Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 avril 2025 4 24 /04 /avril /2025 00:01

Début de la biographie d’Alexandre Casiez

Alexandre Eugène Caziez naît le 2 février 1841 Charenton-Saint-Maurice (Seine, act. Saint-Maurice, Val-de-Marne). Il est le fils de Valentine Marie Constance Montraisin et de son époux Louis Eugène Caziez. Son nom sera ensuite orthographié « Casiez ». Son père est perruquier à la maison Royale ; il sera ultérieurement facteur des Postes. En 1844, la famille vit dans la commune voisine de Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Devenu graveur en bijouterie et vivant rue des Gravillliers à Paris (10e arr.), Alexandre Casiez épouse en août 1862 dans cet arrondissement Louise Euphrasie Rosalie Vernet, lingère. Ils s’installent rue du Temple (3e arr.), où il ouvre un atelier de fabrication de bijoux plaqués or. Ses produits sont qualifiés ainsi par le Moniteur de la bijouterie en septembre 1869 « Cette maison fait le genre tout à fait ordinaire et à des prix très-avantageux. »

Bijoux de la maison Casier

Lors de la guerre franco-allemande de 1870, Alexandre Casiez s’engage dans le 55e bataillon de la Garde nationale où il sert pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Il a le grade de caporal puis de sergent-fourrier. Bien qu’alors âgé de 66 ans, facteur retraité des Postes, son père Louis Eugène Casiez (1803-1880) est également engagé dans la Garde nationale, en tant que tambour-maître au 51e bataillon ; à son décès, il aura des obsèques civiles.

Alexandre Casiez continue son activité lors de l’insurrection populaire de la Commune de Paris (18 mars – 28 mai 1871), qui fait suite au refus des membres de la Garde nationale de rendre leurs canons aux troupes allemandes après l’armistice. Le 30 mars 1871, il est élu sergent-major.

Arrêté sur dénonciation le 9 juin, il est jugé par le 19e conseil de guerre, qui siège à Versailles et condamné le 10 juin 1872, à treize mois de prison et dix ans de privation de ses droits civiques. L’accusation lui reprochait d’avoir « été aux forts d’Issy, de Vanves, à Asnières, aux barricades dans Paris ». Cependant, la décision ne retient pas ces motifs, l’envoyant en maison d’arrêt pour port illégal d’uniforme. Le 13 septembre 1872, le reste de sa peine est remis. La dégradation civique est maintenue.

Après sa libération, Alexandre Casiez reprend son activité de bijoutier, toujours avec son atelier rue du Temple. En janvier 1876, il attaque de ses anciens ouvriers, alors établi à son compte, qui a copié certains de ses modèles. Le tribunal correctionnel de la Seine juge que « quelque répréhensibles que soient les faits reprochés », ils ne sauraient tomber sous l'application du Code pénal. La maison Casiez est présente lors de l’exposition universelle de 1878 à Paris, où elle obtient une médaille de bronze.

En février 1881, Alexandre Casiez est de retour devant la justice, cette fois pour des affaires familiales. Son épouse a demandé au tribunal civil de la Seine de prononcer la séparation de corps, faisant état d'injures, de menaces et de violences ainsi que les relations de son mari avec Marie Eugénie Clairiot, une ancienne employée de la bijouterie, alors âgée de 22 ans. En septembre 1884, Alexandre Casiez demande la transformation de la séparation en divorce, ce que son épouse refuse. Le tribunal remarque que le coupe « a eu quatre enfants encore vivants » (quatre autres sont morts) et que « l'union paraît avoir été heureuse jusqu'au jour où [Alexandre Casiez] a rencontré la fille [Clairiot] ». Il considère « que la femme Casiez, qui, pendant de longues années, notamment en 1871, dans des circonstances graves pour son mari, lui a donné des preuves d'un dévouement et d'une affection qu'il n'aurait pas dû oublier ». Pour étayer sa décision, le juge estime le demandeur « ne produit aucun motif avouable à l'appui de sa demande » et prend acte que l’épouse redoute qu’un divorce lui permette « de régulariser, à son détriment et à celui de ses enfants, la position dans laquelle il n'a cessé de vivre, depuis sa séparation ». Le divorce est ainsi rejeté. La décision est publiée dans plusieurs journaux juridiques mais également dans la revue Le Droit des femmes et dans plusieurs quotidiens parisiens ou de province. Casiez vit cependant avec sa nouvelle compagne, qui donne naissance en janvier 1885 à un fils, qu’il reconnaîtra.

C’est avec son fil aîné, Eugène, qu’est constituée, en janvier 1889, la société Alexandre Casiez et fils. Deux ans plus tard, elle est dissoute et le père cède le fonds de commerce à son fils. Ce dernier placera son activité en liquidation judiciaire en novembre la même année.

Ayant quitté Paris pour s’installer à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de La Varenne, rue Caffin, Alexandre Casiez y vit avec sa compagne et le fils de cette dernière. Sa mère et son frère Auguste, également bijoutier, vivent aussi à Saint-Maur. Alexandre devient agent général de la Compagnie générale d’assurances contre les accidents.

À suivre

Paris, la rue du Temple (Parissima)

 

Partager cet article
Repost0
10 avril 2025 4 10 /04 /avril /2025 00:01

Louis Eugène Verhaeghe naît le 11 mars 1865 à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Il est le fils d’Élisabeth Painteaux et de son mari Charles Louis Verhaeghe. Ils vivent à proximité du casernement de la Garde nationale. Sa mère est originaire des Ardennes et son père, cordonnier, est natif du Nord.

