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15 juin 2018 5 15 /06 /juin /2018 01:01

Fin de la biographie de Georges Moreau

À côté de ses travaux d’écrivain, l'abbé Moreau ne négligeait pas les contacts avec la presse ni même les grands évènements intellectuels, si ce n’est mondains. Ainsi, en décembre 1895, il participe à la réception à l’Académie française de l’historien critique d'art et critique littéraire Henry Houssaye (1848-1911). Un mois plus tard, il est de nouveau à l’Académie française qui reçoit cette fois l’écrivain et critique dramatique Jules Lemaître (1853-1914).

Les talents de parole de Georges Moreau sont appréciés ; il est mobilisé pour le carême en 1895 à l’église Saint-Vincent-de-Paul ou pour Pâques en 1896 à Saint-Laurent. Le 4 mars 1895, le quotidien Le Matin commente ainsi : « L'abbé Moreau est encore un prédicateur de second plan, quoique, à tous les égards, il devrait être au premier plan. Il écrit beaucoup et bien, il parle mieux encore. Ses confrères l'ont depuis longtemps rangé parmi les épiscopables. On l'a trouvé autrefois trop libéral, on le trouve aujourd'hui trop ultramontain. Interrogé, il répond simplement : Je suis prêtre et rien que prêtre. »

C’est l'abbé Moreau que va rencontrer Le Matin quand il veut, en août 1892, avoir des commentaires sur une bien curieuse aventure de presse : l’interview du pape Léon XIII par l’écrivaine libertaire et féministe Séverine (alias Caroline Rémy, 1855-1929), parue dans Le Figaro le 4 août 1892. La présence de la suffragette et amie de Jules Vallès dans le quotidien conservateur est déjà surprenante ; le thème de son entretien aussi : l'antisémitisme.

Séverine, interrogeant le pape sur la guerre de races s’entendait répondre : « - Quelles races? Toutes sont issues d'Adam, que créa Dieu. Que les individus, suivant les latitudes, aient un teint différent, un aspect dissemblable, qu'importe cela, puisque leurs âmes sont de même essence, pétries du même rayon ? »

Et quand elle demande ce qu’il pense des « grands Juifs », sous-entendu ceux qui ont de l’argent, Léon XIII lui expliquait : « Je suis avec les petits, les humbles, les dépossédés, ceux que Notre-Seigneur aima. »

Georges Moreau affiche également son refus de l’antisémitisme, parfois avec des arguments tordant quelque peu ce que nous connaissons aujourd’hui de la réalité historique. Il classe Léon XIII dans « la lignée des grands papes », assurant que « L'Église, par l'organe des papes, n'a pas cessé de couvrir de son égide les juifs traqués et pourchassés. »

Confirmant ses opinions républicaines, Moreau n’hésite pas à invoquer le témoignage de l’abbé Grégoire, prêtre constitutionnel, parlant au nom des juifs à la barre de l'Assemblée nationale : « Les États du pape furent toujours leur paradis terrestre (…) tandis que l'Europe les massacrait. »

Le dernier livre imprimé connu de Georges Moreau est un discours qu’il tient, à Compiègne 17 juillet 1894 pour le centenaire de la mort sous l’échafaud de seize carmélites de la ville.

Il va mener un combat, en 1895, au nom de l’orthodoxie de la pensée catholique, qui lui vaudra pas mal de critiques. Recevant chez lui, à l’automne 1895, un journaliste du Matin, il parle du projet de congrès universel des religions, projeté pour 1900 à Paris et qui se tiendra finalement en Suisse. Il se dit « séduit » par l’idée de voir ensemble « toutes les sectes protestantes, juives, orientales ou autres », qu'on y invite « les musulmans et les païens, les pasteurs, les rabbins, les popes, les muphtis et les bonzes ». Mais il est catégorique : « Seule, la religion catholique n'y a pas de place, cette place fût-elle la place d'honneur. »

Son argument est définitif : « La tolérance, en matière de dogme, est une hérésie. L'église catholique (…) n'a rien à apprendre, rien à recueillir d'aucune secte ». Il veut donc se tenir à l’écart de cette « foire aux religions. »

Le quotidien culturel Gil-Blas, d’habitude mieux disposé à son égard, verra dans l’attitude de l'abbé Moreau celle d’un prêtre « encore moyen-âge ». Le littérateur spiritualiste et futur sénateur radical-socialiste de la Guadeloupe, Henry Bérenger (1867-1952), voit dans les propos de Moreau « la démonstration qu'aucune œuvre intellectuelle ou sociale ne peut-être entreprise avec le concours d'une Église qui se déclare elle-même intolérante, exclusive et dépositaire de la seule vérité ». Il en tire la conclusion que « Étant allés au clergé sans parti-pris, nous en sommes revenus nettement anticléricaux. C'est là un progrès négatif, mais c'est tout de même un progrès. »

En juillet 1896, Moreau retrouve une aumônerie, celle des religieuses du Très-Saint-Sauveur de la rue Bizet à Paris. Il cesse d’écrire pour les Annales catholiques.

L’abbé Georges Pierre Moreau meurt le 22 juillet 1897 à Marquette-lez-Lille (Nord). Il résidait route d’Ypres mais sa domiciliation restait toujours à Paris. La déclaration de sa mort est faite par des voisins qui ne savent pas signer. La raison de son séjour n’est pas connue. Les obsèques de l'abbé Moreau sont célébrées à l’église Saint-François-Xavier de Paris. Georges Moreau était âgé de 54 ans.

Léon XIII

 

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B
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