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25 juillet 2021 7 25 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Les élections municipales de mai 1925 actent la fin de la période de réconciliation d’Henri Vel-Durand avec la gauche, regroupée dans un cartel national et, au plan local, dans une section de la Ligue de la République. Voix des communes accuse Vel-Durand d’être « un pilier d’église », qui « défend les intérêts des gros capitalistes ». Le journal radical critique l’atteinte à l’urbanisme que serait, selon lui, l’extension de l’usine Pathé qui « masqua une partie des bords de notre belle rivière, empoisonna l’air » ainsi que les Studios de cinéma : établissement « informe, hideux, moitié caserne, moitié cage à gorilles. »

Pour ce scrutin, Vel-Durand constitue une liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, dans laquelle il attire un socialiste indépendant et un radical dissident, tout en s’alliant avec les représentants de la droite locale. Il présente un programme revendiquant que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », souhaite le maintien de l’octroi, et propose des économies dans les dépenses budgétaires. Sa liste arrive largement en tête, avec 47,5% des voix au premier tour, loi devant le cartel des gauches à 28,4% et les communistes à 21,1%. Malgré le retrait de ces derniers, le maire sortant remporte les 27 sièges à pourvoir au second tour. Il prend comme adjoint Stephen Durande et François Provin.

La Jeunesse républicaine, qu’il avait animée dans sa jeunesse, trouve toujours sa place à Joinville, avec un gala en son honneur en février 1926. Se plaignant des embouteillages dans sa ville les jours de courses hippiques dans les terrains de Vincennes et du Tremblay, Vel-Durand réclame en mai 1927 l’élargissement du pont de Joinville et la construction d’un nouvel ouvrage pour relier Polangis à Nogent-sur-Marne.

Une réunion de propagande des Jeunesses patriotes, mouvement de droite Pierre Taittinger, tient à Joinville une réunion en juillet 1927, en présence de Vel-Durand et Provin, pour dénoncer « la carence du gouvernement contre le communisme. »

Une des dernières manifestations publiques de Vel-Durand est la participation, en avril 1928, à l’assemblée générale de la Mutualité maternelle de Paris, importante association caritative locale.

Henri Vel-Durand meurt le 1er septembre 1928 à Joinville. Il siégeait au conseil municipal de la commune depuis 32 ans, dont 16 ans comme conseiller municipal, sept ans comme adjoint au maire et neuf ans comme maire. Âgé de 61 ans, il était père de deux enfants. Son fils Louis, repreneur de la charge de greffier, sera également un historien des environs de Vincennes.

Lors des élections municipales complémentaires qui font suite à son décès, une liste du cartel des gauches emporte les trois sièges à pourvoir, malgré le maintien des communistes au second tour, contre les candidats du successeur de Vel-Durand, son ancien adjoint Stephen Durande.

Décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en décembre 1897 et officier de l’instruction publique en janvier 1904, Vel-Durand avait obtenu en juillet 1887 la médaille d'or de la mutualité et en avril 1925 une médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement. En avril 1917, il a été fait chevalier de la Légion d’honneur, décoration qui lui a été remise par le général Robert Nivelle, commandant en chef des armées.

Pierre Champion, historien et maire de Nogent-sur-Marne, a fait un éloge d’Henri Vel-Durand au nom de l’Amicale des maires de la Seine. Il le qualifie de « collègue aimable, administrateur plein d’activité, d’expérience et de scrupule ». Il assure qu’en sa qualité de greffier de la justice de paix de son canton, depuis sa fondation en 1905, il était un conseiller juridique très écouté qui « savait trouver les solutions du bon sens, l’arbitrage équitable qui pacifie ». Champion le qualifie de « basochien », selon l’appellation en usage pour les professionnels de la justice. Il estime que c’est à sa croix de la Légion d’honneur, obtenue à titre militaire, qu’il était le plus sensible.

En hommage à son ancien maire, la commune de Joinville prend en charge son inhumation et baptise une de ses voies du quartier du Centre « rue Henri Vel-Durand. »

Fin

La tombe de Vel-Durand à Joinville

 

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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Premier adjoint au maire de Joinville-le-Pont en poste, âgé de 47 ans, Henri Vel-Durand est mobilisé au début de la première guerre mondiale en sa qualité d’officier d’artillerie en août 1914 alors qu’il était en vacances à Arcachon (Gironde) ; il se met, de ce fait, en retrait de son mandat municipal et Watrinet est chargé de le suppléer. Il rejoint La Fère (Aisne) où il contribue à l’organisation des parcs d’artillerie. Il est blessé en novembre 1915 et évacué. Il reprend son poste en février 1916 puis est de nouveau blessé et hospitalisé à Fleury-sur-Aire (Meuse) en octobre 1917.

Bien qu’absent de Joinville, Henri Vel-Durand se solidarise, en février 1916, avec le maire Achille Mermet, mis en cause par le journal Voix des communes pour sa gestion des subsides versés par la société Bi-Métal pour aider les nécessiteux. Il participe à la vie locale pendant ses retours à Joinville, par exemple une conférence sur la marmite norvégienne en août 1917 ou le Noël des enfants préparé par la société de l’Allaitement maternel en décembre 1918.

Après sa démobilisation, Henri Vel-Durand, reprend son poste d’adjoint au maire de Joinville. Les élections municipales, qui avaient été repoussées pendant le conflit, sont programmées pour novembre 1919. Le maire sortant, Achille Mermet, ne se représente pas. C’est Henri Vel-Durand qui conduit la liste d’Union républicaine et sociale. Le contexte de guerre a favorisé un état d’esprit d’union nationale, qui fait que Vel-Durand prend sur sa liste, outre des radicaux dissidents, quelques radicaux-socialistes officiels, dont l’ancien adjoint au maire Georges Briolay ou Léon Roux. Il récupère également plusieurs socialistes, devenus indépendants après avoir rompu avec la SFIO, comme Julien Périn.

Par contre, le parti socialiste SFIO présente une liste autonome, conduite par Georges Laruelle, tout comme la droite conservatrice et libérale, sous le nom de Bloc indépendant, derrière Jules Beauvais. Les candidats de Vel-Durand arrivent en tête, avec une moyenne de 44% des suffrages exprimés contre 30% aux socialistes et 26% à la droite. Vel-Durand recueille 834 voix sur 1 694 votes exprimés pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. La droite s’étant retirée, l’Union républicaine et sociale remporte le scrutin avec plus de 63% des voix et tous les sièges. Vel-Durand recueille 949 suffrages.

Le soir du deuxième tour, le maire sortant, Achille Mermet, décède ; même s’il ne s’était pas représenté, il était toujours en fonction. Henri Vel-Durand est élu maire, avec comme adjoints Julien Périn et Stephen Durande.

Le mandat de Vel-Durand est marqué par deux importantes cures de la Marne, en janvier 1920 et surtout en 1924. La reconstitution des organismes économiques et sociaux de la ville débute par l’abandon de la monnaie de guerre, qui faisait partiellement office de substitution à l’absence de liquidités. Le Groupement amical des industriels, commerçants et des habitants de Palissy-Polangis naît en janvier 1920 sous l’égide de l’adjoint, Stephen Durande, suivie par l’Association des commerçants de la rive droite en novembre.

L’inauguration du monument aux morts de Joinville, en novembre 1922, sous la présidence de M. Paul Strauss, ministre de la Prévoyance sociale, tourne à la polémique. Vel-Durand avait accepté que l’avocat Oscar Bloch prenne la parole au nom de la Ligue des droits de l’Homme. Ferdinand Buisson, le président de la Ligue, lui avait assuré que son discours n’aurait pas de contenu politique. Mais Bloch évoque la France « dont les hommes ne veulent pas mourir pour la patrie, mais vivre pour elle », et fait référence à la Russie bolchevik. Vel-Durand lui arrache des mains les feuillets de son discours. À l'issue de cette cérémonie, trois cents communistes, porteurs d'insignes, pénétrèrent dans le cimetière puis se rendirent avenue Galliéni où ils chantèrent l'Internationale et manifestèrent aux cris de « Amnistie ! Amnistie ! ». La police les dispersa sans incident. Bloch fut réprimandé par le comité exécutif de la Ligue. Suite à son attitude, l’hebdomadaire satirique, le Canard Enchainé, lui attribue sa « noix dorée d'honneur. »

Le mois suivant, au contraire, le conseil municipal critique l’attitude du gouvernement trop laxiste envers les patrons boulangers, soulignant qu’il est bien plus sévère lors des manifestations de la classe ouvrière. Pour empêcher le patronat d’affamer la population, il met à l’étude l’installation d’une coopérative de boulangerie sous le contrôle du conseil municipal.

Alors que la gauche commence à s’organiser, autour des radicaux-socialistes et des socialistes SFIO maintenus, après le départ des communistes, Vel-Durand décide d’organiser son propre groupe politique. Un Comité d’union et d’action républicaines est lancé en avril 1923, rassemblant des républicains de gauche (groupement de droite), des radicaux et des socialistes indépendants. En septembre, Vel-Durand fait démettre son premier adjoint, Julien Périn, qu’il accuse de ne pas être présent. Ce dernier se défend avec véhémence dans la presse locale. Il est remplacé par Léon Roux.

Une réception en l’honneur des champions sportifs joinvillais est organisée en janvier 1924 à la mairie. On y célèbre notamment le marcheur François Decrombecque, l’international de football Philippe Bonnardel, le médaillé olympique d’aviron Georges Piot et le nageur Bébé Lavogade.

En octobre 1924, la presse nationale s’intéresse à un conflit entre les deux communes voisines de Joinville et Champigny. Le Matin déclare qu’elles « se déclarent la guerre » quand L’Œuvre assure que « Les gosses de Champigny sont indésirables à Joinville ». Le quartier de Polangis, réparti sur les deux communes, est isolé du reste de la ville de Champigny, qui n’y a pas d’équipement, quand Joinville a construit un groupe scolaire. Les habitants du quartier préféraient envoyer les enfants dans cette école, et il y en avait 87. La ville de Joinville demanda à la commune de Champigny de lui rembourser le montant des frais scolaires qu'elle avait déboursés, mais cette dernière refusa, prenant prétexte du fait que lesdits habitants contribuaient au commerce joinvillais en fréquentant son marché. En conséquence, Joinville revendiqua le rattachement du quartier à son territoire, ce à quoi Champigny s’opposa. Le maire Vel-Durand fit afficher que, désormais, il refuserait les enfants de Champigny, mais la mesure fut partiellement rapportée après une « grève de l'école ». Un siècle plus tard, le conflit persiste encore.

En février 1925, la mairie engage la construction d’un second bureau de poste.

À suivre

La rue Vel-Durand à Joinville

 

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21 juillet 2021 3 21 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Au sein du conseil municipal de Joinville-le-Pont, début 1911, la maladie du maire, Eugène Voisin, qui est en poste depuis 23 ans déjà, accélère les tensions entre ceux qui ont jusqu’ici fait partie de son équipe. En février, quatre élus radicaux de 1908 (Watrinet, Mermet, Vel-Durand et Arnaud) acceptent de déférer à une convocation du parti socialiste SFIO, transmise par son secrétaire, Émile Lebègue, pour rendre compte de leur mandat. Maurice Watrinet, entrepreneur de pompes funèbres et ancien secrétaire général de la mairie, indique qu’il a quitté le parti radical, et laisse entendre qu’il se présenterait aux élections municipales de 1912, sollicitant le soutien des socialistes pour espérer devenir maire. Achille Mermet, professeur de physique-chimie, déclare qu’il n’a pas quitté le parti radical, mais estime le maire trop âgé et lui demande de donner sa démission. Vel-Durand blâme la lenteur de l’administration municipale. Quand à Chéri Arnaud, sellier, personnalité du quartier de Polangis, il soutient ses collègues. Sont également présent dans cette réunion Théophile Leteuil, le représentant du comité socialiste évolutionniste de 1908 et l’avocat Louis Gallas, porte-parole de la droite. L’hebdomadaire Voix des communes assure qu’on aura, s’ils partent ensemble aux élections, « une épatante liste des maires, avec une demi-douzaine de prétendants à l’écharpe ». Un membre du comité radical-socialiste de Joinville écrit une lettre ouverte à Vel-Durand, s’inquiétant de son intervention : « vous m’avez produit une bien mauvaise impression. »

Toujours en février, le conseil municipal convoque lui aussi sa réunion de compte-rendu de mandat. Elle se déroule en l’absence du maire, malade, sous la houlette des adjoints, Villain et Briolay, du chimiste Rey, chroniqueur de Voix des communes, et d’Albert Gallas, pilier du comité radical-socialiste. Watrinet, Vel-Durand, Mermet et Arnaud font une entrée conjointe applaudis par les socialistes SFIO et les amis de Leteuil.

Parmi les sujets qui portent à polémique figure l’entretien d’une voie du quartier de Palissy, le chemin de Brétigny, dégradé par un entrepreneur avec lequel la municipalité est en conflit pour savoir qui doit payer les réparations. Les socialistes dénoncent « l’incurie et la mauvaise gestion municipale » et la « construction d’une trop belle mairie » alors que l’école maternelle est, selon eux, « dans un triste état ». Vel-Durand déclare qu’il est toujours radical, mais fait partie des conseillers qui combattent la municipalité. Il critique le dernier budget, mal rédigé d’après lui, qu’il a cependant voté. Après Watrinet, Arnaud assure qu’il donne sa démission du comité radical-socialiste et trouve le maire trop âgé, appelant à le remplacer.

Louis Gallas dans le Courrier libéral, se réjouit : « rien ne va plus au conseil. MM. Vel-Durand, Mermet, Watrinet et Arnaud sont dissidents et osent avoir des idées et des opinions sans demander l’autorisation du comité radical de Joinville. Ils ne veulent plus obéir servilement aux injonctions de la franc-maçonnerie ! Ils pactisent avec les [socialistes] unifiés ». Il assure que « la municipalité, par un défaut de cohésion, est incapable de gérer plus longtemps les affaires de la commune ; c’est que notre maire Voisin n’a malheureusement plus les forces nécessaires pour guider la trirème municipale. La démission collective du conseil municipal s’imposerait. »

Après la voirie, c’est un incident dans une école qui provoquer une vive crise au sein du conseil municipal. Rey reprend la dénonciation, par une mère d’élève, du comportement douteux de certains élèves de l’école de Polangis. Les quatre dissidents, rejoints par deux autres, l’artiste peintre Henri Poitevin et Jules Beauvais, critiquent la divulgation des faits et provoquent la suspension de la séance du conseil. Ils convoquent une réunion en soutien au directeur de l’école, accusé de complaisance. Au sortir de la réunion, ils manifestent devant le domicile de Rey, que la police vient protéger.

Les six dissidents démissionnent, ce qui a pour effet, du fait d’un autre poste vacant, de provoquer des élections municipales partielles. Pendant la campagne, les radicaux-socialistes soulignent la fragilité des convictions radicales des sortants, les qualifient de « Saxons » et assurent défendre l’école laïque contre « les abus et les scandales de tout genre ». Les six sont réélus, en compagnie d’un de leurs alliés, Richard-Cugnet, face à une liste conduite par René Martin, président de l’Union des commerçants, mais non explicitement estampillée du soutien des radicaux-socialistes. Les socialistes et les libéraux avaient renoncé à se présenter, pour soutenir les protestataires. Cependant, l’origine ethnique de Vel-Durand est toujours mise en cause, par exemple par le nationaliste Jean Contoux qui s’offusque que le radical « Rey a le toupet d’écrire que les libéraux et les nationalistes sont les amis de Weil-Durand [sic]. »

Un autre rédacteur de Voix des communes, A Deyres, commente la campagne d’Henri Vel-Durand, qu’il qualifie de « chef de bande ». Il serait « un de ces politiciens à la mode, comme on en rencontre beaucoup dans le firmament républicain : ‘Je travaille pour moi, les autres, je m’en f…’. Élu conseiller municipal puis conseiller d’arrondissement grâce à l’appui de Voisin. N’oubliait pas ses intérêts privés : devint greffier du tribunal de Nogent grâce à l’appui de Maujan. Vilaine campagne électorale en 1909 pour le poste de conseiller général, qui lui aliène l’estime de ses meilleurs amis ; mis en minorité dans sa commune même. Les élections sont un épisode d’un plan longuement préparé pour renverser l’honorable maire de Joinville et prendre sa place. Les électeurs ont à se prononcer entre 2 hommes, Voisin et Vel-Durand. Le corps électoral saura choisir entre l’homme qui l’a toujours servi et l’homme qui s’est toujours servi de lui ». Quand à Rey, qui assure « J’ai défendu Vel-Durand quand il était attaqué et qualifié de juif par le journal de Jean Contoux (…) Vel-Durand renierait son meilleur ami, s’il en avait, pour servir ses intérêts. »

La victoire, à une forte majorité, des dissidents est commentée par un dirigeant du parti radical, Paul Guelpa : « Leur réélection effacera-t-elle leur trahison ? Ils ne sont les élus que d’une fiction. Les dissidents sont les élus de la réaction avouée ». Rey, qui avait été pris pour cible personnellement, raconte : « On m’a fait un crime d’être franc-maçon ; je m’en honore. On avait sur le marché exposé un mannequin couvert d’emblèmes maçonniques qu’on devait ensuite brûler. C’est de l’intolérance. La peur du commissaire a empêché l’autodafé du bonhomme de paille. Je ne me suis pas occupé de la liste Martin, mais Mermet la qualifiait de liste Rey. Toute cette élection s’est faite sur une équivoque des mensonges et des appétits ; la coalition des unifiés, des réactionnaires et des nationalistes a été établie ». Constatant que l’affaire de l’école de Polangis avait été au centre des polémiques électorales, Rey considère le résultat comme « le triomphe de l’onanisme », espérant que « la morale reprendra bientôt ses droits. »

Avec un indépendant élu en 1908, les opposants sont désormais huit contre treize soutiens d’Eugène Voisin. Le comité radical-socialiste est, selon le journal du parti, en « désarroi » suite à la démission des conseillers municipaux qui en étaient membres. Le bureau démissionne et les convoque devant l’assemblée du comité. Accusé d’avoir fait une campagne équivoque haineuse, de mensonge, avec des attaques contre Briolay et Rey, Vel-Durand, critiqué par tous, assure « qu’en attaquant Rey il attaque celui qui voulait être le maître du conseil municipal et qui attaquait tout le monde ». Un radical anonyme oppose aussi les deux hommes en s’adressant à Vel-Durand « Nous estimons Rey comme un bon citoyen, désintéressé, esclave de ses convictions nettement républicaines. Vous n’êtes qu’un vaniteux et un envieux détestable. »

L’inauguration de la nouvelle mairie, en décembre 1911, est l’occasion de nouveaux affrontements. Les huit protestataires s’opposent aux crédits pour le bal et critiquent la cérémonie dans la Revue de Saint-Maur, dont Vel-Durand est un collaborateur. Rey rétorque que « Vel-Durand n’a jamais pardonné à Voisin de n’avoir pas été élu adjoint et conseiller général » et qualifie Beauvais et lui de « politiciens sans consistance, qui ne sont que des profiteurs et des marchands d’influence qu’ils ne possèdent pas ». Vel-Durand conteste l’exécution du budget 1911, estimant que Voisin en aurait été bénéficiaire, au travers de la location des mâts et tribunes du jour de la fête d’inauguration. Vel-Durand y participe cependant, en tant que président du Conseil d'arrondissement de Sceaux.

Les élections municipales de mai 1912 se déroulent dans un climat de forte tension, alors que le maire sortant ne se représente pas. Elles sont marquées par une manœuvre tactique originale. Les trois listes d’opposants, les libéraux de Dalbavie, ancien conseiller municipal, les socialistes de Lebègue et les radicaux dissidents concluent un accord de fusion pour le second tour, au prorata de leurs scores du premier, avec comme objectif de battre les radicaux-socialistes, conduits par l’adjoint au maire Georges Briolay. Le comité radical-socialiste de Joinville tente, en vain, de ramener l’union de ses membres. Le scrutin voit le succès de la coalition, composée de dix radicaux dissidents, sept socialistes et six libéraux. Contrairement aux libéraux, les socialistes ne participent cependant pas systématiquement à la majorité municipale et n’ont pas d’adjoint. Achille Mermet est élu maire, Henri Vel-Durand devient premier adjoint et le libéral Pierre Dalbavie, tailleur d’habits, est le second adjoint.

Une des premières décisions proposée par Vel-Durand au conseil municipal est de doubler le loyer de la maison louée par Rey à la ville, puis de lui donner congé. Leur adversaire au cours du scrutin de 1912, Briolay, témoigne : « Si vous m’accusiez de m’être employé à faire ramasser une veste à Vel-Durand à l’élection au conseil général, ne cherchez pas. Oui, c’est moi le coupable. Je le reconnais. J’avoue : c’est la récompense de sa trahison à la cause radicale-socialiste. »

Suite à son comportement lors des élections municipales, Henri Vel-Durand est exclu du Parti radical-socialiste par la fédération de la Seine. La presse locale commente l’évènement : L’Écho républicain estime qu’il a été « excommunié ». La Revue de Saint-Maur, journal où collabore Vel-Durand, considère que c’est à l’instigation des dirigeants locaux du parti radical, qui sont selon elle Briolay, Roux et Rey. Voix des communes se félicite que « la maison est maintenant propre, l’on ne risque plus d’y coudoyer les traîtres et les renégats ». L’Union radicale-socialiste de Saint-Maur écrit que « la situation politique [de Vel-Durand], anormale tout d’abord, était devenue scandaleuse et insupportable ». Le journal considère « qu’il était entré en lutte avec lui en s’alliant aux ennemis de notre parti aux élections municipales. C’était déjà une faute grave. (…) Ce que l’opinion ne lui pardonnera pas, c’est d’être resté au parti radical sans radicalisme. »

À suivre

Les glaces dans la Marne pendant l'hiver 1917

 

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19 juillet 2021 1 19 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

En prévision des élections municipales de mai 1908, le rôle d’Henri Vel-Durand augmente significativement. Le journal de droite, publié par Louis Nectoux, Le Travailleur français, lui prêt l’intention de présenter, avec de député Maujan, une liste de candidats à Joinville. le président du comité radical-socialiste réplique vertement à Nectoux que « C’est le comité radical-socialiste qui présentera sa liste, Vel-Durand en est membre ». L’hebdomadaire local de la SFIO, Tribune socialiste, parle d’un accord d’un accord entre la « liste Vel-Durand » et le comité d’action sociale, dirigée par Vernière, un cadre de la société cinématographique Pathé, plus gros employeur de la commune.

Au cours de l’assemblée plénière de l'Union des républicains radicaux-socialistes de la deuxième circonscription de Sceaux, qui se tient à Joinville en mars 1908, Vel-Durand interpelle la direction du Parti radical-socialiste au sujet de l'impôt sur le revenu, qui doit être introduit et dont la base « constitue un réel danger politique pour le département de la Seine » selon lui.

Le comité radical-socialiste, dont le maire sortant Eugène Voisin est le candidat, fait face à une opposition venant en partie de son propre camp, un comité socialiste évolutionniste, dirigé par Théophile Leteuil devant lequel la droite s’écarte ; une liste socialiste est également présente. Si Voisin et quatre de ses colistiers est élu dès le premier tour, ses autres soutiens doivent attendre le second tour ; l’adjoint au maire, Honoré Jullien, est battu. Henri Vel-Durand, loin de renouveler son score de 1904 l’emporte de manière modeste, avec 526 voix pour 1 188 votants (44%) sur 1 613 inscrits. Lors de l’élection de la municipalité, il obtient une voix pour le poste de deuxième adjoint, mais c’est Georges Briolay qui est élu. L’hebdomadaire radical Voix des communes indique que Vernière avait transmis le « mot d’ordre de l’usine Pathé » qui était « de voter contre Vel-Durand. »

En juin 1908, avec l’investiture des radicaux-socialistes, Vel-Durand est candidat au renouvellement de son poste de conseiller d’arrondissement du canton de Saint-Maur. Face à un socialiste indépendant et un candidat SFIO, il est très largement en tête au 1er tour avec 2 949 voix sur 3 933 votants (75%) pour 10 310 inscrits. Le second tour est une formalité, qu’il remporte avec 2 022 sur 2 216 votants (91%).

Dans le même canton, Vel-Durand est de nouveau candidat, en mai 1909, pour le poste de conseiller général, dont le rôle est bien plus important. Outre un socialiste, il a deux concurrents radicaux, les maires de Saint-Maur, Marin, et de Créteil, Geffroy. C’est Vel-Durand qui avait été choisi par le congrès radical-socialiste cantonal, mais les amis de Marin en avaient été exclus et Geffroy se présentait comme indépendant. Voix des communes remarque que, « à Joinville, Vel-Durand ne compte pas que des amis » et marque une préférence pour Marin, qui a pris l’engagement de se désister pour Vel-Durand s’il n’arrive pas en tête.

Le premier tour donne une légère avance, de 80 voix, à Vel-Durand. Marin refuse finalement de se retirer, malgré ses déclarations antérieures, se justifiant par le fait que Vel-Durand n’aurait pas pris un tel engagement. La Fédération de la Seine laisse entendre par son président, Bonnet, que « la décision de Marin lui paraissait motivée par des raisons sérieuses ». Après avoir objecté que, si « les fonctions de greffier de justice de paix et de conseiller général sont compatibles avec la loi », cependant « le cumul est contraire aux intérêts du canton » l’organe radical apporte un appui très formel : « Nous sommes respectueux de la discipline républicaine et demandons aux électeurs de faire leur devoir républicain. »

Lors du second tour, Vel-Durand est largement battu par Marin, recueillant  2 245 voix sur 6 044 votants (37%) contre 2 668 à Marin et 1 008 au socialiste Restiaux.

Contestant l’attitude de Marin, Vel-Durand demande son exclusion par le Comité central d’union et d’actions républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, attaquant aussi l’attitude du journal Voix des communes. Le chroniqueur de cet organe radical, A. Deyres, critique son attitude, assurant que « Vel-Durand fait partie des arrivistes pour lesquels tous les moyens sont bons ». Marin est exclu par la fédération de la Seine mais la commission de discipline, approuvée par le comité exécutif du parti radical-socialiste, se contente d’envoyer un blâme et annule l’exclusion de Marin et de son comité.

Lors des grandes inondations de la Marne au premier trimestre 1910, le quartier du Canal, où vit Vel-Durand, est envahi par les eaux. Un peu plus haute, la maison Vel-Durand sert de refuge et accueille 17 habitants forcés de fuir leurs demeures. Lui-même fait partie d’une des commissions de désinfection mises en place pour visiter les locaux inondés, et accorder la permission de réintégration, après l’évacuation des boues et des immondices. Il participe a l’organisation d’une loterie, pour recueillir des fonds en faveur des inondés.

Au sein du conseil municipal de Joinville, des tensions apparaissent après la fin de la mobilisation en faveur des inondés. En décembre, la rédaction du compte-rendu de mandat, qui doit être envoyé par le conseil municipal aux électeurs par la poste, est confié aux adjoints après que le chimiste Louis Rey et Vel-Durand aient refusé de le rédiger, suite aux critiques faites sur le précédent compte-rendu, jugé trop long. Rey souhaite qu’il soit soumis au comité radical-socialiste, dont 22 des 23 élus sont membres.

Début 1911, un nouveau journal de droite sur le canton de Saint-Maur, le Courrier libéral, soutient que le conseil est divisé en deux clans : celui qui suit le premier adjoint faisant fonction de maire (Paul Villain, le maire Eugène Voisin étant malade), l’autre qui a confiance en l’étoile de Vel-Durand. Le rédacteur, l’avocat Louis Gallas qualifie Vel-Durand de « juif. »

À suivre

Henri Vel-Durand

 

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17 juillet 2021 6 17 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Les élections municipales de mai 1900 voient le retour d’une compétition, avec des candidats présentés par le comité électoral socialiste-révolutionnaire. Cependant, toute la liste d’Eugène Voisin est réélue dès le premier tour, Henri Vel-Durand y compris. Il est nommé rapporteur du budget et secrétaire de toutes les commissions importantes (travaux, octroi, électricité). Il fait partie, en avril 1902, des cinq délégués de la commune au sein du Comité d’union et d’action républicaines de la deuxième circonscription de l’arrondissement de Sceaux, qui rassemble les comités radicaux-socialistes.

Deux mois plus tard, le Comité républicain radical-socialiste de Joinville se transforme en structure permanente, alors qu’il renaissait à chaque élection jusqu’ici. Vel-Durand est un des huit délégués du comité. Toujours en juin 1902, Vel-Durand est en compétition, pour l’investiture radicale-socialiste au conseil d’arrondissement, avec Émile Palade, ancien maire de Créteil, ancien conseiller d’arrondissement. Le directeur du journal radical Voix des communes, Gaston Meynet, commente : « Palade, très apprécié, très sincèrement républicain et libre-penseur, intelligent et rompu aux affaires. Vel-Durand, conseiller municipal de Joinville, caractère bienveillant, esprit élevé, intelligence ferme, convictions républicaines ». Il donne ensuite son sentiment : « M. Vel-Durand ferait certainement un très bon conseiller d’arrondissement. Toutefois, en la circonstance, je lui préfèrerais M. Palade, qui a fait ses preuves et vraiment avec quelqu’éclat ». C’est pourtant Vel-Durand qui est désigné et l’organe radical le présente alors comme « un enfant du pays (…) Républicain ardent, radical-socialiste ». Il recueille au premier tour 1 653 voix soit 57% des 2 894 votants pour 8 788 inscrits contre 1 121 à un candidat de droite, Camille Raoult, également conseiller municipal de Joinville. Il l’emporte au second tour par 1 631 voix contre 967. Commentant le fait que le scrutin avait été peu suivi, le journal écrivait : « Le Conseil d’arrondissement tient une place très modeste ».

Tentant une œuvre pédagogique, Vel-Durand publie en décembre 1902 une brochure, Le conseil général de la Seine et le conseil municipal de Paris. Il propose un rééquilibrage entre Paris et la banlieue au conseil général en augmentant le nombre d’élus de cette dernière.

Au sein du conseil municipal, Vel-Durand vote en juin 1902 avec la majorité des élus contre l’autorisation d’installation demandée par les Sœurs enseignantes de la Providence, à une époque où l’église n’est pas encore séparée de l’État.

Le scrutin municipal de 1904 confirme la montée d’une opposition de droite, dans un climat marqué par l’exacerbation de la question religieuse. Eugène Voisin s’affiche avec le programme radical-socialiste, sa liste assurant avoir « une réprobation énergique du nationalisme et du cléricalisme » au cours des réunions de compte-rendu de mandat tenues en avril. Elle assure combattre « la réaction » et les « adversaires de la République », dans lesquels le comité radical-socialiste range les quatre conseillers municipaux dissidents de la majorité sortante (Dalbavie, Raoult, Boivin et Moulinet). Avec quatorze autres de ses colistiers, Vel-Durand est réélu dès le premier tour, où il arrive en seconde position derrière le maire, recueillant 650 voix soit 58% des 1 119 votants pour 1 363 inscrits. La liste de droite a un seul élu, sur vingt-deux, tandis qu’une nouvelle fois, les socialistes-révolutionnaires n’emportent pas de siège. L’ancien député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard commente le résultat « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »

Une grande conférence du Parti républicain radical et radical-socialiste de la circonscription se tient à Nogent-sur-Marne en avril 1905 avec 600 participants. Comme conseiller d'arrondissement, Vel-Durand figure au bureau. On le retrouve à la fête républicaine de juin de la même année, qui se tient à Charenton. Il participe également à la conférence publique de novembre à Joinville du député radical-socialiste Adolphe Maujan, soutenant son appel « à l'union de toutes les forces républicaines contre la coalition réactionnaire et cléricale ». Toujours en décembre 1905 à Charenton, Vel-Durand fait partie des 800 militants des 24 comités radicaux et radicaux-socialistes qui approuvent la candidature de Maujan pour sa réélection.

Au sein de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, réunie à Joinville en juillet 1907, Vel-Durand présente un rapport sur les rapports entre les comités et les élus. Dans la même ville, il participe en novembre au punch d'honneur pour Maujan, devenu sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans le gouvernement de Georges Clemenceau. Il siège, toujours à Joinville, au bureau de la même union qui réclame la création de fédérations départementales uniques au sein du parti radical.

À suivre

La maison d'Henri Vel-Durand à Joinville

 

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15 juillet 2021 4 15 /07 /juillet /2021 00:01

Début de la biographie d’Henri Vel-Durand

Henri Victor Louis Vel naît le 8 mai 1867 à Paris (6e arr.). Il est le fils de Marie Christine Émilie Claudel et de son époux Maurice Samson Louis Vel, avocat qui vivent rue Saint-André des Arts. Il porte les trois prénoms qui étaient ceux d’un frère né en 1865 et mort âgé de trois semaines ; la famille reproduira cette homonymie avec ses deux sœurs cadettes, la première ne survivant également que quelques jours. La famille s’installe à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où Henri fréquente l’école communale. Ils vivent ensuite dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, dans le quartier du Parc, avant d’acquérir, en 1882, une villa qui restera sa résidence à Joinville-le-Pont, dans le quartier du Canal, à proximité de Saint-Maur. Elle porte d’ailleurs l’adresse d’une voie de cette dernière commune, la rue Saint-Honoré, qui prendra ensuite le nom de Maurice-Berteaux.

À l’instar de son père et de son oncle paternel Henry, préfet du Morbihan et du Nord puis conseiller d’État, il adoptera le nom de « Vel-Durand » qui était déjà celui de son grand-père Gaspard, fabricant de chocolat.

Le quotidien d’extrême-droite La Libre parole attaqua son père et son oncle du fait de leur origine juive. Ainsi, le journaliste antisémite Raphaël Viau menaça Louis Maurice Vel-Durand en mars 1896 parce qu’il avait osé critiquer Édouard Drumont, directeur du journal : « Nous engageons vivement ce vilain Youtre à être plus réservé à l'avenir dans son charabia judische. »

Devançant l’appel au service militaire, Henri Vel-Durand s’engage pour un an en novembre 1886 et est affecté au 15e régiment d’artillerie. Dans la réserve, il devient ensuite sous-lieutenant en février 1889, lieutenant en février 1898 puis capitaine en juin 1911.

Comme son père, Henri Vel-Durand fut d’abord clerc d’avoué puis devint avocat en 1889 et exerça à la Cour d’appel de Paris, où sa présence est attestée en 1896. Il devint, en janvier 1899, suppléant du juge de paix de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Conservant toujours son titre d’avocat à la cour d'appel de Paris, il prit en décembre 1901 la fonction de suppléant du juge de paix de Charenton (Seine, act. Val-de-Marne).

L’engagement dans la vie publique d’Henri Vel-Durand se manifeste dans différents domaines. Il préside en juillet 1887 la Société amicale et de prévoyance de la préfecture de police de Paris et en est toujours l’avocat conseil en février 1898.

Il est également membre de l’Union de la jeunesse républicaine, association d’éducation populaire créée, en 1882, sous le patronage de Victor Hugo. Il en est secrétaire en octobre 1896 ; le président est le député du Gard, Gaston Doumergue, futur président de la République. Dans le cadre de cette organisation, Vel-Durand donne des conférences, par exemple une en juin 1897 à Joinville sur la suppression des octrois, qui existaient à l’entrée de la plupart des villes, dont Joinville. En juin 1904, Henri Vel-Durand préside l’Union de la jeunesse républicaine et lance une souscription pour élever à Paris (15e arr.) une statue à Garibaldi. en 1926, il était toujours fidèle à l’association.

Même s’il n’a pas combattu encore, très sensible aux questions militaires, Vel-Durand est, en 1900, un des fondateurs de la 740e section de société des Vétérans, qui rassemble les anciens combattants de la guerre de 1870. Il en est le président, fonction qu’il exerce toujours en 1912. Il en reste membre en 1926, quand elle s’est élargie aux combattants de la première guerre mondiale.

Le mariage d’Henri Vel-Durand avec Antoinette Henriette Soudée est célébré à Paris (6e arr.) en avril 1899. Elle est la fille d’un architecte, inspecteur des travaux de la ville de Paris. Son oncle homonyme, alors conseiller d’État et commandeur de la Légion d’honneur, est témoin du mariage.

Quittant ses fonctions d’avocat et de suppléant du juge de paix, Henri Vel-Durand est nommé en octobre 1905, par décret du président de la République, greffier de la justice de paix de Nogent-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), nouvellement créée. Il verse une indemnité de cinquante-quatre mille francs au greffier de Saint-Maur qui couvrait précédemment l’ensemble du territoire. Son office est installé rue des Jardins. Il fut transféré dans la Grande-Rue après-guerre.

L’avocat Henri Vel-Durand s’implique très rapidement dans la vie politique de sa petite commune.

En mai 1896, alors qu’il est encore un inconnu pour beaucoup de ses concitoyens, et même les chroniqueurs de la presse locale, il figure sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, soutenu par le comité radical-socialiste. Sans concurrents, la liste du maire est élue intégralement dès le premier tour et Vel-Durand devient conseiller municipal. Il joue rapidement un rôle significatif, étant élu en juin 1897 délégué sénatorial, puis en janvier, avril et décembre 1899. En décembre 1893, il avait été désigné comme représentant de la commune dans une des commissions d'études de la Ligue Paris banlieue, celle chargée de l’éclairage.

À suivre

L'entrée de la maison de Vel-Durand à Joinville

 

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13 juillet 2021 2 13 /07 /juillet /2021 00:01

Gabriel Henri Émilien Grimaud naît le 9 décembre 1890 à Alençon (Orne). Il est le fils de Marie Émilienne Nicolas, âgée de 17 ans, et de son mari Eugène Gabriel Grimaud, adjudant au 115e régiment d’infanterie.

Ayant perdu sa mère, Gabriel Grimaud vit à Paris avec son père, dans le 13e arrondissement, boulevard Arago. Il s’engage, juste après ses 18 ans, dans l’armée pour cinq ans et est affecté au 103e régiment d’infanterie en décembre 1908. Il est nommé caporal en septembre 1909 et passe deux ans plus tard au 23e régiment d’infanterie coloniale. En mars 1912, il passe dans la section de commis et ouvriers des troupes coloniales. À la fin de son contrat, en décembre 1913, il le prolonge de trois mois mais retrouve un grade de deuxième classe.

Son retour à la vie civile, fin mars 1914, va peu durer. Devenu expéditionnaire à la Caisse des dépôts et consignations, où son père est expéditionnaire principal, Gabriel Grimaud vit avec ce dernier boulevard Saint-Marcel. Il épouse en avril 1914 à Paris (13e arr.) Eugénie Béguier, femme de chambre. Ils s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue Beaubourg, à la limite avec Saint-Maur-des-Fossés.

Dès août 1914, il est mobilisé au déclenchement de la première guerre mondiale, de nouveau dans la section de commis et ouvriers des troupes coloniales. Il est transféré en décembre 1915 au 22e régiment d’infanterie coloniale puis, en mars 1916 au 65e bataillon de tirailleurs et en juillet au 52e régiment d’infanterie coloniale. Il est blessé, en octobre 1916. Soigné à l’hôpital militaire n° 12 de Limoges (Puy-de-Dôme), il s’en évade en juillet 1917. Il se rend à Paris, où il est hospitalisé à l’hôpital militaire n° 7, puis incarcéré à la prison du Cherche-Midi. Il s’en évade de nouveau en mars 1918, puis y revient de lui-même en août. Le 14 octobre 1918, le conseil de guerre de la septième région le juge pour « désertion, fabrication de fausses permissions, bris de clôture, port illégal de décorations et escroquerie ». Malgré la multiplicité des faits reprochés, il est condamné à trois ans de prison avec sursis et sort de prison le surlendemain. Retourné à l’armée, il est démobilisé en avril 1919. Sa blessure de guerre, provoquée par ensevelissement, lui vaudra une pension en juillet 1921.

Après-guerre, Gabriel Grimaud reprend brièvement son emploi d’expéditionnaire puis s’établit en 1921 comme bonnetier, activité qu’il continuera comme marchand forain. Il a de nouveaux ennuis avec la justice en mars 1923. La 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine le condamne à deux mois de prison avec sursis et cent francs d’amende pour coups et blessures volontaires.

Le journaliste, et futur résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Jean-Maurice Hermann, qui a accès à des sources internes à ce mouvement, assure que Gabriel Grimaud est membre du Parti social français (PSF), formation nationaliste de droite, dirigée par le colonel François de La Rocque, également fondateur des Croix-de-Feu.

Une section du PSF existait à Joinville en 1936. En septembre 1936, le quotidien communiste L’Humanité dénonce : « Des actes de vandalisme ont été commis, à Joinville, par des équipes du Parti social français ». Les commerçants « suspects de sympathie avec le Front populaire » ont vu leurs devantures barbouillées à la peinture rouge. Un meeting de protestation est organisé par les formations de gauche dans un restaurant de la commune, La Rive Fleurie. En décembre la même année, le PSF tient une réunion pour présenter son programme : travail, famille, patrie.

Le porte-parole du PSF pour Joinville est Georges Defert, conseiller municipal et futur maire de la ville ; Il accueille, en avril 1937, une visite de La Rocque lors d’une réunion de la section locale. Le maire de droite, Léon Lesestre, élu en mai 1935, est présenté comme un ami du PSF et participe à un arbre de Noël que le parti organise en décembre 1937, au restaurant Chez Maxe, quai de Polangis. Le cafetier et syndicaliste Edmond Clerté accueille plusieurs réunions du parti chez lui, notamment en 1938.

Dans le journal socialiste Le Populaire, Herrmann publie une lettre envoyée par Grimaud à La Roque, qui lui paraît intéressante parce qu’elle « est l'œuvre d'un obscur PSF moyen ». Elle date du 4 juin 1939 ; rappelons cependant – pour éviter tout anachronisme – que, si la haine antisémite et les pratiques criminelles d’Adolf Hitler sont connues, la destruction massive des populations juives n’a pas encore eu lieu. N’oublions pas que La Roque refusa tout ralliement au régime de Vichy, participa à la Résistance et fut déporté en Allemagne.

La lettre est reproduite dans Le Populaire, sous le titre « La manière à Adolf » en respectant l'orthographe et le style : « Mon colonel, J'ai l'honneur de vous faire parvenir quelques coupures du Popu du 17-5-39. Je suis délégué à la propagande de Sceaux 4 Paris-Sud-Joinville No 23 en contact très étroit contre les SFIC et SFIO. Un militant de ce Parti m'a demandé ce que je pensais de cette annonce parue dans la presse à votre égard. J'ai répondu que le Croix de Feu vous citant pour irrégularités, devait invraisemblablement se nommer le F.:. Poso di Borgo. Je me suis étonné que le camarade Karfunstestein (dit Blum) avait été seul averti de votre comparution devant le juge d'Instruction. J'en al déduit que le camarade Me Roynard devait faire partie de la F.:., et avait crié garde son très cher F.:., en Judas d'un grand régal pouvant mettre bas Casimir. Assez, dégoûtant ce remuage de pourriture; Je ne pense pas que le Popu soit qualifié pour nous donner des leçons de bonnes mœurs, parlez-nous donc un peu de l'affaire Salengro-Stavisky-Hanau-Natan et la mitrailleuse vendue à Staline, etc., de tout le caca judéo-maçonnique. Qu'attendez-vous, mon colonel, pour nous donner l'ordre d'envoyer les juifs coloniser les requins et mettre à la lanterne les cadisch de la rue Cadet? Je suis de la fête, moi, et 100 p. 100 des PSF. À quand le rassemblement en ligne déployée et le grand nettoyage de la carrée. Mon colonel, vous êtes vraiment trop bon pour les youdis, Judas toujours Judas; la lutte est dure, je le sais, mais on ne demande pas l'avis des salopards, le rigolo s'impose. Mon colonel, Je pense que vous n'allez pas laisser tomber cette sale histoire et souvenez-vous que la meilleure manière de discuter avec ces ordures, c'est la manière à Adolf! Moi ça ne me gêne pas au service de la Gaule, des indigènes, si vous voulez, mais les juifs jamais. Quant aux francs-maçons il faut leur réserver une barbe sans savon à la Danton. La France aux Français, nous n'avons de leçons à recevoir de personne; ça n'a jamais été si mal chez nous que depuis que les métèques de tous les pays nous gouvernent ayant troqué leurs noms en ski en skoff ou en matin pour des noms gaulois. Il faut obliger les badauds à rester gaulois. Mon colonel, Je sais que vous ne vous êtes jamais trompé, c'est pourquoi J'ai confiance en vous, mais je vous assure que j'ai un sang aryen qui me bat dans les veines et je boue dans ma peau de ne pouvoir passer à l'action directe, comme disent les bons glaudes de rougins ». Signé Grimaud Gabriel, 7bis, rue Beaubourg, Joinville.

La mention Sceaux 4 Paris-Sud se réfère à une organisation du PSF dans le département de la Seine. La SFIC désigne le Parti communiste, section française de l’Internationale communiste. Les F.:. désignent des francs-maçons connus ou supposés. Le Popu est l’abréviation du nom du journal socialiste.

Hermann confirme que La Roque a reçu la lettre. Il souligne les contradictions internes au mouvement : « Farouchement antisémite en Algérie, le PSF se proclame bien haut, à Paris, adversaire du racisme ». Il se demande si Grimaud est « un brave bougre de PSF moyen qui croit ce qu'on lui raconte dans sa section plutôt que ce qu'on écrit à l'usage des gogos dans le Petit Journal », quotidien racheté par des proches de cette organisation.

Gabriel Grimaud se remarie, en janvier 1956 à Paris (14e arr.) avec Marthe Savigne. Il était alors âgé de 65 ans. Sa date de décès n’est pas connue.

Joinville, pont et écluse

 

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11 juillet 2021 7 11 /07 /juillet /2021 00:01

Achille Octave Coubleaux naît le 17 décembre 1862 à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Il est le fils de Marie Honorine Coubleaux et d’un père non dénommé, probablement du régiment de chasseurs à pied de la Garde nationale stationné dans cette ville. Seule sa mère le reconnaît, en janvier 1863.

Devenu serrurier et vivant à Paris (6e arr.), rue Antoine-Dubois, Achille Coubleaux épouse en octobre 1888 dans le 14e arrondissement Marie Gelot, domestique, originaire de Mandres (Seine-et-Oise, act. Mandres-les-Roses, Val-de-Marne).

Vers 1896, Achille Coubleaux est embauché par François Provin, serrurier à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) qui a pour spécialité la fabrication de grilles. Il s’installe dans cette localité, rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc). Provin, qui sera ensuite conseiller municipal puis adjoint au maire de Joinville, était sous-lieutenant dans la garde nationale sous le second empire, puis a rejoint la compagnie des sapeurs-pompiers de Joinville. Coubleaux rejoint également cette institution, qui ne comprend alors que des bénévoles.

Il tente, sans succès, en janvier 1900 de sauver une fillette des flammes. À partir de 1908, il est sous-lieutenant et commande la subdivision de sapeurs-pompiers. Il deviendra lieutenant en 1920 puis, quand il quitte ses fonctions, vers 1928, il est fait capitaine honoraire.

Parallèlement à ses fonctions opérationnelles, Achille Coubleaux est également, à partir de 1909, administrateur de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont, une organisation ancienne et qui compte parmi les premières dans son domaine. Il en est le secrétaire en 1912 puis le trésorier, fonction qu’il exerce toujours en 1935.

Dans les années 1920, Coubleaux est contremaître chez Provin. Il est ajusteur en 1926, puis employé par l’octroi de Joinville en 1931. Alors veuf, il est redevenu serrurier en 1936.

Achille Octave Coubleaux meurt le 19 juin 1939 et son décès est transcrit sur l’état-civil de Joinville. Il était âgé de 76 ans et père de deux enfants.

Coubleaux avait reçu de nombreuses récompenses : quatre pour son action mutualiste, huit pour son activité dans les sapeurs-pompiers et la médaille du travail pour son métier de serrurier. Il était titulaire in fine des médailles d'or de la mutualité et de celle pour actes de courage et de dévouement.

Son fils Georges (1889-1939), comptable de l’entreprise cinématographique Pathé, a été secrétaire du Cercle athlétique de Joinville et l’organisateur de compétitions de natation, notamment de la Traversée de Joinville à la nage. Sa fille Madeleine épousa un sergent canadien, comptable de l’hôpital militaire installé par ce pays dans le Bois de Vincennes à la fin de la première guerre mondiale. Elle en divorça cependant rapidement, et elle éleva son fils en compagnie de ses parents.

La caserne des pompiers de Joinville-le-Pont

 

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9 juillet 2021 5 09 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Édouard Alfred Fontaine

Après la fin de l’occupation allemande, en septembre 1871, la commune de Joinville doit reconstruire ses bâtiments et ouvrages d’art endommagés. Le pont de Joinville avait dû en outre faire face aux grandes inondations de 1872-1873. Les trois arches détruites sont remplacées par deux arches de 25 mètres d'ouverture. Les parapets sont en fonte ouvrée et leurs extrémités en pierre de taille. Il est inauguré en août 1873.

La crue de la Marne de décembre 1872 va nécessiter d’apporter une assistance à 520 personnes, sur les 2 380 habitants de la commune soit plus d’un sur cinq. 117 maisons sont inondées. C’est une des plus considérables inondations avant celle de 1910. Les forges de Saint-Maur, situées sur le canal, à proximité de Saint-Maurice, sont arrêtées et leurs cent quarante ouvriers sont au chômage.

Le quotidien Le Figaro décide de lancer une souscription pour les inondés du département de la Seine. Étant une ces communes les plus touchées, Joinville figure parmi les premiers bénéficiaires des subsides récoltés. Les interlocuteurs du comité de répartition des fonds créé par la direction du journal a pour interlocuteurs Louis Ferdinand Rousseau, adjoint au maire et futur maire de Joinville, et surtout M. Fontaine. La première aide qui lui est versée est de 2 000 francs, ce qui lui permet de fournir cinq jours de vivres à 400 personnes. Plusieurs secours particuliers pour des cas de détresse s’y ajoutent.

Louis Ferdinand Rousseau, le maire sortant de tendance bonapartiste, est battu lors des élections municipales de janvier 1878. Il est remplacé par Gabriel Pinson, républicain modéré, qui est élu en même temps que plusieurs conseillers municipaux de tendance plus avancée, comme Alphonse Demeestère. Édouard Alfred Fontaine reste à son poste.

Alors que la France vit toujours sous le régime du concordat avec l’église catholique, c’est le prêtre de la paroisse de Joinville qui est chargé des pompes funèbres. En 1881, c’est l’abbé Georges Moreau qui assure le ministère. Le maire et deux représentants du conseil municipal siègent, à côté de représentants de l’évêché de Paris, au sein du conseil de fabrique, en charge de la gestion des finances paroissiales. Plusieurs élus trouvaient que les recettes étaient maigres. Ils demandent à Fontaine de faire un contrôle des comptes. Il établit qu’il manquait à l’appel 1 200 francs. Le curé répondit qu’il avait mis cette somme dans sa poche, « ainsi que ça se fait toujours ». Il refusa de reverser les fonds ; l’archevêque de Paris assura qu’il n’avait fait que « suivre un usage ancien commun aux paroisses suburbaines ». En conséquence de ce refus, la municipalité décida de supprimer l’indemnité de logement versée au prêtre, qui ne disposait pas d’un presbytère. Dans un souci d’apaisement, l’archevêque nomma, en juin 1882, l'abbé Moreau aumônier de l'hôpital militaire Beaujon à Paris. Le journal radical-socialiste très anticlérical Voix des communes se félicita que l’enquête confiée par le conseil municipal ait abouti « grâce au zèle intelligent d’un employé comme nous en souhaiterions à toutes les mairies, M. Fontaine. »

Le successeur de l’abbé Moreau, Ernest Jouin, décida de mener une guérilla juridique contre la municipalité, à partir de cet incident et de plusieurs autres. Il devint un farouche adversaire des francs-maçons et mena une activité éditoriale importante pour dénoncer leur rôle.

La famille Fontaine va connaître un drame en décembre 1881. Le fils aîné du secrétaire de mairie, Henri, alors âgé de 14 ans, tombe alors qu’il montait ou descendait (selon les versions de la presse) d’un train en garde Joinville. Il a la jambe broyée et on doit l’amputer.

En novembre-décembre 1882, Fontaine devra faire face à une nouvelle inondation de la Marne, peut-être un peu moins considérable, mais qui touche plus d’ouvriers des forges puisque celles-ci se sont développées.

Un quiproquo va surgir en février 1886 lors de l’enterrement à Joinville d’un libre-penseur d’Antoine Roche. Une collecte est faite au cimetière, et Voix des communes indique qu’elle « est transmise par M. Fontaine au trésorier de la société de libre-pensée de Saint-Maur ». Mais le secrétaire fait rectifier l’information, assurant que le produit a été versé à la caisse des écoles communale.

Édouard Alfred Fontaine meurt le 30 juillet 1886 à Joinville, alors qu’il est toujours en poste à la mairie. Il était âgé de 47 ans et père de trois enfants. Son épouse meurt six mois plus tard et son fils aîné le mois suivant.

Fin

La mairie de Joinville vers 1880

 

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7 juillet 2021 3 07 /07 /juillet /2021 00:01

Début de la biographie d’Édouard Alfred Fontaine

Édouard Alfred Fontaine naît le 26 mars 1839 à Saint-Cyr-sur-Morin (Seine-et-Marne). Il est le fils de Françoise Eulalie Pillet et de son mari, François Hubert Fontaine, tailleur d’habits.

Orphelin de père à l’âge de quatre ans, il vit ensuite avec sa mère à Paris dans le quartier récemment annexé des Batignolles, rue Saint-Louis (act. rue Nollet, 17e arr.). Il est épicier lors de son mariage, en août 1864 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) avec Louise Julienne Hacar.

En février 1865, son commerce fait faillite. Un concordat avec les créanciers, pour sortir de la procédure, est passé en juillet la même année. La famille Fontaine rejoint d’abord Saint-Maur-des-Fossés puis ouvre un commerce d’épicerie, mais également de droguerie et de tabac, rue du Pont, dans la commune voisine de Joinville-le-Pont.

À la fin du second empire, Édouard Alfred Fontaine quitte son métier de commerçant pour devenir secrétaire général de la mairie de Joinville en 1868. Le maire est alors Auguste Courtin, conservateur. La famille Fontaine s’installe dans un logement au sein de la mairie ou immédiatement adjacent. La mairie, inaugurée en 1852, était ornée d’un buste de l’empereur Napoléon III, offert par le céramiste Jean Marie Gille.

La guerre franco-allemande va profondément affecter la commune de Joinville, et notamment le travail du secrétariat de mairie. En septembre 1870, Fontaine participe, avec les membres du conseil municipal et à une souscription en faveur de la nouvelle Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Du fait des combats, la population de Joinville quitte la commune pour se réfugier à Paris.

La municipalité elle-même, et son secrétariat, sont installés provisoirement, en septembre, dans le 7e arrondissement de la capitale, 104, rue du Bac. En novembre, les habitants de Joinville et de Saint-Maur La Varenne qui restaient reçoivent l’ordre de quitter leurs logements. Les bureaux municipaux sont transférés 105, boulevard Voltaire, en face de la mairie du 11e arrondissement ; les archives communales sont déposées au Tribunal de commerce. En septembre, pour empêcher un éventuel passage des Allemands, le pont de Joinville, qui reliait le nouveau quartier de Palissy au centre ancien, est détruit. Selon le journaliste et écrivain Georges Grison « Une énorme pierre meulière, fut projetée jusque sur le toit de la mairie au travers duquel elle passa et vint se loger entre deux solives ». Toujours d’après Grison, le roi Guillaume de Prusse, empereur d’Allemagne, serait venu dans la mairie de Joinville lors d’une visite du champ de bataille. De très violents combats, début décembre, font environ deux mille morts sur Champigny, notamment dans la plaine du Tremblay et dans la zone de Polangis, partagée avec Joinville. Plusieurs bâtiments, comme le château du parangon, qui abritait un hôpital provisoire, sont touchés lors des bombardements.

Après l’armistice du 23 janvier 1871, les troupes allemandes d’occupation s’installent à Joinville le 31 du même mois, s’installant notamment dans le château du Parangon. Ce sont d’abord des Badois et des Wurtembergeois, remplacés par des Bavarois à partir du 11 mars. La garnison de Joinville comprenait un bataillon de chasseurs, deux compagnies du génie, un régiment de ligne et une batterie d'artillerie, stationnée au château de Polangis. À Saint-Maur, trois membres du conseil municipal venaient à tour de rôle pendant une semaine faire fonction d'officier de police et d'état civil ; il en était probablement de même à Joinville.

Mairie provisoire de Joinville-le-Pont en 1870, 104, rue du Bac à Paris

Mairie provisoire de Joinville-le-Pont en 1870, 105, boulevard Voltaire à Paris

Alors que l’insurrection de la Commune de Paris est déclenchée, la mairie de Joinville rouvre le 1er avril 1871. Plusieurs incidents sont signalés entre la population et les troupes allemandes, notamment en juillet quand un soldat frappa d’un coup de sabre un garde-barrière du chemin de fer, qui venait de descendre la barrière et lui demandait d’attendre le passage du train. D’autres altercations sont consécutives à des moqueries et injures proférées à l’égard des soldats par des parisiens venus, le dimanche, se promener le long de la Marne. Le commandant des forces d’occupation rendit le maire responsable des rixes et lui envoya un avis l’informant qu'à chaque nouvel incident, le nombre de militaires stationnés serait augmenté. L’occupation cessa le 19 septembre 1871.

À suivre

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