Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 juin 2020 1 15 /06 /juin /2020 00:01

Suite de la biographie de Jacques Hollande

Après la fin de la Mission de Paris, le chanoine Jacques Hollande redevient curé de l’église de la Sainte-Trinité (Paris, 9e arr.) en novembre 1957. Lors de son installation par le cardinal Maurice Feltin le ministre de la justice Robert Lecourt est présent et l’orgue est tenu par le compositeur Olivier Messiaen.

Il sera le porte-parole du clergé parisien lors des travaux préparatoires au concile Vatican II en 1964. Après le concile, en 1965, les prêtres-ouvriers sont à nouveau autorisés.

En 1958, Hollande participe à une cérémonie du cinquantenaire de la paroisse de Sainte-Anne de Polangis, à Joinville-le-Pont, dont il avait été le curé pendant la deuxième guerre mondiale. Il avait gardé un lien avec cette paroisse, et c’est lui qui, en octobre 1953, avait installé le père Jean Lamour qui remplaçait l’abbé Bauller, lui-même successeur de Hollande.

En novembre 1953, le chanoine Hollande était le seul ecclésiastique figurant sur une liste de 50 personnes représentant « l’élément dynamique de la nation », selon l’hebdomadaire L’Express. Il figurait en compagnie du général de Gaulle, des sportifs Émile Allais et Maurice Herzog, du couturier Christian Dior, du comédien Jean-Louis Barrault, des éditeurs Gallimard et Julliard, du publicitaire Bleustein-Blanchet, de l’industriel Marcel Dassault et de deux femmes, dont l’écrivaine Simone de Beauvoir.

Les descendants d’Henri Dubois-Fournier organisaient des rencontres régulières et publiaient, dans les années 1950, un bulletin régulier, La Cordée du Patriarche. Jacques Hollande y participe régulièrement, assurant en juin 1956 « (…) Il y a un sens de l’autorité à maintenir dans la famille (…) La soumission loyale aux directives du Saint-Siège fait partie du trésor moral dont nous avons hérité. (…) Le sacrifice commence, écrivait le Patriarche [Dubois-Fournier] par « la grande loi du travail qui est celle de Dieu, celle de la nature. »

Il exerçait toujours son ministère paroissial en 1970.

Dans les nombreuses conférences et prêches qu’il avait donnés, l’abbé Hollande voulait mieux faire connaître le monde du travail au sein de l’église catholique. Devant les congrégations hospitalières et charitables, en juin 1948, il soutient « qu’un travail inhumain, à un rythme accéléré, appelle des loisirs violents et que si ce travail était plus humain, les loisirs populaires le seraient aussi ; car au fond, le régime économique actuel abrutit, animalise et tue l’esprit… » En octobre la même année, il veut ouvrir des perspectives « vers un monde nouveau » devant les Filles de Saint-François de Sales missionnaires. Pend l’avent 1949, il disserte sur « les pauvres jugent l’histoire ».

Le chanoine Jacques Hollande décède le 28 décembre 1991 à Paris (14e arr.). Il était âgé de 90 ans.

Fin

La Mission de Paris en janvier 1944 à Lisieux

 

Partager cet article
Repost0
13 juin 2020 6 13 /06 /juin /2020 00:01

Suite de la biographie de Jacques Hollande

La Mission de Paris, dont Jacques Hollande va être le supérieur pendant 14 ans, est issue des réflexions du cardinal Emmanuel Suhard, archevêque de Paris, après sa lecture du livre de deux prêtres, Henri Godin et Yves Daniel,  La France, pays de mission ? (L’Abeille, Paris, 1943, rééd. 1962, 2014). Il fonde la Mission de France en juillet 1941 et l’installe à Lisieux ; elle implante des communautés dans les zones rurales. Le cardinal Emmanuel Suhard considère qu’« un mur sépare le monde ouvrier de l'Église, ce mur il faut l'abattre ». C’est ce qui le conduit, en juillet 1943, à décider de fonder la Mission de Paris. Selon l’historien Guillaume Cuchet, son objectif est « d’insérer un christianisme ‘très pur’ dans la culture ouvrière pour la ‘surélever’ et inciter la communauté chrétienne à purifier son propre christianisme. »

Après avoir sollicité six prêtres, qui n’acceptent pas, le cardinal Suhard nomme en novembre 1943 Jacques Hollande supérieur de la Mission de Paris. Quittant sa paroisse de Sainte-Anne de Polangis à Joinville-le-Pont, il prend son poste en janvier 1944, en compagnie de six autres prêtres. Il confiera au professeur Luc Perrin, de l'Université de Strasbourg « un peu gêné et quasi en confidence, qu'il était apparenté aux princes Murat, noblesse d'Empire certes mais fort loin du prolétariat. »

La Mission de Paris sera la matrice de la naissance des prêtres-ouvriers. L’abbé Hollande va, en décembre 1946, chercher l’appui du pape Pie XII qui l’assure « d’une paternelle compréhension ». Un de ses collaborateurs immédiats précise : « devant un tel enjeu, il faut oser courir certains risques afin de n’avoir pas à se reprocher de ne pas avoir tout fait pour le salut du monde ! »

En 1947, avec l’autorisation du pape, des ecclésiastiques décident d’aller travailler en usine ou sur des chantiers. Beaucoup d’entre eux s’engagent dans l’action sociale, devenant même parfois responsables de syndicats Cgt. L’engagement militant dans le Mouvement de la paix et les organisations proches des communistes va engendrer des tensions de plus en plus fortes, tant avec les autorités française qu’au sein de l’église catholique. En janvier 1954, le pape mettra fin provisoirement à l’expérience, provoquant de douloureux troubles parmi ceux qui exerçaient cette fonction.

Beaucoup d’entre refuseront de redevenir des prêtres ordinaires, et Jacques Hollande, qui n’était pas lui-même prêtre ouvrier, les défendra en restant à son poste à la tête de la Mission de Paris. Ils sont qualifiés d’« insoumis » au sein de l’église catholique. Élevé à la dignité de chanoine en 1948, Hollande fait partie des chrétiens qui s’opposent à la bombe atomique en 1949 autour de l’appel de Stockholm.

À suivre

Jacques Hollande, janvier 1944

 

Partager cet article
Repost0
9 mai 2020 6 09 /05 /mai /2020 00:01

Édouard Robert Gente naît le 11 juillet 1921 à Melun (Seine-et-Marne). Il est le fils de Léontine Huri et de Robert Gente. Son père, Robert Gente (1898-1973), prisonnier à la fin de la première guerre mondiale, devient fonctionnaire du ministère des anciens combattants, d’abord affecté à l'office départemental de Seine-et-Marne puis nommé en juillet 1943 secrétaire général de l'office départemental d'Ille-et-Vilaine. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1949. Il meurt à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne).

Devenu policier, Édouard Gente aurait été, selon son témoignage, actif dans la résistance interne à la police. Il épouse Lucie Thomas, avec laquelle il aura un fils avant son décès en 1955.

Après la deuxième guerre mondiale, il est militant syndicaliste dans la Police nationale et est, en tant que brigadier, membre de la commission administrative paritaire des gardiens de la paix du département de la Seine (puis de Paris) de 1960 à 1969. Dans ses prises de position ultérieures, il est un ardent défenseur des forces de sécurité aux services du citoyen. Il critique la constitution de polices municipales, estimant que « ça ressemble à la police, ça s’appelle police, mais ce n’est pas la police. »

Édouard Gente, alors brigadier au poste de police de l’Hôtel de Ville de Paris, place Baudoyer, livre, en novembre 1986, un témoignage sur la répression meurtrière, par la police française, d'une manifestation d'Algériens organisée à Paris par la fédération de France du FLN le 17 octobre 1961. C’est l’historien Jean Luc Einaudi qui raconte : « De temps en temps, il est de garde au CIV. Il n’aime pas y aller. Les bâtiments sont d’anciens garages construits par l’occupant allemand dans le bois de Vincennes. C’est gris et triste. Il a un peu peur aussi : si les Algériens se révoltaient ? Dieu merci, se rassure-t-il, ils ne bougent pas. « J’ai vu des gars, se souvient-il, qui avaient combattu dans l’armée française pendant la guerre, eh bien ils étaient là comme les autres… » Si Édouard Gente n'aime pas aller à Vincennes, c'est aussi parce qu'il a honte. « Ces pauvres types, se rappelle-t-il, les trois quarts étaient là parce qu'ils avaient été ramassés. Mais qu'est-ce qu'ils avaient fait ? Rien. Le seul tort qu’ils avaient, c’était d’être Nord-Africains. »

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avait rejoint tout jeune le parti socialiste SFIO. Il continue à militer dans sa commune au nouveau parti socialiste, fondé en 1971, où il se faisait avec constance l’avocat de l’union de toute la gauche.

En 1977, Gente est élu conseiller municipal sur la liste de gauche conduite par Guy Gibout, communiste. La liste d’union de la gauche, rassemblant le parti communiste, le parti socialiste, le PSU et les radicaux de gauche (MRG) obtient au 1er tour le 13 mars 1977 3 079 voix, soit 39,9% des 7 725 suffrages exprimés pour 7 875 votants sur 10 636 inscrits. Elle devance quatre listes de droite. Au second tour, elle l’emporte face au maire sortant, Jean Pierre Garchery par 4 035 voix (51,3%) contre 3 836.

Annulée sur décision judiciaire, l’élection municipale partielle de 1978 confirme la victoire de la liste de gauche, par 4 179 voix soit 53,6% sur 7 798 suffrages exprimés pour 11 021 inscrits. Édouard Gente devenait maire adjoint chargé des personnes âgées et du jumelage.

Malgré la défection d’une partie des militants du PS, du PSU et du MRG, qui forment une liste autonome, Gente est, comme la majorité des socialistes joinvillais, en faveur du soutien à une nouvelle candidature du maire sortant Guy Gibout en mars 1983 et figure sur sa liste. Ce dernier est battu par Pierre Aubry (div. droite). Lors des élections législatives de 1988, Gente figure dans le comité de soutien à la candidature d’Henry Morel, socialiste, qui est battu par le maire de Nogent-sur-Marne, Roland Nungesser (RPR, droite).

En préparation des élections municipales de mars 1995, Gente fait partie de la délégation de la section socialiste de Joinville qui négocie un éventuel accord avec la section communiste. Il plaide en faveur d’une union derrière l’ancien maire, mais les négociations n’aboutissent pas ; le candidat socialiste, Henri Sécail, devance, avec 14,3% des suffrages exprimés, le communiste Guy Gibout, qui en a 10,7% tandis que le maire sortant de droite, Pierre Aubry, est réélu.

Édouard Gente meurt le 27 avril 2004 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 82 ans et résidait toujours à Joinville. Son fils, Robert Gente, a été ingénieur commercial dans l’aéronautique et s’est installé dans la région de Toulouse.

Édouard Gente (second à partir de la gauche) avec Guy Gibout (à droite)

 

Partager cet article
Repost0
3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 00:01

Lucien Barberolle naît le 11 octobre 1885 à Corbeil (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il est le fils de Sophie Debacker et de son époux Albert Jean Barberolle, graveur sur métaux. Son oncle, Ernest Barberolle, barreur d’aviron avec la Société nautique de la Marne (Seine, act. Val-de-Marne) a été médaillé d’argent aux Jeux olympiques de 1920 à Anvers (Belgique).

Devenu également graveur-ciseleur, après son service militaire (1906-1908), Barberolle épouse en octobre 1909 à Paris (14e arr.) Jeanne Marguerite Descoins, couturière. Ils s’installent dans le 3e arrondissement, rue Commines puis rue des Filles-du-Calvaire, et auront trois enfants.

Pendant la première guerre mondiale est mobilisé comme caporal dans l’infanterie, puis comme sergent fourrier. Il est cité à l’ordre du régiment en avril 1915 en tant que « Agent de liaison qui n’a cessé sous un feu très intense et très meurtrier d’assurer son service ». Il est décoré de la Croix de guerre. À partir de novembre 1915, il est détaché dans plusieurs usines : Chambeyre à La Guéroulde (Eure), Delage à Courbevoie puis Sanglet à Villeneuve-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est ensuite affecté à des fonctions administratives et démobilisé en avril 1919.

Après-guerre, l’activité de Barberolle se développe et il se présente désormais comme industriel. Il est présenté, en 1925, comme l’inventeur de la combinaison d'une photographie vitrifiée et d'un miroir, qu’il intitule « photo-émail-miroir » et qui est appréciée par la presse spécialisée. Il installe son activité rue de Saintonge, toujours à Paris (3e arr.).

