Marie Joseph Alfred Routier de Bullemont naît le 15 juillet 1840 à Louvain, Brabant (Belgique). Il est le fils de Lucie Jenny Joseph Vassel et de son mari, Alexandre Annibal Routier de Bullemont, propriétaire. Ils sont originaires de la Somme, en France, où son père est agriculteur. Alfred est le onzième des douze enfants nés vivants du couple.
La famille s’installe en Belgique vers 1836, résidant dans la province de Liège, le Brabant puis le Luxembourg belge où Annibal Routier de Bullemont a une exploitation dans laquelle il procède a des essais de cultures nouvelles, notamment la spergule pour laquelle il est récompensé à l’exposition de Bruxelles en décembre 1848.
En 1865, Alfred de Bullemont publie plusieurs articles, dans la revue Les Beaux-arts, sur La peinture d'histoire. S’il apprécie l’orientalisme de Guillaumet, qu’il présente comme « Africain, de beaucoup de talent », il est bien plus critique sur beaucoup d’autres artistes. S’agissant d’Henri Fantin-Latour, il écrit : « Ainsi M. Fantin voudrait nous persuader que la Vérité c'est cette grosse fille rousse aux chairs flasques, aux yeux gris, et que le vrai c'est le vin bleu qu'on boit aux barrières, dans des verres communs. Il nous accordera que ce n'est qu'une vérité relative, vraie seulement pour les matelots et les charretiers, les brutes et les ivrognes qui n'aiment que la fille qui jure et le vin qui gratte. »
Commentant l’œuvre d’Ernest Meissonier, il écrit « On n'en est plus aujourd'hui à nier le talent de M. Meissonier, mais ce talent nous semble si uniforme, si monotone, que nous ne pouvons comprendre l'engouement ridicule dont il est l'objet ». Il attaque aussi Victor Mottez : « M. Mottez, déjà assez coupable d'avoir abîmé l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, essaye de nous faire rire avec sa Médée. Si M. Mottez était jeune, nous ririons peut-être de sa caricature, mais M. Mottez a l'âge du repos. »
Alexandre Protais, proche de la famille impériale, n’est pas épargné par de Bullemont : « La mode a pris M. Protais sous sa protection : il est peintre de cour ; il fait de mauvaises choses, mais on le trouve toujours admirable ». C’est peut-être Eugène Courbet qui est le plus férocement attaqué : « Terminons ce premier article en parlant des erreurs d'un homme entêté, qui veut rompre en visière avec le genre humain et que ses amis, ses élèves et ses admirateurs sont obligés d'abandonner. Le portrait de la Famille de Proudhon est le dernier mot du mauvais. M. Courbet n'avait encore rien fait d'aussi peu raisonnable, et, comme le disait un de nos camarades, en présence de cette nullité : Il aimait trop Proudhon, c'est ce qui l'a tué ! »
En avril 1870, Alfred de Bullemont épouse Marie Dupuis à Paris (17e arr.).
Il fait paraître, en août 1871, peu après la fin de la Commune de Paris, un Catalogue raisonné des peintures, sculptures et objets d'art qui décoraient l'hôtel de ville de Paris avant sa destruction. Il en avait fait un relevé en 1869, et il estime nécessaire de publier ce témoignage alors que l’insurrection parisienne a détruit l’ancienne mairie et ses nombreuses œuvres d’art.
Il publie en 1872 deux tomes d’un Catalogue des peintures, sculptures et objets d'art des églises de Paris, concernant Saint-Étienne du Mont et Saint-Denis du Saint-Sacrement.
Alfred de Bullemont meurt le 5 octobre 1872. Il était âgé de 32 ans et résidait rue du Faubourg-Saint-Denis. L’écrivain Armand Renaud lui a dédié un des poèmes de son recueil Les nuits persanes (1870), intitulé Le supplice.
L'ancien Hôtel de Ville de Paris, avant sa destruction en 1871
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