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30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 01:01

Simone Marguerite Lahaye naît le 11 janvier 1906 à Reims (Marne). Elle est la fille de Marie Léonie Lobry, lingère, née à Bruxelles (Belgique) et de son compagnon Édouard Théodore Lahaye, ouvrier boulanger, qui la reconnaît. Ses parents se marient à Reims en janvier 1907.

Pendant la première guerre mondiale, son père est mobilisé dans une section de commis et ouvriers. Il est condamné pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre » par le 2e conseil de guerre le 21 septembre 1917 ; du fait que des circonstances atténuantes lui sont accordées, sa peine est limitée à deux mois de prison.

À la fin de ses obligations militaires, en février 1919, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gille, dans le quartier de Palissy ; ils s’installent ensuite dans le quartier voisin de Polangis, avenue Arago. Le père est toujours boulanger puis sera manœuvre, la mère est lingère et nourrice.

Simone Lahaye fait un apprentissage en tant que dactylographe et devient ensuite ouvrière dans une usine. En avril 1926, elle épouse à Joinville Jean Savu ouvrier ébéniste, syndicaliste et militant du parti communiste qui vivait dans la même ville, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri). Ils s’installent après leur mariage dans la commune voisine de Champigny, avenue d'Alsace-Lorraine, rue Diderot puis rue de Port-Arthur (act. Eugène-Pottier).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu s’engage comme résistant à l’occupation allemande dans les Francs-Tireurs et Partisans, mouvement clandestin proche du parti communiste. Arrêté en juillet 1943 par la police française, il est condamné à mort le 15 octobre par un tribunal allemand et fusillé le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Son épouse est la destinatrice d’une de ses deux dernières lettres, datée du 23 octobre : « Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. (…) Je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. »

Après-guerre, Simone Savu témoigna par écrit des violences faites à son mari et porta plainte selon les historiens Annie et Claude Pennetier, témoignant qu’il avait « été violemment frappé à coup de nerf de bœuf par les inspecteurs de la BS2 », les policiers français qui l’avaient interpellé. Elle est adhérente du parti communiste, dans une cellule de Champigny qui porte le nom de « Jean Savu ». Selon l’historien Paul Boulland, elle est candidate aux élections municipales de sa commune en mai 1945 et novembre 1947 sur la liste d’Union républicaine et résistante, soutenue par les communistes. Il y voit la volonté du PCF de « valoriser des figures au fort pouvoir d’évocation symbolique », remarquant qu’une autre veuve de fusillé est également présentée à Joinville (Juliette Derrien). La fille d’un autre fusillé campinois, Taravella, figure également sur les mêmes listes les deux années.

Les archives de la fédération communiste, consultées par Paul Boulland, contiennent ces appréciations de deux responsables de la section « bonne camarade, veuve d’un fusillé, mère d’un enfant en bas âge, candidate sur la liste de notre Parti à Champigny » et « Pas très forte politiquement étant au Parti depuis la Libération. Camarade très dévouée. »

Si Simone Savu n’est pas élue à l’issue des scrutins de 1945 et 1947, elle intègre le conseil municipal de Champigny en avril 1951, remplaçant une démissionnaire. Elle est réélue toujours sur les listes communistes, en mai 1953, en juin 1959 puis en mars 1965. Pendant toute la durée de son mandat, le maire de la commune est le communiste Louis Talamoni, élu de 1950 à 1975.

En mai 1960, Simone Savu, qui réside toujours à Champigny, avenue Guy-Môquet, se remarie avec Georges Mesnard, ancien résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale et également conseiller municipal de Champigny. En application du code électoral, il dut démissionner de son mandat après leurs épousailles.

Simone Mesnard meurt le 18 février 2001 à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), où elle était probablement hospitalisée. Elle était âgée de 95 ans et avait eu au moins un enfant de son premier mariage, dénommé également Jean Savu.

Portrait de Jean Savu, époux de Simone Savu [ph. Maitron]

 

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28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 00:01

Jean Savu naît le 11 juin 1904 à Montreuil-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est le fils de Louise Marie Boussard, et de son époux, Jean Savu, ébéniste, qui vivent rue de la République.

Sa mère est couronnière, c’est-à-dire confectionneuse de couronnes mortuaires avec des perles enfilées sur du fil-de-fer. Son père est natif en 1874 de Bucarest (royaume de Hongrie, act. Roumanie) et est ébéniste. Il obtient (pour son fils aussi) la nationalité française en mai 1910. Pendant la première guerre mondiale, Jean Savu père est réformé à cause de sa surdité.

À partir de 1910, la famille, qui compte six enfants, est installée à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Jean Savu est, comme son père, ébéniste en 1921. En 1926, il est installé dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy. Il épouse dans cette commune, en avril 1926, Simone Lahaye, ouvrière, qui vivait dans le quartier voisin de Polangis.

L’usine de meubles dans laquelle il travaille, sise avenue Racine, à Joinville, prend feu en 1933. En juillet, le conseil général lui accorde un secours de cent francs du fait que l’incendie l’a réduit au chômage pendant une période. Il s’est alors installé de nouveau à Champigny.

Selon les historiens Annie et Claude Pennetier, Jean Savu est en 1930 membre du parti communiste et recevait du matériel de propagande destiné à des communistes italiens avec qui il était en contact. Il était également inscrit à l’Amicale sporting club de Champigny, club affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu fait partie de l’Organisation spéciale, mouvement clandestin créé par le parti communiste qui intègre ensuite les Francs-Tireurs et Partisans. D’après A. et Cl. Pennetier, Jean Savu est le responsable technique de la section des FTPF de Champigny. Il gère notamment une machine de reprographie (ronéo) à main installée dans le pavillon de Simone Lambre à Champigny.

Arrêté en juillet 1943 par la police française dans l’atelier d’Auguste Taravella, autre résistant communiste campinois, il est porteur d’un tract intitulé Défense de la France et de deux certificats de recensement en blanc et une copie du cachet humide de la mairie de Montreuil. Il est Interné à la prison de la Santé (Paris, 14e arr.). Lors d’une visite dans cette prison, son épouse témoignera que Jean Savu « a été violemment frappé par des inspecteurs de la BS2 [Brigade spéciale no 2] à coups de nerf de bœuf sur les reins ». Il est ensuite transféré à celle de Fresnes (Seine, act. Val-de-Marne).

Il est condamné à mort le 15 octobre par le tribunal allemand du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (Paris, 8e arr.) pour « activité en faveur de l’ennemi ». Il est fusillé à 12 h 41 en même temps que vingt autres personnes le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne), Jean Savu et trois autres fusillés campinois (Pierre-Marie Derrien, Maurice Pirolley et Augustin Taravella) furent transférés le 2 décembre 1944 au cimetière de Champigny-sur-Marne.

Par décret du 28 décembre 1945, il avait été nommé, à titre posthume, officier dans l’armée de terre au grade de sous-lieutenant. Un autre décret, le 6 novembre 1960, lui octroie la dignité de chevalier de la Légion d’honneur. Une rue du quartier du Tremblay, à Champigny, reliant les avenues du Général de Gaulle et Pierre-Brossolette, est baptisée « Jean-Savu ». Son nom figure sur les monuments aux morts de Champigny ainsi que sur celui du Mont-Valérien. Il figure également sur une plaque au sein de la Bourse du Travail de Paris « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France - Lorsqu'on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice - Paul Éluard. »

Le matin de son exécution, Jean Savu a écrit deux lettres. Une à son frère Louis et l’autre à son épouse Simone, qui l’a publiée : « Fresnes, le 23 octobre 43. Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. J’écris également à Louis car nous avons droit à deux lettres. Je vous confie, toi et mon cher petit Jeannot, à lui. Il saura, j’en suis sûr faire son devoir. Dis aussi, ma poulette, à tous les amis, que je leur envoie ma dernière pensée, surtout à Mr et Mme Bazin et tous les autres. Je vais terminer, mon amour, en te demandant pardon de te causer de la peine. Embrasse pour moi ma mère : elle va avoir aussi beaucoup de chagrin mais ce n’est que toi qui comptais pour moi, ma Simone et je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. Ton Jean. (Je suis avec Louis Noger, il partage mon sort.) »

Portrait de Jean Savu [Société d’histoire de Champigny]

 

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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste, Léon Lesestre, maire de Joinville-le-Pont, fait partie des élus du département de la Seine qui refusent de prendre place à côté d’élus communistes dans une réunion du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Ils déclarent dans un communiqué « qu’ils ne siégeront plus au bureau aussi longtemps que les représentants d’un parti hors la loi y figureront ». Le PCF sera interdit le 26 septembre, tandis que ses organes de presse cessent de paraître, comme l’hebdomadaire local Le Réveil. Lors d’un conseil municipal le 27 septembre 1939, Paul Rouhaud, artisan chauffeur de taxi, refuse de répondre à une question du maire : « Approuvez-vous ou non le Pacte germano-soviétique ? ». L’autre élu du même parti, Robert Deloche, est réfugié en Corrèze. Ils seront tous deux déchus de leur mandat pour appartenance au Parti communiste le 9 février 1940.

Au début de la deuxième guerre mondiale, en septembre 1939, en application des consignes de sécurité civile, une partie des jeunes joinvillais est conduite dans en province. Vers la fin du mois, Lesestre conduit une mission d’inspection auprès des 300 enfants évacués dans le Loiret.

Il reste encore 200 enfants évacués de Joinville dans le Loiret et en Saône-et-Loire en janvier 1940 et Lesestre s’y rend de nouveau, en compagnie de son épouse. Au retour vers Joinville, sa voiture percute un arbre ; le chauffeur et l’épouse du maire sont blessés. Tous les enfants seront regroupés dans le Loiret, où il y en a plus d’une centaine en mai 1940.

L’historien Émile Galtier, proche de Lesestre qu’il accueille au conseil d’administration de la revue Le Vieux Saint-Maur, raconte que Lesestre « reste à son poste pendant les jours tragiques de l’exode » et « dote la ville d’œuvres sociales : vestiaire, patronage scolaire, soupes populaires, œuvre des prisonniers de guerre ». Il indique que, contrairement aux ordres, Lesestre signe le 14 juin 1940 l’ordre de ne pas faire sauter le pont de Joinville, en l’absence de l’autorité militaire. Pour Galtier, Lesestre est « un maire si généreux, si bon, si méritant ». Le quotidien Le Matin considère que « M. Lesestre, a refusé de se replier et, avec Mme Lesestre, s’est mis à l’œuvre sans compter. »

La législation du régime de Vichy supprime les assemblées élues au profit de corps nommés, en exécution d’une loi du 16 novembre 1940. Par arrêté du 9 mai 1941, Lesestre est maintenu dans sa fonction de maire de Joinville. Par décret, trois de ses adjoints sont renommés en 1942, Chaussée, Béal et Kirbühler et un autre de ses anciens colistiers, Frédéric Bautsch remplace Caillon pour le quatrième poste ; le syndic, Decrombecque, n’est pas renommé.

Début décembre 1941, Lesestre est, avec d’autres maires du département, signataire d’un Appel aux populations de Paris et du département de la Seine dénonçant la Résistance : « Malgré l'exhortation pathétique du maréchal Pétain, chef de l’État, les adversaires de l'unité française, les ennemis de notre patrie continuent leur criminelle activité. Dans l'ombre, sournoisement, ils commettent les plus lâches attentats contre les membres de l'armée d'occupation qui exécutent leurs consignes de soldats. Vous manifesterez votre réprobation de ces crimes odieux. »

Lors d’une cérémonie organisée pour Noël par le Secours national d’entraide du maréchal [Pétain] en décembre 1941 à Joinville, Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France ». Il participe en mars 1942 à une cérémonie en hommage aux victimes des bombardements de Boulogne-Billancourt, organisée dans l’église Saint-Charles ; les actions comparables suscitées par le gouvernement de fait de l’époque visent à faire porter sur l’Angleterre et les alliés la responsabilité de la poursuite de la guerre.

Le journaliste Jean Clochard, dans l’hebdomadaire France-Europe, consacre un long portrait à la situation locale : « Les guinguettes ont fermé leurs volets... Mais à Joinville, notre Hollywood fronçais, M. Lesestre, maire, travaille toujours ». Il est très louangeur : « M. Lesestre se consacre avec un dévouement exemplaire à l’administration de sa ville. Son activité ne connaît pas de limites. Tous les problèmes matériels et moraux retiennent son attention, et il essaie, malgré les difficultés de l’heure, de leur donner les solutions les plus équitables. (…) C’est un homme calme, bon, qui jouit de l’estime de ses administrés. »

Il lui donne la parole : « La première de mes préoccupations a été de faire de Joinville une cité propre et agréable. (…) L’assistance est à l’heure présente une de mes préoccupations les plus vives (…). La tâche d’un maire est aujourd’hui bien ingrate. (…) Conviction, en servant notre petite patrie, de bien servir la grande. »

À côté du comité d’assistance aux prisonniers, la mairie crée en novembre 1943 un comité d’entraide aux travailleurs en Allemagne, « à la demande du Commissariat général à la main-d’œuvre française ». Conformément à la doctrine officielle, il vise à encourager le départ de Français en Allemagne, dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Parallèlement, le secrétaire général de la mairie de Joinville et son adjoint ont organisé, de manière clandestine, un réseau d’appui aux personnes pourchassées et aux réfractaires au STO, en leur fournissant notamment des faux papiers.

Une exposition du Secours national dans le préau de l’école Jules Ferry, dans le quartier de Polangis, montre que la population réagit à la politique menée dans le cadre officiel. Le conseiller municipal de Joinville, délégué au Secours national, Paul Léon Rieux, industriel, s’en émeut et « dénonce les nombreuses critiques purement imméritées. »

Le 6 février 1944, Léon Lesestre fait le déplacement à Vichy (Allier) pour être reçu, avec des maires de banlieue, par le maréchal Pétain. Leur dialogue porte sur l’école des sports de Joinville, annexée en 1929 par la ville de Paris mais qui en conserve le nom : « C’est la seule école militaire où je ne sois pas allé et je le regrette bien » aurait déclaré le chef de l’État selon l’hebdomadaire Gazette de l’Est.

Les 12 et 13 juillet 1944, plus d’un mois avec le débarquement allié en Normandie, Lesestre continue d’exercer ses fonctions officielles et préside, avec ses adjoints, une assemblée générale de l’Association des familles françaises ainsi que la distribution des prix aux élèves des écoles Jules-Ferry et Jean-Charcot.

Le jour de la Libération de Joinville, le 20 août 1944, le maire et les trois adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération qui a occupé la mairie et mène des actions armées contre les forces allemandes qui se replient. Lesestre et les autres membres du bureau sont transférés au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils sont libérés début mars 1945. A. Dély, secrétaire du comité d’épuration de Joinville, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, où ils déplorent qu’ils aient été relâchés, considérant que c’est une décision « pour le moins prématurée. »

Lesestre ne sera pas jugé pour son activité de collaboration avec les autorités allemandes. Après-guerre, il n’a plus de rôle politique. Cependant, il reste président de la Société philatélique de Saint-Maur et est même décoré à ce titre en 1949. Il organise en octobre 1950 à Saint-Maur une journée consacré à Rabelais, qui fut moine dans l’abbaye de la commune, avec une exposition ; Lesestre y prononce une causerie philatélique.

Léon Lesestre meurt le 11 mars 1955 à Joinville. Il était âgé de 77 ans et père de trois enfants. En février 1936, il avait été attributaire de la croix de la Ligue républicaine du Bien public, avait reçu en mai cette année-là une décoration attribuée par le roi des Belges puis, en août, la médaille de bronze de la mutualité. L’Assistance publique lui avait décerné en août 1937 également une médaille de bronze pour des « services exceptionnels ». Enfin, la Fédération française des associations philatéliques en avait fait, en 1949, le lauréat de la médaille Dole.

Fin

Léon Lesestre en 1952

 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Après la victoire de la liste de droite présentée par l’Union des républicains de Joinville, l’élection de la municipalité a lieu le 17 mai 1935. Par 25 voix sur 27, Léon Lesestre est élu maire ; Chaussée, Caillon, Béal, Kirbuhler sont ses adjoints.

Trois hebdomadaires locaux commentent favorablement son élection. Pour Union régionale (libéral), « Les affaires municipales sont en de très bonnes mains car c’est un travailleur, intelligent, honnête et bienveillant ». Dans la Gazette de l’Est, journal globalement de droite, le correspondant de Joinville signe en tant que membre du parti social-national (extrême-droite) : « Enfin, nous avons des hommes au conseil municipal ». Même le radical-socialiste Voix des communes est positif : « Lesestre, homme intelligent, actif, ayant le goût de l’administration ». Les Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite, se réjouissent : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. »

Au sein de la municipalité, Lesestre garde en direct les attributions de l’administration, des finances, de la comptabilité et du contentieux. Il prend, à 57 ans, sa retraite de l’Assistance publique pour se consacrer complètement à son mandat.

En juin 1935, Lesestre reçoit une délégation du comité des chômeurs de la ville et leur indique que le conseil municipal a voté l’adjonction de deux chômeurs au sein de la commission paritaire locale, qui gère l’indemnisation des personnes sans emploi. Le même mois, il accueille à Joinville une séance du 18e congrès des mutilés et anciens combattants. Il inaugure en juillet le dispensaire de la Mutualité maternelle, rue de l’Église, qui offre des consultations pour les nourrissons.

La construction de l’hôpital intercommunal de Créteil, dont Joinville est membre avec les autres communes du canton (Bonneuil, Créteil et Saint-Maur-des-Fossés) permet à Lesestre d’assurer en janvier 1936 que « Des entreprises et des chômeurs de Joinville seront occupés sur le chantier de l’hôpital ». Il devient président du conseil d’administration de l’établissement.

Lors de la désignation des électeurs sénatoriaux en septembre 1935, l’Union des républicains place ses 12 candidats, dont Lesestre. Il se prononce en faveur de la candidature du député sortant et ancien ministre, radical indépendant, Adolphe Chéron, pour les élections législatives de mai 1936. L’appel qu’il signe, en avril, le fait se retrouver avec son prédécesseur à la mairie, Georges Briolay.

La création de l’école de garçons Jules-Ferry, dans le quartier de Polangis, est une des grandes affaires du mandat, même si le projet a été initié par la municipalité précédente. Autre héritage, la garantie qui avait été accordée à une société, sise à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis), pour la construction d’un groupe d’habitations à bon marché (HBM), la cité Égalité dans le quartier de Palissy. L’entreprise ayant fait faillite, la commune est appelée pour la caution donnée, ce qu’elle refuse mais qui lui sera imposé par les autorités et les tribunaux administratifs. La cité rejoindra alors le patrimoine de l’Office municipal des HBM.

Avec beaucoup de professionnels du cinéma, dont Joinville constitue alors un des principaux pôles en France, Lesestre s’associe au projet de remplacer la petite église de Sainte-Anne de Polangis par un édifice dénommé Notre-Dame du Cinéma. Malgré une mobilisation de donateurs, le nouvel édifice ne verra pas le jour avant la guerre et fut ensuite abandonné. Lesestre accueille à plusieurs reprises le cardinal de Paris, Mgr Verdier, dans les églises de la commune mais également dans les studios de cinéma de Joinville.

En février 1937, Lesestre devient membre de la Commission d'aménagement et d'extension du département de la Seine. Le même mois, il est opéré d’une mastoïdite à l’hôpital Saint-Antoine de Paris (12e arr.) ; son médecin traitant est transporté vers l’établissement dans le taxi de Paul Rouhaud, conseiller municipal communiste et virulent opposant à Lesestre.

Dans la presse locale, notamment l’hebdomadaire Union régionale, plaide en avril 1937, pour l’augmentation des allocations d’assistance pour les vieux. Il défend également cette position au conseiller municipal. Il renouvellera son plaidoyer l’année suivante.

Lors de l’Arbre de Noël en janvier 1938 du parti social français (PSF), formation d’extrême-droite du colonel François de La Rocque, issu des Croix-de-Feu, qui accueille 400 enfants de Polangis dans le restaurant Maxe, le PSF salue la présence de « notre ami Lesestre, maire. »

Alors qu’en janvier 1938 la préfecture de la Seine décide d’interdire les baignades en Marne pour des raisons sanitaires, Lesestre organise, avec le Club athlétique de Joinville, présidé par le miroitier radical-socialiste Gabriel Vélard, un meeting au cours duquel les 200 participants « exigent que soit maintenue la baignade. »

De nouveau, en mars 1938, Lesestre est électeur sénatorial sur une liste exclusivement composée de membre du comité d’Union républicaine. En juillet la même année, il prend la présidence du Comité local du Rassemblement universel pour la paix, qui regroupe des syndicalistes et des responsables d’associations d’anciens combattants, et se déclare  « Profondément indigné des bombardements effectués sur des villes ouvertes et même sur le sol national », évoquant la situation en Espagne.

C’est en présence de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, que Lesestre inaugure en novembre 1938 le groupe scolaire Jean-Charcot, dans le quartier du centre. Comme l'école Jules-Ferry, à Polangis, ces deux établissements sont depuis devenus des collèges après-guerre.

Le contentieux sur les HBM ayant été tranché en défaveur de la commune, Lesestre, avec la totalité des conseillers municipaux de la ville, y compris les deux communistes, adresse en avril 1939 une protestation « Aux contribuables joinvillais » indiquant que la  mise en œuvre par le préfet de la garantie communale, inscrite d’office au budget, entraîne une hausse des impôts.

En mai 1939, Lesestre devient membre du comité du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Avec les autres membre du bureau, il proteste en juin contre le fait que le décret ministériel, publié le mois suivant, dépossède les 52 communes de la banlieue du droit d'arrêter la fixation et le mode de perception des taxes d'octroi et leur impose, en outre, de rémunérer trois fonctionnaires choisis par le ministère des Finances.

En janvier 1936, Lesestre, en tant que maire, est nommé membre suppléant du Conseil supérieur des postes, télégraphes et téléphones. Il continue d’exercer cette fonction en 1940.

À suivre

Léon Lesestre en 1943

 

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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Lors des élections municipales de mai 1929, Léon Lesestre est candidat à Joinville-le-Pont sur la liste de concentration républicaine conduite par Stephen Durande (divers droite). Elle arrive en tête, au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant) à 35;9% et les communiste (16%). Lesestre obtient 880 voix pour 2 126 votants (41,4%) et 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien des communistes (12,5%), la liste des gauches remporte 22 des 27 sièges à pourvoir avec 45,9% tandis que la droite d’Union nationale se contente de cinq élus en recueillant 41,6%. Lesestre ne rentre pas au conseil municipal et Georges Briolay (radical-socialiste) devient maire avec des adjoints socialistes.

Participant à la création du comité cantonal de cette organisation en juin 1932 à Saint-Maur-des-Fossés, Lesestre est président du comité de Joinville de l’Alliance démocratique, formation de centre-droit, très souvent associée aux gouvernements français, que ce soit avec le parti radical-socialiste (à sa gauche) ou avec des partis de droite.

Il est également membre du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS) de Joinville, qui regroupe les formations de droite, des radicaux indépendants et l’Alliance démocratique. Lesestre est nommé vice-président en novembre 1932 lorsqu’Émile Lecuirot est élu président.

La municipalité de Joinville rencontre des difficultés, avec le retrait du soutien du parti socialiste SFIO et la défection de plusieurs élus. Pour remplacer dix sièges vacants, des élections municipales complémentaires sont convoquées en octobre 1934. Suite à une proposition verbale de trève politique faite en juillet par le maire, Briolay, le CURAS décide à l’unanimité d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste, ce qui aboutit à la formation d’un comité de concentration républicaine qui présente une liste comprenant six candidats du CURAS, dont Lesestre, et quatre radicaux-socialistes. La plateforme électorale prévoit de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Cependant, les candidats, qui assurent être « dix hommes nouveaux, indépendants », assurent qu’ils ne feront « pas de miracles en sept mois », durée de leur mandat avant le renouvellement général de l’assemblée municipale. Assurant vouloir apporter « apaisement et concorde », ils citent dans leurs « plus grandes préoccupations » la « situation pénible des chômeurs. »

La liste de concentration arrive en tête au premier tour, avec 37,0%, devant un groupe de républicains indépendants (25,5%) et deux formations de gauche, les communistes (17,8%) et les socialistes SFIO (17,6%). Lesestre obtient 855 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37,2%)  sur 2 360 votants et 3 225 inscrits.

Au second tour, les républicains indépendants se retirent et les socialistes apportent leur soutien aux communistes. La concentration remporte les dix sièges à pourvoir avec 59,5%. Lesestre entre au conseil municipal avec 1 111 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,4%)  sur 1 964 votants.

Lors des obsèques du président du CURAS, Émile Lecuirot, toujours en octobre 1934, Lesestre prononce un discours à l’église de Joinville. Il le remplace dans sa fonction en décembre 1934.

Malgré l’accord électoral, le conseil municipal de janvier 1935 voit quatre des nouveaux élus organiser un « très vif échange » avec la municipalité, selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux. Le vote à ce sujet est renvoyé en commission.

Lors de son assemblée générale de mars 1935, le CURAS, qui avait été fondé en 1912, a décidé de se transformer en Union des républicains. Le règlement instaure une Incompatibilité entre les fonctions de membre du bureau et de conseiller municipal. Remplacé par René Kirbuhler, Lesestre devient président d’honneur.

Le mois suivant, le nouveau groupement de la droite décide d’abandonner, contre l’avis du député de la circonscription, Adolphe Chéron, l’accord électoral avec les radicaux : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux. »

Pour les élections municipales de mai 1935, le programme de l’Union des républicains prévoit « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». Les candidats se présentent comme des « hommes d’ordre et d’action ».

Au premier tour, la liste de droite arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés ; elle devance le groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes indépendants) à 26,8%, les communistes à 23,5% et les socialistes à 12,3%. Lesestre recueille 952 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Pour le second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent. La liste radicale recule fortement, à 20% des suffrages exprimés tandis que l’écart entre les candidats des deux autres formations n’est, en moyenne, que de 60 voix. L’Union des républicains arrive en tête, avec 41% et 25 sièges contre 39% et deux élus à la gauche. Lesestre est élu avec 1 167 votes pour 2 899 suffrages exprimés (40,3%) sur 2 924 votants. La droite commente ainsi le résultat : « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »

À suivre

Léon Lesestre en 1941

 

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20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 05:01

Début de la biographie de Léon Lesestre

Léon Joseph Alexandre Lesestre naît le 23 décembre 1877 à Paris (4e arr.). Il est le fils d’Anne Lesestre, couturière, vivant dans un hôtel rue Saint-Louis, et d’un père non dénommé. La sage-femme qui déclare la naissance à l’état-civil le fait sous le nom erroné de Lesselle. La rectification sera faite lors de la reconnaissance de l’enfant par sa mère, le 5 janvier 1878, dans la même mairie. Elle est native de Bourges (Allier) où son père est sculpteur et sa mère commerçante.

En 1894, Anne Lesestre vit à Paris avec son fils, rue Frémion (15e arr.) ; elle épouse un cocher, qui n’est pas le père de Léon, et, deux fois veuve, se remarie ensuite à Paris puis en Seine-et-Marne.

Ayant fait « de bonnes études », selon le journaliste Jean Clochard, il entre comme comptable aux établissements Sautter-Harlé, entreprise de construction électrique et de production de moteurs, installée avenue de Suffren à Paris (15e arr.).

La semaine d’après ses dix-huit ans, devançant son service militaire, Léon Lesestre s’engage en décembre 1895 dans l’armée pour quatre ans, et rejoint le 4e régiment de hussards, unité de cavalerie fondée sous la Révolution française et alors basé à Meaux (Seine-et-Marne). Renouvelant régulièrement son engagement, Lesestre est nommé brigadier en janvier 1898 puis devient sous-officier comme maréchal des logis en novembre la même année. Il s’inscrit, en juin 1904, au concours pour devenir officier d’administration mais échoue aux épreuves orales.

À la fin de son dernier contrat, en décembre 1910, Lesestre demande à bénéficier d’un emploi civil, comme le prévoit la loi du 21 mars 1905. Il reste à l’armée en attendant sa nomination, qui se fait en avril 1912 en tant que commis de l'Assistance publique, qui gère les œuvres sociales et les hôpitaux de Paris et d’une partie de la banlieue. Il obtient une retraite proportionnelle aux 16 ans et 3 mois qu’il a passés dans l’armée, fixée à 528 francs.

En août 1905 à Meaux, Léon Lesestre avait épousé Réparate Stéphanie Honorine Zapel, couturière, native de Nice, fils d’un maître-tailleur du même régiment de hussards. Après la fin de la période militaire, la famille s’installe à Paris (13e arr.), d’abord rue de Tolbiac puis rue Bobillot.

Dès le début de la première guerre mondiale, Lesestre est mobilisé, au sein du 116e régiment territorial d’infanterie avec le grade de sergent. En avril 1915, il est nommé sous-lieutenant puis, en août 1917, lieutenant. Il est affecté en mars 1918 au dépôt des éclopés de Fère-en-Tardenois (Aisne) puis en mai la même année à celui d’Hermé (Seine-et-Marne). Il est démobilisé en février 1919 et aura donc porté l’uniforme pendant près de 21 ans.

La première intervention publique connue de Lesestre est sa participation, en faisant état de son grade de sous-lieutenant, à une souscription du Secours national en juillet 1917.

Au sortir du conflit, les Lesestre vivent à Thorigny (Seine-et-Marne), rue du Temple. Ils déménagent ensuite à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où ils résident rue du Canal en 1924.

Revenu à l’Assistance publique, Léon Lesestre travaille d’abord au bureau de bienfaisance du treizième arrondissement de Paris. Il est nommé commis principal en janvier 1924, affecté à la pharmacie centrale des hôpitaux, puis premier commis principal en juin 1930. Il est contrôleur des services économiques des hôpitaux avec le grade de régisseur-comptable en 1932.

Membre du conseil d’administration de la Fédération nationale des mutilés et anciens combattants en 1928, Lesestre est vice-président puis président d’honneur de la société des anciens combattants de Joinville. Il participe aux congrès de la Fédération, par exemple en 1932 à Bruxelles (Belgique) où il présente un rapport sur l'assistance publique en France et en 1933 à Salins-les-Bains (Jura), où il défend cette fois un rapport sur le chômage. Le 18e congrès, en juin 1935, clôture ses travaux à Joinville-le-Pont sur son invitation. Il est à nouveau réélu administrateur de la Fédération en juin 1936 à Chauny (Aisne) puis en août 1938 à Angoulême (Charente).

L’engagement le plus durable de Lesestre se fait au sein d’organismes regroupant des philatélistes. Il adhère en octobre 1924, au Groupement philatélique d'échanges puis rejoint la Société philatélique de Saint-Maur-des-Fossés (SPSM), fondée en décembre 1925, dont il est le président depuis sa création et jusqu’en 1955.

À suivre

Léon Lesestre en 1938 (1er rand, 2e à partir de la gauche)

 

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18 octobre 2022 2 18 /10 /octobre /2022 05:01

René Émile Nadal naît le 11 décembre 1886 à Saint-Vallier (Drôme). Il est le fils de Gabrielle Durand et de son époux, André Nadal, percepteur.

Résidant alors à Nîmes (Gard) où il est étudiant, René Nadal, âgé de 18 ans, devance son appel pour le service militaire et s’engage dans l’armée, pour trois ans, en novembre 1905. Il est affecté au 19e régiment d’artillerie. Il devient brigadier en décembre 1906 puis maréchal des logis en octobre 1907. En août 1908, il se réengage pour deux ans à compter de novembre 1908, mais de nouveau comme cavalier au 20e escadron du train. Il est promu une nouvelle fois en septembre 1908 brigadier puis en novembre la même année maréchal des logis.

Ce serait en juin 1909 que René Nadal aurait épousé Jeanne André Meunier, peut-être à Paris.

Prolongeant son contrat, René Nadal part en janvier 1910 en Afrique occidentale française (AOF), avec l’escadron de spahis du Sénégal et est affecté au Soudan (act. Mali). Il devient adjudant en décembre 1912, au sein du 19e escadron du train. Pendant les quatre ans de son séjour, il est atteint de paludisme et de dysenterie.

Au cours de la première guerre mondiale, Nadal est déclaré inapte pour un total de plus de dix mois, entre février 1916 et juillet 1917, du fait des suites des maladies tropicales contractées en Afrique. Il sert dans le 13e régiment d’artillerie en août 1916 pour au sein du 63e régiment de la même arme en décembre 1917. Il rejoint de nouveau le 19e escadron du train en mars 1919 et se réengage de nouveau pour 20 mois. Nommé sous-lieutenant en août 1922, il est promu lieutenant en septembre 1923. En novembre 1924, il est affecté à la réserve de l’armée territoriale et perçoit, à partir de septembre 1930, une pension pour les conséquences du paludisme et de la dysenterie.

En 1925, Nadal est responsable des studios cinématographiques des Réservoirs à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Créés en 1913, ils sont installés rue des Réservoirs et sont limitrophes de Joinville-le-Pont.

Après le rachat par Bernard Natan en 1929 de la société Cinéromans, qui exploite six studios à Joinville, dans le quartier de Palissy, il constitue avec Charles Pathé la société Pathé-Natan. Elle exploite une usine de production de matériel et de films, ainsi que les studios, dont la direction est confiée à René Nadal, qui l’exerce à partir de 1930. Il vit avec sa famille d’abord rue Halifax, à Joinville (à proximité des studios des Réservoirs) puis, après 1932, rue Aristide-Briand, dans le centre-ville.

Pendant que Nadal en assure la direction, les studios de Joinville vont notamment produire L'affaire est dans le sac de Pierre et Jacques Prévert (1932), La Belle Équipe de Julien Duvivier (1936), Mayerling d'Anatole Litvak (1936), Drôle de drame (1937) et Quai des brumes (1938) de Marcel Carné, La Bête humaine (1938) et La Règle du jeu (1939) de Jean Renoir, Mollenard de Robert Siodmak (1938).

Le chef décorateur Max Douy, embauché très jeune par Nadal, témoigne en novembre 2004 des conditions de travail difficiles des techniciens sur les tournages dans les années 1930 : « On travaillait jour et nuit. J’ai passé 33 nuits de suite sur un film horrible (Dactylo se marie). Je dormais à midi et à 2h il y avait rapport chez Harispuru et Nadal. J’étais ‘le môme’ comme ils disaient. Trente-trois nuits de suite y compris Noël et le Jour de l’An. Ils n’avaient même pas de religion !... ». Édouard Harispuru était le producteur du film La dactylo se marie, réalisé en 1934 par Joe May et René Pujol.

René Nadal (1er rang, en bas, à droite) en 1924

Dans la commune de Joinville, Nadal s’associe aux activités sociales qui concernent le secteur du cinéma, dont la ville est un des principaux pôles. Sa présence est ainsi signalée aux messes pour les cinéastes défunts, organisées fin décembre ou début janvier à partir de 1933 ; il soutient aussi le projet de reconstruction de la petite église Sainte-Anne de Polangis en « Notre-Dame du Cinéma », projet qui n’aboutira pas avant la deuxième guerre mondiale.

René Nadal est le président-fondateur de la société sportive Pathé-Cinéma.

René Nadal meurt le 29 avril 1939 à Paris (15e arr.), rue Blomet, où il avait été hospitalisé pour une intervention chirurgicale après une courte maladie. Ses obsèques ont eu lieu en l’église Saint-Lambert-de-Vaugirard. Âgé de 53 ans, il était père d’une fille, Gratienne, qui se maria cinq fois dont une fois au Mexique et une autre en Iran et divorça à trois reprises. René Nadal était titulaire de la Médaille coloniale et de la Médaille militaire depuis juillet 1918, chevalier de la Légion d'honneur depuis août 1937. En novembre 1932, il avait obtenu la médaille de bronze de l’Éducation physique.

Les nécrologies qui lui sont consacrées assurent, comme dans L’Homme libre, qu’il fut « un grand colonial », ayant « contribué à la pacification et à l'organisation d'une grande partie de l'AOF ». Selon Excelsior, en tant que directeur des studios Pathé-Cinéma de Joinville, il « comptait parmi les personnalités les plus estimées de l'industrie du cinéma. »

René Nadal à Joinville-le-Pont en 1937

 

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16 octobre 2022 7 16 /10 /octobre /2022 00:01

Suite de la biographie d’Émile Baptiste Lecuirot

En matière politique, Émile Lecuirot s’engage à Joinville-le-Pont lors des élections municipales partielles de septembre et octobre 1928, organisées suite au décès du maire, Henri Vel-Durand (radical dissident). Il prend la tête d’une liste avec le soutien des formations d’Union nationale (droite), contre le cartel des gauches (radical-socialiste et socialiste SFIO) et les communistes. La liste Lecuirot est devancée par celle de Briolay (radical) qui l’emporte au second avec 47,4% des voix. À noter que la liste du PCF comprenait une candidate, dont les bulletins ont été annulées, les femmes n’étant alors ni électrices, ni éligibles. Lecuirot recueille 646 voix pour 1 524 suffrages exprimés (42,3%) sur 1 538 votants et 2 995 inscrits au premier tour puis au deuxième 661 voix pour 1 667 suffrages exprimés (39,7%) sur 1 677 votants.

À l’occasion des élections municipales générales de mai 1929, Lecuirot est de nouveau candidat sur la liste conduite par le maire sortant, Stephen Durande (divers droite).

Comme lors des partielles de 1928, la liste de droite avec 38,8% est devancée par celle du cartel des gauches à 42,8% et suivie par les communistes à 18,4%. Au second tour, avec 41,5%, elle emporte cinq des 27 sièges à pourvoir contre 22 pour le cartel des gauches (45,9%), les communistes n’ayant pas d’élu avec 12,5%.

Lecuirot obtient au premier tour 964 voix pour 2 126 suffrages exprimés (45,6%) sur 2 969 inscrits. Au second tour, Lecuirot, contrairement au maire et à la plupart des sortants, est élu avec quatre de ses colistiers. Georges Briolay, radical-socialiste, est élu maire.

Au sein du conseil municipal, Lecuirot ne s’oppose pas systématiquement mais prend parfois des positions symboliques. Ainsi, en novembre 1932, il est réticent au renommage des rues Lesage et Constant, qui deviennent respectivement les rues Aristide-Briand et de la Paix.

Le même mois, suite à la démission, pour raison de santé, de son président Paul Guye, le Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS), qui regroupe depuis 1912 les membres des organisations libérales et conservatrices à Joinville, désigne Émile Lecuirot en tant que nouveau président.

Le comité accorde en décembre 1923 son investiture pour l’élection cantonale dans la circonscription de Saint-Maur 2, qui comprend Créteil, Bonneuil, Joinville et une petite fraction de Saint-Maur-des-Fossés. Mais Lecuirot renonce à se présenter dans une lettre au vice-président du comité, Léon Lesestre, lui écrivant : « ma santé ne me permettant pas d’affronter les fatigues prochaines ». C’est le maire de Créteil, Prieur, un radical indépendant, qui est élu.

Il continue cependant de participer activement à la vie municipale, prononçant par exemple une allocation lors du décès de Charles Provin, ancien adjoint au maire en mars 1934. Après les incidents antiparlementaires des manifestations de février 1934 à Paris, le CURAS vote un ordre du jour « Pour la paix sociale, contre les partis de violences » : « Fermement résolu à créer et maintenir l’union entre les citoyens sincèrement républicains qui sont décidés à maintenir la paix sociale en s’opposant aux partis de violences quels qu’ils soient, décide d’intensifier son action afin de grouper dans un large libéralisme les citoyens de bonne volonté n’ayant en vue que l’intérêt général. »

En juillet 1934, ayant reçu du maire radical-socialiste, Georges Briolay, une « proposition verbale de trève politique », Lecuirot fait adopter par le CURAS, à l’unanimité, la décision d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste en préparation d’élections municipales partielles, rendues nécessaires par des décès et démissions. Une liste commune comprend six personnes présentées par le CURAS et quatre radicaux ; elle emporte en octobre les dix sièges à pourvoir.

Malade depuis début 1934, Lecuirot continue d’assumer ses fonctions associatives, représentant notamment les organisations françaises d’aviron lors des championnats d’Europe à Lucerne (Suisse) début octobre.

Émile Lecuirot meurt le 13 octobre 1934 à Joinville, veille du scrutin municipal partiel dans la commune. La cérémonie a lieu dans l'église Sainte-Anne de Polangis, à Joinville. L'inhumation a lieu le 17 octobre au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, dans une cérémonie où la presse note la présence de 1 200 personnes. Mais son corps est transféré au cimetière de Joinville-le-Pont le 20 du même mois. Âgé de 66 ans, Émile Lecuirot était père de deux enfants.

Il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie en avril 1911 puis comme officier de l’instruction publique en août 1922. Il avait reçu la médaille d'argent du travail en février 1925 et la médaille d'or de l’éducation physique en février 1930. Enfin, en janvier 1934, il était devenu chevalier de la Légion d’honneur.

Le gymnase municipal desservant les quartiers joinvillais de la rive gauche de la Marne (Polangis et Palissy), construit en 1982, porte le nom d’Émile Lecuirot.

Fin

 

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14 octobre 2022 5 14 /10 /octobre /2022 00:01

Début de la biographie d’Émile Baptiste Lecuirot

Émile Baptiste Lecuirot naît le 22 avril 1868 à Paris (11e arr.). Il est le fils d’Estelle Mercier et de son mari Michel Marie Lecuirot, mariés, qui vivent rue Oberkampf où ils sont liquoristes.

Après la mort du père en septembre 1881, ils vivent rue des Orteaux puis rue de Bagnolet (20e arr.) et Émile Lecuirot devient comptable, employé de banque. Il fera carrière au Comptoir national d’escompte de Paris (act. BNP-Paribas) dont il deviendra directeur d’agence. Dispensé de service militaire en tant que fils unique de veuve, il effectue cependant des périodes d’entraînement d’une durée totale de quatre mois entre 1889 et 1904 dans l’infanterie.

En mai 1891 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Émile Lecuirot épouse Ernestine Léontine Camus, dont les parents sont charcutiers dans cette ville. Ils s’y installent dans le quartier du Centre, d’abord rue de Paris puis rue du Pont, ensuite villa Rousseau et enfin avenue du Château (act. avenue Foch), dans le quartier de Polangis.

Dans sa nouvelle ville, Émile Lecuirot devient un véritable sportif. Il participe, en juin 1896 à une course cycliste du vélo-club de Joinville en direction de Brunoy (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il a été le trésorier de cette association pour les années 1895-1896 au moins, l’industriel Pierre Emmanuel Laforest en étant le président.

Mais surtout, il s’intéresse à l’aviron et devient, en 1898, membre du conseil d’administration de la Société nautique de la Marne (SN Marne, act. Aviron Marne et Joinville), un des plus prestigieux clubs français, basé sur l’île Fanac.

Devenu trésorier puis vice-président du club, il en est le président à partir de janvier 1905, après une crise que rencontrait le club, et va le rester pendant presque trente ans Il le remet sur pieds sur le plan administratif et financier, conduit d’importants investissements comme l’achat du garage et le positionne dans les instances de l’aviron français et européen. Tous les ans, la SN Marne dispute avec le Rowing-club de Paris, un match qui constitue un des moments forts des compétitions en rivière en France. Son fils, qui s’appelle également Émile Lecuirot, deviendra entre les deux-guerres champion d’Europe d’aviron et sera, à deux reprises, sélectionné pour les Jeux olympiques.

On retrouve, en décembre 1905, Émile Lecuirot comme membre du bureau du Canoé Club, association dédiée au développement du tourisme nautique ; il rejoint également le Touring-club de France.

Pendant la première guerre mondiale, Émile Lecuirot est mobilisé en décembre 1914 en tant que garde des voies de chemins de fer, affecté à la gare de Sevran (Seine, act. Seine-Saint-Denis), mais il est démobilisé dès janvier 1915.

Après le conflit, Émile Lecuirot reprend ses activités de dirigeant sportif. Il est vice-président du Comité des régates internationales de Paris et de la Fédération des sociétés d'aviron de la région parisienne. À partir de 1924, il devient trésorier de l'Union des fédérations des sociétés françaises d'aviron et membre du Comité olympique français et du Comité national des sports.

À suivre

 

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12 octobre 2022 3 12 /10 /octobre /2022 05:01

Gustave Séraphin Guy naît le 1er août 1873 à Boujailles (Doubs). Il est le fils de Marie Victorine Claudet et de Louis Guy, cultivateurs, tous deux originaires du village voisin de La Rivière-Drugeon.

Au cours des années 1880, la famille quitte la Franche-Comté pour la région parisienne, à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue Ardoin, où le père devient emballeur. Peu après la naissance de son septième enfant, la mère meurt en août 1888. Le père suit peu après, en novembre 1890. Gustave Guy a alors 17 ans.

Devenu ouvrier caoutchoutier, il épouse en octobre 1893 à Saint-Ouen Joséphine Emma Boulon, cravatière. Ils vivent avenue des Batignolles. Gustave Guy fait en 1894-1895 un service militaire au 120e régiment d’infanterie qui ne dure qu’un an, au lieu de deux normalement, son frère aîné étant également mobilisé. Devenu veuf en mai 1902, Gustave Guy se remarie en décembre 1904 à Paris (8e arr.) avec Élise Gaillot, couturière.

Entre 1893 et 1914, Gustave Guy a douze adresses différentes, déménageant donc en moyenne tous les dix-huit mois : six à Saint-Ouen, cinq à Paris (17e, 18e et 19e arrondissements) et une à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne).

Après avoir été convaincu de coups et blessures volontaires, en décembre 1913, Gustave Guy est condamné, en mai 1914 par la cour d’appel de Paris à huit jours prison.

Mobilisé au début de la première guerre mondiale en août 1914 au sein du 16e régiment territorial d’infanterie, il est affecté en septembre la même année à la société du Gaz de Paris, rue Condorcet (9e arr.) et y reste jusqu’à sa démobilisation, en février 1919.

Après-guerre, Gustave Guy est électricien et vit dans le 18e arrondissement, rue Belliard. C’est peut-être lui qui, présenté comme électricien au Gaz de Paris, participe en mai 1919 à Paris au 5e congrès de la Fédération de l’Éclairage de la Confédération générale du travail (CGT) et est élu membre du comité fédéral pour la section gaz.

La famille va s’installer en 1932 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans la cité d’habitations à bon marché Égalité, nouvellement construite dans le quartier de Palissy. En 1936, Gustave Guy est retraité.

Gustave Guy est membre de la section de Joinville du parti communiste. Il meurt le 2 juillet 1938 à Joinville et est enterré au cimetière communal. Il était âgé de 64 ans et père de deux enfants, le premier étant mort jeune. Le quotidien L’Humanité lui rend hommage.

Son fils, Roger Guy, issu de son second mariage, secrétaire des Jeunesses communistes de Joinville, est arrêté en octobre 1940 par les autorités françaises, puis transféré comme otage à la force d’occupation allemande et déporté dans le camp de concentration d’Auschwitz, où il meurt en septembre 1942.

Voir Roger GUY, « un camarade très estimé »

La cité Égalité à Joinville-le-Pont

 

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