Travaillant comme ébéniste, vivant passage Alexandre-Lécuyer, à Paris (18e arr.), Louis Verhaeghe épouse dans cet arrondissement en juin 1894 Marie Lavaud, crémière, originaire de Corrèze. Ils divorcent deux ans plus tard, en décembre 1896.

Installé rue des Cloÿs, toujours dans le 18e arrondissement, Louis Verhaeghe se remarie en juillet 1897 avec Sylvie Henriette Gabrielle Couderc, couturière et parisienne. Ils sont apparemment séparés lorsqu’elle meurt, en février 1907. Il contracte un 3e mariage en juillet la même année, toujours dans le 18e, avec Marie Éléonore Leprévost, cuisinière, native de l’Orne, elle aussi divorcée.

Après la première guerre mondiale, le couple s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue de Joinville, voie limitrophe de Saint-Maur-des-Fossés. Louis Verhaeghe est devenu antiquaire brocanteur. Il semble apprécier les grosses voitures, puisqu’il se sépare, en novembre 1923, d’une automobile Cottin-Desgouttes, Torpédo type D.

Des élections municipales partielles d’octobre 1934, sont rendues nécessaires du fait de dix sièges vacants suite à des décès et démissions dans un climat politique tendu. Le maire Georges Briolay (radical-socialiste), élu en mai 1929 à la tête d’une coalition de cartel des gauches avec des socialistes SFIO, a perdu leur soutien. Il se met d’accord avec son opposition de droite pour appuyer une liste de Concentration républicaine, tandis que socialistes et communistes présentent chacun leurs candidatures. Louis Verhaege figure sur la liste des Républicains indépendants, qui compte (comme la Concentration républicaine) des radicaux-socialistes, en désaccord avec le regroupement parrainé par le maire. Elle est conduite par Henri Pélissier, constructeur de bateaux.

Au premier tour de scrutin, les Républicains indépendants arrivent en deuxième position, avec 25,5%, distancés par la Concentration républicaine qui a 37% des suffrages exprimés. Les deux partis de gauche arrivent presqu’à égalité, les communistes ayant 17,8% devant les socialistes à 17,6%. Ces derniers se retirent, appelant à voter pour la liste communiste. Les Républicains indépendants ne se représentent pas non plus, et la Concentration républicaine

Alors en retraite, Louis Verhaeghe meurt le 27 février 1944 dans son domicile de Joinville. Il était âgé de 78 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

La Marne en aval de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

Partager cet article
Repost0
29 mars 2025 6 29 /03 /mars /2025 00:01

Suite de la biographie de Guy Pascal Hirsch Montmartin

Après ses ennuis judiciaires du début des années 1920, Pascal Hirsch Salomon ne semble avoir qu’une activité en France ; peut-être voyage-t-il à l’étranger. Il s’inscrit en 1927 sur la liste électorale de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), se déclarant comme représentant, et réside avec sa famille avenue des Ailantes.

En 1931, il est domicilié à La Celle-Saint-Cloud (Seine-et-Oise, act. Yvelines), rue de L’Étang-Sec, avec son épouse et des deux filles ; il se déclare administrateur de sociétés et deux domestiques résident chez eux. Il se fait appeler Guy Pascal Hirsch Montmartin, préférant généralement raccourcir en Guy Pascal Montmartin, adoptant le nom de sa belle-famille.

Ayant un temps abandonné les affaires, Guy Pascal Montmartin commence en octobre 1934 une carrière diplomatique. Il est nommé consul général honoraire d'Autriche à Paris. S’il exerce bien la fonction consulaire, la titulature honoraire signifie qu’il n’est pas rémunéré. Il adhère en décembre 1934 au comité du Développement des Relations artistiques entre l'Autriche et la France et assure à partir de 1935 de nombreuses représentations protocolaires et mondaines. Il organise, dans les salons du consulat, une exposition commerciale et artisanale d'Autriche en mai 1935.

La résidence familiale est, en 1936, l’avenue Victor-Hugo à Paris (16e arr.), dans le quartier de la Porte Dauphine. Trois domestiques résident chez eux.

La partie la plus marquante du mandat de Hirsch Montmartin va être liée à l'Exposition universelle de 1937 à Paris. Officiellement dénommée Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne, elle se tient à Paris du juin à novembre 1937. Il est nommé en janvier 1936 commissaire général du gouvernement autrichien pour cette manifestation. En septembre la même année, il est désigné président par l’assemblée générale des commissaires généraux des nations ayant accordé leur participation à l'Exposition, devenant ainsi leur interlocuteur pour les discussions avec le gouvernement français. Le pavillon autrichien est, le 11 juin 1937, l’un des premiers (avec celui du Portugal) à ouvrir.

