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5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 00:01

Aimé Genevay nait le 27 novembre 1864 à Lyon (5e arr.). Il est le fils de Jeanne Genevay, épouse d’Alexis Vergnais, cultivateur à Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône). Il naît chez une sage-femme de la rue Saint-Jean, qui effectue la déclaration à l’état-civil sous le nom de Vergnais. Cependant, le mari de sa mère ne le reconnaît pas. En mai 1865, une ordonnance du tribunal civil du Rhône le déclare « étranger à Alexis Vergnais » et à sa famille ; il doit alors porter le nom de Genevay.

Après la mort de son beau-père en octobre 1875, étant le fils d’une veuve, Aimé Genevay effectue un service militaire d’un an à partir de novembre 1885 dans l’infanterie au 96e régiment de Ligne.

Il est passementier et vit ensuite entre Villeurbanne et Lyon. Il épouse en décembre à Lyon (6e arr.) Anne Félicie Parret, enjoliveuse. Cette dernière reste cependant vivre à Lyon tandis qu’Aimé Genevay s’installe à Paris (11e arr.), boulevard Voltaire. Ils divorceront en mars 1920.

En janvier 1911, Aimé Genevay est le vénérable de la loge maçonnique Étienne-Marcel, rattachée au Grand-Orient de France, basée chez lui, boulevard Voltaire. Il organise la tenue solennelle d’installation en présence de l’industriel Georges Bouley, président du conseil de l’Ordre. Il est également actif dans L'Union Amicale de Solidarité, structure parallèle qui permet d’organiser des banquets et sert pour l’action laïque.

Il est, en juin 1914, représentant de commerce, et toujours franc-maçon, membre de la loge L’Évolution économique.

Après-guerre, Aimé Genevay exploite la société Genevay et Cie, en association avec Marcel Senac. Elle fabrique des sommiers et de la literie avec un magasin rue Charlemagne à Paris (4e arr.), et une usine à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac, dans le quartier de Polangis où ils s’est installé.

L’entreprise fait faillite et janvier 1923 mais la procédure se termine par un concordat en novembre la même année et Aimé Genevay, qui se présente comme industriel et s’est installé rue du Trésor à Paris (4e arr.), se remarie dans cet arrondissement avec Fernande Adèle Coppé en août 1924.

Aimé Genevay meurt le 18 mai 1942 à Paris (12e arr.), où il était hospitalisé faubourg Saint-Antoine. Il était âgé de 77 ans et de nouveau domicilié à Joinville, dans l’ancienne résidence de son fils, mort sur place trois mois plus tôt. Il s’y était installé en 1934, sans sa seconde épouse.

Une guinguette à Joinville-le-Pont

 

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3 novembre 2022 4 03 /11 /novembre /2022 00:01

Jules Édouard Roiné naît le 24 octobre 1857 à Chantenay-sur-Loire (Loire-Inférieure, act. Nantes, Loire-Atlantique). Il est le fils de Julienne Marie Brizé, revendeuse, et de son mari Julien Roiné, tailleur de pierres ; ce dernier ne sait pas signer.

Selon le quotidien Le Siècle, Édouard Roiné montre ses talents artistiques en sculptant des sabots dans son village natal. Après une formation en dessin auprès du peintre Alexandre-Jacques Chantron à Nantes, Roiné travaille dans l’atelier de sculpture de Léopold Morice (1843-1920), auteur notamment du Monument à la République, situé au centre de la place éponyme à Paris. En 1881, Édouard Roiné entreprend un voyage aux États-Unis et s’installe à New-York. Il travaille à la décoration d’églises et de salles de spectacle. À partir de 1886, il rencontre des sculpteurs new-yorkais, dont les frères Henri et Félix Weil, avec lesquels il se lie.

Pour améliorer sa technique artistique, Roiné effectue des expériences chimiques. Il s’intéresse à la commercialisation du courant électrique, qui débute en 1889, et s’initie à l’électro-galvanisation. Il en est le pionnier en Amérique, produisant sa première plaque commémorative en 1894 à l’effigie de sa modèle, Marguerite Delpech.

La même année, Édouard Roiné rentre en France, réside d’abord à Paris rue Vauquelin puis à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), rue du 14-Juillet. Il a pour compagne Agathe Bergeron, avec laquelle il a eu une fille, Alice, née à New-York en 1886. Il se spécialise dans la gravure en médailles.

Signature de Roiné

Exposant pour la première fois au Salon des artistes français en 1895, il y participe ensuite régulièrement. Il est membre de la Société des artistes français. Il reçoit une mention honorable en 1897, une médaille de deuxième classe en 1898 puis une médaille de première classe en 1900. La même année, il est récompensé d’une médaille d'or lors de l’Exposition universelle de Paris pour L'Aurore du XXe siècle, bas-relief en plâtre dont une édition en bronze argenté est exposée au Metropolitan Museum of Art de New-York tandis que l’original est au musée du Luxembourg, à Paris.

De retour en Amérique en 1904, Édouard Roiné vit à New-York, d’abord dans la 37e rue, puis dans la 23e. Il s’associe avec les frères Weil en formant la Medallic Art Company qui deviendra en 1908 la Roiné, Weil and Company. Devenu membre du Salmagundi club de New-York en 1906, Roiné adhère à la National sculpture society de New-York et à l’American Numismatic Society en 1908. Il participe aussi à l’Architectural League of New-York.

Avec les frères Weil et deux amateurs d’art américains, Charles DeKay et Robert Hewitt Jr., il constitue en 1909 le Circle of Friends of the Medallion (cercle des amis de la médaille), qui comprendra environ 400 membres, dont l’inventeur Alexander Graham Bell, le banquier J. Pierpont Morgan ou des personnalités politiques et des sculpteurs.

Après son retour, sa première réalisation est la décoration de l’église épiscopalienne Grace church de Manhattan. À partir de 1905, Roiné réalise la statue qui orne le palais de justice du Bronx (Borough Courthouse), intitulée Lady Justice qui sera terminée en 1915. Il est chargé de faire une plaque commémorative en l’honneur de l’ancien président Abraham Lincoln pour le centenaire de sa naissance en 1909.

Roiné expose en 1908 lors du salon d’hiver de la National Academy of Design à New-York puis en 1913 à l’exposition d’art moderne Armory Show, toujours dans la même ville. Ses travaux aux États-Unis lui valent d’être présenté comme « un des grands médailleurs du monde. »

Atteint de la maladie de Bright (insuffisance rénale), Édouard Roiné doit cesser l’essentiel de sa production artistique et rentre en France définitivement probablement en 1913. Il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Sa fille Alice avait épousé Paul Rousseau, qui deviendra procureur de la République à Valenciennes (Nord). Il est le fils du docteur Henri Rousseau et de son épouse, l’écrivaine Léonore Rousseau. Le médecin dirige l’institution du Parangon, installée dans un vaste parc, rue de Paris à Joinville, qui est devenue une école pratique coloniale. Jules Roiné participe à la distribution des prix aux élèves de l’école en été 1913 et 1914. Il est également membre du jury du Salon de Artistes français.

Jules Édouard Roiné meurt le 11 avril 1916 à Joinville. Il était âgé de 58 ans.

La médaille commémorative d'Abraham Lincoln, réalisée par E. Roiné

 

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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste, Léon Lesestre, maire de Joinville-le-Pont, fait partie des élus du département de la Seine qui refusent de prendre place à côté d’élus communistes dans une réunion du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Ils déclarent dans un communiqué « qu’ils ne siégeront plus au bureau aussi longtemps que les représentants d’un parti hors la loi y figureront ». Le PCF sera interdit le 26 septembre, tandis que ses organes de presse cessent de paraître, comme l’hebdomadaire local Le Réveil. Lors d’un conseil municipal le 27 septembre 1939, Paul Rouhaud, artisan chauffeur de taxi, refuse de répondre à une question du maire : « Approuvez-vous ou non le Pacte germano-soviétique ? ». L’autre élu du même parti, Robert Deloche, est réfugié en Corrèze. Ils seront tous deux déchus de leur mandat pour appartenance au Parti communiste le 9 février 1940.

Au début de la deuxième guerre mondiale, en septembre 1939, en application des consignes de sécurité civile, une partie des jeunes joinvillais est conduite dans en province. Vers la fin du mois, Lesestre conduit une mission d’inspection auprès des 300 enfants évacués dans le Loiret.

Il reste encore 200 enfants évacués de Joinville dans le Loiret et en Saône-et-Loire en janvier 1940 et Lesestre s’y rend de nouveau, en compagnie de son épouse. Au retour vers Joinville, sa voiture percute un arbre ; le chauffeur et l’épouse du maire sont blessés. Tous les enfants seront regroupés dans le Loiret, où il y en a plus d’une centaine en mai 1940.

L’historien Émile Galtier, proche de Lesestre qu’il accueille au conseil d’administration de la revue Le Vieux Saint-Maur, raconte que Lesestre « reste à son poste pendant les jours tragiques de l’exode » et « dote la ville d’œuvres sociales : vestiaire, patronage scolaire, soupes populaires, œuvre des prisonniers de guerre ». Il indique que, contrairement aux ordres, Lesestre signe le 14 juin 1940 l’ordre de ne pas faire sauter le pont de Joinville, en l’absence de l’autorité militaire. Pour Galtier, Lesestre est « un maire si généreux, si bon, si méritant ». Le quotidien Le Matin considère que « M. Lesestre, a refusé de se replier et, avec Mme Lesestre, s’est mis à l’œuvre sans compter. »

La législation du régime de Vichy supprime les assemblées élues au profit de corps nommés, en exécution d’une loi du 16 novembre 1940. Par arrêté du 9 mai 1941, Lesestre est maintenu dans sa fonction de maire de Joinville. Par décret, trois de ses adjoints sont renommés en 1942, Chaussée, Béal et Kirbühler et un autre de ses anciens colistiers, Frédéric Bautsch remplace Caillon pour le quatrième poste ; le syndic, Decrombecque, n’est pas renommé.

Début décembre 1941, Lesestre est, avec d’autres maires du département, signataire d’un Appel aux populations de Paris et du département de la Seine dénonçant la Résistance : « Malgré l'exhortation pathétique du maréchal Pétain, chef de l’État, les adversaires de l'unité française, les ennemis de notre patrie continuent leur criminelle activité. Dans l'ombre, sournoisement, ils commettent les plus lâches attentats contre les membres de l'armée d'occupation qui exécutent leurs consignes de soldats. Vous manifesterez votre réprobation de ces crimes odieux. »

Lors d’une cérémonie organisée pour Noël par le Secours national d’entraide du maréchal [Pétain] en décembre 1941 à Joinville, Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France ». Il participe en mars 1942 à une cérémonie en hommage aux victimes des bombardements de Boulogne-Billancourt, organisée dans l’église Saint-Charles ; les actions comparables suscitées par le gouvernement de fait de l’époque visent à faire porter sur l’Angleterre et les alliés la responsabilité de la poursuite de la guerre.

