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24 avril 2023 1 24 /04 /avril /2023 02:01

Début de la biographie de Mayer List

Mayer List naît le 7 octobre 1907 (ou le 10 juillet) en Pologne, dans le village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Il est le fils de Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, et de son mari Israël (ou Srul) Berl List, chauffeur. Ils auront 9 enfants, 5 garçons et 4 filles.

Cette partie de la Pologne comporte une importante proportion de Juifs. Lors du recensement de 1897, la ville comptait 10 500 habitants dont 54% étaient Juifs.

Son prénom est parfois retranscrit en tant que Meier ou Mejer ; son surnom est orthographié Markus, Marcus ou Marcos. Son lieu de naissance est parfois désigné dans certains documents comme Ostrawa, localité polonaise de Basse-Silésie, mais l’origine familiale est bien située à Ostrów Mazowiecka, dont dépend le village de Małkinia.

D’après Chaja Palgon-Urlant, chroniqueur des Juifs originaires d’Ostrów Mazowiecka, Mayer List est, à 16 ans, ouvrier fabricant de chaussures dans une usine de sa ville et un membre actif du syndicat des chausseurs d’Ostrów Mazowiecka. Selon Ezequiel Goldberg, qui fait l’histoire familiale des Lis, Mayer est, comme sa famille, adhérent au Parti socialiste polonais (PPS), engagé dans la fraction soutenant l’Internationale communiste et impliqué dans le Secours rouge.

Il s’installe ensuite à Varsovie, devenu tailleur, et il y poursuit son activité syndicale. Le coup d’État de mai 1926, voit Józef Piłsudski, aidé de l'armée, imposer une dictature ; même s’il fut, à l’origine, soutenu par le PPS, le régime autoritaire oblige les militants communistes à passer dans l’illégalité. Arrêté, Mayer List est déchu de sa citoyenneté polonaise.

La famille List était soumise à deux menaces, étant engagée dans le mouvement ouvrier et, comme les autres Juifs, sujette à des persécutions. Tous vont quitter le territoire national entre 1923 et 1935. Son frère aîné Izhak dit Jacob part pour l’Argentine en 1923 et le troisième, David, passe la même année en Union soviétique, à Minsk (URSS, act. Biélorussie).

Pour sa part, Mayer List embarque le 4 août 1928 à Brème (Allemagne) à bord d’un paquebot de la compagnie Norddeutscher Lloyd à destination de Montevideo (Uruguay) via Baltimore (États-Unis). Il voyage en troisième classe, est mentionné comme apatride et résidant à Varsovie, exerçant le métier de compagnon tailleur.

Il passe en Argentine où il obtient le statut de réfugié politique d’après Ezequiel Goldberg. Il retrouve à Buenos-Aires son frère Izhak et sa sœur Fejga (Felisa). Son père ainsi que ses deux frères Herschs et Shlomo suivront l’année suivante. Ses trois autres sœurs viendront plus tard, tandis que sa mère fera le voyage en 1932.

À suivre

Photo Mayer List, arch. fam.

 

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14 avril 2023 5 14 /04 /avril /2023 02:01

Léa Gelman naît le 17 décembre 1890 à Odessa (empire de Russie, act. Ukraine). Elle est la fille de Lina Goldenberg et de son époux Boranch Gelmann.

Ses parents étant morts, elle réside en 1910 à Paris (10e arr.), rue d’Hauteville. Elle est couturière et épouse dans cet arrondissement en septembre cette année-là Joël Simkine, ferblantier, également d’origine juive et natif d’Ukraine.

Ils vivent à Paris (11e arr.) rue Saint-Maur. Léa Simkine perd des jumeaux à leur naissance en août 1911. S’étant installée avec son époux à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Diderot, elle a un fils, Maurice, né en juin 1913. Ayant déménagé dans la commune proche de Joinville-le-Pont, la famille y réside rue du Pont à partir de 1920. Son mari, devenu ouvrier tourneur puis comptable, y est militant socialiste SFIO.

Les Simkine quittent Joinville à la fin des années 1920. À partir de 1937, ils résident rue Maurice-Berteaux à Paris (20e arr.).

C’est probablement à l’occasion de la rafle dite du Vel-d’hiv, à Paris, les 16 et 17 juillet 1942, que Léa Simkine est arrêtée. Internée au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), elle est déportée le 29 juillet par le convoi n° 12 à destination du camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé actuellement en Pologne.

Elle est tuée à son arrivée, le 3 août 1942. Le convoi comptait 1001 déportés, dont 216 sont gazés à leur arrivée au camp ; il y aura 5 survivants en 1945. Un arrêté du 9 octobre 2014 décide d’apposer la mention « Mort en déportation » sur les actes déclaratifs de son décès.

Son mari, Joël Simkine est déporté par le convoi n° 47 au départ de Drancy le 11 février 1943. Il meurt le 16 février 1943, également à Auschwitz. Le convoi comportait 998 déportés, dont 182 enfants ; 10 des transportés étaient vivants en 1945.

Leur fils Maurice a survécu au conflit.

Rue du Pont à Joinville-le-Pont

 

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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 02:01

Maurice Simkine naît le 10 juin 1913 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Léa Gelman, couturière, et de son mari, Joël Simkine, ferblantier. Ses parents sont d’origine juive et tous deux natifs d’Ukraine. Ils vivent à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Diderot.

Ayant déménagé dans la commune proche de Joinville-le-Pont, la famille y réside rue du Pont à partir de 1920. Son père, devenu ouvrier tourneur puis comptable, y est militant socialiste SFIO.

Les Simkine quittent Joinville à la fin des années 1920.

Inscrit au lycée Voltaire de Paris, Maurice Simkine suit le Cours préparatoires aux écoles nationales d’arts et métiers. Il est primé au Concours général en 1929 puis en 1930. Ayant acquis la nationalité française, il est appelé au service militaire, probablement en 1934-1935. Il est instituteur en 1937. Il poursuit cependant un cursus au Conservatoire national des arts et métiers, qui lui vaut une récompense en janvier 1939.

À partir de 1937, il réside rue Maurice-Berteaux à Paris (20e arr.). C’est cette même année qu’il épouse, en mai à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Madeleine Marie Mermet.

Il est sans doute mobilisé au début de la deuxième guerre mondiale.

Sa mère est déportée par le convoi n° 12 au départ de Drancy le 29 juillet 1942. Elle est décédée le 3 août 1942 à Auschwitz (Pologne). Le convoi compte 1001 déportés, dont 216 sont gazés à leur arrivée au camp ; il y aura 5 survivants en 1945.

Son père est déporté par le convoi n° 47 au départ de Drancy le 11 février 1943. Il est décédé le 16 février 1943 également à Auschwitz. Le convoi compte 998 déportés, dont 182 enfants ; il y aura 10 survivants en 1945.

Après le conflit, Maurice Simkine réagit à un éditorial du journaliste conservateur et résistant, Émile Buré, qui avait combattu, dès avant-guerre, l’antisémitisme et les accords de Munich. Dans le quotidien qu’il dirige, L’Ordre, Buré, disait le 12 janvier 1946, s’inquiéter « des hitlériens qui restent puissants dans notre pays » et « souhaiter que la Constitution s’inquiète de leurs menées, interdise toute propagande raciale subversive, assassine ». Selon l’éditorialiste, « il n’est que deux moyens, nous en sommes sûrs maintenant, de résoudre le problème juif : assimiler Juifs et « aryens » par le moyen de mariages mixtes, c’est notre solution ; ou assassiner les Juifs, c’est la solution, des hitlériens. »

Dans une lettre que publie le journal le 23 janvier, M. Simkine conteste vivement l’argumentation. « On pourrait dire qu’en somme seule une différence de méthode vous sépare des fascistes, puisque vous ne voyez de solution à l’antisémitisme que dans la disparition des juifs ». Il reconnaît que « Avant la guerre, je pensais comme vous, et je me suis marié à une ‘aryenne’, je ne le regrette pas, mais j’ai ‘reconsidéré’ le problème comme solution. »

Il s’interroge sur « Que sommes-nous ? Une religion ? Une race ? Un peuple ? » Il s’insurge : « Comment pouvez-vous imaginer que les survivants d’une religion, d’une race ou d’un peuple qu’on a voulu supprimer approuvent ce massacre en parachevant eux-mêmes le travail que le temps n’a pas permis d’amener à son terme ? » Et il explique : « Je crois à présent que les survivants (on conserve bien les Indiens, les Maoris) ont le devoir religieux ou social de s’efforcer de ne pas disparaître totalement de l’histoire ». En conclusion, il offre aussi une solution : « C’est la société socialiste. »

Divorcé en mai 1963, il se remarie, en septembre 2002 à Paris (5e arr.) avec Colette Derivry ; il est alors âgé de 89 ans. Il meurt le 10 juin 2005 à Paris (10e arr.).

Il avait eu un fils de son premier mariage. Son petit-fils, Antoine Simkine, est producteur de cinéma en France.

Emile Buré, avec lequel Maurice Simkine polémique (cl. Wikipédia)

 

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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 02:01

Ruchla Dwora Widnicki naît le 23 janvier 1923 à Varsovie (Pologne). Elle est la fille de Chaja Glowinska et de son mari Israël Widnicki, tailleur.

Après la naissance de sa sœur Zandla en 1924, les Widnicki quittent le pays et émigrent en France. Son frère Léon voit le jour à Paris en décembre 1928 dans le 12e arrondissement.

La famille vit ensuite en 1931 rue d’Hauteville, dans le quartier de la Porte-Saint-Denis (10e arr.). En 1936, ils logent dans le 11e arrondissement, rue Basfroi, au sein du quartier Roquette. Israël Widnicki est tailleur, dans la maison Granet.

Âgée de 17 ans, Ruchla Widnicki, qui est alors couturière, épouse en avril 1940 à Paris (10e arr.) Abraham Widerker, commerçant couvreur, également natif de Pologne et issu d’un milieu juif.

Son mari est arrêté, probablement lors de la rafle dite du Vel d'Hiv qui se déroule les 16 et 17 juillet 1942. Interné à Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), il est déporté le 22 juillet 1942 vers le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Il figure dans le convoi numéro 9. Sa date de décès n’est pas connue.

Le père de Ruchla, Israël Widnicki, avait été arrêté plus tôt. Il fut aussi déporté à Auschwitz où il décéda le 14 juin 1942. Sa mère Chaja et son frère Léon, pris dans la rafle du Vel d'Hiv, gardé au camp de Pithiviers (Loiret) furent eux aussi envoyés à Auschwitz où ils moururent, respectivement le 4 août et le 12 août 1942 ou le 1er avril 1943 pour Léon.

Pour sa part, Ruchla Widerker se procura une fausse pièce d’identité au nom de Régine Castellane, avec laquelle elle loua une chambre avenue Pauline à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis.

Elle s’engagea dans la résistance à l’occupation allemande aux côtés d’Anna Stockhamer et de Mayer List. Ce dernier, également né en Pologne, avait été militant communiste en Argentine puis militant au sein des Brigades internationales en Espagne avant, revenu en France, de prendre la direction d’un détachement des Francs-tireurs et partisans de la Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), composé de parlant Yiddish venant d’Europe orientale. Il résidait également à Joinville, rue Chapsal.

C’est en se rendant à Paris chez Anna Stockhamer, rue des Petites-Écuries, le 2 juillet 1943, que, selon l’ouvrier, militant communiste et écrivain Daniel Grason, Ruchla Widerker fut arrêtée. Les policiers de la Brigade spéciale n° 2 de la préfecture de police occupaient l’appartement. Elle portait sur elle une somme de six mille francs ainsi qu’un engagement de location au nom de Lucie Casanova, fausse identité d’Anna Stockhamer.

Niant savoir l’activité de Mayer List, mais reconnaissant l’avoir rencontré, Ruchla Widerker admit être en infraction avec la législation sur les juifs car elle ne portait pas l’étoile jaune. La fouille de son domicile de Joinville ne donna rien. La chambre qu’elle occupait être peut-être la propriété d’Hermance et de Prosper Bonge, menuisier, domiciliés à cette adresse en 1936 et dont la fille, Andrée Louise, avait épousé Roger Rouvet, métreur en peinture, qui sera conseiller municipal communiste de Joinville après-guerre (1947-1950).

Ruchla Widerker fut internée au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) sous le matricule 3204. Elle fut déportée le 31 juillet 1943 dans le convoi 58 à destination d’Auschwitz. Sur un millier de déportés, il y eut vingt-huit survivants dont dix-huit femmes. Elle-même fut considérée comme morte, et son nom figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah (dalle 50, colonne 17, rangée 2), rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (4e arr.).

Cependant, selon Daniel Grason, qui cite son fils, elle aurait survécu, serait venue en Argentine, à Buenos-Aires, vers 1948-1949 et y serait morte en 1995.

Mayer List fut fusillé le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine) avec trois autres résistants. Anna Stockhamer, déportée dans le même convoi que Ruchla Widerker, mourut à Auschwitz.

Peut-être l’idée de l’Argentine est-elle venue à Ruchla Widerker de ses échanges avec Mayer List, ou de ceux qu’elle aurait eu avec ses voisins de la rue Basfroi à Paris, Fajga et Isanas Wulfmann, originaires aussi de Pologne, mais ce dernier ayant déclaré, lors d’un recensement de 1936, venir d’Argentine. Ils furent eux aussi exterminés à Auschwitz, partis par le convoi 68 du 10 février 1944.

Abraham et Ruchla Widerker (arch. fam., Maitron)

 

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 02:01

Paul Jean Marie Bénit naît le 10 mars 1856 à Belleville (Seine, act. Paris). Il est le fils de Marguerite Charre et de son époux Alexandre Modeste Bénit, alors bronzier, plus tard marchand de journaux. Ils vivent rue des Jardins Saint-Paul à Paris (4e arr.), dans le quartier du Marais. Sa mère meurt quand il a quatre ans.

En décembre 1878 à Paris (15e arr.), Paul Jean Bénit épouse Émelie Julienne Zoé Blanchet, couturière. Ils vivent passage des Fourneaux dans cet arrondissement. Ils habitent en 1891 rue d’Angoulême (11e arr.) puis, à compter de 1896, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue de Joinville.

Paul Jean Bénit travaille en tant qu’opticien. En 1878, il est employé à la Société des lunetiers (SL). La SL est l’ancêtre du groupe Essilor, fondée en tant que coopérative en 1849 avant d’évoluer progressivement vers une structure de société plus classique. Il est voisin en 1901 à Joinville d’un autre opticien de la SL, Eugène Duhamel. En 1926, Bénit est toujours mentionné comme travaillant à la Société des lunetiers.

Une dizaine de personnalités de Joinville ont été associés à la Société des lunetiers : François Blaize, une des fondateurs et conseiller municipal ; Eugène Videpied, Pierre Jules et Stéphane Albert Tireau, ainsi qu’Eugène Thybaut, militants radicaux-socialistes ; Maurice Poitevin, tué lors de la première guerre mondiale ; Émile Cornu et Eugène Duhamel. Plus tard, Bernard Maitenaz, également joinvillais, sera aussi un des piliers d’Essilor, qui héritera d’une unité industrielle dans la commune, provenant de son autre ancêtre, SILOR.

Au mois d’août 1880, Bénit souscrit avec 81 autres personnes de la Société des lunetiers pour l'érection d'une statue d’Alexandre-Auguste, avocat et républicain progressiste, ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire institué lors de la révolution de février 1848, qui proclame la Deuxième République. Il fit notamment adopter le suffrage universel masculin.

La famille quitte Joinville, d’abord pour le boulevard Voltaire à Paris (11e arr.) en 1906 puis pour Saint-Maur-des-Fossés, commune limitrophe de Joinville en 1909. Ils résident avenue de Marinville et hébergent en 1926 les deux enfants de leur fils aîné, Paul Louis, devenu opticien, comme le cadet, Gaston Henri. Leur petit-fils, Roger Paul (fils de Paul Louis) le sera lui aussi.

Paul Jean Bénit meurt le 13 juin 1937 à Saint-Maur. Il était âgé de 81 ans.

 

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7 mars 2023 2 07 /03 /mars /2023 00:01

Caroline Raymonde Marie Amiel naît le 28 août 1849 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille de Laurence Céleste Soudry et de son époux Charles Amiel. Sa mère est la fille de négociants bretons. Son père est employé et propriétaire. Ils vivent à Paris mais s’installent à la belle saison à Joinville où le grand-père Jean Baptiste Amiel a acquis une vaste maison avec un grand jardin, dans le centre, rue de Paris.

Charles Amiel siège au conseil municipal du village. Il a été élu au suffrage censitaire en 1846, ayant pris la suite de son père qui exerçait la même fonction de 1837 à son décès en 1839. Charles Amiel est toujours membre de l’assemblée communale lors de sa propre disparition en 1868. Son frère, Louis-Félix Amiel, qui vécut aussi à Joinville, est un célèbre peintre portraitiste.

La famille a compté probablement neuf naissances entre 1829 et 1849, dont les sept enfants vivants sont tous des filles. Elle réside l’hiver dans le 3e arrondissement de Paris et, à la belle saison, à Joinville. Caroline est la cadette et, comme son aînée de trois ans Céleste, restera célibataire. Toutes deux vont et vivre ensemble dans la maison familiale de Joinville après la mort de leur mère en 1879. Elles disposent de ressources suffisantes pour avoir deux employés domestiques à leur domicile, une bonne et un jardinier.

Caroline Amiel s’investit dans la vie locale avec la nomination en juillet 1882 d’Ernest Jouin en tant que curé de saint Charles-Borromée, alors paroisse unique de Joinville. Originaire d’Anjou, le père Jouin avait d’abord fréquenté un couvent dominicain puis était devenu prêtre régulier à Angers et avait été transféré dans le diocèse de Paris en tant que vicaire de Saint Étienne du Mont, dans le quartier latin (5e arr.) puis à Arcachon (Gironde) où il séjourne en convalescence.

Devenu docteur en théologie, l’abbé Jouin est accompagné de l’abbé Joseph Sauvêtre, qui sera son biographe. Il va débuter sa carrière d’essayiste et polémiste à Joinville, où il s’oppose tout de suite aux élus locaux, comme le maire, Gabriel Pinson, le restaurateur Honoré Jullien ou Jules-Ferdinand Baulard, futur député, ancien ouvrier devenu industriel, un temps communard et ardent défenseur de la cause laïque. Le nouveau curé leur reproche de vouloir contrôler la gestion des fonds par la fabrique paroissiale et engage des instances juridiques contre eux. Il les attaque, dénonçant le fait qu’ils soient francs-maçons. Si E. Jouin se plaint de l'indifférence générale de la population, il trouve, selon J. Sauvêtre, « un peu de consolation » grâce à « quelques femmes pieuses — telles les saintes demoiselles Amiel. »

Parallèlement à son combat contre les autorités communales, l’abbé Jouin obtient l’installation, en novembre 1883, d’une communauté de Servantes des pauvres, venues d’Angers, sous la conduite de mère Agnès (Modeste Bondu). Les trois premières sœurs, en plus de leur fonction de garde-malades, auraient obtenu des conversions : « des agnostiques, une protestante, des juifs, un franc-maçon » selon Joseph Sauvêtre.

Inquiet de la tournure prise par l’affrontement politique entre le curé et les élus, l’archevêque de Paris nomme E. Jouin vicaire de l’église Saint-Augustin à Paris en juillet 1886. Une pétition demande son maintien ; elle est diffusée en particulier par les sœurs Servantes des pauvres et les demoiselles Amiel et aurait eu 900 signatures.

Après son départ, l’abbé Jouin revenait à Joinville célébrer l'anniversaire de la fondation des Servantes des Pauvres et retrouvait à cette occasion Céleste et Caroline Amiel.

Céleste Amiel meurt pendant la première guerre mondiale le 17 mars 1915 à Quimper, Finistère, ville d’origine de sa mère. Son décès est déclaré par son cousin, Alphonse Massabian. Elle était âgée de 66 ans et est inhumée à Joinville.

Louis-Félix Amiel, peintre représenté par Eugène Dévéria, oncle de Céleste Amiel

 

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5 mars 2023 7 05 /03 /mars /2023 00:01

Julienne Henriette Céleste Amiel naît le 31 mars 1846 à Paris (3e arr.). Elle est la fille de Laurence Céleste Soudry et de son époux Charles Amiel. Sa mère est la fille de négociants bretons. Son père est employé et propriétaire. Ils vivent à Paris mais s’installent à la belle saison à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où le grand-père Jean Baptiste Amiel a acquis une vaste maison avec un grand jardin, dans le centre, rue de Paris.

Charles Amiel siège au conseil municipal du village, où il a été élu au suffrage censitaire en 1846, ayant pris la suite de son père qui exerçait la même fonction de 1837 à son décès en 1839. Charles Amiel est toujours membre de l’assemblée communale lors de sa propre disparition en 1868. Son frère, Louis-Félix Amiel, qui vécut aussi à Joinville, est un célèbre peintre portraitiste.

La famille a compté probablement neuf naissances entre 1829 et 1849, dont les sept enfants vivants sont tous des filles. Elle réside l’hiver dans le 3e arrondissement de Paris et, à la belle saison, à Joinville.

Si les cinq premières sœurs Amiel se marient, Céleste et sa cadette Caroline vont rester célibataires et vivre ensemble dans la maison familiale de Joinville après la mort de leur mère en 1879. Elles ont manifestement des rentes conséquentes, puisqu’elles disposent à leur domicile de deux employés domestiques, un jardinier et une bonne.

Céleste Amiel va s’impliquer dans la vie locale après la nomination en juillet 1882 d’Ernest Jouin en tant que curé de saint Charles-Borromée, alors paroisse unique de Joinville. Originaire d’Anjou, le père Jouin avait d’abord fréquenté un couvent dominicain puis était devenu prêtre régulier à Angers et avait été transféré dans le diocèse de Paris en tant que vicaire de Saint Étienne du Mont, dans le quartier latin (5e arr.) puis à Arcachon (Gironde) où il séjourne en convalescence.

Devenu docteur en théologie, l’abbé Jouin est accompagné de l’abbé Joseph Sauvêtre, qui sera son biographe. Il va débuter sa carrière d’essayiste et polémiste à Joinville, où il s’oppose tout de suite aux élus locaux, comme le maire, Gabriel Pinson, le restaurateur Honoré Jullien ou Jules-Ferdinand Baulard, futur député, ancien ouvrier devenu industriel, un temps communard et ardent défenseur de la cause laïque. Le nouveau curé leur reproche de vouloir contrôler la gestion des fonds par la fabrique paroissiale et engage des instances juridiques contre eux. Il les attaque, dénonçant le fait qu’ils soient francs-maçons. Si E. Jouin se plaint de l'indifférence générale de la population, il trouve, selon J. Sauvêtre, « un peu de consolation » grâce à « quelques femmes pieuses — telles les saintes demoiselles Amiel. »

Parallèlement à son combat contre les autorités communales, l’abbé Jouin obtient l’installation, en novembre 1883, d’une communauté de Servantes des pauvres, venues d’Angers, sous la conduite de mère Agnès (Modeste Bondu). Les trois premières sœurs, en plus de leur fonction de garde-malades, auraient obtenu des conversions : « des agnostiques, une protestante, des juifs, un franc-maçon » selon Joseph Sauvêtre.

Inquiet de la tournure prise par l’affrontement politique entre le curé et les élus, l’archevêque de Paris nomme E. Jouin vicaire de l’église Saint-Augustin à Paris en juillet 1886. Une pétition demande son maintien ; elle est diffusée en particulier par les sœurs Servantes des pauvres et les demoiselles Amiel et aurait eu 900 signatures.

Après son départ, l’abbé Jouin revenait à Joinville célébrer l'anniversaire de la fondation des Servantes des Pauvres et retrouvait à cette occasion Céleste Amiel, dont la sœur, Caroline, décède pendant la première guerre mondiale.

Céleste Amiel meurt le 16 mai 1932 à Joinville. Elle était âgée de 86 ans. Elle a légué à l'Archevêché de Paris sa maison et son jardin, contigus à l'église, pour devenir le presbytère des curés de la paroisse saint Charles-Borromée.

Mgr Jouin, qui mourut lui-même en juin 1932, vint lui rendre hommage. Il écrivit un article faisant son éloge dans le Bulletin paroissial de Joinville-le-Pont, cité par J. Sauvêtre : « Comme les sept titulaires qui m'ont succédé, tous ont appelé Mlle Céleste Amiel la grande bienfaitrice de l'église paroissiale de Joinville (…) Au terme de cette longue existence, on lui applique encore cette autre parole dite du Sauveur : « Il a passé en faisant le bien ». Elle fut la bienfaitrice de Dieu et du prochain. De Dieu par sa fidélité exemplaire à la communion quotidienne, à l'assistance aux offices, au zèle de la maison de Dieu. Elle s'occupait des linges sacrés, elle soignait ses fleurs pour les porter à l'autel. Durant mes quatre ans de cure à Joinville, que de décorations à l'église, que de jolies crèches nous avons faites ensemble ! C'était le rayonnement de son cœur et de sa piété. »

L’église de Saint-Charles-Borromée de Joinville-le-Pont et à droite la propriété Amiel

 

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17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 00:01

Début de la biographie de Robert Deloche

Robert Deloche naît le 20 novembre 1909 à Lyon (2e arr.). Il est le fils de Marie Eugénie Deloche, couturière, et d’un père non dénommé. Sa mère, qui est veuve depuis avril 1906, le reconnaît le 1er décembre ; ils résident place de la Miséricorde.

En 1924, Robert Deloche est apprenti ouvrier fourreur à Lyon, âgé de 14 ans. Selon les historiens René Lemarquis et Claude Pennetier (auteur de sa biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, dit le Maitron), il quitta Lyon en 1928 et travailla quelques mois dans une société de fourrures, place de la République à Paris. En 1929, il fut manœuvre dans quelques scieries puis retrouva en novembre un emploi dans la fourrure rue de Vaugirard.

C’est également en 1929 que, devant effectuer son service militaire, Robert Deloche s’engage dans l’armée pour deux ans. Affecté au 2e régiment de spahis, il sert au Maroc. Dans le Maitron, on mentionne qu’il quitte l’armée connaissant un peu la langue arabe et avec le grade de brigadier. L’hebdomadaire l’Union régionale lui attribue celui de sergent, c’est-à-dire sous-officier, le terme équivalent en usage dans la cavalerie étant de maréchal des logis.

D’après Lemarquis et Pennetier, à son retour, probablement fin 1931 ou début 1932, Robert Deloche habitait chez sa mère, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) dans le quartier du Parc, avenue Curti, jusqu'en 1935.

Selon sa notice publiée sur la base AJPN (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie), il fut commis de bibliothèque au journal communiste l’Humanité, avant de rejoindre le service de propagande du Parti communiste. Lemarquis et Pennetier remarquent qu’il ne cite pas cette fonction dans son autobiographie de 1933, mais peut-être l’exerça-t-il ultérieurement.

C’est en tout cas en 1932 que Deloche s’engage dans l’action publique, en adhérant en mai 1932 au parti communiste. Il est membre de la cellule 1306 de Saint-Maur, qui appartient au rayon de Charenton. L’Humanité le cite, le 11 novembre, comme étant le responsable du départ depuis Saint-Maur des participants à une manifestation à Paris des Comités de lutte contre la guerre.

Présenté comme chômeur, il est élu, en février 1933, trésorier du Syndicat des ouvriers et ouvrières fourreurs de la Seine, membre de la confédération CGTU (proche des communistes). Inscrit en tant que demandeur d’emploi à Saint-Maur, il est membre du comité de chômage de Champigny-sur-Marne, dont il est trésorier puis secrétaire. Lemarquis et Pennetier mentionnent son rôle lors de la grève de la fourrure aux Galeries Lafayette en mai 1933 ; alors secrétaire de la Fédération unitaire du vêtement, il est arrêté pour distribution de tracts et prise de parole. Cette même année, les historiens signalent sur la base de son autobiographie, qu’il est membre du Secours ouvrier, des Amis de l'Union soviétique et du Secours rouge international. Il représente le comité local de cette organisation lors de meeting à Saint-Maur en mars puis juillet 1934.

À partir d’avril de la même année, il est désormais présenté habituellement comme un responsable du parti communiste. Délégué à la conférence régionale communiste de l'Est-Parisien en janvier 1933, il suit une école régionale de formation du CPF et est inscrit à un Cercle d'études marxiste. Il intègre la commission d'agit-prop (propagande) du rayon communiste de Charenton-le-Pont (qui inclut Saint-Maur) et devient, à partir d’avril 1934, un orateur régulier du parti communiste lors de réunions internes ou avec des partenaires. Ainsi, il est un des intervenants d’un « Grand meeting d'unité » à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en août 1934 aux côtés de responsables socialistes. Il est également un des négociateurs, le même mois, d’un accord entre la Fédération socialiste de Seine-et-Marne et la région Est-Parisien du Parti communiste. S’inscrivant dans la lignée du pacte d'unité d'action signé par les organismes centraux des deux partis, les fédérations se sont engagées « à mener d'un commun accord l'action contre la guerre et le fascisme et de s'abstenir, au cours de cette action commune d'attaques et de critiques contre les organisations et militants participant loyalement ». Deloche intervient, le 15 août, à une réunion d'unité d'action à Villeparisis (Seine-et-Marne), organisée conjointement par la SFIO et le PCF.

On retrouve Deloche à l’affiche de réunions publiques au Pré-Saint-Gervais (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en août 1934, « contre les manœuvres de guerre » ; en septembre à Charenton pour la libération du militant communiste allemand Thaelmann ; en octobre aux Lilas (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour le compte-rendu de mandat du député socialiste de la Seine Marsais ; et en novembre à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne) contre la menace l'interdiction de l'Etoile Nord-Africaine d’Algérie.

À suivre

Robert Deloche, 1945

 

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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 00:01

Ernest Léon Hecquet naît le 25 juin 1919 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Joséphine Rachel Boulard, employée de commerce et de son mari Léon Hecquet, plombier. Ils résident dans le quartier de Palissy, avenue des Platanes puis dans celui du Centre, rue de Paris.

L’oncle d’Ernest Hecquet, Henri Boulard, ajusteur, a été un des responsables de la section de Joinville du parti socialiste SFIO et candidat dans cette commune aux élections municipales de 1912. Son père, Léon Hecquet, (1887-1959), fut candidat communiste aux élections municipales dans la même ville en 1929 et a été décoré de la Croix de guerre.

En 1936, la famille a quitté Joinville pour la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, avenue Garibaldi.

Selon des archives familiales, Léon Hecquet est mobilisé en tant que soldat pendant la deuxième guerre mondiale. Il devient ensuite résistant à l’occupation allemande au sein des Francs-tireurs et partisans, mouvement de résistance proche du parti communiste. Il est d’abord artisan plombier, poursuivant la tradition familiale puis contremaitre chez dans une entreprise de matériels roulants de chantiers, Caterpillar.

Après-guerre, Ernest Hecquet vit toujours à Saint-Maur, rue Georges-Clemenceau, dans le quartier de La Varenne Saint-Hilaire. Il épouse en juillet 1956 dans cette ville Paulette Léone Reytinat.

Ernest Hecquet meurt le 6 novembre 1998 à Saint-Maur. Il est inhumé au cimetière Rabelais 1 dans cette ville. Âgé de 79 ans, il était père d’au moins un enfant.

Tombe Hecquet à Saint-Maur-des-Fossés (Arch. familiales)

 

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9 février 2023 4 09 /02 /février /2023 00:01

Marcel Henri Langat naît le 23 juillet 1896 à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est le fils de Joséphine Recher, blanchisseuse et de son mari Eugène Langat, mécanicien.

En 1906, la famille habite à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Daumesnil. Il devient mécanicien tourneur.

Pendant la première guerre mondiale, Marcel Langat est mobilisé en avril 1915 6e régiment d’artillerie. Du fait de ses compétences techniques, il est détaché en juin la même année aux Ateliers de construction d'armements de Bourges (Allier) pour six mois avant de reprendre un service armé. Il rejoint en mai 1917 le 8e régiment d’artillerie lourde puis le 83e de la même arme en janvier 1918. Il est ensuite, en mars, transféré au 3e régiment d’artillerie coloniale et démobilisé en septembre 1919.

Après-guerre, Marcel Langat reprend d’abord son activité de mécanicien. Il épouse, en octobre 1922 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) Anaïs Antoinette Castan, commerçante, auvergnate, originaire de Lozère. Avec elle, il entreprend l’exploitation d’un commerce de vin dans cette ville, rue Pinet. Elle lui vaudra, en octobre 1926, une condamnation à 1 700 francs d’amende pour « fabrication et vente de vin falsifié et fraude aux droits de régie. »

C’est son frère ou lui qui découvrent, en juin 1924 dans la Marne, à Saint-Maur, le corps d’un habitant de Maisons-Alfort qui se serait suicidé.

Ayant repris son activité de mécanicien, il travaille pour la société Gnome-et-Rhône, qui construisait des moteurs d’avions. Il s’installe dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, avenue de l’Île (act. avenue d’Estienne-d’Orves), dans le quartier de Polangis.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Marcel Langat s’engage dans la résistance à l’occupation allemande. Il poursuit son activité de mécanicien après le conflit.

Marcel Langat meurt le 27 mai 1962 à Joinville. Il était âgé de 65 ans et père de six enfants. Son fils aîné, André, également résistant, tourneur sur métaux, fut adjoint au maire puis conseiller municipal communiste de Joinville-le-Pont (1947-1959).

Le pavillon Langat à Joinvlle-le-Pont

 

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