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12 mars 2022 6 12 /03 /mars /2022 00:01

Adolphe Alexandre Clément naît le 11 décembre 1864 à La Ferté-Saint-Cyr (Loir-et-Cher). Il est le fils de Philomène Blanchard et de son époux, Adolphe Blaise Clément, marchand de charbon. Ils vivent au faubourg de Bretagne

Devenu employé de commerce et vivant à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue Lannon, Adolphe Clément y épouse en mai 1894 Marie Goutal, domestique, native du Cantal. Ils s’installent à Paris (18e arr.) où ils exploitent une épicerie, rue Jean-Robert.

En 1911, ils sont à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où ils sont également épiciers, rue de Paris, dans le centre-ville, à proximité de la gare. Après la première guerre mondiale, ils déménagent pour la rue du Viaduc, dans le même quartier, où ils vont créer un hôtel meublé.

Lors des élections municipales de mai 1925 à Joinville, Adolphe Clément est candidat sur la liste du maire sortant, Henri Vel-Durand (radical dissident), qui a le soutien des mouvements libéraux et conservateurs de la ville. Le programme de la liste vouait l’application des lois de laïcité « sans rigueur et sans sectarisme », le maintien de l’octroi pour l’entrée des marchandises à Joinville et des économies dans les dépenses budgétaires. Face à une liste du cartel des gauches (radicaux-socialistes, socialistes SFIO et socialistes indépendants), qui obtient 28,4% des suffrages exprimés et une liste communiste, qui a 21,1%, la liste des sortants arrive nettement en tête avec 47,5%. Au second tour, elle remporte les 27 sièges à pourvoir et Clément est élu conseiller municipal. Vel-Durand est réélu maire. Après son décès, il est remplacé en octobre 1928 par Stephen Durande (conservateur).

Au cours du scrutin de mai 1929, Adolphe Clément n’est pas candidat.

Adolphe Alexandre Clément meurt le 22 janvier 1938 à Joinville. Il était âgé de 74 ans et père de deux enfants.

Il n’a pas de lien familial avec Édouard Clément (1843-1922), président de société musicale et candidat de centre-droit aux élections municipales de Joinville-le-Pont (1904-1911) ni avec Lucien Clément (1885-1955), conseiller municipal conservateur de la même ville (1934-1944).

Joinville-le-Pont, rue de Paris, l'épicerie Clément est sur la droite

 

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 00:01

André Viault naît le 20 juin 1883 à Paris (10e arr.). Il est le fils de Marie Ida Euphrasie Sinot et de son mari Charles Arthur Viault, tous deux employés. Ils vivent faubourg Poissonnière.

Alors employé de commerce et vivant boulevard Voltaire avec son père, négociant, André Viault épouse en avril 1910 à Paris (3e arr.) Marthe Élise Émilie Servo.

Il monte alors son entreprise de tournage et découpage sur bois et autres matériaux, produisant notamment des isolants pour l’électricité. Elle est installée dans le 12e arrondissement, rue Fabre-d’Églantine.

Au cours des années 1920, ils s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils résident en 1926 dans le quartier de Polangis, avenue du Château (act. avenue Foch).

En juillet 1925, Viault participe à une souscription lancée par le mouvement royaliste Action française Pour la veuve et les enfants d'Ernest Berger, militant tué dans le métro de Paris. Sa participation est transmise par la section de Joinville du parti, alors en cours de constitution.

Lors des élections municipales de mai 1929, André Viault est candidat sur la liste d’Union républicaine et démocratique du maire sortant, Stephen Durande (divers-droite). Devancée au premier tour par la liste d’Union des gauches (radical-socialiste, socialistes SFIO et socialistes indépendant), elle n’emporte que cinq sièges sur 27 au second tour malgré le maintien de la liste communiste. Viault recueille au premier tour 890 voix pour 2 126 suffrages exprimés (41,9%) sur 2 491 inscrits ; il n’est pas élu.

En novembre 1932, il est désigné comme trésorier du Comité d’union républicaine et d’action sociale, alors présidé par Émile Lecuirot, dirigeant d’un club d’aviron. Le comité regroupe la plupart des personnes engagées dans les organisations libérales et conservatrices dans la ville. Il devient vice-président de l’Union régionale, le groupement qui en prend la succession à partir de 1935.

En avril 1935, Viault est réélu membre du bureau de la Mutualité scolaire de Joinville. Présidée l’électricien par Ernest Gillot, la mutualité verse des aides aux familles qui ont cotisé et aident les enfants à épargner en vue de leur retraite.

André Viault meurt le 23 novembre 1937 à Joinville. Il était âgé de 74 ans et père de deux enfants.

L’hebdomadaire libéral Union régionale lui délivre les qualificatifs suivants : « Aimable, sympathique, conscience, honnêteté ». Ses obsèques sont célébrées en l’église Sainte-Anne de Polangis. Il est précisé qu’il était conseiller curial et qu’il aurait mené une « vie très chrétienne ». Le maire, Léon Lesestre, lui rend hommage en présence notamment de plusieurs adjoints et de l’ancien ministre Adolphe Chéron. Il est inhumé dans le caveau familial, au cimetière parisien du Père-Lachaise.

L'Elysée Palace à Joinville-le-Pont

 

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4 février 2022 5 04 /02 /février /2022 00:01

Suite de la biographie de Nguyên Thê Truyên

Résidant à Nam-Dinh, Nguyên Thê Truyên demeure rue de Saïgon et exerce son métier de chimiste. Il est toujours en bute aux autorités française. Le résident supérieur au Tonkin a fait ordonner la saisie conservatoire des rizières de sa famille en janvier 1933. Le prétexte est une dette de 1 000 piastres, mais la valeur des propriétés est estimée à plus de 50 000 piastres. Mais le Conseil du Contentieux se déclare incompétent en janvier 1933. Le même conseil rejette, en novembre la même année, une requête de Nguyên Thê Truyên pour qu’on lui délivre de son casier judiciaire et que cesse la confiscation de son certificat de moralité.

Séjournant de nouveau à Paris en 1934, Nguyên Thê Truyên devient une cible pour les communistes. Le journal Vô Sản (Le Prolétaire, 1934/06), publié par le PCF, le qualifie de « traître qui fréquente les flics, les fascistes ».

Le Conseil d’État examine, en appel, la plainte de N. T. Truyên au sujet de la délivrance d’un bulletin de casier judiciaire et d’un certificat de bonnes vie et mœurs. Il rejette sa requête, estimant qu’elle relève de la relation entre la République française et l’administration indigène et non du droit administratif français, même si un fonctionnaire français est mis en cause. Comme plusieurs autres revues juridiques, la Revue générale de droit international public critique en 1938 les conclusions de l’arrêt.

Pendant son séjour en France, Nguyên Thê Truyên participe à la constitution du Rassemblement Colonial, déclaré à Paris en avril 1937 et basé rue Monge (5e arr.). Il regroupe une douzaine d’organisations politiques et d’associations, comme le Parti du Peuple Algérien, la Ligue de Défense de la Race Nègre ou le Rassemblement Indochinois, dont N. T. Truyên est le délégué. Le comité directeur provisoire comprend l’algérien Messali Hadj, publiciste, le martiniquais Raoul Cénac-Thaly, professeur agrégé, le malgache Ramananjato, comptable et N. T. Truyên, qui assurent de manière tournante la présidence. Le sénégalais Emil Faure, ingénieur conseil est secrétaire général et la guadeloupéenne Melle Toubland, chirurgienne-dentiste, est trésorière.

En septembre 1937, une députation du Rassemblement colonial, dont fait partie Nguyên Thê Truyên est reçue à l’Hôtel Matignon, pour rencontrer William Bertrand, sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil et l’entretenir « des graves évènements d’Indochine et d’Extrême-Orient ». N. T. Truyên demande l’amnistie pour les victimes de la répression, soulignant qu’ils sont accusés de complots contre la Sûreté de l’État, ce qu’il qualifie « d’accusations vagues et monotones ». Il souligne que des « jeunes gens d’origine bourgeoise, revenus de Paris où ils s’étaient initiés à la vie militante, sont jetés en prison pour des articles de journaux, souvent inspirés et même reproduit des écrits publiés dans des grands quotidiens de Paris ». Il déplore que « de pauvres coolies en haillons, des ouvriers harassés, des employés, des femmes, des enfants, travaillant dans des conditions déplorables, touchant un salaire dérisoire, sont incriminés parce qu’ils ont fait la grève, dans l’ordre et la discipline pour améliorer leur sort. Des paysans affamés, des petits commerçants ruinés, des artisans grevés de patentes sont emprisonnés pour avoir réclamé la suppression des impôts archaïques ou des taxes impopulaires ». N. T. Truyên réclame ensuite des libertés politiques et syndicales, voulant notamment l’application de la loi française du 28 juillet 1881 sur la liberté de la presse et le droit d’association, y compris pour les syndicats. Enfin, N. T. Truyên soutient l’idée d’organiser un Congrès National des Indochinois.

C’est lui qui conduit la délégation reçue en février 1938 par Théodore Steeg, ministre des colonies et ancien président du conseil. Elle évoque notamment le point de vue des indigènes devant les revendications coloniales de l'Allemagne, et les répercussions de la guerre sino-japonaise en Indochine.

Dans le courant de cette année 1938, Nguyên Thê Truyên retourne au Vietnam. Il publie un long article en octobre, dans L'Effort Indochinois sur « Phan-Van-Truong et son chef d’œuvre: Le droit pénal à travers l’ancienne législation chinoise », en hommage à un avocat, cofondateur de la Fraternité des compatriotes en 1914.

Do Duc Ho, ancien secrétaire de l'Association générale des étudiants indochinois, fait part d’une conversation qu’il a eue en septembre 1938 avec Nguyên Thê Truyên. Selon ce dernier, le gouverneur général de l’Indochine, Jules Brévié « entend se servir du parti communiste annamite pour administrer à la population la preuve de la supériorité de la démocratie-impérialiste française sur le fascisme agresseur nippon. Ses manifestations de sympathie pour la Chine expriment une solidarité qui doit émouvoir les indigènes et leur faire oublier que M. Brévié est le représentant de l'impérialisme français. Le parti communiste annamite est là pour servir d'interprète à M. le Gouverneur général. »

Après le début de la deuxième guerre mondiale, Nguyên Thê Truyên et son frère Nguyên Thê Song sont arrêtés en septembre 1939 et envoyés à la prison de Lang Son, au centre du Tonkin, soupçonnés de sympathie pour les Japonais. Madeleine Latour, qui avait soutenu l’action de Nguyên Thê Truyên avant même leur mariage et l’avait accompagné en Indochine, meurt en 1940. Elle était née en septembre 1890 à Paris (12e arr.) – et non pas en 1898 comme plusieurs sources le mentionnent. Enterrée au cimetière européen de Dalat, ses cendres ont été transférées dans la crypte de l'église Saint-Nicolas.

