Marie Thérèse Chauvin naît le 30 juillet 1863 à Bordeaux, Gironde. Elle est la fille de Thérèse Denucé et de son mari Arthur-Émile-Alfred Chauvin, négociant.
Issue de la bourgeoisie bordelaise, ancienne élève du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, dont elle obtient un premier accessit en 1887, Marie Thérèse Chauvin adopte le pseudonyme de Sylviac dès le début de son activité de comédienne de théâtre. Elle pratique également le piano.
Participant aux débuts du Théâtre-Libre à Paris elle joue sur de nombreuses scènes dans la capitale française, ainsi qu’à Bruxelles et Saint-Pétersbourg ou en province (Lyon, Marseille, Luçon, Cauterets…). Son répertoire est principalement dans la comédie. Très active jusque 1909, elle aura une présence plus limitée ensuite, remontant sur les tréteaux entre 1922 et 1925. Elle tourne dans au moins deux films en 1926 et 1935, Pension Mimosas de son gendre, Jacques Feyder.

En tant qu’auteur, Sylviac est à l’origine de six pièces jouées avant la première guerre mondiale qui sont remarquées par la critique et dont certaines ont du succès à Bruxelles (Le Trait d'Union) ou à Paris (L'Eau qui dort). Elle publie également un court roman, Marchandes de Chichis, développement d’un texte paru dans la presse. L’accueil n’est pas enthousiaste, mais le talent de Sylviac est salué.
Dans la presse, Sylviac tient une chronique dans le Jardin des modes nouvelles (1912-1914) et publie plusieurs articles dans Le Journal, Le Figaro, Comoedia ou Vogue.
Selon l’écrivain Jean Lorrain (1855-1906), « Il y a deux femmes dont la société m'enchante, parce que ce sont les deux plus rosses de Paris : Balthy et Sylviac ». Sylviac consacra d’ailleurs un texte à la chanteuse Louise Balthy (1867-1925).
Pour Sacha Guitry, « Mme Sylviac est la bonté même. Elle ne peut pas souffrir qu'on débine les gens devant elle. Prononcez un nom, vous verrez immédiatement Mme Sylviac s'en emparer, le traîner dans la plus spirituelle des boues, rendant désormais impossible toutes les calomnies. » Sylviac était également très sportive.
Si l’activité artistique de Sylviac lui vaut une certaine réputation, ce sont cependant ses démêlés avec l’administration des Postes qui lui apporteront une réputation considérable.
En avril 1904, Sylviac se plaint, auprès de la surveillante du central téléphonique qu’elle a dû attendre 55 minutes pour obtenir une réponse, tandis que la communication n’aboutit pas. Elle lui déclare que les demoiselles « s’expriment comme des vachères ». L’administration porte plainte pour « outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions » et « imputation calomnieuse » et interrompt son abonnement pour 17 jours. Deux procès vont suivre. Dans le premier, en correctionnelle, Sylviac est acquittée. Dans le second, qui va jusqu’au Conseil d’État, elle ne réussit pas à obtenir ni le remboursement de son abonnement pendant la période concernée, ni l’abrogation de l’article 52 du règlement qui autorisait la coupure des communications ; cependant, l’administration du téléphone cesse de l’utiliser. L’affaire fait l’objet de plus de 1 300 articles, dans les quotidiens ou hebdomadaires nationaux et en province, ainsi que dans les revues juridiques, y compris au plan international. Sylviac, qui était défendue par l’Association des abonnés au téléphone, est présentée comme une héroïne voire comme une nouvelle Jeanne d’Arc. La procédure engagée permis de reconnaître que les employés du téléphone étaient des employés chargés d’un service public, susceptibles donc de se syndiquer.
Sylviac eut, en 1890, une liaison avec un comte limousin, alors lieutenant dans un régiment de cuirassier, Gilbert Bandy de Nalèche. Une fille naquit en 1891 de leur union, Françoise. Elle fut reconnue par son père en 1936.
En 1907-1908, Sylviac fut impliquée dans une autre affaire judiciaire. En juillet 1899, elle avait discrètement épousé, dans le quartier du Strand, à Londres (Royaume-Uni) Léon Osterrieth, officier belge, issu d’une très riche famille francophile d’Anvers. Léon Osterrieth fut administrateur du théâtre des Variétés d’Anvers, propriété de sa famille, et auteur sous le pseudonyme de Noël Retso.
La mère de Léon Osterrieth, née Léonie Mols, avait attaqué devant les tribunaux belges le mariage de son fils pour défaut de consentement parental. En effet, les codes civils français et belge exigeaient cette formalité, ce qui n’était pas le cas de la loi anglaise. Le procès était annoncé comme devoir être sensationnel par la presse parisienne. Cependant, elle ne fit jamais part de ses résultats ; il est donc possible qu’il y ait eu un désistement.
Léon Osterrieth (1870-1924) fut pendant la première guerre mondiale attaché militaire de Belgique à Washington, aux États-Unis, où il sera décoré de la Army Distinguished Service Medal. Il y rencontra peut-être Gilbert de Nalèche, comme lui officier de cavalerie et en poste à la mission diplomatique française dans la capitale américaine.
Françoise Bandy de Nalèche dite Françoise Rosay (1891-1974), fut chanteuse lyrique, actrice de théâtre et de cinéma, résistante pendant la deuxième guerre mondiale et décorée comme officier de la Légion d’honneur. Elle porta le même pseudonyme que sa mère au début de sa carrière, jusque 1911.
Malgré des relations difficiles, la mère et la fille jouèrent à plusieurs reprises ensemble au théâtre, dans sa propre pièce Coiffeur pour dames à la Comédie-Royale en 1909 et au cinéma, dans Pension Mimosas.
Les trois fils de Françoise Rosay et Jacques Feyder travaillèrent tous dans le cinéma : Marc Frédérix (1919-2004) fut décorateur. Paul Feyder (1922-1999) était réalisateur. Enfin, Bernard Farrel (1926-1999) a été auteur, scénariste, réalisateur et comédien.
Sylviac est morte à Paris le 31 décembre 1947 Paris résidait 46, rue La Bruyère. Elle était âgée de 84 ans et fut incinérée au cimetière du Père-Lachaise.

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