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14 novembre 2021 7 14 /11 /novembre /2021 00:01

Gabrielle Adélaïde dite Adèle Mathieu de Dombasle naît le 17 septembre 1819 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Elle est la fille de Céline Gabrielle Bertier et de son mari Joseph Antoine Mathieu de Dombasle.

Sa mère est l’héritière, du côté paternel, de la famille, riches négociants en denrées coloniales, ayant développé leur activité à Saint-Marc (Saint-Domingue, act. Haïti), avant de créer – après s’être rallié à la Révolution en 1789, le vaste domaine agronomique de Roville, dans la banlieue de Nancy. Du côté maternel, elle descend des comtes de Rennel et notamment de Marguerite Gabrielle, chanoinesse-comtesse de l’abbaye de Neuville-les-Dames (act. Ain).

Le père d’Adèle, Joseph Antoine Mathieu de Dombasle, officier d’état-major, était le frère de Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle (1777-1843), agronome, gestionnaire de Roville dont il fit le précurseur des écoles supérieures d’agriculture en France. La famille fit d’abord faubourg Saint-Pierre puis dans le domaine de Brabois, principalement installé sur la commune de Villers-lès-Nancy.

En février 1842, Adèle de Dombasle épouse à Paris Adrien Garreau, violoncelliste et compositeur, plus tard professeur au conservatoire de musique de Toulouse. Ils avaient déjà eu une fille en novembre 1841 à Paris, Gabrielle Thelcide Berthe Garreau. Leur deuxième enfant, Ferdinand, naît en juillet 1843 à Paris (2e arr.) où ils résident, Neuve-Saint-Georges. Le troisième, Georges, naît à Milly-la-Forêt (Seine-et-Oise, act. Essonne) en janvier 1845. Gabrielle de Dombasle y est directrice de la poste aux lettres, ayant dû prendre une activité après le décès de son mari en janvier 1834. À ce moment, Adèle de Dombasle est peut-être déjà séparée d’Adrien Garreau.

Après avoir probablement laissé la garde de sa fille à son mari Adrien Garreau, et sans doute ses deux garçons à sa mère, Adèle de Dombasle obtient du préfet de police un visa pour se rendre à Valparaiso (Chili) et, de là, en Océanie. Elle quitta Bordeaux en septembre 1847 à bord du navire de commerce Le Gange. Sur le même bateau, un autre voyageur est enregistré, Edmond Ginoux de La Coche. Ils se connaissaient vraisemblablement déjà, et vont faire le trajet ensemble jusqu’en Polynésie.

Ginoux de La Coche est né en novembre 1811 à Annecy (duché de Savoie, act. Haute-Savoie). Sa famille, noble, légitimiste et catholique, l'envoie faire des études chez les pères Jésuites à Forcalquier (Basses-Alpes, act. Alpes-de-Haute-Provence). Ils vivent ensuite à Toulon (Var) puis à Vesoul (Haute-Saône). Orienté vers l'armée, il échoue au concours d’entrée à l’école de la Marine de Brest (Finistère), poursuit des études à Grenoble puis s’engage en octobre 1830, âgé de 19 ans, dans le 54e régiment d’infanterie basé à Briançon (Hautes-Alpes).

Envoyé en Algérie en décembre 1833, il combat les rébellions arabes puis est renvoyé à Marseille en janvier 1835. Il se lance dans le journalisme, écrivant dans des organes républicains : la Sentinelle des Pyrénées à Bayonne (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques), le Progrès d’Arras (Pas-de-Calais) puis Le National à Paris. Fréquentant des cercles intellectuels et progressistes à Paris, franc-maçon, il s’affiche opposé à la politique coloniale du régime du roi Louis-Philippe. La France venant d’annexer les îles Marquises et d’installer un protectorat sur Tahiti, Ginoux de La Coche décide de partir en mai 1843 pour « vivre auprès des Sauvages pour mieux les étudier ». Il séjourne d’abord aux Marquises, puis à Tahiti, où il est nommé procureur du roi et apprend le tahitien. Il crée ensuite L’Océanie Française, hebdomadaire, première publication en français dans le Pacifique Sud. Mais le journal doit cesser sa parution en juin 1845, sur ordre du ministre de la marine et des colonies, le baron Ange René Armand de Mackau, qui se méfie de Ginoux de La Coche.