Après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, le 13 mars 1938, toutes les représentations diplomatiques de la République autrichiennes sont sommées de se soumettre aux autorités allemandes. À Paris, Hirsch Montmartin répond à la chancellerie fédérale à Vienne : « Je reçois votre télégramme me donnant ordre arborer le drapeau allemand à croix gammée sur le consulat général d'Autriche. Je vous informe que je refuse d'arborer un autre drapeau que le drapeau autrichien constitutionnel et vous confirme ma démission ». Plusieurs autres diplomates prennent la même attitude, comme le baron Pflugl, délégué permanent de l'Autriche auprès de la Société des nations à Genève ou le consul d'Autriche à Sao-Paulo (Brésil). Le quotidien Paris-soir estime que « Le Consul général à Paris reste fidèle à ses convictions républicaines. »

Le 17 mars, après que l’ambassade d’Allemagne à Paris lui eut donné l’ordre d’amener le pavillon fédéral autrichien qui flottait sur ses bureaux, Hirsch Montmartin publie une note : « j’ai remis les documents consulaires entre les mains de l’envoyé de l’ambassade d’Allemagne. Je crois que c’est un évènement historique sans précédent que de voir disparaître la représentation totale d’un pays dont l’existence constitutionnelle et légale était reconnue par le monde entier. (…) J’ai déclaré que l’on se battait encore en Autriche il y a quelques jours et je crois savoir que les combats continuent. Le régime de terreur institué implique que ces informations sont exactes. Les arrestations en masse dans tous les milieux prouvent bien que l’enthousiasme et l’unanimité ne sont pas tels qu’on les déclare sans quoi les arrestations seraient des persécutions trop tragiques. Bruno Walter, qui n’a fait d’autre politique que celle de l’Art, a été impitoyablement emprisonné ; la princesse Starhemberg, mère du prince, octogénaire, est en prison ; le baron Louis de Rothschild y est aussi et tant d’autres dont on ignore le sort ; en effet, les nouvelles de Vienne ne parviennent plus, les journalistes ne pouvant tout voir, mais seulement dire ce qu’ils apprennent. Un grand nombre d’Autrichiens ne reconnaîtront pas la mainmise sur leur patrie et tant parmi ceux qui sont en Autriche que ceux qui sont à l’étranger, un mouvement national est en formation. Des comités se forment dans les grandes capitales, à Londres notamment sous la présidence du baron Frankenstein, dernier ambassadeur d’Autriche dans la capitale britannique. À New-York et à Paris, d’autres comités se créent. Je me suis personnellement chargé de coordonner tous ces efforts. Aujourd’hui même, je reçois une délégation d’Autrichiens d’Amérique. Il est à souhaiter que tous ces efforts trouvent un appui auprès des gouvernements et qu’on finisse par apprendre la vérité sur les sentiments réels de l’Autriche afin que les gouvernements étrangers du monde entier viennent au secours du droit et de la liberté des peuples et assurent le respect des traités sur lesquels figure leur signature. La paix si menacée du monde en dépend plus que jamais. L’Autriche redeviendra autrichienne. »

Dans la presse, il déclare encore : « Si je n’ai pas arboré le drapeau à croix gammée c’est que la plus grande partie de l’Autriche n’est pas nazie, contrairement à toutes les informations parues dans la presse. Je n’en veux pour preuve que cette information que je reçois de source très sûre : de la frontière suisse on entend nettement la mitraillade dans le Tyrol. En effet, des combats ont lieu sur certaines parties du territoire autrichien. Quant à l’entrée des troupes allemandes en Autriche, elle ne s'est pas effectuée comme on l’a dit au milieu de l’enthousiasme mais à grand renfort de formations nazies, on est parvenu à créer une fausse allégresse. Comme consul général d’Autriche à Paris, je ne connais que l’Autriche qui a été définie par les traités et par la Société des Nations. L’annexion de l’Autriche n’a pas été officiellement reconnue. Telle est la cause de mon refus d'arborer l’emblème du Reich. Au surplus, la logique m’interdisait de faire une telle chose. S'il y a encore une Autriche il n’y a qu'un seul drapeau, s’il n’y a plus d’Autriche, je ne suis plus consul. »

Dans Le Petit Provençal, Camille Ferdy apprécie sous le titre « Un geste » : « Le consul d'Autriche à Paris, M. G.-P. Hirsch Montmartin a refusé de remplacer par le drapeau allemand à croix gammée le drapeau national autrichien flottant sur la façade du consulat et naturellement il a ensuite démissionné. (…) Nous savons bien qu’en réalité, si nobles soient-ils, de tels gestes ne changent rien à la marche des événements. Un ambassadeur et un consul qui ne consentent point à se courber sors le joug et qui sacrifient les avantages de leur situation au sentiment de leur dignité ont immédiatement des successeurs à l'échine plus souple. Les dictateurs n'ont pas de peine à trouver de dociles serviteurs. Mais, pour l'honneur de l'humanité, il n'est pas mauvais que les attentats contre le droit provoquent parfois ces gestes d’indépendance attestant qu'il y a encore quelques esprits fiers et quelques consciences libres en notre époque ou tant de gens et tant de nations semblent se ruer avec un allègre enthousiasme à la plus lourde et la plus dégradante des servitudes. »

Lorsqu’une Entraide autrichienne est fondée à Paris, Hirsch Montmartin la domicilie chez lui, boulevard Malesherbes, et fait partie de son bureau.

À suivre

Le drapeau autrichien maintenu sur le consulat d’Autriche après l’Anschluss en mars 1938

 

Partager cet article
Repost0
27 mars 2025 4 27 /03 /mars /2025 00:01

Début de la biographie de Guy Montmartin

-0-

Pascal René Guy Laurent Salomon naît le 21 avril 1894 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Léa Strauss et de son mari Hirsch Salomon, qui résident avenue de Friedland. Le père, négociant et industriel, est également un homme de presse et une personnalité politique influente du parti radical-socialiste. Vers 1891, il a adopté le nom d’usage « Hirsch », faisant de Salomon un prénom d’usage. Pascal utilisera également la même désignation, qui n’aura toutefois pas un caractère officiel, les actes d’état-civil continuant de mentionner le patronyme de Salomon.

Sa mère est la fille d’un homme d’affaires Juif américain natif de Granville (New-York, États-Unis).

La famille s’installe ensuite boulevard Pereire puis, toujours dans le 8e arrondissement, avenue de Wagram. Elle va ensuite résider à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, actuellement Val-de-Marne), dans le quartier du Parc Saint-Maur, avenue des Ailantes, où le père installe son usine de production de papier. En 1914, le quotidien La Dépêche coloniale décrira l’environnement familial « où se retrouve quelque chose des mœurs patriarcales d’autrefois, sous la douce autorité de la vénérable mère [Clara Strauss, mère de Salomon Hirsch]. »

La famille est de religion israélite et Pascal Salomon fait sa Bar Mitzwa à la grande synagogue de Paris, rue de la Victoire (9e arr.) en avril 1907. En 1914, il se présente comme représentant de fabriques, ayant donc une activité commerciale sans doute dans les entreprises de son père.

Alors âgé de 20 ans, âge normal de la convocation pour le service militaire, Pascal Hirsch (puisqu’il utilise désormais cette dénomination) intègre l’armée dès septembre 1914, du fait du déclenchement de la première guerre mondiale. Il est affecté au 13e régiment de dragons, où il est nommé en novembre brigadier. Il devient sous-officier en tant que maréchal des logis en février 1915. La même année en juillet, il est promu, à titre temporaire, sous-lieutenant, et rejoint le 158e régiment d’infanterie. Transféré au 9e régiment de hussards en avril 1916, son grade d’officier n’est pas confirmé et il redevient maréchal des logis. En août, il passe 146e régiment d’infanterie. Il participe avec son unité à la bataille de la Somme, d’où il est évacué de Sailly-Saillisel (Somme) en novembre 1916 avec les pieds gelés. Du fait de l’état de ses poumons, il est réformé définitivement en février 1919.

Il se lance dans les affaires, avec une maison de commission-exportation, Établissements PSH (Pascal Salomon Hirsch), qui fait faillite en janvier 1921. La procédure se conclut par un remboursement des créanciers en février 1925.

En novembre 1921 à Paris (16e arr.), Pascal Hirsch Salomon épouse Yvonne Henriette Montmartin, originaire de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique).

Il fait face, en décembre 1923, une deuxième fois à la justice, devant la douzième chambre du tribunal correctionnel de la Seine sous des accusations d’abus de confiance. Il lui est reproché un emprunt obtenu pour un prétendu projet et non remboursé, pour lequel il se présentait comme le « baron Hirsch ». Il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis, à 30 000 fr. d’amende et à 200 000 fr. de dommages-intérêts envers la partie civile.

À suivre

Guy Pascal Hirsch Montmartin 1935 (à droite)

 

Partager cet article
Repost0
11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 00:01

Henry Jean Baptiste Joseph Fréville naît le 14 septembre 1843 à Marœuil (Pas-de-Calais). Il est le fils Augustine Béthencourt et d’Henry Fréville, domestique, qui reconnaît en être le père. Ses parents se marient dans la même commune une semaine plus tard.

La famille vit ensuite dans l’Oise à Montataire puis dans la commune voisine de Creil. C’est dans cette dernière ville que Henri Jean Baptiste Fréville épouse en juin 1864 Horeline Élisa Hubert, originaire du lieu et couturière. La famille est installée en 1866 à Persan (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) où Henri Fréville est ouvrier d’usine.

Ils rejoignent ensuite Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) ; leur deuxième fils y naît en août 1870 et Henri Fréville est désormais puddleur en fonte. Comme la quasi-totalité des habitants de la commune, la famille Fréville se réfugie dans Paris le 15 septembre 1870, tandis que les troupes allemandes font le siège de la capitale.

Ouvrier puddleur (Wikipédia)

Ayant rejoint le 232e bataillon de la Garde nationale, Henri Fréville poursuit son activité au sein de l’unité après le 18 mars 1871, qui marque l’insurrection de la population parisienne en réaction à la tentative des troupes du gouvernement, installé à Versailles, pour désarmer la ville après la reddition du 6 février. Un Comité central de la Garde nationale a été constitué et, le 28 mars, la Commune de Paris est proclamée et agit comme un gouvernement révolutionnaire.

Dans les derniers jours des combats, pour répondre à la fusillade de plus de quatre cents insurgés, les autorités de la Commune de Paris font exécuter une cinquantaine d’otages. Deux versions du comportement d’Henri Fréville existent. Selon la notice biographique publiée dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier de Jean Maitron, il refuse, le 26 mai, de faire partie du peloton d’exécution, ce qui provoque son incarcération dans la prison de la Roquette. Il y est arrêté le 28 mai par des soldats de l’armée de Versailles. Selon de compte-rendu de presse de son procès, qui se tien devant le septième conseil de guerre à Saint-Germain-en-Laye, en janvier 1872, il aurait été incarcéré plus tôt du fait de sa « tiédeur » et aurait quitté la prison le matin même de l’exécution, soit le 26 mai.

Il est condamné le 5 janvier pour avoir été « coupable d’avoir porté des armes apparentes et un uniforme dans le mouvement insurrectionnel de Paris » et se voit appliquer une peine de déportation simple, prenant en compte qu’il n’aurait pas participé aux massacres.

Quittant la France sur le bâtiment de transport à vapeur le Var, le 1er octobre 1872, il arrive à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) le 9 février 1873 puis est débarqué, le 17 du même mois, sur l’île des Pins, où est installé le bagne.

Le 15 janvier 1879, Henri Fréville obtient une remise de peine. Il peut quitter le territoire sur le navire Navarin le 3 juin 1879, après avoir passé plus de six ans dans le territoire colonial du Pacifique.

De retour en métropole, Henri Fréville rejoint son épouse qui était retournée chez sa mère dans sa ville natale de Creil avec deux de leurs trois enfants, tandis que le troisième est élevé par la mère d’Henri, à Persan. Il devient chauffeur de machines à vapeur.

Dans la seconde moitié des années 1880, la famille s’installe à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils ont deux nouveaux enfants.

Henri Fréville meurt le 17 juin 1896 à Saint-Denis, exerçant toujours son activité de chauffeur. Il était âgé de 52 ans. Ses quatre garçons comme sa fille étaient tous morts au moment de son décès.

Bagne de l’île des Pins, en Nouvelle-Calédonie (Wikipédia)

 

Partager cet article
Repost0
13 février 2025 4 13 /02 /février /2025 00:01

Reprise d’un article publié le 13/01/2022 en fonction d’arches nouvelles, suite

La famille Marescaux s’installe ensuite à Joinville, où vit également Delort. Elle réside en 1911 quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy.

Outre son magasin de la rue de la Roquette, l’entreprise ouvre une usine quai de la Marne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle compte plusieurs dizaines d’ouvriers, et dix-neuf d’entre eux trouveront la mort au cours de la première guerre mondiale. Pendant la durée du conflit, Marescaux produit pour les besoins de l’armée et des soldats mobilisés lui sont affectés, dont Delort, Marius Alphonse Levaltier ou Antoine Duranthon. Elle embauche aussi des femmes.

Pendant la première guerre mondiale (1914-1918), les usines Marescaux se voient octroyer plusieurs marchés militaires, notamment pour la fabrication de bombes. Il sera imposé après la fin du conflit pour les bénéfices qu’il a faits à la faveur desdits marchés. Marescaux fait partie des souscripteurs de la collecte humanitaire organisée en décembre 1917 à Joinville. Une « Plaque commémorative 1914-1918 des Établissements Marescaux » est apposée sur l’usine ; après la fermeture de l’établissement, elle a été déplacée et se trouve aujourd’hui dans le cimetière communal, près du Monument aux Morts. Elle porte la mention « « A la mémoire du personnel de la Maison mort pour la France » et comporte 19 noms.

Après-guerre, la société Marescaux publie de nombreuses annonces pour participer à la reconstruction du Nord, zone largement détruite pendant les combats et l’occupation allemande. Il met en avant son statut de fournisseur des ministères de la guerre et de la marine, du génie, de l'artillerie, de la ville de Paris et d’autres grandes administrations.

Cependant, l’activité se réduit dès décembre 1918 et l’usine de Joinville se sépare d’une partie de son personnel, en particulier des femmes, ce qui provoque la colère des sections locales du Parti socialiste SFIO. Pour relancer sa production, Marescaux investit en 1924 dans de nouvelles machines de découpage, matriçage, forgeage, laminage et emboutissage de métaux à froid et à chaud.

Le fils de son associé, Abel Delort, a été condamné en septembre 1923 à cinq ans de prison pour avoir tenté de tuer son père. Jean Delort, qui en avait réchappé, meurt en juillet 1924 à Joinville.

C’est probablement la disparition de son partenaire au capital social, lequel était veuf et dont l’héritier était alors incarcéré, qui provoque la mise en liquidation judiciaire en avril 1925 de l’entreprise Émile Marescaux, basée rue de la Roquette. Cependant, l’usine de Joinville poursuit son activité. Elle est touchée par les inondations de la Marne en janvier 1926. En octobre 1923, Émile Marescaux avait créé une deuxième société, la Société anonyme des métaux bruts et ouvrés (SAMBO), au capital de 500 000 francs. Elle proposait des produits en zinc, plomb et étain et était basée rue Saint-Sabin ; les deux entreprises disposaient du même téléphone. La SAMBO est dissoute en avril 1926.

Cette année-là, Marescaux paraît avoir quitté Joinville.

Émile Marescaux meurt le 22 janvier 1941 aux Loges-en-Josas (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Il est signalé dans l’état-civil comme exerçant la profession de garde-champêtre. Il était âgé de 72 ans et père d’une fille.

Selon l’annuaire Didot-Bottin de 1911, il a été décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie.

Fin 

Voir aussi :

Plaque commémorative des morts pendant la première guerre mondiale, anciens établissements Marescaux, act. cimetière de Joinville

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2025 2 11 /02 /février /2025 00:01

Reprise d’un article publié le 13/01/2022 en fonction d’arches nouvelles, début

Émile Louis Marescaux naît le 18 février 1869 à Marquette-lez-Lille (Nord). Il est le fils aîné des huit enfants – tous des garçons – de Louise Victorine Flament et de Charles Louis Marescaux, ferblantier puis voyageur de commerce. Ses parents sont installés à Lille en 1873. Ils divorcent en mai 1886 ; le septième des enfants du couple meurt en juillet cette même année (il était né en septembre 1885) tandis que le huitième enfant naît en octobre, cinq mois après la séparation légale que le registre d’état-civil ne mentionne pas.

La majorité des enfants, dont Émile, restent vivre avec le père. Celui-ci, devenu voyageur de commerce, s’installe à Amiens (Somme), rue d’Alsace-Lorraine, dans le centre-ville. Il emménage avec une couturière originaire du Nord également, Célinie Tilmont, qui donne naissance à une fille en avril 1888.

Employé de commerce et domicilié chez son père à Amiens (Somme), Émile Marescaux devance en novembre 1888 le service militaire en s’engageant pour trois ans dans l’armée. Il rejoint le 40e régiment d’infanterie où il devient caporal en octobre 1889.

Pendant qu’il effectue son service militaire, en janvier 1890, Charles Marescaux, son père, se suicide par asphyxie au gaz de carbone dans une chambre calfeutrée, en entraînant dans son décès les trois garçons qui vivaient avec lui, âgés de 13, 10, et 7 ans. Au moins 45 journaux rendent compte de ce qu’ils qualifient de « drame épouvantable », qu’ils associent parfois à la misère, indiquant que le père était à ce moment sans emploi. Sa maîtresse était absente depuis trois semaines et avait découvert la situation avec la police à son retour.

Continuant son contrat à l’armée, Émile Louis Marescaux est promu au grade de sergent en décembre 1890. Il est affecté, en juillet 1891, à la 15e section de secrétaires d’état-major et de recrutement.

Il réside à Marseille en 1892 puis revient à Lille l’année suivante. Il épouse en décembre 1893 à Mende (Lozère) Augustine Marie Dupeyron, giletière. Ils s’installent à Paris, d’abord rue Lappe puis dans une voie adjacente, rue de la Roquette (11e arr.).

En août 1901 est formée la société en nom collectif Delort et Marescaux, installée rue de la Roquette. Elle a une durée de neuf ans et un capital de huit mille francs. Elle est spécialisée dans la ferronnerie d’art et produit également des pièces pour les couvreurs, notamment des châssis pour toiture. Son associé est Jean Delort, comptable. Ultérieurement l’entreprise prendra exclusivement le nom de Marescaux, même si le fils, Abel Delort, forgeron et ajusteur, continuera d’y travailler.

Le Comité républicain radical et radical-socialiste du quartier de la Roquette élit, en juin 1909, Marescaux en tant que vice-président de sa commission exécutive. Clémencet est président.

À suivre

 

Partager cet article
Repost0
7 février 2025 5 07 /02 /février /2025 00:01

Joseph Lewinski est né le 25 juin 1862 à Stavisk (Russie, act. Stawiski, Pologne). Il est le fils de fils Juda Lewinski et de son épouse Elka. Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

En 1889, Joseph Lewinski réside à Paris (4e arr.), rue du Figuier, où il est tapissier. Il y épouse en novembre Pauline Zaremberg, couturière, originaire de Lomza, ville proche de sa commune d’origine. Il réside dans des quartiers concentrant une forte immigration juive d’Europe orientale.

Tout en continuant à se présenter comme tapissier, selon l’historien René Dennilauler, Lewinski devient loueur de meubles pour le monde du spectacle, notamment plusieurs théâtres à Paris. Il fournissait des meubles pour plusieurs théâtres à Paris. Il possédait un terrain route de la Brie (act. avenue Gallieni), où il se fit construire un petit pavillon, encastré plus tard entre plusieurs ateliers). Il ne sera recensé dans la commune qu’à partir de 1931.

Joseph Lewinski installe sur son terrain une « baraque de prise de vue » (selon R. Dennilauler), avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Léon est toujours fourreur, mais il assiste le reste la famille dans la gestion du studio. Son atelier, qu’il partage avec Jules, est situé à l’ancienne adresse familiale du boulevard Beaumarchais.

Joseph Lewinski meurt le 18 janvier 1937 à Joinville. Il était âgé de 74 ans et est inhumé au cimetière parisien de Bagneux.

Ses trois fils gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage. Les deux fils cadets, Léon et Jules, sont fourreurs, tandis que l’aîné, Isaac dit Henri, assure la continuité de l’entreprise familiale. Il sera le seul des frères à survivre, avec sa mère, aux persécutions dont la famille est victime pendant l’occupation allemande au cours de la deuxième guerre mondiale.

Voir aussi

Studio Pathé consortium Joinville avenue Galliéni (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

Partager cet article
Repost0
5 février 2025 3 05 /02 /février /2025 00:01

Charles Prosper Bertuot naît le 30 mars 1841 à Paris (10e arr.). Il est le fils de Joséphine Périne Amanda Massieu et de son époux Joseph Charles Bertuot. Ils vivent rue des Beaux-Arts (act. 6e arr.). Charles est baptisé le 18 avril dans l’église Saint-Germain-des-Prés.

En 1865, son père est sous-chef du dépôt des machines du chemin de fer d’Orléans, dans la préfecture du Loiret. Charles Bertuot est pour sa part mécanicien à Vierzon (Cher). Il travaille peut-être lui aussi sur les locomotives à vapeur.

Il épouse en mai 1865 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne) Eugénie Félicie Gosset, issue d’une famille d’artisans et de commerçants, très impliquée dans la vie politique de cette commune et de celle voisine de Joinville-le-Pont. Ils s’installent d’abord dans la Grande-Rue de Saint-Maurice puis rue du Canal à Joinville. Charles Bertuot est devenu serrurier.

Pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871, la quasi-totalité de la population des bords de Marne est évacuée et vit à Paris. Pendant le siège de la capitale, les communications normales sont interrompues ; en janvier 1871, Félicie Bertuot, repliée à Vierzon avec sa fille, s’adresse par un dépêche télégraphique à sa famille, qui réside alors rue Censier, Paris : « nous allons bien, sommes Vierzon, [chez] Barbarin, donnez nouvelles, sommes inquiets ». Les messages transportés par les oiseaux étaient nécessairement très courts.

Après le retour à Joinville et la fin de l’occupation allemande du village en septembre 1871, Charles Bertuot s’associe à son beau-frère, Amédée Gosset pour fonder en janvier 1872 la société « Gosset & Bertuot », où ils apportent une part égale du capital de 11 000 francs, qui offre des produits de serrurerie et de charpente en fer. Créée pour dix ans, elle sera prorogée en janvier 1882.

En septembre 1875, Charles Bertuot participe à une vaste souscription pour les victimes des inondations en France, avec au moins 81 autres personnes Joinville. Il s’implique aussi dans la compagnie des sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont dont il est, en mai 1880, le sergent fourrier. En parallèle, il participe à l’administration de la Société de secours-mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville, la plus ancienne structure de la mutualité de la ville, qui apporte des secours en cas d’accident et verse des pensions de retraite. Il est membre du bureau de la mutuelle, dont le président est le maire, Eugène-Voisin (radical), et exerce la fonction de trésorier. Amédée Gosset siège également dans le bureau.

En avril 1889, Bertuot est tiré au sort pour siéger en tant que juré dans les Assises de la Seine. Toujours avec A. Gosset, il est, la même année, sociétaire honoraire de l’Orphéon de Bercy, chorale parisienne.

Charles Bertuot meurt le 5 juin 1890 à Joinville. Il était âgé de 49 ans et père d’une fille. La société Gosset & Bertuot est dissoute en octobre cette même année.

Charles Bertuot avait reçu en mai 1880 une mention honorable pour son activité de sergent fourrier au sein de la Compagnie des sapeurs-pompiers pour avoir, en janvier de cette année-là, « bravé tous les dangers de la débâcle des glaces de la Marne, pour porter secours aux personnes surprises par la crue subite des eaux. »

Pigeon-voyageur à Paris en 1871 (création avec Chat-GPT)

 

Partager cet article
Repost0
1 février 2025 6 01 /02 /février /2025 00:01

La poète et résistante Marietta Martin a vu son nom donné en octobre 2024 à une rue de la ville d’Arras, sa commune natale. L'inauguration de la rue Marietta Martin est a priori prévue aux alentours du 8 mars 2025. C’est l’occasion de reprendre ici sa biographie.

 

Marietta Martin, née le 4 octobre 1902 à Arras (Pas-de-Calais), est la fille d’Arthur Martin, rédacteur en chef du quotidien d’Arras, le Courrier du Pas-de-Calais, et d’Henriette Martin-Le Dieu. Orpheline de père à l'âge de quatre ans, Marietta vit avec sa mère, professeur de piano à Arras et sa sœur, Lucie. Lors de l'offensive allemande dans le nord de la France en août 1914, sa mère et sa sœur se réfugient à Paris et s'installent dans le 16ème arrondissement, où Marietta les rejoindra après un séjour en Angleterre.

Elle fait ses études secondaires au Lycée Molière, où travaille sa mère, s'inscrit comme étudiante à la Faculté de médecine puis change de voie et prépare une licence de lettres et un doctorat. Elle parle couramment l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien, le polonais et le danois. Musicienne, elle joue du piano et du violon. Marietta voyage dans une bonne partie de l’Europe, malgré une santé très délicate, et fait notamment de longs séjours en Pologne, où vivent sa sœur et son beau-frère, Adam Rosé, diplomate et ministre. Ses voyages lui inspirent la rédaction d’un essai sur Marie-Thérèse Rodet Geoffrin, visiteuse française du roi de Pologne Stanislas Auguste à Varsovie en 1766.

En 1925, elle présente sa thèse de doctorat en littérature comparée sur la vie et l'œuvre d'un médecin allemand qui a eu Stendhal pour patient, le docteur Koreff, qu’elle qualifie d’aventurier intellectuel. Elle poursuit ses travaux par un mémoire sur le Saint-Simonisme qui fait l’objet de deux articles dans le Journal des débats en 1926.

Malade des poumons, Marietta Martin passe plusieurs années en Suisse, dans un sanatorium de Leysin (canton de Vaud) entre 1927 et 1931. Elle y écrit de nombreuses lettres, parfois poignantes, mais toujours gaies et optimistes. Dans un de ces courriers, elle résume sa pensée : « S’il faut lancer un message par le monde, il ne peut pas partir porteur de douleur pour augmenter cette douleur, il serait un faux message. Si c’est un message pour la terre, ce doit être un message de corps et d’esprit ; vivre comme il faut, selon toutes les règles, l’enseignement définitif est : soyez joyeux. Il ne faut pas rester dans le bizarre chemin qui y conduit. »

Elle publie en 1933 son premier ouvrage littéraire, Histoires du paradis. Comme l’ensemble de son œuvre, elle relève d’un style mystique. Marquée par sa culture chrétienne et son affirmation de l’amour comme sens de la mort, elle assure écrire du point de vue de Dieu. Elle écrit « J'ai du respect pour le Dieu qu'ils cachent en eux » et se décrit « J'ai tellement de soleil dans mon cœur que tout ce que je regarde en est illuminé. »

Bien que n’ayant pas d’engagement politique connu, elle accepte de travailler en 1936 pour rédiger les documents de propagande de la campagne électorale de Maurice Tailliandier (1873-1951), député sortant de la 2ème circonscription du Pas-de-Calais (Arras), membre du groupe Républicain et social (droite modérée). Il sera battu par un partisan du Front populaire.

En 1938, Marietta Martin rédige en un recueil des poèmes qu’elle signe du pseudonyme de François Captif. Le livre, intitulé, Adieu temps, paraîtra en 1947. En 1939, elle rassemble la plupart de son œuvre, sauf les écrits universitaires, sous le titre d’Enfance délivrée.

L’expérience mystique de la poète Marietta Martin est marquée par une prescience de la mort et de l’engagement patriotique. Dans un cahier de 1936, elle écrit : « Nuit ! Nuit ! Non, pour toi, Nuit, il faut partir. Le soldat sait qu’il part demain. Il sait où il part ; il sait qu’il veut partir pour le lieu dont il ne sait pas le nom. Les convois de troupes vers le lieu de l’action montent en ligne pour une destination inconnue. Il n’en sait qu’une et il l’aime, il l’aime tellement, enfin ! »

Marietta Martin entre peu après le début de la guerre dans le Réseau Hector, un important groupe de combat et de renseignement de la zone nord de la France, animé par le colonel Alfred Heurteaux, officier du 2ème Bureau de l'Armée d'armistice.

Elle participe, à la demande du diplomate Paul Petit, au réseau « La France Continue », mouvement de résistance créé notamment par Henri de Montfort, journaliste et secrétaire de l’Institut de France, et Annie de Montfort. Cette dernière fut étudiante aux Langues orientales avec Marietta. On comptait également parmi les collaborateurs l’historien Émile Coornaert, Suzanne Feingold ainsi que le professeur du lycée Buffon Raymond Burgard. La chambre de Marietta, rue de l'Assomption à Paris (18e), devient la salle de rédaction du journal publié par le réseau.

La France Continue, un des premiers véritables journaux clandestins, connaîtra 12 numéros entre 1941 et 1942. Marietta Martin écrit pour le journal et assure, à bicyclette, la diffusion de numéros dans Paris. Elle en expédie également plusieurs milliers d’exemplaires par la poste.

A la suite d'une dénonciation, une perquisition a lieu dans sa chambre au cours de la nuit du 7 au 8 février 1942. Un ouvrage est saisi, intitulé « Avec Charles de Gaulle de Gaulle, avec l’Angleterre ». Il s’agirait selon le jugement rendu en 1943 d’un « écrit politique assez long, rédigé par elle et plusieurs fois remanié » ; il aurait été « mis en lieu sûr » par les autorités allemandes et n’a pas été retrouvé depuis.

Marietta Martin est inculpée de « rédaction et diffusion de publications clandestines » et accusée d'être une militante du mouvement Libération nationale. Incarcérée à la prison de la Santé, elle est déportée le 16 mars 1942 en Allemagne dans huit établissements pénitentiaires successifs. Elle est condamnée à mort le 16 octobre 1943 par le « tribunal populaire » (Volksgerichtshof) de Sarrebruck pour « complicité avec l'ennemi » en même temps que Paul Petit et Raymond Burgard.

Emprisonnée en attente de son exécution à la prison de Cologne elle est soignée par Gilberte Bonneau du Martray, dans la cellule voisine de celles d’Elizabeth Dussauze, Jane Sivadon, Hélène Vautrin et Odile Kienlen. Elle est transférée suite aux bombardements, sur une civière en raison de sa faiblesse, à Francfort-sur-le-Main. Elle y décède le 11 novembre 1944. En 1949, son corps est rapatrié à Paris. Elle est inhumée avec les honneurs militaires au cimetière de Clichy-sous-Bois, car elle a été nommée, à titre posthume, sous-lieutenant, au titre des Forces françaises combattantes.

Marietta a été décorée de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre avec palmes. Elle a fait l’objet d’une citation à l'ordre du corps d'armée. La poète fait partie des 157 écrivains morts pour la France dont le nom figure au Panthéon de Paris. Une plaque est déposée sur son ancien domicile rue de l'Assomption à Paris (16e arr.) et une rue du même arrondissement porte le nom de « Marietta Martin ».

Une école est baptisée de son nom dans sa ville d’origine, Arras et une plaque a été déposée sur sa maison natale. En octobre 2024, une rue a été baptisée à son nom dans cette commune.

Une allée de la Forêt des écrivains combattants a été baptisée en 1961 du nom de Marietta Martin dans la forêt des écrivains combattants au sein du massif montagneux du Caroux-Espinouse, situé sur le territoire des communes de Combes (Hérault).

Voir aussi :

Portrait de Marietta Martin (arch. fam.)

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens