890. Le terme « aviation », utilisé depuis 1863, désigne alors la navigation aérienne qui, à cette époque, relève exclusivement de l'aérostation. Ayant produit lui-même son ballon, il fit sa première ascension le 10 mai 1890 à Paris, face à la toute récente tour Eiffel.
Il poursuit sa collaboration avec l’école l’année suivante. En août 1894, il a un premier accident de ballon. Il fête, en août 1896, sa centième ascension dans les Ardennes. Après une chute en août 1897, il est recueilli en mer par un remorqueur, à deux milles de la côte.
S’efforçant de motoriser ses ballons, Moucheraud subit un nouvel accident après l’explosion de fulminate de mercure, servant à actionner un moteur de son invention, en mars 1898.
Attiré, comme plusieurs milliers d’européens du continent, par la lutte des protestants de l’État libre d’Orange et de la République sud-africaine du Transvaal contre les colonisateurs anglais, Moucheraud se rend au Transvaal où la seconde guerre des Boers a été déclenchée en octobre 1899. Il rentre en France en septembre 1900 pour accompagner la visite de plusieurs généraux des deux républiques rebelles, conduits par le président Kruger. Moucheraud est présenté, dans les cérémonies officielles, comme « chargé de la défense aérienne au Transvaal ». Sa carte de visite stipule qu’il est « aéronaute des Républiques sud-africaines ». Environ 400 français figuraient parmi les quelques 7 400 membres de la Légion des étrangers, dont le colonel en retraite Georges de Villebois-Mareuil. Après de violents combats, et une répression féroce contre la population civile, les troupes britanniques mettent fin à l’indépendance des deux États et les intègrent à leur empire colonial en mai 1902.
Membre de l'Académie aéronautique de France, Moucheraud y est nommé pilote en février 1903. Il assure également la fonction d’archiviste-bibliothécaire. Il participe en tant que capitaine-pilote du ballon Prosper-Lambert à l’Exposition universelle de Saint-Louis, ville du Missouri (États-Unis) qui accueille, la même année, les troisièmes Jeux Olympiques de l'ère moderne.
Le mariage d’Adrien Moucheraud avec Victorine Marie Schmitt est célébré en février 1905 à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne) où ils résidaient alors. Il déclare exercer la profession d’imprimeur.
En 1906, il fait partie de la mission Wellmann qui, à bord du ballon dirigeable America, entendait survoler le pôle Nord à partir du Spitzberg. Moucheraud était chargé des observations scientifiques. Mais l’expédition ne put avoir lieu cette année-là. Remise en 1909, le ballon de la mission explosa à Christiania (act. Oslo, Norvège).
Une ascension de Moucheraud sur le Roitelet, ballon de 250 m3, est signalée à Bousval, (Brabant wallon, Belgique) en janvier 1907.
Adrien Moucheraud meurt le 7 novembre 1912 à Paris (5e arr.). Il est enregistré avec comme profession aéronaute, et résidait rue Linné. Il était âgé de 47 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.
Son frère Paul Moucheraud (1866-1945), ouvrier lithographe, qui fut avec lui militant anarchiste à Paris (1884-1894), était devenu socialiste à Joinville-le-Pont (1904). Il poursuivi son activité d’imprimeur à Saint-Maur-des-Fossés.
Eugène Adrien Moucheraud naît le 17 mars 1865 à Paris (4e arr.) Il est le fils de Victoire Honorine Tiphaine, placière, et de son époux Lambert Moucheraud, peintre en bâtiment. Ils vivent rue de la Verrerie.
Adrien Moucheraud, ayant quitté l’école après 12 ans, fut placé en apprentissage de lithographe dans une imprimerie. Il va partager l’engagement militant de son frère, cadet d’un an, Paul Moucheraud, au sein du mouvement anarchiste, vraisemblablement dès 1884. Le 18 décembre 1885, il est arrêté après avoir posé des affiches du Comité exécutif révolutionnaire, pour appeler à une réunion, place du Chatelet, le jour suivant.
Le 11 juin 1886, il est condamné à Paris à deux mois de prison pour provocation d’un attroupement et le 11 septembre 1886, à quinze jours de prison pour la même raison.
