Début de la biographie de Paul Moucheraud
Yves Paul Moucheraud naît le 27 août 1866 à Paris (4e arr.). Il est le fils de Victoire Honorine Tiphaine, placière, et de son époux Lambert Moucheraud, peintre en bâtiment. Ils vivent rue de la Verrerie.
Devenu ouvrier lithographe dans une imprimerie, il s’engage très tôt dans le mouvement anarchiste. Il est cité comme participant, salle Lévis à Paris, à un affrontement entre des socialistes de tendance blanquiste des et anarchistes le 28 décembre 1884. Il fréquente plusieurs groupes libertaires : La Vengeance, La Lutte, L'Avant-garde Cosmopolite, Le Cercle International, L'Aiguille, Le Groupe anarchiste du 5e arrondissement… Il est secrétaire de la Ligue des antipatriotes. Son frère, aîné d’un an, Adrien Eugène, partage ses engagements.
En 1885, il est signalé à la prison politique de Sainte-Pélagie, à Paris (5e arr.). Il y retourne l’année suivante.
Arrêté le 15 juillet 1886 place de la République, il se plaint d’avoir été molesté par les agents du commissariat de la rue de Trois-Bornes. Il est inculpé pour agressions et insultes envers les policiers et emprisonné pendant huit jours à la prison de Mazas à Paris (12e arr.). Le quartier Le Cri du Peuple publie un entretien dans lequel il relate son « passage à tabac ». Il livre aussi une statistique : sur cent personnes arrêtées en même temps que lui, « une quarantaine avaient sur le visage et le corps couverts d’ecchymoses, et étaient accusés d’avoir frappé et insulté les sergents de ville. »
Le 17 août 1886, il est de nouveau condamné à trois jours de prison pour insultes à agents. Lors d’une réunion dans une salle de la Montagne Sainte Geneviève, à Paris, le 17 octobre 1886, il intervient pour engager les soldats à se débarrasser de leurs chefs car « la besogne des officiers ne consiste qu’à mener les hommes à la boucherie ». En septembre 1886, une nouvelle condamnation à 15 jours de prison vient sanctionner un collage d’affiches du 13 décembre 1885 pour avoir convoqué les ouvriers sans travail à un meeting de protestation contre le bal organisé par le comité des fêtes du commerce et de l'industrie parisiens. Un journal, peu suspect de sympathie pour leur cause, L’Intransigeant, dénonce « l’intolérance scandaleuse du président, qui n’a pas même laissé le prévenu Villaret présenter sa défense ». Il était un des trois autres typographes condamnés en même temps que Moucheraud.
Lors d’une réunion à Chatou (Seine, act. Hauts-de-Seine) du groupe L'Avant-garde en mai 1887, au cours de laquelle des militants célèbres comme Louise Michel, intervenaient, il participe à des échanges de tir au pistolet avec un groupe de réactionnaires. Ses compagnons et lui assurèrent avoir ouvert le feu pour « épouvanter la foule qui les poursuivait ». Comme son frère Adrien, il était membre de la Ligue des antipropriétaires spécialisée dans les déménagements « à la cloche de bois » et fondée par Couchot, membre du groupe La Lutte.
En 1888, Moucheraud est présenté comme ancien gérant du journal Terre et Liberté, un journal que le quotidien La Lanterne présente comme « l’organe officiel de l'anarchie. »
Un des faits d’armes de Moucheraud est, en mars 1888, la convocation par affiches dans la salle Rivoli d’une « Grande réunion publique sous la présidence d’honneur du général Boulanger. Protestation contre les injustices du ministère envers le général. Devant la mesure inique qui frappe un général républicain et patriote, nous invitons tous les patriotes à protester énergiquement, et nous faisons un appel pressant à tous les républicains, afin de prendre une résolution énergique. Orateurs inscrits : MM. Michelin, Laguerre; Laisant, députés, Henri Rochefort, journaliste. Prix d’entrée : 0,50 centimes ». Plus de deux cents personnes se rendirent sur place mais, après avoir attendu pendant une heure, ils se levèrent et voulurent réclamer leur argent ; mais les organisateurs de la réunion avaient disparu en emportant le produit des entrées, soit une centaine de francs. Aucune des personnes mentionnées comme devant intervenir n’avait été contactée ; elles étaient toutes représentatives du mouvement boulangiste (populiste). Seul jugé en mai la même année parmi les quatre personnes soupçonnées d’avoir organisé l’escroquerie, Moucheraud, arrêté au moment où il allait s'embarquer au Havre, se voit infliger un mois de prison. Les organisateurs du meeting avaient eu d’abord l’intention de faire une réunion antiboulangiste, mais, au dernier moment, l’avaient transformée en meeting boulangiste. Selon Le Figaro, il aurait dit à l’instruction : « Nous espérions, attirer ainsi plus de monde et par conséquent faire une plus forte recette ! » Moucheraud a prétendu qu'il avait bien écrit aux orateurs boulangistes dont les noms figuraient sur l'affiche, et que, n'ayant reçu d'eux aucune réponse, il en avait conclu qu'ils acceptaient son invitation. En quittant l'audience, il aurait déclaré, selon Le Temps : « Je laisse à la justice du peuple le soin de juger la justice bourgeoise. »
À suivre
Paul Moucheraud, 27 ans
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