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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 00:01

Antoine Joseph Léon Bouise naît le 2 septembre 1872 à Honfleur (Calvados). Il est le fils d’Aline Ernestine Chouquet et de son époux Pierre Bouise, cordonnier et bottier. La famille s’installe ensuite au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), rue de Bordeaux.

Devançant l’appel pour le service militaire, Antoine Bouise s’engage dans l’armée pour quatre ans en mars 1892. Il est affecté au 26e bataillon de chasseurs à pied. En septembre, il est nommé caporal. Il ne fera cependant qu’un an sous les drapeaux puisque, en avril 1893, il est démobilisé en tant que fils unique de veuve, son père étant décédé.

En 1898, Antoine Bouise est à Paris (17e arr.), dans le quartier des Batignolles, rue Nollet. Il est nommé en juin commis dans l’administration des ponts et chaussées. En août, il épouse une parisienne, Henriette Françoise Creyssels. Ils vivent en 1904 dans le 15e arrondissement, place du Commerce.

C’est en janvier 1904 que l’admission d’Antoine Bouise dans la franc-maçonnerie est acceptée. Il rejoint la loge L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste, affiliée au Grand-Orient de France, et qui se réunit à son siège, rue Cadet (9e arr.). Il sera mentionné dans la presse comme en faisant partie jusqu’en 1914.

La loge L'École Mutuelle est mentionnée en 1878 ; elle devient L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste en mai 1897. Quand Bouise la rejoint, elle a pour vénérable Pierre Morel, conseiller municipal de Paris. Elle organise, mi-mai 1904, comme elle l’avait fait plusieurs années précédentes, une Fête du travail dans la salle Wagram (17e arr.), « Pour la glorification du travail et l'affirmation des revendications sociales ». Un grand nombre d’autres loges s’associent à l’initiative, qui se conclut par un banquet et un bal. La presse rend fréquemment compte des activités de L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste. Elle prend des positions publiques, par exemple en publiant un ordre du jour en novembre 1904, critiquant me fait que certains députés francs-maçons n’aient pas voté en faveur de « l’épuration des fonctionnaires factieux », allusion à la situation dans l’armée du fait de l’affaire Dreyfus. On verra également les membres de la loge s’associer à des souscriptions lancées dans le quotidien socialiste L’Humanité, comme en juillet 1907 « pour les familles des camarades incarcérés pour leurs idées » ou en octobre 1909 en faveur de l’érection d’un monument pour la militante révolutionnaire et écrivaine Louise Michel.

Les travaux de la loge portent sur des thèmes sociaux, comme le syndicalisme (1909-1910), la crise sociale (avril 1911), les conditions d'application de la loi sur le repos hebdomadaire (juin 1911) ou la désertion des campagnes à la même date. Les questions économiques figurent à son agenda, avec la crise industrielle (juillet 1910), l'abrogation du privilège des propriétaires (avril 1912), l'administration coopérative (novembre 1912). La thématique de l’éducation est très présente, comme en juin 1910 (la crise d’apprentissage), en mars 1913 (instruction dans une démocratie) ou en juillet la même année (l'éducation dans une démocratie, au point de vue industriel, commercial, agricole et technique) puis en février 1914 (l’éducation sociale dans la profession et les relations de l’art et de la démocratie). Les questions philosophiques font partie des échanges, avec l'idée de solidarité dans Auguste Comte (juillet 1910), la morale (mai 1912), puis le mariage (mars 1914) et la morale laïque (avril 1914).

Une partie importante des tenues est consacrée aux questions militaires comme, en mai 1911, « Le leurre de l'armée indigène » et le droit de vote des militaires de carrière ou l’affaire Marix, traitée en janvier 1913, une histoire de concussion d’un capitaine d'artillerie rapporteur du conseil de guerre.

Probablement du fait de sa composition, les thèmes politiques semblent dominants. On voit la loge inscrire à ses échanges la décentralisation administrative et politique en juin 1910, la vie municipale à l'étranger en mars 1911, les partis politiques sous la République et le fonctionnement du parlementarisme en avril 1912, le bilan des 15 années de mandat au conseil municipal de Pierre Morel en décembre 1912 ou le danger que représenterait pour la République la représentation proportionnelle en décembre 1913 et encore le collectivisme en mai 1914. Juste avant la première guerre mondiale, la loge s’interroge sur « les journaux pour tous » en juillet 1914.

La participation d’Antoine Bouise fait qu’il est mentionné à plusieurs reprises par des publications antimaçonniques, à l’image du quotidien de Drumont, La Libre Parole.

Sur le plan professionnel, il est rattaché au service de la navigation de la Seine. Il quitte Paris pour s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où la famille réside quai Moisson, sur les bords de Marne. Il est transféré au service de la navigation de la Marne en mai 1913, comme adjoint du chef de la division de Charenton-le-Pont. Il reste en poste pendant la première guerre mondiale. Il se qualifie de dessinateur lors du recensement de la population en 1921 puis devient architecte, disposant de ce titre en 1923.

En juillet 1923, Antoine Bouise est l’un des fondateurs et secrétaire adjoint du Club du chien de défense et de police de Saint-Maur. Il est présidé par René Stussi, natif de Constantinople (empire Ottoman, act. Istamboul, Turquie), résidant au Parc-Saint-Maur et également vice-président du club cycliste Joinville sportif. Des clubs comparables existent à Courbevoie, Sartrouville ou Eaubonne en région parisienne, ou en province à Lyon, Lille et Angers. Le vice-président du club est Julien Périn, adjoint au maire de Joinville, ancien militant socialiste avant-guerre.

Antoine Bouise meurt le 17 décembre 1928 à Paris (13e arr.) où il a été hospitalisé. Il était toujours domicilié à Joinville-le-Pont. Âgé de 56 ans et père de deux filles, dont une décédée en bas âge, il est inhumé à Ivry-sur-Seine et ne laisse pas d’actif successoral.

 

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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

Une des élèves du ténor Émile Engel, la pianiste et cantatrice mezzo-soprano Jane Bathori est engagée en 1901 à la Scala de Milan. Elle l’accompagne en 1908 au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles où il reprend une saison. En 1906, devenu professeur au Conservatoire de musique de la capitale, il poursuit une activité privée avec elle et tous les deux ouvrent leçons et cours de chant dans un salon de la rue de Londres à Paris.