En 1887, il créa en collaboration avec Jahn, Murjas, Paillette et Tennevin, l’hebdomadaire L’Avant-garde cosmopolite dont il fut l’imprimeur-gérant et qui eut huit numéros. Dans son éditorial, il écrivait « Oui, nous les jeunes, nous marcherons de l’avant et rien n’empêchera notre marche. Si sur notre route nous trouvons des obstacles, nous les briserons comme les vagues de la mer brisent les rochers… » Le premier numéro avait été tiré à 4 000 exemplaires.
Comme son frère Paul, il était membre de la Ligue des anti-propriétaires, fondée par Couchot, qui s’était spécialisée dans les déménagements « à la cloche de bois. »
Le 30 avril 1887, encore avec son frère Paul, après une réunion publique organisée par le groupe L’Avant Garde à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, act. Yvelines) ils avaient ouvert le feu contre des membres d’un groupe qu’ils qualifiaient de réactionnaires et qui leur jetaient des pierres.
Aux élections municipales de mai 1887, Adrien Moucheraud se présenta à Paris dans le 5e arrondissement, comme « candidat abstentionniste ». Il déclara : « Je ne préconise pas le suffrage universel, parce que voter, c’est s’avilir, c’est-à-dire qu’on est une bête incapable de se conduire. Quand la masse ne sera plus abrutie par la société actuelle, elle n’aura plus besoin de voter, pour arriver à la transformation de l’État social. »
Il fréquenta la plupart des groupes anarchistes parisiens. Lors d’une réunion le 8 octobre 1887, salle Gaucher, organisée par le groupe Germinal, il fit l’éloge de l’action individuelle qui qui contribue plus « à la révolution sociale que ne le feraient toutes les réunions. »
Au printemps 1888 Adrien Moucheraud demeure quai d’Anjou et est l’un des animateurs de la Ligue des antipatriotes dont son frère Paul est le secrétaire. Fin 1888, il est secrétaire de La Jeunesse socialiste des Écoles avec Georges Brunet ; il demeure à ce moment quai de la Tournelle à Paris.
Le 22 avril 1892, une perquisition était effectuée à son domicile du boulevard Saint-Germain à Paris ; la police y saisit des affiches et le manifeste La Jeunesse socialiste des Écoles, signé de son nom. Le 10 janvier 1893, il était arrêté aux abords de la Chambre des députés. Une perquisition effectuée le 1er janvier 1894, ne donna aucun résultat.
Le 3 mars 1894, le préfet de police délivra un mandat d’amener à son encontre pour association de malfaiteurs. Le 4 mars, le commissaire de Saint-Germain des Prés perquisitionna sa chambre de Moucheraud. Il avait refusé d’ouvrir la porte de son logement du boulevard Saint-Germain tout en proférant des injures, selon le policier, qui recourut à un serrurier pour forcer l’entrée. Parmi les documents saisis figuraient une carte du géographe Élisée Reclus, qu’il avait rencontré à la Société de géographie. Emmené au commissariat, il se déclara nihiliste et ami de Padlewski, assassin à Paris du général russe Séliverstoff, proférant des menaces envers les policiers puis le juge d’instruction. Ce dernier, nommé Meyer, désigna le 4 mai 1894, deux médecins afin d’examiner son état mental de afin de déterminer s’il était responsable de ses actes ou devait être enfermé dans une maison d’aliénés. Le rapport conclut à sa responsabilité tout en notant une grande exaltation. Il fut mis en liberté provisoire le 16 juin. De nouveau poursuivi par la préfecture, sur le même motif, il indique, le 1er juillet, ne plus s’occuper d’anarchie mais uniquement de son travail de lithographe et d’aérostation. Arrêté cependant, il est libéré le 10 juillet de la prison de Mazas. Le juge délivra, le 20 juin 1895, un non-lieu pour l’inculpation d’association de malfaiteurs. Comme son frère, Adrien n’eut plus d’activité dans les milieux anarchistes.
À suivre
Profession de foi abstentionniste d'Adrien Moucheraud
Paul Moucheraud fait un service militaire, probablement de deux ans, au sein du 91e régiment de ligne à Mézières (act. Charleville-Mézières, Ardennes) de 1888 à 1890.
Revenu à la vie civile, il reprend son activité militante et est de nouveau soumis à des mesures judiciaires et policières. Une perquisition à son domicile de la rue Charlemagne (Paris, 4e arr.) le 22 avril 1892 conduit à découvrir des journaux anarchistes. Il est ensuite « arrêté à titre préventif le 1er mai » selon Le Figaro, puis relâché.
Une autre perquisition, le 1er janvier 1894, ne donne aucun résultat ; elle fait suite à l’attentat commis par Auguste Vaillant à la chambre des députés le 9 décembre, qui a conduit à des mesures de police contre la mouvance anarchiste. Il est inculpé cependant pour « association de malfaiteurs ». De nouveau le 4 mars 1894, le domicile de Paul Moucheraud est perquisitionné, ce qui permet au commissaire du quartier de Saint-Merri de l’incarcérer, en même temps que son frère, à la prison de Mazas après avoir saisi une copie du Petit catéchisme socialiste du critique d’art Adolphe Tabarant. Il avait refusé d’ouvrir la porte de son logement du boulevard Saint-Germain tout en proférant des injures, selon le policier, qui recourut à un serrurier pour forcer l’entrée. Commentant les arrestations, le quotidien L'Écho de Paris, estime que les anarchistes arrêtés, 168 à Paris et 60 en banlieue, « Ce sont toujours les mêmes » que lors des précédentes rafles dans ce milieu.
Il est libéré le 4 juin. Mais dès le 30 juin 1894, le préfet de police délivre un nouveau mandat de perquisition sous l'accusation d’association de malfaiteurs et le commissaire de quartier de Saint-Gervais s’empare de sa correspondance ainsi que d’un autre pamphlet, L'attaque de la Bourse. De nouveau emprisonné, il sort le 9 juillet 1894. Le 18 juin 1895, le juge d'instruction Meyer l'a acquitté de toutes les accusations.
Après ce verdict, Paul Moucheraud semble avoir abandonné son engagement militant au sein du mouvement libertaire. Marié en décembre 1894 à Paris (4e arr.) avec Louise Hélène Blanche Bernard, il s’installe vers 1898 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où naissent ses quatre enfants.
À Joinville, Paul Moucheraud s’éloigne de ses convictions anarchistes antérieures. Ainsi, pour la déclaration de la naissance de sa fille Jeanne Lucie en novembre 1902, il choisit comme témoins un agent de police et un conseiller municipal, alors radical-socialiste, Théophile Leteuil. Lors de la naissance de son fils en juin 1904, il est assisté à l’état-civil d’un militaire, adjudant à l’école de gymnastique de Joinville.
En mai 1904, Moucheraud est candidat sur la liste socialiste-révolutionnaire qui se présente aux élections municipales. À cette date, la principale formation dans la commune est un groupe du Parti socialiste de France (Unité socialiste révolutionnaire), qui s’est détaché six mois auparavant du Parti socialiste français. Les deux dirigeants de ce groupe, Émile Lebègue et Henri Lacroix, sont à la tête des sept candidats, qui forment une liste incomplète, puisqu’il y a 21 sièges à pourvoir. Au premier tour, Moucheraud obtient 138 suffrages exprimés pour 1 119 votants (12,3%) sur 1 363 inscrits. Les socialistes n’ont pas d’élu, la liste de la municipalité sortante radicale-socialiste emportant 20 sièges, laissant le dernier à un élu de droite. Eugène Voisin est réélu maire.
Après la disparition de son épouse en juin 1907, Moucheraud rencontre des difficultés pour élever sa famille. En juillet, il sollicite du conseil général l'admission de ses enfants aux pupilles de la Seine. En novembre 1911, il lui demande qu'une de ses filles puisse intégrer un internat primaire. La famille réside alors boulevard de Champigny, à la Varenne, un quartier de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).
Pendant la première guerre mondiale, il n’est probablement pas mobilisé, ayant atteint la limite de 48 ans au moment de la mobilisation des catégories de réservistes les plus anciennes.
