François Alexis Vannet naît le 29 janvier 1853 à Longwy-sur-le-Doubs (Jura). Il est le fils de Reine Fournier, journalière et de son mari Claude François Vannet, journalier également.
Devenu menuisier, François Vannet vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1891, avenue Pauline, dans le quartier de Polangis, avec une autre menuisière, Victorine Joseph Marchand. Par coquetterie ou souci des conventions, il la présente dans les recensements de population comme sa femme et lui octroie un âge bien inférieur à la réalité, mentionnant, suivant les enquêtes, 7 à 11 ans d’écart, alors qu’elle a 25 années de plus que lui. Ils se marient à Paris (7e arr.) en août 1902.
En mars 1901, François Vannet est un des fondateurs de la section de Joinville-le-Pont de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Le président de la section est Henri Lacroix, responsable du groupe socialiste-révolutionnaire de la commune et futur conseil municipal socialiste SFIO de la ville en 1912. Vannet complète le bureau en tant que trésorier-secrétaire.
Animée par des socialistes et des radicaux-socialistes, la section joinvillaise de la LDH très active, menant d’abord campagne contre le cléricalisme, le nationalisme et le militarisme. Elle réclame en 1902 la dissolution des tribunaux militaires. En 1905, elle soutient les victimes des massacres conduits en Russie pendant la révolution. Toujours en fonctionnement pendant la première guerre mondiale, elle est déchire après-guerre par l’exclusive lancée par le nouveau parti communiste mais reste en activité.
Après le décès de sa première épouse, en mars 1909, François Vannet épouse en décembre de la même année, une voisine également veuve, Estelle Malpert, âgée de 59 ans. De nouveau, il réduit de six ans l’âge de sa nouvelle femme sur les formulaires de recensement. Il exerce toujours son métier de menuisier en 1926, après la mort de sa seconde femme en février 1925.
Résident alors dans l’hospice Favier, rue du Four à Bry-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), François Vannet se marie une troisième fois avec Marie Marasse en novembre 1927 à Bry. Ils vivent ensemble dans un appartement de l’hospice en 1931. Sa femme meurt à Nogent-sur-Marne en octobre 1932.
La date de décès de François Vannet, qui avait alors 75 ans, n’est pas connue.
Ernest Proupin nait le 28 janvier 1895 à Saint-Bonnet-de-Bellac, en Haute-Vienne. Il est le fils de Marie Desbordes, cultivatrice, et de son mari, Jean Proupin, scieur de long, qui vivent dans le hameau de Lauberge.
Son père étant devenu gendarme, Ernest Proupin va avec sa famille résider dans l’Isère à La Tour-du-Pin en 1896 puis à Grand-Lemps en 1906.
Il fréquente sans doute l’école militaire préparatoire de Billom, dans le Puy-de-Dôme, puisque c’est dans cette commune, en janvier 1913, qu’Ernest Proupin s’engage dans l’armée pour cinq ans, le lendemain de son dix-huitième anniversaire. Il est affecté au 2e régiment d’artillerie de campagne et nommé brigadier en août 1913.
Pendant la première guerre mondiale, il est blessé en octobre 1914 au ravin du Bois-Mulot à Mécrin (Meuse) d’un éclat d’obus dans la tête. Nommé maréchal des logis en mars 1915, il est affecté à l’armée d’Orient en mai de la même année. Il est cité à l’ordre du régiment pour avoir « fait preuve de courage et de sang-froid en maintenant les hommes de sa pièce à leur poste malgré que cette dernière était soumise à un violent bombardement ennemi ».
De nouveau blessé d’un éclat de bombe à la gorge à en Turquie, il est rapatrié en France en juillet, puis exclu du service armé, qu’il reprendra en novembre 1918. Il devient maréchal des logis chef en juillet 1919 puis est démobilisé deux mois plus tard. Suite à ses blessures, il bénéficie d’une pension pour une invalidité estimée à 50%.
Après le conflit, Ernest Proupin s’installe à Saint-Sulpice (act. Ham, Somme) où il est toujours domicilié en 1924. Il est ensuite à Paris (3e arr.), boulevard Beaumarchais en 1926 puis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en janvier 1927. Il est domicilié dans le quartier de Palissy, avenue des Platanes.
Lors des élections municipales de mai 1929, Ernest Proupin est candidat sur la liste du Bloc ouvrier et paysan, conduite par le communiste Roger Bénenson. Il figure en 13e position sur 27. Proupin obtient, au premier tour, 337 voix pour 1 715 votants (19,7%) sur 2 491 inscrits. Proupin est l’assesseur de sa liste dans le bureau de vote qui couvre les quartiers de Palissy et Polangis. Les candidats communistes se maintiennent au second tour, mais ils n’ont pas d’élus, le radical Georges Briolay emporte 22 sièges dans une coalition de groupement des gauches associant radicaux-socialistes, socialistes SFIO et indépendants. La droite du maire sortant Stephen Durande gagne les 5 derniers postes.
En 1931, Proupin est représentant de commerce. Il est victime d’un grave accident de la route dans l’Oise, à Breuil-le-Sec, en février 1931. Sa voiture s'écrase contre un arbre après avoir tenté de dépasser un autre véhicule. Il est grièvement blessé.
