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8 mai 2023 1 08 /05 /mai /2023 01:01

Charles Philippe Wilfrid Carpin naît le 28 décembre 1858 à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au domicile de son grand-père maternel, rue des Bordeaux. Il est le fils de Julie Virginie Charlotte Boissenot et de son époux, Anthelme Carpin, commissaire de police, alors en poste à Bellac (Ain). La famille de son père possède des domaines agricoles, notamment viticoles, dans le même département, à Virignin. Peu après sa naissance, son père devient négociants en vin à Charenton.

Comptable dans une librairie de la rue Bonaparte, Charles Carpin doit prendre en charge en novembre 1878, sa mère et son frère, revenus des États-Unis où ils avaient suivi leur père. Le jeune Louis, qui aidait dans l’exploitation viticole de Greenville, en Caroline du Sud, avait attrapé une fièvre typhoïde. Ils vivent boulevard de Reuilly à Paris (12e arr.).

Pour éviter à Charles de devoir faire un service militaire et l’autoriser, ainsi, à continuer à contribuer à l’entretien de la famille, Luis, après son rétablissement, s’engage en mars 1879 dans l’armée.

La librairie qui employait Charles fait faillite en 1881 et, la même année, il est embauché comme secrétaire suppléant de commissariat de police, reprenant l’activité qui fut celle de son père, mais dans le ressort de la préfecture de police de Paris. En 1886, il est secrétaire du commissariat du quartier Saint-Merri à Paris (4e arr.). Il est nommé commissaire de police à Joinville-le-Pont en mars 1886. Il prend la succession de François Auguste Douçot, promu à Paris, selon la progression classique dans cette fonction.

Dans cette fonction, il aura notamment à gérer en septembre et octobre 1886 l’affaire Cabis, du nom d’un gendarme, Eugène Cabis. Ce dernier tue un jeune homme, Albert Dufeutrelle qui se promenait avec son amie dans un petit massif forestier annexe du Bois de Vincennes. L’évènement provoque un émoi considérable dans la presse. Cabis est traduit, comme militaire, devant un conseil de guerre, qui l’acquitte mais il est ensuite obligé de quitter la gendarmerie.

En tant que commissaire, Carpin interroge le gendarme après le meurtre et décide de ne pas l’arrêter. Son attitude lui vaudra des attaques virulentes d’une partie des journaux.

Le quotidien Gil-Blas commentait : « Que les gendarmes n'arrêtent pas les assassins, cela, est déjà désagréable, mais qu'on ne les arrête pas, du moins préventivement, lorsqu'ils assassinent, c'est peut-être un peu trop de condescendance à l'égard de leur baudrier. »

Un autre journal parisien est encore plus sévère. L'Intransigeant fustige la « négligence » du commissaire Carpin, qui n’a pas saisi le revolver de Cabis, et qu’il présente comme « un ami intime de l’assassin ». La publication, dirigée par Henri Rochefort, considère que « Carpin avait conduit l’enquête en dépit du bon sens ». Le 11 septembre, une lettre de Carpin est publiée, dans laquelle il assure ne pas avoir interrogé l’amie du jeune tué et ne pas être le supérieur de Cabis. La direction de L'Intransigeant maintient pourtant son point de vue, assurant pour conclure : « Vous feriez presque douter de votre intelligence, commissaire Carpin » mais assure s’en prendre plutôt « à l’institution policière, à ses vices, à ses scandaleuses complaisances, à ses indignes procédés de chantage sans nous soucier le moins du monde de l’obscur comparse dont nous ne faisions intervenir la mince personnalité que pour donner plus de relief à nos arguments. »

En juillet 1888, Carpin cède son poste à Marie Armand Routier de Bullemont tandis qu’il rejoint Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). C’est dans cette ville qu’il épouse en décembre 1889 Marie Louise Roullier.

C’est en février 1894 qu’il sera promu à Paris (3e arr.), dans le quartier du Temple à Sainte-Avoye. Chargé en décembre 1898 du quartier Val-de-Grâce (Paris, 5e arr.), il y reste jusqu’en octobre 1911, date à laquelle il fait valoir ses droits à la retraite. En septembre 1895, son frère cadet Louis était également devenu commissaire de police à Paris.

Bien que travaillant toujours à Paris, Carpin acquiert une villa à Sarcelles (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise), rue de Paris. En mai 1909, la presse fait état d’un cambriolage chez le commissaire. Un journal local rectifiera en précisant que les malfaiteurs lui ont dérobé sept pigeons, mais n’ont pas touché aux poules et aux lapins tandis que Le Petit Parisien rectifiera son annonce précédente en précisant qu’ils n’ont « pu, malgré leurs efforts, pénétrer dans l'habitation. »

Après la mort de son épouse en janvier 1913 qui suit d’un an sa retraite, Carpin va s’installer avec son fils à Sarcelles, un bourg qui compte alors plus de 3 300 habitants.

Il participe, en novembre 1919, aux élections municipales dans la commune, sur une liste de concentration républicaine, comprenant l’Union républicaine (droite) et des personnes de centre-gauche. En l’absence du maire sortant, M. Dessaigne, elle est conduite par le Dr Galvani avec l’adjoint sortant, Daunard. Charles Carpin y figure en huitième position. La liste présente un programme limité : élever un monument aux morts, obtenir des améliorations pour le combustible, l’éclairage, le ravitaillement, la voirie, les lavoirs. Elle proclame soutenir l’Union dans le travail et la liberté. Une seule liste, incomplète, les concurrence, celle du Parti socialiste SFIO.

Lors du premier tour, la liste de concentration emporte 19 des 21 sièges à pourvoir avec de 297 à 473 voix sur environ 600 votants. Carpin est élu en septième place avec 371 suffrages. Les deux sièges en ballotage lui reviennent au deuxième tour.

Bien que le Dr Galvani ait mené la liste et soit arrivé très nettement en tête du vote, il ne se présente pas en tant que maire. Ses deux suivants, Lignez et Daunard seront élus adjoints, mais c’est Carpin qui devient maire. Il présidera en septembre 1920 aux obsèques du Dr Galvani et fera donner son nom à une voie de la commune.

En juin 1920, le nouveau maire s’émeut que « À Sarcelles, sur la place du Marais, se trouvent, depuis l’armistice, près de deux cents voitures du train et autant de cuisines roulantes et d’avant-trains de caissons. Tout cela pourrit et n’est point surveillé ». Il propose de vendre le matériel, dont, selon lui, « une grande partie pourrait être utilisée par les cultivateurs ou les entrepreneurs de transports de la région. »

Carpin inaugure en août 1921 le monument aux morts de sa commune. Il connaît une première épreuve politique en octobre la même année, avec, à l’occasion d’une élection municipale partielle pour remplacer deux départs du conseil, l’élection à des deux postes d’un communiste. Il démissionne d’une association culturelle, Tambours & clairons, dont il était membre honoraire, parce son président avait pris position pour ses opposants pendant la campagne.

Au cours d’un nouveau scrutin partiel, en avril 1923, ce sont trois radicaux-socialistes qui sont élus, tandis que la liste catholique qu’il soutenait n’arrive qu’en seconde position, talonnée par les communistes. S’estimant désavoué, le maire présente sa démission au préfet. Il est remplacé en juillet par son premier adjoint, Ernest Georges Langlois.

Charles Wilfrid Carpin meurt le 13 mars 1924 à Sarcelles. Il était âgé de 65 ans et décoré des Palmes académiques, comme officier de l’instruction publique, depuis janvier 1907.

La mairie de Sarcelles, vers 1911

 

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28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 02:01

Suite de la biographie de Mayer List

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier du Centre, rue Chapsal en 1939 après son départ d’Espagne, Mayer List est dans une situation dangereuse après l’occupation allemande en juin 1940. Juif apatride, il ne parle pas le français à son arrivée en France ; cependant, comme il maîtrisait déjà six langues, il a sans doute une capacité à apprendre cette langue et, en 1943, il sera capable de l’écrire correctement.

Selon l’historien David Diamant (pseudonyme de David Erlich), c’est à l’automne 1941 que Mayer List apprend la formation de groupes juifs au sein de la Résistance communiste. Bien qu’il soit toujours en mauvaise santé, il intègre le 2e détachement de l'Organisation spéciale-MOI (main-d’œuvre immigrée), qui devient en 1942 les Francs-tireurs et partisans (FTP-MOI) ; il est membre du triangle de direction avec Samuel Weissberg et Léon Pakin. Il en devient le responsable politique et prend la direction opérationnelle en juin 1942, suite à l'arrestation de Léon Pakin. Dans la clandestinité, il utilise notamment le pseudonyme de Markus.

D’après Fabrice Bourrée, « Mayer List est à l’origine d’une ruse de guerre très efficace : des partisans organisent une diversion dans une rue voisine du lieu qui devait être attaqué. Les gardiens de police accourent, quittant leur poste. Pendant ce temps, un autre groupe s’approche rapidement de l’objectif et dépose les bombes à retardement. »

Selon un bilan établit par Boris Holban (pseudonyme de Baruch Bruhman, fondateur et chef militaire des FTP-MOI), entre le 8 juillet 1942 et le 31 mai 1943, le détachement de List a mené cinquante-huit actions contre les troupes d’occupation : incendies de camions, dépôts de bombes à retardement devant des hôtels occupés par des Allemands, grenadage de restaurants fréquentés par l'occupant, de détachements militaires...

Le site Paris révolutionnaire situe cinq opérations dans la capitale. En 1942, il répertorie quatre attaques à la grenade : le 2 décembre 1942, un bureau d’embauche allemand avenue de Breteuil (7e arr.) ; le 12 du même mois, un groupe de militaires allemands place de la Nation (11e arr.) ; encore le même mois, le jour de Noël, un camion allemand rue Desaix (8e arr.) ; le lendemain, 26 décembre, un restaurant fréquenté par des officiers allemands faubourg du Roule (8e arr.). Le détachement de Markus établit rue de Meaux (19e arr.), à la mi-mai 1943, une cache de matériel pour les FTPF, destinée à préparer des déraillements de trains.

Depuis fin avril 1943, des inspecteurs de la 2e brigade spéciale (BS2) de la police parisienne l’ont identifié, lui ont attribué le surnom « Lunettes », et procèdent à sa filature.

Mayer List est arrêté le 2 juillet 1943. Son arrestation a lieu, si l’on en croit le site Paris révolutionnaire, dans un bistrot de la rue aux Ours où il mangeait régulièrement. Mais Jean-Pierre Besse et Daniel Grason, qui signent sa biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, l’interpellation a eu lieu vers 10h30 « alors qu’il se présentait au domicile de Régine Castellane (Ruchla Widerker), avenue Pauline à Joinville-le-Pont ». Des perquisitions infructueuses des furent faites dans les deux adresses de Joinville, rue Chapsal et avenue Pauline.

L’opération menée par la BS2 provoque 77 arrestations au sein des FTP-MOI. List est trouvé en possession d’une fausse carte d’identité française au nom d’Oscar Maguin, né à Teruel (Espagne), d’un certificat de travail et d’une feuille de démobilisation au même nom. Lors de son interrogatoire, le même jour, il donne son vrai nom et se déclare « de nationalité polonaise et de race juive », de profession tailleur d’habits, mais sans activité, domicilié rue Chapsal à Joinville-le-Pont. Il nie appartenir au parti communiste clandestin et à une organisation dite terroriste.

Mayer List est livré aux nazis et jugé par le tribunal militaire allemand du Gross-Paris rue Boissy-d'Anglas (6e arr.), avec quatre co-inculpés, le 20 septembre 1943, qualifiés comme lui d’israélites. Selon Fabrice Bourrée, « Les faits qui leur sont reprochés montrent qu’ils n’ont rien avoué si ce n’est des éléments déjà connus de la police. Mayer List ne cache rien de ses activités au sein des Brigades internationales mais reste muet quant à ses actions résistantes. »

Mayer List André Engros, Boruch Lerner et Nonnique Tuchklaper sont condamnés à mort et exécutés le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine). Le cinquième FTP, Hirsch Loberbaum, est condamné à une peine de déportation d’où il ne reviendra pas. Ruchla Widerker, déportée à Auschwitz, aurait survécu et émigré après-guerre en Argentine.

Avant d’être fusillé, Mayer List adresse une lettre à sa famille en Argentine. Elle est également destinée à sa femme. À ses parents, Mayer List indique « Ma femme s’appelle Lamba Bluss » et qu’elle réside à Riga (Union soviétique, act. Lettonie), ce qui permet de supposer qu’ils ne la connaissaient pas, et donc que, probablement, elle n’était pas avec lui en Argentine. Selon David Diamant elle s’appelait Louba Bluss Bliumas, native de Riga en 1907. Peut-être l’a-t-il connue au Brésil, si Mayer List y a séjourné ? Des personnes d’origine lituanienne portant les noms de Bluss et Bliumas y sont signalés. Il conclut à son attention « Ma chère Lamba, j’ai déjà dit que ce n’était pas de ma faute de ne pouvoir ensemble vivre et arranger notre vie heureuse, alors je te souhaite une vie félice et travaille pour pouvoir aider mon frère ». Vu le ton de ce courrier, on peut supposer qu’il l’encourage à poursuivre un engagement politique.

L’une des deux compagnies de Juifs polonais qui se constituèrent à la Libération au sein du bataillon 51/22 dit bataillon Liberté prit le nom de Markus, en souvenir de Mayer List.

La mention « Mort pour la France » lui est attribuée le 12 juillet 2007.

Fin

Communiqué FTP-MOI

 

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26 avril 2023 3 26 /04 /avril /2023 02:01

Suite de la biographie de Mayer List

Les frères List Izhak, Herschs, Mayer et Shlomo ont émigré tous les quatre de Pologne en Argentine en 1929, où ils se font désormais appeler Jacob, Marcos, Gregorio et Julio. Ils deviennent membres du parti communiste argentin (PCA) et d’organisations syndicales, poursuivant les activités dans lesquelles ils étaient engagées avant le coup d’État polonais de 1926, selon les informations de Chaja Palgon-Urlant, chroniqueur des Juifs originaires d’Ostrów Mazowiecka. Marcos (Mayer) devient éditeur d’un journal édité en yiddish.

Il est membre actif du PCA lors du coup d’État argentin de septembre 1930, qui porte au pouvoir le lieutenant-général José Félix Uriburu. Le nouveau dictateur fit interdire le PCA et voter une loi prévoyant l'expulsion des militants d'origine étrangère. Une « section spéciale de lutte contre le communisme » est chargé de la mise en œuvre de ces mesures.

D’abord arrêté, Marcos (Mayer) émigre ensuite en Uruguay, en compagnie notamment de son frère Jacob (Izhak). Ce dernier, rentré clandestinement en Argentine, organise en septembre 1931 une grève des ouvriers du bâtiment à Rosario de Santa Fe pendant laquelle il trouve la mort.

Revenu également de manière illégale à Buenos Aires, Marcos est arrêté à plusieurs reprises, incarcéré à la prison du quartier de Devoto où il est torturé, d’après le témoignage familial d’Ezequiel Goldberg. Il y conduit une grève de la faim pour y obtenir de meilleures conditions de détention.

Devenu influent au sein du PCA clandestin, Marcos List est à la tête d’un groupe de choc, qui prépare notamment une tentative révolutionnaire au Brésil. Cependant, le Bureau sud-américain de l’Internationale communiste jugera que cette opération était « mal coordonnée » et avait des « objectifs équivoques. »

En mars 1936, Marcos est expulsé d'Argentine en compagnie de plusieurs personnes, dont son frère Gregorio (Herschs) sur un bateau à destination de la ville libre de Dantzig (act. Gdansk, Pologne). Il s’évade lors d’une escale au Brésil mais est repris par la police locale et doit poursuivre son voyage. Il fuit une deuxième fois à l’occasion d’une autre escale à Vigo (Galice, Espagne). Il participe, en juillet 1936, aux manifestations organisées à Vigo pour protester contre le putsch du général Franco. Il est arrêté avec deux autres polonais. Ils obtiennent un sauf-conduit du consul polonais, sous prétexte de retourner en Pologne. Marcos List stoppe son trajet à Paris. Selon Jean-Pierre Besse et Daniel Grason, qui signent sa biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron, il aurait demandé l’asile politique en France, qui lui aurait été refusé.

Il se rend au siège du parti communiste français pour s’engager dans les Brigades internationales qui viennent de se créer et luttent pour défendre le régime républicain espagnol contre les forces nationalistes. En septembre, il est envoyé à Valence.

Marcos List parlait plusieurs langues : l'hébreu, le yiddish, l'espagnol, le portugais, l'allemand et le russe. Il est recruté en tant qu’interprète au sein du Bataillon Dombrowski, constitué en octobre 1936 par 600 hommes, originaires de Pologne, placés sous le commandement de Stanislaw Ulanowski, et intégrés à la XIe Brigade Internationale puis en décembre à la XIIe.

Avec son bataillon, Marcos List combat sur les fronts de Motril (Andalousie), de Bilbao, de Santander, des Asturies, de Teruel et de Castellón. Il est blessé dans un accident à Valence et ensuite est employé au ministère de la Défense nationale.

La dissolution des Brigades internationales est décidée en septembre 1938 par le gouvernement républicain, suite à une décision de la Société des Nations. Les volontaires étrangers sont renvoyés dans leur pays. N’ayant plus de nationalité, Marcos List, qui ne peut retourner ni en Argentine, ni en Uruguay, dont il avait été expulsé auparavant, souhaite se rendre à Moscou. Cependant, le récit d’Ezequiel Goldberg assure que les cadres du parti communiste espagnol se méfiaient de lui, comme de beaucoup d'autres étrangers, considérés comme des espions ou des trotskistes. Il présentait d'excellentes références du PCA et du parti communiste d'Uruguay, mais son frère David List, qui était adhérent du parti bolchevique et membre d’un soviet de Moscou avait été, en novembre 1937, victime des purges staliniennes dans cette ville.

Marcos List entre clandestinement en France à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) au printemps 1939, réussissant à ne pas être repéré par les gardes-frontières. Selon l’historien David Diamant, il arrive sans papier et sans moyen de subsistance, dans la région de Toulouse. Il est contrôlé, couché dans un champ et à demi-évanoui, par des gendarmes, qui ne l’arrêtent pas, du fait de son état de santé, étant tuberculeux. Il gagne Paris.

À suivre

Photo Mayer List, arch. fam.

 

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24 avril 2023 1 24 /04 /avril /2023 02:01

Début de la biographie de Mayer List

Mayer List naît le 7 octobre 1907 (ou le 10 juillet) en Pologne, dans le village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Il est le fils de Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, et de son mari Israël (ou Srul) Berl List, chauffeur. Ils auront 9 enfants, 5 garçons et 4 filles.

Cette partie de la Pologne comporte une importante proportion de Juifs. Lors du recensement de 1897, la ville comptait 10 500 habitants dont 54% étaient Juifs.

Son prénom est parfois retranscrit en tant que Meier ou Mejer ; son surnom est orthographié Markus, Marcus ou Marcos. Son lieu de naissance est parfois désigné dans certains documents comme Ostrawa, localité polonaise de Basse-Silésie, mais l’origine familiale est bien située à Ostrów Mazowiecka, dont dépend le village de Małkinia.

D’après Chaja Palgon-Urlant, chroniqueur des Juifs originaires d’Ostrów Mazowiecka, Mayer List est, à 16 ans, ouvrier fabricant de chaussures dans une usine de sa ville et un membre actif du syndicat des chausseurs d’Ostrów Mazowiecka. Selon Ezequiel Goldberg, qui fait l’histoire familiale des Lis, Mayer est, comme sa famille, adhérent au Parti socialiste polonais (PPS), engagé dans la fraction soutenant l’Internationale communiste et impliqué dans le Secours rouge.

Il s’installe ensuite à Varsovie, devenu tailleur, et il y poursuit son activité syndicale. Le coup d’État de mai 1926, voit Józef Piłsudski, aidé de l'armée, imposer une dictature ; même s’il fut, à l’origine, soutenu par le PPS, le régime autoritaire oblige les militants communistes à passer dans l’illégalité. Arrêté, Mayer List est déchu de sa citoyenneté polonaise.

La famille List était soumise à deux menaces, étant engagée dans le mouvement ouvrier et, comme les autres Juifs, sujette à des persécutions. Tous vont quitter le territoire national entre 1923 et 1935. Son frère aîné Izhak dit Jacob part pour l’Argentine en 1923 et le troisième, David, passe la même année en Union soviétique, à Minsk (URSS, act. Biélorussie).

Pour sa part, Mayer List embarque le 4 août 1928 à Brème (Allemagne) à bord d’un paquebot de la compagnie Norddeutscher Lloyd à destination de Montevideo (Uruguay) via Baltimore (États-Unis). Il voyage en troisième classe, est mentionné comme apatride et résidant à Varsovie, exerçant le métier de compagnon tailleur.

Il passe en Argentine où il obtient le statut de réfugié politique d’après Ezequiel Goldberg. Il retrouve à Buenos-Aires son frère Izhak et sa sœur Fejga (Felisa). Son père ainsi que ses deux frères Herschs et Shlomo suivront l’année suivante. Ses trois autres sœurs viendront plus tard, tandis que sa mère fera le voyage en 1932.

À suivre

Photo Mayer List, arch. fam.

 

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22 avril 2023 6 22 /04 /avril /2023 02:01

David List, naît en 1905 en Pologne, dans le village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Il est le fils de Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, et de son mari Israël (ou Srul) Berl List. Ils auront 9 enfants, 5 garçons et 4 filles.

Cette partie de la Pologne comporte une importante proportion de Juifs, sujets à des persécutions qui vont inciter les List à quitter le territoire.

David est le troisième fils et quatrième de la fratrie. Il quitte la Pologne pour Minsk (URSS, act. Biélorussie) en 1923, tandis que tous ses frères et sœurs émigreront en Argentine. En 1937, il est à Moscou, marié avec Bronya Bronislava ; il est membre du parti communiste bolchévique et siège dans un des soviets de la ville. Accusé d’espionnage au profit de la Pologne, il est arrêté par la police politique NKVD, emprisonné dans le quartier de Butovskaya. Il est exécuté le 3 novembre 1937 à Moscou et inhumé dans une fosse commune de la prison. Il aurait été réhabilité en 1958.

Dans sa dernière lettre, adressée à ses parents le jour de son exécution en octobre 1943, son frère Mayer, qui ne connaissait manifestement pas la disparition de David, écrivait « Je peux vous dire que l’ai travaillé jusqu’au dernier jour de mon arrestation dans mon métier, que mon frère David m’a appris, et je l’ai aidé pour ça. Je vous prie de l’aider plus maintenant parce que je ne pourrais plus l’aider ». Il ajoutait, à destination de son épouse (ou compagne) Louba (ou Lamba) Bluss : « Ma chère Lamba, je te souhaite une vie félice et travaille pour pouvoir aider mon frère. »

Par « métier », selon le juriste et historien David Diamant, qui a publié ce texte, il entendait son activité clandestine. Le courrier montre l’influence politique majeure de David List sur sa fratrie.

Photo David List, arch. fam.

 

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20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 02:01

Herschs Isrul List (dit Gregorio ou Gerszel), naît en 1904 en Pologne, probablement dans le village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Il est le fils de Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, et de son mari Israël (ou Srul) Berl List. Ils auront 9 enfants, 5 garçons et 4 filles.

Cette partie de la Pologne comporte une importante proportion de Juifs, sujets à des persécutions qui vont inciter les List à quitter le territoire.

Il le troisième enfant et deuxième garçon de la famille. Il sera aussi désigné sous le pseudonyme de Bercowicz. Après avoir épousé Rivke Rywka Chmiel (dite Rebeca) et avoir eu une fille, il émigre en Argentine probablement en 1929 et peut-être en compagnie de son père Israël et de son frère cadet Shlomo (dit Julio). Engagé avec ses frères dans le mouvement ouvrier argentin, il est expulsé et quitte le pays avec son frère Mayer en 1936. Il retourne en Pologne avec sa famille à Ostrów Mazowiecka. Ils s’échappent lors de l’occupation de la Pologne par les Allemands, qui assassinent 500 à 800 Juifs lors d'exécutions de masse dans la forêt voisine de leur commune, le 11 novembre 1939. Ils se réfugient en URSS. En 1944, Herschs List s’engage dans l’armée rouge, force militaire de l’Union soviétique. Il prend part aux combats pour la Libération de la Pologne. Il trouve la mort au combat le 6 février 1945, probablement près de Gumbinnen (Prusse Orientale, Allemagne, act. Goussev, Kaliningrad, Russie). Il était père de cinq enfants ; sa famille retourna en Argentine après-guerre puis la plupart émigrèrent aux États-Unis.

Photo Gregorio List, arch. fam.

 

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18 avril 2023 2 18 /04 /avril /2023 02:01

Izhak Yankl List (dit Jacob ou Jacobo), naît en 1898 en Pologne, probablement dans le village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Il est le fils de Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, et de son mari Israël (ou Srul) Berl List. Ils auront 9 enfants, 5 garçons et 4 filles.

Cette partie de la Pologne comporte une importante proportion de Juifs, sujets à des persécutions qui vont inciter les List à quitter le territoire.

Jacob fut le premier parmi eux à émigrer en Argentine. Il arriva à Rosario en juillet 1923. Militant communiste, il joue un rôle important dans la grève des bûcherons en 1930, est arrêté puis libéré. Il aurait été assassiné par son patron, avec la complicité de la police, le 22 septembre 1931 à Santa Fe. Selon Chaja Palgon-Urlant, qui a tenu une chronique des originaires d’Ostrów Mazowiecka, déjà mourant, il aurait abattu son agresseur.

Photo Jacob List, arch. fam.

 

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 02:01

La famille List est originaire du village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Le camp d'extermination nazi de Treblinka sera installé à proximité. Lors du recensement de 1897, la 54% de 10 500 habitants de la ville étaient juifs.

Israël (ou Srul) Berl List naît en 1877 à Malkinia. Il exerce le métier de menuisier et épouse Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, qui comptait également une forte communauté juive. Ils eurent neuf enfants. Fuyant les persécutions antisémites, ils émigrèrent en Argentine, séparément, entre 1923 et 1935, Israël en 1929 et Judes en 1932. Ils vivaient à Buenos-Aires.

Les cinq garçons ont partagé un engagement politique révolutionnaire. Nous reviendrons de prochains articles sur le sort de quatre d’entre eux, qui conduisit à leur mort violente

Le dernier garçon de la famille, Shlomo List (dit Julio), né en 1913 à Ostrów Mazowiecka, immigré en Argentine en avril 1929, était bonnetier et engagé dans le mouvement ouvrier. Marié avec Celina Quiroga et père de trois enfants, il serait décédé à Buenos-Aires à une date qui n’est pas connue.

Les quatre sœurs, toutes nées en Pologne, émigrées en Argentine et mariées avec des personnes d’origine juive, n’ont pas d’engagement politique ou social connu. Fejga dite Felisa (1899-1958) était vendeuse d’articles de mode et mère de deux garçons. Keile dite Clara (1910-2002) eut deux enfants. Léa dite Luisa (1935-1997) émigra en Israël en 1963 et y mourut ; elle donna naissance à trois descendants. Enfin, Peshe dite Paulina (1917-1997) engendra une fille et un fils.

Photo famille List, arch. fam.

 

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14 avril 2023 5 14 /04 /avril /2023 02:01

Léa Gelman naît le 17 décembre 1890 à Odessa (empire de Russie, act. Ukraine). Elle est la fille de Lina Goldenberg et de son époux Boranch Gelmann.

Ses parents étant morts, elle réside en 1910 à Paris (10e arr.), rue d’Hauteville. Elle est couturière et épouse dans cet arrondissement en septembre cette année-là Joël Simkine, ferblantier, également d’origine juive et natif d’Ukraine.

Ils vivent à Paris (11e arr.) rue Saint-Maur. Léa Simkine perd des jumeaux à leur naissance en août 1911. S’étant installée avec son époux à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Diderot, elle a un fils, Maurice, né en juin 1913. Ayant déménagé dans la commune proche de Joinville-le-Pont, la famille y réside rue du Pont à partir de 1920. Son mari, devenu ouvrier tourneur puis comptable, y est militant socialiste SFIO.

Les Simkine quittent Joinville à la fin des années 1920. À partir de 1937, ils résident rue Maurice-Berteaux à Paris (20e arr.).

C’est probablement à l’occasion de la rafle dite du Vel-d’hiv, à Paris, les 16 et 17 juillet 1942, que Léa Simkine est arrêtée. Internée au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), elle est déportée le 29 juillet par le convoi n° 12 à destination du camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé actuellement en Pologne.

Elle est tuée à son arrivée, le 3 août 1942. Le convoi comptait 1001 déportés, dont 216 sont gazés à leur arrivée au camp ; il y aura 5 survivants en 1945. Un arrêté du 9 octobre 2014 décide d’apposer la mention « Mort en déportation » sur les actes déclaratifs de son décès.

Son mari, Joël Simkine est déporté par le convoi n° 47 au départ de Drancy le 11 février 1943. Il meurt le 16 février 1943, également à Auschwitz. Le convoi comportait 998 déportés, dont 182 enfants ; 10 des transportés étaient vivants en 1945.

Leur fils Maurice a survécu au conflit.

Rue du Pont à Joinville-le-Pont

 

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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 02:01

Maurice Simkine naît le 10 juin 1913 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Léa Gelman, couturière, et de son mari, Joël Simkine, ferblantier. Ses parents sont d’origine juive et tous deux natifs d’Ukraine. Ils vivent à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Diderot.

Ayant déménagé dans la commune proche de Joinville-le-Pont, la famille y réside rue du Pont à partir de 1920. Son père, devenu ouvrier tourneur puis comptable, y est militant socialiste SFIO.

Les Simkine quittent Joinville à la fin des années 1920.

Inscrit au lycée Voltaire de Paris, Maurice Simkine suit le Cours préparatoires aux écoles nationales d’arts et métiers. Il est primé au Concours général en 1929 puis en 1930. Ayant acquis la nationalité française, il est appelé au service militaire, probablement en 1934-1935. Il est instituteur en 1937. Il poursuit cependant un cursus au Conservatoire national des arts et métiers, qui lui vaut une récompense en janvier 1939.

À partir de 1937, il réside rue Maurice-Berteaux à Paris (20e arr.). C’est cette même année qu’il épouse, en mai à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Madeleine Marie Mermet.

Il est sans doute mobilisé au début de la deuxième guerre mondiale.

Sa mère est déportée par le convoi n° 12 au départ de Drancy le 29 juillet 1942. Elle est décédée le 3 août 1942 à Auschwitz (Pologne). Le convoi compte 1001 déportés, dont 216 sont gazés à leur arrivée au camp ; il y aura 5 survivants en 1945.

Son père est déporté par le convoi n° 47 au départ de Drancy le 11 février 1943. Il est décédé le 16 février 1943 également à Auschwitz. Le convoi compte 998 déportés, dont 182 enfants ; il y aura 10 survivants en 1945.

Après le conflit, Maurice Simkine réagit à un éditorial du journaliste conservateur et résistant, Émile Buré, qui avait combattu, dès avant-guerre, l’antisémitisme et les accords de Munich. Dans le quotidien qu’il dirige, L’Ordre, Buré, disait le 12 janvier 1946, s’inquiéter « des hitlériens qui restent puissants dans notre pays » et « souhaiter que la Constitution s’inquiète de leurs menées, interdise toute propagande raciale subversive, assassine ». Selon l’éditorialiste, « il n’est que deux moyens, nous en sommes sûrs maintenant, de résoudre le problème juif : assimiler Juifs et « aryens » par le moyen de mariages mixtes, c’est notre solution ; ou assassiner les Juifs, c’est la solution, des hitlériens. »

Dans une lettre que publie le journal le 23 janvier, M. Simkine conteste vivement l’argumentation. « On pourrait dire qu’en somme seule une différence de méthode vous sépare des fascistes, puisque vous ne voyez de solution à l’antisémitisme que dans la disparition des juifs ». Il reconnaît que « Avant la guerre, je pensais comme vous, et je me suis marié à une ‘aryenne’, je ne le regrette pas, mais j’ai ‘reconsidéré’ le problème comme solution. »

Il s’interroge sur « Que sommes-nous ? Une religion ? Une race ? Un peuple ? » Il s’insurge : « Comment pouvez-vous imaginer que les survivants d’une religion, d’une race ou d’un peuple qu’on a voulu supprimer approuvent ce massacre en parachevant eux-mêmes le travail que le temps n’a pas permis d’amener à son terme ? » Et il explique : « Je crois à présent que les survivants (on conserve bien les Indiens, les Maoris) ont le devoir religieux ou social de s’efforcer de ne pas disparaître totalement de l’histoire ». En conclusion, il offre aussi une solution : « C’est la société socialiste. »

Divorcé en mai 1963, il se remarie, en septembre 2002 à Paris (5e arr.) avec Colette Derivry ; il est alors âgé de 89 ans. Il meurt le 10 juin 2005 à Paris (10e arr.).

Il avait eu un fils de son premier mariage. Son petit-fils, Antoine Simkine, est producteur de cinéma en France.

Emile Buré, avec lequel Maurice Simkine polémique (cl. Wikipédia)

 

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