Il est décoré de la médaille du travail comme ouvrier imprimeur lithographe à la société Champenois, et demeure encore à La Varenne en février 1925.
Yves Paul Moucheraud meurt le 30 janvier 1945 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne). Il était toujours domicilié à Saint-Maur et âgé de 78 ans.
Son frère, Adrien Eugène, né en 1865, qui avait partagé son militantisme dans le mouvement anarchiste jusqu’en 1893, réalisa de nombreuses ascensions en ballon. Il fut également en 1899 « aéronaute des Républiques sud-africaines » et accompagnait les généraux boers lors de leur visite à Paris en 1902. Il exerçait comme son frère la profession d’imprimeur, lors de son mariage à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne) en 1905.
Yves Paul Moucheraud naît le 27 août 1866 à Paris (4e arr.). Il est le fils de Victoire Honorine Tiphaine, placière, et de son époux Lambert Moucheraud, peintre en bâtiment. Ils vivent rue de la Verrerie.
Devenu ouvrier lithographe dans une imprimerie, il s’engage très tôt dans le mouvement anarchiste. Il est cité comme participant, salle Lévis à Paris, à un affrontement entre des socialistes de tendance blanquiste des et anarchistes le 28 décembre 1884. Il fréquente plusieurs groupes libertaires : La Vengeance, La Lutte, L'Avant-garde Cosmopolite, Le Cercle International, L'Aiguille, Le Groupe anarchiste du 5e arrondissement… Il est secrétaire de la Ligue des antipatriotes. Son frère, aîné d’un an, Adrien Eugène, partage ses engagements.
En 1885, il est signalé à la prison politique de Sainte-Pélagie, à Paris (5e arr.). Il y retourne l’année suivante.
Arrêté le 15 juillet 1886 place de la République, il se plaint d’avoir été molesté par les agents du commissariat de la rue de Trois-Bornes. Il est inculpé pour agressions et insultes envers les policiers et emprisonné pendant huit jours à la prison de Mazas à Paris (12e arr.). Le quartier Le Cri du Peuple publie un entretien dans lequel il relate son « passage à tabac ». Il livre aussi une statistique : sur cent personnes arrêtées en même temps que lui, « une quarantaine avaient sur le visage et le corps couverts d’ecchymoses, et étaient accusés d’avoir frappé et insulté les sergents de ville. »
Le 17 août 1886, il est de nouveau condamné à trois jours de prison pour insultes à agents. Lors d’une réunion dans une salle de la Montagne Sainte Geneviève, à Paris, le 17 octobre 1886, il intervient pour engager les soldats à se débarrasser de leurs chefs car « la besogne des officiers ne consiste qu’à mener les hommes à la boucherie ». En septembre 1886, une nouvelle condamnation à 15 jours de prison vient sanctionner un collage d’affiches du 13 décembre 1885 pour avoir convoqué les ouvriers sans travail à un meeting de protestation contre le bal organisé par le comité des fêtes du commerce et de l'industrie parisiens. Un journal, peu suspect de sympathie pour leur cause, L’Intransigeant, dénonce « l’intolérance scandaleuse du président, qui n’a pas même laissé le prévenu Villaret présenter sa défense ». Il était un des trois autres typographes condamnés en même temps que Moucheraud.
Lors d’une réunion à Chatou (Seine, act. Hauts-de-Seine) du groupe L'Avant-garde en mai 1887, au cours de laquelle des militants célèbres comme Louise Michel, intervenaient, il participe à des échanges de tir au pistolet avec un groupe de réactionnaires. Ses compagnons et lui assurèrent avoir ouvert le feu pour « épouvanter la foule qui les poursuivait ». Comme son frère Adrien, il était membre de la Ligue des antipropriétaires spécialisée dans les déménagements « à la cloche de bois » et fondée par Couchot, membre du groupe La Lutte.