C’est probablement Proupin qui, sous la désignation d’Ernest, remporte le concours d’abonnements lancé en 1933-1934 par l’hebdomadaire La Défense du Secours Rouge international.
Adhérent à la section de Joinville de l’association républicaine des anciens combattants (ARAC), Proupin en est exclu en août 1935 par la commission des conflits fédérale « en raison des malversations commises » par lui.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, Proupin est rappelé en activité en février 1940 dans le 21e régiment d’artillerie de campagne. À la fin de la campagne de France, il s’évade et se rend en Algérie, où il est démobilisé à Oran en septembre 1941. Il est rappelé à sa demande en novembre 1942, d’abord dans l’artillerie puis dans l’infanterie en 1945. Il est au sein des troupes françaises d’occupation en Allemagne en octobre 1945, avant de rejoindre le fort de Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) en janvier 1946 puis d’être démobilisé en mars de la même année.
Son appartenance à la résistance à l’occupation allemande est reconnue au titre des Forces françaises libres.
Se présentant désormais comme métreur et toujours domicilié à Joinville, Ernest Proupin est convaincu d’avoir commis plusieurs abus de confiance, notamment dans les communes de Nyoiseau (act. Segré-en-Anjou Bleu, Maine-et-Loire) et Daon (Mayenne). Il est condamné à 6 mois de prison par le tribunal correctionnel d’Angers en décembre 1949.
Ernest Proupin meurt le 26 septembre 1962 à Joinville. Il était âgé de 77 ans. Il avait été décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre avec étoile de bronze, de la médaille de la Victoire et de la médaille commémorative de l’armée d’Orient.
Avant la première guerre mondiale, la notoriété de l’école du Parangon devient assez grande. Henri Rousseau a associé, en 1909, son fils aîné, Louis, à la direction. Il est spécialement en charge de l’accueil des élèves étrangers. L’école est présente en 1913 à l’exposition universelle de Gand, présentant une bibliothèque pliante portative construite par les élèves, contenant une petite collection de produits coloniaux.
Au début du conflit, alors que son fils Louis est mobilisé, Henri Rousseau s’efforce de maintenir l’activité de l'Institution du Parangon. La rentrée est cependant décalée de deux semaines, début octobre 1914. L’enseignement est offert gratuitement aux enfants de mobilisés.
Dès le 3 août 1914, une Œuvre de patronage et d'hospitalisation des enfants est constituée au Parangon, sous la conduite du Dr Rousseau et de son épouse. Le sculpteur et médailliste Jules Édouard Roiné en est le vice-président.
En 1915, les activités de la Société de gymnastique et de préparation militaire du Parangon reprennent sous la conduite d’un militaire blessé.
Cependant, faute sans doute d’une clientèle suffisante, l’école ferme définitivement en 1917. Ses bâtiments servent à l’implantation d’un hôpital américain cette même année. À la fin du conflit, le service de santé de la Croix-Rouge française prend le relais. Après-guerre, la transformation du Parangon est envisagée par le département de la Seine, mais son aménagement est jugé trop coûteux. Ce sont finalement les Sœurs de l'Assomption qui s’y installent. Elles mènent une activité de garde-malades pour les pauvres.
Après la fermeture de ses établissements, le docteur Rousseau cesse son activité médicale en 1917.
En complément de son activité médicale, Henri Rousseau avait poursuivi son travail scientifique et fait œuvre de naturaliste. Outre des articles dans le Journal des campagnes, il publie plusieurs ouvrages comme Herbiers d’enseignement (1888), Atlas des plantes médicinales et vénéneuses (1895, réédité en 1920), Les Plantes nuisibles (1902). Il est également l’auteur d’ouvrages pédagogiques et de brochures scientifiques ou médicales, comme Contribution à l’étude de l’acide chromique (1878) ou Secours à donner aux noyés en attendant l’arrivée du médecin (1874).
Le Dr Rousseau est également impliqué dans plusieurs associations. Il est signalé comme membre de l’association de lutte contre l’alcoolisme La Tempérance entre 1881 et 1885. Depuis 1885, il participe à la Société nationale d'horticulture de France et y est toujours actif en 1905. Il intègre la Société de géographie commerciale de Paris en 1900 et continue d’y participer jusqu’en 1914. Sa contribution à l’Association française pour l'avancement des sciences est signalée en 1889-1890. Il est un des conseillers du Comité de Saint-Maur, Joinville et Charenton de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) en 1902 et en 1905. Enfin, il préside à partir de 1910 la Société de gymnastique du Parangon, structure de l'Union nationale des sociétés de tir de France.
En septembre 1923, il participe au congrès des jardins ouvriers qui se tient à Strasbourg (Bas-Rhin).
Henri Rousseau meurt le 23 octobre 1926 à Joinville. Il était âgé de 80 ans et était père de deux fils. Henri Rousseau était titulaire de nombreuses décorations : outre au moins six distinctions agricoles, il est officier de l’ordre de Nicham Iftikar (Tunisie), titulaire de la médaille annamite de Khim Kaï (Viêt-Nam), des Palmes académiques comme officier d’académie (mai 1889) puis officier de l’instruction publique (janvier 1897), et chevalier de la Légion d’honneur (juillet 1926).
