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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Charles Monsarrat

Toujours en place fin 1920 comme commissaire spécial de police des Halles centrales, dont il a tenu la fonction pendant toute la durée de la première guerre mondiale, Charles Monsarrat est désormais une personnalité en vue : il accueille des visites de parlementaires, de délégués étrangers, par exemple de représentants de la municipalité de Moscou, de jeunes ou d’intellectuels.

Il poursuit son travail de médiation en matière sociale. Ainsi, il va transmettre en décembre 1921 au préfet de police une protestation du syndicat des ouvriers de la viande contre l'emploi des Jeunes gens au-dessous de 17 ans, dans les abattoirs de la Villette et de Vaugirard. En novembre 1928, il s’efforce de mettre fin à la grève des abattoirs, conduite par le syndicat communiste CGTU, en réunissant les patrons camionneurs, commissionnaires et débardeurs pour fixer les nouveaux prix de camionnage et de transport.

Outre ses fonctions quotidiennes, Monsarrat s’exprime sur le devenir du marché. Il convainc, en novembre 1920, le conseil de Paris de déplacer plusieurs équipements. Il s’exprime, en septembre 1921 dans Le Petit Journal, assurant qu’il faut « Réformer les Halles ». Il doute cependant que cela puisse se faire à l'emplacement qu’elles occupent alors, dans le cœur de Paris. Il est conscient des problèmes hygiéniques et sanitaires : « au pavillon de la viande, la marchandise s'accumule sur le sol ; au pavillon de la triperie, on n'ose y pénétrer sans revêtir, une blouse. Le carreau forain n'est même pas couvert ; les légumes sont déchargés sur les trottoirs, sur la chaussée même, parmi le crottin et autres immondices ! » Il aimerait un endroit desservi par voie d’eau et le réseau ferré. Il se félicite cependant d’avoir fait installer, le mois précédent, un entrepôt frigorifique. Il veut le départ du commerce de détail qui occupe alors une grande partie des pavillons. Mais il souligne aussi la nécessité de maintenir un contrôle sur les opérations des commerçants, le marché n’ayant pas encore, selon lui, retrouvé une production normale.

En décembre 1925, Le Journal, qui conclut par un long entretien avec lui une vaste enquête, le présente comme « le vice-roi des Halles » où ses fonctions lui ont valu sympathies et inimitiés. Le journaliste Germain Mandle assure qu’il est « actif et plus documenté qu'un bénédictin ». Il assure qu’il faut agrandir les Halles, de préférence en surface mais aussi en sous-sol.

Prenant sa retraite de la police en juillet 1930, Charles Monsarrat part avec le titre honorifique de commissaire divisionnaire.

Ayant poursuivi ses responsabilités associatives antérieures, il s’est laissé convaincre de participer à certains organismes caritatifs liés au marché des Halles. Il est ainsi Président d’honneur de l’œuvre des orphelins des forts des Halles rn 1927, de la Chanson au sanatorium, de l’association philanthropique La Butte libre de Montmartre et de la colonie de vacances Les P’tits Quinquins.

Sa fonction de président des Enfants de Gayant de Paris l’amène à mettre en place une colonie de vacances qui portera le nom de Charles Monsarrat. Les 25 ans de son mandat à la tête de cette institution son célébrés, avec un peu de retard en 1933 et les 30 ans en janvier 1939, la presse assurant qu’il s’agit d’une « belle œuvre. »

Après son départ de la police, il prend une activité professionnelle dans le secteur privé, comme inspecteur d’assurance en 1931 puis au sein d’une imprimerie en 1936.

Son engagement associatif va se renforcer durant la deuxième guerre mondiale. Il est le président de la Fédération des Retraités de la Seine en 1940 et devient délégué général de la fédération des retraités communaux, départementaux et hospitaliers de France en 1942.

N’ayant pas été mis en cause pour son comportement vis-à-vis des autorités d’occupation, il devient vice-président de la Confédération générale des retraités en 1946.

Charles Monsarrat meurt le 27 octobre 1947 à Paris (13e arr.) où il était hospitalisé. Il résidait toujours rue des Pyrénées où il était installé déjà en 1926. Âgé de 72 ans, il était père de trois enfants. C’est un médaillé de la Résistance, Émile Lerouge, qui déclare son décès.

Le commissaire Monsarrat était titulaire d’une douzaine de décorations. Trois récompensaient des actes de courage et de dévouement : une médaille de bronze en octobre 1902 pour la « capture périlleuse d’un fou furieux armé », une autre en mai 1907 pour la « capture dangereuse d’un meurtrier » puis une médaille de vermeil en août 1910 pour son comportement, en début d’année, lors des inondations séculaires de la Marne. Détenteur des Palmes académiques, en tant qu’officier d'académie en août 1908, il avait été fait officier de l’instruction publique en février 1930 pour « services rendus aux œuvres scolaires. »

Les croix de chevalier puis d’officier du Mérite agricole étaient venues saluer son activité aux Halles de Paris en août 1922 et en juillet 1930. Son travail de médiation entre employeurs et employés a été cause de l’attribution du titre de chevalier du Mérite social en 1928.

La Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) lui avait remis une médaille d’or en mai 1926 pour son assistance aux soldats et réfugiés du département du Nord au cours de la première guerre mondiale.

Enfin, sur proposition du ministre de l’agriculture, Charles Monsarrat était devenu chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1928, notamment pour avoir « concouru à l’étude des questions relatives au renchérissement de la vie et s’est acquitté de ses délicates fonctions avec autant d’activité que de tact et d’autorité ». C’est au titre du ministère de la santé publique et de la population qu’il était devenu officier de la Légion d’honneur en juillet 1947, trois mois avant sa disparition. Ce sont notamment les secours aux soldats, prisonniers de guerre et réfugiés, ainsi que son activité en faveur des enfants, qui étaient alors récompensés.

La ville de Douai a donné à une de ses voies le nom de « rue Charles Monsarrat ». D’une longueur de 230 mètres, elle relie la rue du Quatre-septembre (où ses parents ont vécu) à la rue Émile-Morlaix ainsi qu’au boulevard Delebecque. Elle dessert le parc Charles-Bertin et abrite notamment un établissement, hébergeant l’Association des centres sociaux de Douai et le Centre social Gayant. La plaque de rue porte la mention « bienfaiteur de la ville, fondateur des Enfants de Gayant de Paris (1874-1947). »

Fin

Plaque de la rue Charles Monsarrat à Douai

 

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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Charles Monsarrat

En juin 1911, Charles Monsarrat est promu commissaire de police de la Ville de Paris et chargé du quartier de la Monnaie (6e arr.). Il laisse la place de Joinville-le-Pont à Louis Gourdel, venu de Montreuil. En janvier 1913, il est transféré à Belleville (20e arr.). En mai, il arrête rue de Ménilmontant, Gabriel Bonton, dit Gaby, âgé de vingt-huit ans, accusé d’avoir frappé à coups de canne plombée un agent de police lors d’une manifestation faubourg du Temple, le soir du 1er mai. Il est considéré comme liés aux milieux anarchistes des quartiers de Belleville et Ménilmontant. Des brochures révolutionnaires et antimilitaristes sont découvertes chez lui, ainsi que sa canne plombée et deux couteaux-poignards.