En 1888, Moucheraud est présenté comme ancien gérant du journal Terre et Liberté, un journal que le quotidien La Lanterne présente comme « l’organe officiel de l'anarchie. »
Un des faits d’armes de Moucheraud est, en mars 1888, la convocation par affiches dans la salle Rivoli d’une « Grande réunion publique sous la présidence d’honneur du général Boulanger. Protestation contre les injustices du ministère envers le général. Devant la mesure inique qui frappe un général républicain et patriote, nous invitons tous les patriotes à protester énergiquement, et nous faisons un appel pressant à tous les républicains, afin de prendre une résolution énergique. Orateurs inscrits : MM. Michelin, Laguerre; Laisant, députés, Henri Rochefort, journaliste. Prix d’entrée : 0,50 centimes ». Plus de deux cents personnes se rendirent sur place mais, après avoir attendu pendant une heure, ils se levèrent et voulurent réclamer leur argent ; mais les organisateurs de la réunion avaient disparu en emportant le produit des entrées, soit une centaine de francs. Aucune des personnes mentionnées comme devant intervenir n’avait été contactée ; elles étaient toutes représentatives du mouvement boulangiste (populiste). Seul jugé en mai la même année parmi les quatre personnes soupçonnées d’avoir organisé l’escroquerie, Moucheraud, arrêté au moment où il allait s'embarquer au Havre, se voit infliger un mois de prison. Les organisateurs du meeting avaient eu d’abord l’intention de faire une réunion antiboulangiste, mais, au dernier moment, l’avaient transformée en meeting boulangiste. Selon Le Figaro, il aurait dit à l’instruction : « Nous espérions, attirer ainsi plus de monde et par conséquent faire une plus forte recette ! » Moucheraud a prétendu qu'il avait bien écrit aux orateurs boulangistes dont les noms figuraient sur l'affiche, et que, n'ayant reçu d'eux aucune réponse, il en avait conclu qu'ils acceptaient son invitation. En quittant l'audience, il aurait déclaré, selon Le Temps : « Je laisse à la justice du peuple le soin de juger la justice bourgeoise. »
Henri Joseph Gustave Alphonse Trohel naît le 11 novembre 1879 à Saint-Pierre-des-Landes (Mayenne). Il est l’aîné des huit enfants d’Angélique Renault, marchande, et de son mari Henri François Trohel, cordonnier.
En 1899, il réside à Maison-Carrée (act. El-Harrach), commune de la proche banlieue d’Alger, où se trouve le siège des Pères blancs, créés par le cardinal Lavigerie pour le développement des missions chrétiennes en Afrique. Il y est dispensé du service militaire, du fait de sa myopie importante. Il est, début 1901, élève du séminaire catholique de Carthage, dans la banlieue de Tunis. Il y est probablement ordonné prêtre en été 1903.
Il rejoint alors le noviciat de Pères blancs à Saint-Laurent-d’Olt (Aveyron). Il est envoyé en septembre 1904 à Ghardaïa, dans la région du M’zab, au cœur du Sahara algérien. Peut-être y rencontre-t-il le père Charles de Foucauld, qui est proche des Pères blancs et rejoint Tamanrasset en passant par Ghardaïa. Trois ans plus tard, Trohel est à Mombasa, au Kenya.
Revenu en France, en 1909, il séjourne d’abord à Neuilly-Plaisance puis à Noisy-le-Grand (Seine, act. Seine-Saint-Denis).
Le diocèse de Laval (Mayenne), dont il est originaire, le met à disposition de l’archidiocèse de Paris, qui le nomme, en novembre 1910, vicaire de l’église Saint-Charles Borromée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dont le curé est l’abbé Léon Roger. Il vit, en compagnie de sa sœur Marie Louise, au centre-ville, rue de Paris. Cette même année, son jeune frère Auguste, passé lui aussi par Alger, est ordonné prêtre à Laval.
La carrière ecclésiastique de l'abbé Henri Trohel se termine avec sa nomination, en novembre 1912, au vicariat de Malakoff (Seine, act. Hauts-de-Seine). L’année suivante, en septembre 1913, il est professeur et vit rue Pouchet à Paris (17e arr.) et y épouse Rose Blanche Lavaud, une jeune divorcée. Tous les deux divorceront aussi, peu de temps après, en février 1917.
Au cours de la première guerre mondiale, Henri Trohel est d’abord renvoyé dans ses foyers, à cause de sa mauvaise vue, puis affecté, en août 1915 à la 22e section d’infirmiers. Il rejoint, en février 1918, le 7e régiment du génie d’Avignon avant de retourner en avril à la 15e section d’infirmiers, où il est démobilisé en février 1919.
