Eugène Tilly nait le 4 décembre 1851 à Saint-Mihiel (Meuse). Il est le fils de Marie Vincent et de son époux François Eugène Tilly, entrepreneur de travaux publics.
Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il exerce en 1879 la profession de cuisinier, probablement dans l’hôtel du quai Beaubourg exploité par Alphonse Demeestère, conseiller municipal de la commune et futur fondateur du groupe radical-socialiste local. Il épouse en octobre de cette année Émilie Guiard, employée de commerce, dont la famille réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés.
Se mettant à son compte, il acquiert le Café du Gaz, un hôtel meublé donnant sur la place du Marché, à l’angle des rues de Créteil et de Paris à Joinville. Le café est un lieu de retrouvailles pour les libres-penseurs de la commune et les radicaux-socialistes. Ainsi, il organise en 1888, 1891 et 1892, des « banquets gras » le Vendredi-Saint.
Pour l’élection municipale complémentaire organisée suite au décès du maire républicain, Gabriel Pinson, Tilly fait partie du « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », lancé par Ludovic Alexandre Cambier, qui soutient la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien. Gosset est élu, étant seul candidat, avec 75% des suffrages exprimés ; cependant, un autre radical-socialiste, Bleunard, qualifié de « rouge » dans la presse locale, bien que non candidat, obtient 25% des voix.
En janvier 1889, Tilly soutient la candidature d’Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine lors de la législative partielle face au général Boulanger, populiste, qui remporte l’élection.
Il accueille un banquet cantonal radical-socialiste en juin 1890 et souscrit avec 260 autres personnes à Joinville « Pour les affamés de Carmaux » en septembre 1895.
En novembre 1897, Eugène Tilly vend son commerce et s’installe à Saint-Maur-des-Fossés où, après la mort en janvier 1898 de son épouse, il se remarie avec la sœur de cette dernière en juin 1899 à Saint-Maur. Antoinette Louise Guiard, qui fut plumassière, travaillait ensuite au café du Gaz de Tilly à Joinville. Pour ce remariage, les nouveaux époux obtiennent une dispense de parenté, signée du président de la République, sans doute Émile Loubet, Félix Faure étant mort en février.
Eugène Tilly meurt le 21 avril 1921 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 69 ans.
Joseph Ernest Loustalot naît le 5 janvier 1867 à Bordeaux (Gironde). Il est le fils de Catherine Baylot et de Jean Loustalot, cocher. Son père aurait été un ancien marin, champion de boxe de la marine française et excellent nageur.
À quatre ans, Ernest Loustalot apprend à nager et commence à pratiquer la boxe l’année suivante. À vingt ans, il établit un record de France de natation en 100 mètres dos. Peu de temps après, il plonge d’une hauteur de 35 mètres, puis de 42 m.
Employé des messageries maritimes à Bordeaux, Ernest Loustalot débute son service militaire en novembre 1888 dans l’infanterie. Il est remarqué pour ses qualités sportives (« un type extraordinaire de gascon » selon le quotidien L’Auto) et affecté, en tant que caporal en juillet 1889 à l’école de gymnastique de Joinville, située dans le Bois de Vincennes à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il devient sergent en janvier 1890, toujours avec la même affectation jusqu’à l’été 1891.
Ayant obtenu, pendant sa période militaire, le diplôme de maître de gymnastique en novembre 1889, Loustalot devient professeur et vit à Joinville, Saint-Maur-des-Fossés puis Paris. Il épouse en décembre 1894 à Paris (8e arr.), Marie Mahé, fille d’un bûcheron de Saint-Maur.
Champion de France de gymnastique, le champion d'Europe de boxe française et anglaise Loustalot était également considéré comme l'un des cinq meilleurs escrimeurs au monde.
Enseignant d’abord à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine) et au gymnase Lefebvre, cité du Retiro, près de la Madeleine à Paris (8e arr.), Loustalot est acrobate et enseigne également le cyclisme, l’escrime et surtout la natation et la boxe française.
Ludovic Alexandre Cambier naît le 30 mai 1841 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Virginie Louise Janny Morel et d’Antoine Joseph Cambier, architecte.
Son père fut conseiller municipal républicain de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) de 1874 à 1875, date de son décès. Lui-même s’installe dans cette ville, sans doute peu après la disparition de son père.
À l’instar de ce dernier, Ludovic Alexandre Cambier exerce la profession d’architecte vérificateur des travaux publics. Il épouse, en octobre 1872, Joséphine Marie Flippes, native du Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime).
Engagé dans la vie politique locale, Cambier prend part à la campagne pour les élections législatives de décembre 1885. L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes le présente ainsi « Cambier, le rempart de l’opportunisme et le cimetière des bocks ! »
Le 11 avril 1888, Cambier est élu membre d’un comité chargé de présenter les candidatures pour les élections municipales de mai ; il est confirmé dans ce rôle le 25 avril. La liste comprend des radicaux-socialistes et des socialistes-révolutionnaires. En opposition au maire sortant, Gabriel Pinson, républicain modéré, la liste de gauche obtint trois sièges au second tour (Diot, Demeestère et Vaudey) et Pinson fut réélu.
Le décès du maire, en juin de la même année, provoque une élection partielle en juillet pour laquelle Cambier patronne, au nom d’un « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien. Ce dernier est élu, étant seul candidat officiel avec (75%) ; cependant, un autre radical-socialiste, qualifié de « rouge » dans la presse locale, bien que non candidat, obtient 25% des voix.
En janvier 1889, Cambier soutient la candidature d’Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine lors de la législative partielle face au général Boulanger, populiste, qui remporte l’élection.
Il participe de nouveau à la campagne législative de septembre 1889 qui voit, après l’abandon du scrutin départemental, la victoire de Jules Ferdinand Baulard, ancien conseiller municipal de Joinville et conseiller général du canton de Charenton, radical-socialiste, dans la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux.
Ludovic Alexandre Cambier meurt le 1er avril 1890 à Joinville, dans l’hôtel-restaurant tenu par Eugène Tilly, rue de Paris, un des points de ralliement des libres-penseurs. Il était toujours domicilié avenue Molette. Âgé de 48 ans, il avait eu cinq fils dont deux morts en bas âge. Son fils aîné, Antoine Cambier (1874-1939) a été chef de service à la préfecture de Paris, officier d’administration dans les services de santé de l’armée, responsable associatif à Joinville-le-Pont et chevalier de la Légion d’honneur.
Voix des communes raconte l’enterrement de Ludovic Alexandre Cambier : « Ce pauvre Cambier, mort subitement le 1er avril a été enterré civilement le jeudi 3. Une foule d’amis avaient tenus à accompagner à sa dernière demeure ce brave cœur, auquel on n’eût jamais reproché d’avoir manqué de franchise. »
Antoine Joseph Cambier naît le 20 septembre 1811 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Jeanne Marie Vissant et de Narcisse Joseph Cambier, ébéniste.
En février 1839 à Vitré (Ille-et-Vilaine), Antoine Joseph Cambier épouse Virginie Louise Janny Morel. De profession architecte et vérificateur des travaux publics, il réside d’abord à Paris rue des Fossés-Saint-Germain il s’installa ensuite rue Saint-Paul puis rue du Temple
Vers 1873, Cambier s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
En novembre 1874, Cambier prend part à une réunion, dont le quotidien Le Siècle dit qu’elle était nombreuse, qui approuve la présentation d’une liste républicaine lors des élections municipales de la fin du mois. Elle s’oppose à celle du maire sortant Auguste Courtin et de son adjoint, Louis Ferdinand Rousseau, tous deux conservateurs et bonapartistes.
Sur les sept candidats mentionnés, trois seront élus : Antoine Cambier, Louis Benoit et Alphonse Pilté tandis que Demeestère, Moignard, Pouzet et Valéry sont battus. Courtin et Rousseau sont réélus.
Antoine Joseph Cambier meurt le 29 octobre 1875 à Joinville. Il était âgé de 64 ans et résidait dans le quartier de Palissy, avenue Naast.
Son fils, Ludovic Alexandre Cambier fut aussi architecte. Il a été militant radical-socialiste à Joinville.
Paul Louis Alfred Jouve naît le 24 avril 1882 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Rosine Octavie Huardeau, couturière et de son époux Pierre Henri Jouve, peintre en bâtiment. La famille réside dans le quartier du Centre d’abord rue de Paris puis rue du Pont, où ses parents deviennent restaurateurs.
Exerçant la profession d’employé de banque, Paul Jouve travaille à la banque Leroy-Dupré en 1901. Il épouse en novembre 1905, à Joinville, Georgette Bourguignon, cartonnière. Elle est la fille d’un emballeur, qui a donné son nom à une rue du quartier de Polangis , où Paul et Georgette Jouve vont vivre, avant de se déplacer un temps dans la commune voisine de Champigny, rue de Villiers, puis de revenir à Joinville.
Exempté de service militaire en 1902, du fait d’une myopie bilatérale, Paul Jouve est tardivement mobilisé pendant la première guerre mondiale. Suite à une décision de révision, il est classé dans les services auxiliaires et intègre la 22e section de Commis et ouvriers d'administration (COA) le 1er mars 1915. Mais il est réformé dès le 13 du même mois pour insuffisance aortique.
Après-guerre, Paul Jouve va exercer des responsabilités dans la société de secours mutuels Assurance fraternelle de Joinville et Nogent. Fondée en octobre 1909 par des résidents du quartier de Polangis à Joinville, elle a pour premier président Chéri Arnaud (1875-1931), sellier, négociant puis industriel, conseiller municipal de Joinville-le-Pont (1908-1929). Il cède la présidence vers 1924 à un autre cofondateur, Adolphe Leblanc (1863-1931), comptable.
Implantée à Joinville, la société se développe également sur Champigny. en 1936, elle comptait 300 membres et était affiliée à l’Union mutuelle nationale pour l’assurance.
D’abord trésorier depuis 1924, Paul Jouve devient président en 1928. Il exerça la fonction jusqu’en 1934. Il cède alors la place à Lucien Epin, directeur d’institutions privées d’enseignement et dirigeant du Comité d’union républicaine et d’action sociale, le regroupement de la droite libérale et conservatrice à Joinville.
Pour son activité mutualiste, Jouve reçut une mention honorable en août 1925 puis une médaille de bronze en juillet 1928. Il avait emménagé avenue Joseph-Jougla, dans le quartier de Polangis, à Joinville.
Paul Louis Alfred Jouve meurt le 16 septembre 1957 à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il était âgé de 75 ans et avait eu deux enfants.
Parallèlement à sa carrière athlétique, Piot prit une part active à l’organisation de l’aviron en France. En août 1927, il mobilise quelques rameurs fortunés pour fonder, toujours dans l’ile Fanac, à Joinville, côté de la SN Marne, une section d’aviron de l’Association sportive de la Bourse. Elle construit son club-house à la place de l’ancien établissement de danse Tanton et adopte les couleurs bleu et or. Lucien Gautier en est l’entraîneur. En avril 1936, a section est transformée en une société autonome, sous le titre de Club Nautique de la Bourse. Georges Piot est désigné comme secrétaire général et président de la Commission sportive. Henri Banos, champion de France 1936, est licencié du club mais Piot continue de courir pour la SN Marne.
En août 1930, Georges Piot est élu président du Comité des régates Internationales de Paris (CRIP). Reprenant une structure dans une situation financière déficitaire, il en assure le redressement. Il organise les championnats de France d'aviron en août 1931 puis le même mois ceux d'Europe dans le bassin de Suresnes, avec douze nations, 55 embarcations et plus de 200 rameurs.
C’est Piot qui prend l’initiative du match d’aviron Paris-Milan en septembre 1934. Il s’implique fortement dans la préparation des rameurs pour les Jeux olympiques de 1936, mettant l’accent sur les défauts de l’entraînement français en comparaison des rameurs anglais ou allemands. En décembre 1935, Piot abandonne sa fonction exécutive et est nommé président d'honneur du CRIP.
Il accède, en janvier 1936, à la présidence de la Fédération des sociétés d'aviron de la région parisienne. Saluée par les athlètes et la presse, son élection est cependant, selon le quotidien Excelsior, accompagné de vives polémiques, estimant que « Ce n'est pas, en effet, sans une certaine appréhension, sans un peu d'amertume que les anciens dirigeants voient les jeunes s’immiscer dans la direction de nos fédérations sportives. Surtout lorsque les nouveaux promus apportent un programme de réformes et désirent imposer leur compétence ». Le commentateur Roger Millaud considère que « beaucoup de dirigeants pensent « 1900 » et agissent mollement alors qu'il faut penser « 1936 » et préparer les champions de demain. »
Dès le mois de mars, le nouveau président, M. Georges Piot, fait adopter l'institution d'un brevet de rameur scolaire et met l’accent sur l’éducation au sein des clubs, insistant sur leur ouverture aux scolaires. Il supervise ainsi le développement de à l'entraînement des élèves par la SN Marne avec son dirigeant, Émile Lecuirot, et les professeurs Hansotte ou Briday.
Entre 1934 et 1939, Georges Piot collabore régulièrement au quotidien parisien Le Journal. Il signe également des tribunes ou accorde des entretiens à plusieurs grands organes de presse (Le Figaro, Excelsior, la radio PTT…).
Pendant la deuxième guerre mondiale, Georges Piot est, en décembre 1939 affecté spécial à l’entreprise Camions Bernard à Arcueil (Seine, act. Val-de-Marne). Il est démobilisé de fait de cette fonction en novembre 1940.
Après son retour à la vie civile, Georges Piot reprend ses fonctions à la présidence de la Fédération Parisienne d’aviron. Il est désigné, en avril 1942, comme vice-président de la Fédération française d'aviron.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, Piot poursuit son activité boursière. Il constitue une agence de remisier avec Jean Rufier des Aismes. En octobre 1945, ils sont arrêtés suite à une mise en cause pour une « escroquerie de 600 millions au préjudice du Trésor » selon la presse, le journal L’Humanité portant d’ailleurs la somme à 800 millions de francs, le montant étant celui des titres, pas le bénéfice de la vente. Ils rachetaient massivement des titres de rente arrivés à échéance, avec une décote, et en demandaient le remboursement à la Caisse des Dépôts et Consignations, mécanisme jugé illicite par le juge d’instruction. Georges Piot aurait liquidé pour son compte 150 millions de francs de valeurs. Il n’y a pas trace, dans les journaux, d’une éventuelle condamnation.
Dans le domaine sportif, Georges Piot commente en juin 1948 dans le quotidien L’Aube l’état des installations sportives françaises, notamment du bassin de Suresnes qu’il fit aménager : « jetons un pleur sur ses installations défuntes et les belles tribunes, muées en carcasses informes, tout à fait zone. »
Après le décès de son épouse en novembre 1966, Georges Piot se remarie en mai 1976 à Valence-sur-Baïse (Gers) avec Suzanne Marie Jeannine Bruno.
Georges Piot meurt le 5 avril 1980 à Créteil (Val-de-Marne). Il résidait probablement toujours à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 83 ans et avait eu une fille de son premier mariage. Georges Piot était titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze. Il avait été décoré de la médaille d'argent de l’Éducation physique en juin 1930 puis de la médaille d'or en janvier 1932.
Georges Piot naît le 14 septembre 1896 à Paris (18e arr.). Il est le fils de Delphine Angelina Robillard et de Louis Piot, marchands de vin avenue de Clichy. La famille s’installe en 1900 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où elle exploite un établissement rue du Pont, dans le quartier du Centre. Le père meurt en mai 1907.
Mobilisé pendant la première guerre mondiale en avril 1915, Georges Piot sert d’abord dans l’infanterie puis, devenu sergent en octobre 1916, est affecté à un escadron du train en janvier 1919 ; il est démobilisé en septembre de la même année. Il sera ensuite, dans la réserve, maréchal des logis chef en décembre 1930. Pour son courage dans la transmission des renseignements, Piot est cité à l’ordre du régiment et décoré.
Mesurant 1 m 81 pour 76 kilos en 1922, Georges Piot est un athlète pratiquant différents sports : natation, cyclisme, course à pied, mais surtout l’aviron. Il quitte d’ailleurs le domicile maternel pour s’installer en 1921 sur l’île Fanac à Joinville, d’abord chez un autre rameur, Robert Gault, puis dans son propre domicile, à proximité immédiate du garage de la Société nautique de la Marne (SNM), où il est licencié.
En août 1920, Piot remporte la Traversée de la Marne à la nage, course réservée aux membres de la SNM. En juin 1921, l’équipe junior Démaré et Piot gagne la course de sa catégorie dans les régates internationales tenues dans le bassin d’Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine). Cette fois dans une formation à quatre Piot est vainqueur avec Poix, Démaré et Bouton des championnats de Paris d'aviron à Juvisy (Seine-et-Oise, act. Essonne) en août 1921.
Le mariage de Georges Piot avec Laurentine Eugénie Julien, dite Linette, modiste est célébré en août 1922 à Paris (18e arr.). Le quotidien La Presse s’en réjouit, tout en émettant le vœu qu’il « reste à l'aviron ». Sur le plan professionnel, Piot est employé de banque ; il va travailler à la Bourse de Paris.
Effectivement, Piot poursuit sa carrière sportive, devant champion de Paris d’aviron en compagnie de Demaré en août 1922. En « quatre », il est victorieux de la Traversée de Paris avec Maurice Bouton, Demaré et Bocahut en avril 1923. Les mêmes remportent en mai la même année la Journée des fondateurs. Lors des Régates internationales tenues à Argenteuil en juin du même millésime, Piot et Demaré sont vainqueurs, à la fois en « deux » et en « quatre », de nouveau avec Bouton et Bocahut. Le mois suivant, les mêmes remportent aussi les championnats de Paris d’aviron à Juvisy et, en août, les championnats de France.
Comme d’autres sportifs de la commune, notamment parmi les rameurs Émile Lecuirot, Georges Piot va s’engager dans la politique municipale. Il est membre de la commission de préparation du programme du futur Comité d’union et d’action républicaines, qui regroupe les membres de l’Union des républicains de gauche (droite) ainsi que des radicaux et des socialistes indépendants. Cette commission, créée en avril 1923, est présidée par le maire, Henri Vel-Durand et comprend notamment François Decrombecque, ouvrier mécanicien et champion de marche à pied.
Le programme, adopté en mai la même année, préconise « à l’intérieur, maintien et développement méthodique des lois démocratiques et sociales actuelles : lois scolaires, défense des lois laïques ; loi de séparation à maintenir dans son intégralité ; lois d’assistance et de retraites, mise au point de la loi des retraites ouvrières par cotisations de l’État et des patrons seuls ; lois protectrices de l’enfance ; enseignement gratuit à tous les degrés par l’augmentation du nombre de bourses accordées seulement au concours, la bourse devant comprendre l’entretien complet de l’élève ; assainissement de la situation financière en diminuant l’inflation et en établissant des impôts mieux assis et surtout mieux perçus, maintien de l’impôt global et progressif sur les revenus, suppression de la taxe sur le chiffre d’affaires (…), compression des dépenses publiques surtout militaires (…) ; interdiction d’importation pour tous les produits de première nécessité (céréales, bestiaux, légumes, sucres) ; le comité est l’adversaire du communisme ; favorable au syndicalisme, s’il abandonne ses idées révolutionnaires ; opposé à la réaction royaliste. À l’extérieur, soutien au gouvernement. »
Lors de la constitution officielle en avril 1925 de ce comité, présidé par Félix Soulié, Piot fait partie des douze membres fondateurs.
Théodore Jean Baptiste Létang naît le 11 octobre 1835 à Paris (2e arr.). Il est le fils de Clarisse Thérèse Stéphanie Prophétie et de son époux, Marie Christophe Létang, qui a fondé, l’année de sa naissance, une entreprise de ferblanterie produisant des moules à chocolat installée rue Saint-Denis à Paris (3e arr.). Théodore Létang travaille dans l’atelier familial, fondé en 1832, qui devient une société en 1866 dans laquelle il est associé avec son père. Elle prend le nom de Marie Létang et fils. L’activité a été transférée au 44, rue du Montmorency encore dans le 3e arrondissement.
En octobre 1860 à Paris (3e arr.), Théodore Létang épouse Joséphine Eulalie Feuillet, fille d’un coiffeur de Bordeaux.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Létang est capitaine au 54e bataillon de marche de la Seine. Il prend part notamment à la bataille de Champigny. Du 30 novembre au 2 décembre 1870, les combats qui se déroulent à Champigny-sur-Marne et Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) font 2 000 morts. Le pont de Joinville sur la Marne est détruit. A Joinville, c'est la plaine de Polangis, alors non urbanisée, qui est le lieu des affrontements.
Les établissements Létang fils et leurs moules à chocolat ont une réputation internationale. Ils obtiennent des médailles à l'exposition universelle de Philadelphie (1876), à celle d’Anvers (1885), de Paris (1889), de Bruxelles (1897) et encore à Saint-Louis (États-Unis) en 1904.
Marque de fabrique de Létang
Théodore Létang lui-même est membres de jurys ou de comités pour les expositions universelles de Paris (1878 et 1889), Amsterdam (1883), Anvers (1885), Barcelone (1888) et Chicago 1893).
Dans son arrondissement de résidence, Théodore Létang assume plusieurs responsabilités caritatives et associatives. Il est président de l’Harmonie municipale en 1894. Administrateur du bureau de bienfaisance de la mairie du 3e arrondissement en 1899, il est également délégué cantonal à Paris. La fonction, instituée en 1886, place des représentants de la laïcité et de la République auprès des écoles ; ils veillent aux conditions de vie et de travail des écoliers. En 1900, il est vice-président du patronage laïque de l’arrondissement et président du dispensaire municipal en 1904.
Cependant, c’est à Joinville-le-Pont, où il dispose d’une résidence secondaire, que Létang va s’engager dans l’action politique et dans une action associative auprès des anciens combattants. Il est candidat en mai 1888 sur la liste du maire sortant, Gabriel Pinson, républicain modéré, qui s’oppose aux radicaux-socialistes, qui ont fait alliance avec un groupe socialiste-révolutionnaire. La majorité sortante est reconduite, avec 17 sièges, dont 16 gagnés au premier tour, contre trois pour la gauche. Létang remporte 291 voix sur environ 550 suffrages exprimés (environ 53%) et intègre l’assemblée locale au premier tour.
En décembre 1889 Létang participe à la cérémonie en mémoire de la bataille de Champigny au pied du monument élevé dans la commune. Il prononce un discours, aux côtés des députés Jules Ferdinand Baulard, élu radical-socialiste de la circonscription et ancien conseiller municipal de Joinville et Mathieu Bizouard, de la Côte-d'Or.
Devant plusieurs milliers d’assistants, Théodore Létang s’exprime de nouveau au nom des anciens combattants, toujours à Champigny, en décembre 1890 pour la commémoration des vingt ans de la bataille.
L’année suivante, sous une pluie incessante, l’hommage patriotique regroupe une foule considérable que le quotidien Le Radical évalue à dix mille personnes. Létang est de nouveau chargé de faire une allocution. La manifestation se termine par un incident avec un groupe de boulangistes, qui tentent d’intervenir avec des slogans nationalistes et antirépublicains, mais sont finalement évacués.
Après le décès, en juin 1888, un mois après sa réélection, du maire de Joinville, Gabriel Pinson, son adjoint Eugène Voisin est élu. Il conduit une liste, en mai 1892, en alliance avec les radicaux-socialistes, à laquelle s’opposent une formation conservatrice conduite par Bocquentin et le docteur Barborin. La majorité sortante emporte 16 sièges au premier tour et 6, dont celui de Létang, au second, laissant un poste à l’opposition de droite. Avec une moyenne de 360 sur 639 suffrages exprimés, la liste Eugène Voisin avait recueilli environ 70% des votes.
Lors du scrutin suivant, en mai 1896, la liste Eugène Voisin n’a pas de concurrents. Tous ses candidats, dont Létang, sont élus au premier tour avec environ 800 voix pour 918 électeurs inscrits. Désigné à deux reprises comme électeur sénatorial en 1899, Létang joue un rôle politique plus affirmé.
Les élections du nouveau siècle, en mai 1900 sont également emportées au premier tour par la liste Eugène Voisin, qui fait face à un groupement socialiste-révolutionnaire. Létang obtient 560 voix pour probablement un peu plus de 800 votants.
Enfin, en mai 1904 Létang est élu pour la cinquième fois, dès le premier tour, sur la liste radical-socialiste d’Eugène Voisin, avec 585 voix (52,3%). La majorité sortante remporte 22 des 23 sièges, face à une liste conservatrice (1 siège) et à des socialistes-révolutionnaires. Son mandat se termine en mai 1908 et il n’en demande pas le renouvellement.
Théodore Létang meurt le 14 février 1909 à Paris (10e arr.). Son décès est relaté par au moins dix-huit quotidiens nationaux et plusieurs titres de province. Âgé de 74 ans, Théodore Létang assistait à la représentation de la Femme X... au théâtre de la Porte-Saint-Martin, pièce d'Alexandre Bisson, mise en scène par Louis Péricaud. Au moment où le rideau se levait, il s'est subitement affaissé dans son fauteuil, victime d’une affection cardiaque.
L’industriel avait deux enfants ; son fils, Léon Létang, poursuivit l’exploitation de l’entreprise familiale.
Titulaire des Palmes académiques, Théodore Létang était officier d’académie depuis juillet 1891 et officier de l’instruction publique depuis avril 1900.
Il avait fait une donation à la ville de Joinville, la chargeant d’offrir chaque année en prix annuel un livret de caisse d’épargne pour un enfant des écoles municipales. Son nom figurait sur la liste des 12 bienfaiteurs de la commune apposée dans la mairie agrandie en octobre 1911.
Charles Augros naît le 14 août 1857 à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Silvie Clara Huguet et de son époux Silvain Augros, paveur.
La famille Augros vit ensuite à partir de 1863 à Paris (14e arr.) où Charles Augros est contremaître raffineur en 1890 puis comptable en 1894, année où il épouse, en janvier à Paris (13e arr.) Henriette Cholet.
Le couple s’installe ultérieurement à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il vit avenue Ratel, dans le quartier de Polangis.
Lors des élections municipales de 1919, Charles Augros est candidat sur la liste d’union républicaine et sociale, conduite par Henri Vel-Durand, adjoint au maire sortant. Elle rassemble des radicaux dissidents et des radicaux-socialistes, qui s’étaient opposés en 1912, avec des socialistes indépendants, qui se sont séparés du parti SFIO. La liste fait face à deux concurrents, des libéraux et conservateurs à droite, et les socialistes officiels à gauche. Charles Augros se rattache aux radicaux-socialistes, dont Georges Briolay, futur maire, est le dirigeant.
En novembre 1919, lors du scrutin communal, Augros obtient au premier tour 741 suffrages pour 1 694 exprimés (43,7%) sur 1 715 votants et 2 491 inscrits. Au second tour, il recueille 971 votes pour 1 518 exprimés (64%) sur 1 537 votants, la liste de droite s’étant retirée. Toute la liste est élue et Henri Vel-Durand devient maire, succédant à Ernest Mermet, qui était maire et meurt le jour même du scrutin de second tour.
Augros est délégué cantonal, une fonction créée en 1886 pour instaurer des représentants de la laïcité et de la République auprès des écoles, veillant aux conditions de vie et de travail des écoliers. Au sein du conseil municipal, il s’intéresse particulièrement aux questions scolaires.
En mars 1923, avec les autres radicaux-socialistes, les premiers socialistes SFIO comme Berthet et des socialistes indépendants, à l’instar de Graillat et Caperon, Augros participe à la constitution de la section de Joinville de la Ligue de la République, structure qui se veut « un groupe de tous les partis de gauche pour faire échec à la réaction ». Caperon en est le président et Augros le vice-président. En décembre, la section décide, en vue du prochain scrutin municipal, qu’elle « apportera son appui aux candidats de gauche qui accepteront son programme minimum. »
Après la démission du premier adjoint, Julien Périn (socialiste indépendant), Augros intègre le bureau municipal comme troisième adjoint en février 1924.
Peu avant le renouvellement du conseil municipal, un scrutin sénatorial permet de mesurer le rapport de forces au sein des élus sortants. Si Girot recueille 15 voix, venant des deux groupes, les autres s’opposent ; les élus de la majorité, dont le maire Vel-Durand et Caperon (qui abandonne la Ligue de la République), sont élus délégués avec 8 à 9 voix. La liste du cartel des gauches, sur laquelle figurent notamment Briolay, Graillat et Augros, est battue avec 6 à 7 voix.
Au cours du vote, en mai 1925, Augros est probablement candidat sur la liste du cartel des gauches, conduite par Georges Briolay, qui recueille une moyenne de 648 voix (28,4% des suffrages exprimés), derrière l'Union républicaine d’Henri Vel-Durand, qui a rallié les libéraux et conservateurs (1 080 votes, 47,5%) et devant les communistes (480 voix, 21,1%). Au second tour, malgré le retrait des communistes, les radicaux-socialistes sont battus et n’ont pas d’élu.
Vers 1923, Charles Augros préside la Mutualité scolaire de Joinville, une des principales sociétés de secours mutuels de la commune, assurant une couverture maladie aux parents et préparant à la retraite les enfants.
Il est également, jusqu’à son décès, administrateur du bureau de bienfaisance communal.
Charles Augros meurt le 3 décembre 1933 à Joinville. Il était âgé de 76 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Il avait été décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en août 1923 et en tant qu’officier de l’instruction publique en avril 1932.
Ernest Édouard Delmarle naît le 22 décembre 1872 à Sceaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Victorine Delmarle et d’un père non dénommé. Sa mère se marie en mai 1888 à Paris (11e arr.) avec Eugène Gillot, entrepreneur d’ébénisterie, qui le reconnaît.
Le service militaire d'Ernest Gillot se déroule dans un régiment d’infanterie à Sens (Yonne) entre 1893 et 1896. Il est nommé caporal en septembre 1894 puis versé dans la réserve en tant que vélocipédiste dans le 5e régiment de génie (Versailles).
Devenu ébéniste, comme son père, et résidant à Paris (11e arr.), rue Oberkampf, Ernest Gillot épouse en septembre 1899 à Douai (Nord) Marie Désirée Guillon, fille d’un capitaine d’artillerie.
Pendant la première guerre mondiale, Gillot va servir dans les activités automobiles. Il est classé dans un service auxiliaire, toujours lié à l’automobile, à partir de septembre 1916 pour obésité et emphysème, ce qui le rend inapte à la conduite. Nommé maréchal des logis en octobre 1917, il est libéré de ses obligations militaires en octobre 1919.
Après la première guerre mondiale, la famille Gillot vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ernest Gillot est devenu électricien en 1921 et ses deux filles, nées en 1902 et 1903 à Paris (11e arr.), sont devenues dactylographes.
En 1925, Gillot est membre actif de l’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, qui regroupe la droite à Joinville. Il est trésorier du groupe et participe aux réunions pour la constitution de la liste municipale, conduite par le maire sortant, Henri Vel-Durand. Au premier tour, la liste sur laquelle se présente Gillot obtient en mai 1925 1 080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés, devançant le cartel des gauches (socialistes et radicaux-socialistes) à 28,4% et les communistes à 21,1% ; tous les candidats sont élus au 2d tour faces aux radicaux, après le retrait des communistes.
Le programme de la liste, sur laquelle Gillot figure sous la mention ancien commerçant et résidant avenue du Bac, dans le quartier de Polangis, est axé sur l’application des lois de laïcité « sans rigueur et sans sectarisme », sur le maintien de l’octroi pour les marchandises entrant dans la commune ainsi que l’économie dans les dépenses budgétaires.
Selon le journal radical-socialiste Voix des communes, « le conseiller Gillot n’aime pas les fonctionnaires, surtout les petits » ; cet hebdomadaire, opposé à la municipalité joinvillaise, cite un propos qu’il aurait tenu : « le premier boueux pourrait remplir les fonctions d’employé municipal. »
C’est sur proposition de Gillot de la décision qu’en juin 1927 est abrogée une décision, pourtant prise par la même municipalité deux ans plus tôt, assimilant le personnel communal à celui de la ville de Paris et du département. Il s’oppose le même jour, contre la majorité locale, au réajustement des salaires des employés de la mairie.
Au cours des séances de l’assemblée locale, Gillot intervient régulièrement : sur la largeur des trottoirs de son avenue en novembre 1925 ; sur l’entretien de l’éclairage public un an plus tard ; sur la création d’une police du canotage « avec des contraventions, pour réduire les accidents » en décembre 1926 ; sur l’apprentissage de la natation dans les écoles en août 1927 et sur la création, qu’il n’obtiendra pas, d’un poste de professeur de dessin pour les écoles en janvier 1928.
En juillet 1927, Gillot participe à une réunion de propagande des Jeunesses patriotes, ligue d'extrême droite fondée par Pierre Taittinger qui s’affirment républicaines, mais dénoncent la carence du gouvernement contre le communisme. Tenue à Joinville, la réunion aurait rassemblé 400 selon l’hebdomadaire Gazette de l’Est.
Lors des élections municipales de mai 1929, Gillot ne figure pas sur la liste de droite conduite par Stephen Durande, qui a succédé à Henri Vel-Durand, mort en cours de mandat. Comme son collègue Antoine Liou, avec lequel il a défendu plusieurs positions lors de son mandat, Gillot se présente cependant de manière isolée, avec l’étiquette « radical indépendant ». Il obtient 195 suffrages exprimés pour 1 715 votants (11,4%) sur 2 491 inscrits au premier tour de scrutin. Au second tour, la liste du cartel des gauches, conduite par Georges Briolay, l’emporte avec 22 sièges sur celle de la municipalité sortante (5 élus) et sur les communistes.
En novembre 1932, Gillot est membre de la commission de propagande du Comité d’union républicaine et d’action sociale, structure de la droite locale, qui soutient Adolphe Chéron, député.
Toujours à Joinville, Gillot, est président de la Mutualité scolaire au moins à partir de 1927. Il exerçait toujours la fonction en 1946 et sans doute jusqu’à son décès. La Mutualité scolaire est une des principales sociétés de secours mutuels de la commune, fondée en 1912. Elle vise à assurer aux parents de ses membres participants des secours en cas de maladie ou blessures ainsi qu’à constituer des pensions de retraites à ses adhérents. Elle comptait 165 adhérents en 1916-1917.
Ernest Édouard Gillot meurt le 14 février 1947 à Joinville. Il était âgé de 74 ans. Il avait obtenu plusieurs récompenses : une médaille de bronze pour actes de courage et de dévouement en février 1927 ; pour son activité en faveur de la mutualité, une mention honorable en septembre 1930 puis une médaille de bronze en septembre 1933.
Sa femme, Adeline Marie Désirée Guillon est née le 16 août 1867 à Sailly-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), fille d’un capitaine d’artillerie, chevalier de la Légion d’honneur. Elle fut membre, en 1928, du bureau de la section de Joinville Saint-Maurice de la Mutualité maternelle de Paris. L’association est issue d’une scission de la société de l’Allaitement maternel ortée par son ancienne présidente, Jeanne Bitterlin, et fondée à Joinville sous le nom d’Union des mères de Joinville-le-Pont en mai 1913. C’était une de principales organisations humanitaires de la commune. Adeline Gillot meurt le 24 novembre 1932 à Joinville. Elle était âgée de 65 ans et avait eu deux filles.