Jacques Alexandre Carpentier naît le 4 novembre 1822 au Tréport (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il est le fils de Marie Suzanne Carpentier et d’un père inconnu. Sa mère, veuve de Jacques Laurent Alexandre Postel, se remariera en décembre 1825 avec François Firmin Picard, marin pêcheur, qui élève le jeune garçon mais ne lui transmet pas son nom.
Devenu tailleur d’habits, comme son demi-frère aîné, et vivant toujours au Tréport, Jacques Carpentier épouse en juin 1847 à Formerie (Oise) Hortense Jourd’heuil, fille d’un huissier.
Au cours des années 1850, la famille Carpentier quitte la Normandie et s’installe à Paris. Ils vivent, dans la décennie 1860, d’abord rue Chabannais (2e arr.) puis rue du Rempart (9e arr.). En 1862, Carpentier constitue avec Prosper Félix Paris une société de confection pour dames, installée boulevard des Capucines sous le nom de Paris, Carpentier & Compagnie.
En 1878, les Carpentier résident à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). La participation de Carpentier aux élections municipales de janvier 1878 est probable. Cependant, son élection parmi les candidats républicains, mentionnée par le quotidien Le Siècle, n’est pas confirmée par les sources officielles.
Par contre, en janvier 1881, Jacques Carpentier est élu conseiller municipal. Le maire, Gabriel Pinson, républicain modéré, s’est fait réélire après avoir rompu avec les sortants proches du radical-socialisme.
Dans un assemblée locale majoritairement anticléricale, Carpentier fait partie des quatre élus qui, en avril 1885, refusent d’engager des poursuites contre les membres du conseil de fabrique, gestionnaire des fonds de la paroisse catholique, accusés d’avoir dissimulé des recettes de pompes funèbres.
Carpentier n’est pas réélu en 1888.
C’est peut-être Jacques Carpentier, mais plus probablement son fils Alexandre Carpentier (1858-1909), dentiste à Paris et résidant avec eux, qui est candidat lors des élections municipales de mai 1892 sur la liste d’opposition à la majorité radicale-socialiste, conduite par le Dr Jean Barborin et Albert Bocquentin. Carpentier obtient 78 voix pour 639 suffrages exprimés, soit 12,2%. Déjà, en juillet 1888, à l’occasion d’une élection municipale complémentaire suite au décès de Gabriel Pinson, Alexandre Carpentier faisait sans doute partie du « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines » qui soutenait la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien, républicain modéré, qui sera élu.
Jacques Carpentier meurt le 3 décembre 1892 à Joinville. Il était âgé de 70 ans et père de quatre enfants au moins.
Les préoccupations de Nicolas Chéret sont également sociales. Il reçoit en octobre 1885 une médaille d'argent « pour actes de courage et de dévouement signalés pendant le mois d'août » 1885. La Société nationale d'encouragement au bien lui accorde en 1885 une médaille. En la lui remettant, l’architecte Louis Hugédé, président de la section de la Croix-Rouge à Joinville, parle de « Nombreux sauvetages, nombreux services dans des incendies et autres circonstances périlleuses, dévouement continu aux malades et aux pauvres, soit en s'installant au chevet des malades, soit en leur fournissant les moyens d'adoucir leur position; a adopté l'aîné de onze enfants appartenant à une famille pauvre de la localité et dont la mère venait de mourir, l'a élevé, lui a fait faire ses devoirs religieux et, depuis cinq ans, lui prodigue des soins paternels. Dans un incendie, afin d'alimenter constamment les pompes, il est resté trois heures, les pieds dans l'eau glacée de la rivière. »
Sur le plan philosophique, Nicolas Chéret s’affirme comme un libre-penseur. Il est proche des autres militants de cette école de pensée dans la commune : le futur député Jules Ferdinand Baulard, le principal responsable radical-socialiste de la circonscription, Alphonse Demeestère ou le journaliste Henry Vaudémont. Comme ce dernier et bon nombre d’élus, Chéret est également franc-maçon.
Lors des élections municipales de mai 1884, Nicolas Chéret est candidat. Le maire sortant Gabriel Pinson, républicain modéré, est réélu tandis que des radicaux-socialistes, qui avaient quitté le conseil précédent, reviennent au sein de la municipalité. Chéret est le mieux élu des 21 conseillers, avec 399 voix sur environ 500 votants. À côté d’Eugène Voisin, il devient deuxième adjoint au maire.
En mars 1887, Chéret est le porteur d’une protestation, signée par trois cents personnes, contre la délibération du Conseil municipal de Paris qui supprime sur tous les champs de courses toute espèce de paris, ce qui concerne notamment l’hippodrome de Vincennes. Appartenant à la ville de Paris, cet hippodrome est situé dans le Bois de Vincennes, sur le territoire de la commune Joinville. Il apporte une importante clientèle aux commerces de la commune. Chéret souligne que, outre l’importance économique des courses, les sociétés gestionnaires accordent une subvention pour les pauvres secourus par le bureau de bienfaisance de Joinville.
Les élections municipales de juin 1888 voient un affrontement entre le maire, Gabriel Pinson, qui présente une liste de républicains modérés, et plusieurs de ses anciens colistiers de 1884, soutenus par le comité radical-socialiste, derrière Alphonse Demeestère. Les soutiens du maire obtiennent 18 sièges, contre trois radicaux. Nicolas Chéret, élu avec Pinson, est reconduit dans son poste de deuxième adjoint au maire. Il obtient dès le premier tour 360 voix, au troisième rang, pour environ 550 votants.
La mort de Pinson entraîne son remplacement en juillet 1888 par Eugène Voisin. Chéret devient premier adjoint ; le restaurateur Honoré Jullien devient deuxième adjoint. La municipalité se rapproche des radicaux, qui lui apportent un soutien.
À l’occasion d’une élection législative partielle dans tout le département de la Seine, début 1889, Chéret est, comme le maire Voisin et le conseiller général Baulard, membre d’un groupe de Joinvillais ayant souscrit pour soutenir la candidature d’Édouard Jacques, qui est soutenu par la plupart des formations républicaines, contre le général Boulanger, candidat populiste, qui l’emporte.
Nicolas Chéret meurt le 10 février 1890 à Joinville, en cours de mandat d’adjoint au maire. Il résidait rue des Cliquettes (act. rue Émile-Moutier) et était âgé de 63 ans. Il n’a pas eu d’enfant.
Son inhumation est l’objet d’une polémique dans la commune. Marie Henri Brégeot, alias Henry Vaudémont et qui signe alors du pseudonyme de Gringoire rend compte de la cérémonie dans l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes « Notre pauvre F.°. [frère] Chéret, après avoir résisté à dix-huit mois de maladie, est mort à la suite d’une administration des sacrements exécutée selon la sacrée formule. Cinq cents personnes environ lui ont fait cortège jeudi [13/02/1890]. Parmi celles-ci figuraient au moins deux cents libres-penseurs, dont la conduite, pleine de réserve et de dignité, peut être recommandée comme modèle aux adorateurs du Dieu de charité. M. [Eugène] Voisin, maire, prononça quelques paroles d’adieu sur le caveau provisoire de son premier adjoint. M. [Louis] Hugédé, hygiéniste, appela ensuite la miséricorde divine sur le pêcheur repenti que fut le défunt. Les libres-penseurs se turent. Ce n’est peut-être pas eux qui regrettent le moins sincèrement celui à qui Hugédé espère qu’il sera beaucoup pardonné. »
Nicolas Gustave Chéret naît le 4 avril 1836 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Joséphine Gautier et de son mari Louis Auguste Alphonse Chéret, bouchers dans la commune.
Le début de l’activité professionnelle de Nicolas Chéret connaît quelques difficultés. Il a repris la boucherie familiale de Joinville, après le décès de son père en 1855. Il est condamné, en décembre 1857, à six jours de prison et 50 francs d'amende pour « mise en vente de viande corrompue. »
Une partie des propriétés familiales est expropriée, en décembre 1855, pour permettre la création de la ligne du chemin de fer de l’Est qui va relier Joinville à la gare de La bastille, à Paris.
En avril 1858, Nicolas Chéret se marie avec Sophie Euphémie Desvaux dans la commune de Batignolles (act. Paris, 17e arr.).
L’ascendance familiale de Nicolas Chéret est fortement impliquée dans la vie civique. Son grand-oncle paternel, Louis Amédée Rouette, boulanger, fut conseiller municipal de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur puis de Joinville-le-Pont – le nouveau nom de la commune – de 1818 à 1848. Son cousin Amédée Louis Rouette, boulanger puis meunier et menuisier, a été aussi conseiller municipal de Joinville-le-Pont (1869-1878).
Un de ses arrière-grands-pères maternels, Pierre Nicolas Gautier, a été officier municipal de la commune de Saint-Maur en 1791. Il devint maire en 1792 et soutint, au cours de son mandat, la protestation de son conseil contre la séparation de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, qui deviendra Joinville. En 1794, alors que Saint-Maur avait été brièvement renommé Vivant-sur-Marne, Pierre Nicolas Gautier, marchand de vin, était présenté comme un ardent républicain.
Le deuxième de ses arrière-grands-pères maternels, Nicolas Gadau, fut agent national à Saint-Maur en 1794, c’est-à-dire en charge de la surveillance politique de la vie locale au sein de l’assemblée cantonale qui remplace la municipalité communale.
Son grand-père maternel, Nicolas Pierre Gautier, voiturier puis marchand de vin, fut adjoint au maire de Saint-Maur sous le régime de la monarchie de Juillet, en 1832 ; il conserva la fonction sous la seconde République puis au début du second Empire, jusqu’en 1854.
Quant à son père, Alphonse Chéret, il avait été élu, en juin 1840, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, au suffrage censitaire.
Dans la continuité de ses ancêtres, Nicolas Chéret va s’engager dans une activité politique. Alors que la commune est occupée par des troupes allemandes, wurtembergeoises et bavaroises, suite à la défaite après la guerre de 1870-1871, il est élu conseiller municipal en juillet 1871. Le maire est le conservateur Auguste Courtin. Le village, qui avait été évacué pendant le siège de Paris, est également marqué par les bombardements qu’il a subis et la destruction du pont de Joinville, principal axe de la commune.
Au cours du scrutin suivant, en novembre 1874, Chéret est réélu. Courtin cède, en cours de mandat, la place de maire à son premier adjoint, Louis Ferdinand Rousseau, chef d’institution (directeur d’école) et lui aussi conservateur, de tendance bonapartiste.
Les élections municipales de janvier 1878 voient la défaite des candidats bonapartistes, parmi lesquels figurait le maire sortant, face aux républicains qui élisent Gabriel Pinson, également issu d’une longue tradition politique familiale. Si le quotidien Le Siècle donne Chéret parmi les élus républicains, il semble que ce soit une erreur, les archives départementales ne le citant pas au sein des 21 membres du conseil qui sont identifiés.
Georges Félix Aumont naît le 29 juillet 1826 à La Forêt-du-Parc (Eure). Il est le fils de Marie Barbe Bouffay et de son époux, Jean François Aumont, tisserand.
Pendant qu’il effectue son service militaire en tant que canonnier au 5e régiment d’artillerie, en garnison en Alsace, Georges Félix Aumont se marie en août 1851 à Strasbourg avec Élisa Joséphine Denninger, fille d’un ancien militaire.
Devenu dentiste, Aumont exerce à partir de 1862 sur le quai Saint-Michel à Paris (5e arr.).
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Aumont s’engage dans la garde nationale à cheval, constituée pendant le siège de Paris. Il intègre le troisième escadron, commandé par le capitaine Agnan Demonts.
Après le conflit et l’insurrection de la Commune de Paris, Aumont reprend son activité comme chirurgien-dentiste et la poursuit jusqu’en 1878.
C’est très probablement lui qui s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, en cours de développement. Profitant de la croissance de l’activité touristique sur les bords de Marne, Aumont exploite un café-restaurant, avec un bal, rue de Brétigny. Ces établissements sont nombreux à Joinville, attirant une clientèle importante les dimanches.
Lors des élections municipales de janvier 1881, Aumont est élu conseiller municipal de Joinville. Les sources donnent son nom sous la forme « G. Aumont ». Le maire, Gabriel Pinson, est un républicain modéré, les élus les plus radicaux ayant été battus lors du scrutin. Il n’est pas réélu en 1884.
Le bal tenu par Aumont fait faillite en septembre 1885. La procédure se terminera par un concordat, signé en octobre 1886. Aumont redevient chirurgien-dentiste, en s’installant à Fontainebleau (Seine-et-Marne), rue de la Paroisse.
Georges Félix Aumont meurt le 11 janvier 1890 à Fontainebleau, un an après le décès de son épouse. Il était âgé de 63 ans et ne semble pas avoir eu d’enfants.
Jean Louis Rigault naît le 7 mars 1818 à Paris (1er arr.). Il est le fils de Rosalie Emilie Deloyen et de son époux, Louis Jean Baptiste Rigault, cuisinier.
Il se marie, en août 1839 à Paris, avec Marie Eugénie Noyer. Devenu avocat à la cour impériale, Rigault dispose d’un cabinet rue de Rivoli à Paris (1848-1867). Il mène également plusieurs opérations immobilières, par exemple à Levallois-Perret (Seine, act. Hauts-de-Seine) et à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
La famille Rigault s’installe dans cette dernière commune, route de Brie, dans le quartier de Palissy. Il y est inscrit sur les listes électorales en 1848, en tant qu’électeur censitaire. Le Journal de Roanne s’amuse, en février 1865, le l’héroïque tentative de fuite d’un lièvre pris dans la cour de la famille Rigault, tentant d’échapper à sa cuisinière en faisant des bonds de plus de trois mères.
Retiré des affaires juridiques, Jean Louis Rigault s’implique dans la vie politique de Joinville à partir de 1870. Suite à la programmation de la troisième République, il est élu en septembre 1870 conseiller municipal. Le maire est Auguste Courtin, conservateur. La population de la commune fuit la ville lors des combats du siège de Paris en décembre et se réfugie dans la capitale, où une mairie provisoire de Joinville est installée d’abord dans le quartier de Montparnasse puis boulevard Voltaire. Après l’armistice, la commune se repeuple, et des troupes allemandes d’occupation s’y installent jusqu’en septembre 1871. Le pont de Joinville, axe principal de l’Est parisien et importante source d’activité de la commune, avait été détruit en décembre 1870.
En juillet 1871, le conseil municipal est renouvelé ; Rigault est réélu et Auguste Courtin reconduit. Il en est de même lors des élections municipales de novembre 1874. Par contre, Rigault ne figure pas parmi les élus de 1878.
Jean-Louis Rigault meurt le 19 novembre 1890 à Joinville. Il était âgé de 72 ans et est inhumé au cimetière de Saint-Maur-des-Fossés. Son fils, Paul Jean-Louis Rigault, est notaire à Paris.
Le quotidien XIXe siècle, qui publie sa nécrologie, remarque qu’il était « un des plus riches propriétaires du quartier de la Madeleine » à Paris, ayant manifestement profité des travaux initiés par le baron Haussmann.
François Jean-Baptiste Jupille naît le 30 novembre 1869 à Port-Lesney (Jura). Il est le fils d’Adélaïde Chartron, cultivatrice, et de son époux Denis Jupille, employé de chemin de fer. Ce dernier sera ultérieurement garde-champêtre dans le village proche de Villers-Farlay, également dans le Jura. À 15 ans, Jean Baptiste Jupille est berger dans ce village.
En octobre 1885, le berger Jupille a été mordu par un chien enragé alors qu’il essayait de maîtriser une « bête furieuse » s’attaquant à des enfants à Villers-Farlay dans le Jura. Le maire du village demande alors à Louis Pasteur (1822–1895), professeur à l'École normale supérieure de Paris, de tenter le traitement anti-rabbique qu’il était en train de mettre au point sur Jupille.
Émile Mâle, historien de l’art religieux (1852–1904), raconte ainsi les évènements : « L’année [1885] s’avançait lorsqu’un grand événement bouleversa l'École. Louis Pasteur savait qu’il avait découvert le vaccin de la rage, mais il n’en avait pas encore fait l’application à un homme. On lui amena un matin dans son laboratoire de l'École un jeune berger nommé Jupille, qui venait d’être mordu par un chien enragé. La médecine ne pouvait que le laisser mourir. Pasteur, profondément ému, sentait que s’il réussissait, il apportait aux hommes un présent sans prix, le vaccin. Pendant les jours d’incubation, l'École entière fut dans l’anxiété ; mais quand nous apprîmes le succès, ce fut une joie débordante. Nous sentions que nous venions d’assister à un des événements de l’histoire du monde et nous étions fiers de notre grand ancien, dont tous les peuples allaient bientôt répéter le nom. »
Jean-Baptiste Jupille est le deuxième vacciné après l’alsacien Joseph Meister (le 8 juillet 1885). Ses injections ont été effectuées au laboratoire de Pasteur à l'École normale supérieure, rue d'Ulm à Paris, la première le 20 et la dernière le 30 octobre 1885.
Plusieurs scientifiques et historiens ont contesté la réalité des faits et l’attitude de Louis Pasteur lors des deux premières guérisons. Certains affirment que le chien qui avait mordu Jean-Baptiste Jupille n’était pas atteint de la rage. Des comptes rendus validés par l’Académie des sciences, dès 1885, ont pourtant accrédité la version de Pasteur.
Grâce à l'intervention de Pasteur devant l'Académie Française dont il est membre, Jean-Baptiste Jupille se voit décerner le Prix Monthyon (1 000 francs), destiné à « récompenser un Français pauvre qui se sera fait remarquer par une action héroïque. »
Il devient ensuite employé à l'Institut Pasteur, créé par le savant à Paris (15e arrondissement) comme laborantin puis concierge et enfin gardien-chef. Il y retrouve le premier vacciné, Joseph Meister.
En novembre 1894 à Ervy-le-Châtel (Aube) Jean Baptiste Jupille épouse Alexandrine Armandine Guerbet, dite marie, cuisinière.
Il s’installe avec son épouse en 1918 dans une maison du quartier de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il prend sa retraite en juillet 1922 et y décède le 29 septembre 1923. Il était âgé de 54 ans et père de trois enfants. Il est enterré au cimetière communal.
Le sculpteur Émile-Louis Truffot a réalisé une statue montrant sa lutte avec le chien enragé, installée d’abord à l’Institut Pasteur puis sous la voûte de la crypte mortuaire de Pasteur, installée au sein de l’Institut. La commune de Villers-Farlay a installé une fresque sur le mur de la mairie représentant Jupille. Elle a également donné son nom à une rue du village. La commune de Joinville-le-Pont avait donné en septembre 1995 le nom de Jean-Baptiste Jupille au centre municipal de santé ; il a été fermé en décembre 2003.
L'Académie Française lui avait décerné le Prix Monthyon (1 000 francs), destiné à « récompenser un Français pauvre qui se sera fait remarquer par une action héroïque ». Un billet de cinq francs a été émis le 5 mai 1966 par la Banque de France et est resté en circulation jusqu'en 1972 où Jean-Baptiste Jupille apparaît à l’avers du billet, dans la reproduction du bronze sculpté par Émile-Louis Truffot.
Amédée Louis Rouette naît le 24 septembre 1813 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Louise Desterne et Louis Amédée Rouette, boulangers.
Son grand-père, Pierre Louis Rouette, boulanger également, est alors membre du conseil municipal de Nogent-sur-Marne. Son père deviendra aussi conseiller municipal à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur et le restera quand la commune sera rebaptisée, en 1831, Joinville-le-Pont.
Ayant épousé Élisa Dautier, Amédée Louis Rouette exerce aussi le métier de boulanger. Il est cependant également meunier, attributaire en décembre 1850 d’un marché de fourniture de mille quintaux de froment pour l’armée. Installé à Maisons-Alfort, commune voisine de Joinville, il y est aussi répertorié en tant que menuisier à partir de 1854, tout en poursuivant le commerce de grains. Il réside à Joinville, dans le Centre, rue de Paris.
Comme plusieurs dizaines de résidents de Joinville, Rouette participe à l’effort de guerre en Crimée par des dons à l'armée d'Orient en 1856. Il contribue aussi à l’aide en faveur des inondés en novembre 1866
Poursuivant la tradition familiale, Amédée Louis Rouette est désigné comme conseiller municipal à la fin du régime du Second Empire, en janvier 1869 avec le conservateur Auguste Courtin comme maire. Il est élu à la même fonction après la proclamation de la Troisième République en septembre 1870, Courtin étant toujours en fonction.
La commune est touchée par de nombreux bombardements lors des combats du siège de Paris. La majorité de la population, et l’équipe municipale, se réfugient à Paris. Une mairie provisoire s’installe d’abord dans le quartier de Montparnasse puis boulevard Voltaire. Le pont sur la Marne, principal axe de la ville, est détruit en décembre 1870. Après la défaite, la population revient à Joinville où s’installent des garnisons allemandes qui occupent le terrain jusqu’en automne 1871.
Lors du scrutin de juillet 1871, le conseil municipal est largement reconduit, Auguste Courtin étant toujours maire et Rouette conseiller. Ils sont de nouveau réélus en novembre 1874. Louis Ferdinand Rousseau, le premier adjoint, également de tendance conservatrice et bonapartiste, remplace Courtin, qui quitte la commune, en septembre 1876. Mais la liste que conduit Rousseau lors des élections municipales de janvier 1878 est battue par les républicains conduits par Gabriel Pinson. Rouette ne siège plus au conseil.
Amédée Louis Rouette meurt le 10 juin 1891 à Joinville. il était âgé de 77 ans et avait eu deux enfants.
Sa veuve, Élisa Rouette, sera membre de la section de Joinville l'œuvre de l'allaitement maternel, principale association humanitaire dans la commune, en 1902-1904.
Louis Adolphe Gobin naît le 11 mai 1828 à Sézanne (Marne). Il est le fils de Marie Thérèse Paysant et de son mari François Henry Gobin, voiturier.
En juin 1854 à Paris (5e arr.), Louis Adolphe Gobin épouse Maria Rosalie Méaux. Il était alors employé puis fonde, en novembre de la même année la société Gobin, Méaux et compagnie, basée rue Saint-Denis à Paris (2e arr.), dont les associés sont sa sœur Joséphine, son beau-frère et son épouse. En février 1855, le commerce est rebaptisé Gobin et compagnie. Il est spécialisé dans la fabrication et la vente d’apprêts et feuillages pour fleurs. L’activité de la boutique se poursuit dans la même rue jusqu’en 1888, date où elle est cédée à E. Andrieu.
C’est sans doute après la guerre franco-prussienne de 1870-1871 que la famille Gobin s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est recensée, à partir de 1891, dans la quartier de Palissy, chemin de Brétigny (act. av. du Président-Wilson). Elle héberge un domestique à son domicile.
En janvier 1878, lors des élections municipales de Joinville, Louis Gobin est élu en même temps que Gabriel Pinson, républicain modéré. Le maire sortant, bonapartiste, Louis Ferdinand Rousseau, est battu, et sur les 17 élus du premier tour, pour 21 conseillers municipaux, on compte seize républicains et un orléaniste.
Le 27 septembre 1879, Louis Gobin est signataire d’une motion du conseil municipal dans laquelle une majorité des élus « blâment sévèrement le citoyen [Alphonse] Demeestère », principale figure de la tendance radicale-socialiste, qui avait lancé une souscription en faveur d’un ancien officier de l’insurrection de la Commune de Paris (mars-mai 1871), Adolphe Morandy.
Lors du scrutin suivant, en janvier 1881, les radicaux sont écartés, tandis que Louis Gobin figure parmi les sortants réélus, Gabriel Pinson étant reconduit au poste de maire. À l’automne 1882, Gobin est désigné pour siéger dans la commission municipale scolaire, constituée pour mettre en l’instruction obligatoire, laïque et gratuite instaurée l’année précédente.
Les élections municipales de mai 1884 voient la reconduction de l’équipe sortante, avec le retour de plusieurs radicaux, dont Demeestère. Gobin est crédité de 386 voix pour environ 500 suffrages exprimés dès le premier tour. Il est désigné, en juillet 1885 comme délégué sénatorial avec le soutien des radicaux.
Une nouvelle rupture entre Pinson et le comité radical-socialiste se produit pour les élections municipales de mai 1888. La liste du maire obtient 18 sièges, tandis que celle de Demeestère en a trois. Gobin est réélu dès le 1er tour avec 339 voix pour environ 540 suffrages exprimés. Le décès du maire et son remplacement, en juillet 1888 par son adjoint, Eugène Voisin, va provoquer le rassemblement des deux tendances, les radicaux prenant un poids de plus en plus important. Peut-être Gobin fait-il partie des cinq élus remplacés au cours d’un scrutin partiel en mars 1890. Il n‘est en tout cas pas élu en mai 1892.
Parallèlement à son activité politique, Louis Gobin est également vice-président de la société des sapeurs-pompiers de Joinville, principale structure mutualiste de la commune.
Louis Adolphe Gobin meurt le 18 octobre 1915 à Joinville. Il était âgé de 86 ans et père d’un fils. Il avait été décoré de la médaille de bronze de la mutualité en 1892 pour son engagement au sein de la société des sapeurs-pompiers.
Paul Henri Desplain naît le 24 décembre 1869 à Paris (18e arr.). Il est le fils de Flore Alphonsine Caroline Desplain, couturière, qui vit rue Constance et d’un père non désigné. Le mariage en décembre 1872 à Paris (19e arr.) de sa mère avec Étienne René Davezies le légitimera.
Bien que né en milieu urbain avec des parents qui restent parisiens, Paul Henri Davezies est d’abord cultivateur à Chézy (Allier) en novembre 1890, quand il effectue son service militaire dans le 160e régiment d’infanterie. Nommé caporal en août 1891, il devient sergent en mars 1893 et est démobilisé en novembre de la même année.
Après sa période à l’armée, il revient en région parisienne, d’abord en 1894 à Nogent-sur-Marne, avenue du Val-de-Beauté (Seine, act. Val-de-Marne) avec ses parents puis en 1895 à Saint-Maurice, Grande-Rue, commune proche où il est journalier.
Il se marie en octobre 1898 à Saint-Maurice avec Rose Marie Élisabeth Ferrand, également journalière dans la ville, et ils s’installent ensuite dans la commune voisine de Joinville-le-Pont. Ils s’installent dans le quartier Schaken, rue du Viaduc puis avenue de Joinville.
À partir de 1911, Paul Henri Davezies est employé par La Canalisation électrique, usine de câbles et fils électriques à Saint-Maurice fondée en 1896 par les frères Brait de la Mathe puis rachetée en 1912 par les Tréfileries du Havre.
Malgré ses 44 ans, Paul Henri Davezies est mobilisé au cours de la première guerre mondiale, en août 1914, d’abord dans le 36e régiment d’infanterie avant d’être, en septembre la même année, affectée à la 22e section de commis et ouvriers d'administration (COA). Tout en y restant incorporé, il est détaché en août 1917 dans son usine, puis démobilisé en décembre 1918.
Après le conflit, Davezies poursuit son activité au sein de La Canalisation électrique. Il participe à la société de secours mutuels du personnel de l’entreprise, fondée en juillet 1910 par Antoine Fabre. Il en est le président en 1925 et transmet la fonction en mai 1933 à Paul Lombart.
Dans sa ville de résidence, Joinville, il se charge de signaler à l’autorité les lampes ne fonctionnant pas de son quartier à partir de novembre 1926.
Ayant pris sa retraite, Paul Henri Davezies quitte Joinville pour s’installer chez son fils aîné, Alexandre René, à Rosny-sous-Bois, chemin des Soudoux. Il y vit en 1935, âgé de 65 ans. sa date de décès n’est pas connue. Décoré en février d’une médaille d'argent d’honneur des ouvriers, il avait également obtenu en avril 1933 une mention honorable pour ses responsabilités mutualistes.
Le troisième de ses fils, Maurice Davezies (1909-1991), participera à la résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale en tant que membre des Forces françaises de l’intérieur.
Paul Léon Rieux naît le 8 juillet 1888 à Seytroux, Haute-Savoie. Il est le fils de Josephte Eugénie Mudry et de son époux Joseph Rieux, instituteur.
Appelé au service militaire alors qu’il est étudiant, Rieux rentre dans l’artillerie dans un bataillon d’Albertville. Il est promu brigadier puis maréchal des logis en 1910 ; libéré en octobre 1911, il effectue une période de réserve en avril 1913 et est rappelé lors de la mobilisation générale de la première guerre mondiale en août 1914. Toujours affecté à l’artillerie lourde, il est nommé sous-lieutenant en juin 1916 puis lieutenant en juin 1918. Démobilisé en octobre 1919, il réside alors à Évian. Son parcours militaire lui a valu trois citations à l’ordre du régiment, de l’armée et du corps d’armée ; il est titulaire de la croix de guerre avec deux étoiles de bronze et d’argent.
Le mariage de Paul Léon Rieux avec Marguerite Juliette Richard-Cugnet est célébré en avril 1919 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Son épouse est la fille de Maurice Richard-Cugnet, alors conseiller municipal de Joinville et lui aussi originaire de Haute-Savoie, et la sœur de René Richard-Cugnet, qui siège également dans l’assemblée communale à partir de novembre 1919. C’est sans doute ce dernier, sous-lieutenant d’artillerie, qui fait se rencontrer les futurs époux. Les mariés s’installent dans la propriété des beaux-parents, avenue Jamin (quartier de Polangis).
Après avoir été employé de commerce, Rieux devient industriel. Il ouvre un atelier de décapage et polissage sur métaux, notamment de nickelage et dorure. Ses activités sont installées à Paris (3e arr.) d’abord rue Chapon puis rue du Temple.
Comme avant lui son beau-père et son beau-frère, Rieux va s’engager dans la politique locale. Il participe à la création d’une liste plutôt opposée à la municipalité de Georges Briolay (radical-socialiste) lors d’une élection municipale partielle en octobre 1934. Intitulée Comité de coordination pour la défense des intérêts de Joinville, la liste est conduite par une personnalité conservatrice, Léon Lesestre, mais comprend également un radical-socialiste, Émile Herluison. Son objectif est de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles. »
Arrivée en tête face à une autre liste comprenant plusieurs commerçants et à celles du parti socialiste SFIO et du parti communiste, le Comité de coordination emporte au second tour les dix sièges à pourvoir contre le PCF, après retrait des deux autres listes. Au premier tour, Rieux recueille 851 voix sur 2 297 suffrages exprimés (37%) pour 2 360 votants et 3 225 inscrits. Au second tour, il obtient 1 111 votes pour 1 903 exprimés (58,4%) et 1 964 votants. Il est élu.
Pour les élections municipales générales de mai 1935, Rieux se présente avec l’Union des républicains qui revendique une « séparation de l’administration municipale et de la politique ». Elle défend un programme axé sur la « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». S’opposant à la liste radicale-socialiste du maire sortant Georges Briolay, elle fait face de nouveau à deux listes SFIO et PCF. La liste, soutenue par la droite locale, arrive en tête au premier tour. Face au regroupement des candidats socialistes et communistes et avec le maintien de la liste de la municipalité sortante au second tour, elle emporte 25 des 27 sièges à pourvoir. Au premier tour, Rieux recueille 956 voix sur 2 856 suffrages exprimés (33,5%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits. Au second tour, il obtient 1 180 votes pour 2 899 exprimés (40,7%) et 2 924 votants. Il est réélu et Léon Lesestre devient maire.
Parallèlement à son activité professionnelle et à son engagement politique, Léon Rieux a également un rôle social en tant que président de la Société philanthropique savoisienne et de l’association des Enfants de Seytroux. Fondée en 1833, la Société philanthropique savoisienne est la doyenne des organisations d'originaires de province ayant leur siège à Paris. Reconnue d'utilité publique, elle vient venir en aide aux Savoisiens au chômage ou sans ressources. Alors vice-président, Rieux devient président fin 1935. Conformément aux statuts, il quitte sa fonction en décembre 1938. Il intègre alors l'Académie chablaisienne, basée à Thonon (Haute-Savoie) ; il en est toujours membre en 1943.
Ayant effectué deux périodes d’instruction en avril 1929 et octobre 1937, Rieux est rappelé lors de la deuxième guerre mondiale le 31 août 1939, bien qu’il ait alors 51 ans. Il est affecté à la commission d’achat et de réquisition du Parc régional de réparation et d'entretien du matériel d’artillerie (PRREM) de Lyon, Rhône. En décembre 1940, Rieux est démobilisé et réside toujours à Joinville.
Il reprend alors son activité municipale, participant notamment au Noël des vieillards organisé en décembre 1941 par le Secours national, organisation sous la houlette du maréchal Pétain, chef de l’État basé à Vichy. Lors de la réforme de l’administration locale, décidée par le régime en place, les conseils municipaux élus sur remplacés par des structures désignées. À Joinville, Rieux est renommé conseiller municipal par arrêté préfectoral du 20 février 1942. Léon Lesestre reste maire ; ce dernier et ses adjoints seront arrêtés, en août 1944, par le comité local de libération.
Paul Léon Rieux meurt le 17 février 1977 à Nice (Alpes-Maritimes). Il était âgé de 88 ans et avait eu un enfant. Décoré de la Croix de guerre avec deux étoiles de bronze et d’argent, il était titulaire des Palmes académiques comme officier d’académie depuis février 1938 et chevalier de la Légion d’honneur.
Le fils de Paul Léon Rieux, André Rieux (1920-1997), s’est engagé dans la résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. Il a été reconnu comme membre des Forces françaises de l’intérieur.