Après-guerre, il enseigne en collège à La Seyne (Var). Il aurait été ensuite agent d’assurances.
Henri Trohel meurt le 29 avril 1964 à Solliès-Ville (Var). Il était âgé de 86 ans. À l’issue de la première guerre mondiale, il avait reçu la médaille commémorative de la Grande-Guerre.
Georges Albert Téton naît le 11 juin 1845 à Melun (Seine-et-Marne). Il est le fils de Marie Louise Rosalie Bellanger et de son mari Jean Baptiste Joseph Téton, employé.
Après avoir probablement fait des études au grand-séminaire de Versailles Seine-et-Oise, act. Yvelines), où il est ordonné prêtre pendant l’été 1870. En septembre de cette année, il est nommé vicaire de Villiers-le-Bel, dans le doyenné d'Ecouen (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise). Il prend son poste en pleine guerre franco-prussienne.
Toujours dans le diocèse de Versailles, il est devient en juin 1871 curé de Montigny-Le-Bretonneux, qui dépend de l’archiprêtré de Saint-Louis. Alors curé de L’Étang-la-Ville, il assure en 1888 l’intérim de la cure de Marly-le-Roi. Il exercera ensuite la même fonction, jusqu’en 1906, à Chennevières-sur-Marne (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne).
Ayant pris sa retraite en 1906, à un âge peu avancé pour un prêtre, l’abbé Téton s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il réside en 1911 rue Hugédé, dans le quartier de Palissy. Pendant la première guerre mondiale, il assiste le curé de la paroisse Sainte-Anne de Polangis, l’abbé Seneuze.
Albert Téton vit toujours à Joinville en 1921. Il meurt en avril 1922 dans un lieu indéterminé. Il était âgé de 76 ans.
Fondatrice en décembre 1900 de l’Association fraternelle des receveuses, dames employées des postes, des télégraphes et des téléphones, Eugénie Peauger voit son initiative très commenté, en termes très favorables, par une grande partie de la presse quotidienne et des journaux destinés aux femmes.
L’objectif de l’association, qui a le statut de société de secours mutuels, est de venir en aide aux sociétaires malades ou accidentés par le versement d’une indemnité. Mme Peauger en est la présidente.
Elle sait attirer plusieurs personnalités dans ses membres d’honneur, dont Jeanne Levayer Millerand, épouse du ministre du commerce, de l’industrie, des postes et télégraphes et futur président de la République Alexandre Millerand, Léon Mougeot, sous-secrétaire d'État des Postes et Télégraphes et son épouse, Pauline Dautel ou le préfet de la Seine et ancien directeur des Postes, Justin de Selves. Le quotidien Le Français réalise un entretien avec elle, soulignant qu’elle a « la parole précise, énergique avec un accent de douceur ». Au-delà des enjeux matériels (indemnités de maladie ou de maternité, aide aux obsèques), elle insiste sur la solidarité morale : « Si vous saviez combien le sort des employées femmes est triste le plus souvent! Quel sombre isolement dans ces bureaux de campagne, où la receveuse, où l’employée arrive inconnue et déjà suspecte, jalousée pour son instruction, pour son rôle de dame et de fonctionnaire ! Oh ! Les vilenies de petits villages : cancans, potins, calomnies — et souvent les plus graves ! Dans les villes, autre inconvénient: noyée parmi un personnel masculin bien plus nombreux, la jeune débutante courra des dangers que vous devinez. (…) Enfin nous voudrions n’abandonner nos adhérentes — pas même après la mort ! — Combien s'en vont, sans une amie, vers une tombe aussi isolée que le fut sur terre leur pauvre demeure ! (…) Nous voulons qu’une fois mortes elles aient encore quelques camarades derrière leur cercueil, quelques simples fleurs sur leur tombe !... »
L’association compte plus de deux cents adhérentes peu après sa fondation sur sept ou huit mille receveuses ou employées. En 1901, elle étudie un projet d’orphelinat. Mme Peauger devient une interlocutrice sociale sollicitée par les personnalités officielles ; elle est ainsi consultée par la commission extraparlementaire de la révision des allocations, remises et indemnités accordées au personnel des postes en novembre 1902. La même année, en décembre, Alexandre Bérard, nouveau sous-secrétaire d'État des Postes et Télégraphes, préside l’assemblée générale de l'Association pour montrer « son intérêt au petit personnel de son administration » selon Le Petit Journal. En 1904, le groupement adhère au Conseil national des femmes françaises.
