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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 00:01

Louis Jean Etienne Boullin naît le 27 décembre 1899 à Doux (Deux-Sèvres). Il est le fils de Marie Caillaud et de son mari, Emmanuel Boullin, cultivateurs.

Après avoir terminé des études secondaires avec un baccalauréat ès lettres, Louis Boullin est incorporé par anticipation sur sa classe d’âge du fait de la première guerre mondiale en avril 1918 dans le 125e régiment d’infanterie. Il devient caporal en avril 1919 puis sergent en juin de la même année. En novembre 1919, il est détaché au sein de l’école normale de gymnastique militaire de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord comme garde magasin puis au sein de l’état-major de l’établissement. Il se blesse, en mars 1921 au cours d’une partie de football en service commandé. Il est démobilisé en juin la même année. Pendant son service militaire, il a effectué deux séjours en Allemagne, dans les forces d’occupation des pays rhénans, à l’automne 1919 et au printemps 1921.

Pendant sa période à l’armée, Louis Boullin manifeste déjà un engagement politique, en souscrivant à au moins quatre reprises entre 1918 et 1920 pour soutenir le mouvement royaliste Action française. Il épouse, à Joinville, Germaine Gorain en décembre 1921 et reste dans la commune après la fin de son service.

Continuant son engagement à l’extrême-droite, Louis Boullin est un des fondateurs en 1925 de la section de Joinville-le-Pont du mouvement Action française, dont les membres étaient antérieurement attachés à un groupe à Nogent-sur-Marne ; il en est le contact public et collecte l’argent des appels aux dons. Il organise, chez ses beaux-parents, un dîner en l'honneur des jeunes partant au service militaire. Lorsque la section est définitivement constituée, en mai 1926, c’est Charles Pernot, un employé d’origine péruvienne, qui en devient le président.

Après avoir cherché, en septembre 1925, un emploi de secrétaire particulier, Louis Boullin est embauché par la compagnie des Chemins de fer du Nord en 1926. Il se remarie, en juillet 1926 à Joinville avec Hélène Henriette Carmen Rouget.

En tant que cheminot, Louis Boullin va continuer son activité au sein de la Corporation des transports, une structure affiliée à l'Union des corporations françaises (UCF), organisation que tente de mettre en place le mouvement de Charles Maurras pour renforcer sa base sociale en véhiculant l’idéologie corporatiste. Elle édite le journal Le Rail. Dans ce cadre, en mai 1926, Boullin organise le service d’ordre pour la venue du duc d'Orléans à Paris. Il présente deux des trois rapports soumis au quatrième congrès de la corporation, en janvier 1928, l’un sur les revendications des cheminots, l’autre sur les résultats de la propagande. Selon l’historien Olivier Dard, ceux-ci sont très mauvais, le nombre d’adhérents étant négligeable. La famille Boullin s’est installée à Paris (10e arr.), rue du Faubourg-Saint-Denis, à proximité de la gare du Nord. En 1936, il est chef de gare.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Louis Boullin est affecté spécial pour les chemins de fer, en tant que facteur aux écritures. Il est démobilisé en juin 1940. Il s’installe à Saint-Quentin (Aisne) où, en 1946, il est contrôleur de l'exploitation de la SNCF. Il se sépare de son épouse en septembre 1943.

Louis Jean Etienne Boullin meurt le 4 août 1976 à Gagny (Seine-Saint-Denis). Il avait eu quatre enfants, deux paires de jumeaux, de son second mariage, nés en 1933 et 1934.

 

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24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 00:01

François Xavier Paul Eugène Boivin naît le 27 juin 1870 au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il est le fils d’Hortense Anaïse Duval et de son mari Jean Baptiste Germer Boivin, instituteur.

Après avoir fait des études à l’école nationale des Arts et métiers, François Paul Boivin vit à Yerville, commune du pays de Caux dans son département d’origine. Il exerce la profession de dessinateur. Ayant obtenu son diplôme, il est dispensé partiellement de service militaire et n’est mobilisé que pour un an au lieu de deux entre novembre 1891 et septembre 1892, dans le 11e régiment d’artillerie. Il est nommé brigadier en mai 1892

Le mariage de François Paul Boivin, qui était revenu au Havre, avec Adèle Marguerite Guérin est célébré en octobre 1893 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils s’installent dans cette commune dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Il réalise un voyage professionnel en Allemagne en avril 1894.

À partir de 1903, il s’établit comme ingénieur et adhère à la Société des ingénieurs civils de France. Il crée, toujours à Joinville, son entreprise de miroiterie en 1911 à son domicile.

L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes cite en avril 1904 le nom de Boivin comme étant, avec Dalbavie, Raoult et Moulinet, un des quatre conseillers municipaux qui ont abandonné le maire sortant, Eugène Voisin, au profit des « adversaires de la République » et de la « coalition réactionnaire », qu’ils associent au nationalisme et au cléricalisme. Cependant, Boivin n’avait pas été élu en 1900 et il est peu probable qu’il ait obtenu un siège au cours d’une élection partielle ; il n’est pas candidat en 1904 et ne revendiquera pas une qualité d’ancien élu en 1919. Il s’agit probablement d’une confusion avec François Provin, effectivement conseiller municipal sortant et allié aux trois autres cités.

Il n’est pas douteux cependant que Boivin s’intéresse à la politique. Il participe à l’activité de la Ligue des Patriotes, un mouvement pionnier du nationalisme français ; il souscrit en février 1914 pour la réalisation d’un monument en mémoire de Paul Déroulède, fondateur du mouvement.

Rappelé au début de la première guerre mondiale en septembre 1914, il est renvoyé dans ses foyers en octobre, sans doute pour poursuivre l’activité de son entreprise. De nouveau rappelé en mai 1915, il est détaché à la Maison Varoult à Rouen (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il est démobilisé en décembre 1918.

Lors des élections municipales de novembre 1919 à Joinville, Boivin rejoint la liste du bloc indépendant, menée par deux élus sortants, Jules Beauvais, qui avait conduite en 1912 la liste libérale, et Georges Bitterlin, membre de l’Action française (royaliste). La liste fait face à celle de la plupart des sortants, sauf le maire Ernest Mermet, qui ne se représente pas ; elle est conduite par Henri Vel-Durand, ancien radical, avec l’appui des radicaux-socialistes et la participation de certains socialistes indépendants. Enfin, le parti socialiste SFIO présente aussi une liste, avec Georges Laruelle à sa tête.

Le bloc indépendant arrive en troisième position avec 26,2% des votes, derrière la SFIO à 29,0% et l’union républicaine et sociale à 44,8%. Boivin recueille 440 voix sur 1 694 suffrages exprimés (26%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. Le bloc indépendant se retire après le premier tour, et la liste d’Henri Vel-Durand emporte tous les sièges. L’ancien maire, Mermet, meurt le soir du second tour.

En 1926, Boivin est membre du conseil d’administration du comité de Saint-Maur, Joinville et Créteil de la Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge).

Vers 1930, il transfère probablement la responsabilité de sa miroiterie à son gendre, Gabriel Bureau. L’activité a été transférée à Paris (12e arr.).

François Paul Boivin meurt le 2 novembre 1935 à Joinville. Il était âgé de 65 ans et père d’une fille.

Le pont de Joinville en 1916

 

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22 mai 2021 6 22 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie de Gabriel Bureau

Sous l’impulsion d’un ancien conseiller municipal de Joinville, Auguste Hautemulle, négociant en vins, Gabriel Bureau se présente lors des élections cantonales de la 2e circonscription du canton de Saint-Maur, qui comprend les communes de Bonneuil, Créteil, Joinville et une petite section de Saint-Maur-des-Fossés. Il se présente comme « républicain indépendant pour la paix, l’ordre, le travail » avec un programme axé sur la défense des anciens combattants. Il est étiqueté républicain national, groupement à droite sur l’échiquier politique français.

Sont également en lice le sortant, Louis Auguste Prieur, radical indépendant, le communiste André Parsal, un radical-socialiste, un autre radical indépendant et un socialiste indépendant. Au premier tour, Bureau arrive en tête à Joinville, avec 39% des suffrages exprimés. Cependant, il obtient des résultats beaucoup plus modestes dans les autres communes. Dans tout le canton, il recueille 1 072 voix soit 19,1% des 5 620 suffrages exprimés pour 5 685 votants sur 7 573 inscrits. Le communiste arrive en tête avec 36,4% devant le sortant qui a 30,5%.

Un représentant du parti social-national, Claude Noizat, appelle Bureau à « se désister, pour l’ordre, pour la liberté, pour tous ceux qui pensent français ». Il réclame un « Front national contre front commun », les radicaux-socialistes soutenant, au second tour, le candidat de gauche. Bureau maintient cependant sa candidature. Si son score est limité à 232 voix, soit 4,9% des 5 718 suffrages exprimés, sa présence suffit cependant à faire pencher la balance en faveur de Parsal, qui devance de 57 voix Prieur.

Le 18e congrès national des mutilés et anciens combattants tient sa dernière journée en juin 1935 à Joinville-le-Pont. Bureau y accueille le ministre des pensions, Henri Maupoil.

En novembre 1936, Gabriel Bureau est signataire, au nom de la société des mutilés et anciens combattants, d’un appel commun en faveur de la paix à l’occasion de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 avec André Blocher, responsable de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), proche des communistes et Robert Derivière, en charge de la Fédération ouvrière et paysanne des anciens combattants, militant socialiste SFIO. Il s’associe de nouveau à un appel lancé par le Comité local du Rassemblement universel pour la paix en juillet 1938, s’indignant des bombardements effectués sur les villes espagnoles. Les cosignataires sont le maire de Joinville, Léon Lesestre (droite), le délégué de la Confédération générale du travail, J. Carré et de nouveau Blocher.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Gabriel Bureau poursuit l’exploitation de son entreprise. Il est nommé en juin 1942 membre de la commission provisoire d'organisation pour la famille professionnelle du verre puis, en janvier 1944, membre du conseil d'administration du Syndicat unique des employeurs de la famille du verre qui couvre les départements de la Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne.

Cependant, à côté de ces fonctions officielles, Gabriel Bureau s’était engagé dans la résistant à l’occupation allemande. Il rejoint, en novembre 1940 le réseau Saint-Jacques, créé trois mois plus tôt par Maurice Duclos. Le réseau Saint-Jacques a été un des premiers réseaux de résistance de la France occupée. Missionné par le premier ministre anglais Winston Churchill, Duclos a orienté son activité vers le renseignement. Son réseau sera ensuite intégré au Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), sous les ordres du capitaine Passy.

Après-guerre, Gabriel Bureau est président du groupement des anciens combattants de Joinville. Il a cédé la présidence de la Société des mutilés et anciens combattants à Georges Delsaux.

En matière professionnelle, Gabriel Bureau reste gérant de la miroiterie Bureau et Cie. Il la fusionne, en janvier 1954 avec une autre société et cède alors sa responsabilité de dirigeant.

Gabriel Bureau meurt le 18 juillet 1956 à Paris (11e arr.). Il était âgé de 61 ans et père de deux enfants. Décoré de la Croix de guerre, il était chevalier de la Légion d’honneur depuis décembre 1916 puis officier dans cet ordre en mai 1934.

Fin

Insigne du réseau Saint-Jacques

 

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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 00:01

Début de la biographie de Gabriel Bureau

Gabriel Alphonse Narcisse Bureau naît le 18 août 1895 à Saulnières (Eure-et-Loir). Il est le fils de Louise Charlotte Cécile Marchand et de son mari Prosper Émile Bureau, cultivateur. Il suit l’enseignement du pensionnat Jean-Baptiste-de-La-Salle à Rouen (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), rue Saint-Gervais.

À la fin de ses études, devenu métallurgiste, il est appelé pour son service militaire en décembre 1914. D’abord affecté au 4e régiment de zouaves, il postule pour devenir officier et est nommé aspirant en avril 1915. Promu sous-lieutenant en juillet 1915, il rejoint le 1er régiment de zouaves puis le 3e régiment mixte de zouaves et de tirailleurs africains. Il est grièvement blessé en mai 1916, par un éclat d’obus qui l’atteint à l’épaule, au front et à la cage thoracique, tandis que sa main droite restera inutilisable. Il combattait alors à la tête de sa compagnie sur la cote 304, près de Verdun (Meuse) pour rétablir un réseau téléphonique.

Le comportement de Bureau lui vaut quatre citations, dont une à l’ordre de la brigade, une à l’ordre de la division et une à l’ordre de l’armée. Il est promu lieutenant en décembre 1918.

Ayant vécu antérieurement boulevard Magenta à Paris (10e arr.), Gabriel Bureau épouse Jeanne Marie Pauline Fanny Boivin en octobre 1918 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille d’un ingénieur et militant nationaliste, Frédéric Paul Boivin. Le couple s’installe dans une maison contigüe à celle des Boivin, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc.

Sur le plan professionnel, Gabriel Bureau devient représentant de commerce pour le bureau d’ingénieurs de son beau-père. Il exercera cette activité jusqu’au milieu des années 1920.

Dans sa ville, Gabriel Bureau prend l’initiative, avec Simon Lavogade, Émile Muckensturm et Étienne Pégon, de créer la Société des mutilés, réformés et veuves de guerre de Joinville en mars 1919. Il en est le président. L’association d’agrandira en regroupant en 1928 les anciens combattants titulaires de la carte et les victimes de guerre ; elle deviendra la Société des anciens combattants de Joinville.

L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes publie, en novembre un article consacré au discours prononcé le 1er novembre 1925 devant le monument au morts par Bureau. L’article était intitulé « Une menace fasciste à Joinville » et le journal assure que « la réplique courte mais cinglante du représentant du ministre ne laisse aucun doute » sur le fait que l’allocution était « un appel au fascisme. »

En 1930, Gabriel Bureau est devenu un industriel, patron d’une miroiterie installée avenue Ledru-Rollin, à Paris (12e arr.). Il participe en décembre de cette année à la constitution d’un syndicat d’initiative à Joinville, dont le restaurateur Robert Maxe, premier adjoint au maire, est président et dont il est le vice-président. Il prend en charge l’organisation des fêtes. En juin 1932, le syndicat d’initiative fusionne avec l’Union des industriels de Joinville.

Au sein de la Fédération des associations de mutilés, victimes de guerre et anciens combattants, Bureau présente, en association avec le maire de Joinville, Léon Lesestre, qui en est vice-président, un rapport sur le chômage présenté au congrès de 1933. Il conseille, en avril 1935, Louis Caillon, exploitant de la ferme de la Faisanderie dans le Bois de Vincennes, qui est expulsé de son établissement que la ville de Paris veut reprendre ; anciennement sur le territoire de Joinville-le-Pont, la ferme a été annexée en 1929 avec l’ensemble du Bois. Bureau met en relation Louis Caillon avec Henri Dorgères, président du Front paysan, qui avait fondé les Chemises vertes, groupe à l’idéologie proche du fascisme italien.

À suivre

Le monument aux morts de Joinville-le-Pont

 

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18 mai 2021 2 18 /05 /mai /2021 00:01

Désiré Urbain Bagnol naît le 14 février 1885 à Mazan (Vaucluse) Il est le fils d’Anne Joséphine Milhe-Poutingon et de son mari Julien Nicolas Bagnol, épicier.

Le père étant devenu garnisseur, employé du chemin de fer Paris-Lyon-Marseille, la famille vit dans le département du Rhône, probablement à Saint-Genis-Laval. Désiré Bagnol anticipe à 18 ans son service militaire en tant qu’engagé volontaire pour trois ans au 95e régiment d’infanterie entre 1903 et 1906. À la sortie de l’armée, il épouse en septembre 1906 à Oullins, Éléonore Sauvan, originaire d’Arles. Il est alors commis d’économat, probablement à l’hospice Saint-Pothin (act. hôpital de l'Antiquaille Lyon).

Pendant la première guerre mondiale, Bagnol est d’abord mobilisé en août 1914 au 159e régiment d’infanterie puis affecté, en septembre, à la 18e section d’infirmiers. Il est affecté, en 1916, à l’hôpital militaire d’Alix dans le Beaujolais (Rhône).

Après le conflit, son épouse décède alors qu’il est toujours mobilisé à l’hôpital d’Alix en février 1919, lui laissant une fille âgée d’un an. Il est démobilisé le mois suivant et s’installe à La Mulatière, dans la banlieue lyonnaise puis en Arles (Bouches-du-Rhône). Il s’y remarie en février 1921 avec Marie Magdeleine Bouisson.

On retrouve Désiré Bagnol en région parisienne quand il acquiert, en mai 1937 des parts de la Société d'exploitation du Joinville-Palace, un des cinémas de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), située rue du Pont (act. rue Jean-Mermoz). Il devient le directeur de l’établissement et s’installe rue de Créteil (act. avenue du Maréchal-Leclerc).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Bagnol organise dans son établissement une soirée en faveur du Secours national entraide d’hiver du maréchal, organisme caritatif se revendiquant du chef de l’État, le maréchal Pétain. Elle est animée par Mme Dumas et groupe lyrique de Joinville.

Un arrêté du 20 février 1942 nomme Désiré Bagnol, toujours directeur de cinéma, en tant que conseiller municipal de Joinville-le-Pont. Le maire est resté Léon Lesestre, qui avait été élu en mai 1935 et a été maintenu à son poste par les autorités de collaboration avec les occupants allemands. En août 1944, le comité local de libération occupe la mairie et prend la place des membres nommés du conseil municipal ; le maire et les adjoints sont arrêtés.

Après la guerre, Désiré Bagnol quitte la ville pour la Côte d’Azur. Sa présence est mentionnée à Nice (Alpes-Maritimes) en octobre 1957. Il y meurt le 10 mai 1959, âgé de 74 ans. Il était père d’une fille.

La rue du Pont à Joinville

 

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie d’Honoré Jullien

L’année 1908 voit trois listes concourir aux élections municipales du mai à Joinville-le-Pont, plus un candidat indépendant. À la liste du comité radical-socialiste, menée par Eugène Voisin, s’ajoutent celle du parti socialiste SFIO et une autre d’un comité socialiste évolutionniste, qui regroupe d’anciens radicaux ou socialistes et des personnalités de tendance libérale. Les radicaux entendent mener « une gestion sage et une administration prudente des finances de la commune ». Ils veulent réaliser des économies, encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité. Ils marquent également leur opposition à de nouveaux impôts, et enfin confirment leur souhait de faire un compte-rendu de mandat annuel. Tandis que la SFIO n’a pas d’élu, l’indépendant rentre au conseil en même temps qu’un des candidats évolutionnistes. Les radicaux se retrouvent à 21 sur 23 sièges. Cependant, Jullien n’est pas élu, recevant du second tour 488 voix sur 1 188 suffrages exprimés (41,1%).

Les évolutionnistes avaient mis en cause directement les candidats de la liste radicale « Si vous êtes satisfaits du gaspillage des finances municipales ; si vous approuvez les scandaleuses concessions accordées ; si vous voulez supprimer l’abus des subventions qui paient les complaisances électorales ; chassez de la mairie les mauvais administrateurs et votez pour nous ! Voter pour Vel-Durand, c’est voter pour l’incohérence ; voter pour Briolay, c’est vouloir continuer l’anarchie qui règne au conseil municipal ; voter pour Jullien et Villain, c’est voter pour la dictature. »

Selon le chroniqueur du journal radical Voix des communes, Louis Rey, Jullien « avait été battu par une coalition de rancunes et d’appétits ». En juin, le comité radical-socialiste lui offre un banquet où se retrouvent « tous les conseillers municipaux républicains de Joinville ». Il y a 50 couverts, en alternant un membre du conseil municipal et un membre du comité ; il se tient dans son restaurant, et un bronze lui est offert au nom du comité ainsi qu’une plaquette en argent au nom du conseil municipal. Le journal des évolutionnistes, L’Indépendant qualifia l’évènement de repas des « Mille-et-un-regrets. »

Ayant siégé pendant trente ans au conseil municipal, dont dix comme conseiller et vingt comme adjoint au maire, de 1878 à 1908, Honoré Jullien ne quitte pas la vie publique après sa défaite de 1908. En décembre, bien que n’étant plus élu, il est désigné comme délégué sénatorial.

Le restaurant Jullien reste un lieu important de la vie politique dans la circonscription. Il accueille ainsi en janvier 1909 un congrès pour désigner le candidat radical-socialiste à l’élection législative partielle liée à l’élection au poste de sénateur d’Adolphe Maujan. Il y a plus de 600 participants dans une ambiance commentée par la presse radicale : « agitation, vivacité, effervescence, émotion ». C’est Amédée Chenal qui est désigné, après plusieurs désistements. Il est élu, au second tour, face au socialiste SFIO Albert Thomas.

Lorsque que le préfet entend, en juin 1909, remettre en vigueur une ordonnance de Colbert, datant de 1669 et fixant une taille minimale aux bateaux, au côté de Rey et de Perre, conseillers municipaux et pour ce dernier constructeur de barques, Jullien est mobilisé avec deux autres constructeurs pour se rendre en audience auprès du sous-secrétaire d’État à l’intérieur, qui se trouve être le nouveau sénateur Maujan. Sur son instruction, le préfet réexamine sa circulaire.

Sur l’île Fanac, la guinguette Jullien est toujours sollicitée pour les manifestations politico-sociales. L’Union fraternelle, groupement de francs-maçons, y banquète en octobre 1909 pour défendre de l’école laïque et exprimer sa sympathie envers le pédagogue libertaire espagnol Francisco Ferrer, fusillé après avoir été accusé par le clergé catholique d'être l'un des instigateurs de l’insurrection de Barcelone.

Au premier trimestre 1910, comme toutes les constructions situées dans les zones basses sur les bords de Marne, Chez Jullien est inondé lors de la crue exceptionnelle de la rivière. Jullien fait partie avec Paul Purrey, franc-maçon et futur maire de Wissous (Seine-et-Oise, act. Essonne) de la commission nommée par le préfet et chargée de déterminer la nature et l’importance des dégâts causés par les crues de la Marne. L’activité reprend pendant l’été, et le restaurant sert même de lieu de substitution à la mairie, en cours de reconstruction à l’automne de cette année, pour la remise de prix de l’Association philotechnique, principale structure locale d’éducation populaire.

En mars 1912, Jullien est à l’origine de la création d’une société de secours mutuels intitulée Mutualité scolaire de Joinville-le-Pont. Elle est officiellement approuvée par arrêté en avril la même année. Jullien en est le président, tandis que deux instituteurs de chacune des école sont vice-présidents. L’objectif de la mutuelle est d’assurer des secours aux parents en cas de maladie ou blessures et de constituer des pensions de retraites à ses adhérents.

Cependant, la défaite des radicaux-socialistes lors des élections municipales de mai 1912 conduit Jullien à présenter sa démission, pour tenter d’éviter une rupture entre la nouvelle association et la municipalité. Il est remplacé par le docteur Pierre Vallat, lui aussi radical-socialiste et ancien conseiller municipal, mais dont le statut de médecin réputé est supposé faciliter la relation. Cependant, il n’obtient pas lui non plus, le versement de la subvention attribuée par le conseil municipal précédent.

Pendant la guerre, le restaurant continue de fonctionner, mais il semble avoir du mal à recruter son personnel.

Le retour, en novembre 1919, d’une municipalité dans laquelle figurent des radicaux fait que Jullien est de nouveau désigné, en décembre, délégué sénatorial.

En octobre 1920, Jullien met en vente son hôtel restaurant. Il reste sur l’île Fanac, mais déménage avec son épouse dans une maison voisine.

Honoré Jullien meurt à Joinville, le 9 août 1935, à l’âge de 73 ans. Il était décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en avril 1899 et officier de l’instruction publique en décembre 1904. Une salle de réunion de la mairie porte le nom de salle Jullien. L’ancienne guinguette Chez Jullien abrite l’école municipale de musique.

Fin

Guinguette Chez Jullien sur l'île Fanac

 

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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie d’Honoré Jullien

Lors des élections municipales de mai 1892 à Joinville-le-Pont, la liste Eugène Voisin, maire sortant, se retrouve confrontée à une liste de droite, dirigée par l’industriel Albert Bocquentin et le docteur Jean Barborin. Ces derniers recueillent 27% des 639 suffrages exprimés pour 644 votants au premier tour et ont un élu ; la liste Voisin, soutenue par le comité radical-socialiste, gagne les 22 autres sièges. Honoré Jullien est réélu avec 423 voix (66,2%) et reconduit en tant que premier adjoint au maire.

Pendant le mandat, Jullien siège à la commission de la caisse des écoles et préside celles de la bibliothèque et de l’octroi. Il participe également au travail de délimitation de la commune avec sa voisine de Nogent-sur-Marne mais en profite pour critiquer les lourdeurs de la procédure : il y a quatre habitants concernés par la modification des frontières, mais il faut sept membres dans le bureau chargé de les auditionner. Il propose en septembre 1894 au conseil municipal de faire « une grrrrande exposition des stupidités administratives » qu’il voudrait installer pendant l’Exposition universelle de 1900, selon l’hebdomadaire Voix des communes. Comme adjoint au maire et ancien combattant, il inaugure en décembre 1895 une plaque à la mémoire du 42e régiment d’infanterie de ligne, qui participa à la défense de Paris lors de la bataille de Champigny en décembre 1870.

Le scrutin municipal de mai 1896 constitue un moment particulier dans la vie du radicalisme à Joinville. Le maire, Eugène Voisin, qui a le soutien du comité radical-socialiste local est au faîte de sa popularité et sa liste est, exceptionnellement, élue sans concurrent avec une moyenne de 800 voix sur 918 électeurs inscrits. Le député est un radical joinvillais, Jules Ferdinand Baulard. Mais Alphonse Demeestère, pilier du radicalisme dans la circonscription est décédé deux mois avant et Henry Vaudémont, qui est la plume du mouvement dans l’hebdomadaire Voix des communes, quitte le conseil municipal de Joinville pour mourir quelques mois plus tard. Voisin est réélu maire, Jullien et Couppé le sont comme adjoints.

L’inauguration du groupe scolaire de Polangis-Palissy à Joinville, en avril 1899, est l’aboutissement d’une longue action des partisans de l’école laïque. Le préfet prend l’occasion pour décorer Jullien des Palmes académiques.

Retour à la normale lors des élections municipales de mai 1900. Le comité électoral socialiste-révolutionnaire présente une liste à Joinville. Elle n’empêche pas la liste Eugène Voisin, investie par le comité radical-socialiste, d’emporter tous les sièges dès le premier tour. Jullien arrive en seconde position des candidats, assez loin de Voisin toutefois, avec 661 voix pour 1 096 électeurs inscrits (60%). De nouveau, Voisin est maire, Jullien et Couppé adjoints.

En avril 1902, Jullien représente les joinvillais au sein du Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, structure locale du parti radical-socialiste nouvellement constitué, avec le député Baulard, le maire Voisin, huit conseillers municipaux et deux autres personnalités. Ce même mois, c’est lui qui préside une réunion de campagne pour l’élection législative de 2002, à laquelle Adolphe Maujan se présente pour succéder à Jules Ferdinand Baulard, qui termine son troisième mandat et fait ses adieux politiques. La réunion accueille deux contradicteurs, les candidats socialiste-révolutionnaire Renier et conservateur Fatoux.

En juin 1902, le Comité républicain radical-socialiste de Joinville devient une instance permanente. Jusqu’ici, les comités étaient formés à l’occasion de chaque élection et ne lui survivaient pas. Jullien fait partie des huit membres de son bureau. Alors que l’État et l’église catholique ne sont pas encore séparés, le conseil municipal doit se prononcer, en juin 1902, sur la demande d’installation des Sœurs enseignantes de la Providence. Il s’y oppose par 13 voix (dont celles de Voisin, Jullien et Couppé) contre 5.

Les partisans de l’installation des religieuses vont constituer le socle de la liste conservatrice qui va contester, en mai 1904, l’élection municipale. Le maire se présente cette fois-ci sur une liste qui affiche très clairement le programme radical-socialiste, assurant s’opposer au nationalisme et au cléricalisme de la « coalition réactionnaire », menée par Provin et Dalbavie. Les partisans du maire obtiennent en moyenne 50,2% des votes, contre 31,9% pour la droite et 14,9% pour les socialistes-révolutionnaires. Jullien est réélu dès le premier tour avec 632 voix (56,5%) sur 1 119 votants pour 1 363 inscrits. Il arrive en quatrième position. La majorité sortante se retrouve avec 22 sièges sur 23, la droite ayant un élu.

L’ancien député radical, Jules Ferdinand Baulard, électeur à Joinville, commente le résultat : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause ». Voisin et Jullien reprennent leurs fonctions de maire et d’adjoint, Paul Villain remplaçant Couppé pour le deuxième poste.

Ce remplacement va être un des éléments qui vont progressivement faire monter la tension dans le conseil municipal au cours du mandat. Henri Vel-Durand, qui était arrivé en second par le nombre de voix, a du mal à admettre qu’on ne lui ait pas proposé le poste d’adjoint.

À suivre

Chez Jullien sur l'île Fanac

 

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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie d’Honoré Jullien

Un mois après avoir été réélu maire en juin 1888, le républicain Gabriel Pinson meurt. Honoré Jullien fait partie des successeurs possibles selon les supputations de la presse, avec Nicolas Chéret et Jules Rousseau. Ce sera cependant le premier adjoint sortant, Eugène Voisin, qui prend la fonction en août 1888, tandis que Jullien devient premier adjoint.

Scellant le rapprochement avec les radicaux, le conseil municipal adopte une proposition de Demeestère pour participer à une manifestation à l’occasion du trente-septième anniversaire de la mort d’Alphonse Baudin, tué sur une barricade le 3 décembre 1851 à Paris alors qu'il s'opposait au coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte. Jullien fait partie de la délégation municipale qui va saluer ce « martyr du droit. »

Si sa clientèle principale est familiale, Chez Jullien accueille également des manifestations sociales. En janvier 1882, le fabricant de pianos Antoine Bord organise un banquet de 400 couverts pour remercier ses ouvriers qui, à l’occasion de la sortie du cinquante-millième instrument, lui avaient offert son buste en bronze, œuvre du sculpteur M. Mathurin Moreau. Bord assurait une participation de ses employés aux bénéfices de la société, innovation peu répandue. La fanfare municipale et la société de Tir organisent sur l’île Fanac leur bal annuel en 1890 et les pompiers font de même très souvent. Le comité s’action pour l’accès aux trains des ouvriers et employés y fait une fête familiale en 1898 et une réunion en avril 1905.

La vocation touristique de Joinville évolue, et l’établissement Jullien tente de s’y adapter. Dans les années 1880, la danse la principale raison de venir sur les bords de Marne, et Jullien est soumis à la concurrence d’autres bals à l’entrée gratuite. La pratique du canotage décline également. Un reportage du New-York herald en juin 1896 sur l’île Fanac montre le développement de l’usage de la bicyclette. Seulement, selon Honoré Jullien, les cyclistes arrivent trop fatigués pour ensuite pratiquer les sports nautiques. Son voisin, le constructeur de bateaux Turban, assure que « Le bicyclisme a tué tout par ici. »

La guinguette est le lieu également de réunions politiques, notamment celles d’organisations de gauche ; ainsi, le conseil municipal y tient, en mars 1894, son déjeuner annuel ; en juin 1898 l'Union des républicains radicaux-socialistes y offre, un banquet à l'occasion de la réélection de Jules Ferdinand Baulard à la députation. En janvier 1902, la Fédération socialiste révolutionnaire internationaliste de la 2e circonscription de Sceaux, accueille Charles Longuet, gendre de Karl Marx, pour présenter son programme axé sur la socialisation des moyens de production.

Le député nouvellement élu Adolphe Maujan reçoit, en avril 1903 dans le restaurant les instituteurs des cantons de Charenton, Nogent et Saint-Maur.

En décembre 1905, les comités républicains de la deuxième circonscription de Sceaux se réunissent dans l’île Fanac pour sélectionner leur candidat pour l’élection législative de mai 1906 ; ce sera le sortant Adolphe Maujan, choisi à la majorité des quelques 900 membres des vingt-quatre groupes radicaux et radicaux-socialistes présents Chez Jullien. En juin 1906, c’est au même endroit que le député réélu fête sa victoire, avec au menu la matelote d'anguilles Joinville, qualifiée de « triomphe culinaire de Jullien » par le quotidien Le Radical.

Le restaurant est vendu en juin 1900 au distillateur et commerçant René Martin, qui achète également l’hôtel-restaurant Bégat, toujours à Joinville. Cependant, Jullien reste l’exploitant du restaurant et continue de vivre sur place.

L’activité municipale de Jullien devient intense depuis qu’il est adjoint au maire. En janvier 1889, avec la plupart des républicains et tous les radicaux-socialistes de la commune, il appelle à voter contre le candidat populiste, le général Boulanger, lors d’une élection législative partielle du département de la Seine ; c’est cependant ce dernier qui l’emporte. Il est fréquemment désigné comme délégué sénatorial, à partir de décembre 1890. Le journaliste Henry Vaudémont assure qu’il « joue seul le rôle d’intelligence constante ».

Malgré l’estime que ce dernier lui porte, ils s’affrontent lors d’une élection municipale partielle, où Jullien soutient une liste tandis que Vaudémont en présente une autre. Ce dernier emporte trois des cinq sièges à pourvoir, tandis que ceux soutenus par Jullien ont les deux autres. Vaudémont et Jullien seront ensuite proches, le publiciste assurant qu’il a pour le restaurateur « une estime d’un calibre que je prodigue peu ». C’est chez Jullien que se discute, en avril, la désignation du deuxième adjoint, François Couppé.

En novembre 1890, Jullien assiste à la réunion où trois élus radicaux-socialistes (Demeestère, Diot et Vaudémont) rendent compte de leur mandat. Il demande au conseil municipal de souscrire au monument projeté pour le républicain socialiste Jules Joffrin, mais la majorité ne le suit pas, et une souscription particulière est lancée par Demeestère et Vaudémont. La même année en décembre, toujours avec Vaudémont, Jullien proteste contre l’inégalité de traitement entre Paris et la banlieue en matière d’approvisionnement en gaz et saisit de ce sujet les candidats au poste de sénateur.

Pour dynamiser la vie locale, et renforcer son attrait auprès de la clientèle parisienne, Jullien prend l’initiative de créer une commission des fêtes, avec la participation des commerçants de Joinville.

Fin octobre 1891, reprenant une idée chère aux radicaux-socialistes locaux, le conseil municipal organise un compte-rendu de mandat devant la population de Joinville. Seuls les deux élus les plus à droite de l’assemblée refusent d’y prendre part.

À suivre

Chez Jullien, île Fanac en 1891

 

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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 00:01

Début de la biographie d’Honoré Jullien

Honoré Jullien naît le 16 mai 1852 dans l’ancienne commune de Bercy, annexée ensuite en majeure partie dans le 12e arrondissement de Paris. Il est le fils d’Adèle Constance Chevalier et Jean Baptiste Honoré Jullien, restaurateur, originaire d’Allauch (Bouches-du-Rhône).

Son père, qui tenait un établissement quai de Bercy, constate l’engouement des parisiens pour les bords de Marne, devenus plus accessibles avec l’inauguration, en septembre 1859, du chemin de fer qui les relie depuis la gare de La Bastille. Il décide, vers 1863, de s’installer sur l’île Fanac, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il ouvre un établissement intitulé Chez Jullien. Selon la cuisinière et journaliste Catherine Vialard, Jean Baptiste Jullien est le créateur du potage Julienne. Le restaurant devient, selon le publiciste Émile de La Bédollière, le rendez-vous des canotiers et canotières et contribue à la prospérité touristique dominicale de Joinville.

Dans un ouvrage intitulé Les joyeuses dames de Paris (1867), J. Neuville, assure que « Si l'on dressait de nos jours une carte de Tendre, on ne pourrait se dispenser d'y tracer dans un coin les contours de l’île de Joinville-le-Pont. Un homme intelligent et qui s'entend à donner aux moindres détails de la vie de plaisirs une direction particulière, M. Jullien s'est établi dans ce nid de verdure et y a créé l'établissement le plus charmant, le plus complet, le mieux disposé que l'imagination d'un poète idyllique puisse rêver. »

La maison, d'aspect rustique, est à l'intérieur avec un décor d'Opéra. Neuville estime le lieu si différent de ce qu'on voit ordinairement dans les environs de Paris, qu'il en trace un tableau physiologique. Pour lui, Jullien, Marseillais d’origine, est un commerçant parisien ce qui implique qu’il soit « un artiste doublé d'un philosophe et d'un observateur ». La clientèle éclectique qui se recrute parmi les artistes, les gens de finances et les étudiants.

Pendant le siège de Paris, entre septembre 1870 et mars 1871, la commune de Joinville est la cible de plusieurs bombardements, le pont qui relie les deux rives, et dessert par un escalier l’île Fanac, est détruit. La presque totalité de la population se réfugie dans la capitale, où Jean Baptiste Jullien meurt en novembre 1870.

Alors âgé de 18 ans, Honoré Jullien a rejoint le 99e régiment de volontaires. Il participe aux combats de la bataille de Champigny, qui se déroulent en partie sur le territoire de Polangis, à Joinville, et blessé est à la partie supérieure de la cuisse droite. La Société nationale des secours aux blessés, qui vient de se constituer et a installé une ambulance dans le château du Parangon, à Joinville, lui octroie un secours de 200 francs.

Après la fin du conflit, Joinville est occupé par des troupes allemandes, notamment bavaroises, jusqu’en septembre 1871. Honoré Jullien reprend l’exploitation de la guinguette familiale et la développe de manière importante. Émile Zola, dans Au bonheur des Dames, (1883) décrit les employés venant y manger quelques œufs, de la friture et du poulet sauté.

En juillet 1877 à Levallois-Perret, Jullien épouse Eugénie Pauline Bellot ; ils auront en 1878 un fils, Henri, qui sera tapissier.

Le publiciste Louis Rey témoigne en 1912 : « Je connaissais Jullien, comme tous les parisiens ayant fréquenté Joinville, je le savais bon restaurateur, homme aimable ».

Les élections municipales de 1878 voient s’affronter le maire sortant, Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste, à la tête d’une liste conservatrice, et des républicains rassemblés derrière Gabriel Pinson, descendants de deux maires et d’un adjoint qui a tenu son poste près d’un demi-siècle. Dès le premier tour, 16 républicains sont élus, et 4 autres sur les 21 sièges à pourvoir au second. Pinson devient maire. Honoré Jullien est élu avec lui conseiller municipal.

Au cours du mandat, un incident éclate parmi les élus sur l’attitude à adopter vis-à-vis des anciens insurgés de la Commune de Paris, amnistiés en 1879 par le gouvernement républicain. Un des nouveaux élus, futur dirigeant du comité radical-socialiste de la circonscription, Alphonse Demeestère, lance une souscription pour venir en aide à l’un d’entre eux, malade et sans ressource, Adolphe Morandy. Mais Pinson s’y oppose et fait voter par une majorité du conseil, dont Jullien, une motion au sein du conseil dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère ». La presse s’étonne d’un tel comportement, n’y votant rien de blâmable, mais Pinson considère que Demeestère voulait se mettre en avant.

Comme la plupart des fidèles de Pinson, Jullien est réélu au cours des élections municipales de mai 1881. Les personnalités les plus radicales, comme Demeestère, ont été écartées.

Le scrutin suivant, en mai 1884, voit Pinson revenir mais les radicaux retrouvent leur place, avec notamment Demeestère et Jules Ferdinand Baulard, futur conseiller général et député. Jullien retrouve son poste dès le premier tour, comme 17 des 21 conseillers. Il est désigné comme secrétaire de l’assemblée. Il prend ses distances avec Pinson, auquel il reproche, en 1884, en plein conseil municipal d’avoir donné à chacun de ses « conseillers lèches-bottes » « son morceau de sucre ». L’assemblée lui vote alors un blâme ; Jullien abandonne sa fonction de secrétaire du conseil.

À la fin du mandat, Jullien s’est notablement rapproché de Demeestère, s’opposant par exemple avec lui au montant de l’octroi imposé sur les marchandises entrant dans la commune, contre la majorité du conseil.

Cependant, lors des élections municipales de mai 1888, Jullien reste fidèle à Pinson, qui se retrouve avec la concurrence d’une liste radicale-socialiste dirigée par Demeestère. Il est réélu dès le premier tour avec 337 voix sur environ 550 suffrages exprimés (61%). Les radicaux font élire trois des leurs, dont Demeestère. Pinson est réélu maire, Eugène Voisin est premier adjoint et Honoré Jullien devient le second adjoint.

À suivre

Chez Jullien, île Fanac, 1886

 

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8 mai 2021 6 08 /05 /mai /2021 00:01

Victorin Léon Soyez naît le 11 novembre 1870 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Victorine Julie Robberechts et de son mari Louis Antoine Soyez, mécanicien. La famille séjourne rue Amelot mais réside à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Comme la quasi-totalité des habitants du village, elle s’est réfugiée dans la capital pendant le siège de Paris par les troupes allemandes entre le 4 septembre 1870 et le 18 mars 1871.

Après la fin du conflit, la famille retourne à Joinville, où elle réside rue des réservoirs puis rue du Canal (act. rue Henri–Barbusse). Sa mère décède quand Victorin a 7 ans ; son père se remarie en 1878 et emménage dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés. Cependant, sa belle-mère décède quand il a 14 ans, six mois après son frère cadet. La disparition de son père, en février 1888 le laisse orphelin à 17 ans avec deux jeunes frères. Son grand-père paternel devient son tuteur.

À partir de septembre 1891, il effectue un service militaire raccourci à un an en tant qu’aîné d’orphelins.

Comme son père, Victorin Soyez devient fabricant d’objets en plumes. Il transforme l’atelier familial de la rue du Pont-de-Créteil, à Saint-Maur, en une société en 1892, qu’il exploite avec son frère Émile sous le nom de Soyez frères. Avec l’entreprise Bardin à Joinville, où travaillait son père jusqu’à la mort du fondateur, la plumasserie est une industrie importante sur les bords de Marne.

Marie Eugénie Platier devient l’épouse de Victorin Soyez en mai 1893 à Paris (17e arr.). Ils s’installent avenue de Marinville, à Saint-Maur.

Toujours à l’instar de son père, qui avait été élu conseiller municipal de Joinville-le-Pont en 1878, Victorin Soyez va s’impliquer dans la vie civique au sein de sa commune de résidence, Saint-Maur. À l’occasion d’une élection municipale partielle, il est élu conseiller municipal en décembre 1895 dans la deuxième section de la commune de Saint-Maur-des-Fossés. Au premier tour, il était arrivé en tête avec 212 voix contre 141 à un radical-socialiste et 109 à un socialiste-révolutionnaire. Faute d’accord entre ces deux derniers, il est élu au deuxième tour par 242 voix contre 146 au socialiste-révolutionnaire. Soyez est présenté, par le journal radical Voix des communes comme « le candidat de M. Lacroix », le maire, conservateur, de Saint-Maur.

Lors des élections municipales de mai 1896, la commune de Saint-Maur est divisée en trois sections. La liste progressiste des partisans du maire emporte les 9 sièges du premier secteur, tandis que 8 radicaux-socialistes sont élus dans le troisième. Soyez, qui conduit les progressistes du deuxième secteur, est élu avec un de ses colistiers au premier tour. Les partisans du maire remportent au second tour les 8 sièges qui restaient en course, donnant ainsi une large majorité aux conservateurs. Pendant le mandat, Soyez est, à quatre reprise, désigné comme délégué sénatorial.

Lors des élections municipales de mai 1900, la division de Saint-Maur en sections électorales a été supprimée. Au premier tour, Soyez arrive en tête des candidats avec 1 533 voix pour 3 840 votants (40%). Cependant, du fait de l’union des radicaux-socialistes et des socialistes-révolutionnaires à l’occasion du second tour, il n’est pas élu. Il ne sera pas candidat aux élections municipales de 1904 ni à celles de 1908. Cependant, cette année-là, il est de nouveau délégué sénatorial en décembre.

L’entreprise des frères Soyez participe à plusieurs expositions universelles et internationales, en 1900 à Paris, en 1908 à Londres et en 1910 à Bruxelles.

Pendant la première guerre mondiale, Victorin Soyez est affecté direction générale des approvisionnements jusqu’en août 1916, où il rejoint le 43e puis le 83e régiment d’artillerie. Il est démobilisé peu après l’armistice en novembre 1918.

Après le conflit, Victorin Soyez poursuit l’exploitation de Soyez frères, qui devient société anonyme en octobre 1930. Les plumes restent l’activité principale et l’entreprise continue la production de cure-dents, mais elle diversifie ses produits avec des tuyaux, raves (lampes de mineur), chalumeaux (pailles), etc.

Une partie des propriétés familiales est expropriée en juillet 1933 pour la construction du futur lycée Marcelin-Berthelot (Saint-Maur). Contestant l’offre qui leur est faite, les Soyez obtiendront satisfaction devant la Cour de cassation.

La production de plumes s’oriente, en 1938, vers les loisirs : jouets, volants pour le badminton, paillantines pour fleurs, tuyaux de plumes pour pinceaux, articles de pêche…

Victorin Léon Soyez meurt le 6 juin 1952 à Paris (11e arr.). Il était âgé de 81 ans, père de trois enfants et résidait boulevard Beaumarchais. Décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie en janvier 1907 puis officier de l’instruction publique en février 1914, Victorin Soyez avait obtenu une médaille d'or lors de Exposition universelle de Paris en 1900. Il avait été fait chevalier du Mérite social en août 1937.

Ses deux fils, Émile Louis et Alfred Roger, restèrent en charge de l’entreprise familiale. Ce dernier avait été résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale.

La société Soyez frères est toujours active et contrôlée par Pierre Soyez, cinquième génération à en assumer le contrôle, après son père, Gérard Soyez (1935-2020). En 2017, elle réalisait un chiffre d’affaires de 10,8 millions d’euros avec 84 employés. Depuis 1958, elle est établie à Donzy (Nièvre). Si l’activité plumes a cessé, la production de pailles est au contraire devenue majoritaire, se faisant désormais en plastique comme pour les cure-dents. Premier fabricant européen de pailles, elle en fabriquait 5 milliards en 2017, dont plus de 60% sont exportées. En 2019, l’entreprise a obtenu un financement européen pour se réorienter vers des matières alternatives, en particulier du papier collé, réputé de meilleur impact environnemental.

Personnel de l'entreprise Soyez frères en 2007 à Donzy (Nièvre)

 

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