En octobre 1924, Barberolle prend en location une maison en bord de Marne à Joinville-le-Pont, quai Hector-Bisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy. Il s’implique rapidement dans la vie locale. Il soutient l’activité du Club athlétique de Joinville (CAJ), pour lequel il finance un plongeoir pour son bassin de natation, situé quai Hector-Bisson. Il crée également un Challenge Lucien Barberolle, course d’une heure par relais de trois nageurs, organisé à Joinville de 1927 à 1929.

Lors des élections municipales de mai 1925 à Joinville, Barberolle est candidat sur la liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par le maire sortant Henri Vel-Durand (radical dissident), qui comprend essentiellement des personnalités libérales et conservatrices. Son programme veut que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », se prononce pour le maintien de l’octroi appliqué pour l’entrée des marchandises dans la commune, et appelle à l’économie dans les dépenses budgétaires. La liste fait face à deux concurrents : le Cartel de gauche, rassemblant radicaux-socialistes et socialistes SFIO, conduit par Georges Briolay, et la liste du Boc ouvrier et paysan (BOP, communiste). Au premier tour, l’Union républicaine obtient 1 080 voix soit 47,5% des 2 275 suffrages exprimés pour 2 310 votants sur 2 761 inscrits. Le cartel des gauches en a 648 (28,4%) et les communistes 480 (21,1%). Au second tour, malgré le retrait de la liste communiste, l’Union républicaine emporte les 27 sièges à pourvoir avec 1 078 voix. Barberolle est élu conseiller municipal.

Pour les élections cantonales (pour le conseil général du département de la Seine) de juin 1925, Barberolle est candidat dans la 2e circonscription de Saint-Maur-des-Fossés, qui comprend les communes de Créteil, Bonneuil, Joinville et une partie de Saint-Maur. Sous l’étiquette de républicain indépendant, Barberolle recueille au 1er tour 163 voix soit 5,8% des 2 814 suffrages exprimés pour 2 842 votants sur 5 553 inscrits. Il ne se présente pas au second tour où est élu le républicain de gauche (centre-droit) Naudin devant le radical-socialiste Avet et le communiste Muller.

À l’automne 1927, Barberolle le bail de sa maison de Joinville et s’installe à son atelier, rue de Saintonge. Il est candidat pour les élections législatives d’avril 1928, sous l’étiquette de républicain socialiste indépendant (centre droit) dans son arrondissement, se présentant comme commerçant. Il collecte au 1er tour 115 voix soit 0,7% des 15 910 votants sur 18 981 inscrits. Il ne se présente pas au second tour où est élu le républicain de gauche (droite) Louis Puech.

Ayant quitté la région parisienne pour Toulouse en 1933, Lucien Barberolle y est élus en novembre de la même année vice-président et délégué à la propagande de la 17e légion des Croix de guerre dont Louis Deffès, mutilé de guerre et titulaire de la Médaille militaire, est le président.

Après la deuxième guerre mondiale, Lucien Barberolle est membre en tant que sculpteur-graveur de la société des Artistes occitans indépendants. Il participe à plusieurs salons, notamment en 1947 et 1950 à Toulouse. Il présente des panneaux gravés et ciselés, des sculptures en cire et en bronze ainsi que des peintures. Une de ses œuvres, exposée en 1947, s’intitule Le Maquisard.

Barberolle vit rue des Polinaires à Toulouse. La date de son décès n’est pas connue.

 

Partager cet article
Repost0
1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 01:01

Albert François Dély naît le 2 avril 1901 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Clarisse Lucie Parpaix, coupeuse en photographie et de son époux François Dély, plombier qui vivent rue des Tournelles.

Pendant la première guerre mondiale, Dély est mécanicien. Son service militaire est effectué de 1921 à 1923 dans l’artillerie, au sein des troupes françaises d’occupation en Allemagne dans la région rhénane. Il vit alors à Saint-Maurice, commune voisine de Saint-Maur.

Pendant sa période aux armées, il épouse en octobre 1922 à Joinville-le-Pont, autre commune très proche, Madeleine Louise Georgette Payel ; il s’en séparera en février 1927 pour épouser, en mars 1928 de nouveau à Joinville, Renée Georgette Ridard. Ils auront deux enfants.

Depuis 1925, Dély vit à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue Papin. Devenu électricien, il s’oriente vers les nouveaux moyens de communication qui se développent : d’abord la radio puis le cinéma. En 1931, il est employé par les studios Ciné-Romans de Joinville ; son épouse est également engagée comme monteuse de films par la firme Gaumont, à Paris.

Se présentant comme cinéaste, opérateur de prises de vue et ingénieur du son, Dély est en 1937 à Barcelone, en pleine guerre d’Espagne, alors que les forces républicaines font face à l’armée franquiste, avec l’appui de brigades internationales.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Dély reçoit une affectation spéciale au ministère du commerce et de l’information. Il est démobilisé en juillet 1940.

À la fin de l’occupation allemande, sans doute fin août ou début septembre 1944, le comité local de libération de Joinville-le-Pont crée un comité d’épuration. Selon une instruction du comité parisien de libération et les arrêtés préfectoraux du 29 août et du 6 septembre 1944, qui les entérinent, « Les Comités de Libération n'ont pas qualité pour suspendre, révoquer ou nommer un fonctionnaire. Ces prérogatives appartiennent à l'autorité préfectorale ou municipale, mais il appartient aux Comités de Libération, par l'entremise du Comité d'épuration, de hâter la constitution des dossiers des suspects. »

L’historien Serge Wolikow signale que le secrétaire du comité d’épuration de Joinville est A. Dély. Il s’agit très probablement d’Albert François Dély ; cependant, son fils, Georges Albert Lucien Dély (1925-2017), résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur, aurait éventuellement pu également faire usage de son deuxième prénom et être donc ainsi désigné.

A. Dély, en tant que secrétaire du comité d’épuration de Joinville, écrit une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, le 13 mars 1945. Le comité avait arrêté, dès la fin de l’insurrection, Lesestre, Béal, Kirbuhler, Bautsch et Chaussée, qui composaient le « bureau municipal nommé par Vichy et qui a siégé pendant l’occupation ». Ils avaient été transférés à Drancy. Le comité trouve leur libération « pour le moins prématurée. »

Albert François Dély meurt le 7 février 1974 à Chartres (Eure-et-Loir). Il était âgé de 72 ans.

Usine de cinéma à Joinville

 

Partager cet article
Repost0
29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 01:01

François Charles Balemboy naît le 28 août 1907 à Denain (Nord). Il est le fils d’Irma Maria Gaillard et de son époux, François Balemboy, domestique. Ce dernier est tué à Souain (Marne) en octobre 1915 pendant la première guerre mondiale ; il est décoré de la Croix de guerre avec palmes d’argent et, à titre posthume, de la médaille militaire. En mai 1920, François Balemboy est déclaré « pupille de la nation. »

Devenu employé de mairie à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1931, il réside rue Vautier, dans le quartier du Centre. Balemboy épouse en avril 1935 à Cambrai (Nord) Marie-Thérèse Courtois.

Il s’implique dans la vie locale, étant trésorier adjoint de l’Association philotechnique de Joinville en 1939. Structure d’éducation populaire, elle accueille cette année-là 239 élèves des deux écoles de la commune.

Selon l’historienne Yvette Gouineau, François Balemboy aide le secrétaire général Georges Karcher qui « avait organisé dans son propre bureau en mairie un « service local d'aide aux réfractaires ». Il s’agissait d’aider les personnes qui refusaient de rejoindre le service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. » Selon elle, Karcher « fournissait à chaque personne, qui lui était recommandée par une personne de confiance, une carte d'identité, une carte de travail, un jeu de tickets d'alimentation, des papiers de démobilisé ». La municipalité, élue en 1935 sur une liste de droite, avait été maintenue par les autorités de Vichy en 1942 et sera arrêtée par le comité local de libération le 25 août 1944.

Dans son essai sur cette organisation, Yvette Gouineau ajoute que François Balemboy, qui aurait fait office de secrétaire général adjoint, « était en liaison directe avec le mouvement Résistance, grâce à sa fille, Mme Benoit, qui en était un des responsables. À chaque numéro du journal, il en recevait 100 exemplaires, qui étaient distribués aux gendarmes, aux éboueurs et à d’autres employés municipaux dont les sentiments envers la résistance étaient connus ». Le mouvement Résistance est une organisation fondée en 1943 par le docteur Marcel Renet dit Jacques Destrée qui édite un journal éponyme.

Une fille est issue de l’union de François Balemboy avec Marie-Thérèse Courtois, mais Marie Irma Balemboy est née en mai 1938 à Joinville. Il n’est pas impossible, mais difficile d’imaginer qu’une autre fille, née d’une union antérieure alors qu’il aurait été très jeune ait pu être mariée, forcément très jeune elle aussi. Dans de telles circonstances, il ne serait pas impossible qu’elle n’ait pas porté le nom de son père, ce qui rend compliqué de l’identifier.

Après la deuxième guerre mondiale, Balemboy poursuit son emploi de cadre à la mairie de Joinville. en 1951, il est placé sur la liste d’aptitude au grade de secrétaire adjoint. En 1953, il organise plusieurs manifestations municipales, comme la fête des mères ou le banquet des aînés (500 convives).

François Balemboy meurt le 13 août 1969 à Saint-Rémy-en-Rollat (Allier). Il était âgé de 61 ans.

 

Partager cet article
Repost0
27 avril 2020 1 27 /04 /avril /2020 01:01

Georges Karcher naît le 3 février 1903 à Paris (14e arr.). Il est le fils d’Hélène Catherine Kieffer et de son époux Jean Émile Karcher, serrurier, tous deux d’origine lorraine et vivant avenue d’Ivry. Son père, né à Saint-Avold, dans les territoires occupés peu après leur annexion à l’empire allemand en 1871 est étranger ; il vivait en Algérie en 1891, puis s’est engagé dans la légion étrangère et est devenu français en 1897, un an avant son mariage.

Après la première guerre mondiale, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune où résidait déjà en 1911 sa grand-mère maternelle et deux de ses oncles. Le père meurt en octobre 1919 et Georges et son frère Jean restent vivre, avec leur mère qui se remarie en 1920, dans leur domicile du quartier de Palissy, avenue des Familles.

En 1921, Georges Karcher est employé à la mairie de Joinville-le-Pont.

Il s’intéresse manifestement beaucoup aux activités sportives, puisqu’il est capitaine des équipes de basket de l’Union sportive de Joinville (USJ) en 1922-1923. À la fin de cette année, il fonde une nouvelle société, l’Amicale sportive de Palissy, qui a trois sections : athlétisme, boxe et basket. Elle a son siège sur le quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri). Il en est toujours l’animateur en 1926. Il est également l’initiateur en décembre 1935 de l’Amicale sportive de Polangis, quartier voisin du sien, qui est spécialisée dans l’haltérophilie. Il en est toujours un des dirigeants en décembre 1937.

Marié en décembre 1939 à Senonches (Eure et Loir) avec Céline Georgette Herr, Georges Karcher poursuit son activité à la mairie Joinville. Il exerce sans doute la fonction de secrétaire général, sans en avoir cependant le grade.

Selon l’historienne Françoise Bruneau, Karcher, aidé par son adjoint, François Balemboy, « avait organisé dans son propre bureau en mairie un « service local d'aide aux réfractaires ». Il s’agissait d’aider les personnes qui refusaient de rejoindre le service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. » Selon elle, Karcher « fournissait à chaque personne, qui lui était recommandée par une personne de confiance, une carte d'identité, une carte de travail, un jeu de tickets d'alimentation, des papiers de démobilisé ». La municipalité, élue en 1935 sur une liste de droite, avait été maintenue par les autorités de Vichy en 1942 et sera arrêtée par le comité local de libération le 25 août 1944.

Après-guerre, Georges Karcher poursuit son activité à la mairie de Joinville avec le titre de secrétaire général adjoint, le secrétaire général titulaire étant Marcel Robin. Il y est toujours en fonction en 1948.

Après le décès de sa première épouse en février 1959, Karcher se remarie avec Suzanne Évelyne Hagnerel en juillet 1960 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Georges Karcher meurt le 16 octobre 1978 à Joinville. Il n’avait pas eu d’enfant. Il était décoré depuis août 1938 de la médaille de bronze de l’Éducation physique. Il avait obtenu en juillet 1946 la médaille d'argent départementale et communale.  Le décret du 30 juin 1948 lui avait accordé la médaille d'argent portant témoignage de la Reconnaissance française pour faits de résistance.

La mairie de Joinville, vers 1920

 

Partager cet article
Repost0
19 avril 2020 7 19 /04 /avril /2020 01:01

Denise Renée Marie Arlette Morlot naît le 23 décembre 1928 à Nogent-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), 141, rue de l'Amiral Courbet. Elle est la fille de Maurice Morlot et d’Émilienne Marie Bauer. Son père est régisseur de cinéma et ses parents résident avec elle à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy.

Comme son père, Denise Morlot va travailler dans le cinéma. Elle est scripte ou assistante de réalisation dans environ 43 films, notamment de Sacha Guitry, Julien Duvivier, Jean-Pierre Mocky ou Christian-Jaque.

À partir de 1990, elle partage la vie de Christian Maudet, dit Christian-Jaque, dont elle fut la scripte et la première assistante-réalisatrice. Elle l’épouse en mai 1992 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), alors qu’il est âgé de 87 ans. Elle est sa sixième épouse après Germaine Spy, Simone Renant, Renée Faure, Martine Carol et Laurence Christol – et peut-être sa septième si, comme certaines sources le laissent entendre, il avait également été marié avec Christiane Delyne.

Christian-Jaque meurt en juillet 1994 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), villes où ils résidaient rue de Paris.

En 2013, Denise Morlot crée la société « D. Morlot Maudet dit Christian-Jaque » pour exploiter des activités artistiques, qui n’est plus en activité en 2020. Elle contribue à remémorer l’œuvre de Christian-Jaque.

En 2017, lors du second Vincennes Film Festival Denise Morlot, vint témoigner de sa collaboration avec Julien Duvivier et présenter une de ses films, Le Petit monde de Don Camillo.

 

Partager cet article
Repost0
7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 01:01

Suite de la biographie de Georges Defert

Après l’avènement de la 5e République, des élections sont organisées le même jour pour les conseils municipaux et les conseils généraux (départementaux) le 8 mars 1959. Le mode de scrutin a été modifié, instaurant le scrutin majoritaire dans les deux assemblées.

Après avoir devancé au premier tour ses concurrents gaulliste (UNR) et démocrate-chrétien (MRP), Defert remporte au second tour la triangulaire qui l’oppose à un communiste et un socialiste. Il est élu conseiller général de la Seine le 15 mars 1959.

Pour le scrutin municipal, malgré la coalition entre l’UNR, le MRP et la SFIO, qui recueille 1 756 voix pour 7 488 suffrages exprimés (23,5%) sur 7 780 votants et 10 276 inscrits, la liste Defert arrive en tête avec 3 084 votes (41,2%), devant les communistes qui en ont 2 412 (32,2%). Il creuse l’écart au second tour avec 52,4% et les 27 sièges.

Au sein de la municipalité, Georges Defert s’entoure d’Albert Gaulin, Léon Belhomme, Jean-Pierre Garchery, Pierre Perly, Georges Derou et Pierre Lambert.

Se rapprochant du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), Georges Defert s’oppose à la majorité gouvernementale du général de Gaulle, prenant position en faveur du Non lors du référendum sur l’autodétermination en Algérie en 1962.

Sur le plan local, il obtient le soutien du conseil général en avril 1963, lorsqu’il s’oppose au remplacement du stade municipal par un parking, supposé nécessaire pour un projet de stade de 100 000 places envisagé dans le Bois de Vincennes.

Lors des élections suivantes, Georges Defert est largement réélu, tant lors des scrutins municipaux en 1965 et 1970, que pour les élections cantonales de 1967 et 1970, qui concernent désormais le Val-de-Marne, formé par formé par scission de l’ancien département de la Seine en 1967.

Il poursuit la construction d’immeubles dans la ville et engage la réalisation d’un nouvel hôtel de ville, qu’il inaugure en 1975 après avoir rasé l’ancienne mairie. Son dernier projet, de grande ampleur, est la construction d’un centre nautique avec piscine sur l’île Fanac, qui devrait être alors reliée par une bretelle routière. Il n’aura cependant pas le temps de le mettre en œuvre.

L’ampleur des investissements provoque une hausse considérable des impôts locaux et l’opposition d’une importante partie des habitants.

Georges Defert meurt le 30 octobre 1975 à Joinville, en cours de mandats de maire et de vice-président du conseil général du Val-de-Marne. Il était âgé de 79 ans et avait été fait chevalier de la Légion d’honneur. La place de la mairie de Joinville-le-Pont porte son nom.

Son successeur et allié, Jean Pierre Garchery, perdra les élections de 1977 du fait en particulier du ressentiment par rapport à l’augmentation des impôts locaux.

Fin

La mairie de Joinville, bâtie sur les choix de Georges Defert

 

Partager cet article
Repost0
5 avril 2020 7 05 /04 /avril /2020 01:01

Suite de la biographie de Georges Defert

À l’issue du conflit de 1939-1945, Georges Defert est devenu ingénieur diplômé de l’Institut industriel du Nord, un établissement de la faculté catholique de Lille. Il est directeur d’une société de transport.

Après la Libération, lors des élections municipales d’avril 1945, la liste d’Union républicaine démocratique (URD), qui s’appuie sur les forces issues de la Résistance et du comité local de Libération, emporte tous les sièges avec 61% des suffrages. Elle est composée de communistes, de radicaux et de socialistes. C’est Robert Deloche (PCF) qui est élu.

Le scrutin suivant, en novembre 1947 est bien plus serré. La liste du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste), sur laquelle figure Defert est en tête avec 3 066 voix en moyenne pour 6 974 suffrages exprimés (44%) sur 7 073 votants et 8 376 inscrits ; elle obtient 13 sièges. Le PCF et certains radicaux, sur la liste Union républicaine et résistante recueillent 3 017 votes (43,3%) et également 13 sièges. C’est finalement la SFIO, qui n’a eu que 452 électeurs en sa faveur (6,5%) et se contente d’un seul siège, qui permettra cependant la réélection de Robert Deloche. Peu avant la fin de son mandat, ce dernier est exclu du PCF et démissionne de son mandat de maire et conseiller général.

Une élection partielle est organisée pour le remplacer : en l’absence de deux élus de gauche, la candidate communiste Amélie Trayaud a 12 voix mais Defert provoque la scission de la droite en défendant la candidature de Pierre Perly contre celle de Pierre Calmon, candidat du groupe RPF. Avec 5 voix pour le premier et 8 pour le second, la division des élus conservateurs permet à la communiste d’accéder, pour deux mois, en février 1953, à la fonction de maire.

Le scrutin d’avril 1953 se présente donc dans des conditions très différentes. Defert, associé à Jean-Pierre Garchery, a entraîné trois autres conseillers municipaux qui présentent une liste opposée à celle du RPF, sous l’étiquette du Rassemblement des gauches républicaines (RGR), qui regroupe des forces divers, pas toutes de gauches, dont d’anciens membres du PSF.

Bien que l’hebdomadaire anticommuniste Nouvelle Union régionale prenne ouvertement position contre lui, reprochant son attitude lors du vote de février, c’est la liste Defert qui arrive en tête des deux principales formations de droite, bien qu’elles obtiennent chacune six sièges. Son Union pour la gestion des affaires municipales a 1 488 voix sur 6 748 suffrages exprimés (22%), tandis que l'Action municipale et sociale (RPF) en a 1 334 (19,8%). Les démocrates-chrétiens recueillent 620 votes (9,2%) et deux sièges, tandis que les socialistes progressent avec 827 voix (12,3%) et trois élus. Les communistes, une fois de plus alliés à certains radicaux, arrivent en tête, mais leurs 2 405 suffrages (35,6%) ne leur apportent que 10 sièges. Malgré le soutien de la SFIO, ils doivent donc abandonner le poste de maire Defert, qui coalise les 14 voix RGR, RPF et MRP.

Personnellement, Defert avait été soutenu par 1 529 personnes (22,7%). Il prend comme adjoints Pierre Calmon (RPF), Albert Gaulin (indépendant) et Georges Moutenot (MRP).

Dès son premier mandat, Defert va engager une politique d’urbanisme très dynamique, confiant l’Office municipal d’Habitations à loyers modérés (HLM) la construction de plusieurs groupes importants et accueillant d’autres investisseurs, comme Coopération et Famille.

La municipalité Defert conserve les institutions sociales et de loisirs, acquises sous le mandat de Robert Deloche. Il négocie des jumelages internationaux en Allemagne et en Angleterre. Les groupes scolaires sont agrandis.

Son engagement politique s’accentue : Defert est candidat aux élections sénatoriales de la Seine en juin 1958 sur la liste de Georges Laffargue.

A suivre

Joinville-le-Pont en 1976, vue au-dessus du parc du Parangon

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens