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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 02:01

Jacques Luccioni naît le 4 juillet 1835 à Bonifacio (Corse, act. Corse-du-Sud). Il est le fils Marie de Marie Vincente Costa et de son époux François Luccioni, propriétaire. Il perd sa mère à l’âge de trois ans.

En 1862, il réside à Paris (17e arr.), rue Demours, et est employé de la préfecture de police où il est commis d'ordre. Il épouse en août cette année-là, dans le même arrondissement, Marie Pauline Uzanne, fille d'un ancien président de tribunal à Auxerre (Yonne). Ils habitent boulevard de Neuilly puis rue de L’Arc-de-Triomphe dans le même arrondissement et, en 1870 boulevard Saint-Michel toujours à Paris (5e arr.).

En 1872, Jacques Luccioni est commissaire de police de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Le commissariat de Saint-Maur a dans sa circonscription les communes de Bonneuil, Bry-sur-Marne, Champigny, Créteil, Joinville-le-Pont et Nogent-sur-Marne. Il doit faire face aux inondations qui recouvrent, en novembre et décembre, les quartiers de la boucle de la Marne. Selon le quotidien Le Figaro, « M. Luccioni est un homme énergique et bon, qui, secondé par trois agents très dévoués, a organisé le sauvetage avec beaucoup de courage et de présence d'esprit. Il nous signala la détresse de dix-neuf familles, sans asile et sans pain, chassées par l’eau de leurs maisons de la Varenne et de la Pie ». Une délégation du journal qui lui rend visite, remet pour les sinistrés de Saint-Maur « un secours fixe de trois cents francs, afin d’améliorer leur campement, et un autre secours de trois cents francs à titre de provision ». Luccioni escorte la délégation à Joinville, où elle offre une nouvelle aide dans les mains du secrétaire général de la mairie. Le débordement de la rivière avait nécessité que 11 000 personnes soient secourues, dont 3 000 dans la circonscription couverte par le commissariat. En septembre 1875, Jacques Luccioni participera à une souscription lancée en faveur des victimes d’une nouvelle inondation, plus importante encore, de la Marne.

À l’été 1874, le commissariat est déplacé dans la commune voisine de Joinville, plus petite mais plus centrale par rapport au territoire desservi. Luccioni en reste le chef jusqu’en mai 1877. Il est alors nommé à Paris au quartier Sainte-Marguerite (11e arr.), situé rue des Boulets.

En juillet 1878 Luccioni, qui devait partir dès la première heure pour une expédition, laissa sa lampe (probablement à gaz) allumée près de son lit, afin d'être prêt à l'heure. Pendant son sommeil, le prit aux rideaux et se communiqua bientôt à ses couvertures. En éteignant l'incendie, il eut les deux mains grièvement brûlées. Il fut contraint à un arrêt de travail de plusieurs semaines.

Lorsqu’il reprend son poste, il est transféré en septembre au quartier du Mail (Montmartre). Il y reste car, en octobre, il subit une suspension disciplinaire d’un mois pour avoir « procédé à une arrestation illégale » selon la presse, ayant visé une jeune fille. Suite à cette sanction, il est muté au quartier Necker (15e arr.), rue Blomet en décembre 1878.

Jacques Luccioni meurt le 22 juin 1885 à Paris (15e arr.). Il était âgé de 49 ans, père de trois filles et résidait boulevard de Vaugirard. Il est inhumé au cimetière de Montparnasse Paris 14 en compagnie de sa troisième fille, morte en 1875 à Joinville-le-Pont.

Sur la tombe figure un médaillon en bronze le représentant, mentionné dans plusieurs ouvrages d’histoire de l’art, œuvre du sculpteur Léon-Alexandre Delhomme.

Vue ancienne de Bonifacio, Corse

 

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14 avril 2023 5 14 /04 /avril /2023 02:01

Léa Gelman naît le 17 décembre 1890 à Odessa (empire de Russie, act. Ukraine). Elle est la fille de Lina Goldenberg et de son époux Boranch Gelmann.

Ses parents étant morts, elle réside en 1910 à Paris (10e arr.), rue d’Hauteville. Elle est couturière et épouse dans cet arrondissement en septembre cette année-là Joël Simkine, ferblantier, également d’origine juive et natif d’Ukraine.

Ils vivent à Paris (11e arr.) rue Saint-Maur. Léa Simkine perd des jumeaux à leur naissance en août 1911. S’étant installée avec son époux à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Diderot, elle a un fils, Maurice, né en juin 1913. Ayant déménagé dans la commune proche de Joinville-le-Pont, la famille y réside rue du Pont à partir de 1920. Son mari, devenu ouvrier tourneur puis comptable, y est militant socialiste SFIO.

Les Simkine quittent Joinville à la fin des années 1920. À partir de 1937, ils résident rue Maurice-Berteaux à Paris (20e arr.).

C’est probablement à l’occasion de la rafle dite du Vel-d’hiv, à Paris, les 16 et 17 juillet 1942, que Léa Simkine est arrêtée. Internée au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), elle est déportée le 29 juillet par le convoi n° 12 à destination du camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé actuellement en Pologne.

Elle est tuée à son arrivée, le 3 août 1942. Le convoi comptait 1001 déportés, dont 216 sont gazés à leur arrivée au camp ; il y aura 5 survivants en 1945. Un arrêté du 9 octobre 2014 décide d’apposer la mention « Mort en déportation » sur les actes déclaratifs de son décès.

Son mari, Joël Simkine est déporté par le convoi n° 47 au départ de Drancy le 11 février 1943. Il meurt le 16 février 1943, également à Auschwitz. Le convoi comportait 998 déportés, dont 182 enfants ; 10 des transportés étaient vivants en 1945.

Leur fils Maurice a survécu au conflit.

Rue du Pont à Joinville-le-Pont

 

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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 02:01

Maurice Simkine naît le 10 juin 1913 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Léa Gelman, couturière, et de son mari, Joël Simkine, ferblantier. Ses parents sont d’origine juive et tous deux natifs d’Ukraine. Ils vivent à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Diderot.

Ayant déménagé dans la commune proche de Joinville-le-Pont, la famille y réside rue du Pont à partir de 1920. Son père, devenu ouvrier tourneur puis comptable, y est militant socialiste SFIO.

Les Simkine quittent Joinville à la fin des années 1920.

Inscrit au lycée Voltaire de Paris, Maurice Simkine suit le Cours préparatoires aux écoles nationales d’arts et métiers. Il est primé au Concours général en 1929 puis en 1930. Ayant acquis la nationalité française, il est appelé au service militaire, probablement en 1934-1935. Il est instituteur en 1937. Il poursuit cependant un cursus au Conservatoire national des arts et métiers, qui lui vaut une récompense en janvier 1939.

À partir de 1937, il réside rue Maurice-Berteaux à Paris (20e arr.). C’est cette même année qu’il épouse, en mai à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Madeleine Marie Mermet.

Il est sans doute mobilisé au début de la deuxième guerre mondiale.

Sa mère est déportée par le convoi n° 12 au départ de Drancy le 29 juillet 1942. Elle est décédée le 3 août 1942 à Auschwitz (Pologne). Le convoi compte 1001 déportés, dont 216 sont gazés à leur arrivée au camp ; il y aura 5 survivants en 1945.

Son père est déporté par le convoi n° 47 au départ de Drancy le 11 février 1943. Il est décédé le 16 février 1943 également à Auschwitz. Le convoi compte 998 déportés, dont 182 enfants ; il y aura 10 survivants en 1945.

Après le conflit, Maurice Simkine réagit à un éditorial du journaliste conservateur et résistant, Émile Buré, qui avait combattu, dès avant-guerre, l’antisémitisme et les accords de Munich. Dans le quotidien qu’il dirige, L’Ordre, Buré, disait le 12 janvier 1946, s’inquiéter « des hitlériens qui restent puissants dans notre pays » et « souhaiter que la Constitution s’inquiète de leurs menées, interdise toute propagande raciale subversive, assassine ». Selon l’éditorialiste, « il n’est que deux moyens, nous en sommes sûrs maintenant, de résoudre le problème juif : assimiler Juifs et « aryens » par le moyen de mariages mixtes, c’est notre solution ; ou assassiner les Juifs, c’est la solution, des hitlériens. »

Dans une lettre que publie le journal le 23 janvier, M. Simkine conteste vivement l’argumentation. « On pourrait dire qu’en somme seule une différence de méthode vous sépare des fascistes, puisque vous ne voyez de solution à l’antisémitisme que dans la disparition des juifs ». Il reconnaît que « Avant la guerre, je pensais comme vous, et je me suis marié à une ‘aryenne’, je ne le regrette pas, mais j’ai ‘reconsidéré’ le problème comme solution. »

Il s’interroge sur « Que sommes-nous ? Une religion ? Une race ? Un peuple ? » Il s’insurge : « Comment pouvez-vous imaginer que les survivants d’une religion, d’une race ou d’un peuple qu’on a voulu supprimer approuvent ce massacre en parachevant eux-mêmes le travail que le temps n’a pas permis d’amener à son terme ? » Et il explique : « Je crois à présent que les survivants (on conserve bien les Indiens, les Maoris) ont le devoir religieux ou social de s’efforcer de ne pas disparaître totalement de l’histoire ». En conclusion, il offre aussi une solution : « C’est la société socialiste. »

Divorcé en mai 1963, il se remarie, en septembre 2002 à Paris (5e arr.) avec Colette Derivry ; il est alors âgé de 89 ans. Il meurt le 10 juin 2005 à Paris (10e arr.).

Il avait eu un fils de son premier mariage. Son petit-fils, Antoine Simkine, est producteur de cinéma en France.

Emile Buré, avec lequel Maurice Simkine polémique (cl. Wikipédia)

 

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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 02:01

Ruchla Dwora Widnicki naît le 23 janvier 1923 à Varsovie (Pologne). Elle est la fille de Chaja Glowinska et de son mari Israël Widnicki, tailleur.

Après la naissance de sa sœur Zandla en 1924, les Widnicki quittent le pays et émigrent en France. Son frère Léon voit le jour à Paris en décembre 1928 dans le 12e arrondissement.

La famille vit ensuite en 1931 rue d’Hauteville, dans le quartier de la Porte-Saint-Denis (10e arr.). En 1936, ils logent dans le 11e arrondissement, rue Basfroi, au sein du quartier Roquette. Israël Widnicki est tailleur, dans la maison Granet.

Âgée de 17 ans, Ruchla Widnicki, qui est alors couturière, épouse en avril 1940 à Paris (10e arr.) Abraham Widerker, commerçant couvreur, également natif de Pologne et issu d’un milieu juif.

Son mari est arrêté, probablement lors de la rafle dite du Vel d'Hiv qui se déroule les 16 et 17 juillet 1942. Interné à Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), il est déporté le 22 juillet 1942 vers le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Il figure dans le convoi numéro 9. Sa date de décès n’est pas connue.

Le père de Ruchla, Israël Widnicki, avait été arrêté plus tôt. Il fut aussi déporté à Auschwitz où il décéda le 14 juin 1942. Sa mère Chaja et son frère Léon, pris dans la rafle du Vel d'Hiv, gardé au camp de Pithiviers (Loiret) furent eux aussi envoyés à Auschwitz où ils moururent, respectivement le 4 août et le 12 août 1942 ou le 1er avril 1943 pour Léon.

Pour sa part, Ruchla Widerker se procura une fausse pièce d’identité au nom de Régine Castellane, avec laquelle elle loua une chambre avenue Pauline à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis.

Elle s’engagea dans la résistance à l’occupation allemande aux côtés d’Anna Stockhamer et de Mayer List. Ce dernier, également né en Pologne, avait été militant communiste en Argentine puis militant au sein des Brigades internationales en Espagne avant, revenu en France, de prendre la direction d’un détachement des Francs-tireurs et partisans de la Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), composé de parlant Yiddish venant d’Europe orientale. Il résidait également à Joinville, rue Chapsal.

C’est en se rendant à Paris chez Anna Stockhamer, rue des Petites-Écuries, le 2 juillet 1943, que, selon l’ouvrier, militant communiste et écrivain Daniel Grason, Ruchla Widerker fut arrêtée. Les policiers de la Brigade spéciale n° 2 de la préfecture de police occupaient l’appartement. Elle portait sur elle une somme de six mille francs ainsi qu’un engagement de location au nom de Lucie Casanova, fausse identité d’Anna Stockhamer.

Niant savoir l’activité de Mayer List, mais reconnaissant l’avoir rencontré, Ruchla Widerker admit être en infraction avec la législation sur les juifs car elle ne portait pas l’étoile jaune. La fouille de son domicile de Joinville ne donna rien. La chambre qu’elle occupait être peut-être la propriété d’Hermance et de Prosper Bonge, menuisier, domiciliés à cette adresse en 1936 et dont la fille, Andrée Louise, avait épousé Roger Rouvet, métreur en peinture, qui sera conseiller municipal communiste de Joinville après-guerre (1947-1950).

Ruchla Widerker fut internée au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) sous le matricule 3204. Elle fut déportée le 31 juillet 1943 dans le convoi 58 à destination d’Auschwitz. Sur un millier de déportés, il y eut vingt-huit survivants dont dix-huit femmes. Elle-même fut considérée comme morte, et son nom figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah (dalle 50, colonne 17, rangée 2), rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (4e arr.).

Cependant, selon Daniel Grason, qui cite son fils, elle aurait survécu, serait venue en Argentine, à Buenos-Aires, vers 1948-1949 et y serait morte en 1995.

Mayer List fut fusillé le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine) avec trois autres résistants. Anna Stockhamer, déportée dans le même convoi que Ruchla Widerker, mourut à Auschwitz.

Peut-être l’idée de l’Argentine est-elle venue à Ruchla Widerker de ses échanges avec Mayer List, ou de ceux qu’elle aurait eu avec ses voisins de la rue Basfroi à Paris, Fajga et Isanas Wulfmann, originaires aussi de Pologne, mais ce dernier ayant déclaré, lors d’un recensement de 1936, venir d’Argentine. Ils furent eux aussi exterminés à Auschwitz, partis par le convoi 68 du 10 février 1944.

Abraham et Ruchla Widerker (arch. fam., Maitron)

 

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8 avril 2023 6 08 /04 /avril /2023 02:01

Abraham Widerker naît le 12 septembre 1908 à Mosty Małe, village situé au sud-est de Lublin (Pologne). De confession juive, il est le fils de Mordcha Widerker et de son épouse Basia Ruchla Karfenkel.

Il émigre en France, où il est enregistré en 1937 au Fichier central de la Sûreté nationale.

En avril 1940, il épouse à Paris (10e arr.) Ruchla Dwora Widnicki, également originaire de Pologne et d’une famille juive. Elle est alors âgée de 17 ans, lui en ayant 31. Ils vivent rue d’Hauteville dans cet arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

Abraham Widerker exploite, en tant qu’artisan fourreur, un magasin situé rue des Petites-Écuries.

En application d’une loi du 10 septembre 1940, « prévoyant la nomination d'administrateurs provisoires des entreprises privées de leurs dirigeants » et d’un décret de janvier 1941, il est privé, en date du 12 juin 1941, du droit d’exploiter son activité, « Vu l'impossibilité où [il] se trouve […] d'exercer [ses] fonctions ». Un voisin, M. Theveny, demeurant rue de Paradis, en est chargé.

Il est peut-être arrêté lors de la rafle dite du Vel d'Hiv qui se déroule les 16 et 17 juillet 1942, en même temps qu’une partie de la famille de son épouse. Interné à Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), il est déporté le 22 juillet 1942 vers le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Il figure dans le convoi numéro 9.

Sa date de décès n’est pas connue. Également déportée à Auschwitz l’année suivante, après avoir œuvré dans la résistance à l’occupation allemande, son épouse a survécu. Le couple aurait eu deux enfants selon l’ouvrier, militant communiste et écrivain Daniel Grason.

Le nom d’Abraham Widerker figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah, rue Geoffroy l'Asnier (Paris, 4e arr.), inauguré le 27 janvier 2005 par le président Jacques Chirac et Simone Veil, ancienne déportée, ministre et académicienne française (dalle n° 118, colonne n° 40, rangée n° 1).

Probable ancien atelier de Widerker, rue des Petites-Ecuries à Paris

 

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6 avril 2023 4 06 /04 /avril /2023 02:01

Léon Widnicki naît le 14 décembre 1928 à Paris (12e arr.) ; son nom est noté Wodnicki sur l’état-civil. Il est le fils de Chaja Glowinska et de son mari, Israël Widnicki, tous deux natifs de Pologne, comme ses deux sœurs aînées, Ruchla et Zandla. La famille a quitté Varsovie dans la deuxième moitié des années 1920. Si le nom de Wodnicki est mentionné sur la plupart des pièces le concernant, les membres de la famille utilisent toujours la graphie Widnicki.

À Paris, elle réside dans des lieux où se retrouve une forte communauté juive venant d’Europe orientale. En 1931, elle est rue d’Hauteville, dans le quartier de la Porte-Saint-Denis (10e arr.) puis entre 1936 et 1940 dans celui de La Roquette, rue Basfroi (11e arr.). Son père est déporté vers le camp d’extermination d’Auschwitz en juin 1942.

Comme 630 enfants du 11e arrondissement, âgé de 13 ans, Léon Widnicki est arrêté lors de la rafle dite du Vel d'Hiv qui se déroule les 16 et 17 juillet 1942. Il est transféré au camp de Pithiviers, où il est interné dans la baraque 7 (ou la 8). Sa mère est également incarcérée dans ce site, d’où elle est déportée vers Auschwitz le 31 juillet. L’association Les Fils et filles des déportés Juifs de France, signalent qu’il fait partie des 630 enfants du 11e arrondissement arrêtés lors de la rafle du Vel d'Hiv, parmi lesquels 33 sont domiciliés rue Basfroi.

Léon Widnicki quitte Pithiviers à destination d’Auschwitz le 7 août 1942 dans le convoi n° 16. Il décède à son arrivée, le 12 août, selon l’arrêté du 17/04/2012 ; le site MémorialGenWeb précise qu’il a été tué au camp de Birkenau. Mais le Service historique de la Défense mentionne pour sa part qu’il meurt le 1er avril 1943, dans un lieu non précisé.

Son nom figure sur la plaque commémorative apposée le 15 octobre 2005 dans le collège Anne Frank, rue Trousseau (Paris, 11e arr.) en tant que Léon Wodnicki. Le texte précise que « Arrêtés par la police du gouvernement de Vichy, complice de l'occupant nazi, plus de 11 000 enfants furent déportés de France de 1942 à 1944 et assassinés dans les camps de la mort parce que nés juifs. Plus de 1200 de ces enfants vivaient dans le 11e arrondissement. Ne les oublions jamais. »

Il est également répertorié sur le monument commémoratif de la rafle du Vel' d'Hiv' situé place des Martyrs Juifs du Vélodrome d'Hiver (Paris, 15e arr.), inauguré le 17 juillet 1994 par le président François Mitterrand, qui mentionne « Widnicki Léon, 13 ans. »

Le Mur des noms du Mémorial de la Shoah, rue Geoffroy l'Asnier (Paris, 4e arr.), inauguré le 27 janvier 2005 par le président Jacques Chirac et Simone Veil, ancienne déportée, ministre et académicienne française, mentionne également Léon Widnicki (sous la forme Wodnicki, Léon, dalle n° 119, colonne n° 40, rangée n° 2).

Souvenir des enfants juifs pris lors de la rafle du Vel-d'hiv'

 

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4 avril 2023 2 04 /04 /avril /2023 02:01

Chaja Glowinska naît le 10 septembre 1896 à Lowicz, Pologne, commune actuellement dans la voïvodie de Lodz, qui abritait une importante communauté juive.

Elle épouse, probablement au début des années 1920, Israël Widnicki, natif de Varsovie (Pologne également), de 21 ans son aîné.

Ils ont deux filles qui naissent en Pologne : Ruchla en 1923 à Varsovie et Zandla en 1924. Ils quittent ensuite le pays et émigrent en France. Leur troisième enfant, un garçon prénommé Léon, voit le jour à Paris en décembre 1928 dans le 12e arrondissement.

La famille vit ensuite en 1931 dans le quartier de la Porte-Saint-Denis (10e arr.), rue d’Hauteville. En 1936, ils logent dans le 11e arrondissement, rue Basfroi, au sein du quartier Roquette. Israël Widnicki est tailleur, dans la maison Granet.

Comme beaucoup d’autres Juifs, et comme son mari, sa fille aînée et son fils, Chaja Widnicki est arrêtée et déportée dans le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Un arrêté d’août 1993 fixe la date de son décès au 4 août 1942 à Auschwitz et prévoit l’apposition de la mention Mort en déportation sur son état-civil ; elle était âgée de 45 ans. Des documents antérieurs avaient établi son décès au 30 juillet 1942 à Pithiviers (Loiret). Internée au camp d’internement de cette ville, elle partit avec le troisième convoi à quitter ce lieu le 31 juillet ; son fils Léon, arrêté lors de la rafle du Vel d'Hiv (16-17 juillet), y était aussi incarcéré. Entre juin et septembre 1942, six convois emmenèrent 6 079 Juifs vers Auschwitz pour y être assassinés. Il n'y eut que 115 survivants à la Libération.

De la famille, seule sa fille Ruchla, résistante à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, reviendra de déportation ; le sort de sa seconde fille, Zandla, n’est pas connu.

Le nom de Chaja Widnicki figure (sous l’orthographe de Chaja Wodnicki) sur le Monument commémoratif du camp de Pithiviers (Loiret).

Plaque souvenir de la rafle du Vel-d'hiv

 

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2 avril 2023 7 02 /04 /avril /2023 02:01

Israël Widnicki naît le 14 juillet 1875 à Varsovie (Pologne). Il épouse au début des années 1920 Chaja Glowinska, native de Lowicz (Pologne également), de 21 ans sa cadette.

Ils ont deux filles qui naissent en Pologne : Ruchla en 1923 à Varsovie et Zandla en 1924. Ils quittent ensuite le pays et émigrent en France. Leur troisième enfant, un garçon prénommé Léon, voit le jour à Paris en décembre 1928 dans le 12e arrondissement.

La famille vit ensuite en 1931 à Paris (10e arr.), dans le quartier de la Porte-Saint-Denis, rue d’Hauteville. En 1936, ils logent dans le 11e arrondissement, rue Basfroi, au sein du quartier Roquette. Israël Widnicki est tailleur, dans la maison Granet.

Comme beaucoup d’autres Juifs, et comme son épouse, sa fille aînée et son fils, Israël Widnicki est arrêté et déporté dans le camp d’extermination d’Auschwitz, géré par l’Allemagne et situé aujourd’hui en Pologne. Un arrêté d’août 1993 fixe la date de son décès au 14 juin 1942 à Auschwitz et prévoit l’apposition de la mention Mort en déportation sur son état-civil ; il était âgé de 66 ans. Son épouse fut déportée plus tard depuis le camp d’internement de Pithiviers en juillet 1942 ; son fils Léon quitta le même camp en août ; sa fille Ruchla, résistante à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, partit de Drancy en juillet 1943. De la famille, seule cette dernière reviendra de déportation ; le sort de la seconde fille, Zandla, n’est pas connu.

Rue Basfroi à Paris

 

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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 00:01

Georgette Burgard naît le 19 juin 1921 à Estavayer-le-Lac (act. Estavayer, Fribourg, Suisse), localité située au bord du lac de Neuchâtel. Elle est la fille de Clémentine Thérèse Marie Francey (1891-1948), de nationalité suisse, native de Cousset, dans le même canton, et de Raymond Burgard (1892-1944), de nationalité française, professeur alors en poste à Sarreguemines (Moselle).

En 1925, la famille s’installe en Martinique, où Raymond Burgard enseigne les lettres au lycée Victor-Schœlcher. Ils rejoignent en 1928 Tunis, le père étant désormais affecté au lycée Carnot. Il réussit cette année-là l’agrégation et est nommé en 1932 au lycée Buffon, à Paris. Les Burgard vivent rue Pérignon (7e arrondissement).

Thérèse et Raymond Burgard sont tous deux germanophones ; ils traduisent ensemble en 1922 un ouvrage de Carl Einstein, La sculpture africaine.

Dès le début de l’invasion de la France par les troupes allemandes à l’été 1940, Raymond Burgard s’engage dans la résistance. Il est un des fondateurs et le dirigeant du réseau Valmy, largement constitué par des membres du mouvement chrétien de gauche La Jeune République et notamment de sa section du 15e arrondissement de Paris. il collabore aussi au journal clandestin La France continue, créé par Paul Petit, lui aussi d’inspiration catholique. Arrêtés à Paris en avril 1942, Raymond Burgard, Paul Petit et Marietta Martin sont transférés en Allemagne, jugés à Sarrebruck et condamnés à mort. Burgard et Petit sont exécutés en juin et août 1944, Martin meurt d’épuisement en prison.

À l’instar de son père et de son frère cadet, Marc Édouard, Georgette Burgard s’engage dans la résistance. Son appartenance aux Forces françaises combattantes est reconnue après le conflit.

Reçue à l’agrégation d’allemand en 1945, Georgette Burgard épouse en avril 1947 Jean Epiney. Ils vivent à Romont, dans le canton de Fribourg, en Suisse. Après avoir donné naissance à probablement cinq enfants, au cours des deux décennies suivantes, elle prépare un doctorat ès-lettres qu’elle soutient en 1970 avec une thèse sur Gérard Grote et les débuts de la Dévotion moderne (Devotio moderna). Grote ou Groote (1340-1384), natif des Pays-Bas, est à l’origine d’une rénovation des pratiques religieuses, et fut l’organisateur d’une congrégation, les Frères de la vie commune.

Georgette Epiney-Burgard centrera ses travaux ultérieurs sur les mystiques du Moyen-Âge, comme Jean de Ruysbroeck, Jean Eck ou Henri Herp (Harphius). Ses travaux sont évoqués notamment dans la Revue des Sciences Religieuses et les Cahiers de civilisation médiévale.

Mais c’est surtout sur le rôle des femmes que se concentre Georgette Epiney-Burgard. Elle documente notamment l’influence sur Ruysbroeck du mouvement des béguines. Deux d’entre elles, la poétesse Hadewijch d'Anvers et la religieuse Mathilde de Magdebourg, sont particulièrement étudiées.

En collaboration avec la théologienne Émilie Zum Brunn, elle publie en 1988 Femmes troubadours de Dieu, livre qui sera traduit en anglais et en espagnol.

Délaissant parfois le cadre ancien, Georgette Epiney-Burgard rédige en 1956 un avant-propos à la publication posthume des Cahiers de Marietta Martin, poète mystique et résistante, condamnée à mort dans le même procès que son père. En 1957, elle traduit l’ouvrage d’Adolf Busemann sur le Rôle de la petite enfance dans l'édification de la personnalité humaine. Elle prépare la version française d’un livre sur la faune d'Europe en 280 images, la Féerie animale de F. A. Roedelberger et Vera I. Groschoff, sortie en 1961. Elle anime, en septembre 1977, une session consacrée à Madeleine Delbrêl, assistante sociale à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), essayiste et poète mystique catholique.

Depuis 1964, Georgette Epiney-Burgard était membre de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève.

Elle meurt le 13 avril 2003 à Genève, âgée de 81 ans, possédant la double nationalité française et suisse.

Femmes troubadours de Dieu, de Georgette Epiney-Burgard

 

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9 mars 2023 4 09 /03 /mars /2023 00:01

Clémentine Thérèse Marie Francey naît le14 novembre 1891 à Cousset (canton de Fribourg, Suisse). Elle est la fille de Séraphine Madeleine Grémaud et de son mari Jacques Alexandre Francey ; elle utilise habituellement le prénom de Thérèse.

Elle est le septième enfant du couple ; sa mère, qui en aura eu probablement trois de plus, décède en septembre 1915, toujours à Cousset, actuellement localité de la commune de Montagny, dans le district de la Broye. Son père, qui avait été agent de la banque d’État de Fribourg puis professeur, est député au Grand conseil fribourgeois entre 1887 et 1917. Il sera ensuite préfet de la Broye 1917 à 1923.

Thérèse Francey suit des études à Fribourg. C’est dans la faculté des lettres de l’université de cette ville qu’elle rencontre Raymond Burgard, originaire de Troyes et d’une famille alsacienne, qui avait été prisonnier civil en Allemagne pendant la première guerre mondiale. Il y obtient une licence qui lui permet d’enseigner en France à partir de 1919. Thérèse Francey réside à Estavayer-le-Lac (act. Estavayer, Fribourg), où elle épouse Raymond Burgard en juin 1920 et où naît sa fille Georgette un an plus tard. Elle obtient son doctorat ès-lettres à Fribourg en 1921 en soutenant une thèse sur Les idées littéraires de Saint-Augustin dans le De doctrina christiana.

Thérèse Francey-Burgard (arch. fam.)

Thérèse Burgard rejoint son époux à Sarreguemines (Moselle), où ils vivent rue de Nomeny ; son fils Marc Édouard y naît. 1921. Les éditions Hofer, de Sarrebruck, publient des extraits de sa thèse en 1923.

Germanophone comme son mari, Thérèse Burgard traduit, avec lui, Afrikanische Plastik, livre paru en 1921 à Berlin, de l’historien de l'art Carl Einstein (1885-1940), né dans une famille juive et qui sera militant anarchiste, engagé dans les brigades internationales pendant la guerre d’Espagne. Leur ouvrage paraît en 1922 aux éditions Georges Crès à Paris, sous le titre La sculpture africaine.

Raymond Burgard est affecté comme professeur au lycée Victor-Schœlcher de Fort-de-France, en Martinique, à ce moment colonie française. Il s’y rend, accompagné de Thérèse et de ses deux enfants, sur le paquebot Pérou, au départ de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique) 1er octobre. Ils restent trois ans dans l’île et leur dernier fils, Jean Jacques, y naît en juin 1926.

Après que Raymond Burgard ait été reçu, en août 1928, au concours de l’agrégation en grammaire, il est nommé au lycée Carnot, à Tunis, alors sous protectorat français. Ils y résident quatre ans, Raymond s’implique, comme en Martinique, dans la vie littéraire locale, et il en est de même, semble-t-il, de Thérèse.

Raymond Burgard obtient un poste au lycée Buffon, à Paris, et la famille rentre en métropole à l’été 1932. Elle s’installe rue Pérignon (7e arr.).

Ayant poursuivi une activité historique, Thérèse traduit de l’allemand un livre de l’historien suisse Gustav Schnürer, Kirche und Kultur im Mittelalter. Elle le fait avec Gaston Castella, professeur à l'université de Fribourg et président de la société d'histoire du canton. Conformément à l’usage suisse, elle signe Thérèse Francey-Burgard le livre paru à Paris chez Payot en 1933 sous le titre L'église et la civilisation au moyen âge.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, la famille Burgard va s’engager dans la résistance à l’occupation allemande. Raymond le fait dès l’été 1940 ; il fonde, le 21 septembre, le réseau Valmy, qui édite le journal clandestin éponyme. S’appuyant sur les militants du mouvement catholique La Jeune République du 15e arrondissement, il a un fort écho parmi les lycéens de Buffon (dont font partie ses deux fils) qui manifestent, à son instigation, le 11 novembre 1940. Il collabore à une autre publication clandestine, La France continue, éditée par le diplomate Paul Petit, et est lié au réseau du Musée de l’Homme, fer de lance de la lutte intellectuelle à Paris.

Outre Raymond Burgard, leur fille Georgette et l’aîné des garçons, Marc Édouard, seront tous deux reconnus comme membres des Forces françaises combattantes après le conflit. L’appartement familial sert, à plusieurs occasions, de lieu pour des réunions secrètes. Arrêté le 2 avril 1942, transféré à la forteresse de Sarrebruck, il est condamné à mort par un tribunal allemand puis décapité à Cologne le 15 juin 1944. Le 16 avril 1942, une manifestation de protestation contre son arrestation par des lycéens de Buffon avait conduit à ce que cinq d’entre eux soient fusillés.

Selon des sources généalogiques reprises dans la biographie de son mari publiée sur Wikipédia, Thérèse Burgard aurait posé « pour La femme assise de René Iché représentant l'intense désespoir d'une jeune femme, la tête penchée et le visage enfoui dans sa paume droite ». Le sculpteur est lié aux réseaux du Musée de l’Homme et Valmy.

Thérèse Burgard meurt le 21 février 1948 à Paris (15e arr.) à l’hôpital Necker. Elle était toujours domiciliée dans l’appartement familial de la rue Pérignon. Elle est inhumée le 25 au cimetière parisien du Père-Lachaise. Son mari y sera transféré en septembre 1953.

Sa fille Georgette, épouse Epiney, fut comme elle docteure ès-lettres ; elle s’est, à l’image de son père engagée dans la résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. C’est le cas aussi de son fils Marc Édouard, fonctionnaire en France et en Tunisie, administrateur de sociétés en Europe et au Brésil, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, décoré de la Croix de guerre, chevalier de la Légion d’honneur. son troisième enfant, Jean Jacques, fut inspecteur général des Finances, administrateur d’organismes publics ou financiers (Société nationale des chemins de fer français, Commission des opérations de bourse, Association française des banques), professeur également à l'Institut d'études politiques de Paris, écrivain, président du Secours catholique (1997-1998), responsables d’organismes humanitaires et d’organisations professionnelles, officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite.

Sculpture de René Iché

 

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