Les deux frères sont exilés en 1941, en compagnie de neuf communistes, sur l’île malgache de Nosy Lava. Ils ne se mêlent pas aux détenus communistes, espérant manifestement une occupation de Madagascar par le Japon. Ils sont libérés en 1946 et retournent à Saïgon.

À suivre

 

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2 février 2022 3 02 /02 /février /2022 00:01

 

Suite de la biographie de Nguyên Thê Truyên

Revenu dans son pays natal en 1920, il bénéficie toujours d’une bourse et reprend la mer à Haiphong pour Marseille en août 1921. Il vit rue Champollion à Paris (5e arr.) puis, l’année suivante, villa des Gobelins (13e arr.). S’il est ingénieur chimiste, Nguyên Thê Truyên, poursuit des études à l’université, où il obtient une licence de philosophie en 1923, et consacre une part importante de son temps à l’activité politique.

Il est un des fondateurs et le secrétaire adjoint de l'Union intercoloniale, association proche du parti communiste, créée en mai 1922. Elle aurait compté selon la police environ 120 membres, dont seize Vietnamiens fin 1923, parmi lesquels une vingtaine de militants actifs. Elle porte des revendications d’égalité politique (droit de vote) et sociale (« À travail égal, salaire égal ») et condamne les guerres coloniales menées par la France au Maroc (Rif, 1925-1926) ou en Syrie (1925-1927).

Le 12 avril 1925, Nguyên Thê Truyên apparaît comme la cheville ouvrière du meeting, organisé par la Fédération du parti Kuomintang chinois en France salle des Coopérateurs à Paris, boulevard Auguste-Blanqui. Selon le quotidien de droite, L’Écho de Paris, six cents personnes environ y ont assisté, officiellement pour commémorer la mémoire du révolutionnaire chinois Sun Yat Sen. Nguyên Thê Truyên prône l’union des révolutionnaires chinois et du peuple indochinois pour renverser la domination des impérialismes mondiaux et les chasser définitivement de l'Asie. Il attaque Ernest Outrey, député de la Cochinchine, et Martial Merlin, gouverneur général de l'Indochine, qu'il qualifie de pirates et de requins. Il appelle à ce que « les Chinois et les Annamites se préparent pour soulever la race jaune contre les Impérialismes et en particulier contre la France. »

Lié à l'Union intercoloniale, le journal Le Paria tire en 1923 à deux mille exemplaires, dont mille étaient expédiés dans les colonies africaines. Il a 150 abonnés vietnamiens, dont seulement treize en Indochine. Malgré cette diffusion limitée, son écho est réel au Viêt-Nam, au vu des reprises que font des journaux saïgonnais de langue française et des mesures d'interdiction et de surveillance dont il est l'objet de la part des autorités coloniales. Nguyên Thê Truyên en est le rédacteur en chef. Il est également présenté comme le principal rédacteur du Procès de la colonisation française, signé par Nguyen Ai Quoc (Hô Chi Minh) et paru en 1925.

 

 

À partir de l'automne 1925, l'Union intercoloniale entre en sommeil et Le Paria cesse de paraître en avril 1926.

S’étant éloigné du mouvement communiste pour s’engager dans l’action nationaliste, Nguyên Thê Truyên lance en janvier 1926 une nouvelle publication Viêt-Nam Hon (L’Âme du Vietnam), qui paraît clandestinement. Il publie également Phuc Quoc (Restauration de la Patrie) et La Nation annamite. Il fonde le Parti annamite de l’indépendance (PAI, Viêt-Nam Doc Lap Dang, VNDLD), qui est constitué officiellement en mai 1927. Lié au Kuomintang chinois, le PAI conserve cependant des liens avec les communistes, l'Internationale communiste soutenant le Kuomintang. Il organise des réunions publiques en province, notamment à Lille, au Havre (où se retrouvent beaucoup de marins indochinois) ou à Montpellier. Nguyên Thê Truyên préside le comité central provisoire.

Le 17 octobre 1927, un meeting de protestation « contre la terreur en Indochine » est organisée par deux formations nationalistes, le PAI et le Parti constitutionaliste indochinois. Le quotidien Le Soir estime le nombre de participants à six cents. Nguyên Thê Truyên, selon L'Écho annamite, « définit les causes de toutes ces persécutions abominables dont est victime le peuple indochinois et dénonça les coupables. Ce sont, d'une part, les missions étrangères, surtout la mission catholique représentée par le fameux Père Robert. »

D’après le préfet de police de Paris, il est, entre 1925 et 1927, « le plus actif des agitateurs du mouvement révolutionnaire annamite en France [...] l'animateur du mouvement dans la région parisienne. »

À Paris (4e arr.), Nguyên Thê Truyên épouse en novembre 1927 Madeleine Marie Clarisse Latour, modiste. Ils vivent rue Saint-Louis-en-l'Île.

Nguyên Thê Truyên retourne au Vietnam en janvier 1928. Il est accueilli favorablement par l’organe nationaliste L'Ère nouvelle, qui apprécie qu’il se soit engagé dans « la politique d'indépendance immédiate ». Par contre la police s’inquiète et, ayant reçu une lettre anonyme l'informant que ses partisans détenaient des milliers de fusils et une quantité considérable de munitions dans quelques grottes et cavernes du nord de la province de Thudaumot, en Cochinchine, décide de mener une perquisition, qui n’a aucune suite.

En France, le PAI est dissous en mars 1929 par mesure judiciaire. Mais au Vietnam, Nguyên Thê Truyên se rapproche du Viet Nam Quoc Dan Dang (VNQDD) ou parti nationaliste annamite. Les affiliés du VNQDD prononcent le serment suivant : « Devant les Monts et les Fleuves du Pays d'Annam ; devant les Camarades rassemblés; je jure sur l'honneur de remplir intégralement mes devoirs de membre, d'obéir ponctuellement aux ordres du parti, de garder un secret absolu sur toutes ses affaires, de lui sacrifier ma vie, mes biens et ma situation, de subir la peine de mort si je me parjure. »

À suivre

Nguyên Thê Truyên

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 00:01

Julien Périn naît le 4 avril 1869 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Jeanne Marie Paissant et de son mari Auguste Périn mécanicien. Le nom de Périn est très fréquemment orthographié fautivement « Perrin ».

Il exercera lui-même le métier de mécanicien. En mars 1890, Julien Périn s’engage pour trois ans dans l’armée. Il est affecté à la première compagnie d’ouvriers d’artillerie. Cependant, il est libéré du service militaire dès décembre 1891, étant devenu soutien de famille. Il vit dans le 11e arrondissement de Paris, d’abord passage Piver puis rue Morand.

En avril 1895 à Paris (20e arr.), Julien Périn épouse Zoé Françoise Thomas, polisseuse. Ils s’installent rue Julien-Lacroix puis, en 1905, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Il s’installe où il rejoint le Parti socialiste unifié SFIO. En avril 1911, il est un des deux orateurs, avec le secrétaire de la section Émile Lebègue, qui développe le programme du parti à l’occasion d’élections municipales complémentaires. Il est nommé membre de la commission exécutive en novembre la même année.

En mars 1912, il figure sur la liste socialiste qui fusionne au second tour avec des radicaux dissidents et des libéraux et bat la municipalité radicale-socialiste sortante.

Les socialistes sont sept à entrer au conseil municipal, dont Périn aux côtés de Laruelle, Lebègue, Flambard, Lacroix, Petit et Scornet ; ce sera la plus forte présence socialiste dans l’assemblée locale jusqu’en 1977.

Pendant la première guerre mondiale, Périn est mobilisé dans un atelier à Champigny, puis chez lui, à Joinville où il travaille pour l’armement. Il peut de ce fait continuer à siéger au conseil municipal. La maladie du maire, Ernest Mermet, et celle d’un de ses adjoints ainsi que l’absence de nombreux élus enrôlés dans l’armée renforce son rôle.

Le conseiller municipal monte une boucherie communale, qui approvisionne la population en viande congelée. Il s’occupera également de l’acquisition, toujours pour les besoins de la population, d’un stock de charbon. Périn suit également la création de jardins partagés dans un grand domaine mis à disposition par le propriétaire du domaine de Polangis.

Périn s’exprime régulièrement dans les journaux locaux, Gazette de l’Est et Voix des communes. Il présente ainsi son rôle : « le charbon, Y’a bon, comme disent nos amis sénégalais ». Il s’éloigne des socialistes SFIO, dirigés à Joinville par Émile Lebègue, qui le considèrent comme « trop indépendant », selon l’hebdomadaire radical Voix des communes. Il prend publiquement la défense du maire quand il est attaqué par les radicaux-socialistes.

Après avoir travaillé comme contremaître, responsable de l’équipe de nuit, dans l’usine de munitions Royer à Champigny-sur-Marne, Périn monte un atelier chez lui à Joinville, où il réside dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson). Suite à une plainte de son ancien patron, Périn est condamné à 2 mois de prison et 200 fr. d’amende pour vol d’outils en première instance en octobre 1916. Il est acquitté en appel en juillet 1917.

Julien Périn est à nouveau élu en novembre 1919 sur une liste d’union républicaine et sociale conduite par l’ancien premier adjoint, Henri Vel-Durand, qui rassemble les radicaux dissidents, les radicaux-socialistes (Georges Briolay) et des socialistes indépendants (Scornet). Elle s’oppose aux socialistes SFIO, conduits par Laruelle, et aux libéraux. La liste remporte les 23 sièges et Périn devient premier adjoint.

Au début 1922, Périn entre en conflit avec le maire. Il est d’abord exclu de certains organismes municipaux, comme le syndicat d’initiative, puis, en juin 1923, il est radié du conseiller municipal et démis de sa fonction d’adjoint par le préfet, sous prétexte d’absentéisme aux séances officielles en application de l’article 60 de la loi du 5 avril 1884. Il proteste vivement et dénonce de « louches combinaisons » du second adjoint et futur maire Stephen Durande. Le socialiste indépendant Georges Scornet prend sa défense, au nom de « nombreux d’habitants », soulignant que Périn était « toujours là, prêt à rendre service » quand on le sollicitait.

Périn était membre du club cycliste Joinville sportif et vice-président de la Société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de la commune. Il est un des fondateurs du Club du chien de défense et de police de Saint-Maur-des-Fossés.

En juillet 1920, Julien Périn avait reçu une lettre de félicitations pour actes de courage et de dévouement. Il quitte Joinville vers 1924.