Le journaliste Jean Clochard, dans l’hebdomadaire France-Europe, consacre un long portrait à la situation locale : « Les guinguettes ont fermé leurs volets... Mais à Joinville, notre Hollywood fronçais, M. Lesestre, maire, travaille toujours ». Il est très louangeur : « M. Lesestre se consacre avec un dévouement exemplaire à l’administration de sa ville. Son activité ne connaît pas de limites. Tous les problèmes matériels et moraux retiennent son attention, et il essaie, malgré les difficultés de l’heure, de leur donner les solutions les plus équitables. (…) C’est un homme calme, bon, qui jouit de l’estime de ses administrés. »

Il lui donne la parole : « La première de mes préoccupations a été de faire de Joinville une cité propre et agréable. (…) L’assistance est à l’heure présente une de mes préoccupations les plus vives (…). La tâche d’un maire est aujourd’hui bien ingrate. (…) Conviction, en servant notre petite patrie, de bien servir la grande. »

À côté du comité d’assistance aux prisonniers, la mairie crée en novembre 1943 un comité d’entraide aux travailleurs en Allemagne, « à la demande du Commissariat général à la main-d’œuvre française ». Conformément à la doctrine officielle, il vise à encourager le départ de Français en Allemagne, dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Parallèlement, le secrétaire général de la mairie de Joinville et son adjoint ont organisé, de manière clandestine, un réseau d’appui aux personnes pourchassées et aux réfractaires au STO, en leur fournissant notamment des faux papiers.

Une exposition du Secours national dans le préau de l’école Jules Ferry, dans le quartier de Polangis, montre que la population réagit à la politique menée dans le cadre officiel. Le conseiller municipal de Joinville, délégué au Secours national, Paul Léon Rieux, industriel, s’en émeut et « dénonce les nombreuses critiques purement imméritées. »

Le 6 février 1944, Léon Lesestre fait le déplacement à Vichy (Allier) pour être reçu, avec des maires de banlieue, par le maréchal Pétain. Leur dialogue porte sur l’école des sports de Joinville, annexée en 1929 par la ville de Paris mais qui en conserve le nom : « C’est la seule école militaire où je ne sois pas allé et je le regrette bien » aurait déclaré le chef de l’État selon l’hebdomadaire Gazette de l’Est.

Les 12 et 13 juillet 1944, plus d’un mois avec le débarquement allié en Normandie, Lesestre continue d’exercer ses fonctions officielles et préside, avec ses adjoints, une assemblée générale de l’Association des familles françaises ainsi que la distribution des prix aux élèves des écoles Jules-Ferry et Jean-Charcot.

Le jour de la Libération de Joinville, le 20 août 1944, le maire et les trois adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération qui a occupé la mairie et mène des actions armées contre les forces allemandes qui se replient. Lesestre et les autres membres du bureau sont transférés au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils sont libérés début mars 1945. A. Dély, secrétaire du comité d’épuration de Joinville, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, où ils déplorent qu’ils aient été relâchés, considérant que c’est une décision « pour le moins prématurée. »

Lesestre ne sera pas jugé pour son activité de collaboration avec les autorités allemandes. Après-guerre, il n’a plus de rôle politique. Cependant, il reste président de la Société philatélique de Saint-Maur et est même décoré à ce titre en 1949. Il organise en octobre 1950 à Saint-Maur une journée consacré à Rabelais, qui fut moine dans l’abbaye de la commune, avec une exposition ; Lesestre y prononce une causerie philatélique.

Léon Lesestre meurt le 11 mars 1955 à Joinville. Il était âgé de 77 ans et père de trois enfants. En février 1936, il avait été attributaire de la croix de la Ligue républicaine du Bien public, avait reçu en mai cette année-là une décoration attribuée par le roi des Belges puis, en août, la médaille de bronze de la mutualité. L’Assistance publique lui avait décerné en août 1937 également une médaille de bronze pour des « services exceptionnels ». Enfin, la Fédération française des associations philatéliques en avait fait, en 1949, le lauréat de la médaille Dole.

Fin

Léon Lesestre en 1952

 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Après la victoire de la liste de droite présentée par l’Union des républicains de Joinville, l’élection de la municipalité a lieu le 17 mai 1935. Par 25 voix sur 27, Léon Lesestre est élu maire ; Chaussée, Caillon, Béal, Kirbuhler sont ses adjoints.

Trois hebdomadaires locaux commentent favorablement son élection. Pour Union régionale (libéral), « Les affaires municipales sont en de très bonnes mains car c’est un travailleur, intelligent, honnête et bienveillant ». Dans la Gazette de l’Est, journal globalement de droite, le correspondant de Joinville signe en tant que membre du parti social-national (extrême-droite) : « Enfin, nous avons des hommes au conseil municipal ». Même le radical-socialiste Voix des communes est positif : « Lesestre, homme intelligent, actif, ayant le goût de l’administration ». Les Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite, se réjouissent : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. »

Au sein de la municipalité, Lesestre garde en direct les attributions de l’administration, des finances, de la comptabilité et du contentieux. Il prend, à 57 ans, sa retraite de l’Assistance publique pour se consacrer complètement à son mandat.

En juin 1935, Lesestre reçoit une délégation du comité des chômeurs de la ville et leur indique que le conseil municipal a voté l’adjonction de deux chômeurs au sein de la commission paritaire locale, qui gère l’indemnisation des personnes sans emploi. Le même mois, il accueille à Joinville une séance du 18e congrès des mutilés et anciens combattants. Il inaugure en juillet le dispensaire de la Mutualité maternelle, rue de l’Église, qui offre des consultations pour les nourrissons.

La construction de l’hôpital intercommunal de Créteil, dont Joinville est membre avec les autres communes du canton (Bonneuil, Créteil et Saint-Maur-des-Fossés) permet à Lesestre d’assurer en janvier 1936 que « Des entreprises et des chômeurs de Joinville seront occupés sur le chantier de l’hôpital ». Il devient président du conseil d’administration de l’établissement.

Lors de la désignation des électeurs sénatoriaux en septembre 1935, l’Union des républicains place ses 12 candidats, dont Lesestre. Il se prononce en faveur de la candidature du député sortant et ancien ministre, radical indépendant, Adolphe Chéron, pour les élections législatives de mai 1936. L’appel qu’il signe, en avril, le fait se retrouver avec son prédécesseur à la mairie, Georges Briolay.

La création de l’école de garçons Jules-Ferry, dans le quartier de Polangis, est une des grandes affaires du mandat, même si le projet a été initié par la municipalité précédente. Autre héritage, la garantie qui avait été accordée à une société, sise à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis), pour la construction d’un groupe d’habitations à bon marché (HBM), la cité Égalité dans le quartier de Palissy. L’entreprise ayant fait faillite, la commune est appelée pour la caution donnée, ce qu’elle refuse mais qui lui sera imposé par les autorités et les tribunaux administratifs. La cité rejoindra alors le patrimoine de l’Office municipal des HBM.

Avec beaucoup de professionnels du cinéma, dont Joinville constitue alors un des principaux pôles en France, Lesestre s’associe au projet de remplacer la petite église de Sainte-Anne de Polangis par un édifice dénommé Notre-Dame du Cinéma. Malgré une mobilisation de donateurs, le nouvel édifice ne verra pas le jour avant la guerre et fut ensuite abandonné. Lesestre accueille à plusieurs reprises le cardinal de Paris, Mgr Verdier, dans les églises de la commune mais également dans les studios de cinéma de Joinville.

En février 1937, Lesestre devient membre de la Commission d'aménagement et d'extension du département de la Seine. Le même mois, il est opéré d’une mastoïdite à l’hôpital Saint-Antoine de Paris (12e arr.) ; son médecin traitant est transporté vers l’établissement dans le taxi de Paul Rouhaud, conseiller municipal communiste et virulent opposant à Lesestre.

Dans la presse locale, notamment l’hebdomadaire Union régionale, plaide en avril 1937, pour l’augmentation des allocations d’assistance pour les vieux. Il défend également cette position au conseiller municipal. Il renouvellera son plaidoyer l’année suivante.

Lors de l’Arbre de Noël en janvier 1938 du parti social français (PSF), formation d’extrême-droite du colonel François de La Rocque, issu des Croix-de-Feu, qui accueille 400 enfants de Polangis dans le restaurant Maxe, le PSF salue la présence de « notre ami Lesestre, maire. »

Alors qu’en janvier 1938 la préfecture de la Seine décide d’interdire les baignades en Marne pour des raisons sanitaires, Lesestre organise, avec le Club athlétique de Joinville, présidé par le miroitier radical-socialiste Gabriel Vélard, un meeting au cours duquel les 200 participants « exigent que soit maintenue la baignade. »

De nouveau, en mars 1938, Lesestre est électeur sénatorial sur une liste exclusivement composée de membre du comité d’Union républicaine. En juillet la même année, il prend la présidence du Comité local du Rassemblement universel pour la paix, qui regroupe des syndicalistes et des responsables d’associations d’anciens combattants, et se déclare  « Profondément indigné des bombardements effectués sur des villes ouvertes et même sur le sol national », évoquant la situation en Espagne.

C’est en présence de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, que Lesestre inaugure en novembre 1938 le groupe scolaire Jean-Charcot, dans le quartier du centre. Comme l'école Jules-Ferry, à Polangis, ces deux établissements sont depuis devenus des collèges après-guerre.

Le contentieux sur les HBM ayant été tranché en défaveur de la commune, Lesestre, avec la totalité des conseillers municipaux de la ville, y compris les deux communistes, adresse en avril 1939 une protestation « Aux contribuables joinvillais » indiquant que la  mise en œuvre par le préfet de la garantie communale, inscrite d’office au budget, entraîne une hausse des impôts.

En mai 1939, Lesestre devient membre du comité du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Avec les autres membre du bureau, il proteste en juin contre le fait que le décret ministériel, publié le mois suivant, dépossède les 52 communes de la banlieue du droit d'arrêter la fixation et le mode de perception des taxes d'octroi et leur impose, en outre, de rémunérer trois fonctionnaires choisis par le ministère des Finances.

En janvier 1936, Lesestre, en tant que maire, est nommé membre suppléant du Conseil supérieur des postes, télégraphes et téléphones. Il continue d’exercer cette fonction en 1940.

À suivre

Léon Lesestre en 1943

 

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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Lors des élections municipales de mai 1929, Léon Lesestre est candidat à Joinville-le-Pont sur la liste de concentration républicaine conduite par Stephen Durande (divers droite). Elle arrive en tête, au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant) à 35;9% et les communiste (16%). Lesestre obtient 880 voix pour 2 126 votants (41,4%) et 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien des communistes (12,5%), la liste des gauches remporte 22 des 27 sièges à pourvoir avec 45,9% tandis que la droite d’Union nationale se contente de cinq élus en recueillant 41,6%. Lesestre ne rentre pas au conseil municipal et Georges Briolay (radical-socialiste) devient maire avec des adjoints socialistes.

Participant à la création du comité cantonal de cette organisation en juin 1932 à Saint-Maur-des-Fossés, Lesestre est président du comité de Joinville de l’Alliance démocratique, formation de centre-droit, très souvent associée aux gouvernements français, que ce soit avec le parti radical-socialiste (à sa gauche) ou avec des partis de droite.

Il est également membre du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS) de Joinville, qui regroupe les formations de droite, des radicaux indépendants et l’Alliance démocratique. Lesestre est nommé vice-président en novembre 1932 lorsqu’Émile Lecuirot est élu président.

La municipalité de Joinville rencontre des difficultés, avec le retrait du soutien du parti socialiste SFIO et la défection de plusieurs élus. Pour remplacer dix sièges vacants, des élections municipales complémentaires sont convoquées en octobre 1934. Suite à une proposition verbale de trève politique faite en juillet par le maire, Briolay, le CURAS décide à l’unanimité d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste, ce qui aboutit à la formation d’un comité de concentration républicaine qui présente une liste comprenant six candidats du CURAS, dont Lesestre, et quatre radicaux-socialistes. La plateforme électorale prévoit de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Cependant, les candidats, qui assurent être « dix hommes nouveaux, indépendants », assurent qu’ils ne feront « pas de miracles en sept mois », durée de leur mandat avant le renouvellement général de l’assemblée municipale. Assurant vouloir apporter « apaisement et concorde », ils citent dans leurs « plus grandes préoccupations » la « situation pénible des chômeurs. »

La liste de concentration arrive en tête au premier tour, avec 37,0%, devant un groupe de républicains indépendants (25,5%) et deux formations de gauche, les communistes (17,8%) et les socialistes SFIO (17,6%). Lesestre obtient 855 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37,2%)  sur 2 360 votants et 3 225 inscrits.

Au second tour, les républicains indépendants se retirent et les socialistes apportent leur soutien aux communistes. La concentration remporte les dix sièges à pourvoir avec 59,5%. Lesestre entre au conseil municipal avec 1 111 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,4%)  sur 1 964 votants.

Lors des obsèques du président du CURAS, Émile Lecuirot, toujours en octobre 1934, Lesestre prononce un discours à l’église de Joinville. Il le remplace dans sa fonction en décembre 1934.

Malgré l’accord électoral, le conseil municipal de janvier 1935 voit quatre des nouveaux élus organiser un « très vif échange » avec la municipalité, selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux. Le vote à ce sujet est renvoyé en commission.

Lors de son assemblée générale de mars 1935, le CURAS, qui avait été fondé en 1912, a décidé de se transformer en Union des républicains. Le règlement instaure une Incompatibilité entre les fonctions de membre du bureau et de conseiller municipal. Remplacé par René Kirbuhler, Lesestre devient président d’honneur.

Le mois suivant, le nouveau groupement de la droite décide d’abandonner, contre l’avis du député de la circonscription, Adolphe Chéron, l’accord électoral avec les radicaux : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux. »

Pour les élections municipales de mai 1935, le programme de l’Union des républicains prévoit « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». Les candidats se présentent comme des « hommes d’ordre et d’action ».

Au premier tour, la liste de droite arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés ; elle devance le groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes indépendants) à 26,8%, les communistes à 23,5% et les socialistes à 12,3%. Lesestre recueille 952 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Pour le second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent. La liste radicale recule fortement, à 20% des suffrages exprimés tandis que l’écart entre les candidats des deux autres formations n’est, en moyenne, que de 60 voix. L’Union des républicains arrive en tête, avec 41% et 25 sièges contre 39% et deux élus à la gauche. Lesestre est élu avec 1 167 votes pour 2 899 suffrages exprimés (40,3%) sur 2 924 votants. La droite commente ainsi le résultat : « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »

À suivre

Léon Lesestre en 1941

 

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20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 05:01

Début de la biographie de Léon Lesestre

Léon Joseph Alexandre Lesestre naît le 23 décembre 1877 à Paris (4e arr.). Il est le fils d’Anne Lesestre, couturière, vivant dans un hôtel rue Saint-Louis, et d’un père non dénommé. La sage-femme qui déclare la naissance à l’état-civil le fait sous le nom erroné de Lesselle. La rectification sera faite lors de la reconnaissance de l’enfant par sa mère, le 5 janvier 1878, dans la même mairie. Elle est native de Bourges (Allier) où son père est sculpteur et sa mère commerçante.

En 1894, Anne Lesestre vit à Paris avec son fils, rue Frémion (15e arr.) ; elle épouse un cocher, qui n’est pas le père de Léon, et, deux fois veuve, se remarie ensuite à Paris puis en Seine-et-Marne.

Ayant fait « de bonnes études », selon le journaliste Jean Clochard, il entre comme comptable aux établissements Sautter-Harlé, entreprise de construction électrique et de production de moteurs, installée avenue de Suffren à Paris (15e arr.).

La semaine d’après ses dix-huit ans, devançant son service militaire, Léon Lesestre s’engage en décembre 1895 dans l’armée pour quatre ans, et rejoint le 4e régiment de hussards, unité de cavalerie fondée sous la Révolution française et alors basé à Meaux (Seine-et-Marne). Renouvelant régulièrement son engagement, Lesestre est nommé brigadier en janvier 1898 puis devient sous-officier comme maréchal des logis en novembre la même année. Il s’inscrit, en juin 1904, au concours pour devenir officier d’administration mais échoue aux épreuves orales.

À la fin de son dernier contrat, en décembre 1910, Lesestre demande à bénéficier d’un emploi civil, comme le prévoit la loi du 21 mars 1905. Il reste à l’armée en attendant sa nomination, qui se fait en avril 1912 en tant que commis de l'Assistance publique, qui gère les œuvres sociales et les hôpitaux de Paris et d’une partie de la banlieue. Il obtient une retraite proportionnelle aux 16 ans et 3 mois qu’il a passés dans l’armée, fixée à 528 francs.

En août 1905 à Meaux, Léon Lesestre avait épousé Réparate Stéphanie Honorine Zapel, couturière, native de Nice, fils d’un maître-tailleur du même régiment de hussards. Après la fin de la période militaire, la famille s’installe à Paris (13e arr.), d’abord rue de Tolbiac puis rue Bobillot.

Dès le début de la première guerre mondiale, Lesestre est mobilisé, au sein du 116e régiment territorial d’infanterie avec le grade de sergent. En avril 1915, il est nommé sous-lieutenant puis, en août 1917, lieutenant. Il est affecté en mars 1918 au dépôt des éclopés de Fère-en-Tardenois (Aisne) puis en mai la même année à celui d’Hermé (Seine-et-Marne). Il est démobilisé en février 1919 et aura donc porté l’uniforme pendant près de 21 ans.

La première intervention publique connue de Lesestre est sa participation, en faisant état de son grade de sous-lieutenant, à une souscription du Secours national en juillet 1917.

Au sortir du conflit, les Lesestre vivent à Thorigny (Seine-et-Marne), rue du Temple. Ils déménagent ensuite à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où ils résident rue du Canal en 1924.

Revenu à l’Assistance publique, Léon Lesestre travaille d’abord au bureau de bienfaisance du treizième arrondissement de Paris. Il est nommé commis principal en janvier 1924, affecté à la pharmacie centrale des hôpitaux, puis premier commis principal en juin 1930. Il est contrôleur des services économiques des hôpitaux avec le grade de régisseur-comptable en 1932.

Membre du conseil d’administration de la Fédération nationale des mutilés et anciens combattants en 1928, Lesestre est vice-président puis président d’honneur de la société des anciens combattants de Joinville. Il participe aux congrès de la Fédération, par exemple en 1932 à Bruxelles (Belgique) où il présente un rapport sur l'assistance publique en France et en 1933 à Salins-les-Bains (Jura), où il défend cette fois un rapport sur le chômage. Le 18e congrès, en juin 1935, clôture ses travaux à Joinville-le-Pont sur son invitation. Il est à nouveau réélu administrateur de la Fédération en juin 1936 à Chauny (Aisne) puis en août 1938 à Angoulême (Charente).

L’engagement le plus durable de Lesestre se fait au sein d’organismes regroupant des philatélistes. Il adhère en octobre 1924, au Groupement philatélique d'échanges puis rejoint la Société philatélique de Saint-Maur-des-Fossés (SPSM), fondée en décembre 1925, dont il est le président depuis sa création et jusqu’en 1955.

À suivre

Léon Lesestre en 1938 (1er rand, 2e à partir de la gauche)

 

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12 octobre 2022 3 12 /10 /octobre /2022 05:01

Gustave Séraphin Guy naît le 1er août 1873 à Boujailles (Doubs). Il est le fils de Marie Victorine Claudet et de Louis Guy, cultivateurs, tous deux originaires du village voisin de La Rivière-Drugeon.

Au cours des années 1880, la famille quitte la Franche-Comté pour la région parisienne, à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue Ardoin, où le père devient emballeur. Peu après la naissance de son septième enfant, la mère meurt en août 1888. Le père suit peu après, en novembre 1890. Gustave Guy a alors 17 ans.

Devenu ouvrier caoutchoutier, il épouse en octobre 1893 à Saint-Ouen Joséphine Emma Boulon, cravatière. Ils vivent avenue des Batignolles. Gustave Guy fait en 1894-1895 un service militaire au 120e régiment d’infanterie qui ne dure qu’un an, au lieu de deux normalement, son frère aîné étant également mobilisé. Devenu veuf en mai 1902, Gustave Guy se remarie en décembre 1904 à Paris (8e arr.) avec Élise Gaillot, couturière.

Entre 1893 et 1914, Gustave Guy a douze adresses différentes, déménageant donc en moyenne tous les dix-huit mois : six à Saint-Ouen, cinq à Paris (17e, 18e et 19e arrondissements) et une à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne).

Après avoir été convaincu de coups et blessures volontaires, en décembre 1913, Gustave Guy est condamné, en mai 1914 par la cour d’appel de Paris à huit jours prison.

Mobilisé au début de la première guerre mondiale en août 1914 au sein du 16e régiment territorial d’infanterie, il est affecté en septembre la même année à la société du Gaz de Paris, rue Condorcet (9e arr.) et y reste jusqu’à sa démobilisation, en février 1919.

Après-guerre, Gustave Guy est électricien et vit dans le 18e arrondissement, rue Belliard. C’est peut-être lui qui, présenté comme électricien au Gaz de Paris, participe en mai 1919 à Paris au 5e congrès de la Fédération de l’Éclairage de la Confédération générale du travail (CGT) et est élu membre du comité fédéral pour la section gaz.

La famille va s’installer en 1932 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans la cité d’habitations à bon marché Égalité, nouvellement construite dans le quartier de Palissy. En 1936, Gustave Guy est retraité.

Gustave Guy est membre de la section de Joinville du parti communiste. Il meurt le 2 juillet 1938 à Joinville et est enterré au cimetière communal. Il était âgé de 64 ans et père de deux enfants, le premier étant mort jeune. Le quotidien L’Humanité lui rend hommage.

Son fils, Roger Guy, issu de son second mariage, secrétaire des Jeunesses communistes de Joinville, est arrêté en octobre 1940 par les autorités françaises, puis transféré comme otage à la force d’occupation allemande et déporté dans le camp de concentration d’Auschwitz, où il meurt en septembre 1942.

Voir Roger GUY, « un camarade très estimé »

La cité Égalité à Joinville-le-Pont

 

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8 octobre 2022 6 08 /10 /octobre /2022 05:01

Henri Auguste Petit naît le 24 octobre 1869 à Briis-sous-Forges (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il est le fils d’Euphémie Élisabeth Benoit, cuisinière, et de son mari Auguste Jérémie Petit, garçon de magasin.

Toujours en région parisienne, Henri Petit se déplacera fréquemment puisqu’on mentionne à son sujet, dans les différentes sources, 21 adresses entre 1889 et 1927.

Alors frotteur de parquets, Henri Petit vit à Levallois-Perret, rue Victor-Hugo, lorsqu’il est recensé pour son service militaire en 1889. Orphelin de père, il fait un service raccourci à dix mois à partir de novembre 1890 au sein du 115e régiment d’infanterie.

En août 1892 à Paris (9e arr.), Henri Auguste Petit, alors employé de banque, épouse Pauline Lucie Poullain, employée de commerce. Ils vivent rue Ganneron, dans le 18e arrondissement, puis s’installent brièvement à Saint-Maur-des-Fossés en 1901 plus durablement, à partir de 1905 dans la commune voisine de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). On lui connaît cinq domiciles dans cette ville pendant une dizaine d’années de séjour à peine, plus un passage dans la commune adjacente de Champigny. Il vit d’abord dans le quartier du Centre, rue Vautier, puis dans celui de Palissy, avenue Gille puis dans celui de Polangis (avenue Pauline, rond-point de Polangis – act. place de Verdun, puis avenue Jamin).

À partir de 1898, Henri Petit devient employé de la Ville de Paris, au sein du service de désinfection de la direction de l’hygiène.

En novembre 1911, Petit devient membre de la commission exécutive du groupe socialiste SFIO de Joinville, dont Émile Lebègue, graveur, est le secrétaire. Le groupe était membre depuis sa fondation de la Section française de l’internationale ouvrière, mais il prolongeait l’existence de structures plus anciennes, existant depuis au moins 1887.

Avec d’autres socialistes, dont le cheminot André Flambard, Petit participe à la création d’une éphémère Ligue de défense économique qui plaide pour la création de boucheries et de boulangeries municipales, Mais ils protestent quand le journal local radical Voix des communes rapportent qu’un d’entre eux aurait traité les commerçants de « voleurs. »

Le socialisme-révolutionnaire puis la SFIO n’ont eu, jusqu’ici qu’une influence limitée à Joinville : scores réduits sur le plan électoral, impact assez faible des coopératives, diffusion restreinte de l’hebdomadaire local, poids des syndicats restreint à de rares entreprises, dont l’usine du Bi-Métal qui connaît une longue grève en 1910.

Pour les élections municipales de 1912, la SFIO est pour la première fois en mesure de présenter une liste complète de 23 candidats. Derrière Lebègue, Petit figure en cinquième position des candidatures ratifiées par la Fédération de la Seine du parti.

Joinville est dirigée depuis 25 ans par un maire, Eugène Voisin, qui s’appuie sur le parti radical-socialiste. Malade et âgé, il ne se représente pas, ce qui a accéléré une crise politique locale. Un quart des sortants ont fait dissidence tandis que la droite se structure. L’opposition aux radicaux-socialistes va conduire à un phénomène électoral inédit. Trois listes, les radicaux scissionnistes, les socialistes et l’union libérale-conservatrice, passent un accord proportionnaliste : ils conviennent de constituer, à l’issue du premier tour, une liste commune pour le second tour sur la base des résultats, sans s’engager à gouverner la ville ensemble. Seule la liste radicale officielle, conduite par l’adjoint Georges Briolay, est exclue de l’accord.

Après la première partie du scrutin, la coalition se répartit donc les 23 places à prendre : dix pour les radicaux dissidents, sept pour les socialistes et six pour les libéraux et conservateurs. La liste SFIO avait obtenu environ 22% des suffrages exprimés. Au second tour, le regroupement proportionnaliste bat les radicaux-socialistes et emporte tous les sièges ; Petit est élu, en dernière position,

Au mois de juillet 1912 Petit intervient en conseil municipal sur une question touchant à son domaine professionnel, la désinsectisation. L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes remarque qu’il habite Champigny,

Lors de deux réunions publiques organisées par la SFIO à Joinville en avril 1913, Petit fait partie des orateurs avec quatre autres conseillers municipaux Lebègue, Scornet, Lacroix et Flambard. Il est désigné, en février 1914 comme électeur sénatorial.

Mobilisé au déclenchement de la première guerre mondiale, en août 1914, Henri Petit est affecté au service GVC (garde des voies et communications) et rattaché au 35e régiment territorial d’infanterie. Après avoir divorcé en avril 1911, il épouse, en août 1916 à Paris (12e arr.) Émelie Louise Joanin, couturière, originaire du Creusot (Saône-et-Loire). Il est affecté à novembre 1917 à la préfecture du département de la Seine, où il reprend ses anciennes attributions et libéré des obligations militaires la semaine suivant l’armistice en novembre 1918. Il vit alors à Paris (20e arr.), rue des Pyrénées.

Après-guerre, Henri Petit poursuit son activité au sein du service d’hygiène de la Ville de Paris jusqu’en 1926 ; il reçoit alors la médaille d’honneur communale pour ses 28 ans de fonction en tant que chef désinfecteur. Il quitte alors le service public et devient en 1927 concierge rue de la Tour-d’Auvergne (9e arr.). Il a alors 58 ans.

La date de décès d’Henri Petit n’est pas connue. Il était mort lorsque sa seconde épouse est elle-même décédée en novembre 1945 à Boulogne-Billancourt et était père d’au moins une fille.

Il n’a pas de liens avec plusieurs autres Petit qui ont siégé au conseil municipal de Joinville.

