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9 novembre 2022 3 09 /11 /novembre /2022 00:01

Louis Nectoux naît le 5 octobre 1857 au Creusot, Saône-et-Loire. Il est le fils de Philiberte Pernin et de son époux Joseph Nectoux, ouvrier mouleur, qui vivent dans le quartier des Alouettes. Le père ne sait pas signer.

Devançant son service militaire, Louis Nectoux s’engage dans l’armée pour cinq ans en mai 1876, toujours au Creusot. Il est affecté au dans l’infanterie au 13e régiment de Ligne. Démobilisé en septembre 1880, il effectue deux périodes de réserve en 1883 et 1884 puis est réformé définitivement en mai 1886 après la découverte d’une « bronchite suspecte. »

Alors employé et résidant alors cité Griset à Paris (11e arr.), Louis Nectoux épouse dans cet arrondissement en juillet 1886 Marguerite Michel, mécanicienne et fille de tailleurs.

Au cours des années 1890, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, sur la rive gauche de la Marne.

Marguerite Nectoux est, en 1903-1904, membre de la section de Joinville de la société de l’Allaitement maternel, principale association humanitaire locale, qui compte alors 76 membres, dont 71 femmes. Une grande partie des épouses ou filles de personnalités politiques locales y adhèrent, à l’image de sa présidente Jeanne Bitterlin. Elle est une des trois visiteuses de l’organisation, se rendant au domicile des jeunes mères sollicitant une aide.

Pour sa part, Louis Nectoux s’engage dans l’action politique. C’est très probablement lui qui figure parmi les trois orateurs de la réunion publique organisée en mai 1902 par Pierre Dalbavie, tailleur d’habits, conseiller municipal et responsable conservateur dans la commune, en faveur de Léon Fatoux, candidat nationaliste à l’élection législative. Sous l’égide de La Patrie française, mouvement boulangiste, Maitrot, Nectoux et Maignier auraient « exécuté comme il convenait l’ignoble équipe gouvernementale, les agissements des sectaires francs-maçons, des dreyfusards et des sans-patrie » selon la presse qui rend compte de la rencontre, et auraient conclu la séance aux cris de « ‘Vive la Patrie ! Vive la République nationale ! Vive la liberté ! »

En 1904, sous le pseudonyme de « Paul Angis », Nectoux collabore au journal le Travailleur français, publié dans le canton de Saint-Maur. Il attaque, en février 1908, la décision, prise en avril l’année précédente, de retirer la croix du cimetière communal. Le maire, Eugène Voisin (radical-socialiste) lui répond que c’est en application de la loi du 9 décembre 1905 que les conseillers municipaux ont décidé à l’unanimité de supprimer tout emblème religieux. Son adjoint, Georges Briolay, également radical-socialiste, propose de « céder gratis » ladite

Chroniqueur dans le Républicain libéral, autre organe conservateur dans le même canton en 1908 assure, en février 1908 n’être pas « réfractaire aux idées de progrès ». Critiquant la liste du comité radical-socialiste, qui soutient le maire, il tente de mettre en place, en mars 1908, sa propre liste pour les élections municipales. Il échoue cependant à trouver un terrain d’entente avec le comité socialiste évolutionniste, composé notamment d’anciens socialistes et de radicaux dissidents, et n’est pas candidat. La liste Voisin emporte 21 des 23 sièges à pourvoir, un socialiste évolutionniste et un indépendant complétant le tableau.

Devenu ingénieur des Arts et Métiers et comptable, Nectoux quitte Joinville et s’installe boulevard Voltaire à Paris (11e arr.). Il remplace en 1917 le chef du service commercial de la Société d'électrochimie et d'électrométallurgie d'Ugine (Savoie), qui est mobilisé pour la première guerre mondiale. Après la fin du conflit, il représente l’usine dans l’Ouest de la France et s’établit à Nantes où il réside, en 1926, à l’angle de l’avenue Botrel et de l’avenue des Orphelins. Il prend sa retraite en 1932.

Louis Nectoux meurt le 18 mars 1941 à Nantes, âgé de 83 ans. Il est inhumé sur place puis, en février 1944 exhumé ; les archives de Nantes ne précisent pas sa nouvelle sépulture.

Les époux Nectoux ne semblent pas avoir eu d’enfant ; ils adoptent cependant et élèvent André Henri Marie Belleuvre (1919-2008), fils d’une sœur de Louis Nectoux.

L'usine d'Ugine

 

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7 novembre 2022 1 07 /11 /novembre /2022 00:01

Honoré Jean Genevay naît le 26 novembre 1888 à Villeurbanne (Rhône, act. Lyon métropole), Il est le fils d’Anne Félicie Parret, enjoliveuse, et de son époux Aimé Genevay, passementier. Ils vivent cité Delassalle.

Alors employé de commerce, Honoré Genevay devance son service militaire et s’engage dans l’armée pour trois ans en décembre 1906 à Lyon. Il est affecté au 19e escadron du train des équipages, où il est promu brigadier en juillet 1907, brigadier-fourrier en septembre la même année puis maréchal des logis un an après. Démobilisé en décembre 1909, il devient dans la réserve sergent-major, chef du train régimentaire du 157e régiment d’infanterie.

Quittant la région lyonnaise pour celle de Paris, Honoré Genevay vit d’abord à Paris (11e arr.), boulevard Voltaire puis s’installe, avec son père, en 1911 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac, dans le quartier de Polangis. Il est devenu comptable et épouse en juin 1914 à Paris (6e arr.) Jeanne Marie Lidie Cabour, modiste ; ils s’installent à Joinville.

Son père, vénérable d’une loge maçonnique en 1911, possède une petite usine à Joinville de fabrication de sommiers et literie, mais fait faillite en 1923.

Pendant la première guerre mondiale, Genevay est mobilisé au sein du 159e régiment d’infanterie puis du 14e régiment de tirailleurs et sert comme sergent-major. Son comportement lui vaut une citation à l’ordre du régiment en novembre 1917 : « Sous-officier très dévoué. Pendant la période du 15/08 au 28/10/1917, a assuré le ravitaillement des compagnies de premières lignes, sans se laisser arrêter ni par les bombardements violents, ni par les gaz toxiques ». Il sort du conflit blessé, avec de plaies multiples de la face, suite à une chute de cheval.

Après le conflit, Genevay est fabricant de literie en 1921. La famille est installée avenue du Château, voie qui sera renommée plus peu après avenue Foch, toujours à Polangis. En 1926, il est employé commercial dans la firme cinématographique Pathé, installée à Joinville-le-Pont dans le même quartier. À partir de 1931, il est artisan tapissier et son épouse l’accompagne comme matelassière.

À l’occasion des élections municipales de mai 1929, Genevay se porte candidat sur la liste de Concentration des gauches, conduite par Georges Briolay, qui comprend des radicaux-socialistes, des socialiste indépendants et des membres du parti socialiste SFIO. Elle arrive en tête au premier tour, avec 42,8% des suffrages exprimés devant le maire sortant, Stephen Durande (droite) à 38,8% et les communistes (18,4%). Au second tour, les gauches emportent 22 des 27 sièges à pourvoir en obtenant 45,9%, les conservateurs ayant les cinq autres avec 41,6% tandis que le PCF n’a pas d’élu (12,5%). Au premier tour, Genevay avait obtenu 749 voix pour 1 715 suffrages exprimés (43,7%) sur 2 491 inscrits. Il est élu au second tour et Briolay devient maire.

Au sein du conseil municipal, si Genevay figure dans la majorité solidaire du maire, il se prononce cependant en juin 1929 contre le changement d’appellation de la rue du Cimetière qui devient, sur proposition du premier adjoint socialiste, Georges Roger, rue de l’Égalité.

Dans la ville, Genevay prend une part active à la vie locale. Il est entre 1934 et 1938, président de la commune libre de Polangis, structure d’animation du quartier. Il est administrateur de la caisse des écoles en 1935. Représentant sa commune, il est désigné en août 1934 membre de la Commission administrative de l'hôpital intercommunal de Créteil. Il fait également partie en mars 1933 des initiateurs d’une Mutuelle de l'Union fraternelle d'anciens combattants de Joinville-le-Pont, présidée par Henri Fraissange.

La vie municipale est agitée, le parti socialiste SFIO retirant son appui à la municipalité. Un accord électoral avec les libéraux et conservateurs permet la conservation de la majorité lors d’élections municipales partielles en octobre 1934, mais la rupture de cette alliance conduit à une compétition élargie pour les élections municipales de mai 1935.

Pour cette échéance, Genevay est élu en avril 1935 vice-président du Groupement des gauches républicaines, présidé par le radical Gabriel Vélard et qui comprend aussi des socialistes indépendant, dont l’adjoint au maire sortant, Roger, dissident de la SFIO.

Il participe avec le maire à la liste qui revendique au bilan de la municipalité d’importants travaux d’amélioration et d’embellissement. Elle concède avoir dû augmenter les impôts, mais assure qu’il s’agit de charges imposées à la commune (contingent d’incendie, indemnités de chômage, moins-values sur les recettes).

La liste radicale obtient 26,8% au premier tour, largement devancée par l’Union des républicains (droite, 32,6%) et talonnée par les communistes (23,5%), qui fusionnent entre les deux tours avec les socialistes SFIO (12,3%). La droite, avec 40% et 25 sièges, devance légèrement la gauche communiste et socialiste (39,7%, 2 élus), tandis que les radicaux sont distancés (19,5%, pas d’élu).

Honoré Genevay, qui est alors artisan tapissier, a obtenu 791 voix pour 2 856 suffrages exprimés (27,7%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits au premier tour. Il est crédité au second tour de 607 voix pour 2 899 suffrages exprimés (20,9%) sur 2 924 votants.

Honoré Genevay meurt le 4 février 1942 à Joinville. Il était âgé de 53 ans et père de trois enfants, dont deux morts très jeunes. Décoré de la Croix de guerre, il était également titulaire des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie depuis février 1939. Son père, qui l’avait rejoint à Joinville en 1934, meurt sur place trois mois plus tard.

Le pont de Joinville en 1939

 

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5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 00:01

Aimé Genevay nait le 27 novembre 1864 à Lyon (5e arr.). Il est le fils de Jeanne Genevay, épouse d’Alexis Vergnais, cultivateur à Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône). Il naît chez une sage-femme de la rue Saint-Jean, qui effectue la déclaration à l’état-civil sous le nom de Vergnais. Cependant, le mari de sa mère ne le reconnaît pas. En mai 1865, une ordonnance du tribunal civil du Rhône le déclare « étranger à Alexis Vergnais » et à sa famille ; il doit alors porter le nom de Genevay.

Après la mort de son beau-père en octobre 1875, étant le fils d’une veuve, Aimé Genevay effectue un service militaire d’un an à partir de novembre 1885 dans l’infanterie au 96e régiment de Ligne.

Il est passementier et vit ensuite entre Villeurbanne et Lyon. Il épouse en décembre à Lyon (6e arr.) Anne Félicie Parret, enjoliveuse. Cette dernière reste cependant vivre à Lyon tandis qu’Aimé Genevay s’installe à Paris (11e arr.), boulevard Voltaire. Ils divorceront en mars 1920.

En janvier 1911, Aimé Genevay est le vénérable de la loge maçonnique Étienne-Marcel, rattachée au Grand-Orient de France, basée chez lui, boulevard Voltaire. Il organise la tenue solennelle d’installation en présence de l’industriel Georges Bouley, président du conseil de l’Ordre. Il est également actif dans L'Union Amicale de Solidarité, structure parallèle qui permet d’organiser des banquets et sert pour l’action laïque.

Il est, en juin 1914, représentant de commerce, et toujours franc-maçon, membre de la loge L’Évolution économique.

Après-guerre, Aimé Genevay exploite la société Genevay et Cie, en association avec Marcel Senac. Elle fabrique des sommiers et de la literie avec un magasin rue Charlemagne à Paris (4e arr.), et une usine à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac, dans le quartier de Polangis où ils s’est installé.

L’entreprise fait faillite et janvier 1923 mais la procédure se termine par un concordat en novembre la même année et Aimé Genevay, qui se présente comme industriel et s’est installé rue du Trésor à Paris (4e arr.), se remarie dans cet arrondissement avec Fernande Adèle Coppé en août 1924.

Aimé Genevay meurt le 18 mai 1942 à Paris (12e arr.), où il était hospitalisé faubourg Saint-Antoine. Il était âgé de 77 ans et de nouveau domicilié à Joinville, dans l’ancienne résidence de son fils, mort sur place trois mois plus tôt. Il s’y était installé en 1934, sans sa seconde épouse.

Une guinguette à Joinville-le-Pont

 

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3 novembre 2022 4 03 /11 /novembre /2022 00:01

Jules Édouard Roiné naît le 24 octobre 1857 à Chantenay-sur-Loire (Loire-Inférieure, act. Nantes, Loire-Atlantique). Il est le fils de Julienne Marie Brizé, revendeuse, et de son mari Julien Roiné, tailleur de pierres ; ce dernier ne sait pas signer.

Selon le quotidien Le Siècle, Édouard Roiné montre ses talents artistiques en sculptant des sabots dans son village natal. Après une formation en dessin auprès du peintre Alexandre-Jacques Chantron à Nantes, Roiné travaille dans l’atelier de sculpture de Léopold Morice (1843-1920), auteur notamment du Monument à la République, situé au centre de la place éponyme à Paris. En 1881, Édouard Roiné entreprend un voyage aux États-Unis et s’installe à New-York. Il travaille à la décoration d’églises et de salles de spectacle. À partir de 1886, il rencontre des sculpteurs new-yorkais, dont les frères Henri et Félix Weil, avec lesquels il se lie.

Pour améliorer sa technique artistique, Roiné effectue des expériences chimiques. Il s’intéresse à la commercialisation du courant électrique, qui débute en 1889, et s’initie à l’électro-galvanisation. Il en est le pionnier en Amérique, produisant sa première plaque commémorative en 1894 à l’effigie de sa modèle, Marguerite Delpech.

La même année, Édouard Roiné rentre en France, réside d’abord à Paris rue Vauquelin puis à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), rue du 14-Juillet. Il a pour compagne Agathe Bergeron, avec laquelle il a eu une fille, Alice, née à New-York en 1886. Il se spécialise dans la gravure en médailles.

Signature de Roiné

Exposant pour la première fois au Salon des artistes français en 1895, il y participe ensuite régulièrement. Il est membre de la Société des artistes français. Il reçoit une mention honorable en 1897, une médaille de deuxième classe en 1898 puis une médaille de première classe en 1900. La même année, il est récompensé d’une médaille d'or lors de l’Exposition universelle de Paris pour L'Aurore du XXe siècle, bas-relief en plâtre dont une édition en bronze argenté est exposée au Metropolitan Museum of Art de New-York tandis que l’original est au musée du Luxembourg, à Paris.

De retour en Amérique en 1904, Édouard Roiné vit à New-York, d’abord dans la 37e rue, puis dans la 23e. Il s’associe avec les frères Weil en formant la Medallic Art Company qui deviendra en 1908 la Roiné, Weil and Company. Devenu membre du Salmagundi club de New-York en 1906, Roiné adhère à la National sculpture society de New-York et à l’American Numismatic Society en 1908. Il participe aussi à l’Architectural League of New-York.

Avec les frères Weil et deux amateurs d’art américains, Charles DeKay et Robert Hewitt Jr., il constitue en 1909 le Circle of Friends of the Medallion (cercle des amis de la médaille), qui comprendra environ 400 membres, dont l’inventeur Alexander Graham Bell, le banquier J. Pierpont Morgan ou des personnalités politiques et des sculpteurs.

Après son retour, sa première réalisation est la décoration de l’église épiscopalienne Grace church de Manhattan. À partir de 1905, Roiné réalise la statue qui orne le palais de justice du Bronx (Borough Courthouse), intitulée Lady Justice qui sera terminée en 1915. Il est chargé de faire une plaque commémorative en l’honneur de l’ancien président Abraham Lincoln pour le centenaire de sa naissance en 1909.

Roiné expose en 1908 lors du salon d’hiver de la National Academy of Design à New-York puis en 1913 à l’exposition d’art moderne Armory Show, toujours dans la même ville. Ses travaux aux États-Unis lui valent d’être présenté comme « un des grands médailleurs du monde. »

Atteint de la maladie de Bright (insuffisance rénale), Édouard Roiné doit cesser l’essentiel de sa production artistique et rentre en France définitivement probablement en 1913. Il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Sa fille Alice avait épousé Paul Rousseau, qui deviendra procureur de la République à Valenciennes (Nord). Il est le fils du docteur Henri Rousseau et de son épouse, l’écrivaine Léonore Rousseau. Le médecin dirige l’institution du Parangon, installée dans un vaste parc, rue de Paris à Joinville, qui est devenue une école pratique coloniale. Jules Roiné participe à la distribution des prix aux élèves de l’école en été 1913 et 1914. Il est également membre du jury du Salon de Artistes français.

Jules Édouard Roiné meurt le 11 avril 1916 à Joinville. Il était âgé de 58 ans.

La médaille commémorative d'Abraham Lincoln, réalisée par E. Roiné

 

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1 novembre 2022 2 01 /11 /novembre /2022 00:01

Ernestine Léontine Camus naît le 17 mars 1870 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Ses parents exploitent une charcuterie dans cette ville, boulevard de Créteil, et résident dans la commune voisine de Saint-Maurice, Grande-Rue.

En mai 1891, elle épouse, dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, Émile Baptiste Lecuirot, comptable. Ils installent à Joinville, dans le quartier du Centre, d’abord rue de Paris puis rue du Pont, ensuite villa Rousseau et enfin dans le quartier de Polangis avenue du Château (act. avenue Foch).

Son mari, devenu directeur d’agence bancaire, sera également le dirigeant d’un important club sportif basé à Joinville, la Société nautique de la Marne, ainsi que le responsable d’un groupement des formations de droite et conseiller municipal de la ville (1929-1934).

Comme un nombre important d’épouses de notables joinvillais, Ernestine Léontine Lecuirot devient, en janvier 1901, une des visiteuses de la Société de l’allaitement maternel. C’est une association humanitaire laïque, dont la section de Joinville est particulièrement active. Sa belle-mère est également adhérente. Elle est alors présidée par Jeanne Bitterlin, épouse d’un médecin et homme politique local.

Cette dernière, en conflit avec le comité directeur de Paris et une partie du conseil d’administration de la section, s’en sépare et constitue en mai 1913 l’Union des mères de Joinville-le-Pont, qui prendra ultérieurement le nom de Mutualité maternelle. Ernestine Léontine Lecuirot est la vice-présidente de la nouvelle association en décembre 1918. Du fait de la première guerre mondiale, elle a étendu ses services aux orphelins, veuves de guerre et réformés pour tuberculose, soit 30 familles secourues en 1918.

En 1939, une propriété à Saint-Maurice, qu’Ernestine Léontine Lecuirot avait héritée de ses parents, est expropriée pour permettre d’assurer la liaison entre le boulevard de Gravelle, dans le Bois de Vincennes, et la ville de Saint-Maur-des-Fossés.

Ernestine Léontine Lecuirot meurt le 12 mars 1941 à Joinville. Elle était âgée de 70 et mère de deux enfants. Son fils, Émile Lecuirot, devint entre les deux-guerres champion d’Europe d’aviron et fut, à deux reprises, sélectionné pour les Jeux olympiques en 1928 et 1936. Le gymnase des quartiers de la rive gauche de la Marne, à Joinville, a été baptisé de son nom en 1982.

Gymnase Lecuirot à Joinville-le-Pont

 

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30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 01:01

Simone Marguerite Lahaye naît le 11 janvier 1906 à Reims (Marne). Elle est la fille de Marie Léonie Lobry, lingère, née à Bruxelles (Belgique) et de son compagnon Édouard Théodore Lahaye, ouvrier boulanger, qui la reconnaît. Ses parents se marient à Reims en janvier 1907.

Pendant la première guerre mondiale, son père est mobilisé dans une section de commis et ouvriers. Il est condamné pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre » par le 2e conseil de guerre le 21 septembre 1917 ; du fait que des circonstances atténuantes lui sont accordées, sa peine est limitée à deux mois de prison.

À la fin de ses obligations militaires, en février 1919, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gille, dans le quartier de Palissy ; ils s’installent ensuite dans le quartier voisin de Polangis, avenue Arago. Le père est toujours boulanger puis sera manœuvre, la mère est lingère et nourrice.

Simone Lahaye fait un apprentissage en tant que dactylographe et devient ensuite ouvrière dans une usine. En avril 1926, elle épouse à Joinville Jean Savu ouvrier ébéniste, syndicaliste et militant du parti communiste qui vivait dans la même ville, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri). Ils s’installent après leur mariage dans la commune voisine de Champigny, avenue d'Alsace-Lorraine, rue Diderot puis rue de Port-Arthur (act. Eugène-Pottier).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu s’engage comme résistant à l’occupation allemande dans les Francs-Tireurs et Partisans, mouvement clandestin proche du parti communiste. Arrêté en juillet 1943 par la police française, il est condamné à mort le 15 octobre par un tribunal allemand et fusillé le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Son épouse est la destinatrice d’une de ses deux dernières lettres, datée du 23 octobre : « Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. (…) Je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. »

Après-guerre, Simone Savu témoigna par écrit des violences faites à son mari et porta plainte selon les historiens Annie et Claude Pennetier, témoignant qu’il avait « été violemment frappé à coup de nerf de bœuf par les inspecteurs de la BS2 », les policiers français qui l’avaient interpellé. Elle est adhérente du parti communiste, dans une cellule de Champigny qui porte le nom de « Jean Savu ». Selon l’historien Paul Boulland, elle est candidate aux élections municipales de sa commune en mai 1945 et novembre 1947 sur la liste d’Union républicaine et résistante, soutenue par les communistes. Il y voit la volonté du PCF de « valoriser des figures au fort pouvoir d’évocation symbolique », remarquant qu’une autre veuve de fusillé est également présentée à Joinville (Juliette Derrien). La fille d’un autre fusillé campinois, Taravella, figure également sur les mêmes listes les deux années.

Les archives de la fédération communiste, consultées par Paul Boulland, contiennent ces appréciations de deux responsables de la section « bonne camarade, veuve d’un fusillé, mère d’un enfant en bas âge, candidate sur la liste de notre Parti à Champigny » et « Pas très forte politiquement étant au Parti depuis la Libération. Camarade très dévouée. »

Si Simone Savu n’est pas élue à l’issue des scrutins de 1945 et 1947, elle intègre le conseil municipal de Champigny en avril 1951, remplaçant une démissionnaire. Elle est réélue toujours sur les listes communistes, en mai 1953, en juin 1959 puis en mars 1965. Pendant toute la durée de son mandat, le maire de la commune est le communiste Louis Talamoni, élu de 1950 à 1975.

En mai 1960, Simone Savu, qui réside toujours à Champigny, avenue Guy-Môquet, se remarie avec Georges Mesnard, ancien résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale et également conseiller municipal de Champigny. En application du code électoral, il dut démissionner de son mandat après leurs épousailles.

Simone Mesnard meurt le 18 février 2001 à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), où elle était probablement hospitalisée. Elle était âgée de 95 ans et avait eu au moins un enfant de son premier mariage, dénommé également Jean Savu.

Portrait de Jean Savu, époux de Simone Savu [ph. Maitron]

 

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28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 00:01

Jean Savu naît le 11 juin 1904 à Montreuil-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est le fils de Louise Marie Boussard, et de son époux, Jean Savu, ébéniste, qui vivent rue de la République.

Sa mère est couronnière, c’est-à-dire confectionneuse de couronnes mortuaires avec des perles enfilées sur du fil-de-fer. Son père est natif en 1874 de Bucarest (royaume de Hongrie, act. Roumanie) et est ébéniste. Il obtient (pour son fils aussi) la nationalité française en mai 1910. Pendant la première guerre mondiale, Jean Savu père est réformé à cause de sa surdité.

À partir de 1910, la famille, qui compte six enfants, est installée à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Jean Savu est, comme son père, ébéniste en 1921. En 1926, il est installé dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy. Il épouse dans cette commune, en avril 1926, Simone Lahaye, ouvrière, qui vivait dans le quartier voisin de Polangis.

L’usine de meubles dans laquelle il travaille, sise avenue Racine, à Joinville, prend feu en 1933. En juillet, le conseil général lui accorde un secours de cent francs du fait que l’incendie l’a réduit au chômage pendant une période. Il s’est alors installé de nouveau à Champigny.

Selon les historiens Annie et Claude Pennetier, Jean Savu est en 1930 membre du parti communiste et recevait du matériel de propagande destiné à des communistes italiens avec qui il était en contact. Il était également inscrit à l’Amicale sporting club de Champigny, club affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu fait partie de l’Organisation spéciale, mouvement clandestin créé par le parti communiste qui intègre ensuite les Francs-Tireurs et Partisans. D’après A. et Cl. Pennetier, Jean Savu est le responsable technique de la section des FTPF de Champigny. Il gère notamment une machine de reprographie (ronéo) à main installée dans le pavillon de Simone Lambre à Champigny.

Arrêté en juillet 1943 par la police française dans l’atelier d’Auguste Taravella, autre résistant communiste campinois, il est porteur d’un tract intitulé Défense de la France et de deux certificats de recensement en blanc et une copie du cachet humide de la mairie de Montreuil. Il est Interné à la prison de la Santé (Paris, 14e arr.). Lors d’une visite dans cette prison, son épouse témoignera que Jean Savu « a été violemment frappé par des inspecteurs de la BS2 [Brigade spéciale no 2] à coups de nerf de bœuf sur les reins ». Il est ensuite transféré à celle de Fresnes (Seine, act. Val-de-Marne).

Il est condamné à mort le 15 octobre par le tribunal allemand du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (Paris, 8e arr.) pour « activité en faveur de l’ennemi ». Il est fusillé à 12 h 41 en même temps que vingt autres personnes le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne), Jean Savu et trois autres fusillés campinois (Pierre-Marie Derrien, Maurice Pirolley et Augustin Taravella) furent transférés le 2 décembre 1944 au cimetière de Champigny-sur-Marne.

Par décret du 28 décembre 1945, il avait été nommé, à titre posthume, officier dans l’armée de terre au grade de sous-lieutenant. Un autre décret, le 6 novembre 1960, lui octroie la dignité de chevalier de la Légion d’honneur. Une rue du quartier du Tremblay, à Champigny, reliant les avenues du Général de Gaulle et Pierre-Brossolette, est baptisée « Jean-Savu ». Son nom figure sur les monuments aux morts de Champigny ainsi que sur celui du Mont-Valérien. Il figure également sur une plaque au sein de la Bourse du Travail de Paris « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France - Lorsqu'on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice - Paul Éluard. »

Le matin de son exécution, Jean Savu a écrit deux lettres. Une à son frère Louis et l’autre à son épouse Simone, qui l’a publiée : « Fresnes, le 23 octobre 43. Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. J’écris également à Louis car nous avons droit à deux lettres. Je vous confie, toi et mon cher petit Jeannot, à lui. Il saura, j’en suis sûr faire son devoir. Dis aussi, ma poulette, à tous les amis, que je leur envoie ma dernière pensée, surtout à Mr et Mme Bazin et tous les autres. Je vais terminer, mon amour, en te demandant pardon de te causer de la peine. Embrasse pour moi ma mère : elle va avoir aussi beaucoup de chagrin mais ce n’est que toi qui comptais pour moi, ma Simone et je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. Ton Jean. (Je suis avec Louis Noger, il partage mon sort.) »

Portrait de Jean Savu [Société d’histoire de Champigny]

 

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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste, Léon Lesestre, maire de Joinville-le-Pont, fait partie des élus du département de la Seine qui refusent de prendre place à côté d’élus communistes dans une réunion du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Ils déclarent dans un communiqué « qu’ils ne siégeront plus au bureau aussi longtemps que les représentants d’un parti hors la loi y figureront ». Le PCF sera interdit le 26 septembre, tandis que ses organes de presse cessent de paraître, comme l’hebdomadaire local Le Réveil. Lors d’un conseil municipal le 27 septembre 1939, Paul Rouhaud, artisan chauffeur de taxi, refuse de répondre à une question du maire : « Approuvez-vous ou non le Pacte germano-soviétique ? ». L’autre élu du même parti, Robert Deloche, est réfugié en Corrèze. Ils seront tous deux déchus de leur mandat pour appartenance au Parti communiste le 9 février 1940.

Au début de la deuxième guerre mondiale, en septembre 1939, en application des consignes de sécurité civile, une partie des jeunes joinvillais est conduite dans en province. Vers la fin du mois, Lesestre conduit une mission d’inspection auprès des 300 enfants évacués dans le Loiret.

Il reste encore 200 enfants évacués de Joinville dans le Loiret et en Saône-et-Loire en janvier 1940 et Lesestre s’y rend de nouveau, en compagnie de son épouse. Au retour vers Joinville, sa voiture percute un arbre ; le chauffeur et l’épouse du maire sont blessés. Tous les enfants seront regroupés dans le Loiret, où il y en a plus d’une centaine en mai 1940.

L’historien Émile Galtier, proche de Lesestre qu’il accueille au conseil d’administration de la revue Le Vieux Saint-Maur, raconte que Lesestre « reste à son poste pendant les jours tragiques de l’exode » et « dote la ville d’œuvres sociales : vestiaire, patronage scolaire, soupes populaires, œuvre des prisonniers de guerre ». Il indique que, contrairement aux ordres, Lesestre signe le 14 juin 1940 l’ordre de ne pas faire sauter le pont de Joinville, en l’absence de l’autorité militaire. Pour Galtier, Lesestre est « un maire si généreux, si bon, si méritant ». Le quotidien Le Matin considère que « M. Lesestre, a refusé de se replier et, avec Mme Lesestre, s’est mis à l’œuvre sans compter. »

La législation du régime de Vichy supprime les assemblées élues au profit de corps nommés, en exécution d’une loi du 16 novembre 1940. Par arrêté du 9 mai 1941, Lesestre est maintenu dans sa fonction de maire de Joinville. Par décret, trois de ses adjoints sont renommés en 1942, Chaussée, Béal et Kirbühler et un autre de ses anciens colistiers, Frédéric Bautsch remplace Caillon pour le quatrième poste ; le syndic, Decrombecque, n’est pas renommé.

Début décembre 1941, Lesestre est, avec d’autres maires du département, signataire d’un Appel aux populations de Paris et du département de la Seine dénonçant la Résistance : « Malgré l'exhortation pathétique du maréchal Pétain, chef de l’État, les adversaires de l'unité française, les ennemis de notre patrie continuent leur criminelle activité. Dans l'ombre, sournoisement, ils commettent les plus lâches attentats contre les membres de l'armée d'occupation qui exécutent leurs consignes de soldats. Vous manifesterez votre réprobation de ces crimes odieux. »

Lors d’une cérémonie organisée pour Noël par le Secours national d’entraide du maréchal [Pétain] en décembre 1941 à Joinville, Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France ». Il participe en mars 1942 à une cérémonie en hommage aux victimes des bombardements de Boulogne-Billancourt, organisée dans l’église Saint-Charles ; les actions comparables suscitées par le gouvernement de fait de l’époque visent à faire porter sur l’Angleterre et les alliés la responsabilité de la poursuite de la guerre.

Le journaliste Jean Clochard, dans l’hebdomadaire France-Europe, consacre un long portrait à la situation locale : « Les guinguettes ont fermé leurs volets... Mais à Joinville, notre Hollywood fronçais, M. Lesestre, maire, travaille toujours ». Il est très louangeur : « M. Lesestre se consacre avec un dévouement exemplaire à l’administration de sa ville. Son activité ne connaît pas de limites. Tous les problèmes matériels et moraux retiennent son attention, et il essaie, malgré les difficultés de l’heure, de leur donner les solutions les plus équitables. (…) C’est un homme calme, bon, qui jouit de l’estime de ses administrés. »

Il lui donne la parole : « La première de mes préoccupations a été de faire de Joinville une cité propre et agréable. (…) L’assistance est à l’heure présente une de mes préoccupations les plus vives (…). La tâche d’un maire est aujourd’hui bien ingrate. (…) Conviction, en servant notre petite patrie, de bien servir la grande. »

À côté du comité d’assistance aux prisonniers, la mairie crée en novembre 1943 un comité d’entraide aux travailleurs en Allemagne, « à la demande du Commissariat général à la main-d’œuvre française ». Conformément à la doctrine officielle, il vise à encourager le départ de Français en Allemagne, dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Parallèlement, le secrétaire général de la mairie de Joinville et son adjoint ont organisé, de manière clandestine, un réseau d’appui aux personnes pourchassées et aux réfractaires au STO, en leur fournissant notamment des faux papiers.

Une exposition du Secours national dans le préau de l’école Jules Ferry, dans le quartier de Polangis, montre que la population réagit à la politique menée dans le cadre officiel. Le conseiller municipal de Joinville, délégué au Secours national, Paul Léon Rieux, industriel, s’en émeut et « dénonce les nombreuses critiques purement imméritées. »

Le 6 février 1944, Léon Lesestre fait le déplacement à Vichy (Allier) pour être reçu, avec des maires de banlieue, par le maréchal Pétain. Leur dialogue porte sur l’école des sports de Joinville, annexée en 1929 par la ville de Paris mais qui en conserve le nom : « C’est la seule école militaire où je ne sois pas allé et je le regrette bien » aurait déclaré le chef de l’État selon l’hebdomadaire Gazette de l’Est.

Les 12 et 13 juillet 1944, plus d’un mois avec le débarquement allié en Normandie, Lesestre continue d’exercer ses fonctions officielles et préside, avec ses adjoints, une assemblée générale de l’Association des familles françaises ainsi que la distribution des prix aux élèves des écoles Jules-Ferry et Jean-Charcot.

Le jour de la Libération de Joinville, le 20 août 1944, le maire et les trois adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération qui a occupé la mairie et mène des actions armées contre les forces allemandes qui se replient. Lesestre et les autres membres du bureau sont transférés au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils sont libérés début mars 1945. A. Dély, secrétaire du comité d’épuration de Joinville, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, où ils déplorent qu’ils aient été relâchés, considérant que c’est une décision « pour le moins prématurée. »

Lesestre ne sera pas jugé pour son activité de collaboration avec les autorités allemandes. Après-guerre, il n’a plus de rôle politique. Cependant, il reste président de la Société philatélique de Saint-Maur et est même décoré à ce titre en 1949. Il organise en octobre 1950 à Saint-Maur une journée consacré à Rabelais, qui fut moine dans l’abbaye de la commune, avec une exposition ; Lesestre y prononce une causerie philatélique.

Léon Lesestre meurt le 11 mars 1955 à Joinville. Il était âgé de 77 ans et père de trois enfants. En février 1936, il avait été attributaire de la croix de la Ligue républicaine du Bien public, avait reçu en mai cette année-là une décoration attribuée par le roi des Belges puis, en août, la médaille de bronze de la mutualité. L’Assistance publique lui avait décerné en août 1937 également une médaille de bronze pour des « services exceptionnels ». Enfin, la Fédération française des associations philatéliques en avait fait, en 1949, le lauréat de la médaille Dole.

Fin

Léon Lesestre en 1952

 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Après la victoire de la liste de droite présentée par l’Union des républicains de Joinville, l’élection de la municipalité a lieu le 17 mai 1935. Par 25 voix sur 27, Léon Lesestre est élu maire ; Chaussée, Caillon, Béal, Kirbuhler sont ses adjoints.

Trois hebdomadaires locaux commentent favorablement son élection. Pour Union régionale (libéral), « Les affaires municipales sont en de très bonnes mains car c’est un travailleur, intelligent, honnête et bienveillant ». Dans la Gazette de l’Est, journal globalement de droite, le correspondant de Joinville signe en tant que membre du parti social-national (extrême-droite) : « Enfin, nous avons des hommes au conseil municipal ». Même le radical-socialiste Voix des communes est positif : « Lesestre, homme intelligent, actif, ayant le goût de l’administration ». Les Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite, se réjouissent : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. »

Au sein de la municipalité, Lesestre garde en direct les attributions de l’administration, des finances, de la comptabilité et du contentieux. Il prend, à 57 ans, sa retraite de l’Assistance publique pour se consacrer complètement à son mandat.

En juin 1935, Lesestre reçoit une délégation du comité des chômeurs de la ville et leur indique que le conseil municipal a voté l’adjonction de deux chômeurs au sein de la commission paritaire locale, qui gère l’indemnisation des personnes sans emploi. Le même mois, il accueille à Joinville une séance du 18e congrès des mutilés et anciens combattants. Il inaugure en juillet le dispensaire de la Mutualité maternelle, rue de l’Église, qui offre des consultations pour les nourrissons.

La construction de l’hôpital intercommunal de Créteil, dont Joinville est membre avec les autres communes du canton (Bonneuil, Créteil et Saint-Maur-des-Fossés) permet à Lesestre d’assurer en janvier 1936 que « Des entreprises et des chômeurs de Joinville seront occupés sur le chantier de l’hôpital ». Il devient président du conseil d’administration de l’établissement.

Lors de la désignation des électeurs sénatoriaux en septembre 1935, l’Union des républicains place ses 12 candidats, dont Lesestre. Il se prononce en faveur de la candidature du député sortant et ancien ministre, radical indépendant, Adolphe Chéron, pour les élections législatives de mai 1936. L’appel qu’il signe, en avril, le fait se retrouver avec son prédécesseur à la mairie, Georges Briolay.

La création de l’école de garçons Jules-Ferry, dans le quartier de Polangis, est une des grandes affaires du mandat, même si le projet a été initié par la municipalité précédente. Autre héritage, la garantie qui avait été accordée à une société, sise à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis), pour la construction d’un groupe d’habitations à bon marché (HBM), la cité Égalité dans le quartier de Palissy. L’entreprise ayant fait faillite, la commune est appelée pour la caution donnée, ce qu’elle refuse mais qui lui sera imposé par les autorités et les tribunaux administratifs. La cité rejoindra alors le patrimoine de l’Office municipal des HBM.

Avec beaucoup de professionnels du cinéma, dont Joinville constitue alors un des principaux pôles en France, Lesestre s’associe au projet de remplacer la petite église de Sainte-Anne de Polangis par un édifice dénommé Notre-Dame du Cinéma. Malgré une mobilisation de donateurs, le nouvel édifice ne verra pas le jour avant la guerre et fut ensuite abandonné. Lesestre accueille à plusieurs reprises le cardinal de Paris, Mgr Verdier, dans les églises de la commune mais également dans les studios de cinéma de Joinville.

En février 1937, Lesestre devient membre de la Commission d'aménagement et d'extension du département de la Seine. Le même mois, il est opéré d’une mastoïdite à l’hôpital Saint-Antoine de Paris (12e arr.) ; son médecin traitant est transporté vers l’établissement dans le taxi de Paul Rouhaud, conseiller municipal communiste et virulent opposant à Lesestre.

Dans la presse locale, notamment l’hebdomadaire Union régionale, plaide en avril 1937, pour l’augmentation des allocations d’assistance pour les vieux. Il défend également cette position au conseiller municipal. Il renouvellera son plaidoyer l’année suivante.

Lors de l’Arbre de Noël en janvier 1938 du parti social français (PSF), formation d’extrême-droite du colonel François de La Rocque, issu des Croix-de-Feu, qui accueille 400 enfants de Polangis dans le restaurant Maxe, le PSF salue la présence de « notre ami Lesestre, maire. »

Alors qu’en janvier 1938 la préfecture de la Seine décide d’interdire les baignades en Marne pour des raisons sanitaires, Lesestre organise, avec le Club athlétique de Joinville, présidé par le miroitier radical-socialiste Gabriel Vélard, un meeting au cours duquel les 200 participants « exigent que soit maintenue la baignade. »

De nouveau, en mars 1938, Lesestre est électeur sénatorial sur une liste exclusivement composée de membre du comité d’Union républicaine. En juillet la même année, il prend la présidence du Comité local du Rassemblement universel pour la paix, qui regroupe des syndicalistes et des responsables d’associations d’anciens combattants, et se déclare  « Profondément indigné des bombardements effectués sur des villes ouvertes et même sur le sol national », évoquant la situation en Espagne.

C’est en présence de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, que Lesestre inaugure en novembre 1938 le groupe scolaire Jean-Charcot, dans le quartier du centre. Comme l'école Jules-Ferry, à Polangis, ces deux établissements sont depuis devenus des collèges après-guerre.

Le contentieux sur les HBM ayant été tranché en défaveur de la commune, Lesestre, avec la totalité des conseillers municipaux de la ville, y compris les deux communistes, adresse en avril 1939 une protestation « Aux contribuables joinvillais » indiquant que la  mise en œuvre par le préfet de la garantie communale, inscrite d’office au budget, entraîne une hausse des impôts.

En mai 1939, Lesestre devient membre du comité du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Avec les autres membre du bureau, il proteste en juin contre le fait que le décret ministériel, publié le mois suivant, dépossède les 52 communes de la banlieue du droit d'arrêter la fixation et le mode de perception des taxes d'octroi et leur impose, en outre, de rémunérer trois fonctionnaires choisis par le ministère des Finances.

En janvier 1936, Lesestre, en tant que maire, est nommé membre suppléant du Conseil supérieur des postes, télégraphes et téléphones. Il continue d’exercer cette fonction en 1940.

À suivre

Léon Lesestre en 1943

 

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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Lors des élections municipales de mai 1929, Léon Lesestre est candidat à Joinville-le-Pont sur la liste de concentration républicaine conduite par Stephen Durande (divers droite). Elle arrive en tête, au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant) à 35;9% et les communiste (16%). Lesestre obtient 880 voix pour 2 126 votants (41,4%) et 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien des communistes (12,5%), la liste des gauches remporte 22 des 27 sièges à pourvoir avec 45,9% tandis que la droite d’Union nationale se contente de cinq élus en recueillant 41,6%. Lesestre ne rentre pas au conseil municipal et Georges Briolay (radical-socialiste) devient maire avec des adjoints socialistes.

Participant à la création du comité cantonal de cette organisation en juin 1932 à Saint-Maur-des-Fossés, Lesestre est président du comité de Joinville de l’Alliance démocratique, formation de centre-droit, très souvent associée aux gouvernements français, que ce soit avec le parti radical-socialiste (à sa gauche) ou avec des partis de droite.

Il est également membre du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS) de Joinville, qui regroupe les formations de droite, des radicaux indépendants et l’Alliance démocratique. Lesestre est nommé vice-président en novembre 1932 lorsqu’Émile Lecuirot est élu président.

La municipalité de Joinville rencontre des difficultés, avec le retrait du soutien du parti socialiste SFIO et la défection de plusieurs élus. Pour remplacer dix sièges vacants, des élections municipales complémentaires sont convoquées en octobre 1934. Suite à une proposition verbale de trève politique faite en juillet par le maire, Briolay, le CURAS décide à l’unanimité d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste, ce qui aboutit à la formation d’un comité de concentration républicaine qui présente une liste comprenant six candidats du CURAS, dont Lesestre, et quatre radicaux-socialistes. La plateforme électorale prévoit de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Cependant, les candidats, qui assurent être « dix hommes nouveaux, indépendants », assurent qu’ils ne feront « pas de miracles en sept mois », durée de leur mandat avant le renouvellement général de l’assemblée municipale. Assurant vouloir apporter « apaisement et concorde », ils citent dans leurs « plus grandes préoccupations » la « situation pénible des chômeurs. »

La liste de concentration arrive en tête au premier tour, avec 37,0%, devant un groupe de républicains indépendants (25,5%) et deux formations de gauche, les communistes (17,8%) et les socialistes SFIO (17,6%). Lesestre obtient 855 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37,2%)  sur 2 360 votants et 3 225 inscrits.

Au second tour, les républicains indépendants se retirent et les socialistes apportent leur soutien aux communistes. La concentration remporte les dix sièges à pourvoir avec 59,5%. Lesestre entre au conseil municipal avec 1 111 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,4%)  sur 1 964 votants.

Lors des obsèques du président du CURAS, Émile Lecuirot, toujours en octobre 1934, Lesestre prononce un discours à l’église de Joinville. Il le remplace dans sa fonction en décembre 1934.

Malgré l’accord électoral, le conseil municipal de janvier 1935 voit quatre des nouveaux élus organiser un « très vif échange » avec la municipalité, selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux. Le vote à ce sujet est renvoyé en commission.

Lors de son assemblée générale de mars 1935, le CURAS, qui avait été fondé en 1912, a décidé de se transformer en Union des républicains. Le règlement instaure une Incompatibilité entre les fonctions de membre du bureau et de conseiller municipal. Remplacé par René Kirbuhler, Lesestre devient président d’honneur.

Le mois suivant, le nouveau groupement de la droite décide d’abandonner, contre l’avis du député de la circonscription, Adolphe Chéron, l’accord électoral avec les radicaux : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux. »

Pour les élections municipales de mai 1935, le programme de l’Union des républicains prévoit « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». Les candidats se présentent comme des « hommes d’ordre et d’action ».

Au premier tour, la liste de droite arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés ; elle devance le groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes indépendants) à 26,8%, les communistes à 23,5% et les socialistes à 12,3%. Lesestre recueille 952 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Pour le second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent. La liste radicale recule fortement, à 20% des suffrages exprimés tandis que l’écart entre les candidats des deux autres formations n’est, en moyenne, que de 60 voix. L’Union des républicains arrive en tête, avec 41% et 25 sièges contre 39% et deux élus à la gauche. Lesestre est élu avec 1 167 votes pour 2 899 suffrages exprimés (40,3%) sur 2 924 votants. La droite commente ainsi le résultat : « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »

À suivre

Léon Lesestre en 1941

 

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