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26 novembre 2021 5 26 /11 /novembre /2021 00:01

Joseph Brégeot naît le 17 juin 1828 à Dompaire (Vosges). Il est le fils de Marie Catherine Laumont et de son mari, Jean-Baptiste Brégeot. Son père est, comme son grand-père paternel, instituteur ; il deviendra ensuite vigneron.

Comme eux, Joseph Brégeot devient instituteur en 1847 à Saint-Vallier (Vosges). Il fait la promotion auprès de ses collègues enseignants du quotidien La Réforme, journal fondé par Alexandre Ledru-Rollin qui défend des idées républicaines et sociales. Parmi ses collaborateurs, on a compté Étienne Arago, dramaturge et parlementaire républicain, qui fut maire de Paris en 1870, l’antimonarchiste Godefroy Cavaignac, l’historien socialiste Louis Blanc, membre du gouvernement provisoire de 1848, le philosophe Pierre-Joseph Proudhon, le fondateur de l’Internationale communiste Karl Marx, le ministre républicain qui supprima l’esclavage, Victor Schœlcher et le théoricien anarchiste Michel Bakounine.

L’attitude de Brégeot au cours des élections municipales de Saint-Vallier, est dénoncée par le sous-préfet de Mirecourt en janvier 1850 : « Il a amené presque toute la commune à voter pour les candidats de la liste la plus avancée ». Le même fonctionnaire mentionne une plainte du curé de Bouxières, village voisin qui l’accuse d’être rouge et d’utiliser la couleur rousse de ses cheveux pour illustrer ses convictions. Il propose : « Une suspension [...] le fera réfléchir [...] il a été réprimandé par le conseil supérieur dans sa séance du 14 août dernier. »

Après cette sanction, Joseph Brégeot quitte son poste et devient instituteur dans le village de Madécourt en 1853. En 1855, il est en poste à Nonville, dans le sud du département. Dans cette commune, il épouse Marie Augustine Galice, originaire de ce village. Il est ensuite muté en 1859 à Monthureux-sur-Saône, commune voisine et chef-lieu de canton. Il continue d’affirmer de défendre des positions radicales, socialistes et athées. Il est de ce fait de nouveau sujet à des ennuis avec l’administration, qui l’amènent à quitter les Vosges et l’enseignement. Installé à Paris vers 1864, il est employé de commerce en 1882 puis comptable en 1893.

Joseph Brégeot meurt le 24 février 1893 à Paris (4e arr.). Il résidait passage Saint-Paul. Âgé de 64 ans, il était père de deux enfants.

Ses obsèques civiles ont lieu au cimetière du Père-Lachaise où il est incinéré. Elles rassemblent un grand nombre de personnes, du fait de la personnalité de son fils Marie Henri Brégeot, di Henry Vaudémont, qui joue un important rôle dans la presse française ainsi que dans la vie politique et sociale de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine), au sud-est parisien. Des allocutions sont prononcées par Jules Ferdinand Baulard, député radical-socialiste et par Brisson-Joly, ancien conseiller général et personnalité de la franc-maçonnerie. On note aussi la présence du maire de Joinville-le-Pont, Eugène Voisin, commune dont son fils est conseiller municipal, ainsi que celle du secrétaire de la Fédération Française de la Libre-Pensée, au bureau de laquelle siège également son fils. Les intervenants célèbrent « le vieux républicain, le libre-penseur convaincu. »

L’école de Saint-Vallier

 

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20 novembre 2021 6 20 /11 /novembre /2021 00:01

André Jean Pierre Calmon naît le premier août 1898 à Figeac (Lot), dans la maison du garde au Roc de la Clouque. Il est le fils d’Anaïs Pradier (ou Pradié), giletière, et de son mari Hubert Jean Alphonse Calmon, gardien de la paix. La famille réside à Paris.

Pendant la première guerre mondiale, Pierre Calmon, qui appartient à la classe 1918 pour son service militaire et aurait donc dû rejoindre l’armée en 1919, est mobilisé de manière anticipée. Il sert probablement dans l’artillerie. Dans la réserve, il est nommé maréchal des logis en août 1931.

Devenu employé à la Bourse, Pierre Calmon, qui réside à Paris (15e arr.), rue Blomet, épouse dans cet arrondissement en octobre 1923 Marguerite Chédin, employée de bureau, originaire de Bourges (Cher).

La famille s’installe vers 1925 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue du Bac (act. avenue Guy-Môquet). Il continue de travailler à la bourse mais est, semble-t-il, sans emploi en 1936.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Calmon est de nouveau mobilisé. Un « Pierre Calmon » sans aucune indication précise est identifié par le Service historique de la défense dans les Dossiers administratifs de résistants, mais il n’est pas possible de faire le lien avec lui.

Après le conflit, Pierre Calmon s’engage dans l’action politique au sein du mouvement du général de Gaulle, le Rassemblement du peuple français (RPF). Il figure en seconde position derrière Pierre Perly. Avec 3 066 voix en moyenne pour RPF sur 6 974 suffrages exprimés (44%) pour 7 073 votants et 8 376 inscrits, la liste arrive en tête, devant celle du maire sortant, communiste, Robert Deloche à 3 017 voix (43,3%), mais les deux listes sont à égalité avec 11 sièges. Les socialistes SFIO ont un seul élu avec 452 voix (6,5%) ; il vote en faveur de Deloche, qui est réélu.

En tant que président de la section RPF de Joinville, Calmon fait célébrer en novembre 1951 dans l’église Saint-Charles-Borromée de la ville, la grand-messe en mémoire du maréchal Leclerc.

Candidat sur les listes RPF pour les élections législatives de mai 1951, en sixième position derrière Louis Vallon dans le 4e secteur de la Seine, puis pour les élections sénatoriales en mai 1952 dans le même département, en quinzième place derrière Edmond Michelet, Pierre Calmon n’est pas élu.

Au sein du conseil municipal de Joinville-le-Pont, la démission du maire Deloche, exclu du parti communiste, va provoquer en avril l’élection, pour un mois, d’un nouveau maire. 25 des 27 élus participent au scrutin. La communiste Amélie Trayaud obtient 12 voix, Pierre Calmon en a 8 tandis qu’un groupe dissident, dont Georges Defert est le porte-parole, obtient 5 voix pour la candidature de Pierre Perly. Ces derniers, malgré leur score, refusent de soutenir Calmon, soutenant la légitimité de Perly, tête de liste en 1947. Trayaud est élue.

La droite se présente désunie aux élections municipales de mai 1953. Pierre Calmon conduit la liste RPF qui obtient six sièges avec 1 334 voix en moyenne pour RPF sur 6 748 suffrages exprimés (19,8%) pour 6 979 votants et 8 482 inscrits ; avec le même nombre d’élus, elle est devancée par la liste divers-droite (22,1%) et par les communistes (35,6%), qui ont dix postes. Les socialistes SFIO avec trois sièges (12,3%) et les démocrates-chrétiens du MRP, deux élus (9,2%) complètent le tableau. C’est le choix de ces derniers qui permet à Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines, RGR, divers-droite) d’être élu maire, même si sa liste avait eu Pierre Perly en tête. Calmon devient premier adjoint.

Toujours en mai 1953, Pierre Calmon, qui se présente alors comme journaliste, est candidat en quatrième position sur la liste RPF pour le conseil général. La liste a trois élus.

En juin et juillet 1953, le RPF et ses élus, dont Calmon, s’associent à une demande de révision du procès Rosenberg aux États-Unis, votée à l’unanimité au conseil municipal. Une manifestation est organisée dans la ville et une motion envoyée par le RPF.

Comme une grande part du RPF, Calmon s’éloigne de la position en faveur d’une union des droites. Ainsi, en mars 1954, à l’occasion d’une élection législative partielle en Seine-et-Oise, il publie avec plusieurs parlementaires de son mouvement, un manifeste en faveur de ta candidature d’un socialiste SFIO contre un RGR « moralement disqualifié. »

Le ministre de la justice, Edmond Michelet, appelle Pierre Calmon comme attaché à son cabinet. S’étant séparé du maire sortant, Calmon conduit une liste concurrente en alliance entre le parti gaulliste, rebaptisé UNR (Union nationale pour la République), le MRP et la SFIO. Elle obtient 23,5% des voix au premier tour et 13,1% au second et n’a pas d’élus. Defert est réélu maire.

Lors de l’élection cantonale de mars 1959, Calmon est de nouveau battu par Defert. Il obtient au premier tour 2 872 voix sur 14 827 suffrages exprimés (19,4%) pour 15 369 votants et 21 457 inscrits dans le canton qui comprend une partie de Saint-Maur-des-Fossés et Joinville. Il se retire avant le deuxième tour.

En septembre 1959, encore journaliste, Pierre Calmon est nommé maire du 4e arrondissement de Paris en remplacement de M. Mouly, récemment décédé. Le poste n’est pas électif à ce moment-là.

Il accueille dans sa mairie en janvier 1960 le banquet annuel de l'amitié figeacoise, sa ville d’origine. Calmon quitte son poste en février 1969 et est alors nommé maire honoraire.

Pierre Calmon meurt le 29 janvier 1987 à Créteil, il est inhumé à Joinville où il résidait toujours probablement. Il était âgé de 86 ans et a eu un fils. Il était décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire ; il était officier de la Légion d’honneur depuis juillet 1968.

Joinville, vers 1960

 

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16 novembre 2021 2 16 /11 /novembre /2021 00:01

Georges Armand Garreau nait le 1er janvier 1845 à Milly (Seine-et-Oise, act. Milly-la-Forêt, Essonne) chez sa grand-mère Gabrielle Céline Mathieu de Dombasle née Bertier, alors veuve et directrice de la poste aux lettres de cette localité. Il est le fils de Gabrielle Adélaïde Mathieu de Dombasle et de son mari, Adrien Garreau. Il fera ensuite usage du nom Garreau-Dombasle. Sa mère est issue de familles de propriétaires terriens et aristocrates de Lorraine.

Il est probablement élevée par sa grand-mère maternelle, au moins pendant le voyage de sa mère au Chili et en Océanie (1847-1849) après qu’elle se soit séparée d’Adrien Garreau. Gabrielle Céline Mathieu de Dombasle avait alors quitté Milly pour devenir directrice de la poste de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Devenu journaliste en 1867, Georges de Dombasle (son nom de plume) collabore au journal Le Soir (1880-1892) puis au quotidien Le Siècle (à partir de 1890). Il est aussi rédacteur de L’Informateur parlementaire. Se présentant comme homme de lettres, il est le secrétaire général du Dictionnaire du commerce, de l’industrie et de la banque, paru chez Guillaumin à partir de 1898.

Le mariage de Garreau-Dombasle avec Louise Rosine Duchon est célébré en septembre 1874 à Dammarie (Eure-et-Loir). Vers 1880, ils quittent Paris pour Puteaux puis Levallois-Perret et Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine), enfin Taverny (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise).

Pour l’exposition universelle de 1900 à Paris, il est membre d’un comité d’admission des exposants. Il est secrétaire de l’Union des industries nationales en 1908 et adhère à la Société de géographie commerciale de Paris en 1905.

Georges Garreau-Dombasle meurt le 26 octobre 1912 à Taverny. Il est inhumé à Joinville-le-Pont. Âgé de 67 ans, il était chevalier de la Légion d’honneur depuis novembre 1900 et père de deux enfants.

Il est l’oncle du diplomate et résistant Maurice Garreau-Dombasle (époux de la poète et résistante Man’ha Garreau-Dombasle), et l’arrière-grand-oncle de l’actrice Arielle Dombasle.

Tombe Dombasle à Joinville

 

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 00:01

Suite de la biographie d’Adrien Moucheraud

Tout, en continuant de travailler en imprimerie, et alors encore militant anarchiste, Adrien Moucheraud est professeur de la section Aviation de l'Ecole supérieure de navigation aérienne pour la session 1889-1890. Le terme « aviation », utilisé depuis 1863, désigne alors la navigation aérienne qui, à cette époque, relève exclusivement de l'aérostation. Ayant produit lui-même son ballon, il fit sa première ascension le 10 mai 1890 à Paris, face à la toute récente tour Eiffel.

Il poursuit sa collaboration avec l’école l’année suivante. En août 1894, il a un premier accident de ballon. Il fête, en août 1896, sa centième ascension dans les Ardennes. Après une chute en août 1897, il est recueilli en mer par un remorqueur, à deux milles de la côte.

S’efforçant de motoriser ses ballons, Moucheraud subit un nouvel accident après l’explosion de fulminate de mercure, servant à actionner un moteur de son invention, en mars 1898.

Attiré, comme plusieurs milliers d’européens du continent, par la lutte des protestants de l’État libre d’Orange et de la République sud-africaine du Transvaal contre les colonisateurs anglais, Moucheraud se rend au Transvaal où la seconde guerre des Boers a été déclenchée en octobre 1899. Il rentre en France en septembre 1900 pour accompagner la visite de plusieurs généraux des deux républiques rebelles, conduits par le président Kruger. Moucheraud est présenté, dans les cérémonies officielles, comme « chargé de la défense aérienne au Transvaal ». Sa carte de visite stipule qu’il est « aéronaute des Républiques sud-africaines ». Environ 400 français figuraient parmi les quelques 7 400 membres de la Légion des étrangers, dont le colonel en retraite Georges de Villebois-Mareuil. Après de violents combats, et une répression féroce contre la population civile, les troupes britanniques mettent fin à l’indépendance des deux États et les intègrent à leur empire colonial en mai 1902.

Membre de l'Académie aéronautique de France, Moucheraud y est nommé pilote en février 1903. Il assure également la fonction d’archiviste-bibliothécaire. Il participe en tant que capitaine-pilote du ballon Prosper-Lambert à l’Exposition universelle de Saint-Louis, ville du Missouri (États-Unis) qui accueille, la même année, les troisièmes Jeux Olympiques de l'ère moderne.

Le mariage d’Adrien Moucheraud avec Victorine Marie Schmitt est célébré en février 1905 à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne) où ils résidaient alors. Il déclare exercer la profession d’imprimeur.

En 1906, il fait partie de la mission Wellmann qui, à bord du ballon dirigeable America, entendait survoler le pôle Nord à partir du Spitzberg. Moucheraud était chargé des observations scientifiques. Mais l’expédition ne put avoir lieu cette année-là. Remise en 1909, le ballon de la mission explosa à Christiania (act. Oslo, Norvège).

Une ascension de Moucheraud sur le Roitelet, ballon de 250 m3, est signalée à Bousval, (Brabant wallon, Belgique) en janvier 1907.

Adrien Moucheraud meurt le 7 novembre 1912 à Paris (5e arr.). Il est enregistré avec comme profession aéronaute, et résidait rue Linné. Il était âgé de 47 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Son frère Paul Moucheraud (1866-1945), ouvrier lithographe, qui fut avec lui militant anarchiste à Paris (1884-1894), était devenu socialiste à Joinville-le-Pont (1904). Il poursuivi son activité d’imprimeur à Saint-Maur-des-Fossés.

Fin

Les parents de Paul et Adrien Moucheraud

 

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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 01:01

Début de la biographie de Paul Moucheraud

Yves Paul Moucheraud naît le 27 août 1866 à Paris (4e arr.). Il est le fils de Victoire Honorine Tiphaine, placière, et de son époux Lambert Moucheraud, peintre en bâtiment. Ils vivent rue de la Verrerie.

Devenu ouvrier lithographe dans une imprimerie, il s’engage très tôt dans le mouvement anarchiste. Il est cité comme participant, salle Lévis à Paris, à un affrontement entre des socialistes de tendance blanquiste des et anarchistes le 28 décembre 1884. Il fréquente plusieurs groupes libertaires : La Vengeance, La Lutte, L'Avant-garde Cosmopolite, Le Cercle International, L'Aiguille, Le Groupe anarchiste du 5e arrondissement… Il est secrétaire de la Ligue des antipatriotes. Son frère, aîné d’un an, Adrien Eugène, partage ses engagements.

En 1885, il est signalé à la prison politique de Sainte-Pélagie, à Paris (5e arr.). Il y retourne l’année suivante.

Arrêté le 15 juillet 1886 place de la République, il se plaint d’avoir été molesté par les agents du commissariat de la rue de Trois-Bornes. Il est inculpé pour agressions et insultes envers les policiers et emprisonné pendant huit jours à la prison de Mazas à Paris (12e arr.). Le quartier Le Cri du Peuple publie un entretien dans lequel il relate son « passage à tabac ». Il livre aussi une statistique : sur cent personnes arrêtées en même temps que lui, « une quarantaine avaient sur le visage et le corps couverts d’ecchymoses, et étaient accusés d’avoir frappé et insulté les sergents de ville. »

Le 17 août 1886, il est de nouveau condamné à trois jours de prison pour insultes à agents. Lors d’une réunion dans une salle de la Montagne Sainte Geneviève, à Paris, le 17 octobre 1886, il intervient pour engager les soldats à se débarrasser de leurs chefs car « la besogne des officiers ne consiste qu’à mener les hommes à la boucherie ». En septembre 1886, une nouvelle condamnation à 15 jours de prison vient sanctionner un collage d’affiches du 13 décembre 1885 pour avoir convoqué les ouvriers sans travail à un meeting de protestation contre le bal organisé par le comité des fêtes du commerce et de l'industrie parisiens. Un journal, peu suspect de sympathie pour leur cause, L’Intransigeant, dénonce « l’intolérance scandaleuse du président, qui n’a pas même laissé le prévenu Villaret présenter sa défense ». Il était un des trois autres typographes condamnés en même temps que Moucheraud.

Lors d’une réunion à Chatou (Seine, act. Hauts-de-Seine) du groupe L'Avant-garde en mai 1887, au cours de laquelle des militants célèbres comme Louise Michel, intervenaient, il participe à des échanges de tir au pistolet avec un groupe de réactionnaires. Ses compagnons et lui assurèrent avoir ouvert le feu pour « épouvanter la foule qui les poursuivait ». Comme son frère Adrien, il était membre de la Ligue des antipropriétaires spécialisée dans les déménagements « à la cloche de bois » et fondée par Couchot, membre du groupe La Lutte.

En 1888, Moucheraud est présenté comme ancien gérant du journal Terre et Liberté, un journal que le quotidien La Lanterne présente comme « l’organe officiel de l'anarchie. »

Un des faits d’armes de Moucheraud est, en mars 1888, la convocation par affiches dans la salle Rivoli d’une « Grande réunion publique sous la présidence d’honneur du général Boulanger. Protestation contre les injustices du ministère envers le général. Devant la mesure inique qui frappe un général républicain et patriote, nous invitons tous les patriotes à protester énergiquement, et nous faisons un appel pressant à tous les républicains, afin de prendre une résolution énergique. Orateurs inscrits : MM. Michelin, Laguerre; Laisant, députés, Henri Rochefort, journaliste. Prix d’entrée : 0,50 centimes ». Plus de deux cents personnes se rendirent sur place mais, après avoir attendu pendant une heure, ils se levèrent et voulurent réclamer leur argent ; mais les organisateurs de la réunion avaient disparu en emportant le produit des entrées, soit une centaine de francs. Aucune des personnes mentionnées comme devant intervenir n’avait été contactée ; elles étaient toutes représentatives du mouvement boulangiste (populiste). Seul jugé en mai la même année parmi les quatre personnes soupçonnées d’avoir organisé l’escroquerie, Moucheraud, arrêté au moment où il allait s'embarquer au Havre, se voit infliger un mois de prison. Les organisateurs du meeting avaient eu d’abord l’intention de faire une réunion antiboulangiste, mais, au dernier moment, l’avaient transformée en meeting boulangiste. Selon Le Figaro, il aurait dit à l’instruction : « Nous espérions, attirer ainsi plus de monde et par conséquent faire une plus forte recette ! » Moucheraud a prétendu qu'il avait bien écrit aux orateurs boulangistes dont les noms figuraient sur l'affiche, et que, n'ayant reçu d'eux aucune réponse, il en avait conclu qu'ils acceptaient son invitation. En quittant l'audience, il aurait déclaré, selon Le Temps : « Je laisse à la justice du peuple le soin de juger la justice bourgeoise. »

À suivre

Paul Moucheraud, 27 ans

 

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19 octobre 2021 2 19 /10 /octobre /2021 00:01

Jean Louis Frédéric Bardin naît le 2 août 1810 à Senard (act. Seuil-d'Argonne, Meuse). Il est le fils de Cécile Schmitt (ou Chénit) et de son mari Claude Augustin Bardin, propriétaire.

En 1834, il est fabricant et préparateur de plumes à écrire à Paris, probablement déjà Saint-Sauveur (2e arr.) où il est installé en 1840. Les plumes d’oies restent la principale matière première pour les instruments d’écriture, mais la production de plumes métalliques en acier anglais va peu à peu supplanter les produits d’origine animale. Les plumes brutes arrivent du Nord, c’est-à-dire de Russie. Elles servent également à la production de duvets.

À Charleville (act. Charleville-Mézières, Ardennes), Frédéric Bardin épouse en juin 1838 Anne Marie Amélie Blaise, fille d’un négociant. En 1843, Bardin déplace son atelier rue de Lancry (10e arr.). La révolution parisienne de février 1848 entraîne la suspension des affaires et a « complètement détruit sa fabrique » selon la revue Génie industriel. Il construit une usine à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), qui fonctionne en mars 1848, en transformant complètement son modèle, tout en conservant son siège rue de Lancry. L’usine de Joinville se situe à la limite des deux communes de Joinville et de Saint-Maur-des-Fossés, rue de Paris. Elle est victime d’un incendie, en janvier 1853, qui est cependant assez rapidement maîtrisé ; deux des sauveteurs sont légèrement blessés.

À partir de 1841 et jusqu’en 1867, Bardin va déposer 18 demandes de brevets ou d’améliorations de brevets en France pour améliorer les plumes d’écritures et utiliser la matière pour divers sous-produits. Il demande également des licences pour protéger ses inventions au Royaume-Uni.

Elle transforme, en 1863, 200 000 plumes d’oies par jour, ce qui correspond à la dépouille de 10 000 animaux, qui viennent généralement de Russie. Parmi les produits nouveaux figure un système d’abri en plumes destiné à remplacer les paillassons pour la couverture des serres puis des tapis en plumes.

Au cours des années 1860, l’entreprise Bardin est présente dans plusieurs expositions nationales et internationales : à Nantes en 1861, Paris en 1867, Le Havre en 1868, Vienne (Autriche) en 1873. Si les stands Bardin ont régulièrement un bon accueil de presse, les récompenses sont moins prestigieuses. Le journaliste et romancier Auguste Luchet s’étonne d’ailleurs que la maison se soit contentée d’une mention honorable à l’Exposition universelle de 1867 : « Dans son usine de Joinville-le-Pont, tout ce qui se perdait jadis en cet habit de l'oiseau, gros plumages de volailles, restes de plumes à écrire, cure-dents, plumeaux, balais hors de service, débris vils dédaignés par le chiffonnier lui-même, est reçu, bien venu, trié, nettoyé, et débité en lamelles infinies, lesquelles ensuite, purifiées et blanchies ou teintes, deviennent, au moyen d'un tissage merveilleux et particulier, de bons et durables tapis de pied, foyers, descentes de lit, atteignant même, au besoin, des dimensions plus hautes. C'est doux, c'est moelleux, c'est touffu, et c'est pour rien. Et par millions de kilogrammes. Et beaucoup de monde en vit. Cela pourtant valait bien une médaille. »

En effet, Bardin tente de valoriser l’ensemble des matières qu’il reçoit. Le journaliste et militant anticlérical Charles Sauvestre lui consacre, dans L’Opinion nationale en juin 1867, un long reportage, mettant en avant cette chasse au gaspillage. Il apprécie qu’il s’efforce d’utiliser des machines peu compliquées, y compris pour le tissage. Sauvestre laisse Bardin présenter un projet d’économie politique : « A ne prendre que le poulet, et sans nous occuper pour le moment ni des oies, ni des canards, ni des dindons, ni du gibier, supposons qu’il se mange en moyenne, dans l’année en France, deux poulets et demi par habitant; à quarante grammes de plumes par poulet, savez-vous que cela fait quatre à cinq millions de kilogrammes d’une matière première répandue partout qu’on jette faute de savoir en faire l’emploi. Eh bien ! Je veux faire faire qu’on ne jette plus la plume de poule, mais que les ménagères la ramassent au contraire précieusement. La dépouille d’un poulet représente un demi-mètre d’étoffe qu’on laisse perdre volontairement ». Il assure faire avec constance « la recherche de l’utilité publique et surtout de ce qui peut être utile au grand nombre, c’est-à-dire aux plus pauvres ». Pour le publiciste, M. Bardin « est un de ces esprits qui ont horreur du repos, sans cesse il travaille et retourne en son cerveau quelque invention nouvelle. »

En 1869, l’usine Bardin de Paris utilise les plumes pour des volants, des plumeaux, des cure-dents (50 millions par an) et des becs de plumes pour écrire, en plus des tapis, abris et ornements pour chapeaux. Elle n’emploie que des femmes et des enfants, au nombre de 130 à 140. La presse remarque l’aération et la propreté des locaux, s’intéressant aussi à l’existence d’une caisse de secours mutuels.

La Commission des tarifs de douane, consultée par le gouvernement en juillet 1872, prend l’exemple de l’usine Bardin pour contester son projet de taxation des importations

Jean Louis Frédéric Bardin meurt le 1er juillet 1878 à Joinville, à son domicile de la rue des Réservoirs ; son décès est retranscrit sur l’état-civil de Saint-Mihiel (Meuse). Il était âgé de 67 ans. Il était membre de la Société de protection des apprentis et des enfants employés dans les manufactures ainsi que de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale.

Son fils, Gabriel, assure la gestion de l’entreprise familiale devenue en 1878 Bardin et fils. Il vend, vers 1788, le site parisien, qui garde cependant le nom historique, mais poursuit un temps l’exploitation de l’usine de Joinville, déplacée rue des Réservoirs. Il s’installe en Seine-et-Marne, à Montcerf, où son épouse et lui meurent en 1917.

Une usine de plumasserie à Nogent-sur-Marne

 

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15 octobre 2021 5 15 /10 /octobre /2021 00:01

Jeanne Gabrielle Élisabeth Fay naît le 4 octobre 1804 à Lyon. Elle est la fille de Marie Jeanne Lemesle et de son époux Étienne Fay. Sa mère comme son père sont des acteurs de théâtre et chanteurs, issus eux-mêmes de familles de comédiens qui jouent en France et dans les salles d’Europe (Belgique, Allemagne, Autriche, Pologne, etc.). Étienne Fay avait pris la direction du théâtre de Marseille de 1810 à 1813, mais y aurait englouti ses économies, selon l’historienne Anne Martin-Fugier. La famille repartit alors en tournée, en Belgique et en Normandie notamment.

Élisa Fay débute sur les planches, en compagnie de sa sœur cadette Léontine en 1820. Elle interprète Les Deux Petits Savoyards, opéra-comique de Nicolas Dalayrac, La Fée Urgèle ou Ce qui plaît aux dames, autre opéra-comique de Charles-Simon Favart et Le Devin du village, intermède chanté de Jean-Jacques Rousseau.

Elle joue en Belgique, à Bruxelles en 1823-1824 et à Gand 1825.

Élisa Fay est mariée à Paris (1er arr.) en l’église Saint-Roch avec un comédien, Pierre François Génot et porte désormais le nom d’Élisa Génot, bien qu’elle conserve parfois son patronyme ; Le Dictionnaire des comédiens français d’Henry Lyonnet présente ainsi son époux : « "Chanteur faible, acteur nul dit la biographie de [1826]. Un gaillard qui ne doute de rien écrit-on en 1829. Doué d'une mémoire prodigieuse, d'un aplomb imperturbable, Génot se fit pourtant une situation à l'Opéra-Comique, où tenant tous les emplois, remplaçant n'importe qui au pied levé, il était véritablement indispensable. Il tint aussi le rôle de l'Empereur à l'Opéra-Comique à une époque où chaque théâtre avait le sien. »

Élisa Génot participe à l’ouverture du Théâtre des Nouveautés à Paris en mai 1827 avec Monsieur Jovial ou l'Huissier-chansonnier, comédie-vaudeville d’Adolphe Choquart. Elle interprète ensuite sur la même scène Le Caleb de Walter Scott.

En compagnie de sa sœur Léontine, elle crée au Gymnase dramatique en 1830 La Protectrice, comédie vaudeville, puis en 1831 La Famille Riquebourg d’Eugène Scribe.

Des tournées mènent Élisa Génot à Rouen en 1836, Bruxelles en 1839, Nantes en 1843. À Paris, elle joue à la Porte-Saint-Martin en 1847, puis au Théâtre historique en 1848-1849 dans Catilina et Le Chevalier d’Harmental, d’Alexandre Dumas, Les Mystères de Londres de Paul Féval ainsi que Les Puritains d'Écosse de Walter Scott

Elle est ensuite au Théâtre des Variétés et au Vaudeville. Dans le premier, elle est à l’affiche du Pouvoir d'une femme de Joseph-Bernard Rosier en 1848. Elle a un rôle en 1853 dans Les Enfers de Paris de Roger de Beauvoir et Un notaire à marier de Marc-Michel.

Elle s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier du Centre, rue de Paris. Henry Lyonnet, dans le Dictionnaire des comédiens français, estime qu’elle joua « avec esprit ». Le peintre et historien de l’opéra Jean-Louis Tamvaco considère qu’elle fut « une cantatrice fort estimée. »

Élisa Génot meurt le 2 octobre 1858 à Joinville. Elle allait atteindre ses 54 ans.

Plusieurs œuvres représentent l’actrice. Le buste du sculpteur Jean Pierre Dantan, réalisé en 1835 à Rouen, est dans la collection du Musée Carnavalet, de Paris.

Son fils, qui utilise le nom d’Achille Fay-Génot, comédien et peintre, s’installe à Montréal (Québec, Canada) en 1874 avec la Société dramatique française puis y crée le Cercle Molière en 1885.

Élisa Génot, buste de Jean Pierre Dantan, musée Carnavalet, Paris

 

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13 octobre 2021 3 13 /10 /octobre /2021 00:01

Alfred Prêtre naît le 4 décembre 1844 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Mélanie Rosoy et de son mari Louis François Prêtre. Son père, ancien charretier devenu rentier, presqu’illettré, est particulièrement âgé puis qu’il a 76 ans à la naissance d’Alfred, le quatrième des fils qu’il a eu avec Mélanie, de 42 ans sa cadette, qu’il a épousée en 1837 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), alors qu’il avait déjà 69 ans. Il meurt en septembre 1852 à Belleville (act. Paris, 18e arr.).

Artiste dramatique jouant en banlieue parisienne, selon le Dictionnaire des comédiens français d’Henry Lyonnet, qui le trouve « vaillant » mais « un peu froid », Alfred Prêtre adopte le pseudonyme de Montbars ; la presse le désigne parfois comme A. Montbars, car un autre comédien du Palais-Royal, Jules Alexandre Kalitowitsch (1844-1882), se fait également appeler Montbars. Alfred Montbars joue en 1871 des rôles au théâtre de l’Ambigu comique (Paris), où il se fait remarquer même quand les pièces sont peu appréciées de la critique. Le Constitutionnel, par exemple, voit en lui « un jeune comique plein d'avenir ». Il épouse à Paris (11e arr.) Agathe Angélique Bordier, couturière, fille d’un carrier de Charenton-le-Pont.

Engagé principalement dans des rôles de comique, il joue également à Paris pour le théâtre Montmartre, Déjazet, les Menus-Plaisirs, Cluny et le Gymnase. Il débute en novembre 1875 à l'Odéon, dont il deviendra un des habitués. En 1879-1880, il fait une tournée en Russie, à Saint-Pétersbourg et est pensionnaire du théâtre Michel. De retour dans la troupe de l’Odéon en 1888, il obtient du succès dans Crime et Châtiment.

Divorcé en 1890, Montbars s’installe à Joinville-le-Pont, ville où vivaient ses parents avant sa naissance, dans le nouveau quartier de Polangis, sur la rive gauche de la Marne, avenue Gille. Il y donne des cours d’art dramatique. Cependant, il n’y est pas recensé et a donc probablement conservé une adresse parisienne, peut-être rue Saint-Maur (11e arr.) où il vivait lors de son mariage. Il est engagé en 1897 au théâtre du Gymnase puis revient l’année suivante à l’Odéon.

Les commentaires sur le jeu de Montbars sont habituellement très favorables. Ainsi, en mars 1892, un chroniqueur du quotidien culturel Gil-Blas, après avoir critiqué certains interprètes des Faux Bonshommes, pièce de de Théodore Barillet et Ernest Capendu, conclut : « Les autres sont excellents. En tête, je cite Montbars, un comédien qui n'est pas apprécié à sa juste valeur et vaut dix fois plus que sa réputation. Il est exquis de naturel dans Péponet et s'y montre pour le moins égal à son prédécesseur Daubray, je lui adresse tous mes compliments et le remercie du plaisir qu'il m'a causé ». Beaucoup d’articles lui associent le qualificatif « excellent. »

En septembre 1898, Montbars répète la pièce de l’historien et dramaturge G. Lenôtre et de Gabriel Martin. Lors de la répétition générale, le journaliste et romancier Félix Duquesnel explique qu’il l’avait trouvé « très naturel et de comique très franc dans un personnage de gentilhomme pauvre », nommé Puygiron. La première de la pièce est programmée le 1er octobre, jour de réouverture de la salle du théâtre de l’Odéon de Paris (6e arr.). Nicolet dans Le Gaulois rapporte que Montbars « de l'avis de tous, paraissait plein de santé et de bonne humeur. »

La représentation, le 1er octobre, débute par une pièce courte puis, pendant l’entracte, un comédien qui jouait dans le dernier acte, mais était arrivé plus tôt qu’il n’était tenu de le faire, Chelles, reçoit le message suivant : « De Joinville-le-Pont, Montbars mort, A. Montbars ». L’émoi est immédiat dans la troupe qui, cependant, décide de jouer malgré tout. Un autre acteur, Henry Burguet annonce au public : « Mesdames et Messieurs, une dépêche nous arrive à l'instant de Joinville qui nous apprend que notre excellent camarade Montbars est tombé subitement très, très gravement malade... Son rôle sera lu par M. Céalis qui réclame toute votre indulgence ». L’annonce se répandit pendant l’entracte, où « elle fut accueillie avec une vraie peine » par les « habitués des premières, dont Montbars était depuis, si longtemps connu et estimé » selon Le Figaro qui conclut par « cette simple phrase entendue vingt fois derrière la toile : Ce pauvre Montbars ! Ce pauvre Montbars ! »

Un très grand nombre de journaux, parisiens mais aussi de province, relatent le décès ; les sources en ligne permettent d’en identifier plus d’une soixantaine. Mais plusieurs ont également connu un raté qui provoquera les railleries de leurs confrères : ils ont publié un compte-rendu de la première de Colinette sans l’avoir vu, probablement après avoir assisté à la générale la veille, et ont cependant commenté le jeu des acteurs. Pour Jean Gascogne, dans La Libre Parole, « Il faut mentionner M. Montbars, excellent dans un rôle » tandis que L'Indépendant rémois trouve « M. Montbars, amusant ». Pour Le Petit Caporal, « M. Montbars est cocasse à souhait » tandis que dans La Petite République, Henri Pellier trouve qu’il « joue fort bien. »

Sans avoir raté l’information sur son décès, certains journaux racontent une histoire inexacte. C’est le cas de La Revue mondiale pour qui « L'excellent acteur Montbars (…) s'est subitement affaissé et est mort sans avoir repris connaissance, dans sa loge où on l'avait immédiatement transporté. »

L’hommage de la presse est très large. Le Gaulois voit en Montbars « un excellent artiste et un non moins excellent pensionnaire » de l'Odéon. La Patrie le trouve « exquis de verve comique ». La France militaire précise que son décès est dû à une congestion cérébrale, assurant que  « le vaillant artiste, que tout Paris connaissait, est tombé, pour ainsi dire, sur le champ de bataille; (…). Il s’était montré, comme toujours, artiste consciencieux (…). Il disparaît en pleine maturité de son talent (…). Pauvre Montbars ! »

Alfred Prêtre était mort le 1er octobre 1898 à Joinville, où il est inhumé le 3. Lors de ses obsèques l’écrivain Paul Ginisty, directeur du Théâtre de l'Odéon, et le sculpteur et acteur Albert Lambert père, sociétaire de la Comédie-Française, prononcent des allocutions en présence de la troupe de l’Odéon.

La situation matrimoniale de Montbars lors de son décès est incertaine. Le télégramme annonçant son décès est signé « A. Montbars » selon Le Figaro, qui l’identifie comme Mme Montbars. Le Dictionnaire des comédiens français précise : il « laissait une veuve ». Or, son ancienne épouse, Agathe Angélique Bordier, s’était remariée en avril 1892. Il est donc douteux qu’elle puisse être la signataire de la dépêche et la veuve mentionnée. Par ailleurs, l’acte de décès mentionne qu’il est célibataire. Il s’agit peut-être d’une relation non officielle.

Montbars dans Crime et châtiment

 

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11 octobre 2021 1 11 /10 /octobre /2021 00:01

Victor Étienne Prétot naît le 18 avril 1852 à Paris (6e arr.). Il est le fils d’Adelaïde Thiébaut et de son mari Adolphe Prétot, originaires des Vosges. Ils vivent sans doute à Saint-Germain-en-Laye puis ensuite de nouveau à Paris, rue Fondary (15e arr.). Adolphe Prétot vend à son fils en novembre 1872 le fonds de marchand de vin qu’il exploitait rue de Vaugirard.

Cependant, alors que son père devient tourneur et sa mère brodeuse, Victor Prétot s’engage dans d’autres activités. Il est mécanicien en juin 1879 quand il épouse à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Jeanne Eugénie Chambon. Le couple s’installe dans le 11e arrondissement, d’abord rue des Boulets, ensuite rue de Montreuil puis rue des Immeubles Industriels. C’est dans cette dernière rue que qu’est installé l’atelier Prétot dans les années 1880, avant de déménager la décennie suivante pour l’avenue Philippe-Auguste, dans le même arrondissement.

Bien qu’il n’en ait pas eu la formation, Victor Prétot est parfois qualifié d’ingénieur. Il va déposer un nombre important de demandes de protections de ses inventions. En France, au moins 26 brevets lui sont accordés entre 1882 et 1922. Il fait également enregistrer ses droits dans des pays étrangers : États-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande, Italie, Royaume-Uni, Suisse…

L’inventivité de Prétot s’exerce dans de nombreux domaines : le nettoyage des couteaux, l’accrochage des quarts pour l’alimentation des soldats, le compostage des billets pour les courses hippiques ou les chemins de fer, le laminage des fils métalliques, les réchauds…

Son innovation la plus importante, dans les années 1880, est la création d’une machine à fraiser dite universelle, qui lui vaut des médailles d'or lors de l’exposition universelle de Paris en 1900.

Machine à fraiser Prétot

Au cours des années 1890, Prétot s’oriente vers l’automobile, tout juste naissante. Il invente un avant-train supposé s’installer sur des véhicules prévus pour la traction animale. Il s’intéresse aux moteurs à gaz, aux systèmes de transmission et de changement de vitesse, aux pneumatiques… Prétot réalise des prototypes qui peuvent participer à certaines compétitions, comme Paris-Rouen, premier concours de « voitures sans chevaux » en juillet 1894 ou la Côte de Chanteloup, à Chanteloup-les-Vignes (Seine-et-Oise, act. Yvelines) en 1898. Il vend également quelques voitures particulières.

Automobile à système Prétot

En 1897, Prétot crée une entreprise à Londres, la Pretot Motor Syndicate Ltd, qu’il utilise pour lancer des activités en Amérique du Nord en particulier. Il cherche en particulier à commercialiser son avant-train pour l’équipement de charriots ou la transformation de véhicules. L’activité automobile à l’étranger a dû cesser vers le début du XXe siècle.

C’est également vers 1900 que la famille Prétot, qui compte six enfants vivants, s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où elle acquiert une vaste propriété, qualifiée de château dans les répertoires mondains, sise rue des Marronniers (act. rue Eugène-Voisin), dans le quartier du Centre. Plusieurs domestiques y travaillent.

Lors des élections municipales de mai 1904, Prétot est candidat sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, soutenue par le comité radical-socialiste. Elle recueille une moyenne de 50,2% des suffrages exprimés dès le premier tour et a 15 élus, face à une liste de droite qui se situe à 31,9%, et aux candidats socialistes-révolutionnaires, 14,9%. Au second tour, les radicaux obtiennent 7 sièges de plus et en laissent un à la droite. Prétot, bénéficiaire de 548 voix soit 49% au premier tour, est élu au second ; il y avait eu 1 119 votants pour 1 363 inscrits. Pour la première fois, le maire, réélu, avait mis en avant le programme radical-socialiste qu’il opposait au nationalisme et au cléricalisme de la « coalition réactionnaire ». L’ancien député de gauche, Jules Ferdinand Baulard, se félicitait : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »

Au cours du scrutin suivant, en mai 1908, Prétot sollicite le renouvellement de son mandat. Face à une liste socialiste SFIO et à une autre qualifiée de socialiste évolutionniste, les radicaux-socialistes du maire sortant obtiennent 21 sièges, un indépendant et évolutionniste étant élus. Prétot obtient, au second tour, 585 voix pour 1 188 votants et est élu. Tandis que des dissidences se font jour, à mesure du vieillissement et de la maladie d’Eugène Voisin, Prétot lui reste fidèle. En juillet 1911, il est, avec Roux, l’organisateur d’une réunion d’hommage au maire avant l’inauguration de la nouvelle mairie. Voisin ne se représentant pas, la liste radicale-socialiste de Georges Briolay, son ancien adjoint, est battue en mai 1912 par une coalition regroupant des radicaux dissidents, les socialistes SFIO et la droite libérale et conservatrice. Prétot quitte le conseil municipal.

Près de la pyramide de Brunoy (Seine-et-Oise, act. Essonne), la voiture automobile que conduisait M. Prétot entre en collision avec un charretier conduisant des bestiaux ; les comptes-rendus de presse divergent. Pour L’Univers, M. Prétot et un de ses fils, soldat au 1er régiment de dragons à Compiègne, sont assez grièvement blessés ; pour Le Petit Journal, c’est le charretier qui l’est.

Pendant la première guerre mondiale, l’activité de l’usine Prétot est orientée vers le matériel militaire. Il exporte en Italie une machine pour finir les obus en acier après la trempe. Pour le compte de l’armée française, il produit un engin automobile blindé, utilisant des scies circulaires pour couper les fils de fer barbelés.

Après le conflit, Prétot continue son activité mécanique et retourne vivre à Paris. Tout en continuant à produire des avant-trains automoteurs, il s’oriente également vers le cuir textile et le polissage des glaces.

Victor Etienne Prétot meurt le 14 mai 1920 à Paris (11e arr.) à son domicile avenue de la République. Il était âgé de 68 ans et père de sept enfants. Il avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie en février 1907, puis comme officier de l’instruction publique en mars 1914. Il avait obtenu une médaille d'or lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, et probablement également lors de celle de 1889.

Son épouse, Jeanne Eugénie Prétot devient titulaire de son dernier brevet, sur le polissage des glaces, accordé post-mortem en 1922. Elle était membre de la principale association humanitaire de Joinville-le-Pont à partir de 1902, l'œuvre de l'allaitement maternel. En 1911, elle avait été lauréate de la Société de l’encouragement au bien.

Plusieurs de ses enfants déposeront également des brevets : ses deux plus jeunes fils Robert Marcel et Jean Albert, ainsi probablement qu’une de ses filles, Lucie.

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5 octobre 2021 2 05 /10 /octobre /2021 00:01

Alfred Plé est né 9 janvier 1888 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Marie Michaud, couturière, et de son mari, Alfred Plé, commis d’agent de change.

Devenu tourneur repousseur sur métaux, Alfred Plé, est également sportif. Il est adhérent au Club nautique de Paris, club basé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), 97, quai de la Marne. Plé pratique le canoé puis l’aviron et s’aligne dans des compétitions à partir de 1904 et, à seize ans, gagne une course en canoë à La Varenne. En juin 1908, il remporte le Tour de Marne, compétition qui allie trois épreuves : cyclisme, aviron et course à pied. L’épreuve, organisée depuis 1905 par le Cercle des sports de la Marne (Saint-Maur-des-Fossés), part du pont de Chennevières pour revenir à la Varenne-Saint-Hilaire par le pont de Créteil et le barrage da Saint-Maur. Les cinq premiers kilomètres se font à bicyclette, suivis par trois kilomètres 500 à pied, puis par quatre kilomètres en canoë ; il y a 14 concurrents en 1908. Plé arrive second en 1909 puis gagne de nouveau la même course en juillet 1910, devant trois autres athlètes.

Mobilisé en octobre 1909 pour le service militaire, Plé est affecté au 3e escadron du train des équipages ; il finit sa période militaire en septembre 1911. Il s’affilie alors à un autre club de Joinville, la Société nautique de la Marne, basée sur l’île Fanac. Il rame en individuel, mais également dans des bateaux à deux, à quatre ou à huit. La SN Marne l’engage notamment dans le grand classique des rivières de la région parisienne, le match annuel à huit avec le Rowing club de Paris. Il le remporte, en tant que chef de nage, en 1913. Il réside à Paris (11e arr.), rue Amelot.

De nouveau appelé pendant la première guerre mondiale, il débute le conflit dans le même régiment puis, à partir d’août 1915, est détaché dans un entreprise métallurgique. Il est démobilisé en août 1919. Il devient alors directeur technique d'une entreprise de confections et vit à Paris (11e arr.), boulevard Voltaire. Il avait épousé en avril 1919, à Paris (11e arr.), Pauline Hortense Catherine Léchevin, originaire de Valenciennes (Nord), fille d’un cafetier et veuve d’un officier tué lors de la bataille de la Somme en août 1914.

Après six ans d’interruption, Plé reprend l’aviron en 1920. Il remporte, en septembre, la Coupe de Paris, disputée dans le bassin de Neuilly-sur-Marne-Bry puis le championnat d’Europe double scull sans barreur. Avec son partenaire habituel, Gaston Giran, Plé participe aux Jeux olympiques de 1920 qui se déroulent à Anvers (Belgique). Il arrivent troisième dans l’épreuve du Deux de couples, derrière des équipes des États-Unis et d’Italie, et remportent la médaille de bronze.

L’hebdomadaire Miroir des sports fait de Plé sa vedette sportive du jour quand il devient, en août 1921 champion de France en skiff. C’est « un sympathique et un vrai sportsman (…) taillé en souplesse plus qu'en force, long et mince (1 m 80-71 kilos). (…) Alfred Plé est un bel exemple du pur amateurisme français, non assimilable aux étudiants perpétuels que présentent les Anglais sous étiquettes des diverses universités, ni à certains soi-disant purs d'outre-Atlantique que leur club entretient à grands frais. (…) [Son emploi] ne lui laisse que de rares moments de loisir et, de par cela, ses heures d'entraînement en skiff varient entre 8 et 10 heures du soir ». En septembre, il remporte de nouveau la Coupe de Paris.

Alfred Plé devient en 1922 l’animateur technique des « bleu et blanc », les couleurs de la SN Marne. il continue également de ramer et remporte, en tant que chef de nage, la 34e édition du match Rowing – SN Marne.

En 1925, Plé se rend acquéreur d’un garage de bateaux à Joinville et vient s’y installer, quai de la Marne. Cette nouvelle fonction l’écarte des compétitions car les règlements de l’amateurisme excluent, comme professionnels tout constructeur; maître ou ouvrier, gardien, salarié par un club ou un entrepreneur, garagiste, loueur, entraîneur rétribué… Il est également, en même temps, représentant en parfumerie et entraîne les rameurs de son club ainsi que ceux de l’équipe sélectionnée pour les Jeux olympiques d’Amsterdam (Pays-Bas) en 1928.

Lors des élections municipales de mai 1929, Alfred Plé est candidat sur la liste d’Union républicaine et démocratique du maire sortant, Stephen Durande (droite). Elle s’oppose à la Concentration des gauches (radicaux-socialistes, socialistes SFIO et socialistes indépendants) de Georges Briolay et au Bloc ouvrier et paysan (communiste) de Roger Bénenson. Les candidats de droite arrivent en deuxième position au premier tour avec 38,8% contre 42,8% pour les gauches, tandis que les communistes obtiennent 18,4%. Plé recueille 896 voix pour 2 126 votants (42,1%) et 2 969 inscrits. Au second tour, la liste Durande est devancée et obtient cinq sièges, contre 22 pour la liste Briolay, qui est élu maire. Plé n’est pas membre du conseil municipal.

Le chantier Plé a une bonne réputation et compte jusqu'à douze ouvriers. Il ne permet cependant probablement pas des revenus très élevés, car Plé est condamné, en février 1935, à cent francs d’amende par le tribunal civil de la Seine pour « émission de chèques sans provisions ». Frédy Plé, son fils, est associé à l’entreprise en 1944 et la reprend en 1957. Le chantier a fermé en 1980.

Alfred Plé meurt le 4 mars 1980 à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). Il était âgé de 92 ans et père d’un enfant.

Alfred Plé en 1912 (Miroir des sports)

 

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