Il rentre alors en France, où il présente à Guizot, ministre des Affaires étrangères, un rapport sur la situation aux Marquises et à Tahiti. Ce dernier lui confie alors une nouvelle mission dans le Pacifique, où il part donc en compagnie d’Adèle de Dombasle en juin 1847. Arrivés à Valparaiso en mars 1848, ils décident de se rendre aux Marquises à bord d’un trois-mâts chilien, le Lenievez Martinez, où séjournent deux semaines en août et septembre 1848 puis se rend à Tahiti. Mais le nouveau gouverneur des Établissements français de l’Océanie, Charles-François Lavaud, connaissait et détestait de Ginoux, qui l’avait attaqué dans des articles du National. Il l’expulsa au bout de neuf jours de séjour. Après un long périple en Amérique du Sud, aux Antilles et aux États-Unis, il retourna en France en 1850.

Pendant les péripéties politiques auxquelles est confronté son ami, Adèle de Dombasle dessine la population autochtone et ses habitations. Elle se heurte aussi à la prévention du gouverneur, qui vient vérifier dans son hôtel que de Ginoux et elle ne partagent pas la même chambre. Il laisse à Adèle de Dombasle le choix entre rester seule ou accompagner de Ginoux sur son chemin de retour. Elle décide de rentrer, mais suit son propre chemin, via le Brésil. Elle est en France en 1851 et publie plusieurs témoignages de ses observations aux Marquises, par exemple, dans Politique nouvelle, « Visite à la grande prêtresse. »

Pour l’ethnologue Émilie Dotte-Sarout, les dessins d’Adèle de Dombasle ont un niveau de détail exceptionnel, ce qui permet d’identifier les plantes ou les tatouages sur les polynésiens, ce qui en fait une source d’information archéologique unique. L’enseignante remarque que de Dombasle documente de manière précise les observations qu’elle fait. Sur place, elle avait adopté le nom local d’Atéra.

Lors de son premier séjour, Edmond de Ginoux avait rapporté environ cinq cents objets polynésiens, ou originaires des Fidji, des Tonga, des Samoa, etc. après son retour, il s’installa à Nice où, en 1857, il acquit une villa dans laquelle il entreposa sa collection. Il rédigea un catalogue raisonné de 337 objets, terminé en 1866 et édité en 2012. Adèle de Dombasle vint également résider à Nice.

Après l’hospitalisation en 1867 d’Edmond de Ginoux à Marseille, Adèle de Dombasle prit soin de sa collection puis, suite à sa mort en juillet 1870, elle acheta la villa. Les objets de la collection de Ginoux furent vendus, en 1874, à un hollandais, le baron Lycklama A Nijeholt. Installé à Cannes, ce dernier fit don de l’ensemble en 1877 à sa ville. Elle l’installa dans le musée municipal, dénommé musée de la Castre (act. musée des explorations du monde). Les pièces exposées comprennent également des objets rapportés par Adèle de Dombasle, comme le collier de la grande-prêtresse Hina.

En août 1875, Adèle de Dombasle se marie avec Gustave Dardel à Nice. Ils s’installent dans l’ancienne propriété d’Edmond de Ginoux.

Gabrielle Adélaïde dite Adèle Mathieu de Dombasle meurt le 8 novembre 1901 à Monaco (principauté de Monaco). Elle était âgée de 82 ans.

Son fils aîné Ferdinand Garreau-Dombasle (1843-1896), est professeur à l’école des mines d’Alais (act. Alès, Gard) et décoré des Palmes académiques. Il est le père du diplomate et résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Maurice Garreau-Dombasle, époux de la résistante et poète Man’ha Garreau-Dombasle. Il est l’arrière-grand-père d’Arielle Sonnery de Fromental, épouse Bernard Henri-Lévy, dite Arielle Dombasle. Adèle Mathieu de Dombasle est donc la trisaïeule de l’actrice et chanteuse.

Le second fils, Georges Garreau-Dombasle (1845-1912), est un homme de lettres et journaliste réputé, chevalier de la Légion d’honneur. il est inhumé à Joinville-le-Pont.

Dix-sept œuvres d’Adèle de Dombasle sont conservées dans des collections publiques, au musée Jacques-Chirac du quai Branly, à Paris.

 

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