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28 août 2021 6 28 /08 /août /2021 00:01

Suite de la biographie de René Girot

À partir de septembre 1931, la famille Girot vit à Argenteuil (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise) dans le quartier d’Orgemont. C’est une cité-jardin construite à partir de fin 1929 dans le cadre de la loi Loucheur. Il est électricien monteur de lignes pour la Compagnie parisienne de distribution d’électricité.

S’impliquant très vite dans la vie locale, René Girot est membre du parti républicain socialiste, qui rassemblait des socialistes indépendants qui avaient refusé d'intégrer le Parti socialiste SFIO et se revendiquaient d'Aristide Briand et de Paul Painlevé. Le 30 juin 1932, il devient secrétaire général de la Fédération des comités républicains socialistes de Seine-et-Oise qui se constitue sur son initiative. Il préside le congrès fondateur, le 27 août qui se tient au Comité républicain socialiste d'Argenteuil. René Girot plaide pour « l'union de toutes les forces de gauche. »

Toujours à Argenteuil, Girot met en place une section locale des Jeunesses laïques et républicaines (JLR), qu’il préside. Elle réclame « que se poursuive avec vigueur la politique de laïcité, de justice sociale et de paix réclamée énergiquement par les jeunes générations » et « proteste contre l'insuffisance des locaux scolaires dans la commune et en particulier à Orgemont », son quartier. Les JLR, fondées en 1924 ont compté comme membres Jean Zay, Jean Moulin, André Morice, Félix Gouin ou Edouard Daladier. Elles ont comme président d’honneur Anatole France et Lucien Victor-Meunier, un notable franc-maçon. Même si elles ont perdu de la vigueur, les JLR existent encore au 21e siècle. Une partie du mouvement de l’éducation populaire, comme la Ligue de l’enseignement ou la fédération des Auberges de jeunesse, se situent dans sa continuité. C’est la section des JLR d'Argenteuil qui convie, en mai 1933, Gaston Monnerville, député de la Guyane et futur président du Sénat.

Chez les républicains socialistes, Girot est réélu président de la Fédération de Seine-et-Oise lors du deuxième congrès qui se tient en novembre 1933 à Argenteuil en présence de Maurice Violette, sénateur et ancien ministre. René Girot mène campagne, en décembre cette année, en faveur de la constitution d'un bloc républicain en Seine-et-Oise et assure à Cernay que « le devoir des élus de gauche, qui est de se grouper autour du président [Camille] Chautemps pour entreprendre la réorganisation de l'État et la restauration de l’économie nationale », alors président du conseil (premier ministre) radical-socialiste.

La fusion des partis socialiste de France, socialiste français et républicain-socialiste est approuvée en février 1935 par la fédération de Seine-et-Oise, de laquelle René Girot est toujours le dirigeant, mais désormais avec le titre de secrétaire général, l’avocat Gabriel Freyssenge étant président.

Au cours des élections municipales de mai 1935, quatre listes de gauche et deux listes de droite sont présentes au premier tour à Argenteuil. On compte une liste regroupant les radicaux-socialistes et les socialistes français, « dont les éléments sont presque tous francs-maçons » selon le quotidien L’Ami du peuple. Elle recueille 3,3% des suffrages exprimés et se retire avant le second tour, qui voit la victoire des communistes face aux sortants de droite.

Un congrès national des trois partis, Socialiste de France, Socialiste français et Républicain socialiste donne naissance, en novembre 1935 à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), à la nouvelle Union socialiste républicaine (USR). Girot devient membre de la commission de propagande au sein de la délégation permanente. La réunion constitutive de la Fédération de Seine-et-Oise de l’USR se tient en décembre en présence d’une quinzaine de groupes, principalement situés dans le Nord et l’Ouest du département (Aulnay-sous-Bois, Argenteuil, Montlignon, Eaubonne, Chatou). René Girot est désigné comme président.

Le congrès restreint se tient début janvier 1936 à Paris, au siège de l’USR, sous la présidence de René Girot, avec une intervention de Marcel Déat. Il acte l’adhésion des groupes issus des fédérations des partis républicain socialiste et socialiste de France (le parti socialiste français n’ayant pas de structure locale). L’assemblée décide d'adhérer au Front populaire de Seine-et-Oise, l’USR étant, après les radicaux-socialistes, les socialistes SFIO et les communistes, la quatrième composante de l’alliance.

En février 1936, René Girot préside également la fondation de la fédération de l’Oise de l’USR, dont il devient aussi le dirigeant. La commission exécutive approuve également l’adhésion au Front Populaire du département.

Au plan local, René Girot crée et préside en février 1936 l’union cantonale d'Argenteuil de l’USR, qui regroupe les comités d'Argenteuil, Orgemont, Houilles, Carrières et Franconville. Il accompagne, au ministère de l'air, une délégation d'ouvriers des grandes usines d'aviation de la région parisienne qui revendiquent un contrat collectif. Organisée par l'Union syndicale des métaux de la CGT réunifiée, la députation est reçue au cabinet de Marcel Déat, ministre et dirigeant de l’USR.

Le premier congrès de la Fédération de Seine-et-Oise de l’USR se tient à Aulnay-sous-Bois (act. Seine-Saint-Denis) le 15 mars 1936. Il condamne « la violation du pacte de Locarno par le gouvernement hitlérien d'Allemagne » et proteste « avec la dernière énergie contre ce nouvel attentat du fascisme à la paix mondiale ». Enfin, « le Congrès maintient qu'il ne peut y avoir de salut pour la démocratie que dans l'entente et la collaboration effective des partis de gauche, tant sur le plan électoral que sur le plan gouvernemental ». René Girot est reconduit à la tête de la structure fédérale avec le titre de secrétaire général et est parfois aussi désigné comme secrétaire fédéral. Toujours en mars 1936, René Girot préside le groupe Aristide Briand qui réunit des travailleurs de l’aviation et est basé à Goussainville (act. Val-d’Oise). Sa femme en sera la dirigeante en 1938.

Après le premier tour des élections législatives de 1936, la fédération de l’USR « décide à l'unanimité le désistement de ses candidats et invite ses militants à voter pour les candidats du Front Populaire, désignés au scrutin de dimanche dernier par le suffrage universel. »

Une scission d'un groupe autonome, conduit par Jeannot, a lieu en septembre 1936. René Girot lance un « Appel aux sympathisants » soulignant que l’USR est la formation « dont le programme s'identifie le mieux avec celui du Front populaire. »

René Girot participe en octobre 1936 au congrès de Nancy de l’USR et est reconduit à sa délégation permanente. Le deuxième congrès fédéral de l’USR se tient le 11 octobre à Goussainville, dont le maire est le Dr Rousseau, adhérent au mouvement. Une quarantaine de sections y participe. René Girot est reconduit dans ses fonctions. Il poursuit également sa responsabilité à la tête de la fédération de l’Oise, qui semble avoir une ampleur limitée.

Le second congrès de la Fédération de Seine-et-Oise de l’USR, organisé à Goussainville en novembre 1936, permet à Girot de préciser sa conception de l’organisation politique : « Dans tout rassemblement de partis, c'est toujours le parti le plus discipliné, le plus cohérent qui prend la tête et entraîne les autres dans son sillage. C'est ce qui est arrivé pour le Cartel des gauches où nous avons vu le parti socialiste être la locomotive entraînant le convoi. C'est ce qui est arrivé à l'Union nationale, où nous voyons l'Union républicaine démocratique prendre la tête. C'est ce qui arrive aujourd'hui avec le parti communiste. Pour éviter d'être ainsi entraînés d'un côté ou de l'autre, nous devons être nous-mêmes et constituer un parti cohérent, organisé et solide. »

Lors de la manifestation du rassemblement populaire à Paris en novembre 1936, Girot représente l’USR aux côtés du ministre de la santé Henri Sellier (SFIO), de Maurice Thorez (PCF), d’Archimbaud (parti radical) ou de Benoit Frachon (CGT).

Des élections municipales complémentaires, organisées en janvier 1937 dans le village de La Rue-Saint-Pierre (Oise) suite au décès du maire USR voient René Girot constituer une liste de Défense des intérêts communaux et de concorde républicaine. Il échoue à se faire élire.

Plusieurs manifestations du Front populaire mobilisent René Girot au cours du premier semestre 1937 à Chevreuse, Goussainville, Arnouville, Saint-Chéron, Vernouillet, Neuville-en-Hetz, Dourdan. Il se présente, une nouvelle fois, à des élections municipales partielles, à Goussainville en mai, dont le maire est un de ses compagnons de l’USR, le docteur Rousseau. Mais la liste USR est devancée par celle du PCF et talonnée par la SFIO. Respectant la discipline républicaine, elle se retire avant le deuxième tour. Girot est cependant reconduit, le même mois, à la présidence du groupe Aristide Briand de l’USR, basé à Goussainville. Mais il convoque la commission de discipline, accusant un membre local de la formation de « très vif espionnage. »

Planifié en juillet 1937 le 3e congrès fédéral de l'USR a lieu à Dourdan. René Girot, constate la difficulté de mise en place de structures communales, puisqu’il compte 40 comités locaux sur 692 communes. Il plaide pour la création d’unions cantonales. Il s’inquiète aussi de l’arrivée de ce qu’il appelle « les épaves que nous envoient les autres partis ». René Girot est redésigné en tant que secrétaire fédéral.

Au cours de l’été 1937, René Girot et sa fille, Jeanne ou Jeannine, portent secours sur la plage de Brighton à Cayeux-sur-Mer à une femme qui s'enlisait. Ils reçoivent une mention honorable pour acte de courage et de dévouement.

Lors d’une élection cantonale en octobre, Girot représente l’USR dans le canton de Marly-le-Roi ; il se contente d’un score très modeste avec 1,1% des suffrages exprimés. C’est la dernière trace dans la presse nationale de sa collaboration avec l’Union socialiste républicaine.

En 1938, le quotidien La Liberté, qui défend les intérêts du Parti populaire français (PPF), mentionne la présence d’un « camarade Girot » dans plusieurs réunions de propagande : à Champagne-sur-Oise en février, à Enghien-les-Bains en octobre, où il est désigné comme  délégué de district et Épinay en Aveyron, où il a le titre de délégué fédéral. Son prénom n’est pas mentionné ; cependant, le même journal évoque en décembre également le Cercle populaire radioélectrique français, basé à Saint-Denis – cité dont le dirigeant du PPF Jacques Doriot, avait été le maire – et invite les « militants et sympathisants » dudit parti à s’y inscrire. Fondé par des dissidents communistes, le PPF était devenu, en 1938, une formation de tendance fasciste, qui s’engagea dans la collaboration avec les occupants allemands.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Girot est, de nouveau, inscrit maritime au Havre en mai 1940.

Un scellé, conservé aux archives nationales, constitué par la 1ère brigade spéciale de Paris mentionne « une fausse carte d'identité n°7371 établie au nom de Girot, René, portant la photographie de l'inculpé et le timbre apocryphe du commissariat d'Argenteuil trouvé sur l'inculpé ». Le document, qu’il n’a pas été possible de consulter, porte la date de 1940.

René Girot est signalé en mai 1958 au Bureau maritime militaire de Toulon (Var). Il demeure à Pelissanne (Bouches-du-Rhône) où il meurt le 19 novembre 1964, à l’âge de 65 ans. Son épouse y décède en mars 1997, dans sa 98e année. Ils avaient eu au moins deux filles.

Fin

René Girot, 1937

 

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26 août 2021 4 26 /08 /août /2021 00:01

Début de la biographie de René Girot

René Julien Girot naît le 15 avril 1899 à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Eugénie Augustine Marteau, chapelière, et de Jean François Louis Girot, pilote de bateaux sur la Seine puis employé d’octroi. Ils vivent rue Rodier.

La famille vit ensuite à Alfortville puis Fontenay-sous-Bois et s’installe en 1909 dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, où ils résident en 1911 d’abord rue du Paris puis rue Vautier, dans le centre-ville. René Girot pratique la natation au sein du Cercle Athlétique de Joinville et participe à des courses d’endurance en rivière, comme la traversée de Joinville en août 1916 et septembre 1919.

Pendant la première guerre mondiale, René Girot, qui est alors télégraphiste, devance l’appel et s’engage dans l’armée à 18 ans en janvier 1918 et, peut-être à l’instigation de son père, devient marin. Il est affecté comme matelot électricien et est inscrit maritime au port du Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). À sa démobilisation en juillet 1921, il embarque sur le navire Elkal. Lors de ses voyages dans le monde, il assurera en décembre 1925 avoir « vu les horreurs de la révolution russe », et avoir « assisté à l’avènement du régime fasciste » en Italie.

Revenu à Joinville, René Girot épouse en septembre 1922 à Vincennes Georgina Bassoutre chapelière originaire d’Uzerche (Corrèze). Son père est devenu en novembre 1919 conseiller municipal radical dissident de Joinville-le-Pont. René Girot s’implique également fortement dans la vie locale. Il collabore très régulièrement avec un hebdomadaire de centre-droit, la Gazette de l’Est, publiée à Vincennes.

S’inspirant de l’Union de la Jeunesse Républicaine, dont le maire de Joinville, Henri Vel-Durand (radical dissident) fut l’un des dirigeants dans les années 1890-1900, il fonde et préside la Jeunesse républicaine de l’Est, qui se présente comme proche du député radical dissident Adolphe Chéron. Son groupement, qui assure n’être « ni révolutionnaire, ni fasciste », entend « instruire les jeunes gens à la politique et agir pour maintenir le prestige républicain » dans la banlieue.

Son père avait été, en 1923, associé à la création de la section de Joinville de la Ligue de la République, structure qui préfigure le Cartel des gauches et rassemble socialistes indépendants, socialistes SFIO et radicaux-socialistes. Il est également vice-président de la section locale de la Ligue des droits de l’Homme, laquelle regroupe également des militants de gauche et des francs-maçons. Cependant, Louis Girot est élu, en mars 1925, délégué sénatorial sur la liste de l’Union républicaine des intérêts communaux, qui rassemble la droite du conseil municipal, contribuant ainsi à faire battre les candidats du Cartel des gauches puisque l’équilibre des conseillers municipaux s’avère être de huit voix pour la majorité contre sept pour l’opposition. La défection de Girot père est vécue comme un « manquement à la parole donnée » par la presse radicale-socialiste qui le traite « d’apostat de la classe ouvrière » et de « renégat » ; son exclusion de la Ligue des droits de l’Homme est demandée, mais refusée.

Dans son journal, revendiquant son titre de président de la Jeunesse républicaine de l’Est, René Girot prend la défense de son père, attaquant les « nullités du Cartel » et les prévenant que, si son père « doit se retirer sous peu à la campagne », lui, il reste. Il explique cependant que « n’ayant pu résoudre la crise du logement », il a dû momentanément s’éloigner de son « cher Joinville », en s’installant à Nogent-sur-Marne. Il appelle à voter pour la liste d’union républicaine de Vel-Durand, qui remporte l’élection en mai 1925 à Joinville.

La Jeunesse républicaine de l’Est organise plusieurs manifestations en 1925 et 1926, avec l’appui de Vel-Durand, Chéron et du conseiller général Naudin.

Toujours proche d’Adolphe Chéron, Girot l’accompagne dans la constitution de la Fédération des comités républicains, radicaux et socialistes indépendants de la banlieue de Paris, un regroupement des radicaux qui refusent de rejoindre le parti de la rue de Valois. Il siège à son bureau en 1926 en tant que secrétaire général et représentant de Nogent ; un conseiller municipal radical dissident représente Joinville, Antoine Liou.

