Suite de la biographie de Louis Defert
Faisant l’objet d’un nouvel avancement, en tant que commissaire de police de la Ville de Paris, Louis Defert rejoint le quartier Saint-Victor (5e arr.) en avril 1908. Il y reste jusqu’en janvier 1911, quand il doit rejoindre le quartier de Rochechouart (9e arr.), repassant sur la rive droite de la Seine.
Fin novembre 1924, le commissaire Defert est réveillé par un de ses agents qui lui indique : « il faut que vous veniez tuer l'éléphant ». Agra, que Le Figaro qualifie d'éléphant facétieux, avait peu auparavant fait une randonnée boulevard Beaumarchais qui avait provoqué un grand émoi. Il s’était de nouveau échappé lorsque le cirque auquel il appartient avait voulu le faire monter dans un camion pour se rendre en tournée à Niort. Inquiet de voir l’animal furieux même après qu’il ait été rattrapé, le cornac voulait qu’on l’abatte. Mais M. Defert n'était pas de cet avis. Il le fit enchaîner et conduire de nuit vers la gare d'Austerlitz.
Un mois plus tard, la veille de Noël, Louis Defert épouse à Paris (15e arr.) Berthe Léonie Hugues, fille de tapissiers parisiens.
Parmi les affaires dont il a la charge figure, en août 1913, la découverte, chez un cambrioleur, d’une édition complète de Voltaire, en quarante-trois volumes, dont il fait rechercher le propriétaire. Deux mois plus tard, il voit débarquer dans son bureau un garçon de treize ans qui, à la suite d'une dispute avec son père, avait quitté le domicile familial avec le vélo paternel et était arrivé à Paris (environ 90 kilomètres) où il déclara : « maintenant je ne sais plus comment me débrouiller ». Defert le fit rapatrier.
En juillet 1914, Defert, malade, a pris sa retraite. Il est tiré au sort pour figurer dans le jury de la cour d’assises de la Seine qui doit juger Henriette Caillaux, épouse du ministre des Finances Joseph Caillaux, qui a assassiné le journaliste Gaston Calmette, directeur du Figaro. Cependant, il ne reçoit pas sa convocation, étant alors hospitalisé à Villers-Cotterêts (Aisne), où existe alors une maison de retraite gérée par la préfecture de Police. Il ne prend donc pas part au procès.
Du fait de la première guerre mondiale, il est appelé à reprendre sa fonction et est, de nouveau, commissaire de police du quartier Rochechouart en 1916. Il rejoint le quartier de Bercy (12e arr.) en 1918 et assure l’intérim du poste de commissaire aux délégations judiciaires en février cette même année.
Ayant été chargé par le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du contrôle d'une importante société mutuelle d'assurance-vie, comprenant plus de 10.000 adhérents, dont il accompagne la dissolution, il publie en 1918 une brochure sur L'Administration et la liquidation des sociétés de secours mutuels. Préfacée par Maurice Fenoux, sénateur du Finistère, elle est saluée par les milieux de la Mutualité, qui lui accordent une médaille.
Le gouvernement de Georges Clemenceau avait, à partir de novembre 1917, constitué un ministère des régions Libérées en prévision de la fin de la guerre, confié à Albert Lebrun puis, à partir de novembre 1919, à André Tardieu. Defert, de nouveau retraité de la préfecture de police, est recruté en tant qu’inspecteur dans ce ministère. Il est chargé d'inspecter les dix principaux camps américains achetés par la France pour prendre les mesures de protection du matériel qui y est entreposé. Il propose, en octobre 1919, la création d'un Service général de protection et de défense contre le pillage des camps.
Yves Le Trocquer, député du Finistère, sous-secrétaire d'État aux finances, chargé de la liquidation des stocks, intègre Louis Defert dans son cabinet et le nomme chef du service central de la sûreté des camps. Il reste en poste lorsqu’Emmanuel Brousse prit la succession de Le Trocquer comme sous-secrétaire d'État début 1920. Le quotidien L’Œuvre consacre un long reportage, en mai 1920, à son service dont il assure qu’il « fonctionne fort bien ». Defert fait remplacer les intendants militaires par des civils et veille à la coordination de leur action avec la police et la gendarmerie régionale, contrairement aux habitudes antérieures.
Ayant probablement cessé alors son activité professionnelle, Louis Defert s’engage dans la vie associative. Il est en 1922 vice-président de l'Association des retraités de la préfecture de police, dont Raoul Rongiéras est le président. Ensemble, ils font des démarches auprès de M. Lemarchand, rapporteur général du budget de la Ville de Paris, pour améliorer le paiement des pensions en décembre 1922. Defert abandonnera cette fonction en 1925.
Son engagement principal est au sein de la Fédération Nationale des Retraités municipaux, départementaux et hospitaliers de France. Il prend part à son congrès constitutif en janvier 1923 à Paris et en devient vice-président, Cauderelles, de Boulogne-sur-Mer étant le président. Il lui succède en juin la même année. Il est désigné, en août 1924 pour faire partie de la commission extraparlementaire chargée de préparer un nouveau régime de retraite des employés départementaux et communaux. Il défend l’idée d’une obligation de péréquation au profit des vieux employés et ouvriers retraités des services publics.
En 1926, suite à la dégradation de son état de santé, il demande a être remplacé mais accepte d’être nommé président d'honneur et conseiller technique de la Fédération. Il est remplacé par Gobert, issue de l’association de Troyes (Aube), qui avait joué un rôle très actif dans la création du groupement. Defert continue de participer aux travaux de la commission d'administration générale de la Chambre des députés, saisie du projet sur les retraites des municipaux déposé par le gouvernement. Avec les autres dirigeants fédéraux, Defert rencontre en août 1927 le ministre de l'intérieur, Albert Sarraut, qui adresse aux préfets une circulaire pour encourager l’amélioration des pensions versées par les conseils généraux et les conseils municipaux aux retraités. En novembre 1927, Defert préside la cinquième assemblée générale de la Fédération nationale dans la mairie du 9e arrondissement de Paris.
Les retraités municipaux de Lille, Roubaix et Tourcoing lui rendent hommage en janvier 1928. Les quotidiens La Lanterne, Le Rappel et La Nation publient le 19 avril 1927 dans le cadre d’une série consacrée aux militants des groupements de retraités un long article qui lui est consacré, accompagné d’un portrait dû au photographe Henri Manuel (1874-1947).
Jusqu’alors domicilié Paris, rue Condorcet, dans le quartier de Rochechouart (9e arr.), les époux Defert sont installés en 1931 à Viarmes (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Ils reviennent ensuite dans leur appartement parisien pour le reste de leur vie.
Trois ans après son épouse, Louis Defert meurt le 9 novembre 1956 à Paris (18e arr.) où il était hospitalisé, à l’âge de 89 ans. Ils n’ont pas eu d’enfants.
Titulaire de la médaille de la Mutualité et de celle de l'Hygiène, Defert avait obtenu à deux reprises des médailles d'argent pour actes de courage et de dévouement en 1898 et 1910. Il avait aussi été attributaire d’un Grand diplôme d'honneur de l'assistance aux animaux en 1903. En avril 1911, il était décoré de chevalier de l’Ordre du Dragon de l’Annam (Indochine, Vietnam).
Fin
Louis Defert, Photo Henri Manuel, 1927.
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