Camille Antoine Nicolas Husson naît le 20 juillet 1869 à Thonnance-les-Moulins (Haute-Marne). Il est le fils d’Élise Marie Jeanne Donot et de son mari, Jean François Husson, employé d’octroi à Paris. Il voit le jour chez son grand-père maternel.
Devenu prêtre dans le diocèse de Paris, il est nommé vicaire de Saint-Charles-Borromée de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en janvier 1895. Il est probablement le premier à exercer cette fonction dans la paroisse, fondée en 1860, et dont le curé est alors l’abbé Alfred Roustan.
C’est l’abbé Husson qui célèbre la messe des obsèques des victimes de l'explosion de l’usine du Bi-Métal, à Joinville, en février 1895 devant une très importante population.
Il est nommé vicaire à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) en octobre 1895 puis, en novembre 1896 à Saint-Georges de la Villette (Paris, 19e arr.).
Enfin, en août 1902, il rejoint, toujours comme vicaire, l’église Saint-Pierre du Petit-Montrouge (Paris, 14e arr.).
Camille Husson meurt le 10 octobre 1903 à Paris (7e arr.). Il résidait alors rue d’Alésia à Paris (14e arr.) avec sa mère et était âgé de 34 ans.
Paul Rousseau naît le 15 octobre 1880 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Éléonore Delalonde et d’Henri Jean Ferdinand Rousseau. Sa mère est une personnalité mondaine et une écrivaine et dramaturge. Son père, professeur de science, docteur en médecine, devient chef de l’école du Parangon, à Joinville après la disparition de ses oncles et de son père, qui avaient fondé l’important établissement d’enseignement privé laïque de Joinville.
Ses parents transforment le Parangon en une école pratique d’enseignement colonial. Il vit dans le vaste parc de la propriété puis suit les cours de l’École des sciences-politiques (Sciences-Po, Paris) d’où il ressort probablement avec un doctorat en droit. En 1904, il est inscrit au barreau de Paris comme avocat à la cour d’appel. Il épouse en octobre 1904 à Paris (5e arr.) Alice Roiné, native des États-Unis, où vit son père, Jules Édouard Roiné, un statuaire et médailliste, lié à la famille Rousseau.
Paul Rousseau obtient, en mars 1905, une audience d’Émile Loubet, président de la République, pour évoquer la situation d’un de ses clients, Fontaine, condamné aux travaux forcés à perpétuité par la Cour d'assises de la Seine, le 21 décembre 1904. Il quitte la fonction de défenseur pour entrer dans la magistrature en juillet 1905. Il est d’abord attaché à Paris puis, en août 1906, juge suppléant rétribué à Segré (Maine-et-Loire).
En avril 1909, il intègre le parquet comme substitut du procureur à Neufchâtel (Seine-Inférieure, act. Neufchâtel-en-Bray, Seine-Maritime). Il exerce la même fonction à Valenciennes (Nord) en juillet 1912. Il représente le ministère public en 1912 lors du procès de Charles Delzant, secrétaire de la Fédération des verriers, qu’il accuse d'excitation au pillage et de provocation de militaires à la désobéissance. Il s’efforce de convaincre que le socialiste-révolutionnaire est un anarchiste. Plusieurs dirigeants de la CGT, comme Alphonse Merrheim et Benoît Broutchoux, assistent au procès. Devant l’absence de preuves, le tribunal correctionnel de Valenciennes se déclara incompétent et Delzant fut acquitté.
Dispensé de service militaire en 1900 à cause d’une défloration du tympan gauche, Paul Rousseau est affecté à des services auxiliaires dans la réserve. Lors de la première guerre mondiale, il est appelé et devait rejoindre une section de commis d’ouvriers à la direction des abattoirs. Il ne se présente pas et est déclaré « insoumis en temps de guerre » en décembre 1916. Cependant, il est rayé des contrôles de l’insoumission en janvier 1919, étant reconnu avoir été un civil vivant dans les régions envahies par l’armée allemande, qui l’a empêché de rejoindre son unité.
L’accusation d’insoumission n’aura pas de conséquence, puisqu’il est nommé en avril 1919 procureur de la République à Saint-Pol (Pas-de-Calais) puis, en mars 1920, à Hazebrouck (Nord). Il fait, en mars 1925, une proposition au Touring-club de France de « vulgarisation du code de la route ». Continuant sa carrière dans le Nord de la France, il rejoint le parquet de Valenciennes en juin 1925.
Mis à la disposition du ministre de la justice, Paul Rousseau revient à Joinville-le-Pont. en septembre 1926, le nouveau garde des Sceaux, Louis Barthou, le charge d’accélérer, l'examen des demandes de naturalisation. En octobre 1929, il devient juge d’instruction au tribunal de première instance de la Seine.
Après son divorce en novembre 1947, Paul Rousseau se remarie en février 1948 à Paris (10e arr.) avec Georgette Louise Augier.
Paul Rousseau meurt le 8 août 1954 à La Couture-Boussey (Eure). Il était âgé de 73 ans et avait été décoré, en février 1914, des Palmes académiques comme officier d’académie. Le procureur général Pierre Béteille, retrace sa carrière lors de la cérémonie de rentrée des cours et des tribunaux en septembre 1955.
Il ne faut pas le confondre avec d’autres magistrats ayant le même patronyme, notamment Louis Rousseau, juge d’instruction en même temps que lui à Paris puis procureur sous le régime de Vichy.
La cour de l'institution du Parangon à Joinville-le-Pont
Renée Lipkin naît le 15 octobre 1915 à Tolotchine (Russie, act. Talatchyn, Biélorussie). Son nom est parfois orthographié Sipkin. Elle émigre en France, probablement après la révolution soviétique de 1917. En juin 1938, elle épouse au Raincy (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis) le cinéaste Alexandre Lévine.
Pendant la deuxième guerre mondiale, la famille se réfugie à Toulouse (Haute-Garonne) où elle est vendeuse et vit rue Agathoise.
Arrêtée en tant que juive, elle est internée au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret). Elle fait partie du convoi n° 5, qui part pour le camp de concentration d’Auschwitz (Allemagne, act. Pologne) le 28 juin 1942. Elle y meurt le 3 juillet 1942, à l’âge de 26 ans.
Plusieurs membres de sa belle-famille meurent également dans le même camp de concentration : sa belle-mère Fénia Lévine, sa belle-sœur Élise, épouse Kac, et son neveu Paul Kac.
Son mari, Alexandre et son beau-frère, Marc Kac, ont participé activement à la Résistance.
Le nom de Renée Lévine est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris. Un arrêté du 25 octobre 2012 décide d’apposer la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès ; son nom est sous la forme « Lévine, née Sipkin (Renée). »
Son nom figure également sur le Monument aux morts du cimetière ancien du Raincy, en tant que Renée Lévine.
Marc Kac naît le 20 septembre 1905 à Vilnius (Pologne, act. Lituanie). Il émigre en France où il épouse en septembre 1929 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Élise Lévine, née en Russie et fille de marchands forains.
Comptable, Kac travaille aux studios de cinéma Paramount dans la commune voisine de Saint-Maurice. Le couple s’installe chez les parents d’Élise à Joinville, dans le quartier de Palissy, avenu Galliéni. Après la naissance en 1930 de leur fils, Paul, ils déménagent et vont dans la ville limitrophe de Champigny, route de Villiers.
Au début de la deuxième guerre mondiale, Marc Kac, décide de s’engager dans la Légion étrangère et intègre le 22e régiment de marche de volontaires étrangers. Il est fait prisonnier et est signalé comme interné dans un camp allemand, le Frontstalag 101, à Cambrai (Nord) en octobre 1940.
L’occupation allemande et la répression contre les juifs va conduire au départ de Marc Kac, de son beau-père et de ses beaux-frères de leurs domiciles, tandis Paul et sa mère sont revenus à Joinville chez la grand-mère.
Tous les trois sont arrêtés en tant que juifs. Ils sont internés au camp de Pithiviers (Loiret) puis sont déportés par le convoi n° 35, parti de Pithiviers le 21 septembre 1942 à destination du camp d’extermination d'Auschwitz (Allemagne, act. Pologne). Grand-mère, mère et fils y meurent le 26 septembre. Ils étaient âgés de 55, 31 et 12 ans. La belle-sœur de Marc Kac, Renée Lévine (née Lipkin), épouse d’Alexandre Lévine, était morte au même endroit en juillet la même année.
Comme Alexandre Lévine, Marc Kac fut un résistant actif à l’occupation allemande en France.
Après le conflit, Marc Kac obtient, en juin 1946, la nationalité française. Il vit à Saint-Etienne (Loire) où il est directeur de garage.
Fénia Beiline naît le 31 mai 1887 à Mir en Russie (act. Biélorussie). La transcription française de son nom et de son prénom est très diverses. On trouve ainsi pour son prénom Fania, Fani, Fanny, Fajga, Faiga, Fejga ou Feiga et pour son nom Beilin, Beuline ou Belin. On gardera ici l’orthographe utilisée dans son acte de décès.
Vivant à Minsk (Russie, act. Biélorussie), elle épouse Isaac Lévine, originaire de la ville et leur fille aînée Élise (ou Élisa) y voit le jour en octobre 1911. Ils émigrent peu après en France, puisque leur deuxième enfant, Alexandre, est déclaré sur l’état-civil de Valenciennes (Nord) en novembre 1912. Ils vivent rue des Maillets et sont marchands forains.
Après la première guerre mondiale, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni. En novembre1926, Fénia et Isaac Lévine achètent un commerce de fleurs rue Vieille-du-Temple dans le quartier du Marais à Paris (4e arr.). Ils le revendent en mars 1927.
Malgré leur origine modeste, les enfants de la famille acquièrent une position sociale : la fille aînée Élise épouse un comptable de la commune voisine de Saint-Maurice ; Alexandre devient cinéaste, leur domicile jouxtant les studios de la firme Pathé ; enfin, Léon fait des études de droit et deviendra avocat.
En mars 1938, les deux époux sont naturalisés Français.
Au cours de la seconde guerre mondiale, les fils de Fénia Lévine sont mobilisés. L’occupation allemande et la répression contre les juifs va conduire au départ des hommes, tandis que sa fille, Élise Kac et son petit-fils Paul, qui résidaient dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, sont revenus à Joinville.
Tous les trois sont arrêtés en tant que juifs. Ils sont internés au camp de Pithiviers (Loiret). Ils sont déportés par le convoi n° 35, parti de Pithiviers le 21 septembre 1942 à destination du camp d’extermination d'Auschwitz (Allemagne, act. Pologne). Tous les trois meurent le 26 septembre. Fénia Lévine était âgée de 55 ans.
Renée Lipkin, épouse de son fils Alexandre, était morte au même endroit en juillet la même année. Alexandre et le gendre de Fénia Lévine, Marc Kac, furent tous deux des résistants actifs à l’occupation allemande.
Le village de Mir, dont Fénia Lévine était originaire, est l’objet d’un massacre en août 1942 ; les 719 Juifs, qui avaient été regroupés dans le ghetto de la bourgade, sont exterminés.
Le nom de Fénia Lévine est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris et sur la plaque commémorative de la mairie de Joinville-le-Pont sous la forme « Fajga Lévine. »
Isaac Lévine naît le 14 juillet 1887 à Minsk (Russie, act. Biélorussie). Il est le fils de Cheiné Tchertoff et de son mari, Joseph Lévine.
Il épouse Fénia Beiline, originaire de la bourgade de Mir, et leur fille aînée Élise (ou Élisa) naît à Minsk en octobre 1911. Ils émigrent peu après en France, puisque leur deuxième enfant, Alexandre, est déclaré sur l’état-civil de Valenciennes (Nord) en novembre 1912. Ils vivent rue des Maillets et sont marchands forains.
Après la première guerre mondiale, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni. En novembre1926, Isaac et Fénia Lévine achètent un commerce de fleurs rue Vieille-du-Temple dans le quartier du Marais à Paris (4e arr.). Ils le revendent en mars 1927.
Malgré leur origine modeste, les enfants de la famille acquièrent une position sociale : la fille aînée Élise épouse un comptable de la commune voisine de Saint-Maurice ; Alexandre devient cinéaste, leur domicile jouxtant les studios de la firme Pathé ; enfin, Léon fait des études de droit et deviendra avocat.
En mars 1938, les deux époux sont naturalisés Français.
Au cours de la seconde guerre mondiale, les fils d’Isaac Lévine sont mobilisés. L’occupation allemande et la répression contre les juifs va conduire au départ des hommes, tandis que sa fille, Élise Kac et son petit-fils Paul, 12 ans, qui résidaient dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, sont revenus à Joinville avec Fénia Lévine.
Tous les trois sont arrêtés en tant que juifs. Ils sont internés au camp de Pithiviers (Loiret). Ils sont déportés par le convoi n° 35, parti de Pithiviers le 21 septembre 1942 à destination du camp d’extermination d'Auschwitz (Allemagne, act. Pologne). Tous les trois meurent le 26 septembre.
Renée Lipkin, épouse de son fils Alexandre, était morte au même endroit en juillet la même année. Alexandre et le gendre d’Isaac Lévine, Marc Kac, furent tous deux des résistants actifs à l’occupation allemande.
Apparemment introuvable, Isaac Lévine est déchu de la nationalité française par décret du maréchal Pétain, chef de l'État français, le 18 septembre 1943.
Après le conflit, Isaac Lévine se remarie avec Alexandra Warshawsky. Il vit désormais à Paris, rue Monsieur-le-Prince (6e arr.), probablement avec son fils Alexandre.
Isaac Lévine meurt le 12 mai 1957 à Paris (6e arr.). Il était âgé de 69 ans et est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine).
L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes, en janvier 1908, donne la parole à Briolay au sujet de ses rapports avec Leteuil, qui fut membre de son comité : « - Tu es fâché ? Politiquement, oui. Leteuil, mon ennemi politique, Théophile, mon ami particulier ». Une chronique régulière de ce journal, Les Aventures du balai, mettra en vedette Leteuil et ses associés avec un style souvent cruel, dû à la plume de Louis Rey, conseiller municipal radical.
La firme cinématographique Pathé, qui a des relations difficiles avec la municipalité Eugène Voisin, appuie en février la formation d’un comité d’action sociale pour la concentration et la défense des intérêts des habitants de la commune de Joinville et des communes avoisinantes. Hainsselin et Leteuil tentent, en vain, d’en prendre le contrôle.
Le scrutin local voit s’affronter trois listes : celle de la municipalité sortante et des radicaux-socialistes, de nouveau conduite par Eugène Voisin, une liste socialiste unifiée soutenue par la SFIO avec Lacroix et Lebègue, et celle soutenue par le comité de Leteuil, Hainsselin et Valbonnet qui prend désormais le nom de comité socialiste évolutionniste. Le nom est peut-être emprunté aux théories des socialistes italien Oddino Morgari ou allemand Eduard Bernstein, qui défendit le concept dans son ouvrage Socialisme théorique et social-démocratie pratique, paru en 1899.
Le résultat du premier tour est nettement en faveur des radicaux, qui ont six élus dès le premier tour avec environ 65% du total des votes ; avec des listes incomplètes, la SFIO a environ 5% et les évolutionnistes plus de 28%. Au second tour, la victoire des radicaux est très large, avec 15 élus de plus, contre un seul aux candidats patronnés par Leteuil et un indépendant. Leteuil recueille 387 suffrages exprimés pour 1 188 votants, soit 32,6% et n’est pas réélu.
Hainsselin a lancé une publication intitulée l’Indépendant, quipolémique vivement avec Voix des communes. Les sujets sont nombreux : les becs de gaz, les pavés, la gestion de la caisse des écoles… Cette dernière cause conduira Leteuil à des déboires. Il avait déposé une plainte en septembre 1908 auprès de la préfecture de la Seine au sujet de prétendues turpitudes dans la comptabilité ; après enquête, le préfet dédouane entièrement la municipalité. L’assemblée générale de l’association vote, en mars 1909, à l’unanimité un blâme contre Leteuil et ses insinuations. Même un de ses anciens alliés, Valbonnet, le lâche.
Un cadre de Pathé, Vernière, devient président du comité évolutionniste et finance le journal.
Malgré son échec local, Théophile Leteuil est candidat, sans succès, aux élections sénatoriales de janvier 1909 dans le département de la Seine.
La voirie devient un autre cheval de bataille, qui va permettre à partir de 1909 aux alliés Hainsselin et Leteuil de retrouver une influence. Un entrepreneur fait transiter, par une petite rue, les chariots qui transportent la boue issue du dragage de la Marne. Le chemin qu’il emprunte se dégrade considérablement, ce qui irrite les habitants, d’autant que municipalité et entrepreneur se renvoient la charge des travaux de réhabilitation de la rue.
Leteuil annonce, en mars 1909, être le candidat des évolutionnistes pour une élection cantonale partielle, mais il y renoncera.
Leteuil tente également de tirer profit de la grande inondation de la Marne, au premier trimestre 1910, pour retrouver une place dans la vie publique. Il s’intitule président pour Joinville d’un groupement intercommunal de défense des inondés. Les radicaux lui reprochent de s’intéresser au sujet uniquement par intérêt personnel. Hainsselin étant parti en Inde, où il est devenu juge de paix dans la colonie française de Pondichéry, le comité évolutionniste périclite et Leteuil se rapproche de la SFIO et participe à la campagne victorieuse d’Albert Thomas, qui sera maire socialiste de Champigny avant de devenir ministre puis directeur général du Bureau international du travail. Il est qualifié, par Voix des communes, de « tambour des mécontents », réclamant par exemple la réduction des taxes d’octroi sur les boissons ou critiquant la rémunération du receveur des Postes.
En prévision des élections municipales de 1912, Leteuil, à la tête de son groupe évolutionniste, cherche à construire une alliance avec les socialistes SFIO, libéraux, les conservateurs et un groupe de radicaux dissidents de la municipalité sortante dont le maire, Eugène Voisin, ne veut pas se représenter. La coalition emporte l’élection contre l’ancien adjoint radical-socialiste, Georges Briolay et Ernest Mermet (radical dissident) est élu maire. Hainsselin, revenu brièvement à Joinville, est élu au conseil municipal, mais pas Leteuil. Battus, les radicaux-socialistes continuent de régler le compte de ce dernier : « depuis ses insinuations mensongères contre le trésorier de la caisse des écoles ; il a été jugé, il est mort et enterré, n’en parlons plus. Cadavre récalcitrant, il a voulu revenir de nouveau à la surface, vos alliés d’aujourd’hui l’ont réinhumé, ce n’est plus qu’une poussière » écrit Briolay dans Voix des communes.
Pendant la première guerre mondiale, toujours négociant en vins, Leteuil participe aux Journées joinvillaises, une collecte humanitaire organisée en décembre 1917. Il fut peut-être un des initiateurs de l’émission d’une pseudo-monnaie, des d’une valeur de 50 centimes émis pendant la guerre par le Groupement des commerçants, industriels et habitants de Joinville pour suppléer à l’absence d’argent liquide. Il fut chargé, en novembre 1922, de la reprise de ces jetons qui permirent même de payer les taxes municipales.
En juin 1924, Leteuil propose à la location son terrain de l’avenue du Président-Wilson (anc. chemin de Brétigny), dans le quartier de Palissy, d’une superficie de 1 700 m², qui comprend une belle habitation et une usine.
Théophile Leteuil meurt le 27 septembre 1925 à Joinville. Il était âgé de 65 ans et père de quatre enfants.
Fin
La monnaie de guerre utilisée à Joinville à la fin du conflit de 1914-1918
Théophile René Leteuil naît le 18 février 1860 à Richelieu (Indre-et-Loire). Il est le fils de Marie Gerrand et de son époux René Leteuil, cultivateur.
Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue de Paris, où il est employé de commerce dans une boulangerie, Théophile Leteuil épouse en novembre 1885 à Joinville Véronique Chapotot, cuisinière, résidant dans la même rue.
Lors des élections législatives de septembre 1889, Théophile Leteuil participe à la campagne électorale de Guillaume Silvy, candidat boulangiste (populiste). Il arrive en tête dans la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux au premier tour avec 39,4%, et en seconde position à Joinville avec 37,4%, derrière le conseiller général radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, qui remporte le siège au second tour.
En 1891, le couple Leteuil a franchi la Marne et réside dans le quartier en développement de Palissy, route de la Brie (act. av. Galliéni). Leteuil est devenu boulanger.
Six ans plus tard, il exploite un hôtel-restaurant à l’enseigne Au bi du bout du pont. La salle du restaurant Leteuil accueille, à partir de l’été 1897, les réunions de la section de Joinville de la Fédération des abonnés à la semaine des trains ouvriers. Animée par le socialiste Henri Martinet, elle revendique que les titulaires de ces abonnements puissent partir et revenir par tous les trains omnibus, et non par ceux qui sont spécialement désignés, entre la gare de Joinville et Paris. La fédération compte trois sections à Saint-Maur et d’autres à Champigny, Nogent, Le Perreux et Fontenay-sous-Bois. En 1899, elle élargit ses revendications à l’ouverture de l’abonnement aux employés.
L’établissement des Leteuil est transféré en 1901, avenue de Brétigny (act. av. du Président-Wilson). Après 1910, ils font commerce de vins en gros.
Lors des élections municipales de mai 1900, Leteuil figure sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, qui comprend principalement des radicaux, mais également des personnalités conservatrices comme Moulinet, Dalbavie, Provin ou Raoult. La liste remporte les 23 sièges à pourvoir, face à une liste socialiste-révolutionnaire. Leteuil se situe en 22e position, avec 495 voix pour 1096 électeurs inscrits, loin des 704 suffrages de Voisin.
En avril 1901, Leteuil propose au conseil municipal la création d’une section de vote pour les quartiers de Palissy et Polangis, ce qui les séparerait donc, électoralement parlant, de la rive droite de la Marne. Au cours d’un vote à bulletins secrets, l’idée est repoussée par 10 voix contre, 5 pour et 1 blanc. Mécontent, Leteuil annonce qu’il va lancer une pétition.
Lors de la constitution du Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, en avril 1902, Leteuil est un des 13 délégués du groupe radical-socialiste de Joinville. Lorsque ce groupe décide de pérenniser son activité, jusqu’ici limitée aux élections législatives, et se rebaptise Comité républicain radical-socialiste de Joinville en juin 1902, Leteuil est un des huit délégués, et un des deux de la zone de Palissy.
Comme les autres radicaux-socialistes Leteuil se prononce, encore en juin 1902, contre l’autorisation des Sœurs enseignantes de la Providence dans la commune ; il y a 13 contre, 5 pour et une abstention.
Lors du scrutin municipal de mai 1904, les conservateurs s’opposent à Eugène Voisin, dont la liste prend un caractère nettement radical-socialiste. Les candidats du maire obtiennent, en moyenne, au premier tour 50,2% des votes, devant la droite à 31,9%, les socialistes-révolutionnaires complétant le tableau, avec 14,9%. Leteuil est élu sur la liste Voisin dès le premier tour, en onzième position, avec 571 suffrages pour 1119 votants (51%) sur 1363 inscrits. Il fait partie des électeurs sénatoriaux radicaux-socialistes en janvier 1905.
Début 1906, Théophile Leteuil entre en conflit avec le maire, au prétexte d’irrégularités supposées dans la prise en charge de l’enfouissement des chiens retrouvés morts sur la voie publique, une accusation qui sera plus tard infirmée par une enquête préfectorale. Il qualifie le sujet de « scandale du bureau de bienfaisance ». Un autre conseiller municipal, Charles Léon Tardivon, se solidarise avec lui et tous les deux démissionnent du conseil municipal. Leteuil poursuit ensuite seul une guérilla politique contre la majorité radicale. Le comité radical-socialiste décide de sa radiation, à l’unanimité selon Georges Briolay, futur maire de la commune.
Fin 1907, Leteuil rejoint Eugène Hainsselin, alors conseiller prud’homme, ouvrier scieur, qui a été militant socialiste-révolutionnaire puis est brièvement passé au parti socialiste SFIO. Ensemble, ils forment un comité socialiste indépendant lors d’une réunion le 21 novembre, qui rassemble 400 électeurs. Félix Valbonnet, entrepreneur de mécanique, en est élu président.
Eugène Georges Desolle naît le 17 juin 1862 à Paris (20e arr.) Il est le fils de Louise Joséphine Morandy, lingère, et de son mari, François Marie Desolle, serrurier qui vivent rue de Ménilmontant.
En 1882, Eugène Georges Desolle est installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) comme plombier couvreur. Il vit dans le quartier du Centre, 14, rue du Pont. Ses parents sont devenus dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne.
S’il ne semble pas avoir effectué de service militaire, Eugène Georges Desolle s’engage dans les sapeurs-pompiers de Joinville ; il est sergent dans la compagnie locale en 1911. En mai 1890, il épouse à Joinville Françoise Amalric, originaire de l’Allier. Desolle exerce son activité comme indépendant jusque 1912, date à laquelle il s’associe avec un autre couvreur joinvillais, Lucien Lavoipierre au sein de la société Lavoipierre et compagnie.
Participant à des courses cyclistes depuis 1897, Georges Desolle devient président du Cyclo-Club joinvillois en mars 1903 en remplacement d’A. Clairfay, qui l’avait fondé. Il est toujours en fonction en octobre 1904. Le club semble avoir cessé de fonctionner à l’automne 1905.
Comme son associé Lavoipierre, Desolle s’engage dans la vie politique avec des tendances conservatrices. Il est candidat, en mai 1904, sur une liste d’obédience nationaliste conduite par Charles Dalbavie, et François Provin, voisin et ami de Desolle. Le maire sortant radical-socialiste Eugène Voisin remporte l’élection avec 50,2% des suffrages en moyenne dès le premier tour et 22 sièges sur 23, la liste de droite ayant 31,9% et un seul siège, une liste socialiste-révolutionnaire recueillant 14,9%. Desolle obtient 335 voix, soit 29,9% et n’est pas élu.
Après le décès de son épouse en février 1916, Eugène Georges Desolle se remarie en septembre 1916, toujours à Joinville, avec une veuve joinvillaise, Mathilde Léopoldine Deschamps, manutentionnaire.
Après le conflit mondial, il dissout en avril 1919 la société constituée avec Lavoipierre et vit désormais de ses rentes. Il déménage dans le quartier de Polangis, avenue de l’Île.
Il est de nouveau candidat aux élections municipales de novembre 1919, sur la liste du Bloc indépendant qui réunit des libéraux comme Jules Beauvais, des conservateurs et des royalistes, comme Georges Bitterlin, tous deux conseillers sortants du maire, radical dissident, Ernest Mermet. C’est la liste d’union entre les radicaux dissidents, les radicaux-socialistes officiels et des socialistes indépendants, conduite par Henri Vel-Durand, qui emporte tous les sièges après avoir obtenu au premier tour 44,8% des suffrages exprimés, devant la SFIO à 29% et le Bloc indépendant, à 26,2%. Desolle a 436 votes en sa faveur sur 1 694 exprimés (25,7%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. Le Bloc indépendant se retire avant le second tour.
C’est probablement Eugène Georges Desolle qui devient en décembre 1929 vice-président du Radio Joinville Club, présidé par M. Lesage. Cependant, son neveu Georges Eugène Desolle, vit également à Joinville à ce moment.
Eugène Georges Desolle meurt le 11 janvier 1943 à Joinville. Il était âgé de 80 ans et avait deux enfants de son premier mariage. Il était décoré de la médaille d’honneur des sapeurs-pompiers.
À son retour d’Amérique, l’abbé Mauran séjourne à Bruxelles. Il y publie, sous le pseudonyme de Un prêtre, un ouvrage intitulé La Voix d'un prêtre sur l'état social et le clergé. Selon la presse, qui le qualifie d’écrivain politique, « il s’élève dans cet écrit contre le désastreux mélange du spirituel et du temporel, contre l’immixtion du clergé dans la politique et l’abus que fout ses membres de leur influence morale pour livrer à l’animadversion publique les hommes qui ne partagent pas leurs idées. »
Justin Mauran fait également éditer, à Bruxelles, en 1870, un essai sur La vraie perfection enseignée par Saint-Joseph, envers lequel il a une dévotion qu’il lie au fait qu’il est fils de charpentier.
Vers 1869, il est en charge, selon Le Figaro d’un « tout petit ministère à Joinville-le-Pont » à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où la paroisse, fondée en 1860, n’a pas de poste de vicaire et dont le curé est alors l’abbé Marie Joseph Juhel.
Dans une lettre publiée dans Le Figaro en septembre 1872, il décrit les recherches auxquelles il se livre. « Je n'ai jamais assisté aux offices et cérémonies de l'Église dans les grandes solennités, surtout de la Fête-Dieu et des premières communions, sans avoir, presque tout le temps, le cœur serré cruellement par la crainte des accidents affreux qui peuvent résulter des ornementations et des toilettes, mêlés aux cierges, aux bougies enflammés. (…) Il y a une quinzaine d'années, j'appris avec bonheur qu'un savant avait trouvé un procédé pour rendre ininflammables tous les tissus, même les plus fins, et que plusieurs curés de Paris exigeaient rigoureusement que les confréries de femmes et les enfants de la première communion fussent habillées de robes et couvertes de voiles rendus ininflammables par ce procédé. Malheureusement, bientôt après, j’appris aussi que ce procédé dut être abandonné, à cause de ses imperfections. »
« Je fis un grand nombre de démarches auprès des chimistes, des savants, pour les supplier de tourner leurs vues de ce côté. J'osai même aller jusqu'auprès d'un prince de la science, un académicien des plus distingués. Impossible ! Impossible ! Me fut-il répondu (…) Alors je ramassai mon petit bagage de connaissances; je consultai un ami, grand chimiste, que j'avais, et je me mis à l’œuvre, employant à mes recherches tout le temps que me laissait mon ministère. Je n’avais pour m'aider que ma vieille bonne, qui restait ébahie en voyant mon tripotage et le désordre que je causais partout, qui se mettait, en fureur lorsqu'elle me voyait déchirer mon linge pour le brûler. Je ne fus pas très longtemps à trouver un principe qui me donna une espérance certaine. Mais l'application de ce principe, sa sûreté, sa simplification m'ont coûté trois ans de travail. Je dois de grands remerciements à M. Dumas fils, apprêteur à Tarare, qui mit son cabinet de chimie et son personnel à ma disposition ; il me donna ainsi les moyens de faire arriver mon procédé à la perfection à laquelle il se trouve. Voici, en deux mots, ses effets et la facilité avec laquelle il se présente Ininflammabilité parfaite, blancheur éclatante noir de soie, couleurs vives conservées indéfiniment, apprêt solide et à volonté, sans aucun apprêt si l’on veut, conservation et même raffermissement du tissu; bon marché, réduit à celui des apprêts et des blanchissages ordinaires ; enfin, très grande facilité dans l'exécution du travail. »
L’invention de l'abbé Mauran fut présentée à Paris lors de l'Exposition d'économie domestique en septembre 1872. Entre 1870 et 1876, une dizaine de revues et rapports en France et aux États-Unis mentionnent les travaux de Mauran. Les tissus étaient rendus ininflammables par un bain de borax, sulfate de soude et acide boracique. Le traitement empêchait également l’altération des couleurs.
En mai 1881, la commission de secours contre l'Incendie du conseil général de la Seine décide d’expérimenter le procédé Mauran sur une baraque que l'Administration doit faire construire.
Au cours des années 1880, l’abbé Mauran retourne dans le midi. Il fait rééditer son essai sur Saint-Joseph à Toulouse en 1882.
Justin Mauran meurt le 24 avril 1886 dans son village natal de Réalmont, où il était domicilié rue Cabrouly. Il était âgé de 69 ans.
Plusieurs livres de l’abbé Mauran ont été réédités sous format numérique au 21e siècle, dont Voyage de Paris à l'Île Bourbon ou La vie de M. Portalès (tous deux Hachette-BNF).