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13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 00:01

Xénia Alexandra [ou Ksenia Aleksandrovna] Briger [ou Brieger] est la fille d’un général de l'armée impériale russe, probablement d’origine allemande. Elle est probablement née au cours des années 1890.

Elle épouse Danzan Davidovich Toundoutoff (en russe Тундутов, également transcrit sous la forme Tundutov, Toundutov ou Tundutow). Son nom d’épouse, selon l’usage russe, est Toundoutova mais elle et la presse font usage de l’orthographe Xénia Toundoutoff.

Danzan Toundoutoff est le noyon (prince) des Kalmouks. Né en 1888, il est l’héritier d’une famille établie au 17e siècle sur les plaines surplombant la mer Caspienne et le delta de la Volga, avec les Mongols Oïrats venus de l’actuelle Chine. Le prince Toundoutoff, comme ses prédécesseurs, était un bouddhiste, étroitement lié au dalaï-lama tibétain sur le plan spirituel ; c’est ce dernier qui lui a donné son prénom. Il était en matière politique proche de la cour impériale russe, dont le territoire des kalmouks dépendait. Il fut d’ailleurs éduqué au lycée de Saint-Pétersbourg. Les Kalmouks étaient essentiellement nomades et éleveurs de chevaux. La famille Toundoutoff constituait un gros fournisseur de montures pour l’armée impériale.

Danzan Toundoutoff, qui avait une culture élevée et a été fait chevalier de la Légion d’honneur française, était membre du Parti démocratique constitutionnel (monarchiste). En 1906, il fut élu membre de la Douma d'État (parlement) où il représentait les tribus nomades des provinces d'Astrakhan.

Pendant la première guerre mondiale, d’abord adjudant (adjoint) du Commandant suprême sur le front allemand, il joue le même rôle à partir de 1915 sur le front du Caucase, auprès du grand-duc dans l’état-major du grand-duc Nicolas Nikolaevich.

Après la révolution russe d’octobre 1917, le prince Toundoutoff se met à la tête des Kalmouks qui sont intégrés dans l’armée des cosaques d’Astrakhan, opposés aux forces bolchéviques ; il prend le grade de colonel. Les forces antisoviétiques reculant, Toundoutoff passe en Géorgie puis, en mai 1918, rejoint l’Allemagne où il rencontre l’empereur Guillaume II pour tenter d’obtenir son appui face aux Russes. Il rentre avec une promesse de soutien, qui perd tout effet avec la défaite allemande. Toundoutoff tente de réorganiser l’armée d'Astrakhan mais il est démis de ses fonctions, en janvier 1919, par le général Dénikine, à la tête des armées blanches luttant contre le régime au pouvoir à Moscou. Ce dernier défend l’idée d’une Russie unifiée, tandis que Toundoutoff plaide au contraire pour une fédération. En octobre 1919, il est d’abord arrêté puis expulsé.

Il se rend en novembre 1920 à Constantinople (Turquie, act. Istanbul) puis en Europe occidentale, séjournant notamment à Nice (Alpes-Maritimes) en janvier 1921. Xénia Toundoutoff quant à elle est actrice.

En novembre 1922, se fiant aux appels du gouvernement soviétique et aux promesses du général Alexeï Broussilov, ancien des armées blanches, rallié à Moscou, le prince Toundoutoff retourne en Russie. Il est arrêté par la police politique (GPU), mais libéré après 17 jours d'emprisonnement. Il rédige un rapport sur le sort des Kalmouks, remis à Broussilov et à Léon Trotski. De nouveau incarcéré le 14 avril 1923, il est transféré à Moscou, condamné à mort et fusillé le 7 août 1923. Près de 70 ans plus tard, la sentence est annulée par le parquet général de Russie le 13 mars 1993, Toundoutoff étant entièrement réhabilité faute de corpus delicti.

Après son exécution, son épouse quitte la Russie pour l’Allemagne, en compagnie de son fils Nicolas. Elle se rend ensuite en France. En 1929, la princesse vend de la lingerie de luxe aux américaines qui visitent Paris en organisant des démonstrations dans leurs chambres d’hôtel.

Elle participe aussi à la vie du milieu des exilés russes, assistant notamment aux cérémonies funéraires organisées à Nice en janvier 1929 après la mort du grand-duc Nicolas. En 1934, à Paris, elle est l’invitée d’honneur du dîner des Saisons de Paris qui veut ressusciter le chic parisien d’avant-guerre.

À partir de 1936, Xénia Toundoutoff écrit des articles pour des journaux féminins. Dans La Femme de France, elle s’intéresse d’abord à l’écrivaine « Colette et ses chats ». Elle signe aussi une petite série consacrée aux femmes des hommes célèbres (Moro-Giafferi, André Maurois, Honegger). En 1937, dans Marie-Claire, elle donne des conseils : Que faut-il manger pour être belle ? Elle précise : Mangez du Soleil (fruits et crus) ! L’année suivante, dans Ève, elle témoigne sur ce qu’était « La femme kalmouk avant qu'elle ne fût Parisienne. »

Avec son fils, alors étudiant, Xénia Toundoutoff réside en 1937 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où une relativement importante communauté kalmouke s’est étable. Une fête est organisée en leur honneur par le grand-prêtre bouddhiste des kalmouks d’Europe occidentale en décembre de cette année-là.

En 1947, Mme Toundoutoff, enseigne à l'Université de Paris pour des auditeurs de langue slave.

Les dates de mariage de Xénia Toundoutoff ne sont pas connues. Elle meurt le 26 avril 1963 à Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine) où elle résidait rue Bruneau. Elle était âgée de 77 ans.

Xénia et Nicolas Toundoutoff à Joinville-le-Pont en 1937

 

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