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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

Le professeur de biologie, publiciste et dirigeant de l’Association philotechnique, société d’éducation populaire, Albert Kownacki exprime en octobre 1907 son opinion sur l’utilité de l’enseignement philotechnique : « donner au jeune homme une éducation plus complète, plus coûteuse par conséquent. Le courage, le labeur incessant ne suffisent pas, il faut le travail aidé du savoir ». Il analyse que si, « Aux États-Unis, les fabricants disent que s'ils peuvent lutter contre l'Europe avec des salaires deux fois plus élevés, c'est que leurs ouvriers plus instruits travaillent plus vite, mieux et savent tirer meilleur parti des machines ». Il considère que cette « influence prépondérante de l'instruction sur la puissance de production apparaît partout et en tout temps ». Il prend un exemple : « dès le XVIIIe siècle, l'Écossais, naguère pauvre et ignorant, l'emportait sur l'Anglais dans toutes les carrières parce que le Parlement d'Édimbourg avait doté le pays d'un enseignement public. »

Ses conférences, en 1907, sont toujours extrêmement centrées sur Herbert Spencer et sa sociologie : la conservation de l’espèce, l’évolution de la famille, les institutions cérémonielles, la genèse des institutions politiques, la religion, la morale évolutionniste… En mai, il aborde cependant un sujet décalé : La transmission de la pensée, à partir d’un cas de télépsychie. Il ose, pour sa conférence d’ouverture des cours, en octobre, un titre provocateur : « Ici on forme des lâches. »

Le père d’Albert Kownacki, Joseph, qui était venu les rejoindre à Joinville-le-Pont, meurt à l’âge inhabituel de 101 ans en janvier 1908. Il est célébré par la communauté polonaise émigrée en France comme le dernier officier survivant de l’insurrection contre les russes en 1830. La même année, Kownacki devient président de l’association philotechnique de Joinville. Il est également fondateur et président des associations philotechnique de Vitry et de La Varenne, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Au long de ses cours, le fils poursuit en 1908 son regard sur l’œuvre du sociologue anglais Herbert Spencer, développant l’approche morale : égoïsme, altruisme, vie individuelle. Puis, après avoir causé en mai sur L’idée de justice à travers les âges, et avoir établi en octobre que La Terre est la seule planète habitable, il entame un nouveau cycle consacré à Karl Marx et au Capital à partir de décembre. Il poursuit à partir du même matériau en 1909.

La villa des Kownacki, dans le quartier de Palissy, est inondée pendant les crues séculaires de la Marne entre janvier et mars 1910. Cependant, Kownacki refuse de demander une indemnisation. Au contraire, il participe à l’organisation d’une Loterie lancée par le docteur Chéhadé Charles Zalta en faveur des sinistrés ; il prononce une allocution lors du versement des aides aux sinistrés.

La même année 1910, Albert Kownacki publie une Histoire de douze ans (1898-1910), consacrée à l’expérience de La Coopération des idées, une université populaire implantée faubourg Saint-Antoine à Paris (11e arr.). Ses conférences de l’année, dont le rythme semble fléchir, s’intéressent à Auguste Comte et au positivisme. Mais il persiste à communiquer aussi sur la cosmologie, entretenant les auditeurs de la Coopération des Idées, qui devient le lieu principal de son enseignement, de La fin du monde d'après la science.

Il consacre un autre livre, en 1911, à Jules Ferry et l’enseignement populaire. Ses premiers cours de l’année, en automne, sont sur Le Pragmatisme, de William James, Bergson et Le régime des eaux dans le bassin de la Seine. À partir de novembre, il entame une série consacrée au corps humain. Il s’interroge en décembre que Comment on se meut.

L’approche du corps humain par Kownacki se poursuit en 1912 : travail, fatigue, repos en janvier, apport des aliments et de l’air en mars, dépuration et protection en avril, transmission des informations en mai, direction et contrôle du cerveau en juin. Mais il n’oublie pas les techniques, évoquant en mai Les grands paquebots et la sécurité des voyageurs.

Les interventions de Kownacki en 1913 se font toutes à l’université populaire du Faubourg Saint-Antoine, nouvelle appellation de la Coopération des Idées. Son programme comporte huit séances consacrées à la philosophie de Bergson : la vie consciente, déterminisme et problème de la liberté, représentation du monde et système nerveux, matière et mémoire, mémoire et cerveau, mémoire et esprit, union de l’âme au corps.

Il démarre en décembre une deuxième série de son enseignement bergsonien par l’Évolution créatrice. Elle continue en mai et juin 1914.

Albert Kownacki est hospitalisé en septembre 1914 pendant trois semaines « en vue d’une opération grave. »

À la suite de cette détérioration de son état de santé, il poursuit son activité associative, mais ne donne plus que rarement de cours ni de conférences – sauf, à une occasion, en juin 1920 sur Les maladies du langage et de la personnalité pour L'Émancipation de Vincennes.

Il vit depuis au moins 1926 et toujours en 1936 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Victor-Hugo, à l’hospice Lenoir-Jousserand, un établissement desservi par des employés laïques, ce qui était encore rare dans les organismes hospitaliers. S’il n’a plus d’activités physiques, il conserve cependant certaines responsabilités et correspond probablement avec ses interlocuteurs. Il organise ainsi en novembre 1927 les 25 ans de la société d’éducation populaire joinvillaise.

Il est présent, jusqu’en juillet 1934, aux manifestations organisées dans les écoles de Joinville. Cette année-là, Kownacki est toujours vice-président de l’Union des philotechniques, fondée en 1901, alors présidée par Paul Strauss, ancien ministre et président du sénat.

Devenu membre titulaire de la Société astronomique de France en mai 1934, Albert Kownacki, s'inscrit comme membre perpétuel de cette association en 1941. Il est alors âgé de 90 ans.

Selon les tables de succession des archives départementales du Val-de-Marne, Albert Kownacki est mort le 8 décembre 1944 à Saint Mandé. Il était âgé de 94 ans et père de trois enfants ; ses deux filles, Gabrielle et Marthe Kownacka, furent artistes peintres, comme leur mère et leur grand-père. Son fils Marcel fut deux fois blessé et fait prisonnier pendant la première guerre mondiale, où il obtint la Croix de guerre et la Médaille militaire. 

Décoré des médailles de bronze (1888), d’argent (1906) et de vermeil de l’instruction des adultes, Kownacki avait obtenu les Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1888 et officier de l’instruction publique en juillet 1896. Il était titulaire du Mérite agricole et avait été fait, en juillet 1914, chevalier de la Légion d’honneur.

Fin

Bulletin de l'union des associations philotechniques de 1934. Albert Kownacki en est alors vice-président

 

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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

La part la plus importante de l’engagement public du professeur Albert Kownacki est son engagement dans l’éducation populaire.  

À parti de 1881, il s’implique dans l'Association Philotechnique où il assure un enseignement gratuit pour adultes comme professeur et conférencier. En novembre 1881, il cause sur « Comment on arrive » au lycée Fontanes de Paris. En janvier 1882, son thème d’intervention est l'Origine de l'homme. Il développe en mars 1883 les principes de l'éducation intégrale. Au lycée Charlemagne, en février 1888, on l’entend sur La dernière catastrophe.

Devant la section des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques de Paris, en juin 1887, Kownacki présente une contribution sur les effets de l’enseignement professionnel et technique donné par l'Association philotechnique au point de vue de l'économie politique. Créée en 1848, l’association connait depuis 1870 un grand développement avec 10 000 auditeurs dans ses 330 cours donnés dans 22 sections. Kownacki que le programme « cherche à se plier aux besoins, aux exigences de l'industrie et du commerce contemporains ». Aux cours commerciaux qu’elle délivrait à l’origine, elle a adjoint l’horlogerie, la menuiserie, le travail des métaux, l'électricité, la reliure. Faute de professeurs, elle n'a pu établir un enseignement de pâtisserie, mais par contre elle a réussi à créer un cours d'arabe. Depuis 1870, des femmes ont été admises parmi les auditeurs et parmi les professeurs.

Au sein de l’École de sociologie de la rue Cadet, il traite, en 1888 de l'Évolution de la morale puis de la morale évolutionniste en avril, de l'Évolution organique et de la morale en mai. Le même mois, il poursuit sur les sentiments égoïstes et altruistes, En juin, il se consacre aux conceptions primitives.

En juillet 1889, Kownacki est élu au bureau de l’association, présidé par Ed. Jacques, président du Conseil général de la Seine. Il en devient secrétaire l’année suivante, sous la présidence de Jules Ferry. Avec l’ancien ministre de l’éducation Léon Bourgeois, Kownacki prononce le discours d'ouverture des cours en décembre 1893. Il devient secrétaire général en juillet 1896, Ferdinand Buisson étant devenu le président. Puis il est désigné l’année suivante comme vice-président, toujours avec le même.

On retrouve des conférences de Kownacki en octobre 1892 au lycée Charlemagne sur L'œil et la vision. Il discourt en avril 1894 à propos d’une femme poète : Simone Arnaud. En octobre 1896, à l'école communale de la rue de Belzunce (10e arr.), il parle de L'Art de prolonger la vie.

Le Féminisme est un thème qu’il traite dans une autre école, celle de la rue La Vieuville (18e arr.) en mars 1898 ; l’annonce précise que « Les dames sont invitées » à l’invitation de la Société républicaine des Conférences populaires. Kownacki examine d’abord les raisons économiques qui sont selon lui la « cause première du mouvement féministe : l'homme détenteur de tous les avantages sociaux forçant la femme à une sorte de lutte pour la concurrence sur le marché du travail ». Postulant que « Tout ce qui est juste finit par triompher », Kownacki « déduit du passé oppresseur la justesse et la justice des revendications féminines et sa déduction de l'avenir est que les deux pôles humains reposeront un jour sur l'assise de droits équivalents et d'égalité fraternelle ». Pour y arriver, il « exhorte les femmes à évoluer sans heurts, méthodiquement ». Il remarque que « Trois États de l'Amérique du Nord ont accordé aux femmes leurs droits politiques. Il y est déjà reconnu qu'elles les exercent avec un grand discernement ». Pour lui, « la femme est appelée par la force des choses à triompher sur le terrain politique, comme sur le terrain économique ». Il qualifie « d'infâme trafic » les mariages d'argent et conclut en citant le dirigeant social-démocrate allemand August Bebel « La femme jouira dans la société future des mêmes droits et des mêmes avantages que les hommes ». Il reprendra ce thème en septembre 1900, à l’occasion d’un congrès féministe, devant L'Égalité, université populaire du 7e arrondissement.

Parmi les nouveaux sujets qu’il aborde au tournant du siècle figure Matière brute et matière vivante en novembre 1900 et L'Origine des espèces un mois plus tard. Au début du 20e siècle, il évoque Les Origines de la civilisation en février 1901 puis la Civilisation primitive, morale et religieuse en mars. Il se consacre, avec des projections, à L'Homme primitif en avril. En mai, il s’intéresse à une Tournée d'inspection dans les couvents de Camaldules par un général de l'ordre, une très ancienne congrégation religieuse catholique bénédictine, disparue au 18e siècle. En octobre, Kownacki parle de La Maladie des mystiques. Il interroge, le mois suivant : Peut-on démontrer la vérité ? Puis, pour clôturer l’année, en décembre à Vincennes expose L'art d'arriver au vrai.

C’est accompagné de pièces anatomiques que, de nouveau à Vincennes, on retrouve le professeur de biologie venant parler du Squelette en janvier 1902. Il se consacre ensuite aux questions religieuses, avec Un autodafé au dix-septième siècle le même mois à Paris (11e arr.) puis L’Inquisition en février, de retour à Vincennes. Il étudie le linceul du Christ en juin. La biologie revient au premier rang avec Le cerveau et la pensée ainsi que La physiologie et la question sociale et Le mécanisme de la pensée en mai. En juin, Les maladies du langage et de la personnalité, puis en juillet Le cerveau et ses fonctions et en août Les maladies de la mémoire et du langage sont à son programme. En octobre, il examine L’inconscient et le spiritisme, un mois plus tard La folie et l’éducation. Les sciences de la Terre concernent Kownacki aussi, comme Les volcans et la constitution du globe en août.

L’association philotechnique de Joinville-le-Pont est créée en 1902. Elle inaugure ses cours le 22 novembre en présence du député radical Adolphe Maujan. Kownacki en confie la présidence à Henri Vel-Durand, conseiller d’arrondissement également radical. Kownacki a quitté sa fonction de vice-président de l’association-sœur de Paris et est devenu délégué de la Ligue de l’enseignement. Il prononce, chaque année en novembre, les discours d’ouvertures des cours, qui sont accompagnés d’une partie musicale, avec des élèves des cours de musique. Les élèves de la société d’enseignement populaire installée à Joinville participent à ces manifestations, notamment en jouant de la musique, sous la direction de Louise Allaire.

Au cours de l’année 1903, les thèmes politiques et philosophiques sont mis au premier plan. En janvier, Kownacki discute de La liberté, d’après Stuart Mill puis en mars L’individu contre l’État de Herbert Spencer. Il aborde la Question d'Alsace-Lorraine en mars et les Deux Républiques en avril puis Comment on est devenu transformiste. Démocratie et parlementarisme est à l’ordre du jour en mai puis La révolte de l’homme en septembre. L’intolérance à travers l’histoire est son sujet d’octobre. L’astronomie en images est au programme de novembre autour des Étoiles filantes. Les deux thèmes se retrouvent en décembre, encore avec des illustrations, pour Histoire du calendrier.

Pour l’an 1904, philosophie, économie et politique montrent la diversité des centres d’intérêt de Kownacki. Il organise d’abord en janvier un débat autour de Deux années d'action républicaine (1902-1903). Il discute ensuite ce même mois Les conseils d’un milliardaire, M. Andrew Carnegie. Puis il profite de son centenaire pour exposer la philosophie de Kant en février, avant d’examiner l’idéal américain d’après le président Roosevelt en mai. L’Hygiène humane l’occupe en octobre, puis il revient à la philosophie d’Herbert Spencer (l’inconnaissable) et à Darwin en novembre (les origines des espèces).

Les conférences d’Albert Kownacki en 1905 vont mélanger les questions biologiques et astronomiques. Il débute par La planète Mars en janvier, enchaîne L'air et la vie, se consacrant surtout à Herbert Spencer : philosophie, principes de biologie, développement de l’intelligence, psychologie, métaphysique, religion… L’œuvre du théoricien du darwinisme social (1820-1903) nourrit de très nombreuses séances dans les universités populaires, comme la Coopération des Idées ou l’Aube sociale.

À suivre

Joseph Kownacki, père d'Albert, officier polonais émigré et centenaire

 

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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie d’Albert Kownacki

Stanislas Albert Jean Kownacki naît le 6 juin 1850 à Noyon (Oise). Il est le septième enfant d’Alexandrine Bullet et de son époux Joseph Kownacki. Son père, jeune officier polonais réfugié en France, a été un des artisans de l’insurrection polonaise contre l’occupation russe en 1830 ; il avait d’abord été ingénieur dans les chemins de fer et était devenu professeur de dessin.

Après avoir vécu à Noyon, Albert Kownacki suit un cours de rhétorique au lycée Charlemagne à Paris (4e arr.). Au cours la guerre franco-allemande de 1870, Kownacki se retrouve enfermé dans la capitale pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Âgé de 20 ans, il décide de s’engager dans l’armée, mais le bureau de recrutement de la mairie du quatrième arrondissement refuse sa candidature à cause de sa petite taille (il fait 1 mètre 49) et de son état maladif. Il tente alors de rejoindre la garde nationale, milice supplétive, sans plus de succès. Enfin, il rejoint le Bataillon des jeunes qu’organisait Joachim Durandeau, directeur du journal Le Baccalauréat. Mais le commandant de la place de Paris, le général Louis Jules Trochu s’écria, selon le témoignage de Kownacki : « Il ne manquait plus que cela : jouer aux soldats ! ». Et il refusa l’autorisation de constituer la nouvelle unité et de lui fournir des armes.

Faute de pouvoir combattre, Albert Kownacki passe son baccalauréat à la session de novembre 1870. Il réside en 1877 rue du Petit-Musc, dans le quartier du Marais (4e arr.). L’année suivante, Kownacki devient directeur associé de l'institution Mary, une école privée de Clichy-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine) ; il y vit, rue de Neuilly.

En mars 1877 à Paris (3e arr.), Albert Kownacki, qui vit alors rue du Petit-Musc (4e arr.), épouse Gabrielle Krahnass, artiste peintre qui expose aux salons de Paris sous le nom de Gabrielle Kownacka après l’avoir fait à Poitiers (Vienne) sous son patronyme. Elle est, comme lui, fille d’un officier polonais réfugié en France, François Krahnass, devenu comptable.

Membre de l’Association française pour l’avancement des sciences, Kownacki présente une communication sur les maîtres d’études à son congrès de Montpellier en 1879 et y constitue, l’année suivante une section pédagogique. Il est l’un des principaux orateurs et le secrétaire général du Congrès de l'Éducation et de l'Enseignement qui se tient à Paris en octobre 1879 puis en mars 1880.

Ayant déménagé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le couple s’installe en 1883 d’abord dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. Avenue du Président-Wilson) puis sur la rive droite, avenue de la Marne. En 1891, la famille retourne à Palissy, rue du 42e de Ligne, où elle restera installée des dizaines d’années.

Kownacki enseigne la biologie en lycée et est notamment chargé du cours de morale à l’École de sociologie à Paris en 1887. Il est connu par ses idées anticléricales. Mais son activité principale est celle de publiciste. Il collabore notamment à des publications à vocation pédagogique : Bien Public, Estafette du Nord, La Science pour tous, Le Journal du lundi, Cahiers de l’Université populaire, Bulletin de l'Association philotechnique, L'Union morale (organe de la ligue française d'éducation).

Il consacre en 1889 un ouvrage au directeur d’une de ces publications, Le Journal du lundi, Émile Baras, journaliste économique, ancien responsable de La Semaine financière, un auteur dont il vantait la probité.

Dans son nouveau territoire de résidence, Albert Kownacki est délégué cantonal de l’Éducation nationale pour la circonscription de Saint-Maur et membre de la commission d’examen du certificat d’études.

Albert Kownacki est affilié à la franc-maçonnerie française. Il donne en février 1883, une Conférence intitulée « La France maçonnique et le gouvernement de la République d'après les cléricaux » pour l’installation des officiers de la loge L'École mutuelle, du Grand-Orient de France. À partir de 1884, il est orateur et surveillant de la loge L'Avant-Garde Maçonnique, dont le temple se situe au siège du Grand-Orient, rue Cadet. Il en est le vénérable en 1886. Il rejoint en 1903 la loge Les Rénovateurs de Clichy, dont le ministre de la guerre, Maurice Berteaux, a été le vénérable.

À suivre

Le premier ouvrage d'Albert Kownacki

 

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11 juin 2023 7 11 /06 /juin /2023 01:01

Cécile Élisabeth naît le 12 décembre 1866 à Paris (14e arr.) et est déclarée par la sage-femme à l’état-civil sous le nom de « Baptiste », un des prénoms de sa mère, couturière qui se nomme en réalité Jeanne Baptiste Virginie Badoz ; son père n’est pas dénommé. Sa mère, qui ne la reconnaît pas alors, vit rue du Géorama (act. rue Maurice Ripoche).

En juillet 1875, sa mère, qui est marchande de chaussures à Levallois-Perret (Seine, act. Hauts-de-Seine), rue Saint-Louis, est déclarée en faillite. Redevenue couturière et vivant rue de La Glacière à Paris (14e arr.), elle épouse en octobre 1878 à Paris (13e arr.) Alexandre Jérôme Marcou, charpentier. Près de trois ans plus tard, en août 1881, les deux époux reconnaissent Cécile Élisabeth comme leur fille. Elle prend alors, à 14 ans, le nom de Marcou.

À l’âge de 16 ans, Cécile Marcou rentre à l’administration des Postes en mai 1883. Elle travaille à la poste centrale de Paris, rue du Louvre.

En septembre 1889 à Paris (14e arr.), elle se marie avec Lismon Tamisier, également postier. Elle change de fonction en entrant à la direction de la Caisse nationale d’épargne, qui dépend de la même administration. Son salaire continue, de manière régulière à augmenter, de 1 100 francs en 1888 à 1 900 en 1898.

Lors de la constitution des conseils de discipline des services postaux centraux, en mai 1907, Cécile Tamisier fait partie des trois élues de l’instance qui couvre la Caisse nationale d’épargne.

En janvier de la même année, son mari a été promu receveur des postes et nommé à l'Isle-sur-Sorgue (Vaucluse). Elle le suit quelques temps plus tard et est affectée dans la même ville comme employée de la poste, mais son salaire a été considérablement baissé, puisqu’il est fixé à 1 500 francs en 1909. Ils résident avec leurs deux filles quai Rouget-de-l’Isle. Madeleine, l’aînée a épousé à l'Isle-sur-Sorgue, en septembre 1912, Émile Eugène Jouvent, également employé des postes, qui, sergent dans un régiment de génie, sera tué au combat en dans l’Aisne en juillet 1917.

Cécile Tamisier (arch. fam.)

Lismon Tamisier est muté en 1913 à Saint-Just-en-Chaussée (Oise). Trop âgé pour être mobilisé pendant la première guerre mondiale, il est promu en 1917 au bureau de Neufchâtel-en-Bray (Seine-Maritime).

Après le conflit, la famille revient en région parisienne ; ils sont installés, en 1921, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où les deux parents travaillent dans le bureau local. Leur fille aînée, Madeleine, devenue mère et veuve, vit avec eux et est aussi employée des postes. Leur fille cadette, Suzanne, épouse à Joinville en mars 1921 le beau-frère de sa sœur, Léon Stanislas Jouvent, tailleur, et ils vivent dans une rue voisine.

Le service postal est assuré à Joinville-le-Pont par le bureau central, quai du Barrage, et une annexe, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. En octobre 1923, Lismon Tamisier fait valoir ses droits à une pension de retraite et la structure auxiliaire de Joinville Polangis devient un bureau de plein exercice. En quittant sa fonction, la famille doit déménager. Ils vont résider à Paris (12e arr.), rue Taine, toujours avec leur fille aînée et leur petit-fils, tandis que leur fille cadette occupe l’appartement voisin.

Cécile Tamisier poursuit sans doute son activité. Elle était probablement retournée à la Caisse d’épargne, en tant que surveillante, fonction dans laquelle elle prend sa retraite en 1925.

Elle décède le 22 octobre 1936 à Paris (12e arr.), dans son logement. Elle était âgée de 69 ans.

Voir aussi Lismon Tamisier, receveur des postes et mutualiste provençal

Bureau de poste de Joinville-le-Pont

 

 

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9 juin 2023 5 09 /06 /juin /2023 01:01

Marie Émilie Nathalie de Virieu Pupetière naît le 25 décembre 1786 à Paris, dans le quartier de Saint-Sulpice (act. 6e arr.). Les archives reconstituées de l’état-civil de Paris mentionnent les années 1784 et 1787, toujours à la même date, mais les autres sources permettent de confirmer qu’il s’agit bien de 1786. Selon les sources généalogistes (Base Perfit), elle est une ludovicienne, c’est-à-dire une descendante du roi de France Louis IX (Saint-Louis).

Elle est la fille d’Élisabeth Digeon de Monteton et de son époux François Henri comte de Virieu et seigneur de Pupetière.

Son père François-Henri, marquis de Virieu, né en 1754 à Grenoble fut militaire, député de la Noblesse aux états généraux de 1789, fut président de l'Assemblée constituante en 1790. Puis il combattit avec les troupes royalistes. Il mourut lors des combats devant Lyon en octobre 1793.

François-Henri de Virieu

La mère d’Émilie, était fille d’un comte, négociant protestant de Bordeaux, sa ville de naissance en 1760. Elle fut, lors des deux dernières années de vie de celle-ci, dame de compagnie de Madame Sophie, fille de Louis XV et de Marie Leszczyńska (1734-1782). Sous la révolution française, en 1793, elle partit se réfugier en Suisse avec ses deux filles, Stéphanie et Émilie, tandis que leur jeune frère Aymon était confié à sa nourrice à Lyon. Elle eut là-bas une vie miséreuse selon l’historien républicain Louis Blanc (Histoire de la révolution française, 1869), devenant ravaudeuse. Mais lorsqu’elle revint en France, en 1804, elle récupéra une part de sa fortune et put racheter les terres de Pupetière, de Montrevel et du Grand-Lemps (Isère), où elles ’installa et mourut en 1837.

Élisabeth de Virieu

Émilie de Virieu Pupetière épouse, en messidor an 13 (juillet 1805), sans doute à Creys-et-Pusignieu (act. Creys-Mépieu, Isère) Adelphe Édouard Henri Pourroy de Lauberivière, vicomte de Quinsonnas. Cependant, le mariage n’est pas enregistré dans l’état-civil communal. Né en 1774, il est lui aussi, par sa mère, Catherine Claudine de Chaponay, descendant de Saint-Louis. Originaires d’Aragon, d’où ils furent chassés au 16e siècle, les Quinsonnas viennent via le Béarn et font souche en Dauphiné au début du 17e siècle.

Selon Théophile de Lamathière, l’auteur du Panthéon de la Légion d'honneur, « C’est à l’estime dont a toujours joui cette famille illustre, qu’on doit attribuer ce fait rare, que son château de Mérieu a été défendu et gardé pendant la Révolution par des gens du village, et que la plus grande partie des biens de la famille ne furent pas vendus [comme biens nationaux]. » Adelphe de Quinsonas était chevalier de l’ordre de Malte. Agriculteur, il a pris en charge des œuvres de bienfaisance et a fondé à Morestel (Isère) une communauté de sœurs qui élèvent les enfants et soignent les malades.

Émilie, vicomtesse de Quinsonnas, vit en région parisienne à la fin du premier Empire. Elle possède une résidence à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). En mai 1812, elle commence à faire distribuer des soupes à la Rumford aux indigents de la commune. Inventée par Benjamin Thompson, un américain qui était resté fidèle à la couronne d’Angleterre pendant la guerre d’indépendance et s’était ensuite réfugié en Bavière, la soupe est confectionnée à partir d'orge perlé, de pois, de légumes assaisonnés de bière et de vinaigre. La vicomtesse continue, conjointement avec le comte de Sussy, Jean-Baptiste Collin, alors ministre des Manufactures et du Commerce à faire livrer du pain chaque semaine pour les pauvres des bords de Marne.

Son engagement est aussi politique, contrairement à son mari, qui se consacre aux domaines caritatif et agricole uniquement. Émilie de Quinsonnas est liée à Sosthènes de La Rochefoucauld, un homme politique ultraroyaliste, aide de camp du comte d'Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X. Quand La Rochefoucauld entre clandestinement à Paris, en mars 1814, il regroupe des partisans du retour des Bourbons et ils impriment des proclamations en cachette. Parmi les militants légitimistes, trois femmes, la marquise Eugène de Montesquiou, la comtesse Achille du Cayla et la vicomtesse de Quinsonnas. Pour La Rochefoucauld « Mme de Quinsonnas, qu’il suffit de nommer pour peindre le dévouement le plus éprouvé, imagina, en se retirant à pied à minuit, d’en placer un exemplaire entre les planches qui ferment chaque boutique. »

Son parti poursuit une activité sous le règne du roi Louis XVIII, auxquels ils reprochent sa modération. La Rochefoucauld poursuit, jusqu’en 1823 au moins, des échanges épistolaires avec la vicomtesse de Quinsonnas, qui s’est installée au château de Mérieu à Creys.

Elle entretient aussi des relations avec l’écrivain romantique Alphonse de Lamartine (1790-1869), compagnon de jeunesse de son frère Aymon et qui professe aussi, dans les années 1820, des opinions royalistes – il ralliera le camp républicain en 1848. Il lui écrira au sujet d’Émilie : « Elle m'aimait à cause de toi, et je le lui rendais à cause de toi »

Émilie de Quinsonnas meurt le 12 février 1832 dans son château de Mérieu, à Creys-et-Pusignieu. Elle était âgée de 45 ans et mère de cinq enfants. L’un d’eux, Octavien servit dans l’armée russe, notamment dans les guerres contre les Turcs et en Géorgie. Rentré en France en 1822, il fut nommé pair de France. Il créa des établissements de bienfaisance, d’abrod à Moscou, avec un refuge pour les Français ou étrangers malheureux. Sur les terres familiales, il fonda des écoles gratuites pour les enfants des deux sexes et des lits pour les vieillards pauvres à Crémieu (Isère). En Seine-et-Marne, on lui doit une école gratuite pour les garçons à Brie-Comte-Robert.

Blason des Quinsonnas

 

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7 juin 2023 3 07 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie de Claude Pierre Jacmart

La dernière partie du mandat de maire de Claude Pierre Jacmart l’amène à présenter une requête au roi Louis-Philippe, qui vient d’accéder au trône le 9 août 1830, en faveur d’un changement de nom de la commune. En effet, depuis la formation de la commune en 1790, elle avait conservé l’appellation de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, peut commode et qui entraînait une confusion, tout en continuant d’encourager les demandes de sa voisine, Saint-Maur-des-Fossés, en faveur d’une réunification. Les notables du village imaginent proposer le nom de « Joinville », qui est celui de François, prince de Joinville, fils du nouveau monarque. L’historien Georges Poisson, tout en admettant que le nom porté par le village était « bizarre » estime que celui demandé était une « pure flagornerie. »

Un arrêté préfectoral, daté du 1er septembre 1830, nomme Laurent Nicolas Pinson maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur. Cependant, il ne sera installé que le 27 septembre, en remplacement de Claude Pierre Jacmart. C’est donc ce dernier qui, toujours en fonctions, conduit le 13 septembre 1830 la députation de la commune et de la garde nationale du Pont-de-Saint-Maur à une audience chez le souverain. Au nom des délégués, Jacmart dit : « Les habitants du Pont de Saint-Maur sont heureux de présenter au Roi l'expression de leur dévouement. Cet accès si facile près du trône resserre encore les liens qui unissent la nation à son chef. Les habitants feront, selon les formes, la demande que leur commune porte désormais le nom de son altesse royale le prince de Joinville, et ils osent espérer qu’elle sera favorablement accueillie ». Le roi répond : « J’examinerai cette demande. Je reçois votre adresse avec beaucoup de plaisir. J’en ai toujours beaucoup à recevoir les députations qui m’apportent l’expression de sentiments si agréables pour moi. Maintenir les institutions et assurer à tous les citoyens le libre exercice de leurs droits, sera le but constant de mes efforts. Je compte sur le concours de la garde nationale ». Jacmart est invité à dîner avec le Roi. Le changement de nom sera effectif le 16 août 1831, la commune devenant alors Joinville-le-Pont.

Un de ses derniers actes, en tant que maire, avait été sans doute la souscription « Pour les blessés, veuves et orphelins » des journées révolutionnaires de juillet 1830, qu’il apporte au quotidien Le Constitutionnel en novembre 1830.

En septembre 1827, trois des frères Jacmart avaient dissous la société de commerce de bois qu’ils avaient créées. Claude-Pierre Jacmart poursuit, en son nom propre, le négoce qu’ils faisaient ensemble. Il conserve sa maison et son activité à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur mais dispose également d’une adresse à Paris (3e arr.), rue de Saintonge.

À partir de 1830, Claude-Pierre Jacmart s’investit dans des activités consulaires, étant à plusieurs reprises, jusqu’en 1839, désigné comme syndic dans des procédures de faillite. En 1836, toujours recensé avec son épouse à Joinville, rue de Paris, il change d’adresse à Paris, passant rue Meslay (3e arr.). Il quittera ensuite ces deux propriétés pour la rue Saint-Anastase à Paris (3e arr.) et la chaussée de l’Étang à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), où il meurt le 14 août 1862. Il était âgé de 80 ans et père de trois enfants.

Fin

Décret de changement de nom de Joinville-le-Pont en 1831 (Jacmart n’en est pas signataire)

 

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5 juin 2023 1 05 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie de Claude Pierre Jacmart

Claude Pierre Jacmart naît le 4 octobre 1781 à Villiers-sur-Marne (act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Catherine de La Motte (ou Delamotte) et de son époux, Pierre Noël Jacmart, entrepreneur de bâtiment. Il est l’aîné des 13 enfants du couple, qui vit sans discontinuer à Villiers.

Claude Pierre Jacmart exerce, comme l’a fait son père et plusieurs de ses frères, la profession de marchand de bois. Il est désigné comme adjoint au maire de Villiers, Henri de Saint-Martin, inspecteur de division militaire, fonction dont il demande, en août 1809 à être déchargé dans une lettre au préfet de la Seine-et-Oise « du fait de ses occupations et ses fréquents voyages. »

Continuant à résider à Villiers, il exerce en 1813 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (Seine, act. Val-de-Marne), commune distante de 6 kilomètres de Villiers qui sera renommée Joinville-le-Pont en 1831. Le village est alors un port important pour le flottage du bois.

Son père vit à Paris à sa mort en mai 1815. Claude Pierre Jacmart assume alors la responsabilité de la famille. Il est nommé, en remplacement de Saint-Martin, maire de Villiers en 1815.

Il exerce la fonction pendant deux mois, succédant à Saint-Martin. Pendant les Cent-Jours, après le retour au pouvoir de Napoléon Ier, un décret du 20 avril 1815 restaure, pour les communes de moins de 5 000 habitants, la loi de décembre 1789, qui prévoit l’élection au suffrage censitaire des maires et des conseillers. Les élections ont lieu en mai. Mais, en juillet, les maires écartés sont rétablis dans leur fonction par l’administration du roi Louis XVIII sous la seconde Restauration. Henri de Saint-Martin reprend alors son poste et l’occupera jusqu’en 1825.

Sa mère meurt en décembre 1816. Il est recensé à Villiers en 1817 avec quatre de ses frères, dont le plus jeune a 14 ans, et une sœur de 18 ans ; ils hébergent également un commis et un domestique. Le formulaire indique qu’il quitte la commune. Il s’installe alors à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur avec une partie de sa fratrie. En mai 1819, il épouse à Pontoise (Seine-et-Oise) Marie Victoire Boissy, fille de marchands de farine et ils résident à Pont-de-Saint-Maur.

La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur a été érigée en commune en 1790, à partir d’un village dépendant de la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur-des-Fossés. Elle est incluse dans l’arrondissement de Sceaux du département de la Seine et compte 418 habitants en 1820.

Depuis la Restauration, la vie politique municipale est agitée avec cinq maires en quatre ans. Après la mort de Laurent François Pinson, marchand de bois, en 1814, la succession est assurée par Mathurin Lemaire, commerçant Jacques-Roch Vingdlet, carrier Jean Baptiste Louis Besançon, traiteur puis l’avocat Jean Joseph Robin qui est installé en avril 1818.

Un fonctionnaire de la préfecture de la Seine demande, en juin cette même année, le remplacement de deux membres du conseil municipal, René Neveu, adjoint en fonction et Pierre Alexandre, ancien adjoint, du fait de la « négligence avec laquelle la commune de La Branche du Pont de Saint-Maur était administrée ». En août, Claude Pierre Jacmart est nommé adjoint au maire en remplacement de René Neveu, son expérience administrative semblant avoir prévalu sur son ancienne allégeance au régime bonapartiste.

Mentionnant son mauvais état de santé, Jean Joseph Robin envoie, en septembre 1821 sa démission au sous-préfet de l’arrondissement. Ce dernier prend alors un arrêté désignant Claude Pierre Jacmart pour exercer la fonction de maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, mentionnant qu’il est marié, a deux enfants et dispose d’une fortune de 3 000 francs, ce qui lui permet d’être électeur dans le dispositif du suffrage censitaire. Laurent Nicolas Pinson, fils de l’ancien maire Laurent François Pinson, devient adjoint au maire en octobre 1821, tandis que son cousin, Charles Hippolyte Pinson, menuisier, rentre au conseil municipal en janvier 1827.

Le rôle des maires fait question sous la Restauration. Lors d’un débat au parlement en 1818, le ministre de l’Intérieur Joseph-Henri-Joachim Lainé, qui appartient au parti des ultras, défend la conception du maire en tant que fonctionnaire, chef de localité. Face à lui, le chef de file des libéraux, François Guizot, considère qu’il s’agit d’un notable, porte-parole qu’il faut choisir parmi les conseillers municipaux élus au suffrage censitaire.

Lorsque Claude Pierre Jacmart entame son mandat, les parcelles du territoire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, séparées par la Marne, ne sont plus reliées par un pont. La rive gauche, qui comprend notamment la ferme et château de Polangis est séparée du bourg, depuis la destruction, le 30 mars 1814, du pont de Saint-Maur lors des combats avec armées d’Autriche, du Wurtemberg et les cosaques de Russie.

Les travaux de reconstruction du pont constituent l’élément marquant du début de la mandature de Claude Jacmart. En 1822, on entame la restauration de cinq des sept arches du pont. À l’achèvement de celle-ci, en 1824, le dernier moulin à grains du pont est démoli.

Entre 1826 et 1835, le pont est reconstruit sous la direction de l’ingénieur Alphonse Baude (qui construira en 1840 avec Victor Lenoir la gare de l’Ouest à Paris, future gare Montparnasse). Le nouveau pont, qui fait 436 mètres de long, comporte trois arches sur le petit bras de la Marne, deux sur l'île Fanac et six sur le grand bras.

La réouverture du pont va permettre un développement démographique de la commune. La population du village passe à 584 habitants en 1831.

À suivre

Signature de C. P. Jacmart

 

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3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 01:01

Charles Joseph Ferdinand Léger naît le 19 octobre 1877 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il est le fils de Marie Marguerite Bague et de son époux, Eugène Auguste Léger, architecte. Ils vivent rue de Lodi. Son père meurt deux ans plus tard, en décembre 1879, à Levallois-Perret (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Sa mère, institutrice à Létra (Rhône), décède en janvier 1893, alors qu’il a 15 ans. Il est alors placé sous la tutelle de Victor Eugène Joseph Droulans, agent d’assurance, résidant à Paris (15e arr.), rue de Cambronne, natif de Douai, âgé de 33 ans, qui ne semble pas lui être apparenté. Joseph Léger est placé en tant qu’apprenti jardinier dans la ferme-école du Beaufroy, à Mirecourt (Vosges), en juillet 1893. Il s’enfuit nuitamment de l’établissement en avril 1894, muni d’un faux certificat qui lui sert à se faire embaucher, en mai chez M. Breton, propriétaire à La Varenne-Saint-Hilaire, dans la commune de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), rue Denfert-Rochereau.

Le 3 juillet 1894, Joseph Léger, alors âgé de 16 ans, est arrêté par des agents et interrogé par Louis Soullière, commissaire de police à Joinville-le-Pont, siège du bureau de la circonscription. Il a été dénoncé par le propriétaire, qui se serait inquiété de l’avoir vu préparer des manipulations chimiques dans son logement.

Dans un contexte où la crainte d’attentats était forte en France, la presse s’empare du sujet. On retrouve dans les quotidiens archivés en ligne une trentaine de journaux parisiens ou de province qui consacrent des articles, souvent assez longs avec parfois des reportages sur le sujet.

Une perquisition est faite dans la chambre de Joseph Léger, qui permet d’identifier « une boîte cylindrique en fer-blanc » ainsi que « des tas de petits paquets contenant des substances explosibles », selon ce que rapporte une grande partie des journalistes. La tonalité majoritaire des papiers s’accorde pour estimer que Joseph Léger était en train de préparer une bombe.

Les titres consacrés au fait-divers parlent de « La bombe de la Varenne » ou de « Joinville-le-Pont », du « jardinier anarchiste ». Plusieurs titres assurent que Léger « avoue ses convictions anarchistes », mais sans en préciser la teneur ; L’école de Mirecourt est qualifiée de « repaire d'anarchistes » tandis que Léger aurait « dénoncé ses deux maîtres en anarchie » qui sont désignés en tant que « L. et K. (ou B.) » et que la police annonce vouloir surveiller.

Les articles mentionnent cependant les dénégations du jardinier. Ainsi La Démocratie du Cher écrit « quand on lui parle de sa bombe, il se met à rire : — C’était pour faire lever mes petits pois, dit-il goguenard, c’était une expérience d’horticulteur ». Le Soir mentionne : « Mais, se récria le jeune homme, je ne suis nullement anarchiste et je n’ai jamais eu l’intention de jeter une bombe ! Comme la fête nationale a lieu dans quelques jours et que mes ressources pécuniaires ne me permettent pas d’acheter des pétards et des feux du Bengale, j’ai voulu en fabriquer moi-même. Voilà tout le secret de mes manipulations chimiques. »

Un quotidien parisien, Le Soleil, a demandé à son correspondant particulier à Épinal (Vosges) de visiter la ferme-école. Il raconte que « Joseph Léger y entra en juillet 1893 ; il était d'abord de caractère docile, mais il fut gangrené par un autre de ses camarades, fils de juge de paix, dont son père n’avait pu rien faire et qui fut expulsé pour insultes à ses maîtres et pour différents vols ». Le reporter indique que « Au sujet de la propagande anarchiste dans l’école, l'administration n’a jamais rien vu ». Quant aux cours de chimie, il est précisé que ce qui est enseigné à l’école, ce sont « les éléments de chimie agricole ; ils ne sont pas suffisants pour permettre de fabriquer des bombes. »

Dans La Lanterne, on trouve un net rejet de ce qui apparait comme la thèse officielle : « Nous avions bien raison de nous montrer sceptique ». Le journal anticlérical rapporte : « Joseph Léger, interrogé, déclara que jamais il n'avait été anarchiste, qu'il ne se sentait aucune disposition pour le devenir, et qu'enfin il n'avait pas fabriqué de bombe. Croyant que la fête nationale aurait lieu, et comme ses, ressources pécuniaires ne lui permettaient pas d'acheter des pétards et des feux de bengale, il avait cru plus économique d'en fabriquer lui=même. Maigre ces explications, le magistrat ne fut pas convaincu et envoya le soi-disant anarchiste au Dépôt et la prétendue bombe au Laboratoire municipal. Celle-ci a été jugée inoffensive. »

La fiche anthropométrique élaborée lors de son arrestation mentionne comme motif « fabrication d’engins explosifs ». Malgré son jeune âge, il est transféré à la prison installée dans l’ancienne abbaye de Fontevraud, en Maine-et-Loire, où il reste environ 18 mois. Il ne semble pas avoir été jugé, et aucune condamnation ne figurera dans son dossier militaire.

L’hebdomadaire radical-socialiste local Voix des communes, rapportant son arrestation, avait commenté : « Chacun sait qu’on peut arrêter des anarchistes, même où il n’y en a pas. La recette est bien simple : faute de grives, on prend des merles, faute d’anarchistes, on prend des socialistes. Nous ignorons si c’est le cas cette fois. Mais que M. Soullière, le commissaire de Joinville, qui a procédé à l’arrestation se tranquillise ; s’il s’est trompé – ce que nous ne souhaitons pas – on ne lui en sera pas mauvais gré en haut lieu… peut-être bien tout au contraire. »

En 1896, Joseph Léger serait revenu en région parisienne, mais il la quitte rapidement pour s’installer aux alentours de Lyon, d’abord à La Flachère (Isère) en 1897. Appelé au service militaire en novembre 1898, Léger est mobilisé au sein du 20e régiment de chasseurs, où il reste jusqu’en septembre 1901. Un certificat de bonne conduite lui est accordé et il fait plusieurs périodes au titre de son placement dans la réserve, en 1904 et 1907.

Après sa période militaire, Léger s’installe Décines (Rhône). Il y exerce toujours en 1902 la profession de jardinier.

En 1904, Léger voyage dans le Sussex, en Angleterre, à Cranleigh. Après son retour en France, il devient imprimeur à Amplepuis (Rhône) dans l’usine du maire de la commune, Henri Flessel. Puis il reprend ses activités de jardinier à Saint-Bonnet-le-Troncy (Rhône) en 1905. Il épouse dans cette dernière ville, en décembre 1905, Marie Émilie Schuehmacher, couturière, issue d’une famille ayant quitté l’Alsace après l’occupation allemande. Ils résident chez les parents de la mariée, avant de rejoindre Lyon en 1912, avenue Berthelot puis rue Faidherbe. Ils s’installent définitivement en 1913 à Poule-les-Écharmeaux (Rhône).

Dès le début de la première guerre mondiale, Joseph Léger est mobilisé au sein du 3e escadron du train des équipages. Il meurt le 17 août 1917 des suites de ses blessures dans un hôpital militaire à Mont-Notre-Dame (Aisne). Il a été victime du bombardement par des avions allemands du parc d’engins de sa compagnie et est déclaré mort pour la France. Un secours de 150 francs est accordé, en octobre, à sa veuve. Le couple avait eu un enfant mort-né en 1911.

Photo anthropométrique de Joseph Léger par Alphonse Bertillon.

Collection Gilman. Métropolitan museum of art, New-York

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1 juin 2023 4 01 /06 /juin /2023 01:01

Jean Baptiste Duval naît en 1733 à Hocquigny (Manche). Il est le fils de Marguerite Férel (ou Jirel) et de son époux, Nicolas Duval.

Il est curé de la paroisse Saint-Hilaire à La Varenne (act. Saint-Maur-des-Fossés, Val-de-Marne) depuis 1777, prenant la succession de l’abbé Maupin. Sa paroisse couvre l’essentiel de la boucle de la Marne, mais est peu peuplée, d’autant que le village de Port-Créteil en a été détaché une douzaine d’années auparavant. La petite population de la paroisse (moins d’une centaine d’habitants) fait qu’il vit grâce à la « portion congrue » que lui alloue le conseil du prince de Condé le 3 septembre 1777. La paroisse est en grande partie occupée par des terres de la famille princière.

Pendant la Révolution, le village de La Varenne se constitue en commune en 1790 l’église Saint-Hilaire fait office de mairie. Puis, sur décision du directoire du département, les deux communes de Saint-Maur et La Varenne sont réunies fin 1791.

Le 16 janvier 1791, comme le curé de Saint-Maur et le desservant de Pont-de-Saint-Maur (act. Joinville-le-Pont), il prête le serment constitutionnel, dans son église et aux applaudissements de la population. Le serment était le suivant : « Je jure de veiller avec soin aux fidèles qui me sont confiés ; d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roy ; de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et sanctionnée par le Roy et notamment la constitution civile du clergé ».

Mais l’abbé Duval refuse de verser le « don patriotique » qui était exigé de lui en avril 1791. L’historien Émile Galtier relate : « Le maire et les officiers municipaux n'étaient pas reçus quand ils se présentaient chez lui ; il se contentait de passer la tête par-dessus le mur du jardin pour les éconduire. Dans le rapport où ils se plaignaient de son mauvais vouloir, nous trouvons ce reproche, sans doute exagéré par les passions du temps : ‘Mais la conduite du sieur curé a toujours été la même et les trois-quarts de ses paroissiens se privent de faire leurs Pâques, à défaut de confiance auprès de lui, lui voyant l'âme aussi noire que l'habit qu'il porte’. »

Le père Jean Baptiste Duval meurt le 4 novembre 1793 à Saint-Maur-des-Fossés, la commune de La Varenne ayant été rattachée au bourg de Saint-Maur. Les deux anciens maires de La Varenne sont les témoins qui déclarent son décès : Jean-Jacques Géant, laboureur et Jacques Maurice Bouillon, aubergiste, devenu membre du conseil général de la commune de Saint-Maur-des-Fossés et faisant office d’officier d’état-civil pour La Varenne. Le curé n’est pas remplacé et l’église sera détruite, avant que bien ultérieurement un autre lieu de culte ne soit construit à La Varenne. Son décès clôt le registre d’état-civil séparé de La Varenne.

La Boucle de la Marne

 

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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 01:01

Suite de la biographie de Louis Soullière

Sa disgrâce terminée, Soullière est de nouveau nommé commissaire à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en mars 1897, mais il est transféré immédiatement dans la commune voisine de Saint-Ouen où il inaugure, en janvier 1898 un nouveau commissariat de police. En octobre la même année, il rejoint Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il y crée une brigade d'agents cyclistes, qui est à l’origine de l’arrestation de malfaiteurs qui s’attaquaient aux promeneurs dans le bois de Boulogne, désignés comme la bande du « Grand Caïman ».

En août 1901, Soullière, ouvre une enquête suite au cambriolage du Pavillon des Muses, propriété située boulevard Maillot de Robert de Montesquiou, alors en villégiature à Capvern, dans les Pyrénées. Le comte, poète, dandy et critique d'art, était très proche du milieu littéraire de son époque. Il entretint une abondante correspondance avec Marcel Proust, pour lequel il fut un des inspirateurs d’un des personnages de La Recherche du temps perdu, le baron de Charlus.

Promu commissaire de police de la ville de Paris, Soullière est chargé du quartier de Javel (15e arr.) en mai 1902. Il devient commissaire-chef deux ans plus tard et est nommé à la tête de la première brigade des recherches, dite brigade des jeux. Il organise de très nombreuses opérations de police dans les Cercles de jeux parisiens. Mais il conduit également des enquêtes sur l’exercice illégal de la médecine ou le trafic de drogue. En avril 1906, il réalise une perquisition au siège du Comité antimaçonnique et chez son président, l’abbé Joseph Tourmentin, s’attirant une protestation dans les milieux catholiques.

Le quartier Le Soleil, commente son attitude en juin 1906 dans les Propos d’une parisienne : « Il y a des magistrats qui ont du tact et savent à l’occasion se montrer conciliants, voire même courtois en certaines circonstances. (…) M. Soullière, par exemple ! l’intelligent commissaire de la première brigade des jeux. Dernièrement encore il faisait une descente dans un cercle mixte, quand il s’aperçut qu’à son entrée une femme très élégante, en robe décolletée, avait brusquement saisi l'enjeu et l'avait vivement caché dans son corsage, puis... simulant un évanouissement, s'était laissé tomber dans un fauteuil. Le tenancier du cercle, avec un air de circonstance, cherchant à attendrir M. Soullière, lui demanda l’autorisation de faire conduire Mme X... à sa voiture. (…) Le spirituel commissaire des jeux, moins farouche et plus humain que celui de Longchamp, mais ne voulant pas laisser croire qu’il était dupe de la comédie, se tourna vers ses agents et d’un geste plein de convoitise : Messieurs, leur dit-il, laissez passer la cagnotte. »

Avant les législatives, Soullière produit en avril 1910 un rapport sur « La Ligue patriotique des Françaises et les élections », une institution qu’il surveille depuis deux ans. Il souligne le rôle des jésuites dans la mobilisation féminine selon l’historienne Magali Della Sudda, qui relève la « bonne connaissance de l’association et de l’inquiétude que suscite la compagnie de Jésus » à une époque où le « péril clérical » reste un thème politique important, le gouvernement et la presse voyant dans les jésuites une « Internationale noire (…) aux ordres d’une puissance étrangère. »

En avril 1911, tout en restant chargé du service des jeux, M. Soullière est nommé commissaire divisionnaire. Il fait partie, en novembre 1912 de la commission chargée d’étudier la réglementation des séances publiques de boxe. Il fait également saisir la comptabilité du Sou du Soldat et de nombreux documents dans les bureaux de la Fédération communiste anarchiste, rue Henri-Chevreau, en mai 1913.

Après la première guerre mondiale, durant laquelle il dirige un des districts de la police de Paris, M. Soullière, est chargé en décembre 1919 du service des locataires expulsés et des réfugiés. Le journaliste et écrivain Gabriel Reuillard, proche du romancier Henri Barbusse, l’interroge pour le quotidien socialiste L’Humanité qui publie leurs longs échanges le 26 janvier 1920 :

« - Ce que je fais des personnes qui viennent me demander un domicile, nous dit-il, je les héberge, actuellement, boulevard Jourdan, en des masures dont je suis en quelque sorte le gérant.

- Sont-elles nombreuses et habitables ?

- Euh !... On doit en trouver d'autres plus vastes et mieux aménagées, car les solliciteurs sont nombreux et je suis accablé de requêtes.

- Prévoyez-vous que la crise actuelle puisse avoir une fin prochaine ?

- Hélas ! je te voudrais ; mais je n'y vois pas de solution possible avant des années ! Car les raisons qui l'ont provoquée et qui ne cessent de l'entretenir sont loin de disparaître, La crise provient de la congestion de Paris pendant la guerre Les régions libérées ne sont pas reconstruites et un grand nombre de réfugiés ne peuvent regagner encore des pays dévastés et que l'on ne se hâte pas, il faut le dire, de reconstruire. C'est difficile, je le sais : pas de transports, de matériel, de machines et peu de main-d’œuvre. Alors... Alors...

- Alors, il faudra des années ?

- Des années... Du moins, c'est à craindre... Ce sont aussi les expropriations de plus en plus importantes et de plus en plus nombreuses de maisons d'habitation à cinq, six ou sept étages, en vue de l'agrandissement de tel ou tel grand magasin ou pour souscrire à la folie d'édification de cafés, de dancings, de restaurants, de cinémas ou de boites à spectacles ou à plaisirs, qui aggravent le mal. Le gouvernement devrait autoriser les administrations qu'il a chargées de chercher des remèdes à cet état de choses, à employer des mesures énergiques.

- Lesquelles ?

- Elles sont très simples. Ce ne sont, pas les logements inhabités qui manquent. Tel ou tel grand appartement que je pourrais citer abrite depuis 7, 8, 9 ou 10 ans, le mobilier de familles qui se sont retirées au bord de la mer ou à la montagne. Ce système de garde-meubles est onéreux, me dites-vous. Ces personnes-là sont riches. Quelques milliers de francs par an de plus ou de moins, n'est-ce pas, pour elles !...

Et les maisons entières, les maisons d'exhibition ou de rendez-vous, les garçonnières de toutes sortes !...

Il faudrait pouvoir réquisitionner tous ces logements et distribuer les locaux disponibles à ceux dont la mauvaise volonté de certains propriétaires intransigeants a l'ait comme une espèce nouvelle de vagabonds...

Il faudrait, il faudrait que l'on nous autorise à prendre des mesures énergiques. »

Et M. Soullière ajoute :

« - Tout le mal provient de ce que certains ont trop de moyens et de ce que d'autres n'en ont pas assez. De là le déséquilibre constant entre les situations, les heurts de plus en plus fréquents, de plus en plus violents, de plus en plus pénibles, entre les individus de catégories diverses. Les uns ont trois ou quatre appartements spacieux, les autres n'en ont pas du tout. Et pour tout, c'est la même chose ! »

L’écrivain pacifiste conclut : « La conclusion de cette juste argumentation ? M. Soullière ne pouvait la formuler : le caractère et l'essence même de ses fonctions le lui interdisent, on le comprend. Mais son impression pessimiste demeure et l'on s'explique combien il est difficile, impossible même, de trouver une solution : équitable à la crise des loyers dans l'état actuel de notre société bourgeoise. »

Louis Soullière prend sa retraite en octobre 1920. Il meurt le 22 octobre 1934 à Boulogne-Billancourt, où il résidait rue de l'Est. Il était âgé de 73 ans.

Un médecin, ami de longue date de la famille, rapporte, dans la Revue métapsychique en 1935, que le décès de Louis Soullière fut pour lui l’objet, la veille, d’une « monition de mort ». Il raconte sa disparition : « M. Soullière qui avait été bien portant, gai et allant le 21 octobre, fut réveillé le lundi 22 octobre, à 2h moins le quart, par une crise d’étouffement, accompagnée d’un vomissement. Il dit « J’étouffe, comme j’étouffe ! ». Sa femme envoya de suite sa bonne chercher un docteur dans le voisinage. Celui-ci arriva et lui mit des ventouses. M. Soullière dit : « S'il me faut encore souffrir comme ça, j'aime mieux mourir. » Et il expira à trois heures moins le quart. »

Le commissaire Soullière était officier dans l’ordre de l'Étoile noire du Bénin (Dahomey) depuis mai 1900, commandeur dans celui du Medjidié (empire Ottoman) depuis février 1905, décoré des Palmes académiques comme officier d'académie en décembre 1905. Il était chevalier de l'ordre de Victoria, dont la croix lui avait été remise en mai 1906 par le roi d'Angleterre Edouard VII. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en février 1919.

Son épouse avait accouché d’un enfant sans vie en octobre 1892. Par testament rédigé en 1925, il lui avait légué 50 000 francs. Elle sollicita, mais n’obtint pas, une aide du conseil général du département, en sus de sa pension de réversion.

Fin

Un cercle de jeux à Paris

 

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