Faisant état de sa qualité d’officier radiotélégraphiste, René Girot fonde en octobre 1924 le Radio-Club régional nogentais à Nogent-sur-Marne. Il crée en outre le Radio-club de Joinville en mars 1925, qu’il préside également, avec son beau-père Gabriel Bassoutre en tant que vice-président. Girot intervient régulièrement comme conférencier, sur des questions techniques.

Il est également en juin 1925 à l’origine de la constitution de la Fédération des radio-clubs de la région parisienne. Elle rassemble des clubs des départements de la Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Eure-et-Loir et Oise. Edouard Branly, Daniel Berthelot et le général Ferrié furent élus présidents d'honneur tandis que Robert de Valbreuze est le président effectif et René Girot le secrétaire général. Girot est désigné pour représenter en juin 1926 la France aux fêtes internationales de la radiotéléphonie à Bruxelles (Belgique). Il s’y rend, mais provoque un incident avec « une bienfaitrice noble ». En 1931, René Girot est présenté comme le fondateur de la Confédération des Radios Clubs, dont il est le vice-président en 1931. Il intervient régulièrement en province, notamment à Roye (Somme) en janvier 1931 et 1932.

Parallèlement à son activité professionnelle, René Girot anime l'Association radiophile de la Compagnie parisienne de distribution d'électricité, la société qui l’emploie, dont il est secrétaire général. Elle compte plus de deux mille adhérents en 1931. Il sera encore, en 1938, président du Cercle populaire radioélectrique français, à Saint-Denis.

Toujours sportif, Girot participe en avril 1929 à la septième course cycliste Paris-Lille.

À suivre

René Girot, 1937

 

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22 août 2021 7 22 /08 /août /2021 00:01

Marius Honoré Bonnefoi naît le 12 septembre 1884 à Rochefort (Charente). Il est le fils d’Augustine Mélanie Eulalie Daranda et d’André Victorin Bonnefoi, sous-officier garde d’artillerie.

Après le retour de son père, devenu officier, de plusieurs expéditions coloniales au Sénégal et à Madagascar, la famille Bonnefoi s’est installée à La Seyne-sur-Mer (Var). Marius Bonnefoi s’engage dans l’armée à 19 ans, en octobre 1903, à l’image de son père, et est affecté au 61e régiment d’infanterie. Il signe un contrat de quatre ans, mais le renouvelle ensuite systématiquement. Devenu caporal en avril 1904, sergent en septembre 1905 puis sergent-fourrier en mai 1907, il fréquente les cours de l’école d’application pour le tir de de Valbonne (Alpes-Maritimes) à l’été de cette année. Il est affecté comme moniteur en 1911 à l’École de gymnastique et d’escrime de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il réside avec ses père et mère dans le centre-ville, rue Chapsal.

Comme plusieurs officiers de l’École de Joinville et comme son père, Marius Bonnefoi est franc-maçon. Il fréquente la toute récente loge Germinal, de Joinville-le-Pont et une autre loge affiliée également au Grand-Orient de France, Les Vrais Experts, qui avait accueilli notamment le pédagogue et anarchiste espagnol Francisco Ferrer.

Fin 1911, Marius Bonnefoi donne des cours de culture physique et de boxe pour les membres de la Jeunesse républicaine du 4e arrondissement de Paris, mouvement laïque lié au parti radical-socialiste. Il est nommé sergent-major en juin 1914.

Pendant la première guerre mondiale, Marius Bonnefoi va particulièrement s’illustrer, récoltant sept blessures, dix citations (dont trois à l’ordre de l’armée), neuf palmes et insignes sur sa Croix de guerre, la croix de l’Aigle de Serbie ainsi que la Légion d’honneur. C’est d’ailleurs son père qui la lui remet, en janvier 1915 à Billom (Puy-de-Dôme) où ce dernier est en charge de l’École militaire des Enfants de troupe tandis que lui-même est en traitement à l’hôpital militaire. La presse trouve la cérémonie touchante, soulignant « qu’il est extrêmement rare de voir un légionnaire décoré par son père. »

Tout au long du conflit, Marius Bonnefoi, qui reste attaché au 4e régiment de zouaves, va progresser en grade : adjudant en septembre 1914, il devient officier comme sous-lieutenant en octobre la même année, lieutenant en août 1916 puis capitaine en novembre de la même année.

Les différentes citations mettent l’accent sur ses « brillantes qualités militaires », son « autorité inlassable », son « sang-froid », son « grand esprit de devoir et de sacrifice », son « audace remarquable », ses « courage et mépris du danger exceptionnels », son « entrain », son « énergie », son « grand dévouement »…

À deux reprises, en 1917 et avril 1918, il doit remplacer son chef de bataillon, mis hors de combat avec son adjoint. En octobre 1918, il fait « 100 prisonniers » et capture « 20 mitrailleuses. »

Ses différentes blessures lui vaudront, en avril 1932, une pension de 20%. Il avait reçu une balle dans la tête, coup de baïonnette dans la joue près Ypres (Belgique) en novembre 1914, avait été atteint à la face et au genou gauches par éclat d’obus en avril 1916, puis, pour la même raison, à la main gauche et au dos en mars 1918 au fort de Malmaison (Aisne), enfin toujours du même motif, à une phalange et à l’index droit en 1918.

En juin 1916 à Paris (12e arr.), Marius Bonnefoi, avait épousé Madeleine Marguerite David, originaire d’Alger.

Resté militaire après-guerre, Marius Bonnefoi est transféré en juillet 1919 au 158e régiment d’infanterie, puis en mai 1920 au 29e et en octobre 1923 au 26e. Il quitte les troupes peu après et sera, dans la réserve, nommé chef de bataillon en juin 1926 puis lieutenant-colonel.

Rendu à la vie civile, Marius Bonnefoi exerce en septembre 1925 la fonction de directeur de la raffinerie de l’Omnium des pétroles du Nord, à Dunkerque. Il continue son activité industrielle pour la même société en région parisienne, s’installant au Vésinet (Seine-et-Oise, act. Yvelines), où il réside boulevard Carnot en 1931.

En septembre 1934, Marius Bonnefoi est l’objet d’une dénonciation de la part de Pierre Lherminier, un employé de la société dirigée par Bonnefoi. Il lui reproche d’avoir abusé de sa fille mineure, Lucienne, 17 ans et demi, « par guet-apens et violence ». En août 1934, devant le personnel de l’entreprise, il lui avait arraché son insigne de la Légion d’honneur. Le parquet du tribunal de Paris ordonne une enquête qui, selon le procureur, n’amène aucun résultat. Il en informe Lherminier, luis signifiant qu’il pouvait se pourvoir directement devant les tribunaux. Comme il ne l’a pas fait, la plainte est classée sans suite en décembre.

Deux ans plus tard, en novembre 1936, Lherminier s’adresse au Grand-chancelier de la Légion d’honneur assurant que, si sa plainte n’a pas abouti, c’est « grâce à de l’argent et à des protections ». Il décrit la situation : « Ce criminel a causé dans ma famille de profonds ravages. Depuis plus de deux ans, ma fille est enfermée dans une maison de rééducation ». Le Grand-chancelier conclut, en février 1937, que les faits relèvent des tribunaux de droit commun et non de sa propre responsabilité.

Un autre fait divers concerne Marius Bonnefoi en avril 1939. Sa voiture, garée devant un cinéma de sa commune du Vésinet, est volée et sert ensuite à une agression.

Marius Bonnefoi meurt le 16 septembre 1963 à Boulogne-Billancourt. Il était âgé de 79 ans. Il avait reçu une lettre de félicitations pour son rôle d’instructeur de boxe à Paris et avait été promu officier de la Légion d’honneur en juin 1920 puis commandeur en novembre 1951. Il était père de deux enfants.

Marius Bonnefoi (L'Illustration)

 

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20 août 2021 5 20 /08 /août /2021 00:01

André Victorin Bonnefoi naît le 23 mars 1857 à La Seyne-sur-Mer (act. Var). Il est le fils de Reine Antoinette Solaro et de son époux Marius César Xavier Bonnefoi, chaudronnier en cuivre.

À 20 ans, André Bonnefoi s’engage dans l’armée et est affecté à la 4e compagnie d’ouvriers de marine à Toulon (act. Var). Il devient brigadier en août 1879 puis maréchal des logis en juillet 1880.

Envoyé au Sénégal, en octobre 1880, il sert dans la 1e Compagnie d’ouvriers d’artillerie de marine. Il est blessé lors de la bataille de Goubango (Haut-Sénégal, act. Mali) et décoré de la médaille militaire en 1881 pour s’être « conduit avec la plus grande bravoure ». Après une convalescence en France, il retourne au Sénégal en janvier 1882 et reste en service dans la région du Haut-Fleuve jusqu’en août 1883. À partir d’octobre 1882, il est sous-officier chargé de la conservation du matériel avec le titre de garde d’artillerie.

Après son retour en France, il est affecté à la direction de l’artillerie de Rochefort (Charente) pendant deux ans puis à celle de Toulon en avril 1885. Il effectue de courtes sorties en mer sur les vaisseaux Marceau puis Amiral Duperré.

Son mariage avec Augustine Mélanie Eulalie Daranda est célébré en octobre 1883 La à Seyne-sur-Mer.

Expédié de nouveau au Sénégal en mai 1892, il reste deux ans à la direction de l’artillerie. Il revient en juin 1894 à la Fonderie de Ruelle (act. Ruelle-sur-Touvre, Charente) puis retrouve la direction de l’artillerie de Toulon en juillet la même année, avant de rejoindre celle de Cherbourg en mai 1896. Il y devient officier d’administration en juillet 1900.

Il participe à partir de janvier 1901 à de nouvelles opérations militaires dans une colonie française, Madagascar. Il est responsable de la sous-direction de l’artillerie de Tamatave (act. Toamasina, Est de l’île). En 1902, il est d’abord à Tananarive (act. Antananarivo) puis à Soanierana (Tsiroanomandidy), dans la même province centrale.

Malade, il rentre en France, est affecté à la direction de l’artillerie de Brest en janvier 1903 puis prend sa retraite de l’armée en août la même année. Ayant 25 ans et 6 mois d’ancienneté, il se voit attribuer une pension de 2 975 francs par an. La famille s’installe à La Seyne, rue Balaguier. Son fils aîné Marius s’engage dans l’armée de terre en octobre 1903.

Lorsque ce dernier devient instructeur de l’École de gymnastique et d’escrime, les Bonnefoi s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où est basée cette école. Il y réside à partir de juillet 1911, dans le centre-ville, rue Chapsal et quand il est décoré de la Légion d’honneur par le général Silvestre, commandant de la place de Vincennes, en février 1912.

Comme son fils et à l’instar de plusieurs officiers de l’École de Joinville, André Bonnefoi est franc-maçon. Il fréquente la toute récente loge Germinal, de Joinville-le-Pont après avoir été membre d’une autre instance affiliée au Grand-Orient de France, la loge Les Vrais Experts, qui avait accueilli notamment le pédagogue et anarchiste espagnol Francisco Ferrer.

Mobilisé pendant la Première guerre mondiale, André Bonnefoi est affecté à la direction de l’artillerie de Clermont-Ferrand. Devenu capitaine, il officie en 1915 à l’École militaire des Enfants de troupe, établissement d’instruction situé à Billom (Puy-de-Dôme). C’est là qu’il a l’occasion, en janvier 1915, de remettre la croix de chevalier de la Légion d’honneur à son fils Marius, alors sous-lieutenant au 4e régiment de zouaves, blessé et en traitement à l’hôpital militaire. La presse trouve la cérémonie touchante, soulignant « qu’il est extrêmement rare de voir un légionnaire décoré par son père. »

De retour en région parisienne, André Bonnefoi est en charge de l’inspection des forges de Paris et expert au ministère de la guerre en 1916. La famille s’est installée à Saint-Maurice, commune voisine de Joinville, dans la Grande-Rue.

Après-guerre, André Bonnefoi ne semble pas avoir d’activité publique. Il est membre de l’association nationale des officiers en retraite. Il se plaint, en novembre 1930 au Grand chancelier de la Légion d’honneur de ce qu’il ne touche pas de traitement du fait de cette décoration, contrairement aux autres décorés à titre militaire.

André Bonnefoi résidait toujours avec son épouse et sa fille en 1931 à Saint-Maurice. Il était alors âgé de 74 ans. La date de son décès n’est pas connue.

Des soldats français au Haut-Sénégal (Wikipédia)

 

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12 août 2021 4 12 /08 /août /2021 00:01

Louis Antoine Philip naît le 7 mars 1876 à Paris (4e arr.). Il est le fils de Marie Antoinette Lesbros et de son époux Daniel Dominique Philip, typographe. Ses parents sont originaires des Hautes-Alpes.

Vivant rue Saint-Paul, dans le même arrondissement, la famille s’installe, en 1902 avenue Gille, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy. Son père sera conseiller municipal de Joinville de 1908 à 1912. S’il y est domicilié, Louis Antoine Philip quitte cependant rapidement les lieux, car il est nommé, en juillet 1902, commis de comptabilité au secrétariat général du gouverneur français de Madagascar.

En octobre 1903, Louis Antoine Philip épouse à Nogent-sur-Marne Jeanne Alice Toussaint. Ils s’installent, avec un enfant, à Tananarive (Madagascar) en novembre 1908. Il est alors administrateur adjoint puis deviendra administrateur colonial en 1919. Le mariage ne va guère durer car, en juillet 1912, les époux Philip divorcent ; cependant, Louis Antoine Philip se remarie, toujours à Nogent, en décembre 1912 avec Lucie Suzanne Toussaint, sœur cadette de sa première épouse. Cette dernière contracte un nouveau mariage à Tananarive, où elle reste jusqu’à son décès en avril 1957.

Pendant la première guerre mondiale, Louis Antoine Philip est lieutenant au sein du 12e bataillon de chasseurs malgaches qui combat en métropole, dans l’Aisne, au sein de la division marocaine de la Xe armée. Le régiment obtient trois citations collectives à l’ordre de l’armée. Philip est également cité à l'ordre de l'armée, le 10 novembre 1918, pour avoir « A enlevé sa compagnie dans, un élan superbe à l'assaut d'une position fortement organisée et malgré un tir violent de mitrailleuses prenant ses sections de flanc. Est tombé très grièvement blessé, ayant la satisfaction de voir sa troupe atteindre l'objectif qui lui était assigné avant d'être évacué du champ de bataille. 2 blessures, 2 citations ». Il sera ensuite, dans la réserve, nommé capitaine en juin 1928.

Reprenant son activité civile, Philip réside à Fort-Dauphin (act. Tôlanaro) au sud-est de Madagascar en 1921. Il est chef du district de Marovoay, dans la province Majunga (nord-est de l’île) en 1926. Il prend sa retraite en 1930 en tant qu’administrateur de première classe et s’installe à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Après la deuxième guerre mondiale, la famille Philip est installée à Antibes, route de Grasse, villa Rose de Mai. Lucie Philip y meurt en mai 1949. Louis Antoine Philip décède le 12 août 1968 à Antibes. Il était âgé de 92 ans. En janvier 1919, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire. Il était également décoré de la Croix de guerre 1914-1918 et de la médaille militaire.

Tananarive

 

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10 août 2021 2 10 /08 /août /2021 00:01

Mise à jour de la notice publiée le 8 novembre 2018. Suite de la biographie d’Antoine Berné

Tout en continuant à disposer d’un logement à Paris, la famille Berné s’installe à Joinville-le-Pont, dans le quartier nouvellement loti de Palissy, sur la rive gauche de la Marne. Elle réside rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson).

En février 1878, fait partie de la commission d’initiative qui « invite les chambres syndicales ouvrières, les sociétés de production, de consommation et tous les amis du travail à concourir à la formation d’un grand parti d'étude et d’action », dénommé Ligue républicaine du travail contre le paupérisme. Le siège est situé dans le magasin de l’Association des ouvriers tailleurs, rue de Turbigo. Plusieurs responsables de la société font, comme lui, partie des fondateurs comme Bance, Godfrin, Boyer et Toussaint notamment.

Le principal maître d’œuvre de la Ligue est Joseph Pioche, publiciste, employé de commerce et membre de plusieurs coopératives de consommation et de production. Le programme de la Ligue vise à : « Substituer : 1° Au régime, si compliqué et si onéreux des intermédiaires commerciaux, la méthode rationnelle, morale et peu coûteuse de la corporation: clé de voûte de la solidarité est de l’émancipation économique des travailleurs. 2° Au régime financier du monopole, le crédit professionnel gratuit. 3° A l’imprévoyance administrative et à la chanté impuissante, l’assurance industrielle obligatoire contre le chômage, les infirmités prématurées et la vieillesse. »

La Ligue préconise l’abrogation des lois restrictives de la liberté du travail et la création d’un Impôt proportionnel au revenu. Elle ne semble pas avoir eu d’existence au-delà de son lancement au premier trimestre 1878.

À la même période, Berné s’engage dans la vie politique de sa commune, à Joinville-le-Pont. Antoine Berné fait partie des 17 conseillers municipaux, dont 16 républicains et un orléaniste, élus au premier tour en janvier 1878 pour les 21 postes à pourvoir. La liste bonapartiste de Louis Ferdinand Rousseau n’a « obtenu que très peu de voix » selon le quotidien Le Siècle. Gabriel Pinson, républicain, héritier d’une longue dynastie d’élus locaux, est élu maire de la commune. Au sein du conseil figure également Francois Blaize (1824-1900), ouvrier lunetier, fondateur d’une importante coopérative, la Société des lunetiers (ancêtre d’Essilor).

Resté directeur de l'Association générale d'ouvriers tailleurs, Berné invite ses associés à l’accompagner lors du dépôt d’une couronne sur la tombe de François-Vincent Raspail, chimiste et député républicain. Il préside, en juin 1879, le banquet de l’association au côté de Victor Schœlcher, sénateur. Une collecte est réalisée pour les amnistiés de la Commune de Paris et, en octobre la même année, l’association met des vêtements à la disposition du Comité central d'aide aux amnistiés. Fonctionnant toujours correctement, la coopérative a ouvert une seconde adresse sur le boulevard de Sébastopol à Paris. Berné a quitté sa fonction de directeur en mars 1879.

Alphonse Demeestère, hôtelier, conseiller municipal de Joinville et futur responsable du comité radical-socialiste de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (département de la Seine), organisa en septembre 1879 dans sa commune une collecte en faveur d’un ancien communard, amnistié et indigent, Adolphe Morandy. Pinson, le maire de Joinville, hostile à cette initiative, fait voter un blâme contre Demeestère par la majorité du conseil. Cependant, sept élus, dont Berné, refusent de s’y associer et expriment leur opposition dans la presse.

Lors des élections municipales de 1881, qui voient la reconduction de Pinson, Berné n’est pas réélu. C’est le cas de tous les conseillers municipaux qui avaient refusé le blâme envers Demeestère.

Antoine Berné meurt vers le 6 septembre 1883, à l’âge de 54 ans. Son enterrement civil est organisé le 8 septembre au départ de son domicile parisien, 10, place de la Bastille, probablement à Joinville-le-Pont. Son épouse, Marie Ernestine Berné décède le 28 avril 1884 à Joinville. Deux personnalités locales, dont il était proche, déclarent le décès : Albert Bleunard (1827-1911), principal de collège en retraite et Francois Blaize, tous deux conseillers municipaux de Joinville.

En janvier 1884, Berné, présenté comme propriétaire, est tiré au sort post-mortem pour faire partie d’un jury de cour d’assises.

Fin

 

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8 août 2021 7 08 /08 /août /2021 00:01

Mise à jour de la notice publiée le 8 novembre 2018. Suite de la biographie d’Antoine Berné

Si la grève de 1867 et ses suites judiciaires ont été néfastes pour les tailleurs parisiens coalisés et notamment Antoine Berné, elle contribue cependant à attirer l’attention sur leur coopérative, l'Association générale des ouvriers tailleurs. Le nombre des associés fut multiplié par quatre et atteignit 220, le capital étant triplé à 50 000 francs.

Les membres de l'Association s’engagent de manière régulière dans la vie politique. Ainsi, en mai 1865, Berné, avec Joly et de nombreux autres tailleurs, souscrit pour offrir à la veuve d’Abraham Lincoln, une médaille d’or, portant les inscriptions suivantes : Liberté — Égalité — Fraternité à Lincoln, président deux fois élu des États Unis, la démocratie française reconnaissante ». L’appel mettait en avant le fait que Lincoln, assassiné le 14 avril 1865, était un honnête homme qui avait aboli l’esclavage, rétabli l'union, et sauvé la république « sans voiler la statue de la liberté. »

Le lancement par Napoléon III d’un plébiscite pour faire approuver ses réformes constitutionnelles, en mai 1870, amène les deux directeurs de l'Association des ouvriers tailleurs, Brudon et Berné, à initier un Manifeste des membres de sociétés coopératives et des ouvriers parisiens aux habitants des campagnes : « Frères, A la veille d'un vote qui peut peser d'un grand poids sur les destinées de la patrie, il est bon que la voix des travailleurs des villes arrive jusqu'aux travailleurs des campagnes. (…) Pour nous, nous voterons Non ». Si le Non l’emporte dans les grandes villes telles que Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux et Toulouse, il se contente, au niveau national, d’un score de 17,2%.

La chute de l’Empire et la proclamation de la République, en septembre 1870, va modifier la situation de la coopérative. Dans une lettre au géographe anarchiste, Élisée Reclus, publiée en janvier 1871 dans son hebdomadaire, La République des travailleurs, organe d’une section parisienne de l’Association internationale des travailleurs, Berné décrit ce que Reclus présente comme « Le socialisme en action » : « Dès le 8 septembre [1870, quatre jours après la proclamation de la 3e République], notre association s’adressait au maire de Paris pour obtenir de lui l’équipement de la garde nationale, Le 19, un traité signé [Charles] Floquet et [Jules] Ferry nous accordait 100 000 vareuses à façons (…). Immédiatement nous convoquâmes la corporation en assemblée générale, à laquelle nous dîmes : ‘’Le marché nous est personnel, mais si vous le voulez, il profitera à tous. Considérez-vous comme nos associés. (…) Le bénéfice, quel qu’il soit, sera réparti au marc le franc [au prorata] des sommes gagnées par chacun’’. (…) Nous avons payé le double pour la main-d’œuvre que ne payent nos concurrents, la Ville ne dépensant pas un sou de plus en notre faveur. (…) Nous avons jugé qu’il importait de créer dans chaque arrondissement un atelier municipal auquel la mairie locale pourrait faire des commandes directes, et employer en travail suffisamment rémunérateur un argent mieux dépensé qu’en aumônes. (…) Nos sept ateliers dans les 4e, 5e, 9e, 17e, 18e et 19e arrondissements occupent déjà plus de 2 000 personnes (…). Trente-cinq mille personnes (…) sont inscrites sur nos livres comme ayant participé à nos travaux et devant par conséquent participer à nos bénéfices. Ce sera, croyons-nous, la première fois que le principe de la répartition du bénéfice au travail aura été appliqué sur une si grande échelle ». Les nouveaux statuts de l’association introduisent un article qui stipule que « La femme est admise à faire partie de la Société au même titre que l’homme. Il faut toutefois que la femme en puissance de mari obtienne son autorisation. »

Au cours d’une assemblée générale des ouvriers tailleurs de Paris, le 21 février 1871, Berné propose la fusion de l’association qu’il dirige et de la chambre syndicale. Contestant ceux qui qui critiquent l’émission d’actions de cent francs, il souligne : « il faut toujours un capital et l’association future, comme celles qui existent, ont besoin de cet argent ». La fusion reste à l’état de projet et Berné ne semble pas avoir joué de rôle politique pendant la Commune de Paris (mars-mai 1871).

En mars 1873, Berné et Bance font part aux lecteurs du quotidien Le Rappel des progrès qu’ils considèrent que leur structure a accomplis. « Nous venons encore d'agrandir nos magasins de vêtements sur mesure pour répondre aux besoins de notre nouvelle clientèle. Si nous sommes heureux de pouvoir vous signaler nos progrès, c'est surtout au point de vue de l'exemple que nous donnons aux autres travailleurs qui voudraient bien nous imiter, mais qui ne se figurent pas assez la possibilité de la réussite. Il n'y a pourtant qu'à vouloir; car, vous le savez, aucune société coopérative ne commencera plus modestement que nous avons été obligés de le faire. Et pourtant, aujourd'hui, certains du présent, nous songeons à l'avenir. Nous venons de voter la révision de nos statuts pour créer une caisse de retraite. »

Avec plusieurs personnalités politiques et des économistes, Berné prend part à la fondation, en mars 1875, de la banque du Crédit coopératif.

L’Association des ouvriers tailleurs participe à plusieurs expositions internationales, comme celle de Philadelphie (États-Unis) en 1876, où elle reçoit un diplôme d’honneur et une médaille, où celle de Paris en 1878. Elle compte 228 adhérents en 1876. Si sa réussite est saluée par la presse, les milieux économiques s’interrogent parfois sur le modèle social qu’elle présente. Ainsi, L'Économiste français écrit en décembre 1876 : « Nous sommes donc toujours en présence d’une entreprise de patrons capitalistes qui, quel que soit leur nombre, ne font pas, au demeurant, autre chose que ce que font beaucoup d’autres patrons et capitalistes isolés opérant pour leur propre compte. (…) Les ouvriers intelligents, ordonnés, prévoyants réussissent presque toujours à améliorer leur condition. (…) L’association permet de vaincre plus aisément certains obstacles, elle comporte, en revanche, des difficultés et des dangers auxquels échappent les entreprises individuelles. »

Chaque année, à partir au moins de novembre 1876, l’Association des ouvriers tailleurs organise un vaste banquet réunissant ses membres, leurs familles mais également des personnalités politiques de gauche : députés, sénateurs, conseillers municipaux de Paris et représentants de la presse républicaine. Ainsi, à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne) en 1876, on note la présence de Louis Blanc, de Georges Clemenceau, de Charles Floquet ou du député de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux Alfred Talandier, tandis que Victor Hugo et Léon Gambetta se sont faits excuser. Berné explique cette invitation : l’Association s’est adressée à tous, sans acception de nuances, parce que, divisés sur le terrain de la politique, tous sont ou doivent être d’accord au point de vue des réformes sociales. La soirée s’est terminée par une collecte en faveur des familles des détenus politiques, notamment des anciens communards.

À suivre

 

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6 août 2021 5 06 /08 /août /2021 00:01

Mise à jour de la notice publiée le 8 novembre 2018. Début de la biographie d’Antoine Berné

Antoine Berné naît le 13 décembre 1828 à Moissac (Tarn-et-Garonne). Il est le fils de Jeanne Chaubet et de son mari Jean Berné, tailleur d’habits.

Il épouse, en août 1859 à Paris (2e arr.) Marie Ernestine Sainton, originaire de Loudun (Vienne).

Exerçant, comme son père, le métier de tailleur d’habits coupeur, fait partie d’un groupe de seize ouvriers tailleurs qui constituent, le 15 octobre 1863 l'Association générale des ouvriers tailleurs de la ville de Paris. Selon le journaliste Jean Barberet, qui fait l’historique de l’association dans le quotidien Le Rappel en août 1874, ils « se dirent qu'il était temps d’essayer la mise en pratique des principes que, depuis longtemps déjà, ils étudiaient en théorie ». Ils souscrivent au capital pour une somme importante de 3 000 francs, partiellement libérés.

Quatre d’entre eux travaillent au sein de la coopérative, qui a la forme d’une société en commandite, sous la responsabilité de Jean Mathieu Sauva, gérant. Elle est installée rue de Grenelle-Saint-Honoré à Paris (4e arr., act. rue Jean-Jacques-Rousseau) mais, après six mois, le propriétaire exige qu’ils retirent de leur enseignes la mention « association d’ouvriers ». Quoique payant d'avance, ils ont du mal à trouver un propriétaire qui accepte de les héberger, et s’installent rue Fontaine-Molière (1er arr., act. rue Molière).

Après deux exercices légèrement bénéficiaires, les fondateurs lancèrent un appel à leurs collègues de la corporation, pour les engager à se joindre à eux en décembre 1865. Ils transformèrent la structure en société à responsabilité limitée où chaque nouvel entrant devait acquérir une action de cent francs, en payant à l’entrée le quart de son prix. Selon Mathieu Brudon, qui s’exprimait en mars 1871 dans L’Ouvrier de l’avenir, « Un petit nombre de nos collègues répondit à notre appel, malgré la facilité des versements, qui étaient de un franc par semaine; la confiance est si difficile à établir entre semblables ! On est habitué à ne l’accorder qu’au monde officiel ou financier ». Malgré la déception de ce faible recrutement, la société nouvelle est formée en octobre 1866 à Paris avec 53 associés et un capital de 17 000 fr. Berné fait partie des sept membres du conseil d’administration. Il est probable qu’il ait exercé une fonction de direction dès cette période ; il est en tout cas désigné comme un des deux directeurs dans des communications publiées dans la presse à partir de mai 1870. Il partage alors cette fonction avec Brudon. En 1873, il est associé avec Pascal Bance. Il poursuit son rôle directorial entre 1874 et 1878 avec Toussaint puis en 1879 avec Serre. Il quitte la fonction en 1880.

Parallèlement au fonctionnement de la coopérative, Berné joue un rôle dans l’organisation sociale des tailleurs parisiens. La France a reconnu le droit de grève et d’action syndicale en 1864, mais par contre le droit d’association reste très limité par une loi de 1834.

Au cours du premier trimestre de l’année 1867, les ouvriers tailleurs parisiens revendiquent une hausse de leur rémunération et, face aux tergiversations des patrons, entament une grève. Berné devient un des animateurs du mouvement. Il profite de cette occasion pour faire de la propagande en faveur de la coopération de production. Le quotidien de droite La Presse, qui veut la fin du conflit, utilise la fonction de Berné dans sa société pour soutenir qu’elle le disqualifie en tant que représentant des tailleurs.

Pour soutenir les grévistes, et notamment pour financer leur subsistance, plusieurs personnes, dont Berné, constituent une Association fraternelle de solidarité et de crédit mutuel des ouvriers tailleurs, basée rue Rochechouart à Paris (9e arr.). Le préambule des statuts assure que « Les ouvriers tailleurs, résolus à résister, par tous les moyens que leur donne la loi, contre l’avilissement toujours croissant des salaires, et décidés à maintenir la limite de dix heures de travail au plus, afin de donner plus de temps à leur famille et à la culture de l’intelligence, ont décidé de fonder une Société dans le but de soutenir ces conditions ». Les animateurs de la grève font appel à la solidarité internationale, notamment celle des tailleurs britanniques, dont les syndicats versent une contribution à la caisse de grève et s’engagent à ne pas prendre de travail de la part de patrons français.

Le parquet du tribunal de Paris engage des poursuites pour association illicite de plus de vingt personnes et atteinte à la liberté du travail. Six personnes, dont Berné et Bance, président de la société, sont jugées le 2 août 1867 devant la sixième chambre correctionnelle ; seul le premier chef d’inculpation est alors retenu.

Berné est le premier des inculpés interrogés : « Nous n’avons pas cru du tout mal faire; nous avons imité ce que nous voyions faire ouvertement devant nous. [Question du président] Vous étiez plus de vingt personnes ?— [Réponse de Berné]. Oh ! Nous étions plus de deux mille. Q. Quel était le but de l’association? — R. De protéger nos intérêts, de faire respecter la dignité de l’homme. Q. La dignité de l’homme en tant qu’ouvrier tailleur. A quelles époques avaient lieu les réunions? — R. Elles n’avaient pas lieu à époques fixes. D. Dans quel but la Société s’est-elle réunie ? — R. C’était plutôt pour la grève que comme Société ; le comité proprement dit n’a pas eu le temps de fonctionner. D. Avez-vous quelque chose à ajouter? — R. Non, nous avons cru faire ce qui existait dans toutes les corporations, notre but était d’avoir quelques fonds pour subvenir à une grève quelconque. »

Le réquisitoire du procureur Pelletier reconnaît le droit de coalition, mais conteste le droit d’association. Pour lui « L’enjeu du procès, c’est la liberté du travail ! » Il souligne que Berné est membre du comité dirigeant. La défense est assurée par des avocats réputés, connus pour leur engagement politique et social : Ernest Picard, Emmanuel Arago, Emile Durier et Charles Floquet. Ce dernier, principal intervenant des plaidoiries, considère que « l’association découle du droit de coalition » et se félicite qu’il y ait eu 2 832 adhérents.

Le jugement rendu est sévère. Dans ses attendus, le tribunal relève que « si l’association est utile au développement des grèves, elle ne doit pas moins, dans l’intérêt de la sûreté publique, rester soumise à l’autorisation du gouvernement ». En application des articles 291 et 292 du Code pénal, issus de la loi du 10 avril 1834; la sentence « déclare dissoute la Société fraternelle de solidarité et de crédit mutuel des ouvriers tailleurs »; Bien que retenant « des circonstances atténuantes »; il condamne Berné, Bance, Coulon, Jeanroy, Jalinier et Deguergue chacun à cinq cents francs d’amende, somme importante. En appel, en absence des accusés, le jugement est confirmé le 23 août 1867. La Cour de cassation rejette leur recours le 7 février 1868, confirmant que les lois restrictives du droit de réunion et du droit d'association subsistaient.

Le procès a eu un grand écho dans la presse parisienne mais aussi en province. Le quotidien conservateur L’Univers commente ainsi : « On sait que la grève des ouvriers tailleurs s'était imposée avec un caractère de persistance telle, que la justice crut devoir faire des poursuites. Ces poursuites ont abouti à un jugement qui condamne six de ces ouvriers à 500 fr. d'amende et solidairement aux dépens. Mais le point important, c'est la dissolution de la société fraternelle de solidarité et de crédit mutuel des ouvriers tailleurs. Cette suppression a une grande portée, si l'on considère que presque foules les professions parisiennes ont constitué des sociétés de ce genre. Cette suppression frappe donc le principe de la grève dans sa base même. »

Une année plus tard, en juin 1868, le journal des milieux d’affaires, Le Temps revient sur ledit procès. « Nos lecteurs se souviennent encore de ce qui est arrivé l’an passé à la Société fraternelle de solidarité et de crédit mutuel des ouvriers tailleurs. Le jugement et l’arrêt qui ont prononcé la dissolution de cette société, et qui en ont frappé les membres d’une amende assez forte, ne sont pas encore oubliés. En voici la doctrine ou à peu près « Les ouvriers ont le droit de se coaliser ; ils ont la faculté de fonder des sociétés de crédit ; mais il leur est interdit de créer des caisses pour soutenir leurs coalitions; la combinaison de ces deux choses permises, la coalition et le crédit, devient un délit punissable sous le nom d’association non autorisée ». Pareille mésaventure vient d’échoir à l’Association internationale des travailleurs, frappée deux fois en trois mois par la justice, et qui a été avant-hier l’objet d’un sévère arrêt confirmatif ». Cette organisation est la première Internationale, qui regroupe des militants socialistes, communistes et anarchistes.

À suivre

 

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2 août 2021 1 02 /08 /août /2021 00:01

Suite de la biographie de Stephen Durande

Le décès d’Henri Vel-Durand, en septembre 1928, fait que Stephen Durande devient maire par intérim et prononce le premier des onze discours des funérailles. À ce titre, il prononce également, selon l’hebdomadaire de centre-droit, Gazette de l’Est, une « oraison funèbre » lors de la séance de l’assemblée communale le même mois.

Pour compléter le conseil municipal, des élections municipales partielles sont organisées en octobre 1928. Comme lors du scrutin de 1925, elles voient trois listes : le centre-droit, avec le dirigeant sportif Émile Lecuirot, les communistes derrière Bénenson et le cartel des gauches, conduit par le radical-socialiste Briolay. C’est ce dernier qui emporte les trois sièges. Les communistes, quant à eux, avaient présenté une candidate, Mme Martin, dont les bulletins furent annulés, car les femmes n’étaient ni électrices, ni éligibles.

Pour l’élection du maire, les voix se sont réparties au premier tour : les deux adjoints, Stephen Durande et Provin ont chacun huit voix, Briolay en a trois et deux conseillers municipaux, Liou et Gillot en reçoivent une. Provin annonça ne pas être candidat et, au second tour, Stephen Durande a été élu par quatorze voix contre trois à Briolay et une à Liou. Deux élus n’avaient pas voté au tour initial, ils sont cinq à le faire au deuxième. Provin devient premier adjoint et Louis Caillon, second adjoint.

Le premier investissement d’importance du nouveau maire est de faire construire un nouvel hôtel des postes, rue de Paris, en face de la mairie, remplaçant celui du quai du Barrage, qui existait depuis le second Empire.

Lors des élections municipales de mai 1929, les prédictions des journaux divergent. Le Petit Parisien estime que Joinville-le-Pont fait partie des communes « où les éléments de gauche rivalisent d'efforts pour renverser les municipalités modérées ». Le Matin croit que « La municipalité sortante présidée par M. Stephen Durande, recueille, au cours de la campagne, une force nouvelle et ne semble pas menacée ». Pour L’Avenir «  La lutte sera circonscrite, à Joinville-le-Pont entre la liste du maire sortant, M. Stephen Durande, radical modéré, et une liste plus accentuée à gauche, à la tête de laquelle se trouve M. Briolay, conseiller municipal sortant, élu il y a très peu de temps, lors d'une élection complémentaire. Radical-socialiste, M. Briolay fait alliance avec les SFIO. Les deux listes arriveront avec un nombre sensiblement égal de voix. Aussi, est-il difficile de prévoir l’issue de la bataille. »

Les résultats du scrutin donnent, au premier tour, une avance à la liste de concentration républicaine, dont les candidats recueillent, en moyenne, 43% des suffrages exprimés quand les gauches républicaines suivent avec 36% et le Bloc ouvrier et paysan, du PCF, se situe à 16%, le solde se répartissant entre quelques radicaux indépendants, dont Liou et Gillot.

Le second tour marque, au contraire, un progrès des gauches, malgré le maintien des communistes. Avec 46%, les candidats conduits par Briolay emportent 22 des 27 sièges à pourvoir, le nombre de membres du conseil municipal ayant augmenté, tandis que la liste de Durande en a 5 avec 42%, mais lui-même est battu. L’extrême-gauche se tasse à 12%.

S’il cesse de jouer un rôle politique, Stephen Durande n’abandonne pas son activité publique à Joinville-le-Pont. En décembre 1930, il participe, avec les représentants des commerçants et la municipalité, à la formation d’un syndicat d’initiative. Il poursuit aussi sa présence dans les associations, notamment dans le club sportif USJ, dont il est réélu président entre 1930 et 1938.

Vers 1924, Stephen Durande avait acquis un petit château auprès du comte Charles de Goascaradec à Saint-Michel-des-Loups (Manche, act. Jullouville). Il versait à sa veuve, la comtesse Maria, ancienne couturière, une rente mensuelle de 200 francs et elle vivait dans une petite maison voisine, dans le hameau de Perrières, village de granitiers. Se croyant persécutée par le jardinier de Stephen Durande, Anatole Lebranchu, elle tire sur celui-ci en août 1934, sans l’atteindre. Elle a été arrêtée.

Stephen Durande meurt le 15 novembre 1951 à Joinville. Il était âgé de 76 ans et père de deux enfants.

Il avait obtenu, en mars 1925, une médaille d'argent pour actes de courage et de dévouement. Décoré comme chevalier du Mérite agricole en février 1914, il était officier depuis avril 1923 en tant que constructeur de matériel d'élevage et horticole. Pour services rendus à l’éducation physique, il avait obtenu les Palmes académiques entant qu’officier d’académie en mars 1926 puis comme officier de l’instruction publique en avril 1932.

Son épouse, engagée dans les œuvres sociales de la commune, avait obtenu une médaille d’honneur du grand prix humanitaire en décembre 1927.

Son premier fils a été appelé lui aussi Stephen Durande. Le second, Jean Stephen Durande fut récompensé, à l’âge de neuf ans, en 1924, pour avoir sauvé un camarade de la noyade en Marne.

Fin

Stephen Durande

 

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31 juillet 2021 6 31 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie de Stephen Durande

Revenu à la vie civile, Stephen Durande va prendre une part croissante dans la vie locale. Toujours président du Groupement de Polangis et Palissy, il répond à la proposition de fusion faite par l’Union des commerçants de Joinville, qui représente le vieux Centre, sur la rive droite de la Marne.

Sur le plan sportif, Stephen Durande est en octobre 1919 le président-fondateur de l’Union sportive de Joinville (USJ). Basé dans le restaurant familial Les Bibelots du Diable, quai Hector Bisson, le club est principalement axé sur la natation en Marne, mais comprend d’autres sections, comme le basket ou la marche. On retrouve dans l’exécutif de la société Pierre Bureau, entrepreneur de maçonnerie, socialiste indépendant, Georges Briolay, figure de proue des radicaux-socialistes ou Fernand Paraiso, petit-fils d’un esclave africain au Brésil, originaire du Dahomey (act. Bénin), officier de l’armée française et futur résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. En juillet 1921, Durande met à disposition de l’USJ un gymnase qu’il aménage sur un des sites de son entreprise, à Champigny-sur-Marne, route de Villiers. Le club procède également, en février 1927, à l’élection de la reine de Joinville.

Les élections municipales de Joinville-le-Pont, repoussées pendant le conflit mondial, sont organisées en novembre 1919. Durande figure sur la liste conduite par Henri Vel-Durand, adjoint au maire et, comme le maire sortant, Achille Mermet, radical dissident. Il s’est allié avec des socialistes indépendants et, effet de l’union nationale à l’œuvre pendant la guerre, avec les radicaux-socialistes officiels auxquels il s’était pourtant vivement affronté.

Le scrutin oppose la liste d’Union républicaine et sociale à celle du parti socialiste SFIO présente une liste conduite par Georges Laruelle, ainsi qu’au Bloc indépendant de la droite conservatrice et libérale, derrière Jules Beauvais. Les candidats de la majorité sortante obtiennent une moyenne de 44% des suffrages exprimés contre 30% aux socialistes et 26% à la droite. Durande recueille 798 voix sur 1 694 votes exprimés (47%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. La droite s’étant retirée, l’Union républicaine et sociale remporte le scrutin avec plus de 63% des voix et tous les sièges. Durand a 961 bulletins en sa faveur sur 1 518 (63%). Le soir du deuxième tour, Achille Mermet, décède ; même s’il ne s’était pas représenté, il était toujours le maire en fonction.

Henri Vel-Durand est élu maire, avec comme adjoints Julien Périn, socialiste indépendant (ex-SFIO) et Stephen Durande. Il est, avec Théophile Leteuil et la recette municipale, un de ceux qui sont chargés de reprendre les jetons de la monnaie de guerre émise Groupement des commerçants, industriels et habitants de Joinville, dont la valeur cesse en décembre 1922. Ils sont échangés à leur valeur faciale et permette aussi de régler les taxes municipales.

Critiqué par le maire, Henri Vel-Durand, qui lui reproche ses absences, le premier adjoint, Julien Périn, qui s’en défend, est démis de ses fonctions en septembre 1923. Durande est élu à l’unanimité à sa place, tandis qu’un autre socialiste indépendant, Léon Roux, devient deuxième adjoint. Rancunier, Périn attaque dans le journal radical Voix des communes : « Le 1er adjoint [Durande], (passé par de louches combinaisons) a gardé la présidence de la commission de la voirie qui revient au 2e adjoint. De grâce, quittez la voirie ! »

Les élections municipales de mai 1925 signent la rupture de l’union de 1919 avec les radicaux-socialistes et le rapprochement avec la droite conservatrice, ainsi que l’apparition d’une candidature communiste. Un cartel des gauches non communistes est initié par une section de la Ligue de la République. Voix des communes accuse le maire sortant d’être « un pilier d’église », qui « défend les intérêts des gros capitalistes ». Le journal radical critique l’atteinte à l’urbanisme que serait, selon lui, l’extension de l’usine Pathé qui « masqua une partie des bords de notre belle rivière, empoisonna l’air » ainsi que les Studios de cinéma : établissement « informe, hideux, moitié caserne, moitié cage à gorilles. »

La liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par Vel-Durand, attire un socialiste indépendant et un radical dissident, mais marque surtout le retour des représentants de la droite locale. Elle présente un programme revendiquant que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », souhaite le maintien de l’octroi, et propose des économies dans les dépenses budgétaires. Sa liste arrive largement en tête, avec 47,5% des voix au premier tour, loi devant le cartel des gauches à 28,4% et les communistes à 21,1%. Malgré le retrait de ces derniers, l’union de centre-droit remporte les 27 sièges à pourvoir au second tour avec 1 080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés. Vel-Durand est réélu maire, Stephen Durande premier adjoint et François Provin prend la dernière place du bureau municipal.

Ayant conservé ses fonctions à la tête de l’Union sportive joinvillaise, Stephen Durande est également président de la Société symphonique communale en 1924. Il est réélu dans cette fonction jusqu’en 1927 au moins. Avec l’appui marqué des usines Pathé, elle organise dans un des restaurants de la ville plusieurs concerts chaque année, généralement en juin et autour de Noël.

En matière sociale, Stephen Durande devient vice-président de la section locale de la mutualité maternelle de Paris en mars 1924. Intéressé à la colombophilie, il avait participé en avril 1914 à l'exposition d'aviculture de Saint-Maur en présentant des pigeons Mondains et Carneaux. Il fonde en mars 1925 l’association Le Ramier de Joinville, qu’il préside. À ses différents titres, Durande joue un rôle dans l’organisation des fêtes des quartiers de Polangis et Palissy.

Continuant son activité professionnelle, Durande participe en mai 1926, à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine), au 12e Congrès de la Fédération des groupements industriels et commerciaux de la Région parisienne.

À suivre

Stephen Durande

 

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