La maison Denis, avenue Pauline, lieu de réunion de la SFIO à Joinville-le-Pont

 

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23 août 2022 2 23 /08 /août /2022 00:01

Pierre Raymond Lambert naît le 9 mars 1910 à Paris (14e arr.). Il est le fils d’Henriette Joséphine Ringo, blanchisseuse, et de Simon Ézéchiel Gaston Lambert, employé de commerce, ils vivent rue Boyer-Barret. Ses parents se marient en novembre 1910 dans le même arrondissement et résident alors rue Lacaze.

Après leur divorce, ses parents se remarient tous les deux début 1920. Pierre Lambert vit avec sa mère et son beau-père, Georges Fernet. Ils sont installés en 1931 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) dans le quartier de Palissy, avenue des Familles. Pierre Lambert est employé de banque à Paris (9e arr.) ; il effectue sans doute cette-là son service militaire.

En septembre 1933, Pierre Lambert épouse à Joinville Juliette Maury, également employée de banque. Ils s’installent dans le centre-ville, rue de Créteil (act. boulevard du maréchal Leclerc). En février 1935, Lambert est désigné comme commissaire des comptes de la société « L’Immobilière 100, Faubourg Saint-Antoine » dont le siège social est à Paris (8e arr.), rue d'Anjou.

La situation de Pierre Lambert et de sa famille pendant la deuxième guerre mondiale n’est pas connue. À la Libération, il est désigné comme membre du comité local de Libération de Joinville. Il est le seul qualifié d’indépendant dans les notes conservées aux archives municipales, les dix autres étant mentionnés comme membres d’organisations politiques, syndicales, associatives ou de la Résistance. Le fait qu’il siège dans ce comité prouve qu’il a joué une rôle dans l’opposition à l’occupation allemande.

Un arrêté préfectoral du 26 septembre 1944 le nomme membre de la délégation spéciale chargée d’administrer la commune, après l’arrestation du bureau municipal par le comité de Libération le 20 août puis la dissolution de l’assemblée locale. Pierre Lambert fait ainsi fonction de conseiller municipal. Le maire est Robert Deloche, communiste, avec des adjoints représentant la gauche radicale et socialiste et des indépendants.

Lors des élections municipales d’avril 1945, Lambert est élu conseiller municipal sur la liste d’Union républicaine et résistante conduite par Deloche. Elle obtient une moyenne de 3 979 voix pour 6 447 suffrages exprimés (61,7%) sur 6 621 votants et 7 811 inscrits. Lambert arrive en troisième position. Deloche est réélu maire. Le conseil comprend officiellement 7 communistes, 6 socialistes SFIO, 5 radicaux et 9 indépendants de gauche, dont Lambert.

Le mandat de Lambert se termine en octobre 1947, et il n’est pas élu non plus en mai 1953.

Par contre, Lambert est de nouveau candidat en juin 1959, cette fois sur la liste du maire élu en 1953, Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines, centre-gauche). Au second tour, la liste emporte les 27 sièges à pourvoir avec 52,4%. Elle avait recueilli au premier tour 41,2% des votes exprimés, devant les communistes (32,2%) et une alliance des gaullistes, des socialistes SFIO et des démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (23,5%).

Le bureau municipal est constitué de Deloche, maire, et de six adjoints : MM. Gaulin, Belhomme, Garchery, Perly, Derou et Lambert.

Pierre Raymond Lambert meurt le 5 juillet 1964 à Joinville. Il était âgé de 54 ans et père d’une fille.

Son épouse, Juliette Lambert, avait été, en mai 1956, l’une des marraines de la cloche baptisée Reine-Marie-Andrée-Antoinette, installée sur le clocher de l’église Saint-Charles-Borromée de Joinville à l’occasion du centenaire de la paroisse. Elle porte la devise « Je sonne la concorde. »

Le début de la rue de Créteil à Joinville-le-Pont

 

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13 août 2022 6 13 /08 /août /2022 00:01

Pierre Marie Derrien naît le 24 juin 1912 à Lohuec (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor). Il est le fils de Jeanne Marie Le Brun et de son époux, Yves Derrien, laboureur.

Devenu garçon boucher et vivant boulevard Richard-Lenoir, avait, selon l’historienne Annie Pennetier, effectué son service militaire à Brest en tant que pompier dans la Marine nationale. Il épouse à Paris (18e arr.) en janvier 1937, Juliette Maria Galland. Ils s’installent à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), villa des Varennes. Ils sont tous les deux marchands forains.

Toujours d’après la notice que lui consacre A. Pennetier dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Pierre Derrien devient un des responsables du parti communiste clandestin à Champigny. Engagé dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), il est arrêté sur son lieu de vente, le marché de Champigny, par la police française le 23 juillet 1943. Il aurait été dénoncé et torturé. Incarcéré dans les prisons de la Santé (Paris) et de Fresnes (Seine, act. Val-de-Marne), il est condamné à la peine de mort le 15 octobre 1943 par un tribunal militaire allemand (Gross Paris Abt B). Il a été fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Pierre Derrien (photo Maitron)

D’abord inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, le corps de Pierre Derrien a été transféré au cimetière de Champigny le 2 décembre 1944, où il est enterré en même temps que trois autres résistants communistes de la ville, Lucien Rigollet, Jean Savu et Augustin Taravella.

Pierre Derrien a été reconnu comme membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI), avec le grade de sous-lieutenant. Il a aussi obtenu le titre d’interné-résistant en octobre 1958. La Médaille de la Résistance lui a été attribuée en janvier 1961. Le nom de Pierre Derrien figure sur le monument aux morts de Champigny et sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.

Il était père d’une fille. Son épouse, Juliette Derrien, membre du parti communiste après-guerre, a été conseillère municipale de la commune voisine de Joinville-le-Pont entre 1945 et 1947.

Plaque de la rue Pierre-Marie-Derrien à Champigny-sur-Marne

 

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