Son fils aîné, Louis Jules, fut associé à la direction de l’institution du Parangon à partir de 1909, officier et décoré de la Croix de guerre.
Son fils cadet, Paul, avocat à la cour d'appel puis procureur et juge, épousa Alice Roiné, fille du sculpteur Jules-Édouard Roiné.
Devenu seul directeur de l’école du Parangon en 1897, Henri Rousseau était apprécié des élèves, même si sa très petite taille lui valait quelques sobriquets, comme ceux de Petit Bout ou Mégot. Il recevait chaque semaine dans son salon certains pensionnaires, pris parmi les plus méritants, et, outre des rafraîchissements, leur proposait de la musique et des récitations de vers. La remise des prix annuelle fin juillet ou début août, instituée par son père et poursuivie par son frère, devint, au fil des années, un véritable évènement, largement couvert par la presse hebdomadaire ou quotidienne.
La transformation de l’école du Parangon en une école pratique coloniale, à partir de 1899, est l’œuvre majeure d’Henri Rousseau. Elle aura un important impact dans l’opinion publique.
La création d’un enseignement colonial partit d’une réflexion que la France, qui venait de conquérir Madagascar, le Tonkin et l'Annam s’ajoutant à la Cochinchine, la Guinée, le Dahomey, la Côte d'Ivoire ou le Congo qui complétaient ainsi l’empire français, déjà composé des Antilles, de l'Algérie, de la Tunisie et du Sénégal. Pour les partisans de cette expansion coloniale, c’est-à-dire la plupart des partis républicains et une grande partie des milieux économiques, il fallait désormais mettre en valeur ces régions.
Le Dr Rousseau soutenait qu’on ne s’improvise pas colon, et qu’il faut encourager des départs, non dans l’illusion de faire fortune, amis pour accéder à un emploi rémunérateur. Il expliquait son intention : « J'ai limité le rôle colonial de mon établissement à la seule formation d'un colon travailleur, exploitant par lui-même, ou se mettant au service d’exploitations ». L'élève colon trouvait dans le domaine une ferme, un atelier et un jardin potager qui lui fournissaient les instruments propres à sa formation pratique. L’enseignement du Parangon était, par cet axe professionnel, nettement différencié des formations offertes par les chambres de commerce, et encore plus de celui de l'École coloniale, qui avait pour objet l’éducation des fonctionnaires. Si l’artisanat n’était pas négligé, le Parangon s’intéressait en priorité aux agriculteurs.
La clientèle de départ était constituée de jeunes gens, en particulier des campagnes, pour lesquels le Dr Rousseau négociait des subventions auprès des conseils généraux. Outre un apprentissage de langues étrangères, le programme des études comprenait la géographie, la botanique, la chimie agricole et industrielle, l'agriculture avec l'arboriculture, l'horticulture et la viticulture, la comptabilité et les principaux éléments du commerce, l'électrotechnique, la météorologie, l'hygiène et des notions de médecine humaine et vétérinaire, l’entretien et l’usage des machines ainsi que le dessin. Selon ses La Quinzaine coloniale, « Un élève qui sortira de Joinville-le-Pont ne saura pas tous les métiers à fond, mais il saura un peu de tous les métiers. Il sera en mesure de forger un écrou, de manœuvrer un appareil télégraphique, de débiter une pièce de bois, de lever un plan, de conduire une machine à vapeur; il saura faire du beurre et du fromage, préparer une peau et la tanner. »
Le Dr Rousseau devient une personnalité du monde colonial, recevant beaucoup de délégations, participant aux banquets et congrès et s’exprimant dans la presse de ce milieu. L’orientation agricole de l’enseignement fait qu’à partir de 1907, une proportion croissante des élèves va venir des populations indigènes, avec neuf jeunes originaires de l’Indochine ou de la Chine françaises, dont le prince Myngoon, fils du roi déchu de Birmanie Min Doon, réfugié à Hanoï.
Le soutien de l'Alliance française élargit le recrutement à quelques zones d’Afrique, comme Fernand Paraiso, originaire du Dahomey et descendant d’esclave, futur officier de l’armée française et résistant à l’occupation allemande. Un nombre limité d’autres élèves sont venus des Antilles ou d’Afrique du Nord.
Henri Jean Ferdinand Rousseau naît le 23 février 1846 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Désirée Catherine Nicole Lavenue et de Louis Ferdinand Rousseau. Sa mère est la fille adoptive de Jean Marie Molette, fondateur de l’école qui porte son nom, probablement le premier établissement pérenne dans la commune, et conseiller municipal. Son père, professeur dans ladite institution, en sera le repreneur à la mort de Molette et la développera, en l’installant dans le château du Parangon.
Ayant fait d’abord des études scientifiques, Henri Rousseau obtient une licence dans ce domaine. Pendant qu’il est encore étudiant, il est mobilisé dans l’ambulance du Parangon, hôpital auxiliaire créé par son père dans le domaine où était implantée son école, au cours de la guerre franco-prussienne de 1870. Selon l’historien Jean Roblin, les villages de Saint-Maur-des-Fossés et Joinville-le-Pont, situés à proximité immédiate du champ de la bataille de Champigny reçoivent une « véritable pluie de fer » entre novembre 1870 et janvier 1871. Le Parangon arborait sur son toit le drapeau de la Croix-Rouge ; il fut épargné au début. Mais, le 9 janvier, un obus éclata dans l’escalier du bâtiment occupé par un frère d’Henri, Jules Rousseau et son épouse. Femmes et enfants furent envoyés à Paris. La famille Rousseau prend en charge une trentaine de familles joinvillaises obligées de se réfugier dans la capitale pendant le siège avec la quasi-totalité de la population du village.
Durement touchée, Joinville a notamment perdu le pont qui a été détruit par l’armée française en décembre 1870 pour empêcher, en vain, l’avancée allemande. La bataille de Champigny, qui se dispute en partie à Joinville dans la zone, encore largement non habitée de Polangis, fait environ 2 000 morts dans les deux armées.
Après-guerre, Henri Rousseau poursuit un cursus de médecine, devenant docteur, lauréat de la faculté de Paris en 1878. Il est installé dans le domaine du Parangon et épouse, à Joinville en octobre 1875 une jeune professeure de lettres, orpheline et originaire de Cherbourg (Manche). Elle conduira ensuite, à ses côtés, une carrière littéraire, dramatique, mondaine et humanitaire.
Contrairement à son père et à son frère, Henri Rousseau n’a pas d’activité politique publique majeure. Cependant, en juillet 1888, il appuie la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien, lors d’une élection municipale complémentaire. Il représente une tendance républicaine modérée. En juin 1892/06/04, le conseil municipal de Joinville le nomme membre de la commission des logements insalubres, présidée par François Nicolas Couppé, adjoint au maire.
La disparition en 1889 de son père Ferdinand Rousseau et de Théodore Quirot, les deux fondateurs de l’école du Parangon, puis celle en 1897 de son frère aîné, Jules Rousseau, développeur de cette école, va amener Henri Rousseau à s’impliquer dans la gestion de l’institution du Parangon dont il reprend la direction. Il était jusqu’ici sous-directeur de l’école.
Louis Jules Rousseau naît le 11 août 1876 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Éléonore Delalonde et d’Henri Jean Ferdinand Rousseau. Sa mère est une personnalité mondaine et une écrivaine et dramaturge. Son père, professeur de science, docteur en médecine, prend la succession de son père et de son frère comme chef de l’école du Parangon. C’est un important établissement privé laïque d’enseignement de Joinville que ses parents transforment en une école pratique d’enseignement colonial.
Après avoir fait des études de droit et de langues à l’École spéciale des langues orientales à Paris, Louis Rousseau épouse en février 1902, à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Jeanne Marie Léonie Poullin, couturière. Ils vivent à Neuilly-sur-Seine en 1903, avenue de Neuilly (act. avenue du Général-de-Gaulle), puis à Saint-Maur-des-Fossés en 1906, boulevard de Créteil avant de s’installer en 1909 à Joinville, dans le vaste parc du Parangon. Louis Rousseau rejoint son père à la tête de l’institution dont il est, en 1911, le directeur au côté de son père. Il est spécialement en charge de l’accueil des étudiants étrangers, nombreux dans l’établissement.
Léonie Rousseau
Ayant effectué son service militaire entre novembre 1897 et septembre 1900, d’abord au 72e régiment d’infanterie puis dans une section d’état-major de recrutement, Louis Rousseau en ressort avec le grade de sergent. Il contribue à créer une Société de préparation militaire au sein de l’école, ce qui lui vaut en juillet 1913 une lettre de félicitations du ministre de la guerre. Il est rappelé au début de la première guerre mondiale et est nommé adjudant en août adjudant puis sous-lieutenant en mars 1916 et enfin, lieutenant à titre temporaire en juillet 1918. Rousseau sert au sein de la mission militaire française auprès de l’armée britannique. Son attitude lui vaut deux citations, l’une à l’ordre de la brigade, l’autre à l’ordre du jour général.
L’école du Parangon, que son père a tenté de maintenir pendant la guerre, ferme en 1917 et le bâtiment devient un hôpital américain. Louis Rousseau et sa famille vont s’installer à Dinard Saint-Enogat (Ille-et-Vilaine), où ils ouvrent d’abord une épicerie en 1920 puis une agence immobilière.
S’étant déjà fait remarquer par des conférences comme naturaliste en 1912, Rousseau adhère en 1914 à la Société nationale d'acclimatation et fait des communications notamment sur les oiseaux.
Louis Rousseau meurt le 7 janvier 1928 à Dinard Saint-Enogat. Il était âgé de 51 ans et avait deux enfants. Décoré de la Croix de guerre, il est inhumé à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).
Marcel Henri Robin naît le 19 septembre 1896 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Florence Joséphine Beaumann, couturière, et de son mari Auguste Robin, jardinier qui travaille pour la ville de Paris. La famille réside dans le centre de la commune, rue de Paris.
Le père, Auguste Robin, est d’écoré en février 1923 d’une médaille d’honneur agricole et obtient, en mars de la même année, une mention honorable pour son rôle de visiteur de la Société de secours mutuels des gardes et cantonniers de la ville de Paris.
Marcel Robin commence à travailler tôt puisque, au premier semestre 1911, alors qu’il a 14 ans, il est mentionné comme employé de la mairie de Joinville. Il s’est inscrit à la Société de préparation militaire du Parangon, installée sur le site de l’école coloniale dirigée par le Dr Henri Rousseau, et obtient, à ce titre, un diplôme d’honneur en août 1913.
Comme fonctionnaire municipal, Robin a été placé en sursis d’appel. Cependant, il devance l’appel de sa classe pour le service militaire, lui-même anticipé avec le déclenchement de la première guerre mondiale, et s’engage volontairement pour la durée de la guerre à Paris (12e arr.) en septembre 1914. Il est affecté au 18e régiment d’infanterie et devient caporal en novembre 1914 puis sergent en février 1916. Son comportement lui vaut une citation à l’ordre du régiment en novembre de cette année-là : « commandant un flanc garde du bataillon, a contribué par son attitude énergique à repousser une vigoureuse contre-attaque ennemie ». Il est démobilisé en septembre 1919.
Poursuivant son activité à l’hôtel-de-ville de Joinville, il en est le secrétaire adjoint en 1924, remplaçant Eugène Ernest Chauvin, devenu secrétaire général au départ d’Eugène Henri Doret.
En juin 1924, Marcel Robin épouse Marguerite Anne Louise Guérin, employée de banque et résidant dans le quartier de Polangis. Ils s’installent sur l’autre rive de la Marne, rue de Créteil (act. boulevard du maréchal-Leclerc). En avril 1925, la commune avait accordé à Marcel Robin un congé pour raison de santé. Son épouse meurt en juin de la même année, quelques jours après avoir donné naissance à leur fils Jean.
Parallèlement à son travail administratif, Robin s’implique dans la vie d’associations sociales. Il est, en 1923, secrétaire de la principale société locale de retraites, la 1164e section de la société Les Prévoyants de l’avenir. Il continue d’exercer la fonction en 1938. Robin est également en 1926 administrateur de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville et le reste en 1935.
Il devient, en avril 1935, secrétaire général de la commune au départ en retraite de Chauvin. L’hebdomadaire Voix des communes remarque qu’il est un « enfant du pays, élevé à la mairie. » Son livret militaire note qu’il séjourne, en 1937, à Lagos, au Nigéria.
Pendant la deuxième guerre mondiale, Robin est affecté à son poste en mairie et démobilisé de fait fin juin 1940. Il présente, en mai 1941 les « félicitations du personnel municipal » à Léon Lesestre, le maire (droite) élu en 1925 et reconduit dans ses fonctions par le régime de Vichy.
À sa place, il organise le Noël du maréchal Pétain en décembre 1941 avec le Secours national d’entraide. Dans son discours à cette occasion, le maire appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France ». Robin est également secrétaire du Comité d’assistance aux prisonniers, qui envoie des colis à Noël et à Pâques et peut soutenir les familles. C’est lui qui présente le rapport moral et le rapport financier de cette institution en janvier 1943 ; le comité a, à ce moment, des « finances florissantes. »
Deux fonctionnaires municipaux, François Balemboy, secrétaire général adjoint et un autre cadre, Georges Karcher, organisent au sein de la mairie le soutien à la lutte contre l’occupation allemande, diffusant les publication du Mouvement Résistance et soutenant avec de faux papiers les personnes voulant échapper au service du travail obligatoire (STO). La participation de Robin à ce réseau n’est pas attestée, mais son maintien en poste avec ces deux derniers après la Libération en août 1944 indique qu’il n’a sans doute pas fait obstacle à cette activité ; le maire et ses adjoints ont, par contre, été démis et arrêtés par le comité local de libération.
Après le conflit, Robin doit piloter un important programme de construction d’équipements et de voirie. Il est toujours en poste en 1953 et le reste peut-être jusqu’en 1961.
Marcel Henri Robin meurt le 23 novembre 1977 à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Il était âgé de 81 ans. Il était titulaire de nombreuses médailles : Croix de guerre avec étoile de bronze, Croix du combattant volontaire (accordée en juillet 1936), Croix du mérite de guerre italienne, mention honorable au titre de son activité dans la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers (novembre 1926), mention honorable au titre de son activité dans la société Les Prévoyants de l’avenir (août 1933), médaille d'argent des employés communaux (avril 1944) et Palmes académiques comme officier d’académie (février 1939).
Son fils Jean Robin, enseigne de vaisseau sur le porte-avions Arromanches qui patrouillait en Indochine, avait été abattu dans son avion en vol en décembre 1953, pendant la guerre du Viêt-Nam.
Nicolas François Couppé naît le 5 décembre 1825 à Paris. Il est le fils de Mélanie Augustine Pérée et de son mari, Louis Auguste François Couppé. Il épouse en octobre 1846 à Paris (2e arr.) en l’église Saint-Eustache Louise Félicie Samson.
Couppé fait fonctionner à Paris (4e arr.) en 1850 un atelier de doreur et argenteur sur métaux, qu’il spécialise dans la fabrication de flambeaux de style Louis XVI en 1856. La famille s’installera ensuite dans le 3e arrondissement, rue de Thorigny.