Ayant quitté son poste de Rosny-sous-Bois, Eugénie Peauger devient receveuse à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en octobre 1903. Elle réside dans l’immeuble, situé quai du Barrage.
Le bureau de poste de Joinville (peut-être avec Eugénie Peauger à droite)
En novembre 1903, Mme Peauger est vice-présidente du Congrès des receveurs et receveuses de France et des colonies qui réclame notamment des congés annuels sans frais pour les receveurs de bureaux simples soulignant que « seuls, parmi tous les employés de l’administration des Postes, les petits receveurs n’ont droit à aucun jour de repos dans l’année ». Le congrès demande également le rachat du matériel par l’administration, estimant « inadmissible que l’État, le premier des patrons, fasse payer à ses employés le matériel qui lui sert à exploiter le monopole postal. »
La constitution d’une Maison des dames des postes et télégraphes, sous forme de société coopérative en février 1904, fait appel à plusieurs collègues de l’association. Des dons de M. de Rothschild ou du Syndicat des agents de change permettent de constituer le capital de départ et l’immeuble est construit rue de Lille à Paris (7e arr.) avec comme maître d’œuvre Eugène Bliault, architecte du Musée Social, dans le style Art nouveau. Il comprend environ cent chambres meublées, un restaurant coopératif, et un vaste salon-bibliothèque ainsi qu’un jardin. Eugénie Peauger est administratrice de la société lors de sa constitution officielle en décembre 1904.
Une Fédération des associations professionnelles des postes télégraphes et téléphones de France et des colonies se constitue en juillet 1905, revendiquant 15 000 adhérents, après que le processus de regroupement ait été lancé en décembre 1904. Y participent l’association des dames ainsi que toutes les structures des receveurs, des ambulants, des personnels administratifs, des commis, des mécaniciens ou des expéditionnaires. Alors que le droit syndical n’est pas encore reconnu dans l’administration, il s’agit d’une première organisation à cette échelle à but de représentation du personnel. Mme Peauger est membre du comité exécutif du conseil fédéral.
La commune de Joinville accueille en août 1905 le championnat du monde de natation, qui se déroule en eau vive dans la Marne. La presse sportive signale le comportement de la receveuse Peauger, se félicitant de « la célérité et la diligence qu'elle mit à assurer son service. »
Eugénie Peauger meurt le 13 octobre 1905 à Paris (15e arr.), rue Dombasle, une voie parisienne baptisée en l’honneur d’un oncle d’une précédente directrice du bureau de poste de Joinville. Âgée de 45 ans, elle n’a pas eu d’enfant et était décorée des Palmes académiques comme officière d’académie depuis janvier 1902.
L'Union des dames de la Poste luis consacre, sous la signature de Spada, luis consacre une longue nécrologie, relevant qu’elle « montra un inlassable dévouement, chaque fois qu’il s’agit de combattre une injustice ou de venir au secours d’une de ses sociétaires ». Spada relève que « sa mort nous a étonnées, parce que nous ignorions que notre excellente camarade était depuis longtemps minée par le mal qui devait l’emporter. Gomment l’aurions-nous deviné ? Mme Peauger ne se plaignait pas et son activité incessante ne pouvait laisser soupçonner son état maladif. En effet, il faut remarquer qu’elle parvenait à s’acquitter de tous ses travaux, tant dans les commissions qu’à son association, en même temps qu’elle menait à bien la gestion de l’important bureau dont elle était receveuse. Elle était de ces courageuses créatures qui travaillent sans trêve et sans bruit, modestement et sans s’effrayer des charges qui leur sont imposées. »
Fin
La Maison des dames des Postes de la rue de Lille à Paris