Après avoir divorcé, en décembre 1907 d’avec Marie Garry, il épouse en mai 1908 à Paris (8e arr.) Jane Bathori (alias Jeanne Marie Berthier), qui a 30 ans de moins que lui. Le peintre Charles Léandre et le compositeur Albert Roussel sont ses témoins.

Au cours de la première guerre mondiale, le fils aîné d’Émile Engel, José, déjà trop âgé pour être dans les troupes de combat, est mobilisé en 1916 dans le génie puis mis à disposition du ministère de l’enseignement. Son fils cadet, René, ingénieur chimiste installé aux États-Unis, est affecté à l’artillerie, détaché à la direction générale des poudres et sert d’interlocuteur aux autorités américaines pour l’armement. Il est nommé lieutenant.

Pour leur part, les époux Engel organisent en janvier 1916 une matinée au bénéfice des soldats aveugles.

Contribuant aux efforts patriotiques, Émile Engel met en musique des œuvres poétiques. Il publie au moins cinq œuvres sur des textes de Paul Déroulède (Le bon Gîte en 1916 et Le Clairon l’année suivante), de M.-H. Chantrel (Le Coq gaulois en 1916), d’Alfred de Musset (Le Rhin allemand en 1917) ainsi que de Victor Hugo (Hymne à la France en 1917).

Après la première guerre mondiale, Émile Engel se consacre presqu’exclusivement à son enseignement, principalement au Conservatoire de Paris, ne chantant qu’à l’occasion de concert avec ses élèves.

Son divorce d’avec Jane Bathori est prononcé en juillet 1921 par le tribunal civil de la Seine « à la requête et au profit du mari ». Ce ne sera pas sa dernière union puisqu’en mars 1925 à Paris (10e arr.), il épouse de nouveau une de ses élèves, Rose Joséphine Daumas, fille d’un typographe de Toulon (Var). La différence d’âge est cette fois de 54 ans ; parmi ses témoins, on retrouve le peintre Charles Léandre, qui réalisera son portrait en 1927. Le nouveau couple vit rue Claude-Vellefaux (10e arr.).

Bien qu’âgé alors de 80 ans, Émile Engel, est toujours professeur en 1927 et se confie en juin lors du concours de chant où se présente ses élèves à un rédacteur de Chantecler, qui le dit marchant péniblement, malade et usé : « Je vais mourir d'une minute à l'autre, tant je suis faible ». Il meurt le 18 juillet 1927 à Paris (10e arr.) dans son domicile de l’avenue Claude-Vellefaux. Son successeur à son poste au Conservatoire de musique de Paris voit sa nomination (décidée antérieurement) publiée le jour même de la disparition d’Engel. Chantecler écrit qu’il « est mort à l'heure même où commençait sa retraite », ayant cependant « connu le réconfort d’une affection et l'un dévouement féminins qui lui ont embelli ses derniers moments ». Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (20e arr.).

Une fille, Marie Françoise Antoinette, naît de manière posthume en septembre 1927 à Toulon (Var), où Rose Engel s’était retirée chez sa mère. Mais sa veuve décède elle-même un mois plus tard, laissant le bébé orphelin à la garde de sa grand-mère maternelle. Elle héritera de la vente d’une vaste villa située près de Dieppe, à Hautot-sur-Mer (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), avec ses deux frères aînés (José a 59 ans de plus qu’elle et René en a 40). José est un peintre, dessinateur et illustrateur ; René, qui va prendre la nationalité des États-Unis, est professeur de géologie à l’Institut de technologie de Californie (Caltech), à Pasadena.

De nombreux journaux rendent hommage à Émile Engel. Comme beaucoup d’autres, Comoedia, met en avant, parmi ses créations, Le Rêve d’Alfred Bruneau à la salle Favart de l'Opéra-Comique. Le Journal souligne la « pénible émotion » que provoque sa disparition chez ses nombreux élèves et amis. La Volonté le décrit comme « un chanteur de grande classe ».

La Grande encyclopédie, publiée en 1894, voyait en lui « un artiste de talent, comédien aussi habile que chanteur expressif et expérimenté ». Outre les tableaux de Charles Léandre et José Engel, le photographe Félix Nadar figure par les nombreux auteurs de portraits de l’artiste.

Fin

Émile Engel et Jane Bathori

 

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31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

En 1885, le ténor Émile Engel s’engage pour au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, où il va passer quatre ans. Il fait cependant quelques apparitions sur des scènes estivales, comme en juillet 1886 à Aix-en-Provence. Il est nommé professeur de chant au Conservatoire de Bruxelles en janvier 1888.

S’il travaille en Belgique, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, il a installé sa famille en banlieue parisienne, à Chatou (Seine-et-Oise, act. Yvelines), où naît en juin 1887 son second fils, René. Il expédie de cette adresse un don en mai la même année pour venir en aide aux sinistrés de l’incendie de l'Opéra-Comique et accepte de participer à une représentation en faveur des victimes.

L’embauche à l’Opéra de Paris d’Émile Engel participe de la légende. Elle a fait l’objet de nombreux articles dans la presse, souvent romancés. Le critique musical Henri de Lapommeraye, qui en fut témoin, décrit plus sobrement les évènements dans le quotidien Paris. Le 10 décembre 1889, l’Opéra de Paris reprend Lucie de Lammermoor de Donizetti. La salle est pleine, le président de la République, Sadi Carnot, assistant au spectacle avec son épouse. Le ténor Émile Cossira, qui tient le rôle d’Edgard, a un malaise dès sa première apparition et est incapable de poursuivre. « Eh quoi ! on allait être obligé de renvoyer tous ces spectateurs (…) Comment n'avait-on pas eu le soin de garder au théâtre celui qui doit doubler M. Cossira ? C’était un désastre ». Le jeune secrétaire de l’Opéra, M. Mobisson se serait écrié : « La bataille est perdue, mais il n’est que neuf heures et demie et nous avons encore le temps d’en gagner une avant minuit ! ». Il propose au directeur, Eugène Ritt, de requérir Engel, qu’il a aperçu dans la salle et dont il sait qu’il a chanté Lucie en province comme à l'étranger. Il fait remarquer qu’il n’a pas répété… mais accepte, considérant selon Lapommeraye que « c’est tard, mais c’est amusant ». Il est habillé « comme on peut » et reprend la représentation. À la fin de la représentation, à minuit, Engel reçoit une ovation. Dans les années suivantes, Engel reprit aussi, au pied levé, plusieurs rôles dans des conditions comparables, ce qui lui valut le surnom de Terre-Neuve, du nom d’une race de chiens réputée pour sa capacité de sauvetage en mer

Embauché à l’Opéra suite à cette soirée mémorable, Engel y reste un an. On le retrouve ensuite de nouveau à l’Opéra-Comique. En mars 1894, il interprète le rôle de Siegmond dans la Walkyrie de Wagner au théâtre de la Scala de Milan. Pour Le Monde artiste, « Il y a longtemps, que (l’on) n'avait eu un ténor de cette autorité et de ce style. (…) Engel ne cherche pas à lutter avec ces voix énormes [de ses prédécesseurs] ; il se contente d'être lui-même, c'est-à-dire un musicien excellent ; et de mettre au service des personnages qu'on lui confie, toutes les ressources d'un art très fin et très personnel ». Italia del Popolo, journal italien, le qualifie de « grand artiste » et de « savant commentateur de Wagner. »

En juin 1894, M. Charley, directeur de théâtre de Buenos-Aires, assigne Engel devant le la troisième chambre du tribunal civil de la Seine à Paris. Il lui reproche d’avoir quitté l’Argentine, où il l’avait recruté, sans avoir honoré les engagements de représentations. Le procès est l’occasion d’un débat sur le judicatum solvi, la caution que doivent verser les étrangers qui engagent des actions en France. Engel exige qu’elle soit payée par Charley, natif de Belgique, qui répond : « Il est possible que je sois Belge, mais vous êtes Luxembourgeois et vous n'avez pas le droit d'exiger la caution ». Mais Engel produit un décret, signé du président Carnot, prouvant qu’il détenait désormais la nationalité française.

À Paris au théâtre de La Bodinière (9e arr.), Engel crée en décembre 1896 Une heure de musique, où chaque semaine il donne une audition d’œuvres nouvelles, qui se tient début de soirée. Il programme notamment Saint-Saëns, César Franck, Olonne, Bussy, Bréville. Lui-même met en musique des poèmes de Paul Bourget. Il chante aussi à l’Opéra-Comique ou avec les concerts Lamoureux, à Paris et en province. Enfin, il donne des cours et leçons particulières rue des Martyrs puis boulevard Pereire.

Lors de l’exposition universelle de Paris en 1900, José Engel, son fils, présente un portrait de lui dans le « musée des artistes », œuvre que le quotidien Le Soir qualifie de « portrait d’une extrême et puissante originalité. »

À suivre

Émile Engel

 

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 01:01

Début de la biographie d’Émile Engel

François Pierre Émile Engel naît le 15 février 1847 à Paris et est baptisé le lendemain en l’église catholique Saint-Étienne-du-Mont (5e arr.). Il est le fils s’Élisabeth Staat et de son époux François Engel, fabricant de chaussures, une famille qualifiée de bourgeoise par ses biographes, qui tient boutique rue Saint-Martin (3e arr.). Son père étant luxembourgeois, Émile Engel acquerra la nationalité française par naturalisation.

Élève du collège Henri IV (act. lycée) à Paris (5e arr.), il intègre en 1864 les cours de Gilbert Duprez au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Le quotidien Paris en fait la description en décembre 1889 : « Le front intelligent, large et haut du travailleur ardent, obstiné ; l’œil clair, vif, hardi, où perce une malice enveloppée et caressante. Les cheveux rejetés en arrière ; la barbe courte, broussailleuse, cache, à la commissure des lèvres, un pli d’amertume et d'ironie. Un peu du désenchantement du lutteur opiniâtre et invaincu. (…) Avec une voix sans puissance, il est parvenu à la plus grande force d’expression dans la déclamation lyrique ». Il est classé parmi les ténors légers, ceux qui possèdent la tessiture la plus élevée, la plus agile, et la moins puissante dans cette catégorie.

Tout en poursuivant son instruction dans la classe de Duprez, il se produit dans plusieurs salles parisiennes. Il débute en avril 1866 dans un opéra de Duprez, Jeanne d'Arc, donné au cours d’une soirée privée. La même année, il joue en octobre le rôle de Bastien des Rosières au Théâtre-Italien (act. Opéra-Comique, 2e arr.) puis en décembre aux Fantaisies Parisiennes (act. Théâtre des Nouveautés, 9e arr.) Le Chanteur florentin. La presse apprécie de manière critique ses premières prestations. La Liberté lui reproche ainsi « d’ouvrir trop largement la bouche pour les quelques bagatelles qu’il a à dire (…) Excès de zèle qui passera » tandis que La Comédie le qualifie de « grotesque et emphatique ténor. »

Mais, dès l’année 1867, on trouve des commentaires très favorables. Ainsi, dans Le Figaro en décembre, saluant les chanteurs élèves de Duprez, remarque « un jeune ténor nommé Engel, qui chante dans la manière du maître avec une chaleur et un sentiment bien rares aujourd'hui au théâtre. »

Gilbert Duprez présente en mars 1868 un oratorio qu’il a écrit et qu’il interprète, le Jugement dernier, au Cirque des Champs-Élysées lors d’une soirée au profit de l'Asile des vieillards du faubourg Saint-Martin. Engel en est le premier ténor. À ce moment, il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en compagnie de Marie Garry, fille d’un professeur musique, native de Bergerac, âgée comme lui de 21 ans. Ils ont un enfant en août cette année-là à Joinville, le futur peintre José Engel, puis ils se marient dans la commune en octobre. Duprez est leur témoin. Marie Garry a une sœur homonyme, aînée de 5 ans, née en juillet 1841 également dans la sous-préfecture de la Dordogne, qui fut artiste lyrique.

En août 1868, la presse parisienne mentionne l’engagement d’Émile Engel comme premier ténor d’opéra-comique et de traductions à la Nouvelle-Orléans (Louisiane, États-Unis). Citant Placide Ganonge, un critique de ladite ville, La Comédie relate que « La Traviata a été une révélation pour le jeune ténor Engel. Ses accents ont ému, il y a atteint au sommet de l'art ». M. Ganonge assure : « On n'a jamais mieux pris d'assaut un public. Vivent de pareilles violences ! »

Après son séjour américain, Engel participe à un concert de bienfaisance à Paris en avril 1896. Il est en septembre premier ténor du Grand-Théâtre de Genève (Suisse), dirigé par Louis Mankiewicz. Mais La Comédie relève que « Les premiers débuts de la troupe nouvelle ont eu lieu dans des conditions déplorables au point de vue de l'art et de toute justice ». Selon l’hebdomadaire parisien, « Engel, sait chanter ; il phrase d'une façon remarquable et joue mieux que maint comédien ; il devra réussir ». Cependant, dès la fin du même mois, son contrat est résilié après une séance que le journal qualifie ainsi : « scène scandaleuse, cris, insultes, envahissement de l'orchestre. »

Le ténor entame une tournée en province en France. Il est en novembre 1869 à Rennes, où il interprète dans Lucie de Lammermoor de Gaetano Donizetti, le rôle d’Edgard Ravenswood. Les années suivantes, il chante également à Lyon, Toulouse, Rouen, Nantes, Marseille, Lille, Royan et Valence.

Albert Vizentini l’engage en septembre 1876 au Théâtre lyrique national (act. Gaîté-Lyrique, Paris 3e arr.). Il y reprend La Giralda d’Adolphe Adam. Pour l’hebdomadaire culturel Vert-vert, il « a produit un très grand effet (…) par la pureté de sa voix, par le charme, par l'expression de son chant ». Le Petit Journal voit en lui « un ténor qui donne déjà bien plus que des espérances ». Le Constitutionnel commente : « Sa voix est chaude, expressive et d'une pureté rare. Elle ne manque pas d'étendue. Les cordes hautes sonnent avec une virtuosité puissante ; les phrases harmoniques sont traduites avec une tendresse et un charme dont peu de ténors sont actuellement pourvus à l'égal de M. Engel. Ajoutons à cela qu'il a bonne tournure, et que son jeu est signalé par une sûreté précoce. Le succès de M. Engel a été complet ». Cependant, l’arrivée d’Engel, qui remplaçait Victor Capoul, ne fut pas du goût de tout le public, comme en témoigne le Journal des débats : « Quand la direction du Théâtre-Lyrique, à l'expiration de l'engagement du célèbre ténor, dut le remplacer par M. Engel, les recettes baissèrent considérablement. Certes, M. Engel ne manque pas de talent, mais il manque de prestige ; il n'a pas du moins le prestige de M. Capoul, Et pour un ténor, à Paris surtout, la chose principale, la chose essentielle, c'est d'avoir du prestige. »

Mais les difficultés du Théâtre lyrique national n’étaient pas liées seulement à Engel, et il ferma en janvier 1878. Engel avait déjà été recruté par l’Opéra-Comique en septembre 1877. Il y reste deux ans, avant d’entamer un tour des grandes scènes musicales européennes. On l’entend en janvier 1880 à Naples au théâtre San Carlo, puis pendant trois saisons à Londres, dans la salle de Covent-Garden ; il revient en France, au Grand-Théâtre de Lyon en octobre 1881. Il quitte de nouveau le pays pour passer l’hiver 1882-1883 à Saint-Pétersbourg (Russie), où il rejoint M. Vizentini. Il joue ensuite en Espagne, à Barcelone et Madrid.

À suivre

Émile Engel

 

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22 octobre 2023 7 22 /10 /octobre /2023 00:18

Juliette Simone Muzard naît le 27 mars 1926 à Alger, alors territoire français, aujourd’hui en Algérie. Elle est la fille de Germaine Henry et de son conjoint, Jules Muzard, mécanicien.

Selon le quotidien L’Écho d’Alger, sa mère, native de Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) aurait décidé de se rendre à Alger sur le conseil des médecins pour sa santé. Elle était également en procédure de divorce d’avec son premier mari, Henri Jules Lenain ; le jugement mettant fin à leur union est prononcé en juillet 1926 à Paris. Elle était venue avec ses deux aînés, issus de ce mariage. Jules Muzard travaille à Alger comme mécanicien dans une affaire de cultures industrielles, rue Berthezène.

Fin 1926, Germaine Henry et Jules Muzard rentrent en France et s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils se marient dans cette commune en juin 1927. Germaine Muzard crée une école de musique dans la commune voisine de Saint-Maurice. Elle enseigne notamment le violon.

Juliette Muzard se montre immédiatement sensible à la musique, et apprend très vite à jouer du violon. Elle fait, selon la chronique des journaux locaux, sa première prestation publique à Saint-Maurice quand elle a trois ans et demi. Au cours d’un concert de bienfaisance, Juliette monte sur scène et joue le Clair de lune de Werther, l’opéra de Jules Massenet puis le Chœur des chasseurs, d’une autre œuvre lyrique, Le Freischütz de Carl Maria von Weber.

Le succès de Juliette encourage ses parents à la présenter dans de nombreuses manifestations publiques. La presse parisienne mentionne sa présence dans une quinzaine de spectacles entre 1931 et 1935 – elle n’a alors que neuf ans.

Elle est associée aux attractions enfantines du Théâtre du petit monde, dont Pierre Humble, est le directeur. Elle participe ainsi au gala de l'Enfance organisé dans le cadre de l’Exposition coloniale en septembre 1931 à Vincennes où elle joue notamment la Méditation de Thaïs, de nouveau de Massenet. Elle accompagne une opérette pour enfants, Bicot, Suzy et Cie, en octobre la même année. Puis on la retrouve pour une comédie, Zig et Puce, jouée au Théâtre National Populaire en novembre. Le même mois, elle est à l’affiche du Théâtre de l'Empire à côté de Mistinguett dans un gala de solidarité.

Le Théâtre du Bon Petit Diable l’accueille en février 1932 pour le Ballet de la Rose et du Papillon, où les quatre artistes mobilisés ont, ensemble, moins de trente ans ; elle a cinq ans et demi. Elle se produit en mai au Cirque d'Hiver avec un mime de sept ans pour la fête annuelle des Éclaireurs de France (scouts).

Après avoir fait plusieurs émissions de radio, elle passe dans la salle de la Mutualité, à l’occasion de concerts de bienfaisance pour les services sociaux de la préfecture de police ou ceux du métro.

À Joinville, elle est mobilisée pour la fête de soutien à la Mutualité scolaire en décembre 1933, puis à l’occasion de la distribution des prix annuels de l’école du centre en août 1934 et encore, en novembre pour un gala de la section locale de la Ligue aéronautique.

Le quotidien Le Jour remarque son « talent précoce » au Théâtre des Bons-Enfants en octobre 1934. Elle prend part, cette même année, au concours Léopold Bellan, dont les deux cents concurrentes ont de 14 à 20 ans, alors qu’elle n’en a que 8. Elle présente le 4e concerto en ré mineur du compositeur belge Henri Vieuxtemps.

Dans L’Écho d’Alger, qui voit en elle en 1935 une compatriote, Juliette indique se préférences : Bach, Mozart, Beethoven et Massenet. Sa mère souligne qu’elle excelle à interpréter Bach. Une matinée pour la Caisse des écoles Jules-Ferry en avril à Chelles, en Seine-et-Marne, puis son succès en juin 1935 au concours supérieur de musique sont les dernières mentions de son activité dans les journaux.

Son père meurt en août 1937 à Joinville, où ils vivent toujours. Il avait 56 ans et elle en avait 11.

Juliette Muzard meurt le 27 juillet 2021 à Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Elle était âgée de 85 ans.

Juliette Muzard en 1934 ou 1935 (8 ans)

 

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2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Clément Gustave Guillet naît le 3 août 1829 à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales.

Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Jean Clément ; il est probablement musicien. La famille s’installe en 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, puis, en 1835, de l’autre côté du Bois de Vincennes, à Joinville-le-Pont. Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme de Polangis, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville.

En août 1848, à l’âge 19 ans, il s’engage dans l’armée et est affecté au 1er régiment du génie, en tant que sapeur. Pour sa génération, il est d’assez grande taille (1 m. 82). Ayant déjà une bonne éducation, il intègre, après concours l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (Seine-et-Oise, act. Yvelines), en novembre 1850. C’est la 34e promotion de l’établissement, fondé par Napoléon en 1802, alors basée à Fontainebleau. Elle porte le nom de Kabylie. En octobre 1852, il est diplômé, au 27e rang des 270 élèves, et nommé sous-lieutenant au 1er régiment de chasseurs. Mais il poursuit son cursus en intégrant en janvier 1853 l’École d’application d’état-major, située à Compiègne (Oise). Il sort (7e sur 30) et rejoint le 41e régiment d’infanterie de ligne. Nommé lieutenant d’état-major en octobre 1854, Guillet fait un stage dans l’infanterie au 40e de ligne à Rome (Italie) puis un autre dans la cavalerie au 4e dragons, à Limoges (Puy-de-Dôme).

Nommé capitaine en octobre 1856, il est pris comme aide de camp par le général Joachim Ambert, qui était également écrivain. En mai 1859, le capitaine Guillet intègre l’état-major de l’armée d’Italie, qui va permettre l’unification du pays en combattant l’empire autrichien. Revenu en France en juin 1860, il devient l’aide de camp du général Lapérouse à Lyon. Il est appelé à participer en mai 1863 à une autre expédition, celle au Mexique, en soutien à l’empereur Maximilien. Il restera presque quatre ans sur place. Son comportement lui vaudra trois citations : en novembre 1863, pour la bataille de Maravatio-Tacámbaro, dans laquelle la légion belge, alliée des impériaux mexicains et des français, sera battue par les troupes républicaines ; en janvier 1865, pour les combats de Las Higueras ; puis en mai de la même année, pour ceux de La Pasion. Il est rapatrié en mars 1867 avec le retour des troupes françaises.

Toujours capitaine, il rejoint l’état-major général de la garde impériale, avec laquelle il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Il combat pour la défense de Metz en août et septembre, mois où il est promu chef d’escadron (commandant). Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère cadet, Pierres Jules, également officier vétérinaire, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France le message suivant, qui sera envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, le message était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Après la signature de la paix, en avril 1871, il revient en France et est affecté à l’armée de Versailles, qui combat la Commune de Paris insurrectionnelle. Il est envoyé à Dijon (Côte-d'Or) en novembre 1873 comme chef d’état-major de la 15e division d’infanterie.

C’est à la fin de cette mission qu’il épouse, en février 1876 à Paris (8e arr.) Marguerite Madeleine Pagès. Le nouveau couple s’installe à Paris, où il est appelé au 2e bureau de l’état-major général du ministre de la guerre, en février 1876. Il y est chargé de la statistique et de l’étude des armées étrangères. Promu lieutenant-colonel en août la même année, nommé chef d’état-major de la 10e division d’infanterie à Rennes.

En novembre 1880, Guillet quitte pour un temps les fonctions d’état-major pour prendre, avec le grade de colonel, la tête du 91e puis du 95e régiment d’infanterie à Bourges (Cher).

Redevenu chef d’état-major du 7e corps d’armée à Besançon (Doubs) en mars 1886, il obtient, en conservant ce poste, le grade de général de brigade en juillet la même année. Dans la capitale de la Franche-Comté, le général Guillet est une personnalité publique en vue, participant à de nombreuses cérémonies officielles ou actions caritatives. Atteint par la limite d’âge, il quitte l’armée active en août 1891, à l’âge de 62 ans.

Il ne va cependant pas cesser son activité militaire. Dans le cadre de réserve, il est appelé pour diriger des manœuvres impliquant troupes régulières et réservistes territoriaux. C’est le cas en septembre 1892 à Orléans (Loiret) puis en mai 1893 à Belfort et de nouveau en septembre la même année, avec son ancien 7e corps d’armée.

Au moment où il a quitté ses fonctions d’active, le général Guillet, domicilié à Besançon, est désigné comme délégué régional de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Il renonce à cette fonction en février 1893, mais accepte d’être élu vice-président du comité de Besançon de cette association en mai la même année.

Jean Guillet meurt le 26 juillet 1898 à Besançon, dans son domicile de la Grande-Rue. Il était âgé de 68 ans. Il ne semble pas avoir eu d’enfants.

Dans la Légion d’honneur, Jean Guillet était chevalier depuis novembre 1863, officier en novembre 1872 et commandeur en mai 1889. Il avait reçu les médailles commémoratives de la campagne d’Italie et de la campagne du Mexique. Il disposait également de la médaille de la Valeur de Sardaigne depuis mars 1860 et de la décoration Notre-Dame de Guadalupe du Mexique depuis novembre 1867.

Le chanoine Joseph Eugène Payen (1853-1938), aumônier militaire du 7e corps d’armée, officier de la Légion d’honneur, a publié en 1904 à Besançon Le Général Guillet 1829-1898 Quarante-quatre ans de vie militaire au XIXe siècle 1848-1892 (éd. Jacquin).

Le général Guillet à Orléans en septembre 1893

 

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30 septembre 2023 6 30 /09 /septembre /2023 01:01

Pierre Louis Gustave Guillet naît le 16 brumaire an 10 (8 novembre 1801) à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Florence Thoury et de son époux Jean Simon Guillet. Son père est alors danseur l’Opéra de Paris. Il deviendra ultérieurement professeur de danse à l’Académie Royale de Musique, maître de ballets à l’Opéra-Comique et auteur de livrets de pièces musicales

Pierre Guillet commencera aussi une activité artistique, peut-être en musique au Conservatoire de Paris. Il fait peut-être un service militaire après 1821. En septembre 1828, il épouse à Paris (3e arr.), en l’église Saint-Denys du Saint-Sacrement, Elisabeth Louise Clémence Brot, fille d’un ingénieur des mines.

La famille vit d’abord rue Sainte-Anastase (3e arrondissement), puis quitte Paris. Ils sont installés en 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue. Pierre Guillet se déclare toujours artiste.

Ils vont traverser le Bois de Vincennes pour s’installer dans la commune proche de Joinville-le-Pont, où il devient fermier exploitant de la ferme de Polangis, prenant en novembre 1835 un bail de 12 ans. Ils y résident en 1836. Le quartier de Polangis, sur la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec 18 personnes recensées cette année-là sur les 611 de la commune. Il y a seulement deux habitations : le château de Polangis, et la ferme attenante où la famille Guillet vit avec deux charretiers et un domestique. Le château est la propriété du grammairien Charles-Pierre Chapsal, professeur au lycée Louis-le-Grand, qui sera maire de Joinville-le-Pont (1843-1848 et 1852-1858).

La ferme avait été achetée en 1815 par André François Miot de Melito, ancien ministre et ambassadeur, mais il ne l’occupa pas. Le terrain est principalement sur Joinville-le-Pont, mais également en partie sur la commune de Champigny. Outre les bâtiments d’habitations, elle dispose de 83 hectares de terre labourable. Le fermage annuel net est de 5 500 francs.

En juin 1837, la ferme est mise en vente. C’est probablement Guillet qui s’est porté acquéreur lors de l’adjudication en avril 1838. Pour en poursuivre l’exploitation, une société en nom collectif, sous la raison Guillet et Payen, est fondée en avril 1839. L’associé de Guillet, Joseph Léon Payen, s’installe lui aussi dans les vastes bâtiments de la ferme. Ils cesseront leur association et dissoudront la société en décembre 1842. Guillet continue l’activité agricole et embauche Jean-François Louis Grivet en tant que nourrisseur-cultivateur. Ce-dernier cessera la fonction en juin 1849, suite à des difficultés financières.

Pierre Guillet meurt le 24 août 1876 à Joinville, alors rentier et résidant toujours dans la ferme. Il était âgé de 74 ans et père de quatre enfants. Ses deux fils aînés furent militaires, le premier, Jean Clément, en tant que général de brigade faisant notamment des campagnes en Italie et au Mexique, le second, Pierre Jules, comme vétérinaire. Ils combattirent pendant la guerre franco-allemande de 1870 et furent faits prisonniers.

Détail de la carte de Cassini 1750, ferme de Polangis.

 

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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 01:01

Jean Simon Guillet naît le 28 octobre 1757 à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Florence Thoury et de son époux, Clément Guillet.

En juillet 1781 Paris, Jean Simon Guillet épouse Élisabeth Florence Thoury en l’église Saint-Gervais (4e arr.).

Pendant la révolution française, il obtient en août 1792 une carte de sûreté délivrée par les autorités de police, mentionnant qu’il réside rue du faubourg Saint-Denis et qu’il est danseur à l'Opéra.

Serait-ce lui qui serait évoqué dans le livre de A. Lardier, Histoire des pontons et prisons d'Angleterre pendant la guerre du Consulat et de l'Empire (1845) ? Guillet, officier français prisonnier en Angleterre, présenté comme maître d’armes et de danse, s’échappe avec trois de ses compagnons en bateau.

La première pièce signée du nom de Guillet est un opéra-comique en un acte, intitulé Henriette et Verseuil, présenté en août 1803 et dont la musique est signée par Jean-Pierre Solié. La Gazette nationale assure que l’œuvre « n’a eu qu’un faible succès » mais y voit « le début d’un jeune homme » qui donne « l’espérance de le voir mieux faire ». Pour le Journal de Paris, qui fait une longue description de l’histoire, « L'intrigue de la pièce n’est pas très-forte ». Mais il assure que l’auteur du livret a été réclamé par le public et que celui de la musique a été vivement applaudi.

Un nouvel opéra-comique en un acte, Un Quart d’heure de silence, avec une partition de Pierre Gaveaux, est publié en juin 1804. Le Journal de Paris y voit « une attaque directe contre le beau sexe » et se montre très réservé, au contraire du public dont il juge qu’il « a eu l’indignité d'applaudir ». Pour son rédacteur, dans la pièce, « Rien de tout cela n’est mauvais, sans doute ; mais, s'il faut dire la vérité, tout en est complètement médiocre. » Il cite quelques vers :

Qu’une femme parle sans langue,

Et fasse même une harangue,

Je le crois bien.

Qu’ayant une langue, au contraire,

Une femme puisse se taire,

Je n’en crois rien.

En tant que danseur, Jean Simon Guillet se produit à l’Académie Royale de Musique, dont la salle est désignée comme l’Opéra. Il interprète ainsi en 1806 une Iphigénie en Tauride (celle de Gluck ou celle de Piccini sans doute) et La Dansomanie, ballet-pantomime de Pierre Gardel, musique de Méhul. Suivent en 1807 Les Prétendus, ballet sur un livret de Marc-Antoine-Jacques Rochon de Chabannes et Ulysse, ballet de Louis Milon, musique de Louis Luc Loiseau de Persuis.

On retrouve en 1812 Guillet sur la même scène pour La Caravane du Caire de Grétry, Les Noces de Gamache, ballet-pantomime de Milon, musique de François-Charlemagne Lefebvre. Il danse pour L’Enfant prodigue de Pierre Gardel l’année suivante.

Devenu professeur de danse pour la troupe de l’Opéra, Guillet adapte une farce musicale de Domenico Cimarosa, I Nemici Generosi, et la présente au Théâtre de l’Impératrice à Paris en 1813.

On retrouve de nouveau Guillet dansant en 1814 Ulysse et se produisant dans un autre ballet de Louis Milon, sur une musique d’Henri-Montan Berton, L’enlèvement des Sabines. Il réalise trois divertissements pour la comédie-ballet de Florent Carton Dancourt, qui est à l’affiche du Théâtre de l'Odéon en novembre 1814. Selon la Gazette de France, ce sont les ajouts de Guillet qui contribuent au succès de la reprise de cette pièce, qui datait de 1700.

En 1815, le Mercure de France remarque les élèves de M. Guillet « ont attiré la foule » lors de la relance du Théâtre de l’Odéon. Le fait d’avoir eu pour maître Guillet est souvent mentionné dans la presse, notamment lors des premières de danseuses.

La même année, Guillet se produit dans Œdipe à Colone d’Antonio Sacchini et dans Le Devin du village, intermède de Jean-Jacques Rousseau.

Désormais maître de ballets, conjointement avec un autre ancien premier danseur à l’Opéra et lui aussi maître des ballets, Baptiste Petit, Guillet programme la saison 1819 du Théâtre du Roi à Paris. Ils incluent deux ballets de Pierre Gardel, Paul et Virginie puis Télémaque ainsi que Zéphyr, ballet de de Louis Duport. Ils donnent également leur opus commun, Le Marchand d’Esclaves ou la Fête au Sérail.

En 1826, Guillet, à presque 70 ans, est encore maître des ballets du Théâtre de l’Opéra-Comique. Il prend la succession, en août, de Paul Maximien, décédé, comme maître des petits ballets de Feydeau et du théâtre royal Italien.

Vivant jusqu’ici à Paris (3e arr.) rue Sainte Anastase, Jean Simon Guillet cesse son activité puis quitte la capitale après le décès de son épouse en janvier 1829. Il s’installe, en compagnie de sa fille Élisabeth Clémentine, à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue où il est recensé en 1836. Puis il rejoint la commune proche de Joinville-le-Pont, dans le quartier agricole de Polangis, chez son fils Pierre Gustave.

Jean Simon Guillet meurt le 20 mai 1839 à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 81 ans et père de quatre enfants. Son décès est déclaré par son fils, Pierre Gustave, exploitant de la ferme de Polangis et par son petit-fils, Antoine Robin, marchand de bois.

Parmi ses œuvres figurent au moins quatre opéras-comiques, Henriette et Verseuil, Un Quart d’heure de silence, Le Marchand d’Esclaves ou la Fête au Sérail, Le Cerisier.

 

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26 septembre 2023 2 26 /09 /septembre /2023 01:01

Henri Adolphe Louis Laurent naît le 15 décembre 1830 à Valenciennes (Nord). Il est le fils de Rose Alexandrine Dauchy et de son mari, Philippe Louis Laurent, marchands épiciers. Son père meurt quand il a tout juste un an. Sa mère, fille de cultivateurs, qui a quatre enfants, se remarie avec Jean Baptiste Victor Wacheux.

En 1857, Henri Laurent est employé au ministère de la guerre à Paris. Il vit rue de l’Université (7e arr.). Il épouse dans cet arrondissement, dans l’église Saint-Pierre du Gros-Caillou, Lydie Adèle Desrousseaux, d’origine normande, qui suit des cours de peinture. Lui-même va étudier ledit art auprès de Joseph (Giuseppe) Palizzi (1812-1888), artiste d’une famille italienne de quatre peintres. Il a également pour maîtres les français Ernest Hébert (1817-1908) et Alexandre Defaux (1826-1900), un des membres de l'École de Barbizon.

Le couple d’Henri et Lydie Laurent séjourne en 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), probablement dans l’hôtel tenu Alphonse Demeestère, situé quai Beaubourg. C’est une personnalité politique locale, président du comité radical-socialiste de la circonscription, très influent, conseiller municipal de sa commune et militant dans les groupes de libre-pensée. C’est dans cet établissement que naît en juillet leur fils Henri Alphonse Louis.

Ils partagent un atelier d’abord rue de Grammont à Paris (2e arr.), puis rue Lamartine (9e arr.) et enfin, à partir de 1879, rue Hippolyte-Lebas, dans le même arrondissement où il restera jusqu’à la fin de sa vie.

Son épouse signait avant son mariage Lydie Desrousseaux ; elle prend l’identité de Lydie Laurent puis Lydie Laurent-Desrousseaux. Elle présente ses œuvres depuis 1857 au Salon de peinture et de sculpture de Paris. Henri Laurent commence à présenter ses œuvres au même salon à partir de 1866, avec des Moutons aux champs. Il donne en 1868 la Falaise de Saint-Valery-sur-Somme. En 1878 il présente Dans la forêt de Dourdan (Seine-et- Oise). Le Chemin de Tracy à Fontenailles (Calvados) en 1879 lui vaut une récompense sous forme de mention honorable. Il accroche en 1880 La mare de Guédone (Seine-et-Oise). Le Moulin de Chantemilare, figure dans les collections du musée des Beaux-Arts de Bordeaux. L’Académie des beaux-arts luis accorde une mention lors de l’attribution du prix Troyon en septembre 1883 à Adolphe Marais. Il présente ensuite des paysages jusqu’en 1885, recevant une nouvelle mention honorable ; il cesse ensuite d’exposer.

Il devient fin 1884 le caissier principal de l'Académie nationale de musique, qui gère l’Opéra de Paris. Il est embauché par Pedro Gailhard (1848-1918), artiste lyrique, directeur de 1884 à 1891 puis de 1893 à 1907. Il exercera la fonction pendant 15 ans.

Henri Laurent meurt le 24 juillet 1900 à Valmondois (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise), alors qu’il séjournait chez son fils. Les journaux assurent qu’il a été victime « d'une longue maladie ». Le Journal le qualifie de « vieux et fidèle serviteur de l’Opéra ». La cérémonie funéraire a lieu en l'église Notre-Dame de Lorette (Paris, 9e arr.), puis il est inhumé au cimetière de Montparnasse (14e arr.). Il était âgé de 69 ans.

Son fils, Henri (1862-1906), artiste peintre, céramiste et illustrateur, signe Henri Laurent-Desrousseaux, sans doute pour éviter la confusion avec son père.

Voir aussi Henri Laurent-Desrousseaux : transparence inouïe

Œuvre d’Henri Laurent

 

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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 01:01

Lydie Desrousseaux naît le 29 août 1836 à Cherbourg (act. Cherbourg-en-Cotentin, Manche). Elle est la fille de Joséphine Lydie Desrousseaux et de Joseph Alphonse Desrousseaux, mariés en janvier 1831 à Rio de Janeiro (Brésil), qui vivent rue du Val-de-Saire.

Ses parents sont tous deux originaires de l’est, issus de familles très nombreuses et apparentées, sa mère étant la nièce de son père. Celle-ci est native en 1805 de Sarrelouis, alors dans le département français de la Moselle (act. Sarre, Allemagne) ; le second a vu le jour en 1789 à Sedan (act. Ardennes). Ils se sont établis en Normandie, son procréateur étant officier de marine ; ils se sont mariés en janvier 1831 à Rio de Janeiro (Brésil). Son père a été commandant des îles de Saint-Pierre-et-Miquelon puis du port de Marseille (Bouches-du-Rhône). C’est dans cette ville qu’il meurt en novembre 1849 ; Lydie a 13 ans. Il était officier de la Légion d’honneur. Le frère aîné de Lydie, Charles Desrousseaux (1833-1863), enseigne de vaisseau, meurt à La Havane (Cuba).

Vivant à Paris (7e arr.), rue de l'Université, Lydie Desrousseaux suit les cours de peintures d’Hippolyte Lazerges (1817-1887), diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts, peintre et compositeur, qui sera ultérieurement un des fondateurs, avec Joseph Sintès, de l’école orientaliste d’Alger. Elle est également élève de Léon Cogniet (1794-1880), peintre et lithographe romantique, professeur de peinture à l'École des Beaux-Arts de Paris.

Henri Adolphe Louis Laurent, employé au ministère de la guerre, et Lydie Adèle Desrousseaux se marient à Paris (7e arr.) en janvier 1857, dans l’église Saint-Pierre du Gros Caillou. Lui va également entamer une carrière de peintre, elle-même utilisant désormais le patronyme de Laurent puis, ultérieurement, de Laurent-Desrousseaux, au moins à partir de 1876.

Les premières œuvre, signées Lydie Laurent, sont exposées lors du Salon de peinture et de sculpture de Paris en 1857. Elle y présente deux portraits, dont un pastel. Elle accroche un d’autre portraits en 1857 et 1859. L’Intérieur de Ferme, qui est figure dans l’édition de 1861 de la même manifestation, est présenté par Alfred Darcel comme un « pittoresque assemblage de masures basses, que recouvrent des chaumes plaqués de mousses ». Mais il s’interroge sur l’absence de couleur : « À quoi bon employer le crayon noir pour être gris ? »

Le couple d’Henri et Lydie Laurent séjourne en 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), probablement dans l’hôtel tenu Alphonse Demeestère, situé quai Beaubourg. C’est une personnalité politique locale, président du comité radical-socialiste de la circonscription, très influent, conseiller municipal de sa commune et militant dans les groupes de libre-pensée. C’est dans cet établissement que naît en juillet leur fils Henri Alphonse Louis.

À partir de 1866, les deux époux vont se retrouver à confier des œuvres au Salon. En 1866, elle donne une Vierge aux donateurs, d'après Van Dyck. Elle revient en 1869 avec une Descente de croix.

Ayant installé son atelier d’abord rue de Grammont à Paris (2e arr.), puis rue Lamartine (9e arr.) et enfin, à partir de 1879, rue Hippolyte-Lebas, dans le même arrondissement, elle revient très régulièrement au Salon. En 1876, on y voit Convalescence et La moulière de Villerville (Calvados). Elle confie en 1877 A l'abri et Inquiétude. Pendant l’édition 1879, on voit Pêcheuse de moules et Sur la falaise. Les Vaneuses de Saint-Briac (Côtes-du-Nord) sont accrochées en 1880.

Le Salon de Paris accueille en 1886 La leçon de tricot, tandis que la même année elle présente à Reims des Raccommodeuses de filets. De nouveau à Paris on retrouve en 1887 À quoi pense-t-elle ? et en 1888 Tendresse maternelle, que le Journal des artistes juge « supérieurement traité ». Il lui vaut pour la première fois une récompense, sous la forme d’une mention honorable.

Ayant reproduit La Lecture du journal (ou Le petit journal), qu’elle a accroché en 1889, l’hebdomadaire Le Monde illustré assure : « Nous sommes trop heureux de voir que les arts comptent une femme de talent de plus ». Elle livre en 1891 Visite à grand-mère puis en 1894 Portrait de M. A. Enfin, quatre pastels sont transmis en 1895.

Lydie Laurent-Desrousseaux meurt le 23 janvier 1914 à Paris (9e arr.), dans son domicile de la rue Hippolyte-Lebas. Elle était âgée de 77 ans, veuve depuis 1888  et mère d’un enfant.

Une partie de ses tableaux sont vendus aux enchères par sa belle-fille le 6 avril 1914 à l'hôtel Drouot à Paris. Son fils, Henri (1862-1906), artiste peintre, céramiste et illustrateur, signe Henri Laurent-Desrousseaux, sans doute pour éviter la confusion avec son père, Henri Laurent.

Voir aussi Henri Laurent-Desrousseaux : transparence inouïe

Lydie Laurent-Desrousseaux : À la ferme

 

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