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21 juin 2021 1 21 /06 /juin /2021 00:01

Suite de la biographie d’André Biscaldi

Sur le plan politique, André Biscaldi s’affiche de manière particulièrement active en faveur du mouvement royaliste Action française. On retrouve une cinquantaine de fois mention de ses activités entre 1910 et 1938 dans le quotidien éponyme. Lors de réponses aux appels à souscription, il associe souvent dans ses réponses à souscription son épouse, sa fille (même quand elle n’a que quelques jours, puis sa compagne.

Dans les messages envoyés par André Biscaldi au journal royaliste, il y a d’abord la mémoire de son frère, Amédée, évoquée au moins treize fois jusqu’en 1936, cette dernière fois associée à celle de son second frère, Raoul. Les messages sont aussi directement politiques : en juin 1919, il écrit « pour que l’Action française vive, grandisse et assure le salut public ». En octobre 1920, il souhaite que l'Action française écrase, la presse vendue des Téry, et autres fourriers de la Social-Demokraiie et de la Finance anonyme et vagabonde », attaquant ainsi Gustave Téry, fondateur du quotidien L’Œuvre. Il appelle à « venger Marius Plateau », fondateur des Camelots du roi, assassiné en 1923 par une jeune anarchiste, Germaine Berton. Il contribue également en faveur de la veuve et des enfants d'Ernest Berger, trésorier de l'Action française et ancien adjoint de Marius Plateau, également victime en mai 1925 d’une autre anarchiste, Maria Bonnefoy. En 1929, les époux Biscaldi veulent que leur « petite Jeanine ne voie pas une sixième invasion », après celles de la France en 1792, 1814, 1815, 1871 et 1914. Il se prononce en octobre 1932 « Pour le diable Bitru », faisant écho à la polémique contre l’Action française lancée par le journaliste Eugène Gâtebois (alias Flavien Brenier). Biscaldi précise : « Trop petit Coty, ses bourriques et ses pique-assiettes », visant le parfumeur François Coty, propriétaire du quotidien L’Ami du peuple, qui a publié les articles en question.

Certains de ses messages ont une dimension interne. Ainsi, il critique les divisions internes au mouvement en février 1926 : « Ne vous égaillez pas, les gars ».

On retrouve souvent Biscaldi, avec son épouse, aux cérémonies, comme en mars 1927 pour l’anniversaire de la mort du prétendant au trône de France, le duc d'Orléans où, fréquemment le 21 janvier en mémoire de la mort de Louis XVI à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois de Paris.

C’est probablement André Biscaldi qui, en décembre 1935 envoie son obole au nom « d’un chômeur et sa famille ». Il envoie un message de sympathie à Charles Maurras, emprisonné fin octobre 1936 pour son rôle dans l’agression qui a visé le chef du parti socialiste SFIO Léon Blum.

Bien qu’il ait résidé dans deux communes qui entourent cette ville, c’est dans la section de Joinville-le-Pont de l’Action française qu’André Biscaldi milite. Il est en nommé vice-président, lors de la constitution officielle de ladite structure, en mai 1926, au côté de Charles Pernot et d’Alfred Masse. Il sert de relais pour la transmission des contributions de cette section au moins jusqu’en 1932.

Peut-être est-ce André Biscaldi qui écrit, dans le mensuel La Réaction, qui se présente comme l’organe royaliste de la banlieue Est, un article documenté sur les élections municipales à Joinville-le-Pont, dans lequel il est pris parti en faveur d’un candidat indépendant, Claude Noizat. Le journal assure ne pas le connaître mais se félicite qu’il « se réclame de l’esprit du 6 février », évoquant les manifestations antiparlementaires de 1934, et ait « affiché des dessins vengeurs du Témoin, de Paul Iribe », dessinateur fétiche de l’extrême-droite. Noizat ne sera pas élu.

Pendant la deuxième guerre mondiale, André Biscaldi devient membre du Parti populaire français (PPF), formation d’inspiration fasciste devenue l’un des deux principaux partis collaborationnistes. Même si Jacques Doriot, son fondateur, était un ancien communiste, une grande partie des membres du PPF était issue de l'extrême-droite. Lors du congrès du PPF en 1942, sur 7 200 membres présents, 420, soit 6%, étaient des anciens de l’Action française. Peut-être est-ce Biscaldi qui organise, en octobre 1942, une rencontre du PPF pour Saint-Maur et Joinville avec comme orateur Jolivet, membre du bureau fédéral.

Avec plusieurs cadres du PPF, dont Jacques Doriot, Biscaldi se réfugie en Allemagne en août 1944, après l’avancée des troupes alliées en France. Le gouvernement nazi a concédé au PPF l'île de Mainau, sur le lac de Constance où ils annoncent la création, en janvier 1945 d’un soi-disant Comité de libération française.

Il rentre en France pour reprendre un emploi dans la compagnie d'assurances Le Soleil. Il est licencié sans indemnité en mars 1948, par arrêté du préfet de la Seine, sur la proposition du Comité régional interprofessionnel d'épuration dans les entreprises. Le motif de son licenciement est qu’il « a, par son adhésion au PPF, favorisé les desseins de l’ennemi et s’est réfugié en août 1944 en Allemagne. »

André Biscaldi meurt le 27 mai 1979 à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle). Il était âgé de 86 ans et père d’une fille. Il avait été décoré de la Croix de guerre (1914-1918).

Fin

Une affiche de l'Action française en 1918

 

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19 juin 2021 6 19 /06 /juin /2021 00:01

Début de la biographie d’André Biscaldi

André Biscaldi naît le 11 novembre 1892 à Senlis (Oise). Il est le fils d’Ernestine Marie Zorra et de son mari Louis Biscaldi, marchand tailleur. Ses parents sont natifs du Piémont et de nationalité italienne. Ils obtiennent, en février 1894, la nationalité française pour eux-mêmes et pour leurs cinq enfants vivants.

Suivant les cours de l’École libre des frères chrétiens, André Biscaldi y obtient un prix d’honneur en août 1905. Il joue au football comme demi dans l’équipe GSP Saint-Rieul de Senlis, engagée dans le championnat de l’Oise.

Son père ayant acquis une boutique de tailleur pour hommes boulevard Saint-Germain à Paris (5e arr.), la famille vient s’installer rue du Bac.

André Biscaldi est arrêté en compagnie de deux autres camelots en décembre 1910, à tout juste 18 ans, pour avoir manifesté bruyamment dans les rues au sortir de la réunion de Paris (6e arr.) rue Saint-André-des-Arts qui a acté de la scission des organismes royalistes, parmi lesquels l’Action française prend le dessus. Il sort dans la soirée. Ces séjours en prison sont, pour les militants d’extrême-droite, des motifs de gloire en interne. Rapportant que Biscaldi avait raconté cette manifestation à la section de Senlis, le quotidien Action française écrit qu’il « a eu l'honneur d'être arrêté. »

De manière très régulière, André Biscaldi, comme toute sa famille, va participer aux appels de fonds lancés par la presse royaliste. Il en approuve les thèmes. Ainsi, en décembre 1910, il contribue, avec son frère Raoul, à la souscription « Le Juif sera vaincu » dont l’objectif est de « lutter contre la presse juive, contre la presse enjuivée, contre la presse asservie ». Il est de nouveau contributeur de l’appel « Pour la propagande du journal et contre l'or juif » en août 1913.

Biscaldi s’engage, dans les Camelots du Roi, service d’ordre et mouvement de jeunesse du groupe royaliste Action française, dont Charles Maurras est l’inspirateur. Il fait partie du groupe du 14e arrondissement de Paris. En décembre 1910, il rend compte à la section d'Action française de Senlis et du Valois de sa participation à une manifestation des Camelots du Roi et raconte qu’il « a eu l'honneur d'être arrêté. »

Le service militaire d’André Biscaldi débute en octobre 1913. Il est reste donc mobilisé dans son unité, le 171 régiment d’infanterie au début de la première guerre mondiale, en août 1914. Il passe au 35e régiment d’infanterie en septembre 1915 et est blessé, en novembre. Il est soigné à Carcassonne (Aude), à l’hôpital-auxiliaire n° 1.

Traduit devant le Conseil de guerre en décembre 1916 pour « refus d’obéissance sur un territoire en état de guerre », il se voit reconnaître des circonstances atténuantes et doit faire deux mois de prison ; après-guerre, sa condamnation est amnistiée. Transféré au 44e régiment d’infanterie puis au 135e, il est de nouveau hospitalisé à Angers (Maine-et-Loire) à quatre reprises entre mars 1917 et juin 1918, date à laquelle il est réformé pour « maladie mitrale très mauvaise ». Il a probablement été intoxiqué par des gaz de combat. En septembre 1921, une pension de 10% lui sera accordée. Il est démobilisé en décembre 1918.

Ayant séjourné à l’hôpital d’Angers (Maine-et-Loire) en 1917-1918, André Biscaldi y a rencontré Marguerite Jeanneteau, qu’il épouse sur place en novembre 1920. Ils vivent à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Godefroy de Cavaignac puis, à partir de 1924, dans la commune voisine de Saint-Maurice, avenue des Canadiens. À partir de 1931, André Biscaldi vit avec Jeanne Dupuis-Guébert, toujours à Saint-Maurice, mais dans la Grande-Rue. Cette dernière est présentée comme son amie dans le recensement de 1931, puis comme sa femme en 1936, bien qu’il n’y ait pas de trace de leur mariage. Ils élèvent la fille d’André Biscaldi et Marguerite Jeanneteau, Janine.

En matière professionnelle, André Biscaldi est géomètre topographe. Il se présente, à partir de 1924 comme métreur-vérificateur. À l’instar de son frère Raoul, et probablement avec lui, il est se déclare comme architecte en 1931. Il cesse probablement cette activité et semble avoir été chômeur en 1935. Il est ensuite contremaître pour l’entreprise de bâtiment Gillet à Paris.

À suivre

Des camelots du roi lors de la fête de Jeanne d'Arc

 

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17 juin 2021 4 17 /06 /juin /2021 00:01

Raoul Henri Biscaldi naît le 25 janvier 1891 à Senlis (Oise). Il est le fils d’Ernestine Marie Zorra et de son mari Louis Biscaldi, marchand tailleur. Ses parents sont natifs du Piémont et de nationalité italienne. Ils obtiennent, en février 1894, la nationalité française pour eux-mêmes et pour leurs cinq enfants vivants.

Scolarisé à l’école communale de la ville, Raoul Biscaldi obtient plusieurs prix d’honneur entre 1897 et 1899. Il participe, avec son frère André, à la représentation de la Passion, mystère de l’abbé Jouin, curé de Saint-Augustin, qui fait en avril 1908, selon Le Courrier de l’Oise « un triomphe. »

Mobilisé pour le service militaire en octobre 1912 au 152e régiment d’infanterie, puis transféré au 171e régiment d’infanterie, il est à l’armée au début de la première guerre mondiale.

Au cours d’une permission, Raoul Biscaldi épouse en octobre 1915 à Villers-Saint-Frambourg (act. Villers-Saint-Frambourg-Ognon, Oise), Julie Eugénie Pécheux.

Combattant sur le site de Vauquois, dans la Meuse, village qui fut l’objet des combats pendant quatre ans, en mai 1916, Raoul Biscaldi est blessé. Il est cité à l’ordre du régiment : « bon soldat. Bien qu’intoxiqué par les gaz le 19/05/1916 est resté à son poste d’observation et n’a été évacué que deux jours après. »

Du fait de son état, il est réformé temporairement en septembre 1916 et renvoyé dans ses foyers. Il est reconnu apte à reprendre une activité en janvier 1917 et affecté à la 20e section état-major. En janvier 1918, il est transféré à un compagnie d’ouvriers au sein du 2e groupe d’aviation puis, en février la même année, au 8e régiment de génie. Il est démobilisé fin janvier 1919. Réformé définitivement en septembre 1922 pour grosse insuffisance mitrale, il obtient une pension relativement faible (10%) ; elle sera portée à 90% en juin 1935.

Après le conflit, Raoul Biscaldi exerce la profession de métreur. Il vit d’abord à Senlis puis quitte rapidement son épouse et son fils pour résider à Paris dans le 17e arrondissement, rue Nollet, puis dans le 18e arrondissement d’abord rue Houdon, rue Ravignan et enfin rue André-Gill. Après son divorce en février 1922, il épouse en avril 1923 à Paris (18e arr.) Jeanne Marie Léontine Remeniéras. Rendant visite en automobile à ses parents, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) en octobre 1923, il renverse une piétonne. En juin 1926, il est condamné par le tribunal correctionnel de la Seine à quinze jours de prison avec sursis et cent francs d’amende pour « abandon de famille. »

Sur le plan politique, dans la continuité de l’engagement de ses frères Amédée et André, et avec l’assentiment de ses parents, Raoul Biscaldi est très engagé dans le mouvement royaliste Action française.

De manière très régulière, il va participer aux appels de fonds lancés par la presse royaliste. Dès décembre 1910, il contribue, avec son frère André, à la souscription « Le Juif sera vaincu » dont l’objectif est de « lutter contre la presse juive, contre la presse enjuivée, contre la presse asservie ».

À partir de 1920, il verse tous les ans une contribution volontaire au mouvement d’extrême-droite. Il précise, en juin 1920 comme en décembre 1921, que c’est « En souvenir de mon frère Amédée Biscaldi, mort pour la France et l'Action française ». Il associe, à partir de mai 1924, son épouse aux versements. Il participe à de nombreuses cérémonies, en souvenir des « morts de l'Action française » en juin 1925 ou pour l’anniversaire du décès du prétendant au trône de France, le duc d'Orléans, en mars 1927. Il est présenté, en avril 1928, comme membre, avec son frère André, de la section de Saint-Maur-des-Fossés de l’Action française.

Il divorce de nouveau en juillet 1930, et se remarie en mars 1932, toujours dans le 18e arrondissement, avec Germaine Marguerite Auboin. Il est devenu architecte en 1926, membre de la Société française des architectes. En 1930, il est chargé de construire le casino de La Rochelle (Charente-Maritime). En 1934, il supervise un chantier d’adduction d’eau à Vierzy (Aisne).

Le casino de La Rochelle

Raoul Biscaldi meurt le 18 juin 1936 à Clichy. Il était alors domicilié rue André-Gill à Paris (18e arr.). Âgé de 45 ans, il était titulaire de la Croix de guerre et de la médaille interalliée. Il a eu un enfant, qu’il n’a semble-t-il élevé que pendant une très courte période.

Son fils, Jacques Biscaldi (1916-2013), né de son premier mariage, a été résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. Il est reconnu comme ayant participé aux Forces françaises combattantes et aux Forces françaises de l’intérieur, en étant intégré au réseau CDM (Camouflage du matériel). Lieutenant, il dirige pendant la guerre d’Algérie la section administrative spécialisée de Laperrine (act. Tamanrasset). L’unité est chargée de « pacifier » le secteur, et de fournir assistance scolaire, sociale et médicale aux populations rurales musulmanes afin de les gagner à la cause de la France. Il est capitaine à la fin de sa carrière et décoré comme officier de la Légion d’honneur.

Almanach 1922 de l'Action française

 

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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 00:01

Amédée Antoine Biscaldi naît le 9 octobre 1888 à Senlis (Oise). Il est le fils d’Ernestine Marie Zorra et de son mari Louis Biscaldi, marchand tailleur. Ses parents sont natifs du Piémont et alors de nationalité italienne. Ils obtiennent, en février 1894, la nationalité française pour eux-mêmes et pour leurs cinq enfants vivants.

Comme son père, Amédée Biscaldi est coupeur tailleur. Il vit à Paris (14e arr.), rue de Vanves en 1908. L’année suivante, son père cédera sa boutique de Senlis à un associé et viendra se réinstaller à Paris (7e arr.), boulevard Saint-Germain.

Peu après son installation Amédée Biscaldi s’engage dans l’action politique. Âgé de 18 ans, Amédée Biscaldi est secrétaire général de la ligue de la Rose Blanche, mouvement qui se présente comme une « ligue de Jeunesse catholique et patriote ». Il est présidé par Achille Joinard. Il est de tendance royaliste et antimaçonnique. Très active à partir de 1906, la ligue organise des cérémonies patriotiques, déposant des gerbes de roses blanches ou de lys devant des statues de Jeanne d'Arc à Paris, place des Pyramides, place Saint-Augustin ou au Panthéon. Un novembre 1907, à l’invitation de la section du 15e arrondissement de Paris, Amédée Biscaldi donne une conférence sur le thème « Les Jeunesses révolutionnaires et les Jeunesses d'opposition ». À cette occasion, en conformité avec la ligne de la ligue, il invite « les membres des groupes d'opposition », c’est-à-dire les antirépublicains et ceux qui contestent la séparation, en 1905, de l’église et de l’État.

Biscaldi s’engage, dans les Camelots du Roi, service d’ordre et mouvement de jeunesse du groupe royaliste Action française, dont Charles Maurras est l’inspirateur. En mai 1909, il est arrêté avec 16 autres camelots, au sortir du banquet royaliste de la Saint-Philippe donné à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne) pour avoir crié « 'Vive le Roi I ». Il est relâché le jour-même. La proximité de Biscaldi avec certains des dirigeants est remarquée par la presse du mouvement, notamment Maurice Pujo. Il part au service militaire en octobre 1909, en même temps qu’un autre responsable, Maxime Real del Sarte ; une manifestation est organisée vers la gare de l’Est pour accompagner ce dernier.

Arrestation d'un camelot du roi à Paris, le 9 mai 1909, Wikipédia

Mobilisé au 1er régiment de génie, il est renvoyé à la vie civile en octobre 1911. Il se marie. Il est rappelé lors du déclenchement de la première guerre mondiale en tant que sapeur-mineur dans son unité.

Frappé d'un éclat d'obus à la cuisse, Amédée Biscaldi meurt le 30 septembre 1915 au cours des combats de Champagne entre les armées alliées et l’Allemagne. Il a été inhumé dans le cimetière de Minaucourt (Marne).

La veille de l’offensive, il envoie à sa femme et à ses parents une lettre, qu’ils transmettent au journal Action française. Elle est publiée le 14 octobre 1915 : « Je vous ai déjà dit quel était l'enthousiasme de tous ; c'est vous dire que, si je tombe, vous pourrez être fiers de votre fils, et toi, rna chère femme, de ton mari. Il m'est agréable et doux de vous remercier et de savoir que vos cœurs battent avec le mien en ces circonstances décisives. Regrettez-moi, mais ne me pleurez pas encore. Après la victoire définitive, après que, grâce aux efforts de ceux qui marcheront sur nos traces, l'ennemi sera pour longtemps réduit à l'impuissance, il sera temps de pleurer ceux qui ne sont plus. En ce moment, ne pensons tous qu'à la France ! Donc, chers parents, à Dieu ! Je prierai pour vous, lorsque le Tout-Puissant m'aura accueilli dans son lieu de repos éternel. Merci encore de vos bontés et que Dieu vous bénisse ! »

Le souvenir d’Amédée Biscaldi sera cultivé dans la famille, mais également au sein de la section du 14e arrondissement du mouvement Action française et dans la ville de Senlis ou dans la paroisse Saint-Thomas-d'Aquin de Paris.

Les combats à Mauricourt pendant la première guerre mondiale, Wikipédia

 

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13 juin 2021 7 13 /06 /juin /2021 00:01

Ernestine Marie Zorra naît le 18 septembre 1855 à (act. Piémont, Italie). Elle est la fille de Rose Camerano et d’Ange Zorra, tailleur. Asti est une ville de la principauté du Piémont, composante du royaume de Sardaigne. Elle est incorporé, en 1860, dans le royaume d’Italie et la famille en détient la nationalité.

Dans tous les documents d’identité en France, Ernestine Biscaldi utilise une forme francisée des prénoms de sa famille.

Asti, vers 1900, place de Rome

Installée avec son père à Senlis (Oise), elle est giletière et épouse en septembre 1878 dans cette ville, un autre tailleur italien, Louis Biscaldi qui vit à Paris (7e arr.), rue du Bac. Ils s’installent dans le 2e arrondissement, rue Saint-Denis, en 1879 puis, en 1880, reviennent à Senlis, place Henri-IV.

Au sein de la cité historique, ils résident dans plusieurs voies du centre : place de la Halle, rue du Chatel, puis place Lavarande avant de revenir place de la Halle. Son mari obtient, en février 1894, la nationalité française pour eux deux et pour leurs cinq enfants vivants. Elle avait également donné naissance à deux autres enfants, morts jeunes.

Les trois fils vivants des Biscaldi, qui sont tous militants dans milieux royalistes de l’extrême-droite, sont mobilisés pendant la première guerre mondiale. Le plus âgé, Amédée, meurt en septembre 1915 devant Verdun. Avant l'assaut, il rédige une lettre à sa femme est ses parents, que ceux-ci font publier dans le quotidien Action française. Il y écrit : « Regrettez-moi, mais ne me pleurez pas encore (…) En ce moment, ne pensons tous qu'à la France ! Donc, chers parents, à Dieu ! Je prierai pour vous, lorsque le Tout-Puissant m'aura accueilli ». Le frère d’Ernestine, Joseph Zorra, meut également à la guerre. Il est décoré de la médaille militaire et de la Croix de guerre

Dans la famille, mais aussi dans le mouvement Action française, le souvenir d’Amédée sera commémoré durant de nombreuses années.

Après le conflit, Ernestine Biscaldi et son mari sont installés à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Godefroy-de-Cavaignac. Comme ses deux fils survivants, elle répond à des appels à souscription du journal royaliste Action française. En septembre 1916, elle soutient le journal qui fait face à la crise du papier touchant la presse, indiquant qu’elle le fait « en souvenir de son fils Amédée, tué à Massiges, le 30 septembre 1915 ». En avril 1921, elle répond à un appel « Pour la reconstitution nationale » en précisant que c’est « à la mémoire d'Amédée Biscaldi ».

Ernestine Biscaldi meurt le 27 mars 1928 à Saint-Maur-des-Fossés. Elle était âgée de 72 ans. Elle est inhumée à Senlis, au côté de sa famille et de son mari.

Senlis, place de la Halle

 

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11 juin 2021 5 11 /06 /juin /2021 00:01

Louis Biscaldi naît le 23 décembre 1853 à Borgolavezzaro, (act. province de Novare, Piémont, Italie). Il est le fils de Thérèse Pisani et de son mari Joseph Antoine Biscaldi, cultivateurs. Le bourg de Borgolavezzaro dépend alors de la principauté du Piémont, au sein du royaume de Sardaigne. Il est inclus, en 1860, dans le royaume d’Italie et la famille en détient la nationalité.

Dans tous les documents d’identité en France, Louis Biscaldi utilise une forme francisée des prénoms de sa famille.

Borgolavezzaro, église

Devenu tailleur d’habits, Louis Biscaldi vit à Paris (7e arr.), rue du Bac. Il épouse, en septembre 1878 à Senlis (Oise), Ernestine Marie Zorra, fille d’un autre tailleur italien résidant dans cette ville. Ils vivent dans le 2e arrondissement, rue Saint-Denis, en 1879 puis, en 1880, s’installent à Senlis, place Henri-IV.

Dans sa nouvelle résidence, Louis Biscaldi va obtenir une réputation certaine dans son métier. Son activité se développant, il s’installe place de la Halle, où il conservera sa boutique. Ils vivront ensuite rue du Chatel, puis place Lavarande avant de revenir place de la Halle. En décembre 1901, le quotidien local, Le Courrier de l’Oise, qualifie Biscaldi d’« artiste du high-life. »

Parallèlement à son activité professionnelle, Louis Biscaldi joue de la clarinette. Il donne régulièrement des concerts, par exemple en novembre 1893, décembre 1897 avec la Senlisienne ou lors de la fête de la Sainte-Cécile, patronne des chanteurs et des musiciens, en décembre 1895 avec l’Harmonie des frères, dont il est devenu un des anciens. Considéré comme très habile, il est le soliste de ces orchestres. Le Courrier de l’Oise apprécie particulièrement ses « roulades de rossignol. »

En février 1894, Louis Biscaldi obtient la nationalité française pour lui-même, son épouse et pour leurs cinq enfants vivants. De ce fait, même si son âge le dispense de service militaire, il est affecté en tant que réserviste à un régiment d’infanterie.

S’étant adjoint en mars 1907 un associé à Senlis, M. Delon, Biscaldi va acquérir en février 1909 une boutique à Paris (7e arr.), boulevard Saint-Germain. Il a revend en décembre 1913 à Favier, avec lequel, il reste associé en 1921. La famille vit rue du Bac, à son ancienne adresse. L’aîné des garçons, Amédée, travaille avec son père.

Les trois fils vivants des Biscaldi, qui sont tous militants dans milieux royalistes de l’extrême-droite, sont mobilisés pendant la première guerre mondiale. Le plus âgé, Amédée, meurt en septembre 1915 devant Verdun. Avant l'assaut, il rédige une lettre à sa femme est ses parents, que ceux-ci font publier dans le quotidien Action française. Il y écrit : « Regrettez-moi, mais ne me pleurez pas encore (…) En ce moment, ne pensons tous qu'à la France ! Donc, chers parents, à Dieu ! Je prierai pour vous, lorsque le Tout-Puissant m'aura accueilli. »

Dans la famille, mais aussi dans le mouvement Action française, le souvenir d’Amédée sera commémoré durant de nombreuses années. En septembre 1916, il se joint à ses deux fils Raoul et André « fervents camelots du Roi » pour soutenir la propagande de l'Action française, car, lui écrivent ses fils, « c’est le seul journal qui dise vrai. »

Après le conflit, Louis Biscaldi et son épouse sont installés à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Godefroy-de-Cavaignac. Comme ses deux fils survivants, il répond à des appels à souscription du journal royaliste Action française, notamment en avril 1921 en précisant qu’il le fait « à la mémoire d'Amédée Biscaldi ». Il soutient également, en décembre 1921 l’érection du monument aux morts de Senlis, sur lequel le nom de son fils sera inscrit.

Louis Biscaldi meurt le 5 février 1927 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 73 ans et avait eu sept enfants, dont deux étaient morts jeunes. Il est inhumé à Senlis, où une messe d’enterrement avait été célébrée dans la cathédrale. Le Courrier de l’Oise et Action française publient des nécrologies.

Senlis, place de la Halle

 

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 00:01

Suite de la biographie de Marie Louise Iribe

Marie-Louise Iribe, qui fut une actrice du cinéma muet puis, après avoir vaincu ses réticences, du parlant, pionnière de la réalisation et de la production de films, connut des problèmes de santé. En 1929, elle tombe gravement malade à son retour de Londres. L’année suivante, son état de santé oblige à repousser la réalisation du film Le Roi des Aulnes.

L'Atlantide

D’autres soucis personnels vont s’ajouter. Les mariages successifs de Marie-Louise Iribe ne lui ont sans doute apporté que peu de satisfaction. Charles Fontaine, le premier de ses trois maris, l’acteur Charles Fontaine, partit à la guerre quatorze mois après leurs noces pour ne plus en revenir. Le second, également comédien, André Roanne, « se laissa prendre aux charmes andalous de Raquel Meller », chanteuse et actrice espagnole, « puis à la beauté blonde de Dolly Davis », actrice également, selon le journal de Dijon Le Progrès de la Côte-d’Or.

La troisième union ne dura guère plus de temps et finit de manière spectaculaire. Mariés en 1925, Pierre Renoir et Marie-Louise Iribe se quittèrent en 1929 et, à sa demande, le tribunal civil de la Seine prononça la séparation de corps en février 1930. Tandis que lui restait avenue du Président-Wilson, à Paris (16e arr.), elle revint chez sa mère et son beau-père, dans le quartier de Polangis, à Joinville-le-Pont, où d’ailleurs vivaient ses deux enfants, alors âgés de six et huit ans, après avoir engagée la procédure de divorce.

Le comédien Pierre Renoir était aussi directeur de la Comédie des Champs-Élysées. Il avait reçu de son père, Pierre Auguste, nombre d’œuvres, entreposées dans l’appartement familial. Début avril 1930, il déjeunait dans un restaurant en compagnie de son fils Claude, né d’un premier mariage avec l’actrice Véra Sergine. Rentrant chez lui, il constata que 40 tableaux et 30 dessins avaient disparu.

Pierre Renoir par Pierre Auguste Renoir

Accompagnée de trois messieurs, Marie-Louise Iribe était venue déménager les productions de Pierre Auguste Renoir, sans effraction puisqu’elle disposait toujours de la clé de l’appartement. Ses assistants auraient été le metteur en scène M. Pierre Lestringuez, son beau-frère et Jean Margueritte, critique de cinéma. Sachant bien qu’il n’y a pas de vol entre époux, Pierre Renoir dépose tout de même une plainte contre X, souhaitant faire identifier lesdits complices.

De son côté, Marie-Louise Iribe demande la mise sous séquestre des toiles, qu’elle soupçonnait son mari de vouloir écarter de la communauté avant le prononcé du divorce. Les avocats de Pierre Renoir font valoir que toute la famille de Marie-Louise se serait rangée du côté du premier, en refusant de recevoir le dépôt des œuvres. Cette dernière fait valoir qu’elle avait « de justes raisons de craindre » que son mari ne fît disparaître les toiles. Le juge décida de les confier à un peintre expert, en attendant la solution du divorce, qui sera finalement jugé en janvier 1933. La collection de cent tableaux de Renoir n’est pas vendue, comme l’aurait souhaité Marie-Louise Iribe, mais partagée entre les deux anciens époux.

Marie Louise Iribe meurt le 12 avril 1934 à Paris (16e arr.). Elle résidait avenue Montaigne et était âgée de 39 ans. Deux enfants étaient nés de son second mariage avec André Roanne, Anne Marie et Jean Rahou. Elle est enterrée, comme son oncle Paul Iribe, au cimetière de Barbizon (Seine-et-Marne), commune où résidaient sa mère, son beau-père et ses enfants.

Fin

Marie Louise Iribe, vers 1930

 

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7 juin 2021 1 07 /06 /juin /2021 00:01

Suite de la biographie de Marie Louise Iribe

L’irruption du son dans le cinéma provoque d’importants débats parmi les professionnels. Marie-Louise Iribe donne son point de vue dans le quotidien culturel Comœdia en juillet 1929 : « J’ai, pour ma part, une certaine inclination pour le cinématographe qui se contente d'images muettes noires et blanches (…) Les meilleurs films que je connaisse; je ne peux pas les imaginer parlé. Charlie Chaplin bavard m'assassinerait le cher silencieux Chariot. »

Quelques mois plus tard, elle change cependant d’avis et sonorise le nouveau film qu’elle produit et réalise tout en y jouant, Le Roi des aulnes, d’après la ballade de Goethe et le lied de Schubert. Elle s’explique dans l’organe populaire L'Ami du peuple en octobre 1930 : « J’avoue que l’assassinat si inopinément perpétré du film muet m’avait assez violemment peinée et indignée. J’avais cru en cet art nouveau basé sur l’expression pure et qui trouvait dans le silence — dans la musique du silence — sa plus haute signification. (…) Peu à peu m’apparut la possibilité de concilier ce qui tout d’abord m’avait semblé inconciliable : mon goût passionné pour le cinéma et l’invention nouvelle du parlant. (…) Le mouvement devait rester la grande loi du cinéma et la parole, puisque parole il y avait, devait être réduite aux justes proportions d’un accessoire. (…) D’autres préoccupations plus personnelles encore me portaient vers une formule d’art poétique et lyrique où la musique s’allierait à l'image pour créer le véritable poème à la fois visuel et musical que je rêvais. »

La réalisation du Roi des Aulnes est décrite par Marie-Louise Iribe comme « effroyablement difficile » elle se félicite du résultat, assurant, toujours dans L'Ami du peuple, avoir eu l’impression d’arriver à quelque chose qui correspondait à son être intérieur et  conclut : « Cette sensation est si rare dans notre métier de faiseurs de films. »

L’histoire du Roi des Aulnes est un peu amplifiée. Un père chevauche dans la montagne pour conduire à la ville son enfant malade qu’il porte dans ses bras. Son cheval, harassé s’écroule, épuisé, au moment où la nuit tombe, près d’un relai de poste. Malgré l’insistance du maître de poste, le père reprend sa route. Il traverse la forêt. Dans les bras de son père, l’enfant rêve à la légende du Roi des aulnes que lui a chantée tout à l’heure la fille du maître de poste. Il voit danser les elfes et les fées. Son père n’aperçoit que l'ombre des grands arbres, la danse des feuilles mortes et n’entend que les soupirs du vent. Le Roi des aulnes, accompagné de son timbalier fait retentir la forêt du choc sourd de son lugubre instrument, et étrangle l’enfant dans les bras de son père. Au matin, le père entre dans la ville et dépose le petit corps au pied de l’autel de l’église.

Roi des Aulnes

Le tournage n’est pas sans incident. Les scènes de forêt sont tournées en extérieur, près de Gérardmer (Vosges) en janvier 1931. Pendant cinquante-trois jours, il plut sans arrêt, et un constat d'huissier en fut d'ailleurs dressé.

Comme pour Hara-Kiri, l’accueil des milieux cinématographiques au Roi des Aulnes est réservé. Le critique du Temps, Emile Vuillermoz, regrette « l’effroyable tirage à la ligne » qui a transformé ce qui aurait pu être « un chef-d’œuvre ciné-lyrique » en un « monstrueux poème symphonique dépassant une heure et demie ». Pour autant, il se félicite de la formule du poème visuel et musical, dont il espère qu’elle sera suivie « pour arracher l’écran à sa médiocrité commerciale. »

Dans le journal Pour vous, on espérait aussi « vingt minutes d’angoisse et de surnaturel » au rythme goethien : « Il fuit au galop parmi les rafales !... ». Les dialogues ne convainquent pas Le Phare de la Loire : « Hélas ! à partir du moment où les personnages se mettent à parler, le charme est rompu. Chaque scène nouvelle distille un ennui de plus en plus épais » ; le quotidien de Saint-Étienne concède toutefois : « la chevauchée à travers la forêt nous vaut une succession d’images dont la poésie tragique est parfois intense. »

Pour sa part, L’Intransigeant est positif. Il voit « une belle réussite », trouvant très bien la partition de Max OIlone : « Rarement les images et la musique ont collaboré aussi étroitement et aussi heureusement. »

Du côté public, le film ne paraît pas avoir un grand succès. Il a aussi des conséquences sur la société de production. Son directeur, Edmond Epardeau, démissionne en février 1931 pour se consacrer à la revue Cinéma. Le tribunal des prud'hommes de Paris tranche également, de défaveur de Marie-Louise Iribe, dans deux conflits qui l’opposaient à son conseiller pour la mise en scène, M. Batton, et à l’actrice Mary Costes, femme de l’aviateur, qui jouait le rôle de la fée mais refusait de jouer aussi celui d’un elfe.

Pour Marie-Louise Iribe, qui a alors 36 ans, le Roi des Aulnes, dont elle avait également fait une version en allemand, Der Erlkönig, est la dernière interprétation, la dernière réalisation et la dernière production.

À suivre

Marie Louise Iribe en 1928

 

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5 juin 2021 6 05 /06 /juin /2021 00:01

Suite de la biographie de Marie Louise Iribe

Après la première guerre mondiale, devenue veuve, Marie Louise Iribe vit de nouveau avec sa mère et son beau-père à Joinville-le-Pont.

Elle va connaître en 1921 un grand succès au cinéma, dans le film de Jacques Feyder, L'Atlantide, d'après le roman de Pierre Benoit. Elle y incarne Tanit-Zerga, petite esclave amoureuse qui s'en allait mourir dans les sables avec sa mangouste aux yeux roses et contait pour le distraire de sa mélancolie au prisonnier de la reine Antinéa, le lieutenant de Saint-Avit, des histoires de Gao, sa ville natale. Elle y tournait avec un grand acteur, Jean Angelo qu’elle recroisera dans sa carrière.

L’assistant de Jacques Feyder, André Roanne (alias André Rahou), qui jouait également dans L'Atlantide, épouse Marie Louise Iribe à Joinville en octobre 1921. Ils ont rapidement deux enfants puis divorcent en 1923. La mère et le beau-père de Marie Louise les élèveront dans leur maison de Joinville puis, à partir de 1931, dans leur domaine de Barbizon (Seine-et-Marne).

André Roanne

Au théâtre, on retrouve Marie Louise Iribe aux Bouffes Parisiens dans deux pièces d’André Salmon et René Saunier, Deux hommes, une femme en 1924 et Natchalo l’année suivante. Le cinéma reste son activité principale, et elle a d’importants rôles dans un film allemand de Hanns Kobe, Nachtstürme, en 1923 puis dans Le Gardien du feu de Gaston Ravel (1924) et Un fils d'Amérique d'Henri Fescourt (1926).

Le troisième mariage de Marie Louise Iribe est célébré en novembre 1925 à Paris (16e arr.). Elle est domiciliée chez sa mère à Joinville et prend comme époux Pierre Renoir, artiste dramatique, directeur théâtre. Il est le fils du peintre Pierre Auguste Renoir, et le frère du cinéaste Jean Renoir.

Comme ses deux sœurs, sa mère, son beau-père et son nouveau mari, Marie Louise Iribe semble sensible aux campagnes menées par le quotidien royaliste Action française, et s’affiche dans une souscription qu’il lance en juillet 1925 avec le groupe local de cette organisation à Joinville.

La vie professionnelle de Marie Louise Iribe connaît un tournant avec sa décision de se lancer, en 1925, dans la production de films. Elle crée et dirige une société, Les Artistes Réunis. Les premiers films à son catalogue sont en 1927 Chantage d'Henri Debain et Marquitta de Jean Renoir. Elle tient le rôle-titre dans ce dernier film. Les échos critiques sur le travail d’actrice de Marie Louise Iribe sont bons, mais, pour presque tous, la référence reste L'Atlantide.

Puis, en 1928, suite à un désaccord avec Henri Debain, le réalisateur de sa nouvelle production, Hara-Kiri, elle prend sa suite cumulant ainsi les rôles de vedette, réalisatrice et productrice. Dans le journal Pour vous, en décembre 1928, elle explique ce virage : « J’aime surtout la mise en scène. J’aime beaucoup moins jouer. Ce qui me passionne, ce sont les lumières. La lumière qui exprime le sentiment d’un film. »

La performance physique de l’actrice est remarquée dans la presse : ainsi, au col de Voza, près de Chamonix (Haute-Savoie), elle tombe la tête en bas d’un précipice, « dans une couverture que tendaient, accrochés à cinq mètres plus bas au flanc du roc, quatre robustes guides » selon le quotidien L'Ère nouvelle. L’histoire est celle d’une Française, mariée à un savant, métis d'Européen et d’Asiatique, qui s’enfuit avec un jeune prince d’Extrême-Orient. Celui-ci meurt dans un accident de montagne et la jeune femme décide de se tuer.

Hara-Kiri

Mais l’accueil critique est plus mitigé. Paul Cordeaux, dans L’Écho de Paris, apprécie le pittoresque, mais moins « l'interminable scène où Mlle Marie-Louise Iribe, un exemplaire du livre Le Hara-Kiri à la portée de tous dans une main, un couteau dans l'autre, ne se décide pas à découper son abdomen. »

Le quotidien Bonsoir rappelle « qu’au cinéma le métier ne suffit pas ». Il constate une certaine lenteur, la faiblesse du scénario et conclut que « La photographie du film est impeccable mais Polikouchka, qui était plutôt mal photographié, nous faisait sangloter... »

Le principal organe culturel, Excelsior, salue certes « les dons certains » de Marie Louise Iribe, mais déplore lui aussi « des longueurs ».

Le Petit Journal relève « de beaux décors et une excellente interprétation », mais y voit « un film de vedette » qui « n'a pas su résister à ce narcissisme qui pousse [les vedettes] (…) à ne jamais imaginer qu'on peut les avoir assez vues, ce qui vaut au malheureux spectateur un interminable défilé de gros plans qui, malgré toute leur beauté, rendent l'action insupportablement longue ». Le grand quotidien met cependant en avant les « très grandes qualités d'intelligence et de sensibilité » de la réalisatrice.

La réception du public semble meilleure. Ainsi, L’Intransigeant pose la question : « Le vol peut-il être un hommage ? » Il y répond ainsi : « Oui, quand, à la faveur de l’affluence, les spectateurs dérobent à la porte de l’Omnia, les photos, de Marie-Louise Iribe et de Constant Remy dans Hara-Kiri. »

À suivre

Marie Louise Iribe en 1927

 

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3 juin 2021 4 03 /06 /juin /2021 00:01

Début de la biographie de Marie Louise Iribe

Pauline Marie Louise Lavoisot naît le 29 novembre 1894 à Paris (18e arr.). Elle est la fille de Jeanne Julie Iribe et de Louis Lavoisot, capitaine d’infanterie de marine.

La mère de Marie Louise, Jeanne Julie Iribe, était native de Séville et de nationalité espagnole. Le grand-père maternel, Jules Iribe était un ingénieur civil des mines ; il contribua au percement du canal de Panama puis au développement de l'exploitation minière de Madagascar. Il fut ensuite rédacteur du quotidien parisien Le Temps puis directeur du sanatorium d’Hendaye et enfin d’une maison de retraite à Paris. Le frère de Jeanne Julie, Paul Iribe, fut un peintre et dessinateur, marié à la comédienne Jane Dirys, puis compagnon de Gabrielle Chanel. Il dirigea plusieurs publications, dont Le Témoin, journal satirique, antiparlementaire, nationaliste et antisémite, mais également antiallemand. Il resta proche de Marie Louise, qui utilisa dans sa carrière le patronyme de ses ascendants maternels.

Le père de Marie Louise, Louis Lavoisot, s’était engagé dans l’armée en 1876 et était devenu officier dans l’infanterie de marine en 1880. Il servit d’abord en Polynésie puis en Nouvelle-Calédonie puis rejoignit Madagascar en 1885 comme capitaine. Il fut chargé par le premier ministre Rainilaiarivony de l'instruction des cadets de la reine Ranavalona III, puis, après la guerre de colonisation, devint commandant d'un cercle. Il épousa Jeanne Julie Iribe à Tananarive en mars 1892, étant le premier couple français à célébrer ses noces sur l’île. Il gagna l’Indochine en 1904, en tant que colonel, où il contracta une dysenterie qui l’emporta à son retour en France en 1908. Il était chevalier de la Légion d’honneur.

Remariée en septembre 1909 avec le docteur Auguste Giroux, champion olympique de rugby en 1900, Jeanne Julie s’installa avec lui et ses trois filles à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il avait son cabinet de médecin. Évoquant sa jeunesse, Marie Louise assure avoir été « élevée dans l'amour de la musique. »

Mariée en mai 1913 à 18 ans à Joinville avec le comédien Charles Fontaine, pensionnaire de la Comédie-Française, Marie Louise Lavoisot débute la même année une carrière artistique. Elle a suivi les cours de théâtre de Georges Berr au Conservatoire de Paris et est diplômée d’un second prix en 1914. Elle tient des petits rôles à la Comédie-Française, dans L’embuscade de Henry Kistemaeckers et La marche nuptiale de Henry Bataille et adopte le pseudonyme de Marie Louise Iribe.

Charles Fontaine

Sa première apparition au cinéma, alors muet, est dans Fleur fanée, cœur aimé, film de René Le Somptier en 1913. Le Somptier la fait de nouveau jouer dans Le Prix de Rome et Le Temps des cerises en 1914. Elle poursuit sa carrière pendant la première guerre mondiale, avec La Rencontre en 1914 et Les Pâques rouges, deux œuvres de Louis Feuillade. Jacques Feyder lui confie un rôle dans La Pièce de dix sous, sorti en 1916.

Pendant la même période, elle continue sa carrière, recrutée par Jacques Copeau au théâtre du Vieux Colombier, à Paris (6e arr.). Elle joue dans des pièces de François de Curel, Edmond Rostand, Henri Bernstein, Sacha Guitry, André Salmon et René Saunier.

Son époux, Charles Fontaine, mobilisé dans l’infanterie, mourut au cours de la guerre à Fleury, devant Verdun, en août 1916. Son corps ne fut jamais identifié. En 1924, la Comédie-Française érigea un buste pour lui rendre hommage. Il avait obtenu en 1913 un premier prix de tragédie et un premier prix de comédie au Conservatoire.

À suivre

Marie Louise Iribe en 1921

 

 

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