Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 00:01

Xénia Alexandra [ou Ksenia Aleksandrovna] Briger [ou Brieger] est la fille d’un général de l'armée impériale russe, probablement d’origine allemande. Elle est probablement née au cours des années 1890.

Elle épouse Danzan Davidovich Toundoutoff (en russe Тундутов, également transcrit sous la forme Tundutov, Toundutov ou Tundutow). Son nom d’épouse, selon l’usage russe, est Toundoutova mais elle et la presse font usage de l’orthographe Xénia Toundoutoff.

Danzan Toundoutoff est le noyon (prince) des Kalmouks. Né en 1888, il est l’héritier d’une famille établie au 17e siècle sur les plaines surplombant la mer Caspienne et le delta de la Volga, avec les Mongols Oïrats venus de l’actuelle Chine. Le prince Toundoutoff, comme ses prédécesseurs, était un bouddhiste, étroitement lié au dalaï-lama tibétain sur le plan spirituel ; c’est ce dernier qui lui a donné son prénom. Il était en matière politique proche de la cour impériale russe, dont le territoire des kalmouks dépendait. Il fut d’ailleurs éduqué au lycée de Saint-Pétersbourg. Les Kalmouks étaient essentiellement nomades et éleveurs de chevaux. La famille Toundoutoff constituait un gros fournisseur de montures pour l’armée impériale.

Danzan Toundoutoff, qui avait une culture élevée et a été fait chevalier de la Légion d’honneur française, était membre du Parti démocratique constitutionnel (monarchiste). En 1906, il fut élu membre de la Douma d'État (parlement) où il représentait les tribus nomades des provinces d'Astrakhan.

Pendant la première guerre mondiale, d’abord adjudant (adjoint) du Commandant suprême sur le front allemand, il joue le même rôle à partir de 1915 sur le front du Caucase, auprès du grand-duc dans l’état-major du grand-duc Nicolas Nikolaevich.

Après la révolution russe d’octobre 1917, le prince Toundoutoff se met à la tête des Kalmouks qui sont intégrés dans l’armée des cosaques d’Astrakhan, opposés aux forces bolchéviques ; il prend le grade de colonel. Les forces antisoviétiques reculant, Toundoutoff passe en Géorgie puis, en mai 1918, rejoint l’Allemagne où il rencontre l’empereur Guillaume II pour tenter d’obtenir son appui face aux Russes. Il rentre avec une promesse de soutien, qui perd tout effet avec la défaite allemande. Toundoutoff tente de réorganiser l’armée d'Astrakhan mais il est démis de ses fonctions, en janvier 1919, par le général Dénikine, à la tête des armées blanches luttant contre le régime au pouvoir à Moscou. Ce dernier défend l’idée d’une Russie unifiée, tandis que Toundoutoff plaide au contraire pour une fédération. En octobre 1919, il est d’abord arrêté puis expulsé.

Il se rend en novembre 1920 à Constantinople (Turquie, act. Istanbul) puis en Europe occidentale, séjournant notamment à Nice (Alpes-Maritimes) en janvier 1921. Xénia Toundoutoff quant à elle est actrice.

En novembre 1922, se fiant aux appels du gouvernement soviétique et aux promesses du général Alexeï Broussilov, ancien des armées blanches, rallié à Moscou, le prince Toundoutoff retourne en Russie. Il est arrêté par la police politique (GPU), mais libéré après 17 jours d'emprisonnement. Il rédige un rapport sur le sort des Kalmouks, remis à Broussilov et à Léon Trotski. De nouveau incarcéré le 14 avril 1923, il est transféré à Moscou, condamné à mort et fusillé le 7 août 1923. Près de 70 ans plus tard, la sentence est annulée par le parquet général de Russie le 13 mars 1993, Toundoutoff étant entièrement réhabilité faute de corpus delicti.

Après son exécution, son épouse quitte la Russie pour l’Allemagne, en compagnie de son fils Nicolas. Elle se rend ensuite en France. En 1929, la princesse vend de la lingerie de luxe aux américaines qui visitent Paris en organisant des démonstrations dans leurs chambres d’hôtel.

Elle participe aussi à la vie du milieu des exilés russes, assistant notamment aux cérémonies funéraires organisées à Nice en janvier 1929 après la mort du grand-duc Nicolas. En 1934, à Paris, elle est l’invitée d’honneur du dîner des Saisons de Paris qui veut ressusciter le chic parisien d’avant-guerre.

À partir de 1936, Xénia Toundoutoff écrit des articles pour des journaux féminins. Dans La Femme de France, elle s’intéresse d’abord à l’écrivaine « Colette et ses chats ». Elle signe aussi une petite série consacrée aux femmes des hommes célèbres (Moro-Giafferi, André Maurois, Honegger). En 1937, dans Marie-Claire, elle donne des conseils : Que faut-il manger pour être belle ? Elle précise : Mangez du Soleil (fruits et crus) ! L’année suivante, dans Ève, elle témoigne sur ce qu’était « La femme kalmouk avant qu'elle ne fût Parisienne. »

Avec son fils, alors étudiant, Xénia Toundoutoff réside en 1937 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où une relativement importante communauté kalmouke s’est étable. Une fête est organisée en leur honneur par le grand-prêtre bouddhiste des kalmouks d’Europe occidentale en décembre de cette année-là.

En 1947, Mme Toundoutoff, enseigne à l'Université de Paris pour des auditeurs de langue slave.

Les dates de mariage de Xénia Toundoutoff ne sont pas connues. Elle meurt le 26 avril 1963 à Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine) où elle résidait rue Bruneau. Elle était âgée de 77 ans.

Xénia et Nicolas Toundoutoff à Joinville-le-Pont en 1937

 

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 00:01

Bernard Fernand Robert Crétin-Maitenaz naît le 26 septembre 1926 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Fernande Neveu et de son époux André Joseph Célestin Crétin-Maitenaz. Ils vivent dans le quartier de Polangis, avenue Pauline. Adulte, Bernard utilisera uniquement le patronyme de Maitenaz. Son père est originaire de Morez, dans le Jura, berceau de la lunetterie française.

La commune de Joinville est un site important en matière d’optique ; plusieurs des fondateurs puis responsables de la Société des lunetiers (SL puis Essel) ont vécu à Joinville. La société Télégic, qui deviendra Silor après sa fusion avec Lissac, est implantée dans la commune ; En fusionnant avec SL, le groupe s’appellera Essilor. Peut-être André Crétin-Maitenaz y est-il employé ; pendant la première guerre mondiale, il a été blessé et décoré de la Croix de guerre pour son comportement en août 1915 et cité à l’ordre de la brigade : « sous-officier d’un grand courage et d’une modestie remarquable. »

En 1931, Bernard Maitenaz vit chez ses grands-parents maternels, Marthe et Frédéric Neveu ; ils résident avenue Foch, dans le quartier de Polangis, toujours à Joinville. Frédéric Neveu est le directeur de l’usine métallurgique du Bi-Métal située dans la commune, quartier du Canal. En 1936, il est de nouveau avec ses parents, dans le même quartier, avenue Henri. Pendant les vacances cette année-là, il gagne un prix à un concours de devoirs organisé par le quotidien Le Petit Marseillais. Ils résident encore à Joinville en 1939.

Poursuivant son cursus scolaire pendant la deuxième guerre mondiale, Bernard Maitenaz entre, en septembre 1943 à l’école nationale d'Arts et Métiers de Paris. il en ressort ingénieur en 1946 puis intègre l'École supérieure d'optique, toujours dans la capitale, dont il sort major en 1947. Il sera également diplômé de l’Institut de contrôle de gestion.

Il fait son service militaire en 1947-1948, puis est embauché par Essel, nouveau nom de la Société des lunetiers. D’abord ingénieur d'études, il devient rapidement chef des services d'études puis directeur technique en 1953. Cette même année, il épouse Geneviève Élise Simonard, fille d’un jockey, originaire de la Marne et résidant également à Joinville-le-Pont. Son frère aîné, Paul Maitenaz, avait épousé lui aussi la sœur aînée de sa femme, Marie Louise Simonard.

Les lunettes à double-foyers utilisées par son père apparaissent à Bernard Maitenaz comme « une hérésie qui altère le champ de vision » selon le compte-rendu qu’en fait l’association Valoptec. À partir de 1951, il conduit des recherches pour la mise au point d’un « verre à foyer variable de façon continue » ; elles aboutissent avec la commercialisation du verre progressif Varilux en 1959, qui constitue, selon les milieux professionnels, « une révolution dans le monde de l’optique ». Il est nommé en 1966 directeur du département industriel.

Lors de la fusion d’Essel et de Silor en 1972, qui voit la naissance du groupe Essilor, Bernard Maitenaz est nommé directeur des recherches et du développement. Il est président du directoire de BBGR, filiale d’Essilor, de 1977 à 1980. En 1979, il est nommé directeur général du groupe, puis prend le poste de président-directeur général en 1980. Il le quitte pour sa retraite en 1991. Pendant son mandat, il a conduit une importante expansion internationale de l’entreprise.

Héritée de ses origines (la Société des lunetiers avait été fondée en 1849 à Paris sous le nom d’Association fraternelle des ouvriers lunetiers avec une forme coopérative), une société, baptisée Valoptec, rassemble une partie des cadres de l’entreprises et dispose d’une participation significative au capital. L’association disposait de 25 % du capital et 39 % des droits de vote avant la fusion qui a donné naissance au groupe franco-italien EssilorLuxoticca. En janvier 2020, Valoptec est encore, avec 11 000 membres et 4,2% des titres, le deuxième actionnaire du groupe, derrière la société financière de la famille Del Vecchio, Delfin.

Parallèlement à son poste, Bernard Maitenaz fut président de la commission innovation et recherches du Centre national du patronat français (CNPF, act. MEDEF) de 1984 à 1994, membre du Conseil supérieur de la propriété industrielle de 1985 à 1994, et administrateur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de 1992 à 1995.

Bernard Maitenaz meurt le 22 janvier 2021 à Paris (7e arr.). Il était âgé de 94 ans et père de trois enfants. Commandeur de l’ordre du Mérite, chevalier des Palmes académiques, il avait été fait officier de la Légion d’honneur en juillet 1989. Il avait également reçu le grand prix de la Ville de Paris dans la catégorie Technique en juin 1976, le prix Nessim-Habif de la Société des ingénieurs Arts et Métiers en 1995 ainsi que le prix Apollo décerné par l’Association américaine d’optométrie en juin 2014. Il était docteur honoris causa des universités de Boston (Massachusetts, États-Unis) et Montréal (Québec, Canada).

Bernard Maitenaz dans son laboratoiore

 

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 00:01

François Joseph Andrès naît le 10 mars 1863 à Erstein (Bas-Rhin). Il est le fils aîné des sept enfants de Madeleine Willmann et de son époux, François Antoine Andrès, pécheur. La famille réside toujours en Alsace en 1872, après l’annexion allemande de 1870. Par contre, en 1881 elle est installée à Paris (18e arr.), rue Bonnet. Sa mère meurt en septembre cette année-là et le père est cantonnier.

François Joseph Andrès, qui exerce le métier de plombier épouse en juin 1886 à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Pierrette Feydel, journalière.

Le couple est installé en 1909 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et demeure dans le quartier de Polangis, avenue des Lilas (act. avenue Pierre-Allaire). François Joseph Andrès est membre de la Société symphonique de Joinville, fondée en octobre 1908. Il est également membre du comité radical et radical-socialiste de Joinville.

Les élections municipales de mai 1912 à Joinville sont marquées par la fin du mandat de 25 ans du maire, Eugène Voisin, malade, qui se retire, et par la division des radicaux-socialistes qui le soutenaient. La liste radicale-socialiste officielle est conduite par un adjoint, Georges Briolay et Andrès en fait partie. Les trois autres listes ont passé un accord de fusion au second tour sur la base de leurs résultats : radicaux dissidents, socialistes SFIO et libéraux-conservateurs.

Les résultats du premier tour ne sont pas connus précisément, mais la liste radicale dissidente arrive en tête, tandis que la liste officielle obtient entre 25 et 30 % des suffrages exprimés. Au second tour, la coalition emporte les 27 sièges à pourvoir et Achille Mermet (radical dissident) est élu maire. Andrès n’est pas élu.

À la déclaration de guerre, en août 1914, François Joseph Andrès était en Alsace en visite dans sa famille. Ancien soldat français, il est interné pendant dix-huit mois, s’évade et revient à Joinville.

Selon une « rumeur », rapportée par l’hebdomadaire radical Voix des communes en mars 1915, il aurait été dénoncé comme s’étant rendu en Allemagne et considéré comme un espion ; son épouse indique qu’elle compte porter plainte. Il est de retour à Joinville en avril 1916 et rencontre alors Georges Briolay, président du comité radical-socialiste officiel.

François Joseph Andrès meurt le 8 septembre 1920 à Joinville. Il était alors employé et âgé de 57 ans. Il n’a pas eu d’enfants.

Inondation de la Marne à Joinville-le-Pont en 1919

 

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2022 6 05 /11 /novembre /2022 00:01

Aimé Genevay nait le 27 novembre 1864 à Lyon (5e arr.). Il est le fils de Jeanne Genevay, épouse d’Alexis Vergnais, cultivateur à Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône). Il naît chez une sage-femme de la rue Saint-Jean, qui effectue la déclaration à l’état-civil sous le nom de Vergnais. Cependant, le mari de sa mère ne le reconnaît pas. En mai 1865, une ordonnance du tribunal civil du Rhône le déclare « étranger à Alexis Vergnais » et à sa famille ; il doit alors porter le nom de Genevay.

Après la mort de son beau-père en octobre 1875, étant le fils d’une veuve, Aimé Genevay effectue un service militaire d’un an à partir de novembre 1885 dans l’infanterie au 96e régiment de Ligne.

Il est passementier et vit ensuite entre Villeurbanne et Lyon. Il épouse en décembre à Lyon (6e arr.) Anne Félicie Parret, enjoliveuse. Cette dernière reste cependant vivre à Lyon tandis qu’Aimé Genevay s’installe à Paris (11e arr.), boulevard Voltaire. Ils divorceront en mars 1920.

En janvier 1911, Aimé Genevay est le vénérable de la loge maçonnique Étienne-Marcel, rattachée au Grand-Orient de France, basée chez lui, boulevard Voltaire. Il organise la tenue solennelle d’installation en présence de l’industriel Georges Bouley, président du conseil de l’Ordre. Il est également actif dans L'Union Amicale de Solidarité, structure parallèle qui permet d’organiser des banquets et sert pour l’action laïque.

Il est, en juin 1914, représentant de commerce, et toujours franc-maçon, membre de la loge L’Évolution économique.

Après-guerre, Aimé Genevay exploite la société Genevay et Cie, en association avec Marcel Senac. Elle fabrique des sommiers et de la literie avec un magasin rue Charlemagne à Paris (4e arr.), et une usine à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac, dans le quartier de Polangis où ils s’est installé.

L’entreprise fait faillite et janvier 1923 mais la procédure se termine par un concordat en novembre la même année et Aimé Genevay, qui se présente comme industriel et s’est installé rue du Trésor à Paris (4e arr.), se remarie dans cet arrondissement avec Fernande Adèle Coppé en août 1924.

Aimé Genevay meurt le 18 mai 1942 à Paris (12e arr.), où il était hospitalisé faubourg Saint-Antoine. Il était âgé de 77 ans et de nouveau domicilié à Joinville, dans l’ancienne résidence de son fils, mort sur place trois mois plus tôt. Il s’y était installé en 1934, sans sa seconde épouse.

Une guinguette à Joinville-le-Pont

 

Partager cet article
Repost0
3 novembre 2022 4 03 /11 /novembre /2022 00:01

Jules Édouard Roiné naît le 24 octobre 1857 à Chantenay-sur-Loire (Loire-Inférieure, act. Nantes, Loire-Atlantique). Il est le fils de Julienne Marie Brizé, revendeuse, et de son mari Julien Roiné, tailleur de pierres ; ce dernier ne sait pas signer.

Selon le quotidien Le Siècle, Édouard Roiné montre ses talents artistiques en sculptant des sabots dans son village natal. Après une formation en dessin auprès du peintre Alexandre-Jacques Chantron à Nantes, Roiné travaille dans l’atelier de sculpture de Léopold Morice (1843-1920), auteur notamment du Monument à la République, situé au centre de la place éponyme à Paris. En 1881, Édouard Roiné entreprend un voyage aux États-Unis et s’installe à New-York. Il travaille à la décoration d’églises et de salles de spectacle. À partir de 1886, il rencontre des sculpteurs new-yorkais, dont les frères Henri et Félix Weil, avec lesquels il se lie.

Pour améliorer sa technique artistique, Roiné effectue des expériences chimiques. Il s’intéresse à la commercialisation du courant électrique, qui débute en 1889, et s’initie à l’électro-galvanisation. Il en est le pionnier en Amérique, produisant sa première plaque commémorative en 1894 à l’effigie de sa modèle, Marguerite Delpech.

La même année, Édouard Roiné rentre en France, réside d’abord à Paris rue Vauquelin puis à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), rue du 14-Juillet. Il a pour compagne Agathe Bergeron, avec laquelle il a eu une fille, Alice, née à New-York en 1886. Il se spécialise dans la gravure en médailles.

Signature de Roiné

Exposant pour la première fois au Salon des artistes français en 1895, il y participe ensuite régulièrement. Il est membre de la Société des artistes français. Il reçoit une mention honorable en 1897, une médaille de deuxième classe en 1898 puis une médaille de première classe en 1900. La même année, il est récompensé d’une médaille d'or lors de l’Exposition universelle de Paris pour L'Aurore du XXe siècle, bas-relief en plâtre dont une édition en bronze argenté est exposée au Metropolitan Museum of Art de New-York tandis que l’original est au musée du Luxembourg, à Paris.

De retour en Amérique en 1904, Édouard Roiné vit à New-York, d’abord dans la 37e rue, puis dans la 23e. Il s’associe avec les frères Weil en formant la Medallic Art Company qui deviendra en 1908 la Roiné, Weil and Company. Devenu membre du Salmagundi club de New-York en 1906, Roiné adhère à la National sculpture society de New-York et à l’American Numismatic Society en 1908. Il participe aussi à l’Architectural League of New-York.

Avec les frères Weil et deux amateurs d’art américains, Charles DeKay et Robert Hewitt Jr., il constitue en 1909 le Circle of Friends of the Medallion (cercle des amis de la médaille), qui comprendra environ 400 membres, dont l’inventeur Alexander Graham Bell, le banquier J. Pierpont Morgan ou des personnalités politiques et des sculpteurs.

Après son retour, sa première réalisation est la décoration de l’église épiscopalienne Grace church de Manhattan. À partir de 1905, Roiné réalise la statue qui orne le palais de justice du Bronx (Borough Courthouse), intitulée Lady Justice qui sera terminée en 1915. Il est chargé de faire une plaque commémorative en l’honneur de l’ancien président Abraham Lincoln pour le centenaire de sa naissance en 1909.

Roiné expose en 1908 lors du salon d’hiver de la National Academy of Design à New-York puis en 1913 à l’exposition d’art moderne Armory Show, toujours dans la même ville. Ses travaux aux États-Unis lui valent d’être présenté comme « un des grands médailleurs du monde. »

Atteint de la maladie de Bright (insuffisance rénale), Édouard Roiné doit cesser l’essentiel de sa production artistique et rentre en France définitivement probablement en 1913. Il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Sa fille Alice avait épousé Paul Rousseau, qui deviendra procureur de la République à Valenciennes (Nord). Il est le fils du docteur Henri Rousseau et de son épouse, l’écrivaine Léonore Rousseau. Le médecin dirige l’institution du Parangon, installée dans un vaste parc, rue de Paris à Joinville, qui est devenue une école pratique coloniale. Jules Roiné participe à la distribution des prix aux élèves de l’école en été 1913 et 1914. Il est également membre du jury du Salon de Artistes français.

Jules Édouard Roiné meurt le 11 avril 1916 à Joinville. Il était âgé de 58 ans.

La médaille commémorative d'Abraham Lincoln, réalisée par E. Roiné

 

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

En août 1939, après la signature du pacte germano-soviétique entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste, Léon Lesestre, maire de Joinville-le-Pont, fait partie des élus du département de la Seine qui refusent de prendre place à côté d’élus communistes dans une réunion du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Ils déclarent dans un communiqué « qu’ils ne siégeront plus au bureau aussi longtemps que les représentants d’un parti hors la loi y figureront ». Le PCF sera interdit le 26 septembre, tandis que ses organes de presse cessent de paraître, comme l’hebdomadaire local Le Réveil. Lors d’un conseil municipal le 27 septembre 1939, Paul Rouhaud, artisan chauffeur de taxi, refuse de répondre à une question du maire : « Approuvez-vous ou non le Pacte germano-soviétique ? ». L’autre élu du même parti, Robert Deloche, est réfugié en Corrèze. Ils seront tous deux déchus de leur mandat pour appartenance au Parti communiste le 9 février 1940.

Au début de la deuxième guerre mondiale, en septembre 1939, en application des consignes de sécurité civile, une partie des jeunes joinvillais est conduite dans en province. Vers la fin du mois, Lesestre conduit une mission d’inspection auprès des 300 enfants évacués dans le Loiret.

Il reste encore 200 enfants évacués de Joinville dans le Loiret et en Saône-et-Loire en janvier 1940 et Lesestre s’y rend de nouveau, en compagnie de son épouse. Au retour vers Joinville, sa voiture percute un arbre ; le chauffeur et l’épouse du maire sont blessés. Tous les enfants seront regroupés dans le Loiret, où il y en a plus d’une centaine en mai 1940.

L’historien Émile Galtier, proche de Lesestre qu’il accueille au conseil d’administration de la revue Le Vieux Saint-Maur, raconte que Lesestre « reste à son poste pendant les jours tragiques de l’exode » et « dote la ville d’œuvres sociales : vestiaire, patronage scolaire, soupes populaires, œuvre des prisonniers de guerre ». Il indique que, contrairement aux ordres, Lesestre signe le 14 juin 1940 l’ordre de ne pas faire sauter le pont de Joinville, en l’absence de l’autorité militaire. Pour Galtier, Lesestre est « un maire si généreux, si bon, si méritant ». Le quotidien Le Matin considère que « M. Lesestre, a refusé de se replier et, avec Mme Lesestre, s’est mis à l’œuvre sans compter. »

La législation du régime de Vichy supprime les assemblées élues au profit de corps nommés, en exécution d’une loi du 16 novembre 1940. Par arrêté du 9 mai 1941, Lesestre est maintenu dans sa fonction de maire de Joinville. Par décret, trois de ses adjoints sont renommés en 1942, Chaussée, Béal et Kirbühler et un autre de ses anciens colistiers, Frédéric Bautsch remplace Caillon pour le quatrième poste ; le syndic, Decrombecque, n’est pas renommé.

Début décembre 1941, Lesestre est, avec d’autres maires du département, signataire d’un Appel aux populations de Paris et du département de la Seine dénonçant la Résistance : « Malgré l'exhortation pathétique du maréchal Pétain, chef de l’État, les adversaires de l'unité française, les ennemis de notre patrie continuent leur criminelle activité. Dans l'ombre, sournoisement, ils commettent les plus lâches attentats contre les membres de l'armée d'occupation qui exécutent leurs consignes de soldats. Vous manifesterez votre réprobation de ces crimes odieux. »

Lors d’une cérémonie organisée pour Noël par le Secours national d’entraide du maréchal [Pétain] en décembre 1941 à Joinville, Lesestre appelle à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France ». Il participe en mars 1942 à une cérémonie en hommage aux victimes des bombardements de Boulogne-Billancourt, organisée dans l’église Saint-Charles ; les actions comparables suscitées par le gouvernement de fait de l’époque visent à faire porter sur l’Angleterre et les alliés la responsabilité de la poursuite de la guerre.

Le journaliste Jean Clochard, dans l’hebdomadaire France-Europe, consacre un long portrait à la situation locale : « Les guinguettes ont fermé leurs volets... Mais à Joinville, notre Hollywood fronçais, M. Lesestre, maire, travaille toujours ». Il est très louangeur : « M. Lesestre se consacre avec un dévouement exemplaire à l’administration de sa ville. Son activité ne connaît pas de limites. Tous les problèmes matériels et moraux retiennent son attention, et il essaie, malgré les difficultés de l’heure, de leur donner les solutions les plus équitables. (…) C’est un homme calme, bon, qui jouit de l’estime de ses administrés. »

Il lui donne la parole : « La première de mes préoccupations a été de faire de Joinville une cité propre et agréable. (…) L’assistance est à l’heure présente une de mes préoccupations les plus vives (…). La tâche d’un maire est aujourd’hui bien ingrate. (…) Conviction, en servant notre petite patrie, de bien servir la grande. »

À côté du comité d’assistance aux prisonniers, la mairie crée en novembre 1943 un comité d’entraide aux travailleurs en Allemagne, « à la demande du Commissariat général à la main-d’œuvre française ». Conformément à la doctrine officielle, il vise à encourager le départ de Français en Allemagne, dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). Parallèlement, le secrétaire général de la mairie de Joinville et son adjoint ont organisé, de manière clandestine, un réseau d’appui aux personnes pourchassées et aux réfractaires au STO, en leur fournissant notamment des faux papiers.

Une exposition du Secours national dans le préau de l’école Jules Ferry, dans le quartier de Polangis, montre que la population réagit à la politique menée dans le cadre officiel. Le conseiller municipal de Joinville, délégué au Secours national, Paul Léon Rieux, industriel, s’en émeut et « dénonce les nombreuses critiques purement imméritées. »

Le 6 février 1944, Léon Lesestre fait le déplacement à Vichy (Allier) pour être reçu, avec des maires de banlieue, par le maréchal Pétain. Leur dialogue porte sur l’école des sports de Joinville, annexée en 1929 par la ville de Paris mais qui en conserve le nom : « C’est la seule école militaire où je ne sois pas allé et je le regrette bien » aurait déclaré le chef de l’État selon l’hebdomadaire Gazette de l’Est.

Les 12 et 13 juillet 1944, plus d’un mois avec le débarquement allié en Normandie, Lesestre continue d’exercer ses fonctions officielles et préside, avec ses adjoints, une assemblée générale de l’Association des familles françaises ainsi que la distribution des prix aux élèves des écoles Jules-Ferry et Jean-Charcot.

Le jour de la Libération de Joinville, le 20 août 1944, le maire et les trois adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération qui a occupé la mairie et mène des actions armées contre les forces allemandes qui se replient. Lesestre et les autres membres du bureau sont transférés au camp de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Ils sont libérés début mars 1945. A. Dély, secrétaire du comité d’épuration de Joinville, qui dépend du comité local de Libération, écrit le 13 mars 1945 une lettre à Georges Marrane, président du comité parisien de la Libération, où ils déplorent qu’ils aient été relâchés, considérant que c’est une décision « pour le moins prématurée. »

Lesestre ne sera pas jugé pour son activité de collaboration avec les autorités allemandes. Après-guerre, il n’a plus de rôle politique. Cependant, il reste président de la Société philatélique de Saint-Maur et est même décoré à ce titre en 1949. Il organise en octobre 1950 à Saint-Maur une journée consacré à Rabelais, qui fut moine dans l’abbaye de la commune, avec une exposition ; Lesestre y prononce une causerie philatélique.

Léon Lesestre meurt le 11 mars 1955 à Joinville. Il était âgé de 77 ans et père de trois enfants. En février 1936, il avait été attributaire de la croix de la Ligue républicaine du Bien public, avait reçu en mai cette année-là une décoration attribuée par le roi des Belges puis, en août, la médaille de bronze de la mutualité. L’Assistance publique lui avait décerné en août 1937 également une médaille de bronze pour des « services exceptionnels ». Enfin, la Fédération française des associations philatéliques en avait fait, en 1949, le lauréat de la médaille Dole.

Fin

Léon Lesestre en 1952

 

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Après la victoire de la liste de droite présentée par l’Union des républicains de Joinville, l’élection de la municipalité a lieu le 17 mai 1935. Par 25 voix sur 27, Léon Lesestre est élu maire ; Chaussée, Caillon, Béal, Kirbuhler sont ses adjoints.

Trois hebdomadaires locaux commentent favorablement son élection. Pour Union régionale (libéral), « Les affaires municipales sont en de très bonnes mains car c’est un travailleur, intelligent, honnête et bienveillant ». Dans la Gazette de l’Est, journal globalement de droite, le correspondant de Joinville signe en tant que membre du parti social-national (extrême-droite) : « Enfin, nous avons des hommes au conseil municipal ». Même le radical-socialiste Voix des communes est positif : « Lesestre, homme intelligent, actif, ayant le goût de l’administration ». Les Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite, se réjouissent : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. »

Au sein de la municipalité, Lesestre garde en direct les attributions de l’administration, des finances, de la comptabilité et du contentieux. Il prend, à 57 ans, sa retraite de l’Assistance publique pour se consacrer complètement à son mandat.

En juin 1935, Lesestre reçoit une délégation du comité des chômeurs de la ville et leur indique que le conseil municipal a voté l’adjonction de deux chômeurs au sein de la commission paritaire locale, qui gère l’indemnisation des personnes sans emploi. Le même mois, il accueille à Joinville une séance du 18e congrès des mutilés et anciens combattants. Il inaugure en juillet le dispensaire de la Mutualité maternelle, rue de l’Église, qui offre des consultations pour les nourrissons.

La construction de l’hôpital intercommunal de Créteil, dont Joinville est membre avec les autres communes du canton (Bonneuil, Créteil et Saint-Maur-des-Fossés) permet à Lesestre d’assurer en janvier 1936 que « Des entreprises et des chômeurs de Joinville seront occupés sur le chantier de l’hôpital ». Il devient président du conseil d’administration de l’établissement.

Lors de la désignation des électeurs sénatoriaux en septembre 1935, l’Union des républicains place ses 12 candidats, dont Lesestre. Il se prononce en faveur de la candidature du député sortant et ancien ministre, radical indépendant, Adolphe Chéron, pour les élections législatives de mai 1936. L’appel qu’il signe, en avril, le fait se retrouver avec son prédécesseur à la mairie, Georges Briolay.

La création de l’école de garçons Jules-Ferry, dans le quartier de Polangis, est une des grandes affaires du mandat, même si le projet a été initié par la municipalité précédente. Autre héritage, la garantie qui avait été accordée à une société, sise à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis), pour la construction d’un groupe d’habitations à bon marché (HBM), la cité Égalité dans le quartier de Palissy. L’entreprise ayant fait faillite, la commune est appelée pour la caution donnée, ce qu’elle refuse mais qui lui sera imposé par les autorités et les tribunaux administratifs. La cité rejoindra alors le patrimoine de l’Office municipal des HBM.

Avec beaucoup de professionnels du cinéma, dont Joinville constitue alors un des principaux pôles en France, Lesestre s’associe au projet de remplacer la petite église de Sainte-Anne de Polangis par un édifice dénommé Notre-Dame du Cinéma. Malgré une mobilisation de donateurs, le nouvel édifice ne verra pas le jour avant la guerre et fut ensuite abandonné. Lesestre accueille à plusieurs reprises le cardinal de Paris, Mgr Verdier, dans les églises de la commune mais également dans les studios de cinéma de Joinville.

En février 1937, Lesestre devient membre de la Commission d'aménagement et d'extension du département de la Seine. Le même mois, il est opéré d’une mastoïdite à l’hôpital Saint-Antoine de Paris (12e arr.) ; son médecin traitant est transporté vers l’établissement dans le taxi de Paul Rouhaud, conseiller municipal communiste et virulent opposant à Lesestre.

Dans la presse locale, notamment l’hebdomadaire Union régionale, plaide en avril 1937, pour l’augmentation des allocations d’assistance pour les vieux. Il défend également cette position au conseiller municipal. Il renouvellera son plaidoyer l’année suivante.

Lors de l’Arbre de Noël en janvier 1938 du parti social français (PSF), formation d’extrême-droite du colonel François de La Rocque, issu des Croix-de-Feu, qui accueille 400 enfants de Polangis dans le restaurant Maxe, le PSF salue la présence de « notre ami Lesestre, maire. »

Alors qu’en janvier 1938 la préfecture de la Seine décide d’interdire les baignades en Marne pour des raisons sanitaires, Lesestre organise, avec le Club athlétique de Joinville, présidé par le miroitier radical-socialiste Gabriel Vélard, un meeting au cours duquel les 200 participants « exigent que soit maintenue la baignade. »

De nouveau, en mars 1938, Lesestre est électeur sénatorial sur une liste exclusivement composée de membre du comité d’Union républicaine. En juillet la même année, il prend la présidence du Comité local du Rassemblement universel pour la paix, qui regroupe des syndicalistes et des responsables d’associations d’anciens combattants, et se déclare  « Profondément indigné des bombardements effectués sur des villes ouvertes et même sur le sol national », évoquant la situation en Espagne.

C’est en présence de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale, que Lesestre inaugure en novembre 1938 le groupe scolaire Jean-Charcot, dans le quartier du centre. Comme l'école Jules-Ferry, à Polangis, ces deux établissements sont depuis devenus des collèges après-guerre.

Le contentieux sur les HBM ayant été tranché en défaveur de la commune, Lesestre, avec la totalité des conseillers municipaux de la ville, y compris les deux communistes, adresse en avril 1939 une protestation « Aux contribuables joinvillais » indiquant que la  mise en œuvre par le préfet de la garantie communale, inscrite d’office au budget, entraîne une hausse des impôts.

En mai 1939, Lesestre devient membre du comité du Syndicat des communes de la Seine pour l’octroi. Avec les autres membre du bureau, il proteste en juin contre le fait que le décret ministériel, publié le mois suivant, dépossède les 52 communes de la banlieue du droit d'arrêter la fixation et le mode de perception des taxes d'octroi et leur impose, en outre, de rémunérer trois fonctionnaires choisis par le ministère des Finances.

En janvier 1936, Lesestre, en tant que maire, est nommé membre suppléant du Conseil supérieur des postes, télégraphes et téléphones. Il continue d’exercer cette fonction en 1940.

À suivre

Léon Lesestre en 1943

 

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 05:01

Suite de la biographie de Léon Lesestre

Lors des élections municipales de mai 1929, Léon Lesestre est candidat à Joinville-le-Pont sur la liste de concentration républicaine conduite par Stephen Durande (divers droite). Elle arrive en tête, au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant) à 35;9% et les communiste (16%). Lesestre obtient 880 voix pour 2 126 votants (41,4%) et 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien des communistes (12,5%), la liste des gauches remporte 22 des 27 sièges à pourvoir avec 45,9% tandis que la droite d’Union nationale se contente de cinq élus en recueillant 41,6%. Lesestre ne rentre pas au conseil municipal et Georges Briolay (radical-socialiste) devient maire avec des adjoints socialistes.

Participant à la création du comité cantonal de cette organisation en juin 1932 à Saint-Maur-des-Fossés, Lesestre est président du comité de Joinville de l’Alliance démocratique, formation de centre-droit, très souvent associée aux gouvernements français, que ce soit avec le parti radical-socialiste (à sa gauche) ou avec des partis de droite.

Il est également membre du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS) de Joinville, qui regroupe les formations de droite, des radicaux indépendants et l’Alliance démocratique. Lesestre est nommé vice-président en novembre 1932 lorsqu’Émile Lecuirot est élu président.

La municipalité de Joinville rencontre des difficultés, avec le retrait du soutien du parti socialiste SFIO et la défection de plusieurs élus. Pour remplacer dix sièges vacants, des élections municipales complémentaires sont convoquées en octobre 1934. Suite à une proposition verbale de trève politique faite en juillet par le maire, Briolay, le CURAS décide à l’unanimité d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste, ce qui aboutit à la formation d’un comité de concentration républicaine qui présente une liste comprenant six candidats du CURAS, dont Lesestre, et quatre radicaux-socialistes. La plateforme électorale prévoit de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Cependant, les candidats, qui assurent être « dix hommes nouveaux, indépendants », assurent qu’ils ne feront « pas de miracles en sept mois », durée de leur mandat avant le renouvellement général de l’assemblée municipale. Assurant vouloir apporter « apaisement et concorde », ils citent dans leurs « plus grandes préoccupations » la « situation pénible des chômeurs. »

La liste de concentration arrive en tête au premier tour, avec 37,0%, devant un groupe de républicains indépendants (25,5%) et deux formations de gauche, les communistes (17,8%) et les socialistes SFIO (17,6%). Lesestre obtient 855 voix pour 2 297 suffrages exprimés (37,2%)  sur 2 360 votants et 3 225 inscrits.

Au second tour, les républicains indépendants se retirent et les socialistes apportent leur soutien aux communistes. La concentration remporte les dix sièges à pourvoir avec 59,5%. Lesestre entre au conseil municipal avec 1 111 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,4%)  sur 1 964 votants.

Lors des obsèques du président du CURAS, Émile Lecuirot, toujours en octobre 1934, Lesestre prononce un discours à l’église de Joinville. Il le remplace dans sa fonction en décembre 1934.

Malgré l’accord électoral, le conseil municipal de janvier 1935 voit quatre des nouveaux élus organiser un « très vif échange » avec la municipalité, selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux. Le vote à ce sujet est renvoyé en commission.

Lors de son assemblée générale de mars 1935, le CURAS, qui avait été fondé en 1912, a décidé de se transformer en Union des républicains. Le règlement instaure une Incompatibilité entre les fonctions de membre du bureau et de conseiller municipal. Remplacé par René Kirbuhler, Lesestre devient président d’honneur.

Le mois suivant, le nouveau groupement de la droite décide d’abandonner, contre l’avis du député de la circonscription, Adolphe Chéron, l’accord électoral avec les radicaux : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux. »

Pour les élections municipales de mai 1935, le programme de l’Union des républicains prévoit « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». Les candidats se présentent comme des « hommes d’ordre et d’action ».

Au premier tour, la liste de droite arrive en tête avec 32,6% des suffrages exprimés ; elle devance le groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes indépendants) à 26,8%, les communistes à 23,5% et les socialistes à 12,3%. Lesestre recueille 952 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Pour le second tour, les listes communiste et socialiste fusionnent. La liste radicale recule fortement, à 20% des suffrages exprimés tandis que l’écart entre les candidats des deux autres formations n’est, en moyenne, que de 60 voix. L’Union des républicains arrive en tête, avec 41% et 25 sièges contre 39% et deux élus à la gauche. Lesestre est élu avec 1 167 votes pour 2 899 suffrages exprimés (40,3%) sur 2 924 votants. La droite commente ainsi le résultat : « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »

À suivre

Léon Lesestre en 1941

 

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 05:01

Début de la biographie de Léon Lesestre

Léon Joseph Alexandre Lesestre naît le 23 décembre 1877 à Paris (4e arr.). Il est le fils d’Anne Lesestre, couturière, vivant dans un hôtel rue Saint-Louis, et d’un père non dénommé. La sage-femme qui déclare la naissance à l’état-civil le fait sous le nom erroné de Lesselle. La rectification sera faite lors de la reconnaissance de l’enfant par sa mère, le 5 janvier 1878, dans la même mairie. Elle est native de Bourges (Allier) où son père est sculpteur et sa mère commerçante.

En 1894, Anne Lesestre vit à Paris avec son fils, rue Frémion (15e arr.) ; elle épouse un cocher, qui n’est pas le père de Léon, et, deux fois veuve, se remarie ensuite à Paris puis en Seine-et-Marne.

Ayant fait « de bonnes études », selon le journaliste Jean Clochard, il entre comme comptable aux établissements Sautter-Harlé, entreprise de construction électrique et de production de moteurs, installée avenue de Suffren à Paris (15e arr.).

La semaine d’après ses dix-huit ans, devançant son service militaire, Léon Lesestre s’engage en décembre 1895 dans l’armée pour quatre ans, et rejoint le 4e régiment de hussards, unité de cavalerie fondée sous la Révolution française et alors basé à Meaux (Seine-et-Marne). Renouvelant régulièrement son engagement, Lesestre est nommé brigadier en janvier 1898 puis devient sous-officier comme maréchal des logis en novembre la même année. Il s’inscrit, en juin 1904, au concours pour devenir officier d’administration mais échoue aux épreuves orales.

À la fin de son dernier contrat, en décembre 1910, Lesestre demande à bénéficier d’un emploi civil, comme le prévoit la loi du 21 mars 1905. Il reste à l’armée en attendant sa nomination, qui se fait en avril 1912 en tant que commis de l'Assistance publique, qui gère les œuvres sociales et les hôpitaux de Paris et d’une partie de la banlieue. Il obtient une retraite proportionnelle aux 16 ans et 3 mois qu’il a passés dans l’armée, fixée à 528 francs.

En août 1905 à Meaux, Léon Lesestre avait épousé Réparate Stéphanie Honorine Zapel, couturière, native de Nice, fils d’un maître-tailleur du même régiment de hussards. Après la fin de la période militaire, la famille s’installe à Paris (13e arr.), d’abord rue de Tolbiac puis rue Bobillot.

Dès le début de la première guerre mondiale, Lesestre est mobilisé, au sein du 116e régiment territorial d’infanterie avec le grade de sergent. En avril 1915, il est nommé sous-lieutenant puis, en août 1917, lieutenant. Il est affecté en mars 1918 au dépôt des éclopés de Fère-en-Tardenois (Aisne) puis en mai la même année à celui d’Hermé (Seine-et-Marne). Il est démobilisé en février 1919 et aura donc porté l’uniforme pendant près de 21 ans.

La première intervention publique connue de Lesestre est sa participation, en faisant état de son grade de sous-lieutenant, à une souscription du Secours national en juillet 1917.

Au sortir du conflit, les Lesestre vivent à Thorigny (Seine-et-Marne), rue du Temple. Ils déménagent ensuite à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où ils résident rue du Canal en 1924.

Revenu à l’Assistance publique, Léon Lesestre travaille d’abord au bureau de bienfaisance du treizième arrondissement de Paris. Il est nommé commis principal en janvier 1924, affecté à la pharmacie centrale des hôpitaux, puis premier commis principal en juin 1930. Il est contrôleur des services économiques des hôpitaux avec le grade de régisseur-comptable en 1932.

Membre du conseil d’administration de la Fédération nationale des mutilés et anciens combattants en 1928, Lesestre est vice-président puis président d’honneur de la société des anciens combattants de Joinville. Il participe aux congrès de la Fédération, par exemple en 1932 à Bruxelles (Belgique) où il présente un rapport sur l'assistance publique en France et en 1933 à Salins-les-Bains (Jura), où il défend cette fois un rapport sur le chômage. Le 18e congrès, en juin 1935, clôture ses travaux à Joinville-le-Pont sur son invitation. Il est à nouveau réélu administrateur de la Fédération en juin 1936 à Chauny (Aisne) puis en août 1938 à Angoulême (Charente).

L’engagement le plus durable de Lesestre se fait au sein d’organismes regroupant des philatélistes. Il adhère en octobre 1924, au Groupement philatélique d'échanges puis rejoint la Société philatélique de Saint-Maur-des-Fossés (SPSM), fondée en décembre 1925, dont il est le président depuis sa création et jusqu’en 1955.

À suivre

Léon Lesestre en 1938 (1er rand, 2e à partir de la gauche)

 

Partager cet article
Repost0
12 octobre 2022 3 12 /10 /octobre /2022 05:01

Gustave Séraphin Guy naît le 1er août 1873 à Boujailles (Doubs). Il est le fils de Marie Victorine Claudet et de Louis Guy, cultivateurs, tous deux originaires du village voisin de La Rivière-Drugeon.

Au cours des années 1880, la famille quitte la Franche-Comté pour la région parisienne, à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue Ardoin, où le père devient emballeur. Peu après la naissance de son septième enfant, la mère meurt en août 1888. Le père suit peu après, en novembre 1890. Gustave Guy a alors 17 ans.

Devenu ouvrier caoutchoutier, il épouse en octobre 1893 à Saint-Ouen Joséphine Emma Boulon, cravatière. Ils vivent avenue des Batignolles. Gustave Guy fait en 1894-1895 un service militaire au 120e régiment d’infanterie qui ne dure qu’un an, au lieu de deux normalement, son frère aîné étant également mobilisé. Devenu veuf en mai 1902, Gustave Guy se remarie en décembre 1904 à Paris (8e arr.) avec Élise Gaillot, couturière.

Entre 1893 et 1914, Gustave Guy a douze adresses différentes, déménageant donc en moyenne tous les dix-huit mois : six à Saint-Ouen, cinq à Paris (17e, 18e et 19e arrondissements) et une à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne).

Après avoir été convaincu de coups et blessures volontaires, en décembre 1913, Gustave Guy est condamné, en mai 1914 par la cour d’appel de Paris à huit jours prison.

Mobilisé au début de la première guerre mondiale en août 1914 au sein du 16e régiment territorial d’infanterie, il est affecté en septembre la même année à la société du Gaz de Paris, rue Condorcet (9e arr.) et y reste jusqu’à sa démobilisation, en février 1919.

Après-guerre, Gustave Guy est électricien et vit dans le 18e arrondissement, rue Belliard. C’est peut-être lui qui, présenté comme électricien au Gaz de Paris, participe en mai 1919 à Paris au 5e congrès de la Fédération de l’Éclairage de la Confédération générale du travail (CGT) et est élu membre du comité fédéral pour la section gaz.

La famille va s’installer en 1932 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans la cité d’habitations à bon marché Égalité, nouvellement construite dans le quartier de Palissy. En 1936, Gustave Guy est retraité.

Gustave Guy est membre de la section de Joinville du parti communiste. Il meurt le 2 juillet 1938 à Joinville et est enterré au cimetière communal. Il était âgé de 64 ans et père de deux enfants, le premier étant mort jeune. Le quotidien L’Humanité lui rend hommage.

Son fils, Roger Guy, issu de son second mariage, secrétaire des Jeunesses communistes de Joinville, est arrêté en octobre 1940 par les autorités françaises, puis transféré comme otage à la force d’occupation allemande et déporté dans le camp de concentration d’Auschwitz, où il meurt en septembre 1942.

Voir Roger GUY, « un camarade très estimé »

La cité Égalité à Joinville-le-Pont

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens