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22 janvier 2019 2 22 /01 /janvier /2019 00:01

Hippolyte Chatel naît le 9 mars 1857 à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est le fils d’Appoline Chappellier et de son époux Charles Chatel, forgeron mécanicien.

Devenu ouvrier tréfileur, comme son frère aîné Xavier, Hippolyte Chatel, qui réside chez ses parents dans la commune, épouse en octobre 1882 à Saint-Denis Eugénie Anaïs Boyer, fille d’un cultivateur de Vauchassis (Aube).

Il va s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) suite à la création, en décembre 1892, de la compagnie du Bi-Métal, société métallurgique exploitant un brevet déposé par un ingénieur lyonnais, Édouard Martin, et qui produit des fils mêlant le cuivre et l'acier. Son frère Xavier y travaille également mais réside dans la commune voisine de Saint-Maurice, tandis qu’Hippolyte Chatel, son épouse et son fils vivent à Joinville, d’abord rue de Créteil (act. av. du maréchal Leclerc) puis rue Pasteur.

C’est probablement Hippolyte qui est, en janvier 1894, le Chatel assurant la fonction de secrétaire de la section de Joinville de l’Union des tréfileurs, pointiers et lamineurs de France. Il s’agit du premier syndicat connu à Joinville-le-Pont, dont l’existence est attestée au sein de l’usine de Joinville en octobre 1893. Cette union est basée à la Bourse du travail de Saint-Denis, où elle est officiellement enregistrée en novembre de la même année par son secrétaire général, Victor Guyot. La section de Joinville est active au sein du groupement, où Chatel joue un rôle mentionné dans plusieurs publications.

La section syndicale va déclencher une grève, suivie par trente-cinq ouvriers tréfileurs, pour protester contre la réduction de 25 % sur le prix de façon du tréfilage, décidée par la direction de l’usine le 19 octobre 1894. Une intervention de Jules Ferdinand Baulard, député radical-socialiste de la Seine et ancien conseiller municipal de Joinville, accompagné des maires de Nogent-sur-Marne (Émile Husson), de Joinville (Eugène Voisin) et de Saint-Maurice (François Gauthier), propose une conciliation. Les ouvriers acceptent une réduction de salaire de 11%, mais elle est refusée par les employeurs.

Le directeur de la compagnie, M. Heurtel, assure que les ouvriers de Joinville sont payés moitié plus chers que leurs homologues de province, et 25% de plus que ceux de Saint-Denis, ce que contestent les ouvriers de Joinville, arguant d’une plus forte productivité.

Avec le soutien d’autres salariés de l’entreprise, les grévistes organisent des manifestations dans les rues de Joinville. Ils obtiennent le soutien des municipalités de Saint-Maurice et Joinville, ainsi que celui du conseil municipal de Paris et de plusieurs quotidiens comme La Lanterne, Le Radical, Le Parti ouvrier ou de l’hebdomadaire local Voix des communes.

S’il est encore mentionné comme secrétaire du syndicat le 17 novembre, Hippolyte Chatel semble cependant avoir cédé la fonction à son frère Xavier, qui signe les appels à la solidarité publiés dans la presse à compter du 9 du même mois.

Un accord est passé avec la direction après 52 jours de grève, le 15 décembre. La proposition des ouvriers de limiter la diminution à 11% est finalement acceptée. Le travail reprend le lendemain.

Au cours de son activité syndicale, Hippolyte Chatel était proche des militants de gauche du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Cependant, c’est sur une liste de droite, qualifiée de nationaliste par le journal radical Voix des communes, qu’il va être candidat lors des élections municipales de mai 1904 à Joinville. Conduite par deux conseillers sortants, Honoré Moulinet et François Provin, la liste s’oppose à celle du maire sortant, Eugène Voisin, soutenue par le comité radical-socialiste, et à une liste socialiste incomplète soutenue par le Parti socialiste français. Les radicaux obtiennent 49,1% des suffrages et ont 22 élus ; les nationalistes n’ont qu’un seul siège avec 32,3%. Les socialistes n’ont pas d’élu, leurs 7 candidats recueillant 13,6% des voix. Chatel obtient 314 voix pour 1 119 votants (28,1%) et 1 343 électeurs inscrits.

Bien qu’il ait été âgé de 57 ans au début de la première guerre mondiale, Hippolyte Chatel semble avoir joué un rôle militaire, puisqu’il est, après la fin du conflit, adhérent à la 740e section de la société Les vétérans des armées de terre et de mer qui indiquera, après sa disparition, qu’il était un soldat de la grande guerre.

Remarié en juillet 1919 au Vésinet (Seine-et-Oise, act. Yvelines) avec Augustine Augier, Hippolyte Chatel n’a plus d’activités politiques publiques. Il contribue en avril 1927 à la caisse d’amortissement pour le relèvement du franc.

Toujours employé de la compagnie française du Bi-Métal, Hippolyte Chatel est devenu directeur d'usine dans une autre unité du groupe, à  Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne). Il est décoré d’une médaille d’honneur à ce titre par le ministère du commerce et de l’industrie en février 1926.

Hippolyte Chatel meurt le 21 juin 1935 à Joinville. Il était âgé de 78 ans.

 

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