Suite de la biographie de Paul Moucheraud
Paul Moucheraud fait un service militaire, probablement de deux ans, au sein du 91e régiment de ligne à Mézières (act. Charleville-Mézières, Ardennes) de 1888 à 1890.
Revenu à la vie civile, il reprend son activité militante et est de nouveau soumis à des mesures judiciaires et policières. Une perquisition à son domicile de la rue Charlemagne (Paris, 4e arr.) le 22 avril 1892 conduit à découvrir des journaux anarchistes. Il est ensuite « arrêté à titre préventif le 1er mai » selon Le Figaro, puis relâché.
Une autre perquisition, le 1er janvier 1894, ne donne aucun résultat ; elle fait suite à l’attentat commis par Auguste Vaillant à la chambre des députés le 9 décembre, qui a conduit à des mesures de police contre la mouvance anarchiste. Il est inculpé cependant pour « association de malfaiteurs ». De nouveau le 4 mars 1894, le domicile de Paul Moucheraud est perquisitionné, ce qui permet au commissaire du quartier de Saint-Merri de l’incarcérer, en même temps que son frère, à la prison de Mazas après avoir saisi une copie du Petit catéchisme socialiste du critique d’art Adolphe Tabarant. Il avait refusé d’ouvrir la porte de son logement du boulevard Saint-Germain tout en proférant des injures, selon le policier, qui recourut à un serrurier pour forcer l’entrée. Commentant les arrestations, le quotidien L'Écho de Paris, estime que les anarchistes arrêtés, 168 à Paris et 60 en banlieue, « Ce sont toujours les mêmes » que lors des précédentes rafles dans ce milieu.
Il est libéré le 4 juin. Mais dès le 30 juin 1894, le préfet de police délivre un nouveau mandat de perquisition sous l'accusation d’association de malfaiteurs et le commissaire de quartier de Saint-Gervais s’empare de sa correspondance ainsi que d’un autre pamphlet, L'attaque de la Bourse. De nouveau emprisonné, il sort le 9 juillet 1894. Le 18 juin 1895, le juge d'instruction Meyer l'a acquitté de toutes les accusations.
Après ce verdict, Paul Moucheraud semble avoir abandonné son engagement militant au sein du mouvement libertaire. Marié en décembre 1894 à Paris (4e arr.) avec Louise Hélène Blanche Bernard, il s’installe vers 1898 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où naissent ses quatre enfants.
À Joinville, Paul Moucheraud s’éloigne de ses convictions anarchistes antérieures. Ainsi, pour la déclaration de la naissance de sa fille Jeanne Lucie en novembre 1902, il choisit comme témoins un agent de police et un conseiller municipal, alors radical-socialiste, Théophile Leteuil. Lors de la naissance de son fils en juin 1904, il est assisté à l’état-civil d’un militaire, adjudant à l’école de gymnastique de Joinville.
En mai 1904, Moucheraud est candidat sur la liste socialiste-révolutionnaire qui se présente aux élections municipales. À cette date, la principale formation dans la commune est un groupe du Parti socialiste de France (Unité socialiste révolutionnaire), qui s’est détaché six mois auparavant du Parti socialiste français. Les deux dirigeants de ce groupe, Émile Lebègue et Henri Lacroix, sont à la tête des sept candidats, qui forment une liste incomplète, puisqu’il y a 21 sièges à pourvoir. Au premier tour, Moucheraud obtient 138 suffrages exprimés pour 1 119 votants (12,3%) sur 1 363 inscrits. Les socialistes n’ont pas d’élu, la liste de la municipalité sortante radicale-socialiste emportant 20 sièges, laissant le dernier à un élu de droite. Eugène Voisin est réélu maire.
Après la disparition de son épouse en juin 1907, Moucheraud rencontre des difficultés pour élever sa famille. En juillet, il sollicite du conseil général l'admission de ses enfants aux pupilles de la Seine. En novembre 1911, il lui demande qu'une de ses filles puisse intégrer un internat primaire. La famille réside alors boulevard de Champigny, à la Varenne, un quartier de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).
Pendant la première guerre mondiale, il n’est probablement pas mobilisé, ayant atteint la limite de 48 ans au moment de la mobilisation des catégories de réservistes les plus anciennes.
Il est décoré de la médaille du travail comme ouvrier imprimeur lithographe à la société Champenois, et demeure encore à La Varenne en février 1925.
Yves Paul Moucheraud meurt le 30 janvier 1945 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne). Il était toujours domicilié à Saint-Maur et âgé de 78 ans.
Son frère, Adrien Eugène, né en 1865, qui avait partagé son militantisme dans le mouvement anarchiste jusqu’en 1893, réalisa de nombreuses ascensions en ballon. Il fut également en 1899 « aéronaute des Républiques sud-africaines » et accompagnait les généraux boers lors de leur visite à Paris en 1902. Il exerçait comme son frère la profession d’imprimeur, lors de son mariage à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne) en 1905.
Fin
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