Installé en 1926 à Villecresnes (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne), dans le lotissement de la Gare (qui devient ensuite rue Guynemer), Périn est toujours mécanicien et gère, avec son épouse, une pension de famille. Il devient débitant de tabac et aménage un café dans les années 1930. Il accueille dans son établissement des réunions du Parti socialiste SFIO, de l’ARAC (anciens combattants) ou des permanences de syndicats. Julien Périn meurt à Villecresnes le 16 janvier 1936. Il était âgé de 66 ans et père d’une fille. Son épouse continue à exploiter le tabac.

 

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 00:01

Amédée Léon Roux naît le 24 novembre 1848 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Lucille Mutelle et de son époux, Jean François Gustave Roux.

Il vit à Paris (10e arr.), d’abord rue du Chemin-Vert puis, en 1874, passage des Trois-Couronnes. Il épouse, en juillet de cette année-là, Marie Joséphine Job, mécanicienne. Lui-même est monteur en bronze. Il devient ensuite fabricant d’appareils à gaz, avec un atelier dans le même arrondissement, rue de Bondy (act. rue René-Boulanger).

Il acquiert une résidence à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Hugedé, sans doute à la faveur de la commercialisation des terrains de ladite rue par le promoteur immobilier Louis Hugedé dans les années 1870. Ils en font leur domicile permanent après 1900.

Peut-être faut-il assimiler Amédée Léon Roux avec « A. Roux », directeur en 1885 de la société de la libre-pensée La Raison, basée à Champigny-sur-Marne et qui sera ensuite active à Joinville, avec le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’aubergiste Alphonse Demeestère ou le journaliste Henry Vaudémont. Roux est toujours membre de La Raison en 1889 mais n’en est plus le directeur. Léon Roux est membre de la franc-maçonnerie.

Il est également possible que Roux soit, en septembre 1891, un des assesseurs de la réunion de compte-rendu du mandat de parlementaire de Baulard à Joinville.

En mai 1904, Léon Roux, qui se présente comme industriel, est candidat aux élections municipales de Joinville sur la liste conduite par le maire sortant, Eugène Voisin. Soutenue par le comité radical-socialiste communal, elle fait face à une liste de droite et à une autre de tendance socialiste-révolutionnaire. Avec 562 pour 1 119 suffrages exprimés (50,2%) sur 1 363 inscrits, Roux est élu dès le premier tour. La liste Voisin remporte 22 des 23 sièges à pourvoir, et il est reconduit dans sa fonction. Signe de son rôle politique, Roux est désigné comme électeur sénatorial en janvier 1905.

Toujours avec Eugène Voisin et le soutien du comité radical-socialiste, Roux sollicite le renouvellement de son mandat en mai 1908. La liste met en avant sa « gestion sage » et son « administration prudente des finances de la commune ». Elle entend « encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité », dit son opposition à de nouveaux impôts et entend faire un compte-rendu de mandat annuel. Face à une liste dite socialiste évolutionniste, qui regroupe des personnalités libérales avec des radicaux dissidents et certains socialiste, ainsi qu’une liste socialiste SFIO, les candidats de la municipalité sortante remportent 21 des 23 sièges, en laissant un à un indépendant, l’autre à un évolutionniste. Roux est réélu au second tour, avec 610 voix pour 1 188 votants (51,3%). Voisin est toujours maire. La campagne a été tendue, et Roux a notamment polémiqué avec le docteur Gripon, élu de manière isolée expliquant dans l’hebdomadaire radical Voix des communes : « Je vous ai défendu jadis, car je vous croyais digne d’estime. Votre conduite en période électorale et maintenant vous démasquent. Vous êtes de ceux que je ne salue plus ». Gripon avait été mis en cause pour son comportement et se plaignait qu’on l’ait écarté d’un poste de médecin dans les écoles.

De nouveau délégué sénatorial en décembre 1908, Roux se mobilise pendant les grandes inondations de la Marne au premier trimestre 1910, en participant à l’organisation de la loterie en faveur des inondés.

Lors de la séance de compte-rendu  mandat de février 1911, Roux fait partie des cinq élus qui, l’hiver, habitent Paris, et quittent la salle à 11 heures du soir pour aller prendre leur train. Dans un contexte très tendu entre la municipalité et une partie de la population, ce départ est accompagné des cris de « Démission ! Démission ! » lancés par les socialistes SFIO, les évolutionnistes et les libéraux.

Roux prend un part active à la vie municipale, toujours fidèle au maire et à la majorité des radicaux-socialistes, tandis que plusieurs d’entre eux s’en séparent, dans la perspective du départ d’Eugène Voisin, malade et vieillissant. Avec le chimiste Rey et l’adjoint Briolay, Roux est une des principales cibles des dissidents.

Lors des élections municipales de mai 1912, Roux est probablement candidat sur la liste conduite par Georges Briolay. Elle est battue par la fusion, au second tour, de ses trois concurrentes, les radicaux dissidents, les socialistes SFIO et les libéraux et conservateurs. Au cours de la campagne, la presse libérale reprochait à Roux de diriger, en compagnie de Briolay et Rey, le parti radical à Joinville. Un radical dissident, Achille Mermet, devient maire.

Battu, Roux poursuit cependant son activité sociale. Après avoir été administrateur de la caisse des écoles, il entre au conseil de l’Association philotechnique, importante société d’éducation populaire. Pendant la guerre, il s’associe à Briolay pour acheter du charbon, destiné à ravitailler la  population joinvillaise à meilleur marché. Roux redistribue en décembre 1916 aux familles de prisonniers les bénéfices tirés de la vente du stock.

Après-guerre, le scrutin municipal organisé en novembre 1919 voit la constitution d’une liste d’union républicaine et sociale, où se retrouve la municipalité radicale dissidente sortante, derrière l’adjoint Henri Vel-Durand, des socialistes indépendants et les radicaux-socialistes avec notamment Briolay et Roux. Face à liste de droite et à des socialistes SFIO, l’union centriste emporte au second tour les 23 sièges à pourvoir. Léon Roux est élu avec 949 voix pour 1 537 suffrages exprimés (61,2%) sur 2 491 inscrits.

Avec Vel-Durand maire, Julien Périn, socialiste indépendant et Chéri Arnaud sont élus adjoints. Ce dernier est remplacé en 1921 par Stephen Durande puis, lorsque le maire fait démettre Julien Périn, Léon Roux le remplace comme adjoint en septembre 1923.

En février 1923, Roux a pris part, en tant que vice-président, à la constitution de la section de Joinville de la Ligue de la République, qui groupe tous les partis de gauche « pour faire échec à la réaction ». Elle est présidée par un socialiste indépendant, René Caperon, ouvrier des PTT, mais ce dernier s’en séparera pour se rapprocher de Vel-Durand à la faveur des élections municipales de mai 1925.

Roux reste par contre fidèle au groupement des gauches qui s’esquisse derrière Briolay ; cependant, c’est Vel-Durand qui emporte le scrutin et Roux n’est pas réélu.

Amédée Léon Roux meurt le 13 mai 1932 à Joinville. Il était âgé de 83 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Par contre, il avait adopté Maurice Charles Kiehl (1911-2000). Roux était décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en 1906 puis comme officier de l’instruction publique en 1912 pour son rôle à la caisse des écoles. Il avait également obtenu en janvier 1911 la médaille d’honneur de la Société pour l’encouragement au bien.

Caricature du Cartel des gauches de 1924

 

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 00:01

Abel Émile Vervial naît le 9 mai 1889 à Vitry-aux-Loges. Il est le fils d’Eugénie Félicie Vervial, qui le reconnaît le 31 mai, et d’un père non dénommé ; la déclaration est faite par son grand-père, Henri Eugène Vervial, scieur de long. Avec sa sœur Antoinette Jeanne Marie, ils sont légitimés par le mariage de leur mère en janvier 1895 à Paris (11e arr.) avec Jean Delort.

Alors forgeron, Delort fonde en août 1901 la société en nom collectif Delort et Marescaux, installée rue de la Roquette. Elle a une durée de neuf ans et un capital de huit mille francs. Elle est spécialisée dans la ferronnerie d’art et produit également des pièces pour les couvreurs, notamment des châssis pour toiture. Son associé est Émile Marescaux, également forgeron. Ultérieurement l’entreprise prendra exclusivement le nom de Marescaux, même si Delort continuera d’y travailler.

Outre son magasin de la rue de la Roquette, l’entreprise ouvre une usine quai de la Marne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle compte plusieurs dizaines d’ouvriers.

Delort est mobilisé pour le service militaire en octobre 1910 dans la 11e section de commis et ouvriers de l’armée (COA), il est libéré en octobre 1912 avec 25 jours de retard, suite à des peines disciplinaires qui lui ont été infligées.

Au cours de la première guerre mondiale, il rejoint est mobilisé dès le mois d’août 1914, transféré à la 15e section COA en août 1916 puis en octobre la même année à la section coloniale COA. Ayant rejoint le 74e régiment d’infanterie en octobre 1916, il est détaché en janvier 1917 aux établissements Marescaux, d’abord à Paris puis, en janvier 1919, à l’usine de Joinville. Il y est démobilisé en août la même année. Dix-neuf des ouvriers de l’usine ont trouvé la mort au cours du conflit.

Vivant avec son père à Joinville, avenue du Président-Wilson, dans le quartier de Palissy, Abel Delort perd une de ses sœurs en juillet 1920 puis sa mère le mois suivant.

En janvier 1923, son père, qui doit aller se faire opérer, lui confie la clé de son coffre-fort. À son retour, il a dépensé les 70 000 francs qui y étaient conservés. Son père lui demandant une explication, il aurait répondu, selon le quotidien Le Matin : « Des comptes ? J'aimerais mieux te zigouiller ! » Utilisant un pistolet appartenant à son père, il lui tire dessus et le blesse légèrement. Arrêté, il est traduit devant la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Mais, en avril, les juges estimant que les faits étaient trop graves, refusent de le juger et transfèrent son dossier à la cour d'assises de la Seine.

Selon le quotidien Bonsoir, Abel Delort aurait dépensé l’argent paternel avec des « jeunes femmes aux mœurs ultralégères ». En septembre 1923, les jurés de la Seine condamnent Abel Delort à cinq ans de prison et mille francs d’amende. Dans une autre procédure, il est condamné, trois jours plus tard, à 15 jours de prison.

Après avoir purgé sa peine, Abel Delort revient vivre à Joinville où son père était mort en juillet 1924.

Il aura de nouveau affaire à la justice en août 1932, le tribunal correctionnel de la Seine le condamnant alors à six mois de prison pour port d’armes prohibé et violences volontaires à particulier.

Abel Delort meurt le 15 janvier 1935 à Armentières (Nord). Il était âgé de 45 ans.

Il est décoré, à titre posthume, de la Médaille interalliée en octobre 1935.

Joinville en 1918

 

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13 janvier 2022 4 13 /01 /janvier /2022 00:01

Émile Louis Marescaux naît le 18 février 1869 à Marquette-lez-Lille (Nord). Il est le fils de Louise Victorine Flament et de Charles Louis Marescaux, ferblantier.

Alors employé de commerce et résidant à Amiens (Somme), il devance en novembre 1888 le service militaire en s’engageant pour trois ans dans l’armée. Il rejoint le 40e régiment d’infanterie où il devient caporal en octobre 1889 puis sergent en décembre 1890. Il est affecté, en juillet 1891, à la 15e section de secrétaires d’état-major et de recrutement.

Il réside à Marseille en 1892 puis revient à Lille l’année suivante. Il épouse en décembre 1893 à Mende (Lozère) Augustine Marie Dupeyron, giletière. Ils s’installent à Paris, d’abord rue Lappe puis dans une voie adjacente, rue de la Roquette (11e arr.).

En août 1901 est formée la société en nom collectif Delort et Marescaux, installée rue de la Roquette. Elle a une durée de neuf ans et un capital de huit mille francs. Elle est spécialisée dans la ferronnerie d’art et produit également des pièces pour les couvreurs, notamment des châssis pour toiture. Son associé est Abel Delort, également forgeron et ajusteur. Ultérieurement l’entreprise prendra exclusivement le nom de Marescaux, même si Delort continuera d’y travailler.

Le Comité républicain radical et radical-socialiste du quartier de la Roquette élit, en juin 1909, Marescaux en tant que vice-président de sa commission exécutive. Clémencet est président.

La famille Marescaux s’installe ensuite à Joinville, où vit également Delort. Elle réside en 1911 quai Moisson, dans le quartier de Palissy.

Outre son magasin de la rue de la Roquette, l’entreprise ouvre une usine quai de la Marne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle compte plusieurs dizaines d’ouvriers, et dix-neuf d’entre eux trouveront la mort au cours de la première guerre mondiale. Pendant la durée du conflit, Marescaux produit pour les besoins de l’armée et des soldats mobilisés lui sont affectés, dont Delort, Marius Alphonse Levaltier ou Antoine Duranthon. Elle embauche aussi des femmes.

Pendant la guerre, Marescaux fait partie des souscripteurs de la collecte humanitaire organisée en décembre 1917 à Joinville. Il sera imposé après la fin du conflit pour les bénéfices qu’il a faits à la faveur des marchés militaires.

Après-guerre, l’activité se réduit en 1918 et l’usine de Joinville se sépare d’une partie de son personnel, en particulier des femmes. Cependant, en 1924, Marescaux investit dans de nouvelles machines de découpage, matriçage, forgeage, laminage et emboutissage de métaux à froid et à chaud. Son associé, Abel Delort, a été condamné en septembre 1923 à cinq ans de prison pour avoir tenté de tuer son père.

L’entreprise Émile Marescaux, basée rue de la Roquette, est mise en liquidation judiciaire en avril 1925. Cependant, l’usine de Joinville poursuit son activité. Elle est touchée par les inondations de la Marne en janvier 1926.

Cette année-là, Marescaux, qui a 57 ans, paraît avoir quitté Joinville. La date de son décès n’est pas connue. Il ne semble pas avoir eu d’enfants.

 

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28 décembre 2021 2 28 /12 /décembre /2021 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Mottheau

Mobilisé dès le début de la première guerre mondiale, Eugène Mottheau est réintégré dans son grade de sous-lieutenant en août 1914 puis nommé lieutenant du 13e régiment d’artillerie en février 1915. Il est transféré en juin 1916 au 19e escadron du train des équipages. Devenu capitaine au 110e régiment d'artillerie lourde, il est cité à l’ordre de l’armée en janvier 1918 pour des actions conduites à l’automne précédent : « officier d’un moral élevé et d'une conscience au-dessus de tout éloge. Commandant de batterie de premier ordre. Le 27 septembre, sa batterie étant soumise à un bombardement violent et précis de pièces de gros calibre, a maintenu le plus grand calme dans son personnel, jusqu'au moment où il fût projeté violemment par l'explosion d'un obus, dans l'intérieur de son abri. Souffrant d'une très violente commotion, n’a consenti à se laisser évacuer que sur l'ordre de son commandant de groupe. »

En avril 1918, il travaille à la direction générale des fabrications des poudres et explosifs au sein du ministère de l'armement où il est en poste encore en janvier 1919. Après le conflit, il sera nommé officier honoraire en juillet 1935.

Après le conflit mondial, Eugène Mottheau relance l’activité de sa fabrique de bronze. Il ouvre en février 1920 un luxueux magasin avenue de l’Opéra à Paris (2e arr.) pour ses bronzes et meubles d’art. Il quitte Joinville-le-Pont pour s’installer en 1921 rue Michel-Ange, dans le quartier d’Auteuil à Paris (16e arr.).

Il est élu juge-commissaire au tribunal de commerce de Paris en 1921 et réélu régulièrement jusqu’en 1930. Il intervient fréquemment comme syndic. En 1929, il est président de chambre.

Mottheau présidant une séance du tribunal de commerce

Après la résiliation du bail de son atelier en 1927, Eugène Mottheau diversifie son activité. Il prend part à la création de la société Le Revêtement Métallique en 1935. Il s’est associé avec plusieurs anciens officiers d’artillerie : le général Gascouin et Arnold Sdilon, directeur honoraire de la Société générale. En 1940, il se lance dans une activité d’affacturage, proposant à des créanciers de racheter les dettes contractées par leurs débiteurs.

À compter de juin 1941, Eugène Mottheau est désigné en tant qu’administrateur provisoire de sociétés précédemment dirigées par des personnes classées comme juives selon la législation de l’époque. La loi du 10 septembre 1940 prévoit cette nomination pour les entreprises « privées de leurs dirigeants ». Mottheau est en charge ainsi de la société Edmond Etling, objets d'art, rue Paradis à Paris (10e arr.) en juin 1941. En février 1942, il a le même mandat pour les entreprises Lolice, rue de la Folie-Méricourt ; Colin, boulevard des Filles-du-Calvaire ; Bloch, cité Popincourt et Bernard Lyon, rue des Archives, toutes à Paris. En octobre 1942, il ajoute l'entreprise Cohen frères, rue des Francs-Bourgeois. Dans un rapport de mars 1944 concernant Marcel Tenenhaus, domicilié à Vincennes, il justifie son rôle en indiquant qu’il a « disparu le 15 juin 1942, sans laisser d'adresse, ainsi d'ailleurs qu'avait fait son père, demeurant même ville. Son mobilier a été saisi et son appartement a été mis à la disposition des autorités occupantes. »

Après la deuxième guerre mondiale, le couple Mottheau est installé à Clamart (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Eugène Mottheau meurt le 29 septembre 1949 à Clamart. Il était âgé de 79 ans. Il avait été nommé dans Légion d’honneur, chevalier à titre militaire en janvier 1919, comme capitaine d'artillerie, puis, à titre civil, officier en juin 1929 en tant que président de chambre au tribunal de commerce de la Seine.

Fin

 

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26 décembre 2021 7 26 /12 /décembre /2021 00:01

Début de la biographie d’Eugène Mottheau

Eugène Mottheau naît le 4 mai 1870 à Paris (3e arr.). Il est le fils d’Élise Claudine Carcanagues et de son mari Ernest Louis Mottheau, fabricant de bronzes. Ils habitent rue du Perche.

Devançant son service militaire, Eugène Mottheau s’engage dans l’armée à 18 ans, étant affecté au 33e régiment d’artillerie en septembre 1888. Quittant le service actif un an plus tard, il devient sous-lieutenant de réserve en 1892. Il est cofondateur de l’association Les territoriaux de Vincennes en mars 1895, qui rassemble des officiers de inscrits aux écoles d’instruction de Vincennes, ou domiciliés dans les cantons de Vincennes, Montreuil, Charenton, Saint-Maur, Nogent, Pantin et Noisy-le-Sec ainsi que dans les 12e, 13e, 19e et 20e arrondissements de Paris.

La famille Mottheau est installée en 1889 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier du Centre, rue de l’Église ; ils déménageront dix ans plus tard pour le quai Beaubourg (act. quai du Barrage), en bords de Marne. Ils retrouvent plusieurs membres de leur famille dans cette commune de banlieue. Sa tante Hortense a épousé en 1860 Eugène Voisin, entrepreneur de bals, qui était alors conseiller municipal puis devient en 1878 adjoint au maire avant d’être, pour 24 ans, élu maire en 1888. Son oncle Henry, exploite depuis au moins 1877 une boucherie-charcuterie à proximité, rue de Paris.

Peut-être est-ce Henry, mais éventuellement Eugène ou son père Ernest, qui est candidat sur la liste de droite d’opposition à la majorité locale, lors des élections municipales de mai 1892 à Joinville-le-Pont. Elle est conduite par le Dr Jean Barborin et l’industriel Albert Bocquentin et s’oppose à Eugène Voisin, candidat avec le soutien du comité radical-socialiste et oncle d’Eugène. Mottheau recueille 164 voix soit 25,7% des 639 suffrages exprimés. La liste Bocquentin-Barborin n’obtient qu’un seul des 23 sièges à pourvoir et Mottheau est battu.

Pratiquant le cyclisme, Eugène Mottheau participe régulièrement à des courses, par exemple celle de 100 kilomètres entre Villeneuve-Saint-Georges et Montgeron en juillet 1894. Il est membre du Vélo-Club de Joinville-le-Pont où il est capitaine de route.

En 1896 Eugène Mottheau entreprend un voyage en Allemagne, Russie, Autriche et Serbie. À son retour, il est devenu, en 1897, l’associé de son père au sein de la maison Mottheau et fils, qui connaît un important développement dans la production de luminaires en bronze, qu’ils adaptent à l’électricité. Leur atelier reçoit un grand-prix lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900. Vers mai 1897, il épouse Jeanne Dunand.

Continuant ses activités militaires, Eugène Mottheau fait plusieurs périodes d’instruction et d’exercices. En tant que membre de la Société de tir au canon de Paris, il supervise en mai 1899 plusieurs exercices d’artillerie dans le Bois de Vincennes. Il démissionne de ses fonctions militaires en janvier 1900, sans doute pour raisons professionnelles.

Comme avant lui son père, Eugène Mottheau prend des responsabilités au sein de la Chambre syndicale des bronzes d’art. Il en est vice-président en 1913. Il s’attache en particulier à la défense de l’apprentissage, décidant en juin 1913, avec les présidents des grandes associations industrielles, d'organiser une exposition.

À suivre

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