Alors qu’il n’était jamais resté très longtemps dans ses postes précédents, le record étant de 30 mois à Joinville, Monsarrat va obtenir, en janvier 1914 une affectation où il va s’installer durablement : celle de commissaire de police spécial des Halles centrales de Paris. Il est chargé des marchés d’approvisionnement de la Ville de Paris, mais aussi des abattoirs de La Villette et de Vaugirard. Il publie, dans le cadre du VIe congrès des pêches maritimes, qui se tient à Tunis en mars 1914, un article sur Le Marché du poisson à Paris.

Sa fonction aux Halles sera primordiale pendant la première guerre mondiale mais aussi à son issue, alors que l’alimentation de la capitale est compliquée par les combats, les destructions et les pénuries.

En 1909, alors qu’il dirigeait le commissariat de Pantin, Charles Monsarrat créa une association, dont il restera le président jusqu’à sa disparition, Les Enfants de Gayant de Paris. Les personnages de la famille Gayant sont des symboles de la ville de Douai depuis le 16e siècle. Chaque année, en juillet, des mannequins géants (signification du mot de gayant dans le parler artésien), sont transportés dans la ville, symbolisant sa défense contre les attaques dont elle a été victime. Le terme Enfants de Gayant désigne les habitants du territoire, et un square de la commune porte ce nom. La société amicale et philanthropique fondée par Monsarrat organise notamment un banquet et un bal annuels, généralement en novembre, pour financer ses activités. Elle apporte ses services aux originaires de cet arrondissement du département du Nord.

Pendant la première guerre mondiale, l’association va avoir une importante action humanitaire. Douai et ses environs sont occupés par l’armée allemande en octobre 1914. C’est toujours le cas en septembre 1918, quand toute la population restante est évacuée vers la Belgique puis que le centre-ville est pillé et incendié, notamment la place d’Armes où avait vécu la famille Monsarrat. Les Enfants de Gayant de Paris apportent 80 000 francs de secours en nature aux soldats du front ou prisonniers de guerre et procurent plusieurs centaines d’emplois aux réfugiés.

Peu avant l’armistice, le 4 novembre 1918, Monsarrat fait adopter, au siège social, rue de Richelieu à Paris, le vœu suivant : « Que les Allemands soient tenus de réparer Intégralement tous les dommages causés et que tous les crimes commis soient justement châtiés en la personne de leurs auteurs responsables ; Qu'avant toute conclusion d’un armistice l’ennemi sait tenu de rapatrier, dans des conditions de transport humaines et convenables, toutes les populations évacuées par la force et emmenées en esclavage ; Que non seulement l'Allemagne soit tenue de rendre matériel pour matériel, outil pour outil, mais soit astreinte à fournir la main-d’œuvre nécessaire à la reconstruction des usines et des immeubles détruits. »

Après l’arrêt des combats, il appelle les originaires de Douai à participer à la manifestation patriotique en l’honneur de l’Alsace-Lorraine organisée place des Ternes à Paris le dimanche 17 novembre.

Dans son activité de surveillance du marché des Halles, Monsarrat a mis en place, le 7 août 1914, soit moins d’une semaine après le début de la guerre, une commission comprenant des marchands de bestiaux, des bouchers, tripiers et charcutiers ainsi qu’un représentant du syndicat des travailleurs des Halles. Il la réunit chaque semaine pour fixer les prix maximums pour les viandes. En octobre 1915, il étend la détermination d’un prix-plafond à toutes les marchandises vendues aux Halles.

Une fois la guerre terminée, Monsarrat doit intervenir pour calmer les affrontements entre les commerçants et groupements de consommateurs. Lors d’une manifestation en août 1919, organisée par les crémiers qui refusaient de vendre leur marchandise moins cher qu'ils ne l'avaient achetée, un journaliste est molesté. Monsarrat se fit d'abord conspuer, puis applaudir quelques instants après, lorsqu'il proposa de soumettre les doléances des mécontents au préfet de police. 100 gardes républicains et 50 agents étaient venus renforcer l’effectif du commissariat. Mais les blocages et incidents conduisirent à la perte de beaucoup de produits, que la chaleur empêchait de conserver. Monsarrat fait arrêter plusieurs spéculateurs sur le marché aux veaux.

En septembre, ce sont les employés des Halles qui expriment leur mécontentement. Au cours d'une réunion syndicale, ils demandent au commissaire Monsarrat d'intervenir pour éviter d’avoir à se mettre en grève.

C’est de nouveau lui que, en janvier 1920, les ouvriers des abattoirs de la Villette et de Vaugirard, en grève, proposent comme arbitre. Il organise et préside la commission d’arbitrage, ce qui permet la reprise du travail.

En mars la même année, il provoque une réunion des bouchers et des tripiers pour traiter du prix des abats qui connaît une hausse « fantastique » selon L’Écho de Paris. Monsarrat l’attribue à la surenchère de centres de production de province pour avoir le monopole de ces ventes. Le commissaire assure que « Ces pratiques, non seulement il les condamne, mais il est résolu à poursuivre, sans pitié, ces spéculateurs. »

À suivre

Charles Monsarrat, commissaire de police en 1907

 

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11 juillet 2023 2 11 /07 /juillet /2023 01:01

Début de la biographie de Charles Monsarrat

Charles Jules Oscar Monsarrat naît le 21 décembre 1874 à Douai (Nord). Il est le fils de Philomène Marie Joseph Ponce et de son époux Étienne Louis Monsarrat, cordier. Ils résident place d’Armes. Sa sœur jumelle, Rosa Julia Philomène, meurt six mois plus tard. Son père (1836-1928) a été président d’honneur des anciens combattants de 1870-1871 dans son département et chevalier de la Légion d’honneur. Le frère aîné de Charles, Jules Monsarrat (1870-1934), docteur vétérinaire, sera officier de la Légion d’honneur.

Après avoir obtenu son baccalauréat, Charles Monsarrat s’engage dans l’armée pour quatre ans en mars 1895. Il est envoyé en Algérie, servant dans le 1er régiment de zouaves et y reste pendant toute la durée de son contrat. Il devient caporal en mai 1896 puis sergent en mars 1898.

Revenu à la vie civile, il épouse à Lille en mars 1900 Gabrielle Aimée Félicie Adèle Vandrisse. Le couple s’installe d’abord à Paris, rue Papillon (9e arr.). Embauché par la préfecture de police du département de la Seine, il est secrétaire de commissariat, adjoint du commissaire.

En mai 1900, il est affecté au commissariat de police d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne). Il désarme en août 1902, un « étudiant en médecine, parent d'un des plus grands artistes peintres du siècle », selon Le Matin, qui menaçait les passants avec plusieurs armes et qu’on estima victime du surmenage avant de l’hospitaliser à la demande de sa famille. Il est ensuite en poste à Boulogne (Seine, act. Hauts-de-Seine) puis nommé à Paris au quartier de la Roquette. Il occupe ce poste lorsqu’il est le premier reçu, en juin 1905, au concours annuel pour le grade de commissaire de police ou d’officier de paix. Il est nommé inspecteur principal des gardiens de la paix du sixième arrondissement.

Lors des grandes manifestations parisiennes pour le 1er mai 1906, Monsarrat dirige le service d’ordre fixe qui protège l'Institut de France, l'école des beaux-arts, l'école de médecine, ainsi que les patrouilles cyclistes, chargées de la surveillance des imprimeries.

Promu commissaire de police des communes de la Seine, c’est dans à nouveau à Ivry qu’il est nommé pour la première fois en janvier 1907. Il prend la succession de Gustave Pichenot, qui s'est suicidé. Il doit gérer, en août cette année-là, la disparition d’une enfant, dont la famille craint qu’elle ait été violée et assassinée ; elle sera retrouvée et le responsable du rapt arrêté. Plusieurs articles dans la presse relatent les recherches conduites par le commissaire.

Nommé en septembre 1908 à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), Monsarrat va y passer un peu plus d’une année jusqu’en décembre 1909.

Charles Monsarrat rejoint le poste de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commissariat important avec une trentaine d’agents, dont la circonscription comprend des villes comme Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne et Nogent-sur-Marne. Il est identifié en tant que franc-maçon par le Bulletin hebdomadaire des groupes du Grand-Orient de France, mentionnant une adresse à Paris, rue de Charenton (12e arr.) et sa fonction à Joinville. Il résidera dans cette ville route de la Brie (act. avenue Galliéni).

Dès sa nomination, la rivière qui arrose toutes les communes de sa circonscription, la Marne, connaît une crue séculaire. Champigny est une des localités les plus éprouvées, avec une superficie d'environ 300 hectares complètement submergée. Monsarrat organise un service de bacs pour évacuer les habitants en danger et les faire héberger dans des hôtels de la commune. Avec le début de la décrue, en février 1910, il faut prendre de « rigoureuses mesures d'hygiène » pour éviter la propagation de maladies, et la presse remarque que M. Monsarrat, son secrétaire et de tout son personnel font preuve d’un « inlassable dévouement », n’ayant pas pris un seul moment de repos depuis le début de la crue.

En même temps que la lutte contre les inondations, le territoire doit faire face à un profond conflit social : la grève des métallurgistes de l’usine du Bi-Métal, qui dure trois mois, est soutenue par plusieurs autres groupes d’ouvriers de la Canalisation électrique, à Saint-Maurice, ou Leclère de Montreuil et conduite par la Confédération générale du travail (CGT). Des bagarres se produisent quand les propriétaires de l’usine tentent de faire remplacer les ouvriers qui ont arrêté le travail par des « nettoyeurs », qui doivent également dégager les installations qui ont été recouvertes de boues par la montée des eaux. Une centaine de grévistes conspuent et frappent la vingtaine de « jaunes », tandis que les agents qui viennent s’interposer sont accueillis avec des coups de revolver. Six des meneurs du mouvement sont arrêtés, dont le secrétaire du syndicat, Ingweiller, porteur d’une arme. Cependant, la troupe commandée par Monsarrat ne fit pas feu.

Le comportement du commissaire n’est pas apprécié par les grévistes. Le 20 mars 1910, lors d’une réunion publique tenue dans la commune voisine de Saint-Maurice, ils adoptent la motion suivante : « À Sa Majesté le commissaire de police. Depuis quelques années, de même qu'un empereur vous commandez en chef. Non content de cette quasi-majesté, vous vouliez nous faire subir le régime de votre bon plaisir ; vous vous êtes trompé, nous ne sommes pas vos esclaves, soyez-en persuadé, en prenant connaissance de l'ordre du jour suivant : Les compagnons révolutionnaires de Saint-Maurice protestent contre les brutalités du tyran, chef de la police de Joinville, cherchant par tous les moyens à faire un nouveau Villeneuve, et préviennent tous les exploiteurs que les camarades sont prêts à descendre dans la rue ». Les syndicalistes font référence à la répression du mouvement social des cheminots de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne), qui fit quatre morts le 30 juillet 1908 et 200 blessés parmi les ouvriers, ainsi que 69 blessés dans les forces de l'ordre.

Une demi-douzaine des remplaçants sont arrêtés par Monsarrat pour avoir volé des matériaux dans l’établissement, et l’usine finit par renoncer à briser la grève. Les personnes arrêtées sont condamnées à des peines modérées de quelques jours de prison avec sursis, à l’exception du responsable de la CGT, condamné à six mois fermes. Le quotidien L’Humanité considéra que l'affaire des grévistes du Bi-Métal avait été « machinée dans les conditions scandaleuses que nous avons déjà signalées, par le commissaire de police Monsarrat », qui aurait été « d'accord avec les patrons ». Le journal socialiste en veut la preuve dans la comparution d’un des témoins cités par l'accusation, Lucien Achille Zo qui assura que s’il avait fait une déposition utilisée contre les accusés, c'était « qu'il y avait été forcé par le commissaire de police. »

En octobre 1910, une délégation de la société des vétérans du Wurtemberg (Allemagne) vient inaugurer, à Champigny un monument aux morts, commémorant les pertes lors de la très meurtrière bataille qui eut lieu en novembre et décembre 1870. Compte tenu du contexte nationaliste dans ce haut lieu du souvenir de la défaite française, un service d'ordre très important fut mis en place par le commissaire Monsarrat. Il n’y eut pas d’incident, et une couronne fut déposée avec l'inscription « Les vétérans wurtembergeois à leurs camarades français. »

Le même mois d’octobre 1910, les forces du commissariat de Joinville sont de nouveau mobilisées pour un mouvement social. Deux cents maçons grévistes armés de matraques ont parcouru les communes de Champigny et Saint-Maur cherchant à débaucher les ouvriers qui travaillaient dans les chantiers. Dans cette dernière ville, quai de la Varenne, apercevant trois « renards », ils leur donnèrent l’ordre de cesser immédiatement le travail. Deux des ouvriers obéirent, mais comme le troisième se faisait prier, les grévistes se saisirent de lui et le frappèrent à coups de pied et de poing. Monsarrat avait obtenu le renfort d’un peloton de dragons, et, après une bagarre en arrêta trois pour entrave à la liberté du travail, rébellion et insultes aux agents.

À suivre

Charles Monsarrat, commissaire de police en 1907 (à gauche)

 

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9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 01:01

Léon Auguste Prodhon naît le 14 janvier 1873 à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Marie Philomène Baron et de son mari Louis François Prodhon, tous deux journaliers.

En 1886, la famille est installée à Vieux-Moulins (Haute-Marne), où son père est meunier. Comme ses frères, Léon Prodhon le sera aussi, jusqu’à ce qu’il s’engage dans l’armée pour quatre ans, en mars 1892 à Langres (Haute-Marne). Il sert dans le 31e régiment d’infanterie, où il devient caporal en mars 1893 puis sergent en février 1895. Il est démobilisé en mars 1896. En avril 1896, il a repris la meunerie quand il épouse à Romorantin (act. Romorantin-Lanthenay, Loir-et-Cher) Maria Richetin, fille d’une aubergiste et d’un facteur des postes.

Les nouveaux époux s’installent à Paris (11e arr.), avenue de la République et Léon est employé de commerce. Il est recruté en juillet 1899 à la direction des recherches de la préfecture de police de Paris et nommé inspecteur. Promu secrétaire suppléant au commissariat du quartier de La Roquette (11e arr.) en 1904, il passe comme secrétaire en 1905 à celui de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), poste qui fait de lui l’adjoint du commissaire.

Il occupe cette fonction en mai 1905 quand son deuxième fils, René, 4 ans, est chez sa grand-mère à Romorantin. Il joue dans la rue avec une petite fille qui le tenait par les mains et le faisait tourner autour d’elle. Mais elle le lâcha brusquement et il se brisa la colonne cervicale. La mort fut instantanée.

Léon Prodhon revient au secrétariat d’un commissariat de Paris, au quartier des Quinze-Vingts (12e arr.) en juin 1907. Il réussit en novembre 1908 le concours qui permet de devenir officier de paix et commissaire de police. En février 1910, pendant les inondations historiques de la Seine, il sauve cinq personnes de la noyade, mais se blesse grièvement à la jambe droite, et doit être secouru par son chef, le commissaire Boulineau.

Prodhon est nommé, en mai 1910, inspecteur principal des gardiens de la paix. Il obtient cinq mois plus tard le titre de commissaire de police des communes de la Seine et occupe son premier poste à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Il doit se saisir, en juillet 1911, des suites d’un conflit social – qui, comme beaucoup d’autres, pendant cette période, est violent. Des grévistes, terrassiers de la Compagnie des chemins de fer du Nord assaillent un train, qui transportait des non-grévistes vers un chantier au Bourget. Mais l’un d’eux se défend avec un revolver et blesse grièvement à la tempe un charpentier. Alors que de graves incidents éclataient dans plusieurs chantiers de la région, Prodhon fit arrêter le « renard », ou « jaune », un ouvrier italien, qui avait tiré.

Transféré à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en avril 1913, il prend en charge une vaste circonscription, couvrant des communes plus peuplées comme Nogent-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés et Champigny-sur-Marne. Le commissariat compte une trentaine d’employés. Il remplace Louis Gourdel.

Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Prodhon est affecté en février 1914 au quartier de la Gare (13e arr.), cédant son ancien poste à Michel Émile Francisque. Léon Prodhon reste à son poste pendant la première guerre mondiale et est affecté en février 1916 au quartier de la Maison-Blanche, dans le même arrondissement.

Après la fin du conflit, il rejoint en juin 1922 le quartier du Pont-de-Flandre (19e arr.). Il y exerce toujours en mai 1930. Il prend sans doute sa retraite quelque temps après et va vivre avec son épouse dans le Loir-et-Cher.

Léon Auguste Prodhon meurt le 11 juillet 1947 à Romorantin. Il était âgé de 74 ans et père de trois enfants. Il avait été décoré à quatre reprises pour des actes de courage et de dévouement : en mai 1907, février et mai 1910 puis mai 1918, où il avait reçu une médaille d’argent.

Le Moulin des Pères, de la famille Prodhon, à Vieux-Moulins

 

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7 juillet 2023 5 07 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Frédéric Voinot

En février 1914, Frédéric Voinot accède à la fonction de commissaire de police des communes de la Seine. Son premier poste est celui d’Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis), qu’il connaît déjà puisqu’il y servait, en tant que secrétaire, en 1910.

Il doit gérer, en mai 1914, un conflit « Entre rouges et jaunes » selon le quotidien Le Voltaire. Un terrassier aurait roué de coups un de ses camarades parce qu’il refusait d’adhérer au syndicat.

Au cours de la première guerre mondiale, les commissaires de police sont mobilisés à leur poste. Cependant, pour des raisons administratives, la situation de Frédéric Voinot est incomprise de l’administration militaire. Elle considère que, comme il n’a pas récupéré son ordre de route en août 1914, il doit être déclaré « insoumis », ce qui est fait en novembre 1915. Il sera cependant rayé des contrôles de l’insoumission en novembre 1915, l’armée reconnaissant l’y avoir inscrit à tort. Son statut de réformé pour raisons de santé sera d’ailleurs confirmé en octobre 1919.

Pendant le conflit, il entreprend de réformer son commissariat d’Aubervilliers, en y créant, en avril 1917 un service spécial de sûreté, chargé de réprimer les vols et agressions à main armée. Il réalise des battues de nuit sous la conduite d’un sous-brigadier.

La même année, en août, Voinot est nommé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il participe à une collecte humanitaire en octobre 1917, lors des Journées joinvillaises. Il sera le dernier titulaire du poste de commissaire de police de Joinville. En effet, le commissariat, créé en 1874, comprenait une vaste circonscription, incorporant des villes nettement plus grandes, notamment deux chefs-lieux de cantons, Saint-Maur-des-Fossés et Nogent-sur-Marne, qui réclamaient d’avoir leurs propres postes.

Un arrêté de mars 1919 leur donne satisfaction, supprimant la circonscription de Joinville au profit des deux nouvelles entités. Voinot est désormais chargé de la circonscription de Saint-Maur-des-Fossés, nouvellement recrée, car elle existait déjà sous le second Empire.

Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Voinot est affect en mai 1921 au quartier de Picpus (12e arr.). Il y reste un an, rejoignant en juin 1922 le quartier des Ternes (17e arr.). Il doit gérer en août 1929 une manifestation de cinq cents personnes, organisée par l’Association défensive des commerçants parisiens, qui protestaient contre l’expulsion, sans indemnité, d’un marchand de cycles par le propriétaire de son magasin. Un accord fut finalement trouvé par le secrétaire de l’Association et les protestataires qui avaient été arrêtés furent relâchés sans poursuites.

Voinot exerce toujours la fonction de commissaire de police du quartier des Ternes en août 1934. Il se retire sans doute en 1938 car, lorsqu’il se voit attribuer la Légion d’honneur fin août 1939, il est présenté comme retraité.

Cependant, il reprend du service au cours de la deuxième guerre mondiale. Il est, en avril 1940, commissaire de police d’Ivry. Puis, on le retrouve, en février 1942 dans son ancienne fonction à Aubervilliers, et il l’exerce toujours en décembre 1943.

Sans qu’il soit possible de faire un lien avec le commissaire Voinot, on note la nomination d’un certain Frédéric Voinot, en avril 1941, comme membre de la délégation spéciale instituée dans la commune de Lamorlaye (Oise) pour remplacer le conseil municipal dissout. Il en démissionne en septembre la même année.

Pour sa part Frédéric Théodore Voinot meurt le 4 janvier 1949 à son domicile du boulevard Saint-Germain de Paris (5e arr.). Il était âgé de 72 ans et n’avait pas eu d’enfant vivant.

L’hebdomadaire communiste, dirigé par le maire d’Aubervilliers et ancien ministre, Charles Tillon, le Journal du Canton d’Aubervilliers, publie le 15 janvier l’article suivant : « Nous apprenons que vendredi 7 janvier, à 9 h. 30, a eu lieu l’inhumation à Dugny, du sieur Voinot, commissaire de police d’Aubervilliers sous l’occupation. Il laisse le souvenir de l’activité néfaste qu’il mena contre les patriotes. Chacun se rappelle, en particulier, les menaces qu’il adressait à la population qui déposait des fleurs sur les tombes des aviateurs alliés. »

Fin

Ancien commissariat de police de Joinville-le-Pont, adjacent à la mairie

 

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5 juillet 2023 3 05 /07 /juillet /2023 01:01

Début de la biographie de Frédéric Voinot

Frédéric Théodore Voinot naît le 2 avril 1876 à Paris (17e arr.). Il est le fils de Lucie Brismontier, et de son époux, Frédéric Auguste Voinot, capitaine en retraite, officier de la Légion d’honneur. Ses parents, mariés en mars 1875, ont une importante différence d’âge, son père ayant 58 ans et sa mère en comptant 32. Ils vivent boulevard Pereire.

Alors que ses parents vivent à La Flèche (Sarthe) Frédéric Voinot entreprend des études ecclésiastiques au séminaire catholique du Mans, dans le même département. Il s’engage dans l’armée pour trois ans en novembre 1896 et est affecté au 117e régiment d’infanterie. Cependant, conformément aux dispositions légales eu égard à son statut d’étudiant, il est mis en congé au bout d’un an. Après avoir fait une période dans le cadre de la réserve en juillet 1898, il passe en novembre devant une commission qui le réforme, à cause de « varices noueuses remontant au jarret. »

Renonçant à sa vocation religieuse, il se réinstalle à Paris, devient employé et épouse, en décembre 1901 à Paris (9e arr.) Marie Louise Garneret. Elle accouchera, en janvier 1903, d’un enfant mort-né.

Embauché par la préfecture de police le la Seine, sans doute en 1906, Voinot est en 1908 secrétaire du commissariat de Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), c’est-à-dire adjoint du commissaire. Le quotidien Le Journal écrit en septembre « il s'est fait remarquer par son énergie et aussi son habileté à diriger les affaires. »

Pour la presse, c’est son comportement qui fait que le préfet de police Louis Lépine le propose pour remplir les fonctions de chef de la police de la concession française de Tien-Tsin (ou Tientsin, Chine, act. Tianjin). Après son agrément par le ministre des affaires étrangères, Stephen Pichon, il rejoint son poste en octobre 1908.

La grande ville chinoise, port important, accueille alors huit concessions internationales : Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie.

La France dispose de quatre concessions à l'intérieur de villes sous souveraineté chinoise à Canton, Hankéou, Shanghai et Tien-Tsin, cette dernière depuis un traité de juin 1858. Les territoires sont administrés par un conseil municipal et par un consul, qui le préside.

Le consul général de France à Tien-Tsin est, depuis 1906, le poète et écrivain Paul Claudel, à ce titre chef de la concession française dans cette cité. Il est en conflit avec le secrétaire de mairie, un anticlérical qui envoyait des lettres de dénonciation au Quai d’Orsay, lui reprochant de recevoir trop de missionnaires. Claudel a connu depuis une douzaine d’années plusieurs postes diplomatiques en Chine. Il semble ne guère aimer Tien-Tsin : « C’est vraiment de la lisière de pays, comme on dit une lisière d’étoffe toute mangée par le sable et l’eau salée. »

Il avait sollicité le préfet Lépine pour l'organisation des services de police dans la concession. Voinot reçoit pour mission « d'organiser des services sanitaires, de détectives et d'identité judiciaire ». La presse espère qu’il fera « respecter les droits des Français », selon elle « si souvent menacés par les bandits chinois ». Pendant son séjour, le consul Claudel accueille, en juin 1909, un autre poète, Victor Segalen, médecin de la Marine. La mission de Voinot se termine avec son retour en février 1910. Il est probable qu’il rencontre en mars une délégation japonaise, venue étudier à Paris l’organisation de la police française.

Réintégré dans emploi antérieur, Voinot est secrétaire au commissariat d'Aubervilliers puis promu, en août 1910, à celui du quartier de la Sorbonne à Paris (5e arr.). Il est muté en mai 1911 au commissariat du quartier de la Maison-Blanche (13e arr.). Il devient, en novembre 1913, inspecteur principal des gardiens de la paix.

À suivre

Le commissariat de la concession française de Tien-Tsin

 

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1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 01:01

Marie Auguste Postaire naît le 15 septembre 1864 à Avrillé (Vendée). Il est le fils de Marie Berthe Caroline Clémenceau de La Gautraye et de son époux Marie François Auguste Postaire. Originaire de Belfort, son père est percepteur des impôts directs. Sa mère est d’une famille de la noblesse vendéenne. Auguste Postaire est l’aîné des sept enfants.

Alors employé de banque, Auguste Postaire épouse à Paris (9e arr.), où il réside rue de Parme, Flore Nathalie de Boek, native de Moselle (Lorraine) et fille d’un entrepreneur belge.

En mars 1895, Auguste Postaire rejoint la préfecture de Police du département de la Seine et est nommé secrétaire du commissariat de police de la circonscription des Lilas (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Deux ans plus tard, il est affecté au quartier de Belleville à Paris (19e arr.) puis en 1901 à celui de l'École-Militaire (7e arr.).

Il quitte le département pour être promu, en août 1901 commissaire de police d'Enghien (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Il est nommé commissaire de police des communes de la Seine en janvier 1904 et de nouveau affecté aux Lilas.

Suite à la séparation de l’Église et de l’État, votée en 1905, les fabriques, institutions paroissiales qui géraient les biens des paroisses, sont dissoutes. Les autorités publiques font réaliser un état des lieux, en attente de constitution des associations cultuelles, prévues par la loi, qui devront en être les attributaires. Ces inventaires sont parfois la source de tensions, et la police est généralement mobilisée pour accompagner les fonctionnaires chargés de l’opération.

À Romainville, en février 1906, le journal local Paris-Est remarque que seule la présence du commissaire Postaire et de deux gendarmes signalait l’évènement, qui s’est déroulé « au milieu de la plus complète indifférence de la population ». Par contre, à Villemomble, le même mois, il y avait environ 200 manifestants qui chantaient le Parce Domine. Devant le tapage qui régnait, M. Postaire suspendit l’inventaire. À Noisy-le-Sec, il fallut également s’y prendre à deux fois pour le réaliser. Une vingtaine d'agents et un serrurier furent nécessaires pour ouvrir les placards de la sacristie, pendant la protestation du curé et de deux cents fidèles chantaient : « Nous voulons Dieu ! ». Mais les gendarmes à cheval n'eurent pas à intervenir. L’hebdomadaire local relevait que l’on trouvait, au premier rang des protestataires, un membre influent de la Patrie française, mouvement d’extrême droite. Le rédacteur de Paris-Est se félicitait de la pondération de l’administration : « Les catholiques ont protesté à leur aise sans se livrer à aucun désordre ; cette satisfaction platonique leur suffira certainement. La loi sera exécutée sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à la force. Cela dit, rappelons aux fidèles que l’inventaire n’est ni un acte de spoliation ni le prélude d’un acte de spoliation. »

En avril 1907, un autre organe de presse régional, le Journal de Saint-Denis, s’inquiétait que « M. Postaire, commissaire de police, est entièrement absorbé pour aller constater les délits d’adultères » ; il considérait que le printemps « le plus stimulant des amoureux » avait fait qu’ils étaient « devenus épidémiques. »

Ce n’est certainement pas pour répondre à cette situation mais, en juillet 1907, Auguste Postaire convainquit le maire des Lilas, M. Decros, de lui acheter trois chiens policiers. Leur utilité ne fit cependant pas l’unanimité dans la presse. Quand il quitta son poste, en juillet la même année, le Journal de Saint-Denis commenta : « il s’en va et il nous laisse trois roquets ; mais par contre, il emmène les niches. »

Affecté en septembre à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine), Postaire y resta peu, transféré en avril 1908 à Joinville-le-Pont où il prend la succession de Louis Defert. Il a sous sa responsabilité une trentaine d’agents. Centrale, la commune de Joinville est cependant plus petite que la plupart des villes de la circonscription : Saint-Maur, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Bry-sur-Marne. En décembre 1909, Postaire laisse la place à Charles Monsarrat.

Il devient commissaire de police de la Ville de Paris et est affecté au quartier Notre-Dame (4e arr.), qui comprend l’île Saint-Louis et une partie de l’île de la Cité. Dès sa prise de fonction, il doit faire face à l’inondation historique de la Seine qui plonge sous les eaux une grande partie de son territoire. Son comportement lui vaudra une lettre de félicitations et le quotidien Gil Blas l’inscrira sur son « tableau d’honneur de Paris ». Il estime qu’il « a montré, pendant toute la durée des inondations, un dévouement constant, prenant part au sauvetage des sinistrés et tenant à se rendre compte par lui-même des dégâts subis par ses administrés, s'est astreint à une visite minutieuse de tous les inondés de son quartier auxquels il a distribué des secours et des encouragements. »

La question des risques autour du fleuve le préoccupe une nouvelle fois les années suivantes. En mai 1913, on y repêche le corps d’un syndicaliste, Jean Schenck, secrétaire du syndicat des lamineurs selon une partie de la presse, des camionneurs selon d’autres. Les journaux émettent l’hypothèse d’un suicide, Schenck ayant été accusé d’avoir favorisé un « jaune » qui travaillait le jour dans une usine et la nuit dans une boulangerie où il remplaçait un gréviste pendant la grève des boulangers.

Toujours en Seine, le même mois, Postaire s’interrogeait de voir des accidents qui se produisaient avec une fréquence anormale, constatant que les sauveteurs étaient toujours les mêmes. Une petite bande organisait des chutes et simulait le secours aux victimes, partageant ensuite la prime versée par la préfecture aux pseudo-héros.

Pendant la première guerre mondiale, le commissaire Postaire resta à son poste. Il fut requis, en février 1919, dans le cadre d’une opération menée contre Julien Content, administrateur-gérant du Libertaire, journal de tendance anarchiste. Elle est présentée par le Journal des débats comme visant une organisation de propagande bolcheviste, servant de relais au gouvernement soviétique russe. Postaire perquisitionne chez Victor Kemerer (dit Taratuta), venu de Russie, et chez un certain Levistay, difficile à identifier.

En mars 1923 Postaire est encore commissaire de police du quartier Notre-Dame. Il prend sans doute sa retraite peu après. Il vit entre l’île de Noirmoutier (Vendée), où il possède une villa dans le Bois de la Chaise et Paris où il reste domicilié rue du Commerce (15e arr.),.

Marie Auguste Postaire meurt le 28 novembre 1926 à Noirmoutier (Vendée), dans sa Villa Rochebrune. Âgé de 62 ans, il était père de trois filles.

L’appel « Au Peuple français » (partiellement censuré) qui provoqua l’opération contre le journal anarchiste Le Libertaire en février 1919

 

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25 juin 2023 7 25 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie de Louis Defert

Faisant l’objet d’un nouvel avancement, en tant que commissaire de police de la Ville de Paris, Louis Defert rejoint le quartier Saint-Victor (5e arr.) en avril 1908. Il y reste jusqu’en janvier 1911, quand il doit rejoindre le quartier de Rochechouart (9e arr.), repassant sur la rive droite de la Seine.

Fin novembre 1924, le commissaire Defert est réveillé par un de ses agents qui lui indique : « il faut que vous veniez tuer l'éléphant ». Agra, que Le Figaro qualifie d'éléphant facétieux, avait peu auparavant fait une randonnée boulevard Beaumarchais qui avait provoqué un grand émoi. Il s’était de nouveau échappé lorsque le cirque auquel il appartient avait voulu le faire monter dans un camion pour se rendre en tournée à Niort. Inquiet de voir l’animal furieux même après qu’il ait été rattrapé, le cornac voulait qu’on l’abatte. Mais M. Defert n'était pas de cet avis. Il le fit enchaîner et conduire de nuit vers la gare d'Austerlitz.

Un mois plus tard, la veille de Noël, Louis Defert épouse à Paris (15e arr.) Berthe Léonie Hugues, fille de tapissiers parisiens.

Parmi les affaires dont il a la charge figure, en août 1913, la découverte, chez un cambrioleur, d’une édition complète de Voltaire, en quarante-trois volumes, dont il fait rechercher le propriétaire. Deux mois plus tard, il voit débarquer dans son bureau un garçon de treize ans qui, à la suite d'une dispute avec son père, avait quitté le domicile familial avec le vélo paternel et était arrivé à Paris (environ 90 kilomètres) où il déclara : « maintenant je ne sais plus comment me débrouiller ». Defert le fit rapatrier.

En juillet 1914, Defert, malade, a pris sa retraite. Il est tiré au sort pour figurer dans le jury de la cour d’assises de la Seine qui doit juger Henriette Caillaux, épouse du ministre des Finances Joseph Caillaux, qui a assassiné le journaliste Gaston Calmette, directeur du Figaro. Cependant, il ne reçoit pas sa convocation, étant alors hospitalisé à Villers-Cotterêts (Aisne), où existe alors une maison de retraite gérée par la préfecture de Police. Il ne prend donc pas part au procès.

Du fait de la première guerre mondiale, il est appelé à reprendre sa fonction et est, de nouveau, commissaire de police du quartier Rochechouart en 1916. Il rejoint le quartier de Bercy (12e arr.) en 1918 et assure l’intérim du poste de commissaire aux délégations judiciaires en février cette même année.

Ayant été chargé par le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du contrôle d'une importante société mutuelle d'assurance-vie, comprenant plus de 10.000 adhérents, dont il accompagne la dissolution, il publie en 1918 une brochure sur L'Administration et la liquidation des sociétés de secours mutuels. Préfacée par Maurice Fenoux, sénateur du Finistère, elle est saluée par les milieux de la Mutualité, qui lui accordent une médaille.

Le gouvernement de Georges Clemenceau avait, à partir de novembre 1917, constitué un ministère des régions Libérées en prévision de la fin de la guerre, confié à Albert Lebrun puis, à partir de novembre 1919, à André Tardieu. Defert, de nouveau retraité de la préfecture de police, est recruté en tant qu’inspecteur dans ce ministère. Il est chargé d'inspecter les dix principaux camps américains achetés par la France pour prendre les mesures de protection du matériel qui y est entreposé. Il propose, en octobre 1919, la création d'un Service général de protection et de défense contre le pillage des camps.

Yves Le Trocquer, député du Finistère, sous-secrétaire d'État aux finances, chargé de la liquidation des stocks, intègre Louis Defert dans son cabinet et le nomme chef du service central de la sûreté des camps. Il reste en poste lorsqu’Emmanuel Brousse prit la succession de Le Trocquer comme sous-secrétaire d'État début 1920. Le quotidien L’Œuvre consacre un long reportage, en mai 1920, à son service dont il assure qu’il « fonctionne fort bien ». Defert fait remplacer les intendants militaires par des civils et veille à la coordination de leur action avec la police et la gendarmerie régionale, contrairement aux habitudes antérieures.

Ayant probablement cessé alors son activité professionnelle, Louis Defert s’engage dans la vie associative. Il est en 1922 vice-président de l'Association des retraités de la préfecture de police, dont Raoul Rongiéras est le président. Ensemble, ils font des démarches auprès de M. Lemarchand, rapporteur général du budget de la Ville de Paris, pour améliorer le paiement des pensions en décembre 1922. Defert abandonnera cette fonction en 1925.

Son engagement principal est au sein de la Fédération Nationale des Retraités municipaux, départementaux et hospitaliers de France. Il prend part à son congrès constitutif en janvier 1923 à Paris et en devient vice-président, Cauderelles, de Boulogne-sur-Mer étant le président. Il lui succède en juin la même année. Il est désigné, en août 1924 pour faire partie de la commission extraparlementaire chargée de préparer un nouveau régime de retraite des employés départementaux et communaux. Il défend l’idée d’une obligation de péréquation au profit des vieux employés et ouvriers retraités des services publics.

En 1926, suite à la dégradation de son état de santé, il demande a être remplacé mais accepte d’être nommé président d'honneur et conseiller technique de la Fédération. Il est remplacé par Gobert, issue de l’association de Troyes (Aube), qui avait joué un rôle très actif dans la création du groupement. Defert continue de participer aux travaux de la commission d'administration générale de la Chambre des députés, saisie du projet sur les retraites des municipaux déposé par le gouvernement. Avec les autres dirigeants fédéraux, Defert rencontre en août 1927 le ministre de l'intérieur, Albert Sarraut, qui adresse aux préfets une circulaire pour encourager l’amélioration des pensions versées par les conseils généraux et les conseils municipaux aux retraités. En novembre 1927, Defert préside la cinquième assemblée générale de la Fédération nationale dans la mairie du 9e arrondissement de Paris.

Les retraités municipaux de Lille, Roubaix et Tourcoing lui rendent hommage en janvier 1928. Les quotidiens La Lanterne, Le Rappel et La Nation publient le 19 avril 1927 dans le cadre d’une série consacrée aux militants des groupements de retraités un long article qui lui est consacré, accompagné d’un portrait dû au photographe Henri Manuel (1874-1947).

Jusqu’alors domicilié Paris, rue Condorcet, dans le quartier de Rochechouart (9e arr.), les époux Defert sont installés en 1931 à Viarmes (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Ils reviennent ensuite dans leur appartement parisien pour le reste de leur vie.

Trois ans après son épouse, Louis Defert meurt le 9 novembre 1956 à Paris (18e arr.) où il était hospitalisé, à l’âge de 89 ans. Ils n’ont pas eu d’enfants.

Titulaire de la médaille de la Mutualité et de celle de l'Hygiène, Defert avait obtenu à deux reprises des médailles d'argent pour actes de courage et de dévouement en 1898 et 1910. Il avait aussi été attributaire d’un Grand diplôme d'honneur de l'assistance aux animaux en 1903. En avril 1911, il était décoré de chevalier de l’Ordre du Dragon de l’Annam (Indochine, Vietnam).

Fin

Louis Defert, Photo Henri Manuel, 1927.

 

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23 juin 2023 5 23 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie de Louis Defert

Jean Louis Augustin Defert naît le 16 avril 1867 à Paris (11e arr.). Il est le fils d’Augustine Jeanne Soreau, blanchisseuse, et de son mari Louis Constant Defert, sergent de ville. Ses parents vivent rue de Montreuil. Il est le troisième des sept enfants du couple, dont quatre meurent en bas âge. Ses parents sont originaires de la Sarthe ; il se séparent peu après la naissance du dernier en 1881 puis divorcent en juillet 1887.

Après des études à la Faculté de Paris, Louis Defert obtient en 1890 une capacité en droit et exerce comme clerc dans une étude d'avoué au tribunal de première instance de la Seine puis en tant que secrétaire d'agréé au tribunal de commerce de la Seine.

Il rejoint, en 1892, les services de la préfecture de police de Paris, d’abord comme ire suppléant près les commissariats de police de la Ville de Paris. Il est nommé secrétaire titulaire en novembre 1892 à Ivry (Seine, act. Val-de-Marne). Les secrétaires sont les adjoints des commissaires de police. Il est transféré, en mars 1893 à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) puis en janvier 1894, dans le quartier Sainte-Avoye de Paris (3e arr.).

Dans cette dernière fonction, il organise, en septembre 1896, une présentation de presse d’une « invention qu'il a faite dans le but d'enrayer le cambriolage et de protéger les bureaux du ministère de la guerre ». Il présente son matériel dans une brasserie de la rue Montmartre, en compagnie d’un professeur de physique à l'École de pharmacie, M. Séguy. Il s’agit d’alarme électrique, qui sonne dans les locaux privés et s’affiche sur un tableau dans la loge du concierge pour les établissements publics. De nombreux articles rendent compte de son invention, estimant qu’il « a imaginé un appareil fort bien combiné » (XIXe Siècle, 1896/09/20).

Devenu en mai 1897 secrétaire aux délégations judiciaires, Defert est nommé inspecteur principal des gardiens de la paix en février 1901. C’était la fonction qu’avait exercé son père.

Parallèlement à ses fonctions policières, Defert rédige un ouvrage, L'Enfant et l'adolescent dans la société moderne, qui est publié la même année aux éditions Montgrédien à Paris. Il est préfacé par le Dr Théophile Roussel, sénateur de la Lozère, médecin et philanthrope, qui est considéré comme l'un des premiers hommes politiques français à avoir contribué à la protection de l’enfance. L'Académie de médecine lui décerne une médaille d'argent et le conseil de Paris lui vote des remerciements. Son livre est réédité, en 2013, par Hachette-Livre.

Il est promu, en septembre 1901 commissaire de police des communes de la Seine et obtient son premier poste à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Dans la même fonction, il remplace en décembre 1905 M. Rogeaux à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Sa circonscription comprend des villes souvent plus importantes que celle qui accueille le siège du commissariat : Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Saint-Maur-des-Fossés. Il compte une trentaine d’agents.

Au cours de l’année 1905, Louis Defert fait paraître un Code de police (éd. Giard et Brière, Paris). Il s’agit d’une compilation des textes des ordonnances depuis l'origine applicables dans le ressort de la préfecture de police (arrêtés, règlement sanitaire, lois et décrets). Le quotidien La Lanterne y voit « un travail aride », mais souligne qu’il vient d’un « juriste distingué » et qu’il est honoré par le conseil général de la Seine et le conseil municipal de Paris.

En février 1906, Defert doit assurer le service d'ordre lors des inventaires des biens des fabriques, qui géraient les paroisses catholiques, après la séparation de l’église et de l’État en 1905. À Joinville et au Perreux, ces actes se déroulent « sans autre incident que la protestation des curés de chaque paroisse » selon le quotidien Le Radical. C’est plus difficile à Saint-Maur, où l'agent des domaines doit se retirer lors de sa première visite, car la sacristie de l’église Saint-Nicolas était barricadée. Mais il peut revenir et procéder quelques jours plus tard à l’inventaire de ce bâtiment et des autres lieux de culte de Saint-Maur. À Champigny, les opérations furent conduites « pendant qu'une centaine de vieilles dévotes chantaient des cantiques » selon le même journal radical-socialiste.

En décembre 1906, le trente-sixième anniversaire de la bataille de Champigny, pendant la guerre franco-allemande de 1870, est l’occasion d’une manifestation de militants nationalistes dans cette commune, avec à leur tête Paul Déroulède. Defert à quelques difficultés à contenir la foule qui s'écrase aux grilles de l’entrée.

À suivre

Administration et liquidation des Sociétés de secours mutuels, ouvrage de Louis Defert, 1918

 

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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 01:01

Maximilien Jean Mathurin Parnet naît le 13 avril 1865 à Moncontour (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor). Il est le fils de Caroline Marie Joséphine Camus (ou Le Camus) et de son mari Jean Marie Parnet, absent au moment de sa naissance car il navigue.

Jean Marie Parnet est capitaine au long cours. À partir de janvier 1867, il est commandant du paquebot trois-mâts le Java. Il voyage principalement entre Le Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) et l’Amérique du Sud. Il récupère des chargements de guano dans les îles Chinchas et Guanape du Pérou, charge du nitrate de soude et de la laine au Chili, du cuir et des cornes en Argentine… Son bateau part de Buenos-Aires pour Le Havre le 28 octobre 1871 et il en est identifié comme le capitaine. Il meurt cependant le même jour, selon le consul de France dans la capitale argentine, probablement victime d’un accident qui a conduit à ce qu’il soit ramené à terre.

Les deux enfants vivants du couple, Maximilien, 6 ans, et sa sœur Marguerite, 2 ans, sont alors confiés Mathurin Droüart (1812-1884), notaire à Moncontour et futur avocat, qui ne leur est pas apparenté et n’est pas marié, mais qui avait déjà accueilli dans sa maison la naissance de Marguerite. Leur mère, fille naturelle non reconnue, vit toujours à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) en 1922.

En tant que fils aîné de veuve, Maximilien Parnet est dispensé d’effectuer son service militaire. Il devient lieutenant de la marine marchande et navigue pendant deux ans sur les côtes des Antilles et de l’Indochine.

Il quitte la flotte et se fait embaucher par la préfecture de police de Paris, où il est nommé en septembre 1889 secrétaire suppléant des commissariats de la capitale. Il est nommé secrétaire titulaire (adjoint du commissaire de police) à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) en janvier 1891 puis revient, dans la même fonction, au commissariat du quartier des Invalides à Paris (7e arr.) en mars 1893. Il est ensuite inspecteur-principal de gardiens de la paix.

Marie Josèphe Pallier, fille de marchands de bois de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor), épouse Maximilien Parnet à Paris (17e arr.). Signalé comme membre d’une loge maçonnique lorsqu’il exerce ses fonctions de secrétaire de commissariat, il le sera toujours en 1904.

En février 1897, il est promu commissaire de police des communes de la Seine et affecté à Saint-Denis-Nord (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il remplace M. Baube, décédé.

La même année, en octobre, il rejoint dans la même fonction Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où son prédécesseur, M. Rougean, prend sa retraite. Le commissariat compte une trentaine d’agents. Sa circonscription comprend des villes souvent plus importantes que celle du siège : Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Saint-Maur-des-Fossés.

Une des premières affaires à laquelle il fait face est le cambriolage de la mairie en novembre 1897. Les bureaux du maire et du secrétaire sont visités, et les cambrioleurs forcent les tiroirs-caisses du secrétariat, où ils trouvent 378 francs, ainsi que le tronc des pauvres, qui contenait plusieurs centaines de francs. Son commissariat ayant été envahi par des abeilles en juin 1898, il fait appel à un de ses gardiens de la paix, ancien apiculteur, pour récupérer les insectes et les fait vendre dans la journée aux enchères publiques au bénéfice du bureau de bienfaisance communal.

Deux violents incendies de déclarent, en janvier puis en avril 1899, dans des bâtiments industriels à Joinville-le-Pont. Le premier, dans un entrepôt, fait plusieurs blessés. Le second, dans la principale usine métallurgique locale, le Bi-Métal, nécessite l’appel à cinq compagnies de pompiers et à l’armée. Il n’y a pas de victimes, mais les dégâts sont importants. La même année, c’est un chien enragé qui s’introduit dans le commissariat de Joinville, mordant deux agents et un enfant avant d’être abattu. Les victimes suivirent un traitement antirabique à l'Institut Pasteur.

Recevant un avancement en tant que commissaire de police de la Ville de Paris, Maximilien Parnet est nommé en septembre 1901 au quartier Sainte-Avoye (3e arr.). Il est remplacé à Joinville par M. Orsatti. Puis, en juillet est muté au quartier du Gros-Caillou (7e arr.).

Parallèlement à ses activités professionnelles, il est membre actif de l’association Amicale et de prévoyance de la préfecture de police, une structure mutualiste. Il est aussi formateur au sein de la Société sportive de la préfecture de police, où il exerce la fonction de directeur des cours de culture physique. Il aurait été l’auteur de trois ouvrages sur l’éducation physique, ce qui lui aurait valu d’être lauréat de l’Académie des sports.

Tout en restant commissaire, Parnet est nommé suppléant du ministère public au sein du tribunal de simple police en octobre 1913. L’année suivante, en janvier, il prend le poste de commissaire du quartier des Champs-Élysées (8e arr.).

Gravement malade et opéré en 1916, il décide de rester à Paris. Il prend sa retraite pour raison de santé en juillet 1918.

Il reprend cependant une activité, d’abord en étant associé d’une société anonyme créée en avril 1920, baptisée Rénovation ayant pour objet la reprise et le développement des affaires. Un article antisémite du journal La Vieille-France, commentant cette constitution remarque « Le commissaire de police est français. Les garçons de bureau pareillement. »

Se séparant de son épouse, sans cependant divorcer, Maximilien Parnet prend pour compagne Augusta Bell, fille de commerçants et divorcée. Ils s’installent à Saint-Servan (act. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine) mais conservent un appartement à Paris (15e), avenue Émile-Zola. Il collabore avec la maison Berland, société La Morue française dont il est chef du personnel à Saint-Malo en 1923.

Maximilien Parnet meurt le 16 novembre 1939 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Il était âgé de 74 ans et n’avait pas eu d’enfant.

Titulaire d’une douzaine de décorations françaises et coloniales, il était attributaire des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie (novembre 1902) puis officier de l’instruction publique (1907). Il avait été fait chevalier du Mérite agricole en 1906 et ensuite officier pour l’organisation des services d’ordre et de police pendant onze ans aux concours agricoles du Champ-de-Mars. Il avait reçu une médaille de vermeil pour Actes de courage et de dévouement, la médaille d'or de Sauvetage et la médaille des Épidémies. Son action dans la mutualité lui avait valu deux médailles, de bronze et d’argent. Il était titulaire de la médaille d'Anjouan (Comores) et de l’Ordre royal du Muniseraphon du Cambodge. En juillet 1923, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur.

Des bateaux aux îles Chincha (Pérou), semblables au Java de Jean René Parnet (Wikipédia)

 

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