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10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 00:01

Alphonsine Léontine Girod naît le 24 mars 1848 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille de Marie Madeleine Leclaire et de son époux Claude Étienne Girod, journalier.

En septembre 1872, alors qu’elle exerce la profession de teinturière, rue de Montreuil à Paris (11e arr.), elle se marie dans cet arrondissement avec un ancien communard et teinturier également, Gustave Charton. Ils s’installent à Corbeil (Seine-et-Oise, act. Corbeil-Essonnes, Essonne) et auront six enfants.

Alphonsine Charton reste liée à Joinville-le-Pont, où elle se rend régulièrement, en particulier dans sa famille. Mais elle se lie également avec des personnalités anticléricales.

C’est chez un de ces derniers, l’architecte Victor Desjardins, qu’elle meurt à Joinville le 8 mars 1885, à l’âge de 36 ans. Son enterrement va être une des premières cérémonies de laïques dans la commune. Apparues vers 1855, les funérailles civiles concernent, en 1882, près de 22% de la population parisienne, mais restent extrêmement rares dans les communes de banlieue ou en province.

Le journaliste Henry Vaudémont qualifie ainsi Alphonsine Charton : « une brave mère de famille (…) qui donnait à ses concitoyennes le trop rare exemple d’une âme féminine douée d’assez de virilité pour s’affranchir des superstitions grâce auxquelles la gent cléricale abêtit les enfants, subjugue les femmes et parvient ainsi à faire plier devant elle des esprits souvent sains et droits, mais qui se résignent à fléchir le genou devant des fétiches en bronze plaqué ou en plâtre, afin de ne point affliger les êtres qu’ils aiment le plus au monde : leurs femmes et leurs enfants. »

Parmi la vingtaine de libres-penseurs qui assistaient à la mise en terre figuraient également Jules Ferdinand Baulard, conseiller municipal de Joinville, ultérieurement conseiller général de Charenton-le-Pont (Seine) puis député radical ; Alphonse Demeestère, conseiller municipal de Joinville, plus tard président du comité radical-socialiste de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux ; Nicolas Chéret, adjoint au maire de Joinville ; et Jean-Baptiste Schacre, secrétaire général de la Fédération française de la libre-pensée.

Henry Vaudémont, qui signe du pseudonyme de Gringoire, conclut sa nécrologie en estimant que « cet enterrement (…) aura peut-être pour suite la constitution d’une société de libre-pensée à Joinville ». Mais, malgré un appel en mars et une réunion préparatoire en avril, Vaudémont constatera en juillet « Quant au groupe de libres-penseurs qu’il était question de recruter, il serait trop faible pour prospérer en l’état actuel. (…) En attendant, rien ne nous empêche de rentrer dans la société de Saint-Maur. »

Il faudra attendre août 1890 pour que Vaudémont devienne président de La Raison, à Bry-sur-Marne (Seine) et en fasse un groupe implanté dans plusieurs communes du canton de Charenton, dont Joinville.

Gustave Charton, époux d’Alphonsine, lui aussi libre-penseur, sera un des précurseurs du socialisme-révolutionnaire sur les bords de Marne et conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés.

 

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