La situation de la Couppé pendant la guerre de 1870-1871, qui voit l’Empire français s’opposer aux puissances allemandes menées par la Prusse, n’est pas connue. Il est probable que son fils, Léon Auguste, s’est engagé ; il deviendra, dans la réserve de l’infanterie, sous-lieutenant en 1884.
Tout en conservant son domicile parisien, la famille Couppé dispose d’une résidence à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le nouveau quartier de Palissy, sans doute peu après la fin de la guerre. Ils acquièrent une maison mise en vente par Louis Hugedé qui lotit la rue qui porte toujours son nom.
L’implantation de François Nicolas Couppé sur les bords de Marne va l’amener à s’impliquer dans la vie locale. Il fait partie du groupe de républicains qui, en janvier 1878, portent le modéré Gabriel Pinson à la mairie, en battant le sortant Ferdinand Rousseau, bonapartiste. Le nouveau conseil municipal compte également quelques radicaux-socialistes.
La démission en 1879 du second adjoint, l’épicier Jules Marchais, conduit à la désignation de François Nicolas Couppé à ce poste. Un conflit éclate au sein du conseil, en septembre 1879 ; Alphonse Demeestère, qui sera plus tard le dirigeant du comité radical-socialiste de la circonscription, veut porter secours à Adolphe Morandy, ancien lieutenant des Francs-tireurs pendant la guerre franco-allemande de 1870 et officier sous la Commune de Paris en 1871, récemment amnistié et malade. Il lance une souscription, ce que conteste le maire. Couppé est signataire avec la majorité de la motion du conseil municipal du 27 septembre 1879, dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère. »
Lors des élections municipales de janvier 1881, François Nicolas Couppé est réélu conseiller municipal. Les places d’adjoints sont occupées par Eugène Voisin et Prince Amédée Gosset. Il est probablement secrétaire de l’assemblée. Les républicains modérés ont emporté tous les sièges, les radicaux ne siégeant plus.
Non réélu lors des élections municipales de mai 1884, qui voient le retour de plusieurs radicaux, Couppé est présent en mai 1888 sur la liste de Gabriel Pinson, qui emporte 18 des 21 sièges à pourvoir, les radicaux-socialistes, alliés à quelques socialistes-révolutionnaires, obtenant les trois autres. Il est élu avec 305 voix pour environ 550 suffrages exprimés (55%). Gabriel Pinson est réélu maire, avec Eugène Voisin et Nicolas Chéret comme adjoints. La mort de Pinson, en juin, conduit à l’installation d’Eugène Voisin à un poste qu’il occupera pendant un quart de siècle, tandis que Nicolas Chéret et Honoré Jullien sont adjoints. Mais la disparition du premier en février 1890 fait que Couppé est, de nouveau, appelé à remplir la fonction d’adjoint en avril de la même année.
Le remplacement de Pinson par Voisin marque un rapprochement durable de la majorité municipale avec le comité radical-socialiste, qui remporte la majorité des sièges à pourvoir lors de l’élection partielle de mars 1890. Par contre, elle précipite une rupture avec certains conservateurs.
Lors de l’élection municipale de mai 1892, La liste Voisin, sur laquelle figurent Jullien et Couppé, fait face à des adversaires de droite. Elle recueille au premier tour en moyenne 360 voix pour 639 suffrages exprimés (56,3%) tandis que les opposants conservateurs en ont 141 (22,1%). Les premiers ont 21 élus sur 23, la droite en ayant un et un indépendant entre aussi au conseil municipal. Voisin et réélu maire, Jullien et Couppé adjoints.
L’équipe en place n’a pas de concurrent en mai 1896 et est reconduite avec une moyenne de 800 voix. Le bureau maintenu est maintenu à l’identique.
La présence de concurrents socialistes-révolutionnaires en mai 1900 n’empêche pas la nouvelle victoire de la liste Voisin dès le premier tour. Couppé recueille 622 voix pour 1 096 inscrits. Le trio Voisin, Jullien et Couppé reste en place. Ce dernier achève son mandat en mai 1904, n’étant pas candidat à sa réélection. Paul Villain lui succède comme deuxième adjoint. Couppé aura siégé six ans comme conseiller municipal et seize ans comme adjoint au maire, soit vingt-deux ans de mandat. À côté d’un Honoré Jullien, de tendance radicale-socialiste affirmée, Couppé semble avoir représenté une tendance plus modérée. Il joua un rôle politique évident, étant la plupart du temps désigné comme électeur sénatorial et représentant régulièrement la commune lors d’évènements.
En janvier 1888, Couppé était devenu administrateur de la société de tir Les Volontaires de Joinville et Champigny, présidée par Louis Jules Debeuré, également doreur sur métaux, libre-penseur et qui sera élu conseiller municipal de Joinville sur la même liste que Couppé en mai 1888.
Nicolas François Couppé meurt le 11 mars 1906 à Joinville. Il était père de deux enfants, dont une fille morte en bas âge et avait été décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en janvier 1904.
Maurice Paul Coffin naît le 10 février 1890 à Neufchâtel-en-Bray (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il est le fils de Flore Adèle Marie Durier et de son mari Paul Coffin, marchand de nouveautés, tous deux originaires d’Amiens (Somme).
La famille Coffin est établie en 1902 à Lorient (Morbihan). C’est dans cette ville que son frère Léon naît ladite année, que le père, Paul Coffin meurt en avril 1908 et que Maurice Coffin, qui est alors voyageur représentant de commerce, s’engage pour trois dans l’armée en octobre de la même année. Un an plus tard, il est cependant réformé puis exempté de service militaire à cause d’une bronchite chronique. Le couple Coffin avait disposé d’un certain capital, puisqu’une maison de maître à Clohars-Carnoët (Finistère) fut mise en vente au profit des deux fils en octobre 1908.
Le même jour de décembre 1914, Maurice Coffin épouse Berthe Adrienne Liné à Abbeville (Somme) et est déclaré bon pour service. Il est affecté au 151e régiment d’infanterie. Signalé comme disparu en juin 1915, il est fait prisonnier et interné à Darmstadt (Hesse, Allemagne). Il est rapatrié mi-décembre 1918, retourne dans l’infanterie ou il est démobilisé en juillet 1919.
Installés à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1921, Maurice Coffin et son épouse résident sur le quai de la Marne, dans le quartier du Centre. Il s’engage publiquement dans la vie politique à l’occasion des élections municipales partielles d’octobre 1934, provoqué par la disparition ou la démission d’une dizaine de membres du conseil municipal. La municipalité, élue en 1929 avec à sa tête Georges Briolay, était constitué par une alliance entre les radicaux-socialistes, les socialistes indépendants et le parti socialiste SFIO. Ces derniers se sont retirés de la majorité, deux de leurs quatre élus démissionnant, tandis que les autres restaient en tant qu’indépendants. La SFIO présente une liste lors du scrutin, sur laquelle Maurice Coffin se trouve en quatrième position derrière Robert Derivière, tête de liste. Une liste communiste est également en lice, ainsi que deux listes aux contours flous, regroupant pour l’une des opposants à la municipalité et pour l’autres des personnes qui lui sont plutôt proches, mais on trouve des radicaux et des personnalités de droite sur les deux listes.
La liste d’opposition dite de Concentration républicaine arrive nettement en tête, avec 36,9% des suffrages exprimés, devançant les Républicains indépendants (25,4%), les communistes ayant une très courte avance sur les socialistes (408 voix en moyenne et 17,8% contre 403 et 17,5%). Suite au retrait des Républicains indépendants et de la SFIO, la Concentration républicaine emporte au second tour les dix sièges. Coffin avait obtenu 403 voix pour 2 297 suffrages exprimés sur 2 360 votants et 3 225 inscrits.
Lors des élections municipales générales de mai 1935, Coffin est de nouveau candidat en cinquième place sur la liste SFIO de Joinville, qui compte quatre représentants de commerce sur ses 14 candidats. Elle est à nouveau conduite par Robert Derivière. Au premier tour, l’Union des républicains (droite), arrive en tête (32,6%), devant les radicaux du maire sortant (26,7%) et les communistes de Robert Deloche (23,5%). Les socialistes sont au dernier rang, avec 12,3%. Coffin recueille 354 voix pour 2 856 suffrages exprimés sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.
Au second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent, avec à leur tête André Blocher, indépendant et secrétaire de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants). La droite emporte 25 des 27 sièges à pourvoir, avec 39,8% tandis que la gauche, avec 36,6% a deux élus. Les radicaux se contentent de 19,5%. Coffin est présent sur la liste unifiée et est crédité de 981 votes pour 2 899 suffrages exprimés (33,8%) sur 2 924 votants. Il n’est pas élu, les deux conseillers municipaux de la liste élus étant communistes.
Lors du recensement de la commune en 1936, Maurice Coffin est signalé comme « absent », ce qui s’explique peut-être par son activité commerciale itinérante.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, Maurice Coffin est membre du mouvement des Francs-tireurs et partisans français, proche des communistes, et incorporé dans le groupe des Forces françaises de l’intérieur de Joinville-le-Pont, dirigé par Robert Deloche, futur maire. Il combat militairement du 18 au 25 août 1944, date de la Libération de la commune. Il ne semble pas avoir pris part aux combats du pont de Joinville (23-26 août).
Maurice Coffin est vivant au décès de son épouse, en octobre 1950 à Joinville. Ils avaient eu deux filles, la cadette étant morte très jeune, tandis que l’aînée, Jacqueline, épousa Frédy Plé, conseiller municipal (divers droite) de Joinville-le-Pont entre 1959 et 1965 et fils d’un médaillé olympique d’aviron. En avril 1952, Maurice Coffin obtient un certificat attestant de sa participation à la Résistance. Il était alors âgé de 62 ans. Sa date de décès n’est pas connue.
Nicolas Émile Deiber naît le 13 mars 1847 à Neufchâteau (Vosges). Il est le fils de Marie Anne Villemont et de Joseph Deiber, tailleur d’habits.
Devenu employé de banque au Comptoir d’escompte de Neufchâteau, Émile Deiber épouse en octobre 1869 à Goussaincourt (Meuse) Adeline Sophie Mélinat, dont le père, ancien coiffeur, est hospitalisé à l’établissement des Incurables (act. hôpital Bicêtre, Paris) et dont la mère vit à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).
Peut-être Deiber combat-il pendant la guerre de 1870-1871, qui oppose la France à plusieurs États allemands, dont la Prusse. Il est officier dans la réserve, affecté au 80e régiment territorial d’infanterie comme sous-lieutenant en 1878. En mai 1884, il est promu au grade de capitaine dans la même unité.
La famille est installée en 1873 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue Bernier, dans le quartier du Centre, où naissent leurs deux filles. Émile Deiber est chef comptable dans la société des Forges de Saint-Maur, implantée dans la commune et dirigée par Alphonse Pilté. Elle emploie 150 ouvriers. Deiber témoigne devant le tribunal civil de la Seine en faveur de Pilté, qui agissait comme président de la caisse de secours des Forges de Joinville, contre un des employés blessé ; l’affaire est jugée en leur faveur en appel en 1878.
Cette même année, Deiber et Pilté font partie d’un groupe de républicains de la commune qui décident de s’opposer au maire sortant, bonapartiste, Ferdinand Rousseau. La liste emporte 20 des 21 sièges à pourvoir, le dernier échéant à un orléaniste. Gabriel Pinson, républicain modéré, est élu maire. Un conflit éclate au sein du conseil, en septembre 1879 ; Alphonse Demeestère, qui sera plus tard le dirigeant du comité radical-socialiste de la circonscription, veut porter secours à Adolphe Morandy, ancien lieutenant des Francs-tireurs pendant la guerre franco-allemande de 1870 et officier sous la Commune de Paris en 1871, récemment amnistié et malade. Il lance une souscription, ce que conteste le maire. Deiber est signataire avec la majorité de la motion du conseil municipal du 27 septembre 1879, dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère. »
Pour prendre la suite d’Alphonse Pilté, Deiber s’associe avec Julien Grand, administrateur, et devient directeur d’une nouvelle société, au capital de deux millions de francs, formée en juin 1879, la Société anonyme des forges, laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône, basée à Joinville, spécialisée dans les fers de ferraille. L’entreprise gère également les forges, laminoirs et aciéries d’Oullins (Rhône). Deiber devient ainsi maître de forges.
En janvier 1881, Deiber est réélu conseiller municipal de Joinville, sur la liste de Gabriel Pinson ; les éléments les plus radicaux, dont Demeestère, ne sont pas reconduits. C’est Deiber qui, au nom de la municipalité, prononce le discours pour l’inauguration des écoles communales, au moment où l’instruction publique devient obligatoire. Il conclut en assurant que « l'instruction était la compagne obligée de la liberté ». Le délégué du préfet, M. Roux, fait l'éloge de Joinville, considérant qu’il s’agissait de « la commune la plus instruite du département ». Elle accueillait déjà un important établissement privé laïc, le Parangon.
Selon l’historienne Michelle Perrot, Deiber, conseiller municipal républicain, « passe parmi ses ouvriers pour un royaliste ennemi des ouvriers ». Elle raconte l’anecdote suivante, qu’elle ne date pas : « Aux forges de Joinville-le-Pont, où sévit le chômage, les ouvriers ayant proposé de ne travailler que quinze jours pour employer tout le monde, le directeur Debert [Deiber] les apostrophe : Vous voulez travailler quinze jours ? – Oui – Eh bien ! Vous ne travaillerez pas du tout ; foutez-moi le camp. »
La dissolution de la Société des Forges laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône est décidée par les actionnaires en mars 1885. Deiber est désigné comme un des deux liquidateurs. Il vend aux enchères l’usine d’Oullins. L’usine de Joinville sera elle exploitée par la société Édouard Martin, Ducamp et Cie avant de rejoindre, en 1892, la Compagnie française du Bi-Métal.
Quittant les bords de Marne, Deiber s’installe rue du Parc-Royal, dans le quartier du Marais à Paris (3e arr.), où il reprend un atelier de fabrication de timbres élastiques et en caoutchouc. Il présente ses produits lors de l'exposition universelle de 1889 à Paris.
Revenant aux activités métallurgiques en 1896, il fonde la société Deiber et Allagnier avec son gendre, Alphonse Allagnier. Elle est basée à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), un peu en aval de Joinville. Il constitue en outre la société Deiber, Grondard et Cie pour fabriquer des bandages de roues, des chaudières et réservoirs. Ils rachètent, en 1897 un train circulaire pour le bandage des roues sans soudure. Au cours de l'exposition universelle de 1900 à Paris, elle est gratifiée d’une médaille d'or.
Nicolas Émile Deiber meurt le 13 février 1901 à Paris (3e arr.). Il était âgé de 53 ans et père de deux filles. Décoré des Palmes académiques, il était officier d’académie depuis 1881 et avait été fait ensuite officier de l’instruction publique. L’entreprise qu’il dirigeait en tant que maître de forges deviendra les Forges et laminoirs d’Alfortville en 1901.
L'usine métallurgique de Joinville-le-Pont en 1907