Jean Pierre Lucchi naît le 24 juin 1895 à Berceto, en Italie, dans la province de Parme et la région d’Émilie-Romagne. Il est le fils de Francesco (dit François Lucchi) et de son épouse Luigia (dite Louise) Maraffi.
La famille Lucchi s’installe vers 1903 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) avec ses une partie de leurs proches, comme sa tante Jeanne ou son oncle Joseph, lui aussi accompagné de sa femme et de ses enfants. Tous adoptent alors des prénoms francisés et lui-même se fait appeler Jean. La famille Lucchi sera active dans la vie publique à Joinville, notamment François et Jean dans le syndicalisme, Jacques dans la vie politique et les associations sportives. Plusieurs seront également engagés dans la résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale.
François Lucchi travaille à l’usine métallurgique du Bi-Métal de Joinville, sans doute dès 1909. Comme son père, il s’implique, le 19 janvier 1910, dans la grève organisée par l’Union des métallurgistes CGT et dirigée par Gaspard Ingweiller, secrétaire du syndicat. Le mouvement, qui va durer 101 jours, est suivi par 206 des 215 ouvriers de l’usine qui demandent une augmentation des salaires.
Le conflit est violent, les grévistes s’opposant à l’embauche par la direction d’ouvriers pour entretenir les machines. Il se déroule par ailleurs en plein dans l’inondation de la rivière Marne, qui atteint cette année-là son niveau record et recouvre une grande partie du territoire de Joinville et des villes voisines.
Le 17 mars, une centaine de personnes attaquèrent les ouvriers graisseurs qui se rendaient à leur travail. Au cours de la bagarre, des coups de feu furent tirés et six des assaillants furent arrêtés, dont Jean Lucchi et son père François. Une grande effervescence règne toute la journée, avec l’intervention de métallurgistes d’autres usines, comme ceux de La Canalisation électrique à Saint-Maurice ou des ouvriers de Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis).
Pendant qu’il est en détention provisoire, de santé de sa sœur Maria (17 ans) se dégrade. Malgré un certificat médical attestant de la gravité de la situation, le père et le frère n’obtiennent pas leur mise en liberté provisoire. Ils ne sont autorisés à sortir que deux heures après le décès de la jeune fille. Le quotidien socialiste L’Humanité fait sa Une de cet incident, qu’il qualifie de crime.
Les six prévenus comparaissent le 12 avril 1910 devant le tribunal correctionnel de la Seine pour « entraves à la liberté du travail, outrages aux agents, infraction à la loi sur les étrangers et port d'arme prohibée ». Jean, eu égard à son âge de 14 ans, est acquitté comme « ayant agi sans discernement » tandis que son père François Lucchi est condamné à deux mois de prison.
La grève prend fin le 30 avril, les ouvriers obtenant une satisfaction partielle de leurs revendications.
En août 1920 Joinville Jean Lucchi épouse à Joinville, où il est toujours tréfileur, Marie Josèphe Hermine Agnetti, mécanicienne, résidente dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, également native de Berceto.
Le couple est installé en 1931 à Vigneux-sur-Seine (Seine-et-Oise, act. Essonne), Jean Lucchi est alors camionneur et héberge sa mère, Luigia dite Louise Maraffi, dans son domicile de la rue Eugène-Sue. En 1936, il est devenu restaurateur avenue Henri-Barbusse.
Toujours résident dans la commune et cafetier, il meurt le 23 mars 1940 à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne). Il était âgé de 44 ans et père d’un enfant.
Ses deux frères, Jacques et Pierre, auront, comme son père François, un engagement politique et social. Son fils, André (1